50 ans plus tard, ils ont remis le couvert. En 1971, ils étaient déjà portés par un extraterrestre en la personne de Kareem Abdul-Jabbar. Un demi-siècle plus tard, c’est Giannis Antetokounmpo qui joue le rôle de l’homme venu de Mars et qui porte les siens vers le saint Graal.
Les Bucks étaient attendus. Dans l’ombre certes, mais attendus. En cause, un loupé lors des derniers playoffs et des dernières Finales de conférence dans la bulle d’Orlando, avec une sortie en 5 matchs face au Heat. Budenholzer était ciblé, Giannis aussi, et les interrogations sur le futur de la star locale commençaient à pointer le bout de leur nez, de manière plus ou moins légitime. Pour autant, rien n’est venu troubler le chemin des Bucks. Giannis prolongé, un coach confirmé, un roster densifié, et un choix crucial, en cours de saison, pour s’arroger les services de Jrue Holiday.
Avec le 3è spot à l’Est, le premier tour des playoffs était l’occasion de prendre une belle revanche contre le Heat, fatigué et usé par un enchainement éprouvant entre le parcours en Finales 2020 et la saison suivante, partagée entre suspensions COVID et blessures. Un sweep plus tard, l’une des affiches que tout le monde attendait se posait là, en guise d’apéritif XXL aux Finales de conférence, avec un affrontement dantesque contre les Nets de Kevin Durant, James Harden et Kyrie Irving. Si les blessures sont venues perturber la série, le spectacle auquel les fans NBA ont pu assister n’avait lui rien perdu de sa superbe. Au final, les Bucks s’imposèrent au terme d’un game 7 totalement épique, venant parachever une série durant laquelle Kevin Durant et Giannis Antetokounmpo auront amené leur basket respectif vers les sommets de l’Olympe.
En Finales de conférence face aux surprenants Hawks de Trae Young, il ne fallait surtout pas faire preuve de suffisance. Battre les Nets étaient une chose, gagner un titre en était une autre. Et sur la route, les Hawks, bien qu’équipe surprise de cette campagne 2021, ne comptait pas jouer les faire-valoir. Preuve en est, à 2-2 dans la série, et alors que Giannis Antetokounmpo était, à son tour, touché par une blessure, la sérénité n’était pas évidente du côté des Bucks. Finalement, la force du collectif prenait le relais, incarnée par Middleton et Lopez, pour décrocher les victoires aux matchs 6 et 7, et s’accorder le droit de disputer une Finale NBA.
Pour ces Finales, ce sont les Phoenix Suns de Devin Booker, DeAndre Ayton et Chris Paul qui se présentaient face aux Bucks. Et si l’affiche était ralliée par certains pour son côté peu avenant, d’autres se félicitaient de voir arriver en Finales les deux meilleures équipes de la postseason. Mené 2-0 après deux défaites initiales en terrez arizoniennes, Milwaukee devait réagir. On peut dire que ce fut chose faite : 4 victoires de rang, et un Giannis revenu de blessure, déterminé à mettre la main sur le trophée Larry O’Brien quoi qu’il en coûte. Le grec clôturera ses premières Finales NBA avec une prestation à son image, hors-norme : 50 points, 14 rebonds, 2 passes et 5 contres. MVP des Finales, terminé bonsoir. Milwaukee est champion, le champagne coule à flots… Et il est déjà l’heure de remettre le couvert !
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’effectif : Bryn Forbes (San Antonio Spurs), Justin Jackson, Sam Merrill, Jeff Teague, Axel Toupane, P.J Tucker
Ils ont rejoint l’effectif : Grayson Allen, Javier DeLaurier (non-drafté), George Hill, Rodney Hood, Georgios Kalaitzakis (draft), Sandro Mamukelashvili (draft), Semi Ojeleye, Justin Robinson, Tremont Waters – Thanasis Antetokounmpo et Bobby Portis ont eux resigné.
