Vu l’évolution constante du jeu en NBA, les équipes ont pris l’habitude de trouver certaines réponses à leurs problèmes dans le small ball. Entendez ici par “small ball” le jeu avec 5 joueurs de “petites tailles”, éteignant ainsi l’avantage que peuvent constituer des adversaires trop imposants en poids et en taille.
Cette manie de vouloir shooter à distance fait que la formation des Big Men et leur utilisation se réduit comme peau de chagrin. A tort ou à raison, on a l’impression que les franchises sont d’accord sur un point : être privé de grands formats passe encore, mais manquer de shooters est une catastrophe.
Les Clippers ont encore montré durant cette post saison qu’un bon jeu small ball peut gagner même face au triple défenseur de l’année avant de tomber face à Ayton et ses compères de l’Arizona. Houston en a également fait sa marque de fabrique avec plus ou moins de réussite. Force est toutefois de constater que quand le small ball fonctionne, ça pique fort.
Enfin s’il a fait de grand playoff, Deandre Ayton ne doit pas éclipser le fait que Monty Williams et ses Suns utilisent très souvent le small ball avec une réussite qui séduit beaucoup d’observateurs neutres (dont moi) : Dario Saric, la première rotation d’Ayton, s’étant gravement blessé, il va falloir que les suppléants ont repris un poste qu’ils ne connaissent pas vraiment et les Bucks ont repris l’ascendant dans la série car si le small ball est une formidable arme, la lame peut rapidement se retourner contre son porteur et le tailler en pièce.
Dans cet article, nous allons vous présenter la “disposition 1-4 haute” comme possibilité pour démarrer son attaque dans un cinq majeur small ball. Il s’agit d’un système simple mais efficace qui met en avant les avantages de ce type rapport “taille des joueurs/secteur offensif” et enfin un exercice pour travailler les systèmes.
Disposition initiale
SI vous demandez à 5 personnes de se placer en attaque sans plus d’instruction, il y a de grandes chances que vous voyez ceci :
Il s’agit d’un classique indémodable et connu de tous. Toutefois, si vous faites face à un important déficit de taille, vos postes 4 et 5 ne sont pas d’une grande utilité dans cette disposition, hormis pour maintenir le spacing. Votre attaque va donc se jouer à 3 majoritairement et vos rebonds offensifs seront presque inexistants. À moins de posséder un trident extérieur extrêmement fort, votre sort est plus qu’incertain.
À l’inverse, avec cette disposition “1-4 haute”, les options sont déjà plus nombreuses. Il n’est d’ailleurs pas impossible de considérer que cette tactique puisse devenir la nouvelle disposition classique du futur.
La première chose qui saute aux yeux est bien entendu l’espace grand ouvert laissé dans le dos de la défense (dans le cadre d’une défense homme contre homme). Notez également le désarroi dans lequel vous allez placer certains joueurs adverse qui pratiqueraient une défense en zone ; ils se retrouveraient à défendre leur ombre !
Cet espace est un appel au cut back door (coupe dans le dos de la défense). Peu importe où le ballon se trouve, un bon démarquage (step in puis step out) va ouvrir immanquablement une brèche qui va semer la panique et mettre en avant les problèmes éventuels de communication et la capacité à réagir de la défense adverse. Par conséquent, même si l’entry pass (première passe du système) n’est pas directement une assist, il y a de grandes chances pour que celle d’après le soit.
En plus du système, il est donc important pour le coach de bien travailler le démarquage et la prise d’appui à l’entrainement. Veillez aussi à travailler la overhead pass (passe avec les deux bras au dessus de la tête) car il faudra pouvoir trouver le joueur qui coupe rapidement sans ralentir la balle avec un rebond au sol par exemple. Dernière chose : les écrans posés doivent être les plus serrés possible car le spacing initial n’est pas idéal. Je suis un grand fan des screen away (écrans dans la trajectoire de déplacement d’un joueur) mais, dans ce cas, ils seront parfaitement inutiles. En tant que coach, il faut impérativement s’assurer que vos joueurs savent poser et prendre un écran. Croyez-nous, beaucoup pensent savoir mais peu le font correctement.
Le système
Faisons simple : le small ball bien joué n’a pas besoin de beaucoup de complexité. Il tient plus de l’explosivité des joueurs et de la lecture de la défense adverse.
Le meneur peut engager du côté qu’il veut sans importance (à moins que vous ayez repéré un côté de la défense qui est plus friable). Il va donc partir en dribble et surveiller si une passe lobbée est jouable dans la course du 3 qui fait un clear out (vider complètement une partie du terrain pour laisser le champ libre) vers le corner opposé. Comme souvent, le but d’un système est de focaliser l’attention d’une défense d’un côté, puis de l’autre, avant de renverser à nouveau le sens du jeu si besoin. Ce n’est pas différent dans ce système.
