Entre les 29 novembre 2019 et 2 avril 2021 @BenjaminForant et @Schoepfer68, accompagnés ponctuellement par d’autres membres de la rédaction, ont dressé le portrait de certains des acteurs méconnus ou sous-estimés de la NBA. Au total, ce sont 63 articles qui vous ont été proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010, avec quelques bonus par-ci, par-là.
Pour cette saison 2, Le Magnéto change de format. Si l’idée est toujours de narrer la carrière des joueurs dont on parle finalement trop peu, il ne s’agira plus de traverser de part en part la si vaste histoire de la Grande Ligue. Désormais, chaque portrait sera l’occasion de braquer les projecteurs sur une franchise en particulier, avec l’ambition d’évoquer l’ensemble des équipes ayant un jour évolué en NBA, mais également en ABA.
Replongez avec nous dans ce grand voyage que constitue Le Magnéto. Dans ce 65è épisode, intéressons-nous à la deuxième franchise new-yorkaise, les Nets, vue à travers l’un de ses plus emblématiques joueurs : Buck Williams.
Carnet de voyage
Il était une fois dans l’Est
New Jersey, 1967
Depuis la création de la NBA, New-York est une ville essentielle de la Ligue. Les Knicks ont en effet participé aux toutes premières joutes de playoffs et ont atteint à plusieurs reprises la finale dans les années 1950. La draft se déroule d’ailleurs presque chaque année dans la ville qui ne dort jamais (cinq fois au cours des fifties). Bref, le basket, c’est New-York et New-York, c’est le basket. Mais jusqu’à la fin des années 1960, le Madison Square Garden était la seule arène où l’on pouvait voir des joueurs professionnels dans la ville.
Alors que la Grande Ligue était en concurrence avec la ABA, les décisionnaires de la petite sœur décidèrent d’investir Big Apple, eux aussi. Enfin, pas vraiment. Les futurs propriétaires de ce qui allait devenir les Nets n’arrivèrent pas à mettre la main sur un gymnase à New-York. Ils se sont donc rabattus dans un état voisin, donnant naissance aux New Jersey Americans… mais pas pour très longtemps. Après une saison moyenne (36 victoires pour 42 défaites), la franchise connait un premier déménagement et un changement de nom. Au revoir les New Jersey Americans, bienvenue aux New-York Nets. Les propriétaires comptaient alors inscrire l’équipe dans la longue tradition des équipes de la ville et choisissent un naming proche des Jets et des Mets.
L’enthousiasme est de mise en ABA : une nouvelle franchise, située à Long Island, va faire de la Ligue une vraie concurrente à la NBA. Mais la première saison au sein de Big Apple n’est pas un franc succès : 17 victoires, 61 défaites et une dernière place bien embarrassante après la petite réussite de l’exercice 1967-68. Cela engendre une vente, et donc un nouveau déménagement. Les Nets posent leurs valises à Hempstead. Cette fois-ci, la sauce va enfin prendre, avec une première campagne de playoffs pour les Nets. Mais une défaite au premier tour face aux Colonels de Kentucky coupera l’élan de l’équipe.
Après des débuts mi-figue mi-raisin, la franchise va enfin changer de dimension. Rick Barry, superstar de l’époque, qui est passé de la NBA à l’ABA quelques saisons auparavant pour des raisons financières, rejoint NY. Il devient immédiatement – et évidemment – le meilleur joueur de l’histoire de la franchise. C’est le début de la période dorée des Nets en ABA qui perdront les finales en 1972. Barry quitta le navire dans la foulée. Une saison de transition plus tard, Julius Erving déposa ses bagages dans la ville qui ne dort jamais. Sous sa houlette, les Nets remportèrent deux titres ABA en trois ans. Le titre de 1976 sera d’ailleurs le dernier de l’histoire de la ligue secondaire.
En effet, dès la saison suivante, la fusion des deux Ligues ainsi que le départ d’Erving pour les 76ers plongèrent la franchise dans une demi-décennie plutôt sombre. Entre 1977 et 1981, on ne dénombre qu’une seule participation en playoffs pour de nombreux exercices en négatif. Du côté des joueurs, rien de très flamboyant à mentionner, si l’on excepte la draft et les deux premières saisons de Bernard King, avant que celui-ci ne fasse la suite de sa carrière ailleurs.
