Finalistes l’an passé, les Suns entamaient cette saison avec le couteau entre les dents avec un seul objectif en tête : atteindre à minima les Finales NBA à nouveau. Pour ce faire, Phoenix se devait d’être dans la continuité, les Suns ont même fait mieux. Avec le meilleur bilan de la ligue, Phoenix a tout écrasé sur son passage, et dans cette excellente dynamique, ils ont ajouté de précieuses pièces à un effectif déjà bien rôdé.
De l’autre côté, les Pelicans se qualifient en playoffs après deux éprouvants matchs de playin, disputés face aux Spurs et aux Clippers. Les Pels, qui partaient de loin, ont bataillé lors de ces deux matchs couperets pour arracher le 8ème spot, et s’offrir un premier tour face au premier bilan de la ligue. D’ailleurs, avec leur bilan de 36 victoires pour 46 défaites en saison régulière, la franchise de la Louisiane s’est qualifiée en playoffs avec le pire bilan depuis le passage de la ligue à 30 équipes en 2004.
Dans cette série tout à fait déséquilibrée entre deux équipes qui ne jouent pas dans la même cour, il convient tout de même de se pencher sur les clés de ces quatre matchs à venir…
Comment contrôler le pick and roll de Phoenix sans avoir Giannis dans son effectif ?
Jusqu’à présent, nous n’avons aucune réponse à cette question. Ce sera la clé de toutes les confrontations auxquelles les Suns feront face : leur capacité à endiguer tous leurs systèmes de pick and roll.
L’an passé, après avoir perdu les deux premiers matchs en Finales NBA, Mike Budenholzer a pris le taureau par les cornes, ou plutôt le cactus par les épines, et a fait imploser la mécanique de Phoenix. En switchant littéralement sur tout ce qui bouge, Milwaukee a poussé les hommes de Monty Williams à la faute, s’offrant ainsi quatre victoires consécutives pour sauver le Larry O’Brien Trophy.
En procédant ainsi, Milwaukee avait cadenassé l’attaque de Phoenix. Les Bucks profitaient non seulement des maladresses offensives de Booker et CP3, mais surtout des difficultés de Deandre Ayton, souvent en foul trouble, et difficile à trouver pour ses partenaires. En bref, pour éteindre le P&R de Phoenix, il fallait avoir des joueurs extrêmement athlétiques, et Giannis Antetokounmpo.
En ressort la question suivante : comment les Pels peuvent parvenir à arrêter l’attaque des Suns ?
Malheureusement, nous risquons de ne pas voir la solution en images sur cette série.
Avec le génial Willie Green à leur tête, les Pelicans pourraient être tentés de reproduire le schéma imaginé par Budenholzer. Deux problèmes se posent à eux : leur effectif n’a pas les capacités athlétiques pour maintenir un tel rythme, et les Suns ont comblé les problèmes posés par le switch constant avec l’acquisition des dominants Biyombo et McGee. Si Bismack risque d’être quelque peu limité en minutes, McGee lui, parfaitement intégré au roster, devrait avoir son mot à dire sur plusieurs schémas.
Un problème de taille.
Cette saison, les roll men des Suns sont intenables. Les intérieurs de Phoenix finissent 7.6% des actions de leur équipe (c’est le troisième pourcentage de la ligue). Le tout, en ayant le deuxième meilleur pourcentage d’efficacité, puisqu’ils marquent 61% de ces actions, juste derrière les Hawks d’Atlanta. Ces chiffres nous font comprendre à quel point les playmakers que sont Booker, Paul et Payne se régalent avec leurs intérieurs.
Sur ces séquences, l’attraction de Booker est remarquable. Il représente un tel danger qu’on ne veut pas lui laisser de marge côté Pelicans. Le seul problème est que cette saison plus que jamais, Devin est un playmaker plus que respectable. Formé aux côtés de CP3, il sait servir à merveille les intérieurs, qui se régalent des décalages créés par leur premier écran.
Via cleaning the glass
Les chiffres le montrent, les extérieurs de Phoenix sont intraitables lorsqu’il s’agit de servir sur un plateau leurs partenaires. Les trois principaux créateurs des Suns sont parmi les meilleurs de la ligue en termes de pourcentage de passes décisives.
Fermer l’accès à la raquette n’est pas la solution non plus
En regardant ces séquences, nous pourrions être amenés à croire qu’il suffirait aux grands gabarits des Pelicans que sont Jonas Valanciunas et Larry Nance Jr, de reculer sous l’écran pour couvrir l’accès à la raquette et empêcher le travail des intérieurs adverses. C’est là que le serpent à deux têtes offensives des Suns est le plus létal. En agissant ainsi, la défense laisse le luxe aux shooteurs élites que sont Booker et CP3 de prendre des tirs à mi-distance. Phoenix est la seule franchise à avoir deux ball-handlers dans le 80ème percentile, en termes d’efficacité au scoring en situation de pick and roll (minimum 6 possessions/match).
