Être un bon élève ne suffit pas toujours à valider son année. Une dure leçon qu’Indiana a appris la saison dernière, un effectif avec des talents confirmés et jeunes, des role players combattifs, une raquette dominante et des shooteurs létaux. Comment expliquer alors que les Pacers n’ont pas pu se qualifier pour les playoffs malgré les espoirs placés en eux ? Avant tout : des blessures, des blessures et encore des blessures.
Brogdon, Warren, Turner, Sabonis, Levert, Lamb, Bitadze, autant de joueurs importants pour cet effectif au plancher haut mais au potentiel moyen. Indiana n’a jamais pu compter sur son effectif à 100%, courant sans cesse après des retours providentiels, comptant les défaites amères en fin de match et s’appuyant toujours plus sur un duo Brogdon/Sabonis constant dans l’effort, l’apport et l’énergie.
Indiana arrive au play-in rincé, épuisé par une saison longue et intense. Les liaisons avec le coaching staff sont de plus en plus tendues, il manque toujours autant de joueurs importants. En face ce ne sont “que” les Wizards, bien que portés par un duo Westbrook/Beal en mission pour retourner en playoffs. Indiana subira une véritable correction et terminera sa saison de la pire des façons : l’élève sérieux et appliqué rate son rattrapage sur un hors-sujet.
Frustrant pour une équipe polyvalente, aussi bonne en attaque qu’en défense, qui a enfin su sortir du jeu stéréotypé de Nate Mcmillan et shooter à 3 pts. L’arrivée de Caris LeVert aurait pu et dû sonner la révolte tant l’arrière est revanchard et souhaite s’installer dans la rotation des Pacers. Un impact immédiat après le All-Star break qui sera coupé par une positivité au COVID et une absence au play-in. Quand ca ne veut pas, c’est jusqu’au bout… Pour pallier à l’absence de leurs ailiers, les Pacers signeront Oshae Brissett pour plusieurs contrats de 10 jours et le moins que l’on puisse dire c’est que l’ancien joueur de Syracuse a assuré. Du shoot, une très bonne défense et une rage de vaincre. Brissett est une des maigres satisfactions de l’année.
L’Est a progressé tandis qu’Indiana a régressé au fur et à mesure de la saison, en même temps que sa défense, devenue l’une des pires de la ligue. Bjorken, adepte d’un coaching ” à l’ancienne”, perdra progressivement la confiance de son vestiaire, les gueulantes incessantes et les temps de jeu lourds des membres-clés du roster ne passent pas, ou plus.Les joueurs essayent, mais agiter les bras à chaque temps-mort ne suffit pas. L’effectif se renferme sur lui même, et finalement cette saison 2020-21 devait se terminer, que cela soit sur un blow-out au play-in ou un sweep autoritaire au premier tour. Les Pacers se séparent presque immédiatement de leur coach, et abordent la draft à une place peu confortable. Le front-office va redoubler d’efforts, et on a envie de croire qu’en NBA, le travail paie toujours.
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Doug Mcdermott, Jalen Lecque, Victor Oladipo,
Ils ont rejoint l’équipe : Chris Duarte, Isaiah Jackson, Torrey Craig
Le roster à ce jour :
Meneurs : Malcom Brogdon, TJ McConnell, Aaron Holiday, Keifer Sykes
Arrières : Caris LeVert, Jeremy Lamb, Chris Duarte
Ailiers : TJ Warren, Justin Holiday, Torrey Craig
Ailiers-forts : Domantas Sabonis, Oshae Brissett
Pivots : Myles Turner, Goga Bitadze, Isaiah Jackson
Les tendances de l’été
Une draft maîtrisée
Avec l’arrivée d’un des meilleurs coachs NBA en la personne de Rick Carlisle, Indiana s’est rapidement activé à combler ses faiblesses. Drafter coûtera toujours moins cher, surtout si les profils cherchés sont des role players. Double pari tenté avec les arrivées de Chris Duarte, arrière/ailier et star des Oregon Ducks et d’Isaiah Jackson, ailier fort/pivot des Kentucky Wildcats.
Un ancien joueur de JuCo, fort scoreur, shooter, bon passeur et défenseur de 24 ans déjà NBA ready ? Duarte peut être immédiatement être utilisé sur les postes d’arrière et d’ailier, sa polyvalence le rend compatible dans les jeux avec et sans ballon. Il pourra autant soulager Brogdon et LeVert, que servir Sabonis sur pick and roll ou qu’artiller dans le corner. Un rôle naturel de 6è homme qui manque cruellement à Indiana depuis la grave blessure de Jeremy Lamb.
Jackson quand à lui apporte une densité physique et un athlétisme dont Indiana a énormément besoin. Frustre en attaque bien qu’ayant un fort potentiel notamment à mid range et sur pick and roll, Jackson compense largement en défense où sa mobilité et sa puissance font de lui un vrai point d’ancrage où ses bras tentaculaires devraient contrer à foison… Vous avez dit Myles Turner ? Il pourra être aligné avec Sabonis, cacher les énormes failles que laisse le lituanien ou s’employer aux tâches obscures tandis que Turner fait jouer son tir à longue distance.
