Ben Simmons aurait déjà perdu 19 millions de dollars cette saison et la saison régulière continue d’avancer. En 50 matchs, le joueur a déjà laissé une bonne partie de son contrat s’envoler et il ne semble pas prêt de faiblir.
Malgré une réintégration en début d’exercice au sein des Sixers, tout cela n’était finalement qu’une manière de réduire le bruit autour du joueur. Depuis qu’il est revenu, la seule chose qu’il ait faite, c’est clamer son divorce avec l’équipe. La version officielle : Ben ne serait mentalement pas prêt à retrouver les terrains avec cette équipe.
Tout du moins, avec cette équipe, car physiquement, le joueur travaille dur pour se parer à toute éventualité. L’éventualité, c’est un départ à la trade deadline pour enfin pouvoir commencer sa saison. Depuis le début de l’année, Simmons vit en parallèle de ses coéquipiers et met un point d’honneur à ne pas croiser leur route. Bien que présent à Philadelphie, il s’entraîne avec ses propres coachs, suit son propre thérapeute et soulève de la fonte dans son propre gymnase.
Si vous souhaitez le voir s’entraîner, attendez-vous plutôt à des 5-contre-5 avec d’anciens joueurs NBA désormais sur la touche. Bref, vous l’aurez compris, Ben Simmons souhaite démontrer que sa décision est irrévocable et que son flambeau restera bien éteint dans la ville de l’amour fraternel.
Cependant, depuis, peu de nouvelles fusent. Un des principaux scoops que nous aillons eu il y a quelques semaines ? Celui d’apprendre que pas grand chose n’avait bougé. Au point de se demander si le feuilleton Ben Simmons pourrait vraiment s’arrêter à la trade deadline ? Le joueur va-t-il réaliser une saison blanche en pleine possession de ses moyens physiques ?
Daryl Morey, inflexible ?
Peu de rumeurs se sont avérées réellement convaincantes aux abords de Philly. On a bien eu quelques murmures autour des Wolves. D’autres faisaient part d’une envie des Kings de s’attirer les faveurs de l’australien, mais rien qui n’ait semblé faire bondir l’intérêt de Daryl Morey.
Le manager des Sixers avait été très clair il y a quelques mois ; il ne transfèrerait pas Simmons tant qu’il n’aurait pas la sensation de faire une acquisition de choix. Le calcul est simple pour lui ; Simmons est la dernière pièce majeure qu’il possède pour espérer ramener un gros nom dans l’effectif. Il ne peut donc pas se permettre de mettre un coup d’épée dans l’eau. Or, les propositions qui ont filtré jusqu’ici n’ont pas tourné autour d’équipes en possession d’arguments réellement solides. Ancien stratège de Houston, Morey avait démontré un sens de la gestion supérieur à la moyenne et on le sait plutôt habile pour négocier des échanges. Aussi, cette inflexibilité pourrait très bien être un verni visant à faire monter les enchères d’équipes ne disposant pas d’une star ou d’une superstar, mais de nombreux joueurs de qualité permettant d’accroître la profondeur de son équipe.
Reste que, jusqu’ici, la faible activité autour d’un potentiel échange laisse supposer que le manager est prêt à patienter, quitte à réellement sacrifier la saison en cours au profit d’un plan sur le plus long terme.
