On savait que l’affrontement entre Nets et Bucks serait sanglant. Entre un système bâti autour d’immenses stars offensives pour Brooklyn et la puissance des Bucks, on imaginait une longue série. L’histoire aurait pu être tout autre tant les Nets ont démontré être bien plus qu’un amoncèlement de talents. Impliqués en défense, trouvant des role players pour remplir les cases, ils auraient probablement écarté Milwaukee sans les blessures d’Harden puis d’Irving. Peu importe la raison, les Bucks sont passés et retrouvent le petit poucet de ces Playoffs.
Portés par Trae Young, les Hawks ont réussi à faire déjouer un adversaire ultra-favori. Sans peur, Atlanta profite d’une post-saison où chaque victoire ressemble à du plus. Et va, évidemment, tenter de continuer la balle aventure durant ces finales de conférences.
Le révélateur du 2eme tour
Deux combats, deux réponses différentes face à l’adversité. Milwaukee a commencé par subir deux humiliations face à un Big Three des Nets en mission pour affirmer leur autorité et leur légitimité. Oui Harden et Irving se sont alors blessés, oui le plan de jeu des Nets ne s’est résumé sur la fin de la série qu’à faire jouer KD en isolation, mais il faut louer la force mentale de ces Bucks, qui ont haussé le niveau collectif pour surmonter l’obstacle, à l’image d’un PJ Tucker au four et au moulin sur Durant. Avec un Giannis qui se rapproche de plus en plus du Shaq et une pointure de chaussure trop grande chez KD, Milwaukee a fini par terrasser la bête noire de l’Est.
Atlanta de son côté ne cesse de dépasser les attentes placées dans cette jeune équipe. Les Knicks de Randle vaincus sans trembler, il appartenait initialement aux Hawks de “simplement” faire de leur mieux face à un des plus gros contenders de la ligue, les 76ers, qui affichaient clairement leurs ambitions de titre. Au final, nous aurons eu droit à une première victoire arrachée par Atlanta, portée par un Trae Young incandescent, avant de voir une course effrénée entre les deux équipes. Philadelphie, comme souvent, saura appuyer là où ça fait mal en ralentissant son jeu, en faisant souffrir les Hawks à chaque impact, à chaque prise de position, avant de déchaîner le monstre Embiid, qui a semblé plus inarrêtable que jamais. Philly recolle à 2-1, mais à l’image d’un Ben Simmons en manque de confiance, les 76ers peinent à achever le faucon blessé. Atlanta prendra les deux suivants remontant des avances très confortables, Philly le sixième, et là aussi : game seven.
Dans un match à fort enjeu, Atlanta répondra encore une fois avec un collectif courageux et en mission. Collins, Capela, Gallinari vont à nouveau hausser leur niveau de jeu avant que Huerter et ses 27 points ne viennent porter le coup fatal. Les cloches ne sonneront pas à Philadelphie, et David a terrassé Goliath. Avant de remettre le couvert face aux Bucks ?
Affrontements en saison régulière
Rapide passage sur cette section. Peu d’affrontements de cette série semblent représenter un réel intérêt. Milwaukee a remporté 2 des 3 rencontres de ce match-up. Le premier, en début de saison face à une équipe des Hawks en chantier et encore mené par Lloyd Pierce sur la descendante. Écrasés, les Hawks évoluaient sans Trae Young et Capela et étaient menés par Rajon Rondo.
Le second match fut une nouvelle victoire des Bucks. Probablement le match le plus proche de ce que pourrait être cet affrontement. Tandis que le troisième s’est à nouveau joué sans Young, même s’il s’est terminé par une victoire d’Atlanta. Toutefois, il convient de rappeler qu’il s’est réalisé dans une épuisante série de rencontre pour la troupe de Mike Buldenhozer, en plein back-to-back.
Que retenir toutefois, notamment autour du game 2 ?
