Clap de fin en Arizona, le soleil se couche. Les Suns ont probablement perdu la guerre, mais ils ont gagné de nombreuses batailles. À commencer par le respect retrouvé pour une franchise, qui a été trop souvent, trop longtemps, éloignée des terrains quand arrivent les Playoffs. Phoenix a perdu, mais ressort la tête haute, avec l’honneur, et le mérite d’avoir réalisé de fantastiques Playoffs. Ils seront tombés face à Milwaukee Giannis, plus fort tout simplement, mais ces Finales perdues n’enlèveront rien à la qualité de leur parcours. Entre des débuts plus que prometteurs, et des joueurs expérimentés qui commencent à s’impatienter, il est temps de se pencher sur les Playoffs grandioses des Suns. Il conviendra plus tard de se poser des questions sur l’avenir de la franchise car il ne fait aucun doute, que cette équipe saura apprendre de cette saison pour revenir plus fort l’année prochaine. Avec Booker à sa tête, le Phoenix renaîtra de ses cendres.
Booker/Ayton : un vent de fraîcheur dans le désert
Avec respectivement, 24 et 22 ans, ces deux futures stars ont marqué de leurs empreintes ces Playoffs. Si cette ultime défaite au match 6 aura été marquée par leur incapacité à se démarquer, elle n’enlèvera rien à leurs sublimes débuts.
Un patron dans la raquette
Honneur au plus jeune pour commencer : le bahaméen Deandre Ayton. Le jeune pivot a été au cœur des matchups clés de chaque série. Anthony Davis (partiellement)/Nikola Jokic/le small ball des Clippers/ et enfin la paire Lopez/Antetokounmpo. Malheureusement pour lui et pour les Suns, il n’a pas été au niveau espéré face aux Bucks. Plus exposé, mieux défendu, Ayton a connu des finales compliquées, en dessous de ses standards affichés aux tours précédents. Lors des trois premiers tours cumulés Deandre tourne en 16,2 points et 11,8 rebonds à 70,5% de réussite au tir. Face aux Bucks sa production offensive a légèrement diminué avec 14,66 pts, 12 rebonds à « seulement » 53,1% de réussite à mi-distance. Le marqueur le plus criant de sa baisse de réussite au tir s’observe au niveau de son hook shot qui a été bien mieux géré par les Bucks. Alors qu’il tournait à plus de 65% de réussite quand il tentait ce type de tirs sur les trois premiers tours, contre seulement 30% de réussite face à Milwaukee.
Il faut dire aussi qu’Ayton n’a pas été aidé par ses fautes. Lui qui n’avait encore jamais atteint les cinq fautes sur l’ensemble des Playoffs, a connu deux rencontres à cinq coups de sifflets contre lui lors des finales. Malgré cela Ayton a été plus que sérieux défensivement sur l’ensemble des Playoffs. Parmi tous les joueurs ayant atteint à minima les finales de conférence, Ayton possède le deuxième meilleur pourcentage de différence de points. En moyenne le pivot des Suns faisait baisser le pourcentage de réussite de son adversaire de 11,7% par rapport à la normale.
Il faut aussi garder en mémoire sa plus belle prestation lors de ses Playoffs face aux Clippers lors du match 2. 24 points et 14 rebonds avec 80% de réussite au tir, mais surtout un game-winner d’anthologie sur un alley-oop à 0,9 secondes du terme. Pour conclure sur les premiers playoffs d’Ayton : certes, il a effectivement été un petit cran en dessous au cours des finales, mais il faut malgré tout rappeler que ces Suns n’auraient probablement jamais atteint la dernière marche sans son apport qui va bien au-delà des statistiques traditionnelles.
Le rayon de soleil Booker
Place à Devin Armani Booker désormais. Nous avions déjà évoqué ses débuts sur les chapeaux de roue pour sa première série en playoffs, et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas baissé de rythme. Il conclut son exercice avec 27,3 points, 5,6 rebonds et 4,5 passes décisives par match. Malheureusement il n’y aura pas de bague au bout, mais un signal envoyé à toute la planète basket : Il faudra compter sur sa présence pour les années à venir. Lui qui avait été très constant depuis le début de la postseason a connu des finales un peu plus irrégulières, à l’image de son équipe.