Si l’on en croit ses dires et ses (non-)actes actuels, le nombre de cibles qui semblent accessibles et qui pourraient convenir aux attentes de Morey sont en fait peu nombreuses. S’il est clair qu’il souhaite attirer une tête d’affiche, il faut aussi que celle-ci soit non seulement disponible, mais aussi qu’elle soit “Embiid-compatible”. Cela réduit évidemment le nombre potentiel de joueurs, et les plus probables semblent être :
- Bradley Beal, qui semble pour la première fois envisager réellement son avenir ailleurs qu’à Washington. C’est en tout cas ce que le refus d’une prolongation en or massif laisse présager. Si tel était le cas, on imagine que les Wizards chercheraient à obtenir une contrepartie sérieuse. Beal ne s’est pas réengagé avec la franchise l’été dernier et dispose d’une player option à la fin de l’exercice. Autrement dit, même si le front office de Washington semble calme, il n’est pas impossible qu’il préfère jouer la sécurité. Pour autant, cette sérénité dans une NBA criblée d’insider reste assez troublante ;
- James Harden, qui ne semble pas se plaire à Brooklyn et aurait fait part de son intérêt pour Philly. On imagine que des retrouvailles avec le barbu sont tentantes pour Morey, qui retrouverait un joueur avec qui il a connu un succès certain. Bien que produisant une saison en demi-teinte à l’échelle de son talent, Harden reste le joueur de ce trio-du-possible qui possède le CV le plus impressionnant. Dans la même situation contractuelle que Beal, les choses sont pour autant différentes ; là où Washington n’a pas de grands ambitions, les Nets visent le titre 2022, ce qui peut évidemment réduire les chances de voir The Beard être échangé dans quelques jours. Si les Sixers priorisent cette piste, tout espoir ne semble paradoxalement pas perdu… ;
- Damian Lillard, enfin, a réédité ses déclarations à chaque fois qu’il en a eu l’occasion : son esprit est tourné vers Portland. Pour autant, lors de cette intersaison, pour la première fois, le meneur a montré des signes d’impatience quant au niveau de ses coéquipiers et ses chances de jouer le titre. Dès lors, le doute est permis et on imagine que Morey est très tenté d’envisager une paire avec Embiid.
La question paraît donc être : l’échange de Ben Simmons d’ici la trade deadline est-il envisageable ?
L’espoir est-il toujours de mise ?
Plusieurs lueurs d’espoirs semblent pourtant exister. La première provient évidemment de la saison en cours. Malgré l’absence de Simmons, les Sixers montrent du cœur et de la compétitivité. Embiid évolue à un niveau de MVP en étant réellement dominant et, dans son sillage, la franchise reste accrochée au wagon des meilleures équipes de l’Est.
Par ailleurs, c’est un détail qui a son importance, aucune équipe ne semble survoler la saison. La faute, sans doute, aux blessures omniprésentes, mais également à des favoris qui déçoivent. Les Nets n’écrasent pas la Ligue comme attendu, les champions en titre de Milwaukee semblent en garder sous la pédale mais pourraient très bien payer un exercice et un été chargés, tandis qu’à l’Ouest, seuls les Suns semblent réellement carburer pendant que les Clippers sont décimés et que les Lakers paraissent en pleine déconfiture. En d’autres termes, la course au titre est très ouverte et avec un peu de renfort et un bon alignement des planètes, Philadelphie pourrait ne pas être si loin des meilleurs. Dans ce contexte, il n’est pas impossible que la franchise se mette à considérer des offres certes moins clinquantes, mais qui offriraient au groupe des armes supplémentaires et plus de profondeur (Pistons, Kings, Wolves…etc).
De plus, alors que le calme plat aurait pu commencer à inquiéter, un échange entre Portland et les Clippers va sans doute faire rêver les fans de Philly :
En choisissant de se départir de Norman Powell et Robert Covington, les Trailblazers ont donné le ton ; l’heure est à la déconstruction et à l’abandon de cette saison. Dès lors, deux scénarios se dégagent pour l’Oregon :
- tenter de liquider l’essentiel de ses vétérans pour réentourer Lillard ;
- préparer le tanking en vue de l’explosion totale de l’effectif.
La première hypothèse n’est pas inenvisageable, mais ne semble vraiment pas être la plus cohérente, tandis que la seconde ferait évidemment les affaires des Sixers. Que l’équipe souhaite Simmons, ou juste servir de 3eme équipe dans le but de récupérer des contrats expirants, de la jeunesse et des tours de draft, toujours est-il que cela rendrait Damian Lillard accessible.
