Après deux rencontres de play-in tournament, les Wizards ont composté leur billet pour les playoffs 2021 au bout du suspens en venant à bout des Pacers d’Indiana. Ils gagnent donc le droit, avec cette 8è place de la conférence est, de se bagarrer dès dimanche 19h00 avec les Philadelphia 76ers, un match-up vraiment pas évident sur le papier. Parviendront-ils à accrocher les Pennsylvaniens et à nous offrir une série à suspens ?
Dynamiques de la fin de saison
Du côté des 76ers, que dire sinon que l’objectif officieusement fixé a été atteint avec brio ? Avec une première place longtemps occupée et scellée en fin de saison, les hommes de Doc Rivers ont fait ce que l’on attendait d’eux, ni plus, ni moins.
Dire que la saison de Philadelphie est facile à analyser relèverait de la pure mauvaise foi – et votre serviteur en a fait les frais en préparant cette preview. La principale difficulté, c’est bien évidemment les absences à répétition et à tour de rôle des trois cadres de l’effectif que sont Ben Simmons, Joël Embiid et Tobbias Harris.
Exemple ? Fin avril, les 76ers sont a priori dans une mauvaise passe, avec 4 défaites de rang contre des équipes playoffables, dont deux défaites coup sur coup face à l’un de leur principal concurrent à l’Est, les Bucks. Mais… sur ces 4 matchs, pas de Ben Simmons, et pas de Joël Embiid sur le dernier affrontement contre Milwaukee. Avant ces 4 défaites de rang, les 76ers ont battu coup sur coup Nets et Clippers… qui eux aussi alternaient entre un effectif complet et des absences notables, comme pour la majeure partie des grosses écuries de la Ligue qui ont dû jongler entre préservation des uns, blessures des autres, et protocole COVID pour tous.
Pourtant, en dépit de ces absences, les 76ers ont réussi à faire bien mieux que lors de la saison 2019-20, certes très atypique, en passant de 43 à 49 victoires (sur 73 matchs l’an dernier, 72 cette saison), mais surtout en passant de la 6è place à une première incontestable, devant les Bucks et Nets. Un joli 10-2 pour finir la saison et s’arroger la tête de conférence, qui dit mieux ?
Côté Wizards aussi, la fin de saison a été mouvementée, à l’image de leur exercice 2020-21. Qu’on se le dise : les fans des Wizards ne se sont pas relevés indemnes de cette saison. Entre désespoir de voir partir John Wall, grandes attentes pour le duo Westbrook-Beal, curiosité de voir le développement d’Hachimura et Avdija, grosses déceptions du début de saison avec un départ catastrophique (5-15 sur les 20 premiers matchs), et finalement regain d’espoir et tension maximum, les nerfs ont été mis à rude épreuve.
S’il devait y avoir un avant/après, on pourrait facilement choisir la date du 6 avril 2021 en point de bascule : non pas que le changement fut soudain, mais c’est à compter du début du mois d’avril que les Wizards vont entamer leur folle remontée vers leurs ambitions de playoffs. De 17 victoires pour 32 défaites au 5 avril 2021, Washington va passer à un bilan de 34-38 au dernier soir de la saison régulière, portés par un Beal toujours plus scoreur et un Westbrook historique : un bilan de 18-7 défaites en moins de deux mois pour venir arracher, au bout du play-in, la qualification tant souhaitée face aux Pacers.
Affrontements de la saison régulière
Philadelphia Sixers 3-0 Washington Wizards
Un sweep en bonne et due forme pour Philly dans les affrontements cette saison mais avec toutes les spécificités de cette exercice 2020-21, tout ceci est évidemment à prendre avec des pincettes. Surtout qu’entre nos deux équipes du jour, deux des trois confrontations se sont jouées dans les tous premiers jours de la saison.
Voyons un peu le détail :
- le 23 décembre 2021 – opening night : victoire des 76ers, 113-107 ;
- le 6 janvier 2021 : victoire des 76ers, 141-136, malgré un Bradley Beal tonitruant à 60 points, et un joli 7/10 longue distance ;
- le 12 mars 2021 : victoire des 76ers, 127-101, sans Ben Simmons.
Que retirer de ces trois confrontations ? A vrai dire, très peu de choses. Du fait de leur relative ancienneté, revenir sur la physionomie de ces trois rencontres pour tenter d’expliquer la confrontation à venir serait, si ce n’est inutile, d’un intérêt très limité. Mais plus encore que l’ancienneté de ces matchs, ce sont les changements qui ont affecté les deux groupes qui s’opposent à une véritable utilité d’une rétrospective.