Tout d’abord, la défense en drop de Milwaukee. On sait que les Bucks s’appuient sur une défense en drop depuis l’arrivée de leur coach à Milwaukee. Clé de voute de leur défense, ce schéma sera important ici, puisque, Trae Young, pièce centrale du jeu d’Atlanta est un grand d’adapte du Pick&Roll. C’est d’ailleurs sur cette phase de jeu que son duo avec Capela a littéralement découpé la défense des Sixers, notamment sur le game 6, et ce malgré la pléthore de bons défenseurs pour s’opposer au lutin à Philly. L’objectif pour les daims, comme l’explique Eric Nehm dans cet article, sera de forcer Trae Young à vivre dans l’entre deux (sur des tirs à mi-distance). Bien doté pour défendre sur lui, notamment avec Jrue Holiday, ces derniers vont forcer le meneur à s’appuyer sur son floater et des tirs proches du panier. Brook Lopez, comme face au Heat ou à Brooklyn cherchera à s’éloigner le moins possible de sa peinture. Comme ici :
L’agressivité de la défense doit barrer la possibilité de pull-up à 3 points et forcer la pénétration. Pas à l’aise sur ce point dans son unique match face à Milwaukee cette saison, Young a par ailleurs tourné autour des 46% en carrière dans cette zone. Dans tous les cas, on imagine que les Bucks se contenteraient volontiers que cette zone intermédiaire soit sa principale source de points, lui dont le tir longue distance et la facilité à naviguer vers la raquette permet aux Hawks d’être un danger permanent. Alors que Young a régalé sur ces playoffs, c’est peut-être un match-up plus difficile qui l’attend cette fois-ci.
Ce qui n’est pas le cas de tout le monde.
Les Hawks vont en effet pouvoir attendre plus de Capela sur cette série. Après un tour difficile à défendre sur le monstre Joël Embiid, le pivot suisse va pouvoir respirer. Certes Brook Lopez essaiera de l’emmener au large, en revanche, il pourra contribuer plus fortement en attaque. Lui qui n’a pesé que 10,4 points face aux Sixers pourra obtenir beaucoup plus de points faciles. Puisque Brook Lopez devra priver l’accès à la raquette pour Young (ou autre joueur de P&R comme Lou Williams) sur de nombreuses séquences, ce sera l’occasion pour les roll man (Capela, Collins) de rouler vers le cercle. S’ils arrivent à s’élever rapidement, ils devraient bénéficier de beaucoup d’entry pass et alley-oop de qualité. Un point capital pour exposer les Bucks et forcer Giannis à s’employer sur les aides.
Enfin, le dernier point sera de choisir son poison. Après un tour très compliqué où Kevin Durant a exposé sans fin sa faculté à scorer de n’importe où, Milwaukee a une leçon à retenir au moment d’approcher Atlanta. Personne ne représentera un challenge aussi létal que KD, mais Young est ce qui s’en rapproche le plus. Or, les Bucks ont vaincu en isolant la star de Brooklyn. Les gros moments d’absences de Joe Harris, entre autres, ont permis aux Bucks de l’emporter. Si Milwaukee arrive à forcer Young à prendre les tirs qu’ils souhaitent, alors il faudra accepter les points que cela génère éviter les aides intempestives. Les Hawks ont montré avoir une multitude de shooteurs dangereux capables de vous sanctionner de loin : Kevin Huerter, Bogdan Bogdanovic, Danilo Gallinari, John Collins ou encore Lou Williams. Et ces tirs seront bien plus rentables pour Atlanta que le jeu à mi-distance de Trae Young.
Match ups et clés de la série
Enfin exposer Trae Young !
Il ne fallait pas douter de la faculté de Trae Young à mettre le désordre dans une défense. Le lutin est une star offensive parmi les plus dangereuses et les plus dures à garder de la ligue. En revanche, il était longtemps annoncé comme une problématique à planquer en défense pour son équipe. Pourtant, jusqu’ici, aucune équipe n’a su exploiter la faible envergure du meneur ou ses problèmes défensifs. Ni les Knicks, ni les Sixers n’ont réussi. Et plusieurs fois, vous avez vu Young sur Simmons, pourtant 20cm plus grand et ce dernier, incapable de le punir.
En réalité, ni New York, ni Philadelphia ne possédait ce porteur de ballon dynamique capable d’exposer Young. Et la principale faiblesse du joueur pourrait ressembler à ce fantôme maintes fois décrit, mais jamais vraiment révélé. Ne soyez pas dupes : cette faiblesse existe bel et bien. Les Bucks représentent un gros challenge pour Atlanta de ce point de vue, et la chasse au mismatch favorable que les précédents adversaires n’ont pas mené pourrait bien débuter. Ici, on peut s’attendre à voir Jrue Holiday et Khris Middleton mener la chasse au jeune faucon. Un élément qui pourrait être décisif pour obtenir des ouvertures faciles vers les intérieurs adverses, et forcément, des tirs à haut pourcentage (raquette) ou des passes faciles pour des shooteurs.
