De toutes les années à réfléchir à la stratégie des Knicks au soir de la draft, cette édition 2021 s’annonce la plus passionnante. Bien loin de l’habituel milieu de loterie, les Knicks compliquent cette année la tâche des observateurs en accumulant leur choix de draft à une surprenante 21ème place et le 19ème choix issu du trade de Kristaps Porzingis. En plus de ça, ils ont profité de la morose saison des Pistons pour tirer du trade de Marcus Morris aux Clippers un 32ème choix qui pourrait s’avérer primordial dans leur stratégie. A quelques heures de l’échéance, zoom sur les possibilités qui s’offrent au Front Office de Leon Rose, qui s’apprête à aborder la deuxième draft de son règne. L’occasion aussi pour nous de quadriller les besoins de l’équipe que pourrait pallier les choix de draft, et d’identifier quatre profils de joueurs que les Knicks pourraient aller chercher.
L’exercice est d’autant plus difficile cette année qu’il est compliqué de voir des préférences claires : mis à part un top 7 voire 8 qui semble faire relative unanimité auprès des front offices NBA, nombreux sont les prospects qu’on imagine hors de portée des Knicks et qui pourraient leur être disponibles. De la même manière, les joueurs liés aux Knicks dans les dernières semaines pourraient évidemment leur filer entre les mains, c’est le jeu de l’asymétrie d’information de la draft. Cet article s’attardera ainsi sur les joueurs liés aux Knicks, discutant leur attrait pour l’équipe et leur complémentarité avec l’effectif new-yorkais. Car c’est bien là la nouveauté de cette année : les Knicks ne vont peut-être pas drafter le meilleur prospect disponible, quelque soit le poste confondu, mais plutôt un joueur qui complémente l’effectif déjà en place. Si cette orientation est sujette à débat, c’est celle qui semble avoir été prise cette année encore, après les choix Toppin-Quickley qui allaient en ce sens.
Tous attendus en autour ou au-delà du 20ème choix, les prospects choisis doivent répondre à quelques exigences qui devraient rendent attractifs pour les Knicks :
- Ne pas répéter les profils de Julius Randle, R.J. Barrett et Mitchell Robinson, pierres angulaires du projet Knicks.
- Être capable d’intégrer la rotation à court terme (pour les picks 19 et 21).
- Être affilié à Kentucky/CAA (l’ancienne agence de Leon Rose) est un plus.
L’hypothèse d’un trade-up
Tout ce qui vient d’être énoncé et qui va suivre pourrait bien être balayé en un coup. 19, 21, 32… c’est en effet beaucoup. Il est rare de voir trois rookies sélectionnés aussi proche, par une équipe qui a de la marge financière et qui donc n’a pas besoin d’alléger sa masse salariale en multipliant les contrats rookies. Il est donc possible de voir les Knicks actifs sur le marché des trades, qui auraient alors deux possibilités : récupérer les droits à un choix de draft 2021 mieux placé, ou bien renforcer l’effectif en l’échangeant contre un joueur déjà dans la ligue, les Knicks ayant la marge salariale pour le faire. En 2014, les Chicago Bulls monnaient les 16ème et 19ème choix pour monter à la 11ème place (Doug McDermott). En 2017, le 15ème et le 20ème sont suffisants pour permettre aux Blazers de drafter Zach Collins en 10ème position.
Les Pacers, très actifs sur le marché des trades selon Alex Kennedy avec leur pick 13, mais aussi les Warriors avec le 14ème choix, apparaissent comme des partenaires potentiels. Bobby Marks d’ESPN rappelait que les Knicks tenteraient de se libérer d’un des deux picks du second tour.
L’hypothèse d’un trade-up est d’autant plus plausible que le front office des Knicks s’est montré très agressif lors de la dernière draft, convertissant, accrochez vous, les 27ème et 38ème choix en 23ème choix (Leandro Bolmaro), avant de trader ce même 23ème choix pour drafter Immanuel Quickley avec le 25ème choix et récupérer le 33ème choix, qui fut ensuite transféré pour un futur deuxième choix des Clippers. Un trade-up léger, mais qui a permis aux Knicks de sécuriser leur cible principale Immanuel Quickley et de récupérer un futur asset.
