Bust. Le mot est passé dans le langage courant de n’importe quel observateur plus ou moins assidu de la NBA. Dans l’imaginaire collectif, il sert à désigner un joueur qui ne semble pas avoir le niveau. Qui n’a jamais entendu dire que Kwame Brown, Anthony Bennett ou Darko Milicic ont été d’énormes bust lors de leur passage respectif dans la Grande Ligue ?
Avant de nous pencher plus en avant sur la signification que l’on pourrait donner à ce mot qui – il nous semble – est utilisé à tort mais surtout à travers, posons les jalons qui vont border notre article.
Pour commencer, nous n’évoquerons – sauf une exception notable – que les joueurs arrivés en NBA après une pige à l’université ou tout droit venus du lycée. Nous choisissons donc d’exclure de cet article les joueurs internationaux qui n’ont pas réalisé leur cursus scolaire aux USA. Il nous semble effectivement très complexe de juger les attentes qui pesaient sur des joueurs qui, avant leur draft, n’ont évolué qu’en Europe, en Asie ou en Afrique. En effet, les attentes sont – à notre sens – l’élément central de la notion de bust. Ne pas pouvoir les apprécier à leur juste valeur, soit parce qu’elles étaient inexistantes, soit parce que le jugement des médias américains sont souvent biaisés vis-à-vis des internationaux (le traitement médiatique de Luka Doncic en amont de sa draft en est la meilleure preuve), soit encore parce que les joueurs – chinois, notamment – ont pour eux le soutien entier d’un pays, nuirait à notre jugement.
Exit ainsi Dragan Bender, dont la position à la draft 2016 (4ème) doit surtout à ce que nous pourrions trivialement appeler “l’effet Porzingis“, comme l’énoncent bien nos confrères d’Envergure dans un de leurs podcasts. Exit également Yi Jilian, dont la sélection dans le top 10 de sa draft semble devoir beaucoup plus à sa nationalité qu’à son niveau de jeu réel.
Dans un second et dernier temps, nous avons décidé de nous limiter aux joueurs sélectionnés dans top 10 de leur draft. Cela tient à la définition que nous donnons au bust : une énorme déception, un fiasco XXL. Or, pour qu’un joueur soit qualifié de fiasco, il faut que les attentes autour de lui soient immenses, et ce genre d’attentes est réservé aux top picks. Ainsi, lorsqu’une franchise drafte un joueur en 25ème position dans l’espoir de le voir devenir un bon role player, la déception – si elle existe – ne peut pas être considérée comme énorme.
Une incapacité à répondre à des attentes légitimes
Nous avons d’ores et déjà évoqué le premier critère qui permet de définir la notion de bust : les attentes. Celles-ci se doivent d’être très élevées et être concentrées autour d’un prospect avant son entrée dans la Grande Ligue. Sur le sujet, le meilleur exemple récent est certainement celui de Zion Williamson, dont la hype avant la draft n’a eu que très peu d’équivalent au cours du 21ème siècle. Et avec, pour l’instant, certaines belles réponses sur le parquet.
Un bust est donc forcément un joueur qui polarisait l’attention avant son arrivée en NBA. C’est là un point essentiel qu’il convient de développer.
D’abord, d’où viendrait cet engouement d’exception ? Il y a ici une nuance à opérer. Les attentes peuvent tout d’abord se concentrer autour d’un joueur en raison de son immense potentiel, vérifié et démontré, notamment à l’Université. Ainsi, lorsqu’un joueur domine son sujet en NCAA, il est naturel que les médias – et nous y contribuons certainement – fassent grossir les attentes autour de lui.
En guise d’exemple, le duo LeBron James et Blake Griffin semble illustrer parfaitement les propos : le premier était une véritable attraction en high school à St Vincent – St. Mary, au point d’être probablement l’adolescent qui a concentré le plus de hype du siècle. Le second était également un first pick assuré, tant ses performances en NCAA furent assourdissantes. Les deux surent répondre aux immenses attentes qui les entouraient, et ce dès l’année 1 de leur carrière professionnelle. Au final, ils peuvent être considérés comme les anti-bust par excellence, quand bien même les blessures sont manifestement venues à bout de la carrière de Griffin.
Mais attention, et c’est ici que la nuance est importante ; l’engrenage de la hype devient pervers si l’échantillon des performances du joueur est limité, ou si celle-ci est menée par des médias qui ne procèdent pas nécessairement à une analyse profonde du niveau réel du joueur. Dans cette situation, les attentes risquent d’être démesurées par rapport au véritable niveau du joueur : comment, dès lors, reprocher à celui-ci de ne pas parvenir à les satisfaire ?
On aborde ici la seconde notion importante de notre développement, après celle d’attentes : la légitimité de celles-ci. Le bust est forcément un joueur qui déçoit les attentes qu’on pouvait légitimement placer sur ses épaules, à la vue de ce qu’il a véritablement démontré auparavant, et celui qui n’arrive pas à s’élever au niveau d’une hype illégitime doit, à notre sens, être exclut de la catégorie de bust.
Nombre de joueurs répertoriés bust ne portent en réalité pas – du moins pas intégralement – la responsabilité de l’échec de leur carrière. Bien au contraire, ce sont le plus souvent les franchises qui sont à blâmer.
L’exemple de Sam Bowie, à cet égard, est certainement le plus topique.
Le pivot a réalisé une exceptionnelle carrière lycéenne, ainsi que trois saisons universitaires de belles factures, qui lui valurent d’être sélectionné pour les Jeux Olympiques 1980. Pour autant, cela lui valait-il une place de second de la cuvée 1984, derrière Hakeem Olajuwon mais surtout devant Michael Jordan ? Certainement pas. Jordan était d’ailleurs présenté, notamment avec Len Bias, comme l’un des meilleurs athlètes du pays. Si les Blazers ont fait l’impasse sur lui, c’est surtout parce qu’ils possédaient déjà Clyde Drexler au poste d’arrière, et non pas parce qu’ils considéraient Bowie comme étant plus prometteur. On touche ici du doigt une question philosophique qui entoure chaque draft : faut-il sélectionner un joueur en fonction de son potentiel intrinsèque, ou par rapport aux besoins de l’équipe ?
D’ailleurs, la carrière NBA de Bowie n’a rien d’infamante. Elle n’est certes pas au niveau que l’on peut attendre d’un pick #2. Cependant, l’homme a passé 10 années sur les terrains, avec notamment une belle saison en double-double de moyenne (14,7 points, 10,1 rebonds, 2,5 passes décisives, 1,5 contre). Surtout, alors qu’il avait bien commencé sa troisième saison (16 / 7 / 2), une blessure à la jambe l’éloigna des terrains pendant près de deux ans. Et pourtant, il est fréquemment cité parmi les plus gros bust de tous les temps. Il truste même la première position de ce classement peu enviable chez Bleacher Report.
Indubitablement, la sélection de Sam Bowie est source de regrets éternels pour quiconque habite dans l’Oregon. Néanmoins, faut-il véritablement considérer sa carrière comme une énorme déception ? Assurément non. Bowie doit son étiquette de bust au fait d’avoir été drafté avant Michael Jordan, Charles Barkley et John Stockton. Or, de cela, il n