Évidemment, cette chasse ne devra pas être réservée qu’au seul meneur. Milwaukee possède un panel intéressant de joueurs dont ils pourraient abuser. Si la taille de Trae Young en fait un élu de choix, Danilo Gallinari, Lou Williams voire Bogdan Bogdanovic sont de bonnes cibles pour Jrue Holiday, Khris Middleton et évidemment, Giannis Antetokoumpo.
Bonne nouvelle néanmoins pour Atlanta, il reste des joueurs sur qui cacher Trae Young : Pat Connaughton, Brynn Forbes ou PJ Tucker sont tous des joueurs qui n’attaqueront pas le joueur balle en main.
Clint Capela peut-il le faire sur Giannis ?
Pendant longtemps, la clé d’une défense efficace sur Giannis a semblé être la suivante : détenir un ailier athlétique pour garder le grec et positionner un rim-protector poste bas pour abattre ses tentatives. C’est ainsi, par exemple, que Kawhi Leonard positionné sur Antetokoumpo avec Ibaka ou Gasol dans la raquette, a permis à Toronto de revenir d’un 0-2. Ou ainsi que le Heat a pu s’appuyer sur leurs ailiers polyvalents et Adebayo pour exposer le grec.
Le souci ici, c’est que les Hawks ont bel et bien cet excellent défenseur dans la raquette pour contester Giannis en haute altitude. En revanche, ils ne possèdent pas cet ailier capable de vraiment lui mener la chasse au large, d’éviter qu’il prenne son élan en transition, etc. En effet, si De’Andre Hunter voire Cam Reddish possèdent le profil pour s’essayer à cette tâche, ni l’un ni l’autre ne sera en tenue durant la série. Dès lors, il faudra se contenter des efforts des coéquipiers valides, pas vraiment taillés pour les travaux et des instincts défensifs de Capela ou Okongwu pour tenter de le défier.
La chasse au rebond ?
La patte McMillan se fait sentir depuis sa prise de pouvoir sur le banc des Hawks, avec une paire d’intérieurs de haute voltige et un effort collectif incarné par les Bogdanovic, Huerter et autres Gallinari. Si Atlanta n’aligne pas l’effectif le plus athlétique, l’équipe ne manque pas d’envie et d’esprit du sacrifice. Il faudra au moins ça pour empêcher Lopez, Giannis et consorts de bénéficier de 2nde chance qu’ils sont allés chercher avec force dans la fin de série contre les Nets, pour punir le secteur intérieur faiblard de Brooklyn.
En effet, côté Milwaukee, Mike Buldenhozer, bien embêté par un trident KD-Harden-Irving saignant – surtout le premier, à vrai dire – a dû vider sa raquette pour empêcher la pluie à 3 points des Nets de sévir. Milwaukee a ainsi jouer sans sa plus grande force, a fait le dos rond, mais a compensé en chargeant sans cesse dans la raquette des Nets pour capter le moindre rebond offensif sur la fin de la série, avec une raquette surchargée au moindre tir, voire au moindre drive.
L’avantage athlétique de Milwaukee est indiscutable, et même si les intérieurs des Hawks sont imposants, il pourrait profiter de leur force comme sur l’ensemble de cette campagne de Playoffs (1er au % de rebonds captés)
Pronostic et mot de la fin
Les Bucks ont enfin dépassé leur plafond de verre, fatigués, mais portés par un monstre en quête d’un titre. Milwaukee a la rage et ne voudra laisser aucune chance à Atlanta. Plus d’expérience, plus de profondeur, autant de détails qui compteront en fin de match lorsqu’il faudra sécuriser une victoire ou arracher une prolongation. En outre, se retrouver face aux Hawks doit représenter une source de motivation supérieure pour eux. Éviter les Sixers, kryptonite de Giannis grâce à leurs grands ailiers et la présence du géant camerounais dans la raquette est une bénédiction. Donte Di Vicenzo est le seul absent de l’équipe. Leurs stars sont dans leur prime. C’est une chance unique de rejoindre les Finales NBA dont ils disposent.
Atlanta risque bel et bien cette fois de voir sa saison se terminer. L’opposition n’est pas nécessairement très supérieure, mais elle sera mieux coachée et bénéficie des match-ups plus avantageuses. Les Bucks ont déjà dominé deux fois cette saison les Hawks, qui, même s’ils ont dépassé toutes attentes et ne cessent de progresser, ne semblent pas encore prêt pour rentrer dans le dernier carré de la NBA.
Milwaukee Bucks 4 – 2 Atlanta Hawks