Difficile d’estimer la probabilité de réussite d’un trade-up, tout comme il est difficile d’affirmer sur quel joueur le choix en cas de trade-up se porterait. Moses Moody, Keon Johnson m’apparaissent comme les candidats hors du top 4 les plus « Thibodeau-compatibles », mais ils nécessiteraient sûrement un énorme bond en avant. Gros défenseurs sur l’homme au potentiel offensif inexploité, diamants à polir mais capable de rester sur le terrain dès leur entrée en NBA grâce à leur défense, New York ne peut que rêver d’eux. James Bouknight, l’arrière super-scorer de UConn et Franz Wagner sont peut-être deux autres cibles de trade-up plus atteignables, mais au fit moins naturel. Chris Duarte, qui pourrait faire la surprise en étant sélectionné en fin de loterie, semble toutefois se dégager comme cible de trade-up.
Sans cible évidente de trade, passons désormais aux profils que devraient rechercher les Knicks le soir de la draft. Si les catégories ne sont elles-mêmes pas classées dans un ordre particulier, elles contiennent chacune des possibles choix pour les Knicks, eux classés par mon ordre de préférence, prenant en compte mon évaluation du prospect et du fit avec l’effectif new-yorkais.
Cible A : La perpétuelle quête d’un porteur de balle principal
Inutile de rappeler la difficulté des Knicks à consolider le poste de meneur au cours des quinze dernières années. Le règne Elfrid Payton définitivement abolie par Trae Young au premier tour des playoffs 2021, l’incertitude Derrick Rose et malgré la présence de combo-guards dans l’effectif new-yorkais (Immanuel Quickley, Luca Vildoza), la draft 2021 pourrait permettre de faire jackpot. Dans une free-agency si compétitive, les Knicks pourraient préférer la draft au risque de voir leurs offres refusées par Lonzo Ball ou Spencer Dinwiddie. Cade Cunningham, Jalen Suggs et autres Josh Giddey partis avant le 19ème choix, les Knicks pourraient jeter leur dévolu sur deux guards bien différents, Sharife Cooper et Miles McBride.
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Sharife Cooper
Meneur de jeu – Auburn – 20 ans – 185 cm – 81 kg – 20 pts/8.1 passes/22% à 3pts pour 4.8 tentatives en 33 minutes.
Fiche Envergure I Fiche Café Crème Sport I Fiche Inside Basket
Un des joueurs les plus excitants à regarder à ses débuts dans la ligue, Sharife Cooper sera à coup sûr une attraction. Meneur de petite taille, très explosif et d’une très bonne compréhension de jeu, la menace de son scoring a suffi à ouvrir des lignes de passe pour ses coéquipiers à Auburn. Altruiste, un coéquipier ouvert pour Sharife Cooper est un coéquipier qui doit recevoir la balle. 9.8 passes décisives donc, mais 5.0 balles perdues (sur 40 minutes). Sa taille doit encore une fois ici être mise en avant : si sa lecture de jeu lui permet de deviner son coéquipier ouvert, sa taille va parfois freiner la réalisation de cette passe, surtout face aux grands gabarits de la NBA.
Passeur de très haut niveau en sortie de pick and roll, très bon passeur de alley-oop, capable de trouver les coéquipiers ouverts en spot-up à trois points, le profil est alléchant pour toute équipe qui manque de dynamisme offensif. Dans le cas des Knicks, ce manque de création étant si important, Sharife Cooper représenterait un step-up important, même le temps que son tir longue distance se règle à la NBA. En difficulté avec son tir lors de ses 12 matchs à Auburn, il affichait pourtant un bien meilleur il n’y a pas si longtemps au lycée, et serait retourné à une gestuelle semblable lors du processus pre-Draft.
Si le fit offensif avec les Knicks est évident, il fera un très bon partenaire de pick-and-roll avec Mitchell Robinson, créera des décalages pour RJ Barrett et soulagera la charge offensive de Julius Randle, c’est défensivement que le bât blesse, ou pas ? Évidemment, sa petite taille va l’handicaper et n’en fera jamais un défenseur même moyen. Les Knicks semblent toutefois prêts, tant au niveau du personnel que du système, à compenser un défenseur négatif. L’exemple Trae Young, contre les mêmes Knicks mais aussi contre les Sixers, a prouvé qu’il était dans la NBA hyper-spécialisée possible de cacher un micro-meneur en lui assignant à un attaquant de spot-up (Reggie Bullock, Danny Green). Le jeu offensif en vaut bien la chandelle.
