On savait qu’il ne fallait pas attendre de miracle des Bulls en 2020. On a quand même été déçus. Peut-être parce qu’un remplacement autant à la tête de la franchise, qu’au niveau du coach laissait augurer du mieux. Quelque chose de plus fluide entre les dirigeants et la franchise et, en conséquence, une situation plus saine pour laisser les joueurs s’exprimer. On avait beau craindre une équipe moins efficace défensivement avec Billy Donovan et quelques précieux défenseurs partis durant l’intersaison, on se demandait comment ce groupe ne pouvait pas effectuer de progrès de l’autre côté du terrain.
Et si dans les faits, des choses se sont produites, à la fin, les Bulls clôturaient une fois de plus leur saison par des performances insipides. Pourtant, Chicago a essayé. Particulièrement Zach LaVine pour être honnête. La saison passée, l’arrière des Bulls a complètement débloqué son potentiel offensif. Capable de scorer aux 3 niveaux (raquette, mi-distance, 3pts) avec des standards au-dessus de la ligue, de faire de meilleurs choix balle en main en fin de match et finissant de développer son pull-up à 3 points, ce dernier est devenu une menace incontournable de la ligue.
Le problème, c’est que les bonnes dispositions du joueur ne compensait pas les manquements de l’équipe. L’absence d’un gestionnaire à la mène (Coby White était et reste loin de ce statut) dont a découlé une incapacité à maîtriser la gonfle (l’équipe perdant le plus de ballon chaque soir), une incapacité à finir ses matchs (33,3% de victoires dans les matchs décidés par moins de 5 points d’écart), une raquette régulièrement exposée par les intérieurs adverses, découlant sur une défense (pourtant bonne, 12eme defensive rating) soudainement aux abois face aux meilleurs pivots de la ligue.
L’espoir étant pourtant de mise à la trade deadline lorsque Arthuras Karnisovas, nouveau directeur des opérations basket entrait en mouvement pour partir à la chasse aux Playoffs. Les Bulls semblaient très actifs sur les pistes Lonzo Ball et Nikola Vucevic et ouvraient d’ailleurs le bal de l’événement annuel par l’acquisition de Vucevic. Après plusieurs mouvements parallèles, il échouait cependant à convaincre les Pelicans d’envoyer l’ainé de la famille Ball dans l’Illinois et c’est donc une équipe dysfonctionnelle des Bulls qui partait à l’assaut du Play-in.
Un insuccès immédiat puisque malgré des renforts de luxe, l’équipe n’effectuait pas de progrès. La faute à un effectif bancal :
- Une absence de meneur toujours très handicapante
- Une paire Markkannen – Vucevic qui ne faisait pas sens, particulièrement défensivement
- Un nombre important de joueurs à intégrer qui n’ont pas su trouver une alchimie particulièrement évidente
Mais en prime, les Bulls devaient faire avec l’absence de Zach LaVine et une chute de son apport à son retour :
- 28,1pts pour 19,3 tentatives jusqu’au 25 mars. 52% au tir dont 43,3% de loin avant la Trade Deadline
- 25,5pts pour 19,5 tentatives à partir du 26 mars. 46,9% au tir dont 37,2% de loin après la Trade Deadline
- Post trade deadline : 7-8 avec Zach LaVine, 5-11 en son absence
En somme, tout ne s’est pas passé comme prévu. Et si la défense des Bulls est restée solide sous Billy Donovan (12eme en 2021 vs 9eme la saison précédente), les “mieux” en attaque (meilleure circulation de balle, philosophie de jeu plus marquée), les Bulls passaient certes de la 29ee attaque de la ligue à la 21eme… Mais demeurait parmi les cancres de la ligue. Pas de quoi viser les Playoffs malgré une conférence Est très abordable.
