Mille fois cette saison, les Wolves ont appelé les fans de leurs vœux. La nuit dernière, le Target Center a vibré comme il n’avait probablement plus vibré depuis 5 ans et un ultime match de saison régulière. La nuit dernière, le stade a retenti dans un quatrième quart temps aux allures de Peplum, quand les locaux qui comptaient 10 points de retard dans les 8 dernières minutes, reprenaient la tête une poignée de secondes plus tard, sans leur franchise player. Toute la saison, D’angelo Russell a invectivé les fans en interview, Patrick Beverley a harangué la foule, Towns a demandé plus de bruit pour célébrer une saison victorieuse.
Et toute la saison, les fans ont répondu, mais sobrement. On ne reprend pas à deux fois des fans qui n’ont connu que saisons-déceptions et années-moribondes à espérer, en vain. Alors ils ont célébré cette année, oui, mais avec une certaine pudeur, attendant la confirmation que cette ossature qui se mettait en place ne soit pas un nouveau château de carte. Jusqu’à cette nuit, où enfin, ils goûtèrent leur plaisir sans retenue, transformant leur Target Center en arène vrombissante, résonnant aux hurlements d’une foule, aux Beat LA, exhortant leurs joueurs à défendre chaque possession comme la dernière. Cette fois, fans et joueurs ne firent vraiment qu’un, et à chacun de leurs encouragements, ils trouvaient satisfaction, leurs joueurs faisant échos à leurs appels.
McDaniels se jetant dans les pieds des attaquants pour voler un ballon, Beverley surgissant de nulle part pour bloquer une pénétration ouverte, Edwards bondissant vers le panier adverse pour finir sur un dunk ravageur. Cette nuit, nous étions à bord d’un moment d’histoire pour une franchise qui avait perdu le goût de l’écrire. Alors oui, on peut s’étonner de voir des joueurs célébrer une qualification en Playoffs comme un titre, des vétérans les larmes aux yeux de retrouver ce qu’ils ont connu avec d’autres équipes, certains même tous les ans depuis plusieurs saisons.
Mais ce serait oublier d’où reviennent ces joueurs et ces fans. Ne lisions-nous pas à sa draft qu’Edwards n’aimait pas le basket, qu’il manquerait d’engagement en NBA ? Ne lisions-nous pas que le temps de Karl-Anthony Towns à Minnesota arrivait à expiration, qu’il était temps de clore le chapitre ? N’entendions-nous pas parler de la nonchalance de D’angelo Russel, de son manque d’investissements en défense ?
Nous avons tous lu, dit, ou pensé l’une de ces choses à un moment ou un autre. Et sans doute avions-nous même raison de le faire. Car rien de tout cela n’était fantasque ou volé. Edwards s’est effectivement exprimé sur le sujet, disant préférer le football américain à la balle orange. Towns n’avait jamais su mener le bateau de Minnesota à bon port et la seule éclaircie de sa carrière fut une brève idylle avec Jimmy Butler. Russell a toujours été un problème à cacher en défense et sa carrière fut entachée de son manque d’implication dans le jeu, en défense, dans certains vestiaires.
Et c’est donc tout ça qui rend ce moment si spécial.
Parce que les fans le savaient et qu’ils avaient toutes les raisons de ne pas croire en ce radeau de la Méduse. Car les joueurs eux-mêmes avaient de quoi douter de leurs chances, mais que cette saison, au milieu de toutes les autres, quelque chose s’est produit, et que cette fois, cette étincelle n’est pas arrivée d’un grand chamboulement, elle s’est faite avec les pièces accumulées au long du voyage et quelques ajustements. Au fond, cette fois, la différence est là : les Timberwolves ont peut-être l’impression qu’ils vont dans la bonne direction, et que tout cela n’est pas juste un château de carte. Parce qu’ils ont trouvé un chef de file en ce coach, ont décidé d’écouter son message à l’unisson et de, chacun à leur échelle, faire ce qui était en leur pouvoir pour donner une forme, concrète, au projet qu’il a esquissé pour eux.
La nuit dernière, la Target Center a vibré. Sauf que ce n’était pas juste une qualification en Playoffs qu’ils fêtaient, non, ils consacraient le soulagement et l’espoir d’une franchise. Le soulagement de ne pas voir cette éclaircie plonger sur un seul match. Et l’espoir de se dire que cette fois, peu importe ce qui se passerait en Playoffs, l’histoire avait une suite.