Seul point à souligner, le retour dans le New Jersey de la franchise. Ce naming restera jusqu’en 2014, lors de l’arrivée de la franchise à Brooklyn.
Mais tous les cycles – bons comme mauvais – ont une fin. C’est ainsi que la spirale négative prit fin, permettant aux Nets d’enfin sortir de l’eau. Tout ceci commença à l’intersaison 1981, lorsqu’un certain Buck Williams rejoignit les rangs new-yorkais.
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Pendant ce temps-là, entre la Caroline du Nord et le Maryland
Buck Williams est né à Rocky Mount, petite ville de Caroline du Nord. C’est dans cette même bourgade qu’il fit ses débuts, tardifs pour la star qu’il est ensuite devenu.
“J’ai commencé le basket qu’en troisième, j’ai donc dû m’améliorer techniquement très rapidement”.
Ces débuts tardifs ne l’empêcheront pas de rejoindre le collège de sa ville et de taper dans l’œil des recruteurs. À la fin de son cursus, il avait alors le choix entre plusieurs universités et décida de rejoindre la faculté de Maryland, à la surprise générale.
“Ma mère était fan d’UNC (Université de Caroline du Nord), mais je savais que j’aurais plus de chances de jouer à Maryland”.
Ce choix s’avérera payant. Williams est un ailier-fort de 2m03 pour 98 kilos, reconnu comme un rebondeur rugueux, imprimant en permanence une forte intensité et du hustle. Mais mettre le ballon dans le panier, il sait aussi le faire. Chez les Terrapins, il réalisa trois saisons consécutives en double-double, avec des moyennes de 13,6 points pour quasiment 11 rebonds.
Du côté palmarès, il a fait les beaux jours de sa faculté : lors de sa 3ème saison, il a été sélectionné dans la All-american First Team. Il fut également le meilleur rebondeur de sa conférence (à l’époque, Maryland était en ACC au même titre que North Carolina, Wake Forest ou Duke) deux fois et finira comme le troisième meilleur rebondeur de l’histoire de la fac.
Buck Williams aurait même dû participer aux Jeux Olympiques lors de cette période. En 1980, il avait été sélectionné aux côtés de Mark Aguirre, Isiah Thomas ou Rolando Blackman pour défendre les couleurs américaines. Mais le boycott de l’édition moscovite, pour d’évidentes raisons géopolitiques, auront raison de son envie d’or.
En 1981, il se présente donc à la draft, en étant l’un des prospects les plus appréciés du pays. Les Mavericks, titulaires du premier choix, jetèrent leur dévolu sur Mark Aguirre. Les Pistons, seconds à choisir, sélectionnèrent Isiah Thomas.
Habitués à choisir rapidement à la draft (6ème en 1980, 8ème en 1979 et 7ème en 1977), les Nets n’ont cependant jamais su choisir un joueur déterminant pour la franchise. C’est désormais chose faite ; malgré les présences dans la raquette du vieux Bob McAdoo et de Maurice Lucas, la franchise sélectionna Buck Williams. Sans jamais le regretter par la suite.
Coup de foudre dans le New Jersey
Les étoiles dans les yeux
Buck Williams est la nouvelle pépite du New Jersey. Pour l’accueillir, la franchise a donc fait de la place. Au revoir Bob McAdoo et Maurice Lucas. Cliff Robinson et Mike Newlin, les deux meilleurs marqueurs de l’exercice 1980-81 quittent également la franchise, pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Sur le papier, l’équipe semble être un vrai terrain vague, dans laquelle les jeunes pousses et joueurs expérimentés coopèrent.
Aux côtés de Buck, on retrouve notamment Ray Williams, qui sort de plusieurs bonnes saisons de l’autre côté du pont. Il y a également Otis Birdsong, seul membre du roster à avoir été All-star.