Le roster à ce jour :
Meneurs : Jrue Holiday, George Hill
Arrières : Grayson Allen, Donte DiVincenzo, Rodney Hood, Elijah Bryant
Ailiers : Pat Connaughton, Khris Middleton, Jordan Nwora
Ailiers-fort : Giannis Antetokounmpo, Thanasis Antetokounmpo, Semi Ojeleye
Pivots : Brook Lopez, Bobby Portis
Les tendances de l’été
P.J Tucker, le coup d’un soir difficile à oublier
PJ Tucker, 36 ans, et toujours aussi convoité par les contenders pour le titre NBA. Débarqué de Houston en mars 2021, Tucker a fait ce qu’on attendait de lui, et ce qu’il sait faire de mieux : donner son corps, son cœur et ses tripes dès qu’il mettait un pied sur le parquet. Depuis quelques années, Tucker s’est mué en role player idéal, celui que tout le monde rêve d’avoir. Durant les playoffs 2021, l’homme aux 4000 sneakers a démontré encore une fois son importance sur et en-dehors du terrain, toujours dans l’ombre, en étant chargé de fatiguer, d’user les attaquants adverses. Qu’importe s’il doit défendre l’un des meilleurs attaquants de l’histoire de ce sport sur une série en 7 matchs, s’il doit prendre 35pts dans la musette soir après soir, Tucker ne lâchera pas.
Couronné par le titre NBA, son premier, on a eu droit à un PJ Tucker totalement intenable durant la parade, et les jours qui ont suivi. A 36 ans, après avoir couru et s’être démultiplié aux 4 coins du parquet des années durant, le bonhomme avait toutes les raisons du monde d’enfin profiter de son jour de gloire.
Avec ses bird rights en poche, les Bucks étaient en théorie en pole position cet été, avec pour objectif de signer le vétéran pour au moins une saison supplémentaire. Mais une fois encore, la théorie s’inclinera.
L’ailier s’en est allé signer deux saisons (une garantie) au Heat de Miami, moyennant un contrat de 15 millions. Quel sentiment pour les fans des Bucks ? De la déception, évidemment. Surtout que les “on dit” entendus ça et là font état d’un choix basé avant tout sur la luxury tax et les désirs d’économie du board de la franchise. Difficile à entendre pour les fans, et manifestement, difficile à croire pour PJ Tucker, lequel a paru sincèrement désolé de la situation.
View this post on Instagram
Qu’on ne s’y trompe pas : tant sur le terrain qu’en dehors, la perte de l’ailier à tout faire est conséquente pour les Bucks. Si des solutions alternatives ont été tentés (on y reviendra), difficile d’y voir pourtant autre chose que des paris, là où Tucker apportait une vraie certitude.
3 p’tits mois et puis s’en va, mais à n’en pas douter, PJ Tucker restera dans l’histoire des Bucks, et dans le cœur des fans.
Quand on est champions, on ne change pas : on peaufine
Une équipe championne c’est comme les lasagnes de maman, pourquoi changer une recette qui a du succès ?
Les Bucks, portés par un Giannis blessé mais trop grand, trop fort, trop déterminé, ont progressivement haussé leur niveau de jeu, s’adaptant sans cesse à l’adversité et au jeu de l’opposition pour en tirer une victoire parfois arrachée, parfois autoritaire, mais toujours construites sur les mêmes fondations : une défense collective huilée, une domination constante au rebond, de la présence physique, et des lieutenants qui se relaient pour soulager le colosse grec.
Alors pourquoi changer la recette, maintenant que l’effectif a trouvé son alchimie ? Aucun mouvement majeur n’est venu perturber l’été des champions – qui, il faut le dire aussi, ne disposaient pas d’énormément d‘assets. Aussi, la base du roster est restée la même, et on retrouvera la colonne vertébrale du titre 2021 sur les parquets en 2022, augmentée de quelques ajustements, et quelques coups de poker tentés avec la faible marge de manoeuvre dont les Bucks disposaient.