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Miles McBride
Guard – West Virginia University – 21 ans – 188 cm – 88 kg – 15.9 pts/4.8 passes/1.9 interceptions/41% à 3pts pour 3.8 tentatives en 34 minutes (Sophomore)
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Dans le cas, bien probable, où Sharife Cooper n’atterrissait pas dans les filets new-yorkais, Miles McBride serait un beau lot de consolation. Sûrement encore disponible en 19 ou 21 (il serait curieux de voir les Hawks le choisir), le meneur de West Virginia n’apporte pas autant de garanties offensives que Sharife Cooper. Il n’est d’ailleurs sûrement pas, et ce n’est pas lui faire offense, le meneur providentiel que les Knicks cherchent désespérément. Ses principales qualités sont défensives, où son fort haut du corps allié à des cannes de feu lui permettent de rester devant n’importe quel porteur de balle cette année. Monstre d’intensité, ses 2 interceptions par match sont presque des indicateurs modestes de sa capacité à gêner un porteur de balle et à disrupter une action collective. On fait difficilement plus Thibs-compatible. Évidemment limité par sa taille et une envergure (1m93, +5) limitées, McBride sera toutefois un défenseur individuel positif, que le système défensif de Thibodeau, qui ne concède que très peu de changements, mettra en valeur.
Pitbull certes, mais pas que. Pas aussi virevoltant offensivement que ses comparses Sharife Cooper et Tre Mann, il n’en demeure pas moins productif. Responsabilisé par Bob Huggins dans une attaque qui manquait de dynamisme, McBride a pu montrer tout son panel de tirs en sortie de dribble, surtout à mi-distance mais aussi à trois-points, où seulement 59% de ses tentatives provenaient d’une passe décisive. Si je serais d’avis que ses pourcentages au tir lors de son année Sophomore (41% à trois-points après 30% son année Freshman) ne suivront pas à ce niveau de réussite en NBA, il reste un tireur plus que capable, assez pour être respecté par les défenses NBA.
Un ton en dessous de Sharife Cooper donc, il ne faut pas voir en Miles McBride un futur titulaire de carrière en NBA. Ce n’est de toute façon pas un objectif raisonnable avec un choix de fin de premier tour. Il apporterait toutefois une valeur intéressante aux Knicks en sortie de banc, dans un rôle de spécialiste défensif et d’initiateurs en sortie de banc, où il pourrait combiner avec Immanuel Quickley pour se partager la charge offensive, qu’il ne sera pas prêt à assurer dès son entrée dans la ligue.
Cible B : Un arrière scoreur dynamique
Toujours dans l’objectif de dynamiser une attaque morose, les Knicks pourraient opter pour une solution sur les lignes arrières. Moins gestionnaires que Cooper et McBride, plus grands, plus athlétiques et meilleurs finisseurs près du cercle, les joueurs de cette catégorie offrent moins de garanties. Plus de risque, et potentiellement un meilleur résultat sur le long terme, place à Jaden Springer, Ayo Dosunmu et Bones Hyland.
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Jaden Springer
Guard – Tennessee – 19 ans – 193 cm – 93 kg – 12.5pts/2.9 passes/1.2 interceptions/43.5% à 3pts pour 1.8 tentatives en 26 minutes (Freshman).
