Les Knicks semblaient confiants à l’approche des Playoffs. Détenteurs de l’avantage du terrain dans un Madison Square Garde fin prêt à accueillir des fans, face à une équipe des Hawks qui semblait tout à fait fait à leur portée, l’optimisme était de rigueur. D’autant que ces mêmes Hawks, avaient le bon goût d’avoir une équipe jeune, qui ne donnait pas l’impression d’avoir plus les moyens qu’eux de gagner des matchs au vice et à l’expérience.
Forts de leur belle défense et d’un Julius Randle fraîchement nommé MIP de la saison, beaucoup se préparaient à une série qui dure, certes, mais à l’issue victorieuse.
Après ce Game 3, l’optimisme devrait pourtant avoir changé de camps. Alors que New-York pensait avoir quelques atouts indéniables, leur principale force offensive semble bien empruntée. Et malheureusement pour eux, les déboires de Julius Randle, en travers depuis le début de la série, n’est pas dû à une mauvaise gestion de la pression des Playoffs, mais bien à un schéma défensif simple, contre lequel Tom Thibodeau n’arrive pas à trouver de réponses.
Julius Randle, la chute
En saison régulière, Julius Randle a prospéré contre les Hawks. La ligne de statistique parle d’elle-même : 37,3pts, 12,3rbds, 6,7asts le tout à 58,1% au tir donc 50% à 3 points sur 3 rencontres.
Playoffs oblige, on imaginait forcément que le rendement du joueur serait moindre, alors que l’énergie défensive serait galvanisée, les publics de retour dans l’équation et la pression inhérente à un rôle important plus forte. Sauf qu’on n’imaginait pas réellement que le changement serait aussi brutal.
Sur autant de rencontres qu’en saison régulière, le rendement de Randle est pire que faible, il est en train de causer la perte des siens : 14,7pts, 11,3rbds, 3,3asts à 24,1% au tir dont 30% à 3 points.
Les Playoffs sont souvent un test pour les joueurs. Dans une série où chaque rencontre compte, les coachs commencent à concocter des plans attitrés aux stars adverses. Les défenses sont plus concentrées et c’est souvent un excellent moyen de tester les ressources de certaines stars. Malheureusement, Tom Thibodeau est jusqu’ici sans réponse pour venir secourir son protégé. Pourtant, le plan de Nate McMillan est simple, mais le tacticien des Knicks se heurte à une réalité : il n’a pas l’effectif pour répondre très efficacement à ce plan. Et dans le même temps, Randle ne semble pas avoir les ressources pour développer son jeu malgré les embuches.
Le plan Nate McMillan
Le constat était simple pour les Hawks. Bien qu’ils ne soient pas une bonne défense (18eme defensive rating en saison régulière), ils affrontent une équipe pauvre en talent offensif et qui ne permet pas nécessairement de faire payer des choix défensifs sur la star adverse. Par ailleurs, Julius Randle est un intérieur mobile qui a pris de l’importance en développant la fiabilité de son tir à 3 points, mais qui a besoin d’attaquer la raquette pour prendre ses tirs et aller provoquer des fautes. Sa mobilité lui permet à la fois d’obtenir ses points (environ 38% de ses tirs dans la restricted area ou la raquette), mais également de créer des décalages qui lui permettent de développer son jeu de passe.
Nate McMillan a donc fait simple : puisqu’il possède deux intérieurs dissuasifs (Clint Capela, évidemment, mais aussi le rookie Okongwu), ces derniers doivent venir en aide pour bloquer l’accès au cercle et donc à la zone préférentielle du joueur. Il ne met pas ses meilleurs défenseurs sur Randle (John Collins, Danilo Gallinari), mais puisque celui-ci n’a pas un premier pas ravageur, Collins & Gallinari arrivent relativement bien à le suivre et profitent de la dissuasion proposée par leurs intérieurs. Pour mieux comprendre ce qui se joue, je vous propose ci-dessous le montage réalisé par Guillaume de Basket-Infos, que je vous invite à aller le suivre sur Twitter :
Le schéma est alors simple : soit son vis-à-vis arrive suffisamment bien à le garder pour que l’aide l’oblige soit à renoncer, soit à prendre un tir compliqué à mi-distance. Soit, s’il dépasse son défenseur, alors il doit ensuite marquer malgré l’aide, comme c’est le cas sur la 3eme séquence de la vidéo.