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Thomas Satoranksy (New-Orleans Pelicans), Garett Temple (New-Orleans Pelicans), Thaddeus Young (San Antonio Spurs), Daniel Theis (Houston Rockets), Lauri Markkanen (Cleveland Cavaliers), Denzel Valentine (Cleveland Cavaliers), Cristiano Felicio
Ils ont rejoint l’équipe : Lonzo Ball, Alex Caruso, DeMar DeRozan, Javonte Green, Tony Bradley, Ayo Dosunmu, Marko Simonovic, Devon Dotson, Derrick Jones Jr, Alize Johnson, Stanley Johnson, Ethan Thompson, Tyler Cook, Matt Thomas
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Le roster à ce jour :
Meneurs : Lonzo Ball, Ayo Dosunmu, Alex Caruso, Coby White, Devon Dotson
Arrières : Zach LaVine, Javonte Green, Matt Thomas, Ethan Thompson
Ailiers : DeMar DeRozan, Troy Brown Jr, Patrick Williams, Stanley Johnson, Derrick Jones Jr
Ailiers-forts : Alize Johnson
Pivots : Nikola Vucevic, Tony Bradley, Marko Simonovic, Tyler Cook
Les tendances de l’été
L’arrivée d’Arthuras Karnisovas courant 2020 s’était avérée des plus discrètes. Désireux de changer la façon de procéder de l’intérieur avant de passer à l’action, c’était bien évidemment le calme avant la tempête. Si la précédente trade deadline avait donné le ton, cet été fut en revanche une repasse en long, en large, en travers de l’effectif dont les survivants datant d’avant son arrivée sont en définitive peu nombreux : Coby White, Zach LaVine et… c’est tout.
Du coup, gros bilan d’un été riche en nouveaux arrivants et en au revoir.
Une draft express…
Marqués par la une première partie de saison tonitruante de leur arrière, les Bulls ont semblé prêts à faire un choix : balancer des assets pour l’entourer correctement. Leur premier choix parti à Orlando pour récupérer Nikola Vucevic, Chicago n’avait qu’un second tour de draft à faire valoir pour la Draft 2021. Avec ce pick, ils allaient récupérer Ayo Dosunmu.
Grand meneur (1m96), robuste (90kg), Ayo Dosunmu débarque à la draft après 3 saisons dans leur championnat universitaire. Doté d’un très bon handle, ce qui ne l’a pas empêché de développer son jeu sans ballon, le meneur correspondait à ce que souhaitait Chicago. Un profil adaptable, qui puisse être aligné à côté d’un arrière ou d’un meneur selon les besoins et les absences. Toutefois, on parle là d’un joueur qu’il faudra évaluer et développer derrière les nouveaux arrivants. Malgré sa bonne détente, sa vitesse latérale pose question au niveau supérieur et sa puissance n’est donc pas un atout suffisant pour en faire un bon défenseur. Son temps sur le terrain devrait néanmoins être restreint à court terme. Parce que… Chicago a recruté du lourd durant l’intersaison. Voyons cela.
Une free agency titanesque
L’été commença de la plus belle des manières. Comme annoncé au lendemain de la trade deadline, le plan de Karnisovas aurait été un succès s’il avait réussi à récupérer Lonzo Ball. Ce ne fut qu’une question de temps pour parachever ce plan, puisque, Lonzo Ball arrive en échangé de Thomas Satoranksy & Garrett Temple (+ picks). Avec sa vision de jeu exceptionnelle, Ball n’exprimait pas tout son potentiel du côté de New-Orleans où son rôle balle en main avait été considérablement amputé. Chez les Bulls, il reviendra à ce qu’il aime : gérer le tempo, mettre le jeu en place, servir ses coéquipiers avec sa vision lumineuse en transition.
Pour renforcer cette mène qui faisait tant défaut aux siens, le front-office a rapidement mis la main sur le champion 2020 : Alex Caruso. Précieux pour sa défense et sa régularité, Caruso est un joueur couteau-suisse. Compétent en meneur, il peut aussi jouer le 3&D selon les joueurs auxquels il est associé. Cette polyvalence qui fait écho à celle de Dosunmu sera capitale selon qu’il soit associé à Lonzo Ball, Zach LaVine, Coby White…. ou d’autres arrivants.
Car oui, Chicago ne s’est pas arrêté là. C’est un joueur réputé de la grande ligue que la franchise est allée s’offrir. Pas vraiment épanoui à San Antonio, un temps attendu au rabais à Los Angeles, DeMar DeRozan prend finalement un pari en rejoignant une équipe moribonde depuis plusieurs saisons. Arrière reconverti en ailier avec les années, DeRozan offre un profil de joueur touche-à-tout qui aime porter la balle et vit dans une zone boudée en NBA : la mi-distance. Si le joueur est souvent montré du doigt par les aficionados des statistiques avancées, il offre néanmoins un volume de jeu intéressant. Restera à déterminer comment l’utiliser avec deux joueurs qui proposent ce volume de scoring : Zach LaVine et Nikola Vucevic.