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Deuxième roue d’un carrosse très défensif à Tennessee (derrière Keon Johnson et aux côtés du Français Yves Pons), Jaden Springer a montré une très belle maturité dans sa seule saison en SEC. Joueur américain le plus jeune de la draft, il apparait davantage comme un projet à développer que comme une valeur sûre dès le premier jour de la draft. Malgré une envergure moyenne (201 cm, +8), sa force, tant du haut que du bas du corps, fait de lui un athlète singulier aux postes arrières, un athlète « fonctionnel » pour Jake Rosen. Loin d’être le plus explosif, c’est bien sa capacité à absorber le contact qui fait de lui un slasher très intéressant, même s’il faudra polir les finitions proches du cercle, et surtout un très bon défenseur. Bien moins agressif et hyperactif que Miles McBride, Springer est constamment en contrôle défensivement. Moins de risque pris et une lecture de jeu avancée qui lui a permis de multiplier à la fois interception et contres. Encore une fois, il semble passer le Thibodeau-test, et pourra partir en mission défensive sur le meilleur guard adverse.
En attaque, le constat est plus nuancé. Si le contexte offensif de Tennessee n’a pas aidé, ressemblant beaucoup au spacing offert par les Knicks 2019/20, Springer a toutefois montré des flashs intéressants de création de tir. Se contentant beaucoup de tirs à mi-distance en sortie de dribble contestés, qu’il pouvait parfois réussir (à un pourcentage répugnant de 35%) grâce à un avantage de taille qu’il aura de moins en moins en NBA, Jaden Springer n’a que peu prouvé qu’il pouvait finir près du cercle au plus haut niveau. Ni aidé par un handle qui manque d’amplitude ni par son manque d’explosivité, difficile de l’imaginer pouvoir prendre le dessus sur des défenseurs NBA à court terme. Sûrement conscient de ces limitations, il devra continuer à développer son jeu intermédiaire (floaters, tir à mi-distance). Déjà patient et sous contrôle sur ses drives, il lui faudra des répétitions en NBA pour développer sa lecture de jeu, et améliorer un playmaking qui lui a fait cette saison défaut. A seulement 19 ans au moment de débuter sa carrière NBA, il aura le temps de développer ces qualités.
La confiance dans son tir extérieur est peut-être la clé qui fera qu’une équipe pourrait aller le chercher en fin de loterie. Si les front offices NBA sont frileux et voient dans ses pourcentages NCAA un trompe-l’œil : 20 sur 46 (très faible volume et seulement 8 tirs pris hors catch-and-shoot), il pourrait très bien être disponible en 19, voire en 21 si les Hawks ne jouent pas les trouble-fête.
Si je crois fermement en l’avenir de Jaden Springer comme 4ème option offensive et spécialiste offensif d’une bonne équipe, le fit tactique et stratégique avec les Knicks apparait moins évident que d’autres prospects. Joueur projet et diamant à polir sur de nombreuses années, un cocktail qui ne réussit que peu à New York, ce serait une très agréable surprise que de le voir continuer en orange l’année prochaine. Les doutes sur son tir extérieur et sa capacité à créer des décalages en NBA sont fondés, mais il pourrait au contraire bénéficier de la gravité de coéquipiers en NBA pour exploiter les décalages. Un choix à haut risque, mais à potentielle grande valeur, que les Knicks pourraient allier à un joueur plus « sûr » en 21.
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Ayo Dosunmu
Guard – Illinois – 21.5 ans – 195cm – 88 kg – 20 pts- 5.3 passes – 6.3 rebonds- 3.3 balles perdues – 39% à 3pts pour 2.9 tentatives en 35 minutes (Junior).
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Attention, reach ! Ayo Dosunmu n’était pas, mais alors pas du tout, sur mes tablettes pour la draft NBA. Auteur d’une très bonne dernière saison universitaire annoncée ici, il avait laissé la lumière à ses plus jeunes collègues après une légendaire défaite contre Loyola Chicago à la March Madness. Seulement, de nombreuses rumeurs, notamment celles de envergure.co, le profil d’Ayo Dosunmu aurait tapé dans l’œil du front office new-yorkais, faisant de lui une possibilité aux picks 19 et 21.
A vrai dire, cet intérêt se comprend. Dosunmu est un arrière expérimenté au haut niveau collégial, défenseur sur l’homme intense et qui a montré de vrais progrès offensifs durant son cursus universitaire. Rajoutez à cela des gros cartons en NCAA, et vous obtenez le profil-type de l’intérêt new-yorkais.
