Boucler une saison sur une finale NBA est déjà un exploit. Enchaîner quelques semaines avec une année sans training camp dans un contexte de pandémie relève du miracle. Or il n’y a pas eu d’intervention divine en Floride tant le parcours du Heat a rassemblé à un chemin de croix. Fatigue immense, blessures, suspension à cause du Covid, un début de retour en forme avant d’affronter une horde de daims revanchards. Miami a couru après une dynamique de groupe jusqu’au dernier moment. Le gang de Spoelstra et Pat Riley a manqué logiquement de souffle bien que porté par un trio Butler – Adebayo – Robinson, assez pour assurer une sixième place, maigre consolation pour un groupe finaliste l’an passé. Autour d’eux ? Un Tyler Herro forcé de jouer un rôle qui n’est pas le sien pour compenser la baisse de régime conséquente d’un Goran Dragic rattrapé par les années et des blessures qui s’additionnent. Herro a fait preuve de résilience, devenant un des principaux porteurs de balle pour soulager son équipe quite à sacrifier son efficacité et subir des critiques nombreuses et bien peu légitimes.
Tout comme Bam Adebayo. L’intérieur massif conclue une saison sur une série de play off compliquée face aux Bucks. Mangé dans l’intensité par un Giannis revanchard et bien mal soutenu, Bam conclut pourtant sa saison en 18pts/9rebonds/4 passes. Toujours aussi fort défenseur où sa mobilité et sa lecture de jeu font de lui le meilleur élément de la défense en zone du Heat, Bam a ajouté à son arsenal offensif un tir à mi-distance efficace, jusqu’à prendre 50% de ses tirs dans cette zone. Une zone qu’il préfère largement au poste bas, où il manque toujours d’agressivité.
Quid de Butler ? Véritable alpha de l’équipe, votre barista préféré, foudroyé par le Covid en novembre, subissant également une blessure à la cheville et s’étant vu amputé de 6 kilos; sort de sa meilleure saison statistique. 21pts/7 passes/7 rebonds, ajoutez à cela plus de deux interceptions par match (meilleur voleur de la ligue) et un pourcentage aux tirs réel de 60% et vous découvrez naturellement pourquoi Butler a été prolongé au maximum par la franchise floridienne. Seul ombre au tableau sa réussite basse à 3pts et aux Lancers franc qui pénalisent la forte capacité à driver de l’arrière All Star.
Pour compenser cela, Miami a pu compter sur un Duncan Robinson chirurgical. Longtemps inquiété par des rumeurs de trade, Robinson est progressivement monté en intensité, s’affirmant comme le réel baromètre de l’équipe. Progressant en défense, dans la variété de son jeu et dans sa complémentarité avec Adebayo. 13 pts à 40% à 3 pts pour l’homme au physique de comptable, sa simple présence sur le terrain forçant toute opposition à le verrouiller sous peine de ne pas subir une pluie à longue distance. Proposant de plus en plus de cut jusqu’à grimper dans le top 15 en termes d’efficacité sur ces tirs là avec. 80% de réussite au cercle, une efficacité de toute instant. En défense s’il n’est pas Klay Thompson, Robinson a profité de sa meilleure condition physique pour se montrer plus généreux dans l’effort notamment dans les passages en force où il est devenu la référence de son équipe à son poste. Pas encore un défenseur fiable mais il faut noter les efforts. La touche finale ? Seul joueur de l’équipe à avoir joué toute la saison.
Autour du Core Four ? Caramba. Le manque de profondeur du Heat a grandement pénalisé l’équipe jusqu’à la trade deadline où les arrivées de Ariza et Dedmond ont bouché les trous béants d’une rotation peu dense. À leur côté Kendrick Nunn a lancé tardivement sa saison entre un Covid long et des blessures nombreuses jusqu’à reprendre confiance en son jeu. 14pts pour porter une rotation à la mène bien faible mais 14pts important dans une équipe qui a chuté en 17eme position des offensive rating.
Iguodala désormais de retour à Golden State a vu également son apport offensif chuter, le poids de l’âge se ressent de plus en plus pour le joueur aux énormes bras dont le shoot peu fiable pénalise son équipe.
À noter la bonne première saison de Max Strus qui dans un rôle de 3 and D a su rendre de fiers services, contrairement à un Precious Achiuwa trop brut pour être aligné sur de longues séquences. Avery Bradley entre blessures et problèmes familiaux n’aura pas été une expérience concluante malgré des promesses certaines. Son apport aura été compensé par un Gabe Vincent aligné à son détriment et celui de son équipe sur de trop nombreuses minutes.