Rien de mieux que la preuve par l’image pour constater l’impossibilité de laisser de tels joueurs naviguer à cette distance sans les couvrir. Le point commun sur ces séquences est la difficulté de mobilité de Valanciunas. Aspiré par sa raquette, il se retrouve sans cesse trop loin pour contester les tirs mid range, et il ne faut pas compter sur Phoenix pour ne pas sauter sur l’occasion.
Pour vous faire une idée voici quelques chiffres :
Chris Paul chez les meneurs c’est :
- 147/266, soit 55% de réussite sur les longs mid range, ce qui le place dans le 98ème
- 132/239, soit 55% de réussite sur les courts mid range, le plaçant également dans le 98ème
Pour ce qui est de Devin Booker chez les wing c’est :
- 181/372, soit 49% de réussite sur les longs tirs à mi-distance, le mettant dans 86ème
- 165/376, à 44% de réussite sur les courts tirs mi-distance, ce qui lui permet d’être dans le 71ème
En d’autres termes il ne faut donc pas laisser le moindre mètre à ces joueurs.
Couvrir leurs déplacements : une perspective de réussite ?
Dans toutes les situations dépeintes jusqu’à présent, nous n’avons pas mentionné une autre facette tout aussi dévastatrice du jeu des hommes de Monty Williams. Si toutefois, vous parvenez à empêcher le porteur de balle de trouver un intérieur, mais également une situation de tir pour lui-même, il lui reste une alternative : profiter des décalages pour servir les extérieurs à trois points. En plus de devoir gérer des intérieurs dominants, Ingram et les siens devront être aux aguets pour couvrir la menace à 3pts. Depuis le all-star game, le quatuor Crowder, Bridges, Shamet, Johnson tourne à 39% de réussite à trois points. Des chiffres excellents, surtout lorsque l’on sait que Phoenix n’est que 26ème en termes de trois points tentés, mais avec le 9ème pourcentage de réussite.
Sur la première séquence, Booker tente de trouver une position de tir. Lorsque Valanciunas sort sur Devin, il libère de l’espace dans la raquette pour Ayton. Booker peut faire la passe à Deandre, mais se ravise en voyant Herbert Jones sortir de son rôle. En un coup d’œil, Devin trouve Johnson sur l’aile opposée. Après avoir polarisé toute l’attention sur son côté, Johnson se retrouve seul au monde, et sanctionne la couverture tardive d’Ingram à trois points.
La deuxième séquence illustre le même problème : Ayton feinte le screen et plonge vers la raquette. Valanciunas ne couvre pas ce mouvement, et reste avec Herbert Jones pour la prise à deux sur Booker. Lorsque Tony Snell part couvrir la présence d’Ayton, seul dans la raquette, il est déjà trop tard. Le Book’ sert Bridges, ce dernier fait son extra passe vers Cam Johnson dans le corner, ficelle.
Qu’attendre de cette série ?
Dans le meilleur des cas, Willie Green et ses hommes auront peut-être à un moment de la série une fenêtre de tir pour entrevoir une potentielle victoire, mais il ne faut pas trop y croire car malheureusement, l’issue de cette série ne dépend que du bon vouloir de Phoenix.
Au mieux, les Pelicans pourraient nous offrir de beaux duels sur quelques quart-temps, mais l’écart entre les deux franchises est abyssal. En atteignant les playoffs, la franchise de la Louisiane a déjà coché ses objectifs, tout le reste n’est que du bonus. En face, avec le meilleur bilan de la ligue Phoenix vise plus haut.
Attention malgré tout aux points sur seconde chance. Les Pelicans sont la troisième meilleure équipe au rebond offensif, secteur dans lequel Jonas Valanciunas mène des chantiers surhumains. Nous savons que Deandre Ayton a la fâcheuse tendance à être assez « mou » à la lutte pour le rebond. Dans ce duel, le bahaméen devra prendre conscience de l’importance de ce secteur et essayer de minimiser l’impact de JV. Cependant, cette série de playoffs ne se remportera pas sur des rebonds offensifs, mais Phœnix serait bien inspiré de s’éviter des matchs à rallonge à cause de laxisme sous le cercle.
Avec leur effectif bien huilé et sans pépins physiques, les Suns rouleront sur cette série sans trembler. L’intérêt pour eux est de gagner le maximum de temps de repos, et de plier cette série en un coup de balai.
Mais comme il ne faut jamais dire jamais :
Match-Up
Phoenix Suns : 98%
New Orleans Pelicans : 2%