Enfin, dernière mouvement d’envergure (et nécessaire), Lauri Markkanen fut envoyé aux Cavaliers dans un deal en triangle avec Portland. En ce faisant, la franchise clôt le chapitre avec l’ailier fort, qui, malgré les promesses de sa saison rookie, n’a pas réussi à se développer – certes handicapé par les blessures – mais démontrant un manque de rugosité aussi préjudiciable offensivement que défensivement. En retour, l’équipe fait l’acquisition de Derrick Jones Jr : un autre ailier venu garnir l’effectif. Utile sous Erik Spoelstra, le bondissant Jones Jr est sorti de la rotation à Portland. Il est donc à cette heure un joueur à appréhender comme un point d’interrogation. Il peut prétendre à un rôle important, mais on imagine que cela dépendra du projet et du rôle proposé par Billy Donovan et ses assistants.
En parallèle de ce grand ménage, une multitude de nouveaux arrivants venus compenser les départs. Parmi eux, on observera surtout Tony Bradley en rotation de Vucevic. Pour le reste, les rôles seront moindres sauf blessures ou besoin de spécialistes. Par exemple, Matt Thomas et ses 45% à 3 points en carrière pourraient voir le terrain par séquence et associé à certains joueurs.
Focus sur la saison 2021-22 des Bulls
Qui dit effectif redessiné, dit beaucoup de questions et de pré-conceptions de ce que pourrait devenir l’effectif. On vous propose de se poser quelques questions majeures autour de cette équipe… et de discuter quelques idées reçues.
Qu’est-ce que change cette nouvelle mène ?
Les Bulls ont vécu une saison compliquée à la mène. Coby White est très loin d’être un meneur capable de gérer le tempo. Le problème va plus loin que sa simple mentalité de scoreur. Il n’est tout simplement pas capable de diriger une équipe. Derrière, un joueur comme Satoransky bien que capable n’est pas au niveau attendu d’un titulaire NBA ou d’un joueur qui doit finir les matchs. Le recours était alors de se tourner vers Zach LaVine qui en prime démontrait des progressions en la matière. Plus patient, plus altruiste, ce dernier semblait goûter au jeu prôné par Billy Donovan.
Le problème, c’est que comme son jeune coéquipier, ce dernier perdait une myriade de ballons qui donnaient autant de chances à leurs adversaires de les punir en transition. Pour illustrer cela, leur ratio passe décisives / pertes de balles est sans équivoque : 1,39 pour Zach LaVine, 2,10 pour Coby White. Autrement dit, l’un distribue à peine plus de passes décisives que ce qu’il perd de ballon tandis que l’autre excède péniblement le 2 pour 1. Si vous prenez le cas de Zach LaVine, il n’y a quasiment aucun arrière ayant joué plus de 40 matchs la saison passée qui fait pire que cela. En revanche, là où LaVine est un danger de première catégorie dès qu’il prend un tir, son jeune coéquipier affiche encore une efficacité très légère.
Bref, il fallait du renfort. D’une part pour distribuer, organiser, apporter une véritable triple menace capable de trouver la meilleure option disponible en cas de passe. D’autre part, pour limiter le nombre de ballons donnés à l’adversaire avant d’avoir pu prendre un tir.
A ce titre, quels joueurs devraient influer sur cet aspect du jeu ?
Lonzo Ball
En premier lieu, Lonzo Ball, nouveau meneur titulaire des Bulls sera le principal artisan (à priori) de cette nouvelle ère pour la franchise. Son cas est un peu particulier, car il a connu des rôles différents au fil des saisons. Premier créateur à son arrivée, deuxième derrière LeBron ensuite, avant de porter moins le ballon et de se développer sur catch&shoot chez les Pelicans. Joueur connu en premier lieu pour son playmaking, il a ensuite travaillé à étoffer son arsenal.