Pourquoi cela fonctionne ?
Vous vous direz certainement que le plan est on ne peut plus simpliste, et que si aide il y a, cela créé forcément une opportunité de scorer pour un autre joueur. Jusqu’ici, nous sommes d’accord. Alors pourquoi cela fonctionne ?
Tout d’abord, il faut comprendre que Julius Randle pourrait très bien se sortir de ce piège s’il était plus dangereux à mi-distance. Par exemple, Devin Booker rencontre certes des difficultés fasse aux Lakers. Mais lui, oblige la défense à contester de près chaque tir dans cette zone. Le problème, c’est que si Randle est un finisseur correct près du cercle et est devenu une vraie menace à longue distance, il est suffisamment médiocre dans l’entre-deux pour que la défense veuille qu’il prenne des tirs, même sommairement défendus. En atteste sa shot chart de la saison régulière :
Vous noterez :
- Que la fréquence de tir est faible
- Qu’aucun zone ne rapporte plus de 0,93 par tirs pris (pas catastrophique, mais très acceptable pour une défense)
Or, il n’y a pas que le nombre de points rentrés qui a baissé entre la saison régulière et les Playoffs dans ce match-up (-22,3 pts !). Il y a aussi le nombre de passes décisives réalisées par le joueur (-3,4 !). Et logiquement, puisqu’il pousse l’adversaire à s’écarter de sa zone voire à venir en aide, il génère donc forcément une opportunité pour ses coéquipiers. Sauf que.
D’une part, il n’arrive pas suffisamment à obliger des aides franches pour créer des passes faciles. Mais en plus, les intérieurs qui partagent la raquette avec lui n’ayant pas les moyens de s’écarter (Taj Gibson, Nerlens Noël), il n’offre à la fois pas des tirs ouverts pour ces derniers, mais en prime, ces derniers sont la caution qui permet à McMillan et aux Hawks de prospérer sur cette simple protection d’arceau.
Quelle issue ?
Dès lors, trouver une issue apparaît compliqué pour les Knicks.
Le soucis, c’est que l’équipe a basé son succès sur sa défense (4eme defensive rating), mais qu’en face, les Hawks possèdent une star capable de créer de nombreux décalages en exploitant leurs difficultés sur pick & roll et une palanquée de shooteurs pour les punir. Idéalement pour New-York, il faudrait :
- Exploiter la mauvaise défense de Trae Young en attaque
- Exploiter le travail pour limiter Julius Randle en attaque
Le soucis, c’est qu’hormis Derrick Rose, personne ne semble à même de réellement mettre à mal son vis-à-vis et que ce dernier ne peut plus jouer 40 minutes par match sur l’ensemble d’une série. L’autre problème, c’est qu’hormis tester des compositions très small ball, il sera compliqué de libérer Julius Randle. Or, cela signifie pour Tom Thibodeau, qu’en ce faisant, il créerait de nouvelles faiblesses :
- Il perdrait énormément défensivement sans ses intérieurs
- Il s’exposerait à d’énormes difficultés au rebond (et donc à des secondes chances concédées)
Si à 1-2 seulement, la série est loin d’être terminée pour les Knicks, toujours est-il que le match-up avec les Hawks n’est pas évident. Et étant donné leur faible réserve en attaque, la logique énoncée durant les previews pourrait bien être respectée et sonner le glas d’une saison certes réussie, mais qui promettait plus compte tenu du niveau global de l’opposition.