Le poste 3 peut aussi faire un “UCLA cut” (coupe avec une trajectoire brisée qui plonge vers l’anneau) en passant par une trajectoire moins courbe entre le 4 et le 5. Ca peut se tenter en variante pour créer un peu de désordre en défense. Si votre meneur voit son défenseur essayer de prendre l’information de ce qu’il se passe derrière lui, il peut embrayer la seconde et partir en drive à l’anneau, quitte à freiner et revenir sur l’ancienne position du 3 si cela ne fonctionne pas.
Par conséquent, faites travailler la défense au maximum, cela épuise les adversaires.
Ensuite, on fait ressortir le poste 4 en tête pour récupérer la balle. Plusieurs choses sont à surveiller ici pour le meneur : d’abord si le 4 veut mettre un peu de piment dans sa vie et si son défenseur est en deny agressif dans la trajectoire de passe, il peut step in (avec une petite feinte de corps step out juste avant c’est encore mieux) vers l’anneau. De même, le défenseur du 5 pourrait être tenté de jouer l’interception ou d’aider un peu. Dès lors, votre poste 5 ne doit pas hésiter à demander la balle en l’air ou à partir vers l’anneau.
C’est tentant mais l’on ne recommande pas de jouer le pick and roll 1-5 ici car vous perdrez quelques secondes pour rien à cause de votre manque de taille.
Le poste 2 reçoit la balle et cela va être à lui de lire la défense et de bien connaître les opportunités de jeu ici. Le poste 1 est celui qui a le plus de chance pour le backdoor cut car son défenseur va sans doute être attiré par ce qu’il se passe à l’opposé, d’autant plus qu’il n’est pas supposé coller votre 1 au short quand la balle est weak side (côté sans ballon).
Dès que le 2 a reçu la balle (insistons sur le timing rapide), le 4 doit poser un écran très court et step in dans la raquette pour maintenir le sacro-saint spacing. L’écran doit être bien serré et vos joueurs doivent passer épaule contre épaule quand ils se croisent. Lorsque le 2 remonte, il doit lire le déplacement de la défense. Si son défenseur est perdu, il drive. Si le défenseur du 3 resserre un peu sur le 4 il peut aller chercher le shooteur dans le corner. Surtout, si le 4 a bien plongé, il doit lui donner la gonfle pour 2 points faciles.
Bien-sûr vos joueurs doivent respecter des trajectoires, passes, dribbles mais il faut aussi leur apprendre à lire le comportement de la défense en général et de leur défenseur attitré en priorité. SI rien ne se passe comme prévu, le poste 4 va s’arrêter au poste bas, le 2 sera entre la mène et le spot à 45° et le 3 devra remonter légèrement pour créer un triangle de passe où il faudra enchaîner le jeu intérieur et extérieur pour dégager une solution de tir. Le renversement vers le 1 qui plonge dans le corner ou bien un écran opposé du 5 sur le 1 reste bien sur des options valables. I
S’exercer à réussir
S’entrainer, ce n’est pas garantir sa réussite mais augmenter ses pourcentages de réussir un système. Avec la fatigue on considère souvent que l’on perd 20 à 30% de son efficacité donc la seule façon de compenser cela c’est de pouvoir le faire les yeux fermés. Pas besoin ici de travailler les options exposées dans les deux premiers schémas car il vous a déjà été conseillé plus haut de travailler certains types de passes et mouvements. Le reste n’est que du drill classique au layup et tir.
Travaillons surtout la dernière partie, qui nécessite plus d’automatismes et plus de finesse.
On voit ici la remontée de celui qui est dans le corner (poste 3 sur les schémas) pour jouer le triangle en fin de système. Il est primordial de bien travailler l’agressivité sur le screen et les timings car ils peuvent faire toute la différence.
Pour démarrer, les 3 joueurs d’attaque sont seuls pour graisser les automatismes de déplacements et de passes. Ajoutez ensuite un défenseur pour travailler la qualité de l’écran. D’abord sur le porteur de balle, ensuite sur le poseur d’écran. On continue avec deux défenseurs. Un sur le porteur de balle, l’autre sur le poseur d’écran. Enfin 3 défenseurs, un sur chaque homme et faites tourner le drill par tranche de 10 min. Variez les contraintes, exercez vos joueurs au maximum.
Conclusion
On n’a pas toujours des joueurs de grandes tailles partout. Les articles de coaching sont aussi et même surtout destinés aux coachs qui débutent et peuvent parfois vivre une première expérience douloureuse pour un motif aussi ballo qu’un manque de taille dans l’équipe. Les coachs n’ont pas de pouvoirs magiques sur ce genre de critère alors autant ne pas le subir et en faire une force.
Il en va de même pour vos joueurs ; ne les laissez pas certain décourager à cause du déficit de taille et montrez leur que le basket n’est pas qu’un sport de grand : chacun peut y trouver son compte. C’est le rôle de chaque coach de faire en sorte qu’un enfant/jeune/adulte ne se sente pas rejeté par son sport pour un motif sur lequel il n’a pas d’emprise. Souvenez-vous que tout le monde disait de Lionel Messi qu’il était trop petit pour jouer au football…