Lonzo Ball, via Cleaning the glass
En conséquence, Chicago obtient un joueur avec cette mentalité de passeur avant tout, privilégiant la distribution à ses propres tirs. En revanche, il ne fait pas à ce jour partie de cette catégorie de meneurs très sûrs balle en main. Son TOV% le place parmi les cancres de la ligue à son poste concernant les pertes de balle. Si l’an passé a marqué un léger mieux, le joueur devra progresser dans cet aspect de la mène pour accroître l’efficacité et la dangerosité des siens.
Alex Caruso
Second arrivant avec un rôle assuré sur la mène de son équipe, le Carushow va déménager de la Californie à l’Illinois.

Alex Caruso, via Cleaning the glass
Arthuras Karnosivas obtient un joueur d’équipe qui apporte ce que son équipe attend de lui. Et puisqu’il touche à ce qu’il maîtrise, le fait bien et avec beaucoup de régularité et d’énergie, il ne vous surprendra pas de savoir que Caruso, chaque saison de sa carrière, est un élément qui rend son équipe meilleure quand il entre en jeu. Les Lakers ont toujours eu un ratio sur/hors du banc positif sur les 4 saisons qu’il a joué en carrière. Dans le profil, il a donc connu, notamment l’an passé, un rôle de meneur au sens classique du terme. Tout comme d’autres où il évoluait sans ballon.
Tout comme Lonzo, Caruso a la mentalité de passeur (sans le génie de son coéquipier), et tout comme lui, il a une propension élevée à être dispendieux avec le ballon. Pas du genre à forcer le tir, il prend ce que le jeu lui offre. Ce qui explique notamment son ratio AST/USG très élevé les saisons où on lui demande d’être en charge de mener le jeu.
DeMar DeRozan
Oui, DeRozan n’est pas un meneur de jeu. Et oui, c’est un joueur qui cherche à tirer avant de distribuer. L’ailier a nuancé cette habitude avec les années. Scoreur insatiable de 2015 à 2018 dans un effectif pourtant très fourni, il a appris à laisser la balle tourner à San Antonio. Particulièrement les deux dernières saisons dans une équipe des Spurs paradoxalement bien plus faible qu’elle ne l’avait été depuis plus de 20 ans. Cette nuance apportée à son jeu rendra probablement son intégration dans l’effectif plus facile – quoi qu’il restera un scoreur avant tout, sauf changement drastique dans son jeu.

DeMar DeRozan via cleaning the glass
Si tout porte à croire qu’il sera plutôt un second créateur dans le 5 de départ, sa présence devrait influer sur ses coéquipiers. Quand Lonzo ne sera pas sur le terrain, il pourrait reprendre la mène aux côtés de LaVine. Tout comme l’importance qui lui sera donnée influera sur le rôle de Caruso en sortie de banc, ou le nombre de ballons touchés par Nikola Vucevic au poste haut (le dribble hand-off étant de plus en utilisé en NBA).
Par ailleurs, DeRozan est un joueur qui perd très peu de ballon (90ème percentile l’an passé chez les ailiers), et ce alors qu’il dribble beaucoup plus qu’une grande partie d’entre eux. Cela fait de lui une option tout à fait intéressante. De plus en plus altruiste au fil des ans, il perd peu de ballons et possède une bonne efficacité au tir. Vous l’aurez compris, les Bulls se reposeront sur DeRozan pour mener le jeu par séquence, et probablement, encore plus dans les fins de rencontres. DeRozan peut apporter une caution offensive pour son équipe pour les actions qui comptent. Et tous les nouveaux arrivants vont probablement décharger LaVine trop seul l’an passé. Exemple :
Une bonne nouvelle pour les Bulls, d’autant que si Zach fut excellent dans les 5 dernières minutes des rencontres, il a souvent eu tendance à gâcher ses efforts par manque de lucidité dans les ultimes secondes. DeRozan et Vucevic seront là pour palier et l’accompagner dans ces moments. Sa mission sera aussi de limiter ce genre de précipitations :
Un effectif sans spacing ?
Plongé dans un été de feu, Karnisovas a probablement pu lire quelques critiques sur l’effectif qu’il mettait en place. Si certains pointaient du doigt une vision de court terme (dilapidation de choix de draft, ajout de vétérans), plus encore s’étonnaient du manque de spacing de cet effectif. Par spacing, entendre ce qui est généralement entendu dans ce cas : le manque de shooteur longue distance.
Maintenant l’effectif quasiment finalisé, est-ce que ce fut et est encore vrai ?