Malgré cet effectif plutôt léger, Ajax réalisa un début de saison canon, symbolisé notamment par sa première rencontre disputée face au rival Knicks : 19 points, 17 rebonds. Il fait partie du club des 7 joueurs qui ont réalisé une telle performance pour leur entrée dans le grand bain, aux côtés, notamment de Wilt Chamberlain, Jerry Lucas ou David Robinson.
Il n’en demeure pas moins que le début de saison collectif sera catastrophique (6 victoires sur les 22 premières rencontres). Les hommes de Larry Brown vont toutefois se remettre dans le droit chemin et commencer à surprendre. Derrière un Buck Williams en grande forme, c’est tout New-Jersey qui enchaîne les victoires, permettant à la franchise de revenir à hauteur de leurs différents concurrents. Le rookie multiplie les doubles-doubles (54, dans la saison), avec de nombreuses performances à plus de 20 points scorés (20, dans la saison).
Ses excellentes performances individuelles conjuguées à la remontada collective lui permettront d’être sélectionné au All-star game pour son premier exercice, aux cotés d’Isiah Thomas et de Kelly Tripuka, également rookies du côté de Detroit. En temps normal, le milieu de saison (janvier-février) est réputé pour constituer le “rookie wall“, cette période où les débutants connaissent plus de difficultés. Pour Buck Williams, c’est tout le contraire : record au scoring (29 points) le 26 janvier et record au rebond le 12 février (23 prises). Notez qu’au-delà des 23 rebonds, l’intérieur scora 17 points et claqua 5 contres, dans une victoire contre les Warriors. Seuls Shaquille O’Neal, Hakeem Olajuwon et John Heinson réalisèrent cela en tant que rookies (les contres sont comptés depuis 1973).
Petit à petit, les Nets font leur nid. Ils finissent la saison avec une quatrième place de la conférence et affrontèrent les Bullets au 1er tour des playoffs. L’ailier-fort, nouvelle coqueluche maison, est élu rookie de l’année, avec plus de 15 points et 12 rebonds de moyenne. La belle saison s’arrêta toutefois là. Malgré le gros match du jeune poste 4 (23 points, 13 rebonds) pour sa première sortie en post-season, New Jersey s’inclinera en deux rencontres.
L’élimination a cependant quelque chose de positif. Comme si la franchise venait d’affirmer : “oui, nous sommes de retour et nous avons une future star dans notre effectif”.
Forcément, avec une telle hype, l’état entier du New Jersey attendait le début de l’exercice 1982-83. Quelques changements ont été faits dans le roster, notamment avec l’arrivée de Micheal Ray Richardson, triple All-star avec les Knicks mais qui connaîtra rapidement un destin peu glorieux. Albert King, poste 2 sophomore, aura lui bien plus de responsabilités.
Auréolé de son premier titre individuel en carrière, Ajax commence la saison sur les chapeaux de roues : 17 points, 15 rebonds et la victoire face aux Bulls. Malgré quelques contre-performances en ce mois de novembre 1983, l’intérieur redouble d’efforts et redresse la barre dès les rencontres suivantes. On retiendra notamment ses 19 points, 19 rebonds et 4 passes décisives face à ces mêmes taureaux ou encore ses 22 points et 17 rebonds face aux Hawks quelques semaines plus tard.
Collectivement, le début de saison est moyen. Mais une grosse série de victoires (11) entre le 23 décembre et le 12 janvier remettent les Nets sur les bons rails. Forcément, Williams n’y est pas pour rien : quasiment 19 points et plus de 14,5 rebonds de moyenne sur la période. Si les défaites et les victoires reprendront une alternance dès la mi-janvier, Williams, lui, continuera son chantier. Il sera d’ailleurs à nouveau sélectionné au All-star game. Juste avant l’évènement, il contribua à remporter un back-to-back important face aux Hawks et Pacers, en scorant 29 et 26 points et en gobant 16 rebonds lors des deux rencontres.