L’arrivée potentielle d’Ayo Dosunmu a le mérite de pouvoir adresser le manque de dynamisme offensif, tout en gardant le même niveau d’exigence défensif. Leader offensif d’Illinois, il a maintes fois démontré sa capacité à se créer son propre tir à trois niveaux : au cercle, où il affiche une réussite prometteuse de 65%, à mi-distance où il raffole de tirs contestés en sortie de séquence de dribble (40% de réussite) et à trois-points (39%, mais 87.5% de ses tirs étaient en catch-and-shoot). Son tir extérieur, lui aussi, sera une clé de son développement, au risque que les défenses NBA contiennent son jeu de percussion en le forçant à tirer à trois-points.
Rapide, long et explosif, Ayo Dosunmu est avant tout un scoreur sur pénétration. Bien aidé par les écrans XXL de Kofi Cockburn, il a montré une belle capacité à attaquer le cercle, mais semble toutefois manquer d’instincts de lecture de jeu. Très peu de passes complexes et une prise de décision que l’on devine faite avant l’action, il ne faut pas attendre de voir Ayo briller face à des défenses complexes. C’est ce point qui me fait douter de son potentiel en NBA, et qui pour moi limite son plafond : dans le meilleur des cas, celui où il développe son tir en catch-and-shoot et est capable de prendre des décisions rapides et judicieuses balle en main, il peut être une troisième ou quatrième option offensive d’une équipe qui joue les Playoffs. Dans le cas plus probable où son tir s’avère irrégulier et qu’il souffre du même souci de balles perdues qu’à l’université, on parle plutôt d’un joueur de sortie de banc capable de porter la balle sur des courtes séquences, mais qui devra trouver une utilité loin du ballon pour s’affirmer comme un joueur NBA sur le long terme.
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Nah’Shon « Bones » Hyland
Guard – VCU – 20 ans – 192 cm – 76 kg – 19.5 points/2.1 passes pour 3.1 balles perdues/37% à trois-points pour 7.8 tentatives en 32 minutes de jeu (Sophomore)
En voilà un nom qui monte durant les dernières heures de la draft !
Sous les radars durant la saison, Nah’Shones Hyland, dit « Bones », coqueluche du Draft Twitter américain, fait beaucoup de bruit ces dernières semaines. Apparemment auteur d’une impressionnante semaine d’entrainement avec les front offices NBA et d’une bonne prestation au match du Draft Combine, sa côte semble monter en flèche. Assez pour justifier d’investir le 19ème ou le 21ème choix, au risque de le voir partir avant le 31ème ?
Pierre angulaire de l’attaque de la petite fac de Virginia Commonwealth (VCU), dans la même conférence qu’avait dominée Obi Toppin, avec 30% d’usage, Bones a montré son panel incroyable de création de tir. Step back, side step, pull-up en sortie d’écran, en transition, l’homme a confiance en son tir. Près d’un tiers de ses 186 tirs à trois-points étaient en sortie de dribble cette saison, à des distances parfois Trae Jones-esques.
Sa menace perpétuelle au tir lui permet de mettre en avant une autre qualité, qui fait de lui un prospect spécial. Malgré un physique extrêmement longiligne (il serait le deuxième joueur le plus léger en NBA, juste derrière Isaiah Joe) qui fait craindre une fracture au moindre contact appuyé, Bones est un excellent joueur de percussion. Comme le fait remarquer Benoît Lelièvre, admirateur francophone numéro 1 de Hyland, son physique chétif l’a habitué à finir après le contact, en déséquilibre, faisant de lui un joueur qui n’a pas peur d’aller défier des intérieurs bien plus grands que lui. D’autant plus que ses grands bras (envergure de 205cm, + 13 !) lui permettent d’éviter et de contourner les contestations défensives. Si la longueur des défenseurs NBA devraient lui rendre la tâche plus compliquée, la menace de son drive ouvrira à la fois des opportunités de tir, et lui permettra de faire des lectures de jeu simples sur drive-and-kick. Un axe d’amélioration primordial selon moi sera sa capacité à provoquer des fautes en NBA, arme fatale pour joueurs chétifs qui peuvent plus facilement vendre un contact.