Deux joueurs à potentiel donc, mais qui ont surtout un plancher élevé, à la maturité émotionnelle rare pour leurs âges et parcours. Indiana travaille en silence mais avance constamment.
La patience et la constance
Ce n’est parce que Indiana a déçu l’an dernier qu’il faut faire exploser le roster entier. Dans une NBA où il faut tanker ou être contender; Indiana a toujours fait le choix de la patience et de l’ajustement constant. Turner et Brogdon dans plusieurs rumeurs de trade sont toujours là, et restent des membres importants d’une équipe qui vise une place pereine en playoffs. McDermott tradé aux Spurs verra son apport précieux au shoot et off-ball être remplacé par l’arrivée de Duarte.
Le point d’attention reste évidemment Caris LeVert qui a montré une complémentarité excitante avec Brogdon, le soulageant sur un volume de shoot important et efficace. Enfin loin de ses problèmes de santé, l’ancien arrière de Brooklyn a une autoroute devant lui pour rappeler au monde le potentiel qu’il a en lui et ramener son équipe au haut niveau. Indiana n’a pas paniqué et aborde la saison avec un effectif besogneux, qui a la rage de regoûter aux joutes des playoffs, qui plus est porté par la légende Rick Carlisle. La légende locale s’étant éloigné de la cacophonie de Dallas retrouve un effectif jeune et talentueux, comme il les aime. Un intérieur shooteur, un meneur gestionnaire et une armée de role players… Lointain souvenir ?
TJ McConnell, leader de la second unit et féroce défenseur, a également été prolongé et continuera à apporter son hustle incessant et son shoot. Il était la priorité lors de la Free Agency, la boule de nerf devrait former un duo embêtant en défense quand lâché avec Torrey Craig.
Focus sur la saison 2021-22 d’Indiana
Enfin lancer son nouveau départ ?
Le duo Brogdon/Levert
Pedal to the metal for the Pacers backcourt !
Brogdon retrouve enfin un lieutenant pour le soulager au playmaking et au shoot. Brogdon peine à retrouver la létalité qui a fait sa force à Milwaukee, trop souvent seul et isolé dans un effectif où il était le seul ball handler sur le terrain et souvent le meilleur shooteur. Une baisse au % qui ne l’a pas empêché de sortir une saison calibre All-Star : 21 pts,5 rebonds et 5 passes, 38% à 3pts et une défense toujours aussi bonne.
Ajoutez à cela un arrière qui a apporté 20 points, 3 rebonds et 5 passes et vous obtenez un backcourt excitant au potentiel fort intéressant. Les deux guards se complètent dans tout les aspects du jeu, un fort défenseur qui couvre un slasheur athlètique, qui se nourrit sans cesse des écrans de ses intérieurs pour proposer des cut back court et du jeu off ball. Comment ne pas être enthousiaste tant LeVert semble incarné la solution aux problèmes récents d’Indiana ? Et lorsqu’il faudra reposer une des deux stars, c’est le pitbull TJ McConnell qui sera lâché sur l’attaque adverse tandis que Duarte et Lamb sanctionneront à 3pts tout en fluidifiant le jeu. En un été les Pacers ont corrigé les besoins sur les postes d’arrières. A confirmer sur le terrain, maintenant !
La raquette Sabonis/Turner
Un double All-Star en la personne de Domantas Sabonis qui sort sa meilleure saison en carrière avec 20 pts, 12 rebonds et 6 passes, la star des Pacers affirme toujours plus son statut de menace offensive, ajoutant en plus cette saison un shoot à 3pts de plus en plus efficace (passant de 25 à 32%). Domantas est cependant un poids immense en défense, le joueur s’est affuté pour pouvoir s’adapter aux exigences du basket moderne mais semble toujours autant perdu de l’autre côté du terrain.
C’est ce constat qui rend l’apport de Myles Turner si important pour cette équipe des Pacers. Le pivot tourne en moyenne à 12 pts, 6 rebonds, 33% à 3 pts mais surtout 3.4 contres par match. Turner semble avoir enfin débloqué ce verrou mental qui l’empêchait de s’exprimer et surtout, d’être régulier. Plus agressif, plus hargneux mais toujours autant mobile et avec une bonne vision de jeu, ses stats bruts ne reflètent pas l’étendue de sa progression. Turner est le pivot qui contre le plus, conteste le plus, et seul Gobert fait autant baisser le % de ses adversaires (seulement 48% de réussite).
Turner semble enfin à l’aise avec ce rôle de tour de contrôle, et sa blessure en avril dernier coïncidence avec la chute drastique en défense de son équipe. Le candidat DPOY a de plus enfin trouvé une alchimie en attaque avec Sabonis où il profite du jeu au poste et de passe de son ailier fort pour faire parler son shoot. Il s’est même mis à tenter plus de drive et à chercher ses shooteurs dans le corner. Encore une fois, les doutes logiques sur le pivot semblent loin derrière tant celui ci a haussé son niveau de jeu des deux côtés du terrain.