New Jersey finira de nouveau la saison à la 4ème place de la conférence est et la franchise devra, comme la saison précédente, participer au 1er tour (duquel sont exemptés les deux premiers). Et quoi de mieux qu’un duel face à New-York pour lancer la post-season ? Face aux voisins portés par Bernard King, les hommes de Brown ne feront que pale figure. 2 défaites vites expédiées, et une nouvelle saison sans victoire en playoffs. Pourtant, sur les deux rencontres, Buck Williams a tourné en 19 points et 11,5 rebonds. C’est au moins aussi bien que lors de la saison régulière (17 points, 12,5 rebonds, statistiques qui lui ont permis d’intégrer la All-NBA Second Team). Mais face aux Knicks, cela n’a pas suffit.
A l’aube de sa troisième saison professionnelle, Buck Williams est déjà un grand de la Ligue. Double All-star, il a remis au centre des discussions la franchise des Nets, oubliée depuis quelques années. Un avenir des plus radieux lui est promis. Mais ce futur ne passera que par des réussites en playoffs. Et cette nouvelle saison marquera une nouvelle étape dans ce processus.
Pour l’exercice 1983-84; le roster semble plus équilibré que jamais. 5 joueurs scorent entre 12 et 19,8 points de moyenne. L’ailier-fort, bien intégré dans cet effectif, verra sa moyenne de points par match légèrement diminuer, et n’inscrira plus “que” 15,7 points par match. Otis Birdsong, poste 2, sera sélectionné pour la quatrième fois de sa carrière au match des étoiles, au détriment de l’intérieur. Mais l’important est ailleurs : l’effectif est cohérent et parvient à le démontrer.
Pourtant, à la fin de la saison régulière, difficile d’apercevoir une quelconque progression. En effet, les Nets ont gagné quatre rencontres de moins que la saison précédente. Entre temps, le format de la post-season a changé pour ressembler à ce que l’on connait aujourd’hui. Seules modifications avec l’ère actuelle : pas de play-in et des premiers tours en 5 matchs et non 7.
Ayant fini à la 6ème place de la saison, New Jersey s’attaque immédiatement à un gros morceau : les 76ers de l’ex-superstar de la franchise Julius Erving et du formidable pivot Moses Malone. Et pourtant. Au bout de 5 matchs disputés, après avoir mené 2-0, s’être fait une grosse frayeur en perdant les deux suivants, les Nets éliminèrent les champions en titre.
Buck Williams a assuré : 17 points et 15 rebonds de moyenne sur la série. Il a également fait de son mieux, et a participé à l’effort collectif de la raquette pour maintenir Malone dans des standards honnêtes pour un double MVP en titre : 21 points et 14 rebonds.
Ils l’ont fait. Enfin, les Nets de Buck ont passé un tour, en plus de cela en étant outsiders. En demi-finales de conférence, ils rencontrent donc le #2 de la conférence est, les Bucks. Menés par Sidney Moncrief et Marques Johnson, les daims visent le deuxième titre de leur histoire. Et malgré une résistance honnête des hommes de Stan Albeck, les Nets s’inclinèrent en 6 rencontres.
Buck Williams a 23 ans. Il vient de remporter la première série de playoffs de sa carrière, et ne souhaite évidemment pas s’arrêter là. Malheureusement, cette série remportée face aux Sixers constituera le pic de sa carrière sous le maillot des Nets.
De la lassitude à la rupture
Comme beaucoup d’équipes avant elle et énormément de franchises après, la régression des performances n’est pas soudaine. Chaque année, entre 1984 et 1988, les Nets remportèrent moins de rencontres, passant du statut d’outsiders à celui de prétendant au top 10 de draft.
Pourtant, Buck Williams maintient son haut niveau. Lors de certaines saisons, il dépasse même ses statistiques de sophomore, qui lui avaient permis d’être All-star et All-NBAer.
Par exemple, en 1985, les Nets terminèrent la saison en 5ème position, avec 42 victoires (-3 par rapport à 1984). Notre ROY, lui, inscrivit plus de 18 points de moyenne, avec 12 rebonds. Pourtant, New Jersey se fit balayer au premier tour des playoffs (3-0 contre Detroit). Rebelote l’année suivante : une qualification en playoffs, une saison à quasiment 16 points de moyenne, sa dernière étoile d’All-star et un nouveau sweep lors de la première confrontation, cette fois-ci face aux Bucks.