On peut mettre de côté deux matchs particulièrement difficiles, le match 3 ainsi que le match 6, respectivement 10 et 19 points inscrits dans ces deux matchs avec de faibles pourcentages au tir. 11/36 au tir sur le cumul de ces deux matchs mais surtout un douloureux 1/14 à trois points. Le tout accompagné d’un +/- de -28 au total. Mais entre 3 et 6 il y a ? 4 et 5 : bonne réponse. Au cours de ces deux matchs, Devin a tout tenté pour renverser la vapeur. À la vue des difficultés rencontrées par ses partenaires, il a voulu prendre les choses en main. Cela s’est traduit par un usage rate de 43% en moyenne sur ces deux matchs, contre 27,6% sur le reste de la série. Sur les matchs 4 et 5 le Book’ a pris 45% des tirs tentés par son équipe, il n’avait jamais autant pris les rennes sur ces Playoffs, son deuxième plus haut pourcentage remonte au match 5 face aux Lakers. Il avait alors tiré 35,4% des shoots tentés par les Suns.
En patron, Booker signe un back-to-back à plus de 40 points. Devenant ainsi le septième joueur de l’histoire à réaliser cette performance. Pour continuer dans les records, Booker est devenu le détenteur du plus grand total de points inscrits pour des premiers playoffs avec 601 unités, (devant Rick Barry et ses 521 points). Il rejoint également ce même Rick en devenant le deuxième joueur de l’histoire à cumuler dix matchs ou plus à plus de 30 points lors de premiers playoffs. Le seul bémol est que ces deux énormes cartons n’ont pas rapporté la moindre victoire à Phoenix. Ces deux prestations individuelles sont le symbole de la dislocation du jeu collectif des Suns qui se retrouve sur les épaules d’un seul Homme. Ce seront finalement des records qui importent peu pour Booker qui espérait plus que tout ramener une bague en Arizona. Ce ne sera pas pour cette année, mais l’important est ailleurs.
Il faut désormais tourner son regard vers l’avenir, ce n’est que la première fois que l’on voit cet homme en Playoffs, et on espère le revoir encore longtemps. Il l’a d’ailleurs annoncé après la défaite, cette expérience ne fait que poser les bases de cette jeune équipe, il ne reste plus qu’à laisser le temps faire les choses.
Chris Paul : la dernière danse ?
S’il existe un joueur qui attendait tout particulièrement cette bague, c’est bien Chris Paul. À 36 ans, le Point God voyait en ces Finales l’occasion de faire basculer sa carrière dans une autre dimension. Il n’en sera rien, tout du moins, pas pour le moment.
Nous nous attendions à revoir le CP3 incisif, percutant, et décisif que nous avions pu admirer jusqu’ici. Force est de constater qu’il a été dépassé par les événements. Il semblait moins en jambes, moins sûr de son jeu et surtout il perdait un nombre faramineux de ballons. Il jouait face aux Bucks, la 23ème série de Playoffs de sa carrière. Avec 3,5 ballons perdus par match en moyenne, il réalise sa troisième pire performance, derrière ses 3,6 ballons perdus face à Golden State en 2014, et les 4,8 pertes de balle face à Denver en 2009. C’est simple, il n’a perdu qu’un seul ballon de plus sur les trois premiers tours cumulés (22), qu’au cours de ces finales (21).
Les turnovers servent d’indicateur de sa méforme étant donné que ses lignes statistiques sont restées sensiblement les mêmes durant ces Playoffs. Mais ces chiffres étaient bien loin de refléter la réalité du terrain. Il n’aura jamais réussi à maîtriser le tempo envoyé par les Bucks, le maestro semblait perdu au milieu de son orchestre, sans baguette. CP3 était tout simplement moins bon, et cela a coûté très cher à Phoenix.
Sans leur métronome au niveau, les Suns ont déjoué et sont retombés dans leurs travers. Mais comme l’a dit Booker, cette défaite n’est qu’une étape du processus, et si Chris Paul devrait en toute logique poursuivre son aventure en Arizona, il ne faudrait pas que le process s’éternise, car à la fin de la journée, aussi brillant a-t-il pu être, le soleil se couche.
Le mot de la fin :
Bien sûr il y avait énormément d’autres protagonistes à mentionner, sans qui ces Suns n’en seraient pas là, à commencer par le coach Monty Williams, mais ces trois là formaient le socle de cette franchise. Malgré la défaite, ces Suns nous auront fait rêver en proposant un basket d’une excellente qualité. À la fin, c’est la meilleure équipe qui l’emporte, et qui sait ? Avec ce cap franchi cette saison, rien ne dit qu’ils n’auront pas une deuxième opportunité l’été prochain…