Le playmaking, parlons-en. Bones n’a pour l’instant de point guard que le physique. C’est un joueur à la mentalité de scoreur, bien aidé par le conxtexte de VCU qui ne lui en demandant rien d’autre. Ainsi, très peu de répétitions sur Pick and Roll complexe et de lecture des aides défensives. Si une capacité de porteur de balle principal dans une bonne équipe parait aujourd’hui un objectif difficile à atteindre, Nah’Shon Hyland pourrait briller dans un rôle plus modeste de scoreur de série en sortie de banc, ou à termes de dynamite dans un cinq de départ en manque de synergie offensive.
Loin d’un profil défensif, sa versatilité offensive semble avoir intrigué. Dans un registre proche de celui d’Immanuel Quickley, le fit ne semble pas évident. Mais comme rien n’empêche l’accumulation de talent, Bones Hyland ferait un très bon 32ème choix de draft. Un choix en 19 ou en 21 serait surprenant, mais viendrait apporter une solution concrète à l’amorphie offensive des Knicks.
Cible C : Un pari risqué sur un grand ailier créateur
Quoi de plus à la mode qu’un grand ailier dans la NBA moderne qu’un grand ailier, capable de créer pour lui-même, de tirer à longue distance et aux outils techniques suffisants pour assurer une création pour les autres correctes. Le récent succès des Hawks en playoffs est peut-être l’exemple archétypique de l’intérêt d’accumuler des grands ailiers de ce type (Huerter, Reddish, Hunter ont tous contribué) pour augmenter le plafond d’une équipe. Mais voilà, ces profils sont rares, hautement recherchés, et très certainement en dehors de la portée des Knicks. A moins que…
Les Knicks pourraient bien profiter de facteurs inattendus pour sécuriser un tel profil. Ainsi, Ziaire Williams et B.J. Boston, attendus solidement au sein de la loterie en début de saison, pourraient bien tomber dans les griffes de Leon Rose.
Wing – Stanford – 20 ans – 206 cm – 85 kg – 10.7 points/2.2 passes pour 2.9 balles perdues/29% à 3pts pour 4 tentatives, 42.7% à 2pts pour 6 tentatives en 28 minutes
Fiche Envergure I Fiche Café Crème Sport I Fiche Inside Basket
La transition entre le lycée et le niveau NCAA est parfois brutale. C’est d’autant plus vrai quand vous êtes un jeune ailier de plus de 2 mètres, ultra-dominateur dans toutes les catégories, responsabilisé d’entrée de jeu balle en main dans une des meilleures conférences du pays. Pas aidé par un effectif de Stanford décevant, Ziaire Williams a connu une saison universitaire bien en-dessous des attentes. Des pourcentages de réussite abyssaux, des pertes de balle à foison… oui mais voilà, la draft est aussi une affaire de risque et de récompense. Les Knicks semblent l’avoir compris, et font partie des équipes qui sont prêtes à mettre cette saison universitaire en perspective des nombreuses circonstances qui atténuent l’échec Williams.
Grand, très long mais très fin, la base physique de Ziaire Williams est à quelques séances de musculation d’être optimale pour la NBA moderne. Il a montré au lycée qu’il était capable, autour d’autres joueurs de talent (il a joué avec B.J. Boston, Jalen Green et Dior Johnson, probable top 10 de 2022), d’avoir un tir très fiable. Il a de même montré, tout au long de sa saison universitaire, des flashs de création pour lui et pour les autres qui laissent présager tout son potentiel offensif. Défensivement, si le physique frêle limite son potentiel immédiat, sa longueur et ses fondamentaux lui ont permis d’être un bon défenseur NCAA, assez rare pour un Freshman, tout comme pour un rookie en NBA.
Si Ziaire Williams glisse jusqu’à la 19ème place, et que le Front Office est prêt à se lancer dans un projet de développement sur plusieurs années, alors Ziaire Williams apparait comme un no-brainer. Surtout que ce dernier semble intéressé par le projet new yorkais.
« I worked out with the Knicks — I loved it there, too. It was a great workout and intense. I loved World Wide Wes. He’s my guy. That dude is a character. I met coach Thibodeau. I met all the guys. A super-great staff. Real passionate about their jobs. I would love to go to the Knicks for sure. »
Peut-être le seul moyen pour les Knicks de repartir avec un joueur au potentiel all-star à la 19ème place, attention à ne pas privilégier un faux sentiment d’urgence et laisser passer un fort talent au profil précieux, potentielle deuxième ou troisième option offensive dans une équipe qui joue le titre dans le meilleur de cas, bon joueur de complément sinon.