Cette apparition en playoffs fut la dernière pour les Nets avant 1992 et l’ère Drazen Petrovic. Par conséquent, ce sera également la dernière de Buck Williams sous les couleurs rouges et bleues de l’époque. Il faut dire qu’entre temps, une bonne partie de l’effectif a quitté le navire. En 1987, seuls Albert King et Otis Birdsong, qui n’est plus que l’ombre de lui même statistiquement parlant, font toujours partie de l’effectif. Cette fois-ci, la chute fut brutale : 24 petites victoires (15 de moins que la saison précédente), et une dernière place à l’est, ex-aequo avec les frères des Knicks.
Le mythique numéro 52, lui, est toujours performant, et la NBA le voit. Malgré le 18ème rating défensif des Nets, il obtiendra sa place dans la All-NBA Second Defensive Team.
Qui dit mauvais bilan dit forcément haute place à la draft. Avec leur pick 3, les Nets jettent leur dévolu sur… Dennis Hopson, alors que Scottie Pippen, Kevin Johnson ou Reggie Miller étaient encore disponibles. Sans surprise, ce bon Dennis ne fera pas long feu dans la Grande Ligue, symbole de la période sombre des Nets.
Pour 1988, on prend la même situation et on recommence : Buck Williams marque plus de 18 points et gobe quasiment 12 rebonds de moyenne, mais les Nets ont toujours un bilan catastrophique. Résultat, un nouveau haut choix de draft “gaspillé” avec la sélection de Chris Morris (éternel role player) avec le pick 4 juste devant Mitch Richmond.
Ajax a maintenant 27 ans et est censé arriver dans son prime. Après une nouvelle saison passée dans les bas-fonds de la Ligue et un rendement moindre (seulement 13 points / match, pire total depuis le début de sa carrière), le front-office des Nets et l’intérieur décident d’une rupture à l’amiable. La légende de la franchise sera tradée après 8 ans de bons et loyaux services. La deuxième partie de l’histoire en NBA de Buck Williams se déroulera dans l’Oregon.
Une nouvelle rencontre
Nous sommes à l’été 1989, et l’intérieur s’envole donc pour Portland, en échange de Sam Bowie, espoir déchu et gravé à jamais dans les mémoires collectives pour avoir été drafté devant Michael Jordan. Sur place, Williams rejoint un effectif plus que compétitif : on y retrouve Clyde Drexler, Terry Porter ou encore Jerome Kersey. Malgré cela, les Blazers sortent d’une saison moyenne, achevée à une 8ème place à l’ouest et sur un sweep subi face aux Lakers au premier tour.
Toutefois, les espoirs sont grands. Williams, All-star confirmé, All-NBA, nommé dans la All-Défensive Team une fois, vient installer sa carcasse à l’un des seuls postes où l’équipe manquait de talent. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a immédiatement fonctionné. Déchargé d’une bonne partie du travail offensif (plus bas usage rating de sa carrière et moins de 10 shoots par soir pour la première fois de sa carrière), Ajax peut se concentrer intégralement sur ce qu’il faisait déjà de mieux : défendre, et conclure les actions. Grâce à son impact du côté le moins flashy du terrain, il obtiendra un nouveau billet pour la All NBA Défensive Team.
Avec à la baguette un duo Porter – Drexler en pleine forme, les Blazers réalisent une excellente saison régulière. Ils se placeront sur le podium de la conférence ouest, derrière les Lakers et les Spurs (même si les texans ont moins de victoires que Portland, ils sont classés devant car les champions de divisions étaient alors prioritaires).
Un sweep des Mavericks plus tard, voilà San Antonio se dresse face à Buck Williams et ses nouveaux coéquipiers. La série sera extrêmement serrée et livra son verdict au bout de 7 manches. Avec quasiment 15 points de moyenne, Williams contribue activement… à la qualification des siens ! En effet, au bout de l’effort, les Blazers validèrent leur ticket pour les finales de conférence à trois petits points près.
