Le Comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 a rendu son verdict : le premier tour du tournoi de basketball de Paris 2024 se déroulera au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Une décision qui a fait bondir, réagir, enragé beaucoup de fans de basketball en France mais surtout Evan Fournier, qui s’est fendu de tweet, de déclarations et de réactions enragées que tous les amoureux du sport ont eu du mal à modérer. La réponse de Martin Fourcade n’a rien arrangé, au contraire. Mais cette nouvelle frustration est en réalité une de plus sur une liste déjà bien trop longue.
La meilleure décennie du basketball français.
Les Jeux, c’est l’épreuve reine du basketball. Il n’est pas de plus grand honneur dans ce sport que de représenter son pays pour se battre dans le but ultime d’avoir la médaille autour de son cou, sur un podium couvert des plus grands noms de ce sport. Nul doute d’ailleurs que le basketball et l’olympisme partagent une histoire connue de tous : les épopées de la Dream Team de 1992 et son remake en 2012 entre autres, tout comme les émotions de la double médaille de Tokyo dont le basketball français se remet à peine. Dans un tel âge d’or, on ne pouvait qu’attendre une seule chose avec impatience : tous aller à Paris en 2024 pour encourager nos bleus, avec une énergie et une fierté comme jamais nous ne l’aurions ressenti.
Surtout que, et particulièrement sans chauvinisme, nos équipes de France sont capables, elles sont capables de le faire, d’aller au bout, de gagner. Parce qu’à la génération Dumerc, à la génération Parker, ont succédé des générations de géants et géantes qui enchaînent les performances, les qualifications et les médailles. Pas une seule compétition FIBA ou Olympique ne se fait sans la France depuis 10 ans ! Le point culminant de cet instant, de cet âge d’or du basket français, il est devant nous, dans deux ans. La moindre des choses dans ces circonstances est d’en tirer les conséquences : le basketball doit non seulement être un des événements centraux des jeux, mais pour le basketball français, il doit être LE grand événement.
« Inspire a generation »
Les précédentes éditions des jeux l’ont compris : Beijing en 2008 et sa Wukesong Arena de 19 000 places, Londres et les salles de Stratford (12 000 places) et la très renommée O2 Arena de 20 000 places, les Youth Arena (5000 places) et Carioca Arena (16 000 places) de Rio et la Super Saitama Arena prévue pour 23 000 à 32 000 places, étaient toutes des arènes dédiées au basketball et il est fort à parier que Los Angeles mettra le paquet sur les infrastructures en 2028.
Les jeux de Londres avaient notamment marqué ce slogan sur le bord des arceaux : « inspire a generation » : inspirer une génération. Et il va sans dire que 2012 avaient inspiré beaucoup de jeunes basketteurs et en soi, cet objectif doit être le même pour Paris 2024.
Mais il en sera autrement : la plus grande génération de basketteurs et de basketteuses français va vivre le tournoi de sa vie en 2024, en jouant devant le monde entier, face aux meilleurs joueurs et joueuses du monde. Leur pays, qui possède la salle de basket la plus vieille du monde, ce pays qui a vu naitre et mourir les apôtres du basket, ce pays qui avait su organiser en quelques semaines un Eurobasket dans une salle de 25 000 places en 2015, parce que l’Ukraine ne pouvait finalement plus l’organiser (car attaquée par la Russie en Crimée), ce pays qui possède Beaublanc, la Meilleraie, la Rhénus, le Palais des Sports de Pau, la Park&Suites Arena de Montpellier, l’Accord Hotel Arena de Bercy, la U Arena de Nanterre, le stade Pierre Mauroy, Jean Weille, Antarès, Kindarena, l’Astroballe ou même le VendéSpace, n’a rien trouvé de mieux que de placer le premier tour du plus grand et le plus beau des tournois de ce sport dans un Hall de bas étage, à la va-vite. Prendre une telle décision, c’est LA pire des décisions pour inspirer une génération, c’est une tâche dans les olympiades modernes.
La réponse de Martin Fourcade face aux réponses des villes
Martin Fourcade, lui-même grand champion dans un « sport mineur » entouré d’un comité d’athlètes, a vanté l’image de la « salle » comme répondant à un modèle plus vertueux du sport. Une réponse que personne n’a compris, ni même voulu comprendre, tant elle était à la hauteur des déceptions et qu’il n’a fait qu’envenimer la situation. Humiliation ultime, certaines villes comme Orléans ont proposé d’elles-mêmes que les épreuves du premier tour se fassent chez eux, la ville qui possédant une culture basket et surtout une conscience que l’idée est mauvaise.
Pourquoi cette décision était l’erreur attendue ?
Parce qu’il y a longtemps que les fans de basketball en France, les supporters et les joueurs, professionnels ou non, ont cessé de faire mine d’être surpris lorsque le basketball passe à la trappe par les décisions ou actions des pouvoirs publics ou des organisateurs de compétitions.
Malgré la décennie la plus glorieuse de l’histoire du basketball français, les matchs de nos équipes nationales sont coupés, nos médaillés et médaillées ne sont pas accueilli(e)s à l’aéroport. Bien que la France possède l’héritage le plus riche du basketball dans le monde, après celui des Etats-Unis et du Canada, la plus vieille salle de basketball du monde existant à Paris attend toujours d’être rénovée, la tombe de la femme qui a implanté ce sport en France et en Europe pour plus d’un siècle repose dans une tombe anonyme dans un cimetière nantais, le site de la première rencontre ayant jamais eu lieu avec une équipe de France en 1919 est un terrain en friche.
Malgré avoir réussi à ramener 25 000 personnes dans les salles pour les matchs de l’Eurobasket 2015, malgré avoir vu une salle rénovée de Paris Bercy bondée pour accueillir le NBA Paris Game en 2020 et hormis un accueil partiel de l’Eurobasket 2021 féminin, la France ne postule plus pour organiser un championnat d’Europe de basket, la France voit s’éloigner le retour de la NBA chez elle et surtout, la France n’a jamais organisé une coupe du monde de la FIBA à 5vs5, alors que notre pays a accueilli des mondiaux de football, de rugby, de handball, de volley, de judo, d’escrime, d’athlétisme, de gymnastique, de hockey sur glace, mais jamais, jamais de basketball, ni pour les filles, ni pour les garçons.
Mais alors où ?
En France, la critique est souvent forte, mais la proposition est souvent absente. Mais votre auteur n’est pas de cette pratique. Et la réponse est assez simple. En 2020, alors que Bercy débordait par les NBA Paris Game, j’avais déjà évoqué qu’une alternative, crédible et moderne, accessible et connue, était sur le papier et je le redis encore aujourd’hui : la U Arena de Nanterre serait un excellent choix, de par sa configuration modulable, pour accueillir de très belles épreuves de basket-ball pour le premier (et même aussi le deuxième) tour. La U Arena était initialement proposée pour accueillir les épreuves de gymnastique et est aujourd’hui est programmée pour accueillir les épreuves de natation et de water-polo. Cependant, sans mépriser ces épreuves qui sont d’ailleurs tout autant iconiques dans les Jeux, et dans lesquelles les exploits français sont légion, Paris pourrait tout à fait utiliser une de ses nombreuses infrastructures de piscine pour laisser la place.
Qu’on le veuille ou non, la France est le pays du basket. Montrons notre héritage, inspirons une génération, respectons de sport et les sports collectifs.