Plusieurs joueurs du 5 de départ attendu n’ont pas la réputation d’être de bons shooteurs. Seul Vucevic est perçu par l’ensemble des observateurs comme une menace de loin. Peut-être LaVine commence à être considéré comme tel. Les chiffres, les voici :
% à 3pts | Nb de tentatives par matchs | |
Lonzo Ball | 37,8% | 8,3 |
Zach LaVine | 41,9% | 8,2 |
DeMar DeRozan | 25,7% | 1,2 |
Patrick Williams | 39,1% | 1,9 |
Nikola Vucevic | 40% | 5,8 |
La vérité, c’est que Lonzo Ball s’est transformé chez les Pelicans en joueur capable de tirer de loin à haut volume et avec une réussite supérieure à la moyenne de la ligue. LaVine, lui, en plus d’être létal de loin prend en plus une grande quantité de 3 points auto-générés. Autrement dit, du pull-up 3. Ce qui les rendent d’autant plus précieux que le joueur nécessite une défense très serrée pour ne rien lui ouvrir : et facilite ses pénétrations. Enfin, Vucevic est bel et bien un stretch-5 avec presque 6 tentatives par matchs pour un excellent 40% au tir.
Viennent Patrick Williams et DeRozan. Williams sera sophomore cette saison et le problème le concernant n’a pas été la réussite (39,1% !), mais le volume. Pat Will a tendance à refuser des tirs. Un problème dont il semble inconscient et qu’il veut adresser comme l’atteste sa Summer League où il a pris ses responsabilités et clairement affiché son envie d’être une menace à surveiller pour les siens. Vu la qualité des 4 joueurs autour de lui, Williams aura en effet des espaces et devra les punir. A priori, il en est tout à fait capable.
Quant à DeRozan il est effectivement un piètre shooteur longue distance en carrière. A tel point qu’après avoir essayé à Toronto, il semble avoir marginalisé cette position dans son jeu. Pourtant, comme expliqué dans cet article, le spacing n’est pas qu’une affaire de tir longue distance. C’est la faculté d’une équipe à bouger la balle et trouver des positions ouvertes. Et si DeRozan réduit la taille de cet espace en n’étant pas un joueur à surveiller à longue distance, ses mouvements sans ballon attire la défense car il est un tireur d’élite à mi-distance et par ailleurs, cette même capacité à punir une équipe à 2 points offre des espaces à son équipe quand il est porteur de ballon.
Non, les Bulls ne seront pas une piètre équipe offensive à cause de son manque de spacing. Au contraire, l’équipe possède plusieurs spécialistes et suffisamment de création, désormais, pour remonter dans la hiérarchie de la ligue offensivement.
Quelle place pour DeMar DeRozan ?
Toutefois, si nous avons mis en exergue plusieurs dimensions du jeu dans lesquelles l’arrivée de DeRozan facilitera la vie des Bulls, il convient, il me semble, de questionner l’apport réel du joueur ou sa nécessité dans l’effectif actuel. Comme susmentionné, DeRozan n’est pas un joueur qui fait l’unanimité. Parmi les raisons qui expliquent ce scepticisme, le fait qu’historiquement, le joueur a toujours été malgré son excellente production statistique dans une catégorie délicate. Celle des joueurs dont l’équipe s’exprime mieux quand il est sur le banc que sur le terrain. Un doute renforcé par le fait qu’autant chez les Raptors que chez les Spurs, il ait été entouré de bancs de grande qualité.
Résultat, en 12 saisons NBA, la seule saison où son rapport on/off the court était positif commence à dater : 2011-12. Depuis, le joueur affiche des chiffres négatifs. En grande partie à cause de sa défense, mais aussi offensivement selon les joueurs qui lui sont associés.
Sur les trois dernières saisons, les Spurs avaient un net rating avec l’ailier sur le terrain Vs sur le banc de :
- – 5,3 en 2019
- – 4,4 en 2020
- – 4,8 en 2021
Sous certains aspects, il est possible de trouver des similitudes entre ce qui est largement véhiculé sur Russell Westbrook chez DeMar DeRozan. Si ce sont deux joueurs de grand talent, capable de faire énormément de choses offensivement à la création ou au scoring, ils ont notamment en commun d’être deux joueurs apportant un volume de jeu confortable sur lequel une équipe peut se reposer. Mais tous deux partagent également un profil atypique les rendant compliqués à entourer : défenseurs peu impliqués, absence de tir à 3 points, une volonté d’être à l’origine de tout (action générés pour eux-mêmes et pour autrui). En soit, des joueurs héliocentriques mais sans la justesse d’autres superstars (LeBron James, James Harden, Luka Doncic ou Nikola Jokic).