Enfin, une autre nouvelle est venue secouer le champ des possibles quelques heures après l’échange susmentionné :
Dès lors, récupérer Harden ne devient plus nécessairement synonyme d’une fin de saison pour Simmons. En effet, comme énoncé précédemment, les Sixers et les Nets souhaitent tous deux gagner dès maintenant. En cela, l’échange est naturellement plus facile puisque cela pourrait se résumer à un échange de pièce(s) majeure(s).
De surcroît, puisque les choses vont parfois très vite en NBA, il n’est pas impossible qu’un échange dans les heures ou jours à venir rendent la piste Beal également plus probable.
Et Tyrese Maxey, dans tout ça ?
Pendant que Simmons continue sa route en solitaire, un joueur tire parfaitement partie du vide laissé par son ainé : Tyrese Maxey. Le sophomore avait déjà prouvé l’an passé qu’il n’avait pas froid aux yeux. Lors des absences d’Embiid, le joueur a tenu la baraque, au point de briguer le rôle de numéro deux du pivot camerounais à la place de Tobias Harris, qui pourrait suivre Simmons dans sa destinée.
En soit, si l’éclosion possible du combo-guard ne change pas complètement la donne, il possède un aspect à double tranchant. La franchise doit-elle le compter comme un pièce attractive (salaire rookie, fort potentiel) pour attirer une star supplémentaire ? Si oui, doit-elle également se demander quel joueur disponible lui offrira le plus de moyens de s’exprimer ? Ou doit-elle le voir comme une pièce marginale et envisager ensuite ce qu’elle fera de lui ?
Un autre scénario existe toutefois et il est, de loin, l’un de ceux que les fans ne veulent pas entendre ; il se pourrait ainsi que Maxey soit celui qui permettra la fin du feuilleton. En effet, Harris qui est considéré comme une pièce disponible pour échanger l’australien pose un problème. Ses 36 millions de contrats, additionnés aux 33M de Simmons, rendent un échange assez délicat à monter puisqu’il réduit encore le nombre de cibles.
En revanche, Maxey coûte peu. Surtout, il n’a que 21 ans. En effet, récemment, les superstars qui ont été échangées (Anthony Davis, James Harden) l’ont souvent été contre une montagne de jeunes joueurs et de picks. Or, Simmons, qui aura 26 ans cet été, ne correspond plus vraiment à cette notion de jeune joueur à potentiel. Autrement dit, Maxey pourrait être celui qui permet à l’échange de se faire. D’autant qu’en derniers recours, Philly possède encore quelques choix de drafts à mettre dans la balance.
Récap des opportunités ?
Pour conclure, tout n’est pas perdu pour boucler le dossier d’ici la trade deadline du 10 février prochain.
Auquel cas, quelques pistes semblent parmi les plus chaudes :
- l’acquisition de Damian Lillard dans l’espoir de frapper un coup dès cette saison une fois le joueur revenu de sa blessure ;
- les Nets qui prennent le risque d’un swap entre Harden & Simmons comme cœur d’une offre ;
- un déblocage du dossier Bradley Beal ;
- l’acceptation d’une “autre offre”. Par exemple, les Kings qui étaient prêts à mettre Buddy Hield, Harrison Barnes voire, De’Aaron Fox. Il n’est pas sûr que l’équipe obtienne les 3, et auquel cas, si Fox n’est pas de la partie, l’échange représente peu d’intérêt. En effet, faire cet échange aurait pour but d’avoir des joueurs qui puissent repartir cet été pour retenter les dossiers Harden, Beal, Lillard. Or un duo Hield – Barnes serait insuffisant. Tandis qu’une base Fox – Barnes n’est pas la plus compatible avec l’équipe actuelle (Maxey – Embiid). C’est malgré tout l’équipe qui a semblé être la plus active sur le dossier la plus susceptible de tenter un gros pari.
Si les tractations échouaient, alors, il y a de fortes chances que Morey renonce à sa tentative. Dès lors, l’équipe ferait de son mieux cet été, notamment pour envisager un sign & trade autour d’Harden ou de Beal.