Les renforts de Hill et d’Allen sont les bienvenues, ne serait-ce que par l’upgrade que constitue l’arrivée du premier par rapport à un Jeff Teague, qui offre une solution de small ball supplémentaire à coach Bud’ (Holiday-Hill-DiVincenzo-Middleton-Giannis), mais aussi une assise défensive beaucoup plus viable. Quant au cas Rodney Hood, il faudra voir l’état de forme de ce dernier avant de se prononcer sur un quelconque apport potentiel, après de difficiles passages à Portland et Toronto (blessure au tendon d’Achille en 2019). Pour le cas de Semi Ojeleye, le pari semble sans risque (1 an un minimum), mais la tâche qui l’attend ne semble elle pas facile : faire oublier Tucker, ou plutôt, tenter de le remplacer efficacement (on y revient dans un instant).
Focus sur la saison 2021-22 des Bucks
La parole est à la défense
Défendre fort, c’est défendre dur ? Milwaukee a montré tout au long de la saison dernière sa capacité à adapter sa défense à l’opposition adverse, souvent en plein match. Sortant progressivement du drop archaïque pour proposer une défense plus agile portée par le duo Holiday/DiVincenzo, redoutables de vitesse derrière les écrans et le jeu off ball, l’ingénieur en chef de la défense, Mike Budenholzer, a montré qu’il avait pleinement conscience des qualités de son équipe.
Sixième défense avec un defensive rating de 1.075, les Bucks ont les armes pour se maintenir à ce niveau d’excellence et de variété défensive qui caractérise une équipe de contenders, et de champions. Sur les derniers playoffs, Brook Lopez a prouvé en de nombreuses occasions que sa protection de l’arceau est précieuse, malgré son manque de mobilité latérale. Giannis reste une aberration physique, capable de couvrir tous les postes et d’anéantir une attaque d’un contre rageur en venant en aide à ses équipiers. L’association des deux joueurs est ultra-complémentaire, et constitue le pilier de la défense des Bucks depuis quelques saisons déjà.
Middleton dans son rôle de lieutenant tout aussi polyvalent, permet lui une complémentarité certaine avec Jrue Holiday. Le pitbull du backcourt l’a encore prouvé lors des derniers playoffset lors des Jeux Olympiques : personne n’a envie de multiplier les montées de balle et d’installer un jeu sur demi-terrain avec lui sur le dos pendant 40 ou 48 minutes. Holiday a le sens du placement, toujours les appuis face à son défenseur, navigue entre les écrans avec justesse, et a, en plus, le physique pour tenir la cadence et encaisser les chocs. Bref, un calvaire.
Ajoutez à tout ça un soupçon de DiVincenzo, un brin de Hill, et vous constaterez que si la défense des Bucks a perdu son chien de garde PJ Tucker cet été, elle reste un rempart collectif porté par de fortes individualités, faisant de Milwaukee l’une des rares équipes pouvant défendre à la fois sur Joël Embiid et sur Luka Doncic. Ce savant mélange de taille, d’agilité et de puissance combiné à des ajustements précieux en cours de matchs ou d’un match à l’autre leur a permis d’accéder au titre : pourquoi changer de moule ?
Semi Ojeleye, PJ Tucker-like ; vraiment ?
Le fameux “Giannis Stopper” des Celtics a donc quitté le bateau vert et blanc. Semi Ojeleye arrive avec la lourde tâche de devoir combler le départ de PJ Tucker, si précieux et important lors du dernier run de playoffs où sa hargne en défense, son énergie de chaque instant et sa capacité à vivre sans le ballon ont permis aux Bucks de surpasser l’adversité. En théorie, Ojeleye possède les mêmes outils et capacités pour remplacer l’ancien ailier bodybuildé parti couler de nouveaux jours heureux à Miami.
Un haut du corps large et puissant (110 kgs le bébé), des jambes rapides et une intelligence situationnelle qui lui permettent de bien jouer la faute ou l’aide sur porteur : même s’il peut sembler moins “sangsue” que Tucker peut l’être sur l’homme, Ojeleye peut devenir une solution. En attaque, Ojeleye peut écarter le terrain (34% de loin sur 5 tentatives/matchs), et c’est probablement le seule chose qui lui sera demander dans un système de jeu où l’héliocentrisme de Giannis est surexploité.