Dès lors, si on peut trouver ce qu’il apporte chez les Bulls, on peut aussi s’inquiéter de son rôle. Son playmaking est-il si nécessaire avec une paire Ball-LaVine ? Son scoring ne se fera-t-il pas aux dépens de ceux de Vucevic & LaVine, plus efficaces ? Et ainsi, est-ce que le plancher qu’il apporte ne va pas empêcher de pleinement utiliser certains de ses coéquipiers ?
Si bien sûr la réussite d’un effectif tel que celui-ci est une question d’associations, d’équilibre, d’imbrication des rotations, il sera important de surveiller l’intégration de DMDR – et ce qu’elle signifie pour ses coéquipiers. Surtout ceux dont on attend le plus.
La défense va-t-elle persister ?
Si les Bulls ont connu un mieux offensif, pas récompensé par les résultats, la défense est restée pour une seconde saison un socle pour les Bulls. S’il ne fait nul doute qu’ils vont bondir dans la hiérarchie des meilleures attaques de la ligue avec ce nouveau “matériel” – peuvent-ils se maintenir parmi les bonnes défenses ?
Plusieurs difficultés vont se poser dans cette optique pour Billy Donovan.
Tout d’abord, on a un effectif qui va entièrement se découvrir pendant la pré-saison. Contrairement à la saison passée, il ne récupère pas un roster avec une expérience commune au contact d’un coach, certes peu reluisant, mais ayant largement mis l’accent sur les efforts défensifs.
Avec seulement deux joueurs présents sous son prédécesseur, pas les plus fondamentaux de sa défense, tout est à refaire. Et si certains éléments débarqués sont réputés comme de solides défenseurs : Lonzo Ball, Alex Caruso par exemple – il va devoir faire avec des joueurs difficiles à cacher.
En tête de liste, le joueur recruté à prix d’or : DeMar DeRozan. Pour se donner une ordre d’idée, les Spurs encaissaient 11,8pts de moins pour 100 possessions quand DeRozan sortait du terrain pour rejoindre le banc. C’est à peu près la différence entre la meilleure défense de la ligue (Utah) et la pire (Sacramento).
Si on va plus loin, le 5 de départ qui est souvent l’élément clé de l’identité d’une équipe et de son niveau défensif est composé de 4 joueurs dont l’impact était très négatif sur les performances défensives de l’équipe. Seul Lonzo Ball était un atout. Si Patrick Williams a le skillset pour le devenir également, on sait avec certitude que LaVine, DeRozan et Vucevic sont largement en dessous de la moyenne de leurs postes respectifs. LaVine fait des efforts mais reste un problème et Vucevic ne possède pas les atouts physiques pour être une force de dissuasion dans la zone clé de toute défense, la raquette.
Certains joueurs présents en sortie de banc ont certes un potentiel défensif : Caruso, Jones Jr, Bradley voire Johnson peuvent par exemple apporter de bonnes minutes. Mais avec des minutes plus limitées et une absence des certains moments clés des rencontres, difficile de compenser un groupe de titulaire.
Dès lors, à moins d’arriver à faire quelque chose de très efficace collectivement en un temps record, il y a fort à parier que les Bulls vont drastiquement s’améliorer offensivement mais connaître une dégradation importante de l’autre côté du terrain.
Il sera en revanche intéressant de voir s’ils seront une équipe comme Charlotte ou Portland l’an passé qui savaient serrer la vis dans les fins de rencontres, ou si à l’inverse, ils resteront comme l’an passé de ceux qui se délitent.
Quels objectifs ?
Tous les mouvements réalisés par le front-office indique que l’objectif pour Chicago est de gagner maintenant. La franchise a crié sa foi en Zach LaVine et l’a entouré de talents offensifs ayant eu le statut de All-Star (DeRozan & Vucevic), tout en amenant du talent à la mène qui a cruellement manqué aux Bulls les précédentes saisons (Ball & Caruso).
