Avec un été 5 étoiles, les Chicago Bulls se sont offerts une palanquée de bons joueurs, des titulaires jusqu’aux role players. Mais un nom a paru particulièrement inattendu, celui de DeMar DeRozan. L’ancien des Raptors et Spurs ne semblait pas une addition parfaitement naturelle à ce groupe. Pour autant, face aux difficultés éprouvées par le passé par cette équipe, nous annoncions dans la preview des Chicago Bulls que l’ailier aurait son heure pour briller très régulièrement.
Après une entame de saison “facile” pour le nouveau groupe, glanant 3 victoires en autant de rencontres, les choses se sont corsées face à Toronto qui ont rappelé plusieurs déceptions passées aux hommes de Billy Donovan. L’occasion pour DeMar d’afficher son statut de vétéran et de finisseur de son équipe. Un succès arraché dans la douleur mais qui permet aux siens de rester invaincus.
Les fantômes ressurgissent
Les arrivées de Lonzo Ball, Alex Caruso et DeMar DeRozan apportent un playmaking qui a cruellement fait défaut aux coéquipiers de Zach LaVine l’an passé. Une tendance à la perte de balle exacerbée, l’absence de meneurs de jeu pour dicter le jeu. Deux problèmes qui semblaient appartenir à l’histoire. Et en effet, sur cette entame de saison, et alors que plusieurs individualités cherchent encore à trouver leur place dans cet amoncellement de talents offensifs, la balle semble bien mieux gérée par les chicagoans.
Sauf que voilà, bousculés par les hommes de Nick Nurse en fin de match, ils ont renoué avec un de défaut majeur des exercices précédents : l’incapacité à tuer les matchs. Avec 12 points d’avance au moment de virer dans le quatrième quart temps, démarrant celui-ci avec la manière, ils vont littéralement s’effondrer dans les 10 dernières minutes. L’avance fond comme neige au soleil malgré une défense plutôt solide, cette dernière à l’image de ce qui est produit depuis la pré-saison.
Toronto prend le taureau par les cornes
Les Raptors appliquent une pression importante sur les porteurs de balle. Et ce, très haut, pour pousser Chicago à lutter pour placer leurs attaques. C’est alors qu’on remarque un élément mentionné en amont de la saison. Lonzo Ball, comme ses nouveaux coéquipiers, a une tendance à bafouiller son basketball dans les fins de matchs. Et alors qu’il est sur ce début de saison l’un des principaux artisans du succès de son équipe, il épouse les problèmes des Bulls, s’y fond à la perfection.
Un florilège de maladresse démarre pour les taureaux.
Ball, normalement sûr avec la gonfle entre les mains, va enchaîner 3 pertes de balles sur des passes complètement ratées, à l’image de cette action. Ici, le meneur ayant tendance à prendre moins de tirs dans les fins de matchs, Toronto fait un pari et décide de tout faire pour couper LaVine du ballon et compliquer la prise au poste de Vucevic. Résultat, Lonzo tente une passe mal appuyée vers un Vucevic qui n’arrive pas à s’imposer face au rookie. Perte de balle et contre-attaque pour les canadiens.
Pour ne rien aider, plusieurs joueurs paraissent très empruntés et se mettent à précipiter des tirs ou des drives, donnant des actions peu inspirées et des défenses très faciles pour Toronto. À quelques minutes d’intervalles, Zach gâche une grosse possession en perdant le ballon seul, puis le pivot se précipite inutilement et s’isole pour le même résultat.
Alors que les Bulls n’ont perdu que 6 ballons en 3 quart temps, ils vont en perdre 7 en l’espace de 9 minutes. Les démons reviennent. Heureusement, alors que LaVine était souvent trop seul dans les fins de matchs l’an passé, il reçoit deux aides de choix. D’une part, un Caruso qui utilise ses excellents instincts défensifs pour voler quelques ballons, mais surtout un DeMar DeRozan impérial qui va empêcher que les failles de ses coéquipiers virent au naufrage et en une micro-crise de début de saison.
DeRozan à la rescousse
Nous le disions avant la saison, DeRozan n’est pas le joueur le plus évident dans ce groupe. Néanmoins, il apporte plusieurs choses très importantes. Du playmaking, une faculté à scorer très efficacement en se créant ses propres tirs et une très faible propension à perdre le ballon… même quand les défenses haussent le ton et que les choses se corsent. Clôturer des matchs, à bientôt 33 ans, DeMar n’en a plus peur. Particulièrement en saison régulière où il a toujours été une assurance tout risque.
Pour la première fois dans sa nouvelle équipe, il a endossé le rôle du vétéran venu pour combler les brèches. Il va ainsi marquer 11 de ses 26 points dans l’ultime période, ne perdant aucun ballon alors que ses coéquipiers traversent l’orage, le tout en provoquant des fautes et ne ratant aucun lancer.
Après avoir récupéré 3 points sur la ligne, il plante un pull-up à mi-distance compliqué.
Puis, quelques minutes plus tard, il prend son temps en isolation et plante 2 turnarounds après avoir travaillé pour se retrouver à mi-distance. Des tirs compliqués, mais dont on sait qu’il peut les rentrer avec fiabilité. Là où ses coéquipiers peinent à trouver de belles ouvertures, DeRozan va tranquillement trouver ses positions en créant ses propres tirs. Résulat : 11 des 19 points de son équipe dans le quart temps, et suffisant pour sauver un clutch time proche du désastre :
Il n’aura fallu que 4 rencontres pour que DeRozan sorte de sa boîte.
Mais voilà, la différence est peut-être désormais là pour cette équipe. S’il faudra continuer de responsabiliser Lonzo Ball pour le forcer à se fiabiliser dans les fins de matchs, Billy Donovan peut maintenant se tourner vers son ailier, dans la tempête, pour suppléer Zach LaVine. Un luxe que la franchise n’avait pas depuis 2 ans et qui peut, également, rassurer les fans des Bulls : quand le collectif va dérailler, il y aura plus d’individualités pour reprendre le flambeau. Une aubaine pour une équipe qui ne gagnait que 40% de ses rencontres dans le clutch l’an passé et qui avait la sale manie de dilapider des avances confortables.