S’il devrait logiquement être un membre actif de la second unit des Bucks pour couvrir les lacunes de Bobby Portis, il se présente aussi comme un candidat légitime au small ball des Bucks, avec pourquoi pas un positionnement en pivot, avec un Giannis maintenu en 4, où inversement, dans le cas où Budenholzer aurait besoin de faire souffler Middleton ?
Faut-il aller chercher le first seed à tout prix ?
Après tout, pourquoi faire ? La situation actuelle de l’Est, caractérisé par un fossé immense entre les équipes du top 4, celles du milieu de tableau et celles dans les bas fonds font que Milwaukee a peu d’intérêt à se lancer dans un sprint effréné pour la pôle position.
La dernière équipe à avoir atteinte les finales NBA en étant première à l’est ? Les Cavs de LeBron en 2015. Depuis, le premier de conférence n’a plus jamais passé les Finales de conférences. À quoi bon laisser du gaz vainement et arriver cuit dans les moments cruciaux ? Milwaukee doit gérer son momentum, arriver près et reposé en playoffs pour pouvoir défendre son titre face aux autres grosses écuries. Surtout qu’ils l’ont d’ores-et-déjà prouvé lors de leur run de 2021 : pas d’avantage de terrain, pas d’problèmes ! Les Bucks ont pu globalement compté sur un effectif au complet, hormis la blessure de DiVincenzo et le retour héroïque de Giannis. Il apparaît donc comme logique pour un groupe qui sort d’une saison physiquement et mentalement éprouvante, de gérer son effort pour être le meilleur au meilleur moment.
De plus, même en étant champions en titre, les Bucks semblent encore bénéficier d’une situation idéale, où les Nets attirent les spotlights sur eux, et partent avec une énorme pression en termes de résultats et de jeu.
Quels objectifs ?
Vous l’aurez compris, les Bucks sont en quête du back-to-back. Il n’y a pas réellement d’autre objectif viable lorsque l’on est champion en titre. Avec un roster qui n’a pas trop évolué, mais avec des ajouts intelligents, Milwaukee devrait se construire un chemin sans trop d’embûches pour la saison régulière. Il faudra gérer l’année 2021 pleine de Jrue Holiday et Khris Middleton, surveiller les retours de blessure et les alertes bobos des uns et des autres, mais avec Budenholzer a la baguette, on a pas trop envie de s’inquiéter de ce point de vue là.
Une fois en playoffs, une nouvelle partie commencera. D’ici là, on devrait avoir droit aux mêmes ingrédients, pour la même recette : un bon grec, des bons accompagnements, et une sauce qui prend toute sa saveur au fur et à mesure que la dégustation avance.
L’avis éclairé de @BucksFr
Cet été, les Bucks sont restés dans le moule de beaucoup de champions, sans bouleverser l’équipe. La perte de PJ Tucker est la plus importante, évidemment. Défensivement, vous allez sauf surprise rester très solide, mais individuellement, est-ce que tu vois Ojeleye comme une alternative viable, en option 3&D (D++ même) ?
Vous allez débuter la saison avec deux joueurs qui ont eu une année 2021 XXL, Holiday et Middleton (saison, playoffs, finale, et JO). Si Holiday peut être soulagé de l’arrivée de Hill en back-up, est-ce que le vide sur le frontcourt derrière Middleton, amené à jouer 3-4, te rend un peu inquiet ?
Parlons un peu d’un homme dont on ne parle jamais assez, Brook Lopez. L’an dernier, beaucoup ont vu en lui un poids pour Milwaukee en playoffs. Finalement, Budenholzer a réussi à faire en sorte de le maintenir sur le terrain, et avec succès. Qu’est-ce qu’on peut attendre de lui cette année encore ? Vois-tu Portis lui gratter quelques minutes ?