L’occasion pour nous de faire un point sur l’été mouvementé du Heat
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Precious Achiuwa, Goran Dragic, Trevor Ariza, Avery Bradley, Andre Iguodala, Mon Harkless, Nemanja Bjelica, Chris Silva, Kelly Olynyk, Meyers Leonard
Ils ont rejoint l’équipe : Kyle Lowry, PJ Tucker, Markieff Morris, Omer Yurtseven, Javonte Smart
—
Le roster à ce jour :
Meneurs : Kyle Lowry, Gabe Vincent, Javonte Smart
Arrières : Duncan Robinson, Tyler Herro, Victor Oladipo, Max Strus
Ailiers : Jimmy Butler, KZ Okpala
Ailiers-forts : PJ Tucker, Markieff Morris
Pivots : Bam Adebayo, Dwayne Dedmond, Omar Yurtseven, Udonis Haslem
Les tendances de l’été
All you Can Heat !
Pat Riley n’est pas connu pour être un GM qui prend son mal en patience. À peine la déception face aux futurs champions digérée, le parrain de South Beach s’attelait à remodeler un effectif qui avait fortement besoin d’être régénéré. De l’expérience, du nasty, du shoot et du playmaking. Riley a su naviguer entre une Free Agency peu alléchante et un Salary Cap limité pour encore une fois proposer un effectif prêt à jouer des campagnes longues en play offs.
Lowry arrive enfin en Floride tandis que Dragic part vers le Canada. Le meneur au fessier bombé comble tous les besoins de son cinq majeur, l’ancien champion 2019 va immédiatement apporter son leadership, sa bonne défense et sa polyvalence offensive et devrait être parfaitement complémentaire d’un Butler et d’un Adebayo.
Autour de cela, PJ Tucker tout juste arraché à Milwaukee devrait prendre la place de titulaire au poste 4 pour soulager Adebayo en défense et apporter du spacing pour libérer la raquette pour le jeune Pivot. Tucker enfin champion, il apporte une éthique de travail rare en NBA et une expérience qui bénéficiera autant aux jeunes joueurs qu’aux plus âgés.
Markieff Morris quant à lui fera du Morris à savoir un combo 3/4, bon défenseur et shooter avec un jeu hors ballon compatible avec les forts porteurs de balle de l’équipe. Il apporte une solution supplémentaire sur le banc du Heat.
Omar Yurtseven, sensation de la dernière Summer League devrait peu voir le terrain mais propose une palette offensive différente de Bam et Dedmond, son potentiel de stretch five en fait un pari intéressant.
Javonte Smart apportera enfin de la défense agressive lorsqu’il ne sera pas en G League avec la Skyforce.
Focus sur la saison 2021-22 du Heat
If it aint broke don’t fix it
Du temps, de la cohésion et du repos en plus d’une Free Agency étincelante et le Heat est de retour parmi les grosses écuries de l’Est. Les lacunes offensives de Miami devraient être corrigés avec l’ajout de Lowry qui va fluidifier le jeu du cinq majeur et permettre à Tyler Herro de se complaire dans un rôle de sixième homme qui lui va si bien. Comme dit plus haut le jeune arrière a progressé dans l’ensemble de son jeu et l’ajout récent de quelques kilos sur la balance lui permettra de varier sa palette offensive. Un shoot confirmé, un handle de plus en plus efficace, ne manque plus qu’une réelle finition après drive et Tyler Herro aura toutes les cartes en main pour s’imposer comme une menace offensive constante. Il n’aura plus à mettre autant d’énergie en défense et la répartition plus équilibrée des minutes lui permettra de fluidifier la second unit tout en faisant profiter son cinq majeur. Adebayo également renforcé par un été reposant consacré à se remettre en forme et travailler sur son mental, doit se réaffirmer comme une des références à son poste et continuer à aller chercher son plafond de verre. Bam s’est rendu compte du niveau qui le sépare d’un Giannis : les jeunes stars comme lui ont besoin de vivre ce genre d’échecs pour progresser. Plus de jeu au poste et d’agressivité tout en gardant une bonne vision de jeu et en profitant de Lowry pour lancer des Pick and Roll ? Et si Bam était le plus grand gagnant de cet été 2021 ?
Cette nouvelle densité doit permettre à Spoelstra de rééquilibrer le jeu de son équipe qui a été top 10 en défense mais Bottom 10 en attaque. Pas de grande révolution mais une nouvelle formule à trouver pour équilibrer le port de la balle entre Lowry, Butler et Adebayo. Le schéma défensif avec ce recours à la défense en zone restera également mais Miami avec l’ajout de Lowry récupéré enfin un défenseur On Ball fort, besoin que l’équipe floridienne a perdu depuis le départ de Richardson et Winslow.