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B.J. Boston
Wing – Kentucky – 19.7 ans – 201 cm – 88 kg – 11.5 pts/4.5 rebonds/38% à 2pts pour 7 tentatives, 30% à 3pts pour 4 tentatives en 30 minutes (Freshman).
Fiche Envergure I Fiche Café Crème Sport I Fiche Inside Basket
Si Ziaire Williams n’est plus disponible en 19ème et que les Knicks sont en effet à la recherche d’un ailier initiateur, alors Brando Boston Junior peut être un lot de consolation intéressant. Dans un scénario semblable à celui de Ziaire Williams, BJ Boston ne devait pas être une possibilité au-delà de la loterie. Auteur d’une saison morose dans le contexte on ne peut plus morose de Kentucky, Boston semble bien loin des promesses affichées au lycée. Sensiblement moins explosif, il a souffert de la transition vers l’université. Avec des défenseurs plus longs, les tirs à mi-distance contestés au centre de son jeu en high-school étaient moins efficaces, une tendance qui sera exacerbée en NBA. En difficulté avec son tir, malgré une amélioration à trois-points sur ses dix derniers matchs (42%), il a toutefois montré des flashs ici et là du joueur qu’il peut être : un poste 3 capable d’exploiter les décalages créés par ses coéquipiers grâce à un tir en pull-up et une longueur de segments, et sporadiquement d’utiliser son handle pour se créer des opportunités.
Encore un joueur projet, qui a montré une belle résilience et a montré de belles choses en fin de saison à Kentucky, mais qui va nécessiter deux années minimums de développement avant d’être un joueur au rendement positif. Difficile d’estimer son plafond, tant il sera dépendant du contexte de son développement durant ses premières années en NBA. A ce titre, il rappelle un certain Kevin Knox, au profil similaire, provenant de la même université et qui avait vécu les mêmes déceptions universitaires.
La filiale Kentucky-Knicks pourrait faire un nouvel heureux. Si New York n’apparait pas comme une place forte du développement des joueurs projets en NBA, peut-être que la présence de Kenny Payne, ancien assistant coach de Kentucky, pourrait permettre à cette tendance de s’inverser. En 19 ou en 21, la pression et les attentes pourraient être trop grandes sur le jeune Boston, qui a connu, faut-il le rappeler, des derniers mois compliqués avec la disparition de son ami et coéquipier Terrence Clarke. S’il est encore disponible en 32 et que les Knicks n’ont pas sélectionné Ziaire Williams auparavant, alors le jeu en vaut la chandelle.
Cible D : Un spécialiste du tir à trois-points (et plus si affinités)
Les Knicks déclaraient récemment vouloir trouver leur Kevin Huerter au cours de cette draft. Comprendre ainsi un grand ailier, très bon tireur à trois-points. Peut-être faut-il rappeler ici l’excellent prospect qu’était Kevin Huerter à sa sortie de Maryland, ayant prouvé être bien plus qu’un tireur. Un spécialiste du tir à trois-points devrait pouvoir être trouvé avec l’un des deux choix 19 ou 21. Certains semblent même rentrer dans le moule du « plus qu’un tireur » de Kevin Huerter (Trey Murphy III), d’autres se rapprochent du traditionnel profil 3&D (Chris Duarte, Quentin Grimes). Note : les profils se font ici plus courts, le fit de n’importe quel joueur pouvant tirer à trois-points chez les Knicks n’ayant pas besoin d’être élaboré.
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Trey Murphy III
Wing – Virginia – 21.1 ans – 206 cm- 93 kg – 11.3 pts/3.4 rebonds/43.3% à 3pts pour 3 tentatives sur 4.8 tentatives en 29.6 minutes.