Il s’agit simplement de la seconde finale de conférence de l’histoire de la franchise, après le titre remporté en 1977. En face ? Les Suns de Phoenix, emmenés par un Tom Chambers de gala et suppléé avec brio par Kevin Johnson, Jeff Hornacek ou Dan Majerle. En effet, terriblement mésestimé, Chambers tournait à plus de 27 points par match lors de cet exercice 1989-90. Cependant, ses 24 points et 8 rebonds de moyenne ne suffiront pas à abattre le TGV tout droit venu de l’Oregon.
Après n’avoir passé qu’un seul tour de playoffs de sa vie, Buck Williams atteint les NBA Finals dès ses premiers mois à Portland. Pour décrocher le titre suprême, il convient désormais de faire la nique aux tenants du titre, les Detroit Pistons. Pour une fois, la marche fût trop haute. Les Bad Boys d’Isiah Thomas, compère de draft de l’ailier-fort, se montrent bien supérieurs et auront raison des espoirs de Portland en cinq petites rencontres. Hormis le premier match qu’il conclut avec 20 points et 12 rebonds, le numéro 52 ne sera jamais au niveau (11,2 points, 9 rebonds de moyenne, bien défendu par Dennis Rodman).
À l’instar de son passage chez les Nets, les saisons se suivent et se ressemblent pour Buck Williams chez les Blazers, à deux différences près. D’un côté, individuellement, il se spécialisa encore plus sur la défense, quitte à délaisser encore un peu plus son rendement offensif. En 1992 et 1993, il sera de nouveau nommé dans une All NBA Defensive-Team. L’autre distinction est, évidemment, là où New Jersey arrêtait sa course au premier tour de post-season, Portland pousse son parcours très loin.
La franchise de l’Oregon retourna notamment en Finales NBA en 1992, alors que le chemin s’arrêta en finale de conférence en 1991 face aux Lakers.
Le début de la décennie 1990 fût la plus belle période de la carrière du fameux numéro 52. Après la finale perdue face aux Bulls de Jordan, il continua à avoir une forte présence au rebond et défensive et un gros temps de jeu (plus de 29 minutes par match jusqu’en 1995). Par contre, collectivement, ses parcours s’arrêteront tout le temps au 1er tour (4 consécutives entre 1993 et 1996), comme si les expériences du passé revenaient le hanter.
Il termina tranquillement sa carrière dans la ville qui l’a forgé professionnellement ; il a traversé le pont pour signer chez les Knicks de New-York, pour deux années en tant que role player important (entre 18 et 20 minutes par soir).
Buck Williams prit sa retraite en janvier 1999, lors du lock-out qui frappa la NBA. Au total, ce dernier aura joué 1 307 matchs en 17 ans, pour 42 000 minutes. Figure légendaire du Maryland, il aura également marqué de son empreinte la ville la plus à l’ouest du pays, en participant à l’ère Clyde Drexler. Mais on le retiendra avant tout dans l’état du New Jersey, où il est une icône incontournable.
La place au box-office des Nets
Vous vous doutez bien que si Buck Williams a été choisi pour ce 65è épisode, c’est grâce à sa place prépondérante dans l’histoire des Nets. Il faut dire que, statistiquement, l’ailier-fort vaut son pesant d’or.
Comme indiqué tout au long de ce récit, Ajax fût également nommé sur cette période de huit ans All-star à deux reprises, rookie de l’année, 2nd All-NBA Team et 2nd All-defensive team. Un bien beau palmarès pour un joueur qui a touché son premier ballon de basketball à 15 ans. Pour ajouter à sa legacy, il est actuellement positionné à la 16è place des meilleurs rebondeurs de l’histoire, entre Jerry Lucas et Shaquille O’Neal, s’il-vous-plait.
Cette légende a vu son maillot 52 retiré et vogue au sommet du Barclays Center. Il en sera de même à la fac de Maryland. Sans trop prendre de risques, difficiles de le placer en dehors d’un top 3 des joueurs All-Time de la franchise, surement devancé par les seuls Jason Kidd et Julius Erving. Buck Williams a été connu pour ses énormes lunettes qu’il a fièrement arboré tout au long de sa carrière. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il nous en a mis plein la vue.
Les précédents épisodes et portraits du Magnéto :
- Saison 1 : l’intégralité des articles ;
- Saison 2 : Dave Cowens (Boston Celtics).