Maîtriser les fins de matchs
Rater le coche sur un match tendu est une chose commune, rater systématiquement le troisième quart, le fameux “Turd quarter” qui fait trembler la Heat Nation ; est une spécialité récente du Heat. Par trop de fois Miami s’est retrouvé à s’écrouler en seconde mi temps et à cavaler au score avant de miser sur un Butler héroïque ou un trois point assassin. Autant de fins de matchs gâchées qui ont coûté à Miami l’avantage du terrain et l’ont jeté dans la gueule du Daim, le pire match up possible. Miami n’aurait clairement jamais dû terminer derrière New York et Atlanta. C’est une erreur qui ne doit pas être reproduite en 2021 dans une conférence Est dont la compétitivité a fortement augmenté. Miami pour s’assurer un premier tour plus aisé doit assurer son Top 5. Cela passe par une rigueur sur l’ensemble de la saison et une capacité à tuer les matchs lorsqu’il le faut.
Au final, quel(s) objectif(s) ?
Se placer en tête de gondole entre les Bucks, Nets et Sixers en tête de l’Est semble être le minimum pour cette équipe du Heat qui s’est renforcé sur les postes clé et a enfin pu digérer les deux dernières saisons. Une attaque plus équilibrée et moins dépendante des isolations de Butler et Herro, une défense notamment en Second Unit qui permet à Miami de conserver son avance au score. Deux All star ? Un Adebayo candidat DPOY ? Les objectifs sont nombreux pour le Heat mais le plus important reste de passer le premier tour des play offs et se placer en embuscade face aux autres grosses écuries.
Avec une masse salariale à l’équilibre, un roster complet et profond porté par un trio All star, Miami devrait passer une saison loin des rumeurs de transferts et pourra ainsi se concentrer uniquement sur le jeu. I say what i mean and i do what i say
C’est l’histoire d’un fan de catch, d’un fin gourmet, d’un instituteur et du plus grand fan de Duncan Robinson qui œuvrent chaque jours et soirs pour couvrir l’actualité du Heat. Laissons le mot de la fin pour @MiamiHeat_Fra.
L’avis éclairé de Miami Heat France
Après deux saisons sans interruption, le Heat a enfin pu profiter de l’état pour reposer ses joueurs, digérer la saison dernière et travailler sur ses besoins. Quels joueurs vont en profiter le plus ?
A peu près tout le monde, les vétérans ont pu se reposer (notamment Haslem) et les jeunes ont eu le temps de bosser correctement. De plus, le petit été de la saison précédente n’a pas permis à Bam et Tyler d’assimiler complètement leurs nouveaux rôles. On espère que ça sera le cas après ce long été qui a fait du bien à tout le monde.
Bam Adebayo a énormément progressé sur son midrange jusqu’à prendre la moitié de ses shoots à cette distance, est ce que la sortie brutale en PO face aux Bucks et sa récente prise de conscience vont lui permettre de passer ce cap d’agressivité qui lui manque?
Il le faudra et de toutes façons il a dit qu’il avait beaucoup bossé son jeu de manière globale et s’il peut se créer quelques tirs en plus, c’est bénéfique pour l’équipe qui aura moins à se reposer sur Lowry et Butler. L’arrivé de l’ancien Raptor lui permettra en plus d’être mieux servi et dans un meilleur spot. Ca devrait l’aider dans de nombreux domaines, dont l’agressivité même si ce domaine reste encore un petit déclic individuel à avoir.
Lowry est bien sûr la plus grosse signature de l’été tant il répond aux besoins criants de création, d’On Ball defense et d’expérience
Est ce que Herro ne sera pas le premier à en bénéficier ? Pouvant se concentrer sur ce qu’il sait faire et non sur ce qu’il devait faire car la situation le demandait ?
Oui, il aura un rôle qui lui conviendra beaucoup mieux sans avoir une pression supplémentaire et devrait retrouver des responsabilités similaires à celles qu’on a vu en 2020. Il pourra se concentrer sur ce qu’il sait faire et sortir des sentiers quand il le sent. Mais en plus de Herro, Bam aussi profitera énormément de l’arrivée de Lowry, défensivement et offensivement !
Robinson a beaucoup progressé en défense et sur son jeu hors trois point, maintenant loin des rumeurs de trade et prolongé,doit on encore attendre une progression de sa part ?
Robinson a dit qu’il voulait progresser sur son mid range et aussi sa capacité à provoquer des fautes. Il veut profiter d’être un bon tireur de lancer pour en prendre plus. Avec un mid range et deux lancers de plus par match il pourrait passer de 13 à 17 pts de moyenne tout en ajoutant de la variation à son jeu. Mais dans tous les cas, de par son profil et son rôle indispensable dans l’équipe, il sera fondamental. Sa vraie marge de progression, en plus des quelques notions déjà listées est lors du passage de la SR aux PO où il doit viser une efficacité similaire, ce qui ferait la différence.