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Mon premier choix dans cette catégorie des spécialistes du tir, Trey Murphy III est une autre coqueluche du Draft Twitter. Aux capacités de création limitées mais typiquement dans le profil du tireur d’élite aux capacités athlétiques nécessaires à une bonne défense en NBA, le joueur passé par Rice et Virginia connait son rôle. A 70% de réussite près du cercle, sa grande taille et son envergure interminable (213 cm, +7) permette d’envisager quelques attaques du cercle si la défense respecte trop son tir. La défense individuelle aura définitivement besoin d’amélioration, mais sa longueur est alléchante dans un système qui demande autant d’aides défensives. Un fit parfait avec l’effectif, Trey Murphy III est une valeur sûre qui devrait être sauf tremblement de terre disponible au 21ème choix.
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Chris Duarte
Guard/Wing – Oregon – 24 ans – 198 cm – 86 kg – 17.1pts/2.7 passes/4.6 rebonds/1.9 interceptions/42.4% à 3pts pour 5.5 tentatives sur 34.1 minutes (Sophomore NCAA après deux saisons en Junior College)
Fiche Envergure I Fiche Café Crème Sport I Fiche Inside Basket
Encore un joueur que je n’imaginais pas dans la shortlist des Knicks, c’est pourtant ce que les rumeurs laissent entendre. Apparemment prêts à sacrifier des assets pour se rapprocher du haut de la draft et avoir une chance de le sélectionner, les Knicks semblent incandescents sur l’ancien joueur d’Oregon. Dans la continuité du choix Obi Toppin, Duarte serait un rookie bien plus vieux que beaucoup de ses coéquipiers : il est d’un an l’ainé de Frank Ntilikina, drafté il y a trois ans. 24 ans déjà donc, une donnée à prendre en compte.
Duarte n’offre pour moi pas les garanties attendues d’un joueur de 24 ans en NBA, encore moins d’un joueur choisi en fin de loterie. Tireur capable, dans un style plus diversifié que Trey Murphy, de dégainer en mouvement comme à l’arrêt à des pourcentages très compétitifs, il n’a pas montré une aisance balle en main nécessaire pour être menaçant pour les adversaires.
Si j’admire le parcours individuel du joueur, j’ai du mal à voir l’attrait qu’il représente au milieu du premier tour, si ce n’est l’assurance de ne pas choisir un bust total. Si Trey Murphy est parti au moment du 21ème choix et que Duarte est encore disponible, un front office conservateur et qui tend à préférer les joueurs à l’expérience NCAA comme les Knicks pourraient craquer, au risque de passer à côté d’un joueur à fort potentiel.
Conclusion
Du dynamisme offensif sans pour autant sacrifier la défense, voilà le fil conducteur que je vois les Knicks adopter au cours de la draft. Une draft réussie pourrait ressembler à un assemblage d’un joueur à la production immédiate (Cooper/Murphy/Duarte) à un joueur à plus fort potentiel. L’hypothèse d’un trade up me paraissant utopique, les Knicks ne devraient pas tirer une future superstar de cette draft 2021. Le front office a toutefois prouvé leur capacité à aller chercher une production importante tard dans la draft, espérons que 2021 en soit une nouvelle manifestation. Tous profils confondus, voici ainsi mon Big Board final spécifique aux Knicks pour les choix 19 et 21 :
- Ziaire Williams (trade-up en fin de loterie ou en 19 s’il y glisse)
- Sharife Cooper (s’il est encore dispo en 19, prendre le pari qu’ATL (en 20) ne sélectionne pas un autre meneur de petite taille et le choisir en 21)
- Jaden Springer (s’il est encore en dispo en 19, il faut le prendre sans hésitation)
- Trey Murphy III (ne devrait pas glisser au-delà du premier tour, à sélectionner en 21ème si le Front Office le veut absolument)
- Miles McBride (si Jaden Springer et Sharife Cooper sont partis avant le 19ème pick, Miles McBride est un très beau lot de consolation au 21ème choix)
- Chris Duarte (valeur sure parmi les valeurs sûres, à sélectionner au 21ème choix au risque de ne pas le revoir au 32ème choix)
- Ayo Dosunmu (pourrait être disponible au 32ème choix, le 21ème serait un reach important)
- Bones Hyland
- B.J. Boston (excellent choix en 32, pari risqué sponsorisé par le pipeline Kentucky en 21ème)