L’équipe a été complètement renouvelée pour incarner ce que Karnisovas voulait qu’elle soit, et pourrait effectivement opéré un changement d’identité immédiat.
Toutefois, “gagner maintenant” est à définir. Dans le cas de Chicago, si les ambitions seront élevées, on peut douter qu’ils deviennent un contender pour le dernier carré des Playoffs avec les changements opérés.
Leur attaque devrait être excellente si tout le monde trouve sa place. En revanche, la défense risque d’être lourdement impactée par les profils qui viennent de débarquer. Le banc aura aussi un rôle à jouer. On imagine que les titulaires vont passer du temps avec la second unit qui possède peu de profils offensifs. DeRozan semble le plus indiquer pour tenter de booster l’attaque du banc.
La faculté d’adaptation de chacun et le travail du staff de Billy Donovan seront donc déterminants. Nul doute que Chicago rêve grand. Tout autre manière d’aborder la saison serait, vu le talent aligné, une erreur.
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L’avis éclairé de @FrenchBullsFan
Quel goût vous reste-t-il de la saison passée ?
Forcément un gout d’inachevé, parce que même si l’effectif n’avait pas vraiment changé par rapport à la saison précédente, au contraire de tout ce qui entourait cet effectif (coach, staff, culture), on espérait au moins une place en Play-In pour valider notre progression dans le jeu. L’absence de LaVine pendant quasiment un mois en fin de saison et quelques autres blessures font qu’on a raté notre objectif de peu. Après, dans le jeu, on a vu de bien meilleurs choses quand même.
Quel bilan tirez-vous de cette intersaison ?
Pendant une grande partie de la saison dernière, la plupart des commentaires pendant les live twets étaient “donne nous un vrai meneur et on va cartonner”, voici donc non seulement Ball, qui n’est peut être pas élite mais très correct et en pleine progression, mais aussi DeRozan qui a excellé à la création chez les Spurs, puis Caruso. Toutes ces arrivées vont grandement faciliter notre jeu offensif, avec plusieurs joueurs capables de tenir la balle et mettre les choses en place pour soulager LaVine (Vucevic faisait déjà ça de belle manière). Ensuite on a signé de nombreux profils défensifs avec des joueurs à grande envergure (Bradley, Jones Jr, Alize Johnson entre autres) donc, sur le papier en tout cas, on a considérablement amélioré des secteurs qui nous posaient des soucis l’an dernier. Le bilan est de cette intersaison est très positif me concernant.
Effectif enfin équilibré ou encore des manques ?
Avec Coby White qui va manquer la pré-saison et les premières semaines de la saison régulière, je me demande quel joueur du banc va apporter un scoring régulier. Même à son retour il risque d’être un peu seul, car je ne vois pas Brown, Green, Caruso, Bradley ou Johnson avec le même impact offensivement qu’ils peuvent l’avoir défensivement. Il est probable que DeRozan ou PAW passe du temps avec la 2nd unit pour apporter des points. Pour le reste, l’effectif me semble assez complet, il y a de la création, du playmaking, de la défense. On n’aura probablement pas l’une des meilleures équipe de la ligue à 3pts, mais ça rejoint le point de départ avec le manque de scoring du banc.
Quelle place à l’Est cette saison ?
Toujours difficile à dire avec tout ce qui entre en compte dans une saison (méformes, blessures, calendrier …), Il est certain qu’une nouvelle absence des PO sera considérée comme un échec. Si c’est via le Play-In, ce n’est pas bien grave mais je pense que Chicago peut être l’une de ces équipes qui luttera pour finir au dessus du Play-In et aller chercher la 6ème place. Selon moi Brooklyn, Milwaukee, Philadelphie et Miami sont clairement au dessus à l’Est, je me méfie d’Indiana qui a eu beaucoup de blessés l’an dernier et ont désormais Carlisle en coach. NY et Atlanta ont été de bonnes surprises mais je ne vois pas les Bulls très loin derrière ces équipes là pour tenter d’accrocher ce 6ème spot. Mais encore une fois, si on fini 7ème et qu’on passe par le Play-In, ce sera loin d’être une catastrophe. Mais je ne nous vois pas en dessous de la 7ème place.