D’un côté, les 76ers débarquaient dans cette saison 2020-21 avec des idées neuves, insufflées par les changements du front-office de l’intersaison et l’arrivée du nouveau coach, Doc Rivers. Inexorablement, ces arrivées allaient nécessairement laisser place à un temps d’adaptation. Difficile donc de juger le jeu produit lors de deux prestations de la première quinzaine de la saison.
Idem pour les Wizards, pour qui le changement était radical, avec l’arrivée en grandes pompes de Russell Westbrook. Et lorsque l’on sait que ce dernier a joué une bonne partie du début de saison blessé, laissant derrière lui des performances en dents de scie, il serait malhonnête de tirer quelconques enseignements de ces premières prestations, surtout au regard du dernier mois écoulé pour les Wizards, qui, comme nous l’avons souligné, ont fini la saison en boulet de canon.
Bref, plutôt que de regarder derrière, regardons devant.
Match-up & clés de la série
Joël Embiid : mais qui peut le stopper ?
51 matchs cette saison. A bientôt 27 ans et après 7 saisons en NBA, dont 2 blanches, Joël Embiid n’a toujours pas disputé la moindre saison complète, où au moins à 80%. Et pourtant, le pivot est dans les discussions pour le trophée de MVP de la saison, et on dirait même mieux : il l’est légitimement. La saison 2020-21 est en tout point phénoménale, que ce soit du point de vue statistique qu’en terme de domination. Voyez plutôt : 28,5 points, 10,6 rebonds, 2.8 passes décisives, 1 interception et 1,4 contres par match.
Jamais Embiid n’avait été aussi efficace balle en main depuis son arrivée en NBA que cette saison : 126.8 de PSA, plus haute marque en carrière (Points per shot attempt, soit le nombre de points inscrits par Embiid sur 100 possessions), mieux que 77% des autres bigs de la ligue. Et même en 51 matchs, les chantiers du pivot ont été nombreux, comme lors du premier affrontement entre Wizards et 76ers lors de l’opening night, avec 34 points et 19 rebonds.
Bref, Joël Embiid est monstrueux, et ce aussi bien offensivement que défensivement. Face à ça, que peuvent faire les Wizards ?
Malheureusement, la réponse ne nécessite pas de disserter pendant des heures : rien. Limiter la puissance d’Embiid semble, au regard du “matériel” dont dispose Scott Brooks, peine perdue. Pourtant, on aime beaucoup l’esthète qu’est Robin Lopez chez QiBasket, ou encore la trouvaille de ces derniers mois, Daniel Gafford. Mais face au monstre de la raquette de Philly, difficile de penser que Lopez, Gafford ou encore Alex Len seront de suffisants verrous.
Si la réponse ne peut être individuelle, elle devra alors être collective pour les Wizards. Si le recours aux prises à deux a pu par le passé embêté un tantinet le pivot camerounais, ce dernier a bien progressé cette saison dans ses lectures et anticipations en la matière, même si la marge de progression est encore importante. Mais avec des joueurs capables d’enquiller les banderilles extérieures (Seth Curry, Danny Green, Tobbias Harris notamment) autour d’Embiid, les Wizards peuvent-ils sérieusement songer à doubler le pivot à chaque occurrence ? Rien n’est moins sûr.
On souhaite bon courage à Scott Brooks, mais le chantier d’Embiid semble inévitable…
Jeu rapide, tirs ouverts, rythme élevé : les Wizards sauront-ils développer leu jeu face à la défense des 76ers ?
On ne va pas y aller par quatre chemins : les Sixers sont donnés archi-favoris de la confrontation, et cela se comprend aisément.
Si l’attaque peut parfois être en berne ou en manque d’inspiration, Philly va, à n’en pas douter, s’appuyer sur ce qui aura été sa principale force en cette saison 2020-21 : sa défense. Deuxième meilleure défense de la saison, dotés de défenseurs d’élite à tous les postes, de Ben Simmons à Joël Embiid en passant par Matisse Thybulle, les 76ers disposent de toutes les armes nécessaires pour verrouiller n’importe quelle attaque de la Ligue.
Alors par quels moyens Washington peut-il exister dans cette série, et non pas faire simplement acte de figuration ?
Toute la saison – et c’est encore plus vrai lorsque l’on regarde le contenu des matchs de la seconde partie de saison -, les Wizards ont su trouver leur rythme lorsque trois ingrédients se sont réunis : jeu rapide, prises de décisions rapides, et tirs extérieurs pris en rythme.