Assez pour former une des meilleures raquettes NBA ?
Les fins de matchs
McMillan est parti faire le bonheur (pour l’instant) des Hawks, mais le problème des fin de matchs des Pacers est resté. Le problème à être une équipe bonne en attaque et en défense sans être pour autant élite dans un domaine se matérialise dans les fins de matchs gâchées.
Les soirs sans adresse, les sauts de concentration en défense ou des calls d’arbitrage parfois douteux ont inlassablement peiné Indiana, qui a lâché un grand nombre de quatrième quart-temps la saison dernière. Incapable d’enfoncer le dernier clou ou de conserver son avance, Indiana en grand manque de sérénité offensive et défensive devait s’en remettre trop souvent sur un exploit de Brogdon ou Sabonis pour arracher une victoire.
Les retours de Turner, LeVert , Lamb et l’ajout de Duarte et Jackson vont offrir de nombreuses possibilités au coaching serein et léché de Rick Carlisle. Assurer sa place en play-in ou en playoffs passe par prendre les matchs serrés et c’est précisément ce qui a toujours manqué à Indiana depuis le départ de Paul George. Carlisle n’a jamais été un adepte des défenses de fer mais il a devant lui un effectif sérieux et à la versatilité qu’il affectionne particulièrement. De quoi espérer mieux ? Exactement.
Aller plus haut ?
Où l’on oublie ses souvenirs ? Se rapprocher de l’avenir ? Indiana aborde cette saison 2021-22 dans une conférence Est qui s’est fortement renforcée. Bulls et Hornets ont su renforcer leurs effectifs via draft ou free-agency et Indiana n’est clairement pas dans une position des plus confortables. D’avantage proche des Wizards, Knicks ou Celtics que du Top 4, Indiana doit au plus vite sécuriser dans un premier temps son accès au play-in puis le premier tour.
La bipolarité typique entre tanking et contending est exacerbé par ce nouveau format de qualification, qui voit les équipes 9/10 être en mauvaise position pour bien drafter, ou être un candidat légitime à une post-season longue. Indiana s’est pris les pieds dans l’embrayage la saison dernière en espérant retrouver son groupe complet en fin de saison. Cette fois-ci il serait surprenant de voir le nouveau coach lâcher des matchs faciles comme cela a pu être le cas l’an passé. Les victoires vont coûter chers à l’Est, et Indiana doit retrouver une efficacité à haut niveau pour survire, puis exister.
La gestion des blessures
Comme dit plus haut, Indiana a payé son manque de profondeur en playmaking et en protection de cercle tout au long de la saison avec les blessures de plus en plus longues et nombreuses. Ces besoins criants devraient être corrigés par l’ajout des deux joueurs draftés, mais ne peuvent cacher le fait qu’encore une fois, arriver en forme en fin de saison implique de gagner les matchs à prendre avant.
Indiana aura en théorie les opportunités pour faire souffler ses cadres, maintenir une bonne dynamique de groupe et rester en embuscade sans avoir à courir après des victoires face à des équipes qui lui sont largement supérieures. Les cas de Lamb, Turner et Warren seront ainsi à surveiller de très prés, tant ces trois noms concentrent les besoins cités plus haut et sont sources de scoring de l’équipe.
Attaquer ? Défendre ? Rester polyvalent ?
A vouloir tout bien faire, Indiana peine à s’imposer ans un domaine en particulier. Si les grandes équipes sont toutes élites en attaque et en défense, les équipes qui s’en rapprochent doivent faire des choix avant de miser sur une polyvalence totale. Les Pacers doivent ainsi faire le choix entre proposer un basket offensif naturellement porté par Rick Carlisle, quitte à desserrer la vis en défense et reposer Brogdon, ou justement revenir à un basket rugueux mais qui semble peu adapté quand Levert, Warren et Sabonis sont sur le terrain. Pour exister, Indy doit rester une attaque du top 10 NBA, et cela passe par encore une fois diversifier ses solutions en attaque. La simple présence de Turner suffit à masquer les faiblesses défensives du cinq majeur et la Second Unit regorge de joueurs défensifs affirmés.
Charge ainsi à Carlisle d’adapter ses rotations pour maintenir une attaque équilibrée et gérer l’énergie de ses stars.
Les objectifs
On peut parler d’offensive rating, d’all stars ou Rookie Teams. Mais Indiana n’est pas allé chercher Rick Carlisle pour végéter dans le fond de la conférence Est, les Pacers ne peuvent que viser un retour en play offs, au pire passer par le play in. Si les power houses de l’Est ont creusé un écart conséquent pour se mettre au niveau de ceux de l’Ouest, le noyau de la conférence reste atteignable pour les fous du volant. Plus d’expérience, du talent à chaque poste et sur le banc dans un effectif jeune. Difficile de donner une place précise mais Indiana a les ressources pour disputer les 7emes et 8emes places. Et il restera ” au pire ” le play in pour permettre aux Pacers de retourner en play offs.
Merci beaucoup pour ce très bon article, c’est pas si courrant pour une franchise aussi peu hype et médiatisée, merci à vous