Ce jeu rapide a pour avantage d’optimiser au mieux les qualités de Westbrook sur transition, qu’il s’agisse pour le meneur d’aller chercher ses points dans la raquette en agressant les défenses (6,4 lancers tentés par match), ou de servir après kick-out ses partenaires libérés, à l’image d’un Davis Bertans qui devra trouver la mire avec régularité si les Wizards veulent tenter un coup. Même équation pour Bradley Beal, qui, s’il est plus à l’aise que Westbrook dans la création de son propre tir sur demi-terrain, s’exprime encore davantage lorsqu’il a le champ libre devant lui et une défense sur les talons.
C’est là la première étape pour les hommes de Brooks. Développer du jeu rapide dès que possible, en sécurisant le rebond défensif d’abord, puis en lâchant les chevaux ensuite. Mais, et c’est là la deuxième étape cruciale pour les Wizards : il faudra exister au-delà de Beal et Westbrook. Les deux hommes seront attendus par la défense des 76ers, et malgré tout, au regard de leur talent et de leur expérience, ils devraient, sauf surprise, prendre les choses en main pour DC et faire leur série. A titre d’exemple, sur les trois matchs entre 76ers et Wizards, Bradley Beal tourne à 37 points de moyenne… mais a perdu les 3 fois.
Pour exister, les role players de Washington devront donc aussi être de la partie, et plutôt deux fois qu’une.
On pense bien évidemment à Davis Bertans, que l’on a déjà mentionné, mais aussi à Rui Hachimura, qui devra peut être se faire davantage violence pour ses premières joutes de postseason, ou encore à la surprise Daniel Gafford, qui aura déjà fort à faire de l’autre côté du terrain. Moins flashy, moins athlétique que Beal et Westbrook – encore que… – , le soldat Robin Lopez tentera lui de faire ce qu’il fait le mieux : maintenir son équipe à flots lorsque les deux leaders pèchent, gratter des rebonds offensifs, et jouer autour ses picks and roll avec intelligence. Le tout en envoyant quelques hooks dont il a le secret, évidemment.
L’important, c’est la santé
Source : www.libertyballers.com
Ce tableau résume à lui seul l’enjeu de ce premier tour de playoffs pour les 76ers. Ceux-ci doivent évidemment gagner, mais surtout gérer au mieux leurs troupes, et notamment les joueurs cadres que sont Embiid, Simmons et Harris. Chacun leur tour, ils ont été absents pour diverses raisons et différents laps de temps, Embiid étant celui de nos trois larrons ayant loupé le plus de matchs de la saison (22), devant Simmons (14) et Harris (10).
L’alchimie créée par Doc Rivers et son staff n’en n’a pas été pour autant perturbé, comme l’illustre le bilan amélioré et la première place obtenue. A priori, aucun trouble à l’horizon sur ce premier tour : les trois hommes forts de Philly devraient être sur pied et d’attaque. Nul doute cependant que Rivers verrait d’un bon œil un affrontement qui tourne court face aux hommes de la capitale, afin de reposer plus amplement ces troupes en vue des futures joutes auxquelles les 76ers, sur le papier, se destinent.
De l’autre côté, chez les Wizards, on surveillera d’un œil attentif le cas Bradley Beal. Touché peu avant la fin de saison à l’ischio-jambier, Beal a d’abord inquiété les fans, dont certains pensaient que son retour était précipité. Mais aurait-il pu faire autrement, alors que les siens avaient cruellement besoin de lui pour valider la participation au play-in ? Si la blessure n’avait heureusement rien de sérieux, prendre une pleine semaine de repos à ce moment-là de la saison aurait été à double tranchant, et à ce petit jeu-là, Bradley a préféré avoir les cartes bien en main.
Quelque chose nous dit toutefois que l’arrière star de Washington n’était pas mécontent d’avoir deux jours de repos avant la première manche contre les 76ers, ce dimanche.
Pronostic & mot de la fin
Philadelphia Sixers 4-0 Washington Wizards
La marche semble bien trop haute pour les joueurs de la capitale. L’équation “Joël Embiid” est insoluble et de l’autre côté, même si Beal a récupéré l’ensemble de ses capacités physiques, la saison régulière a démontré que les cartons de l’arrière ne suffisent pas pour battre des 76ers ci.
Certes, rien n’interdit d’imaginer Philly perdre une rencontre dans un soir de maladresse. Pourtant, le sérieux de la meilleure équipe de la conférence est devrait suffire pour mettre rapidement fin à la saison des Wizards. Misons donc sur un nouveau sweep (après celui de saison régulière) et un bilan final de 7-0 sur la saison régulière. Cela permettra à Embiid et compagnie, sujets aux blessures, de se reposer convenablement avant d’affronter le vainqueur de l’indécis affrontement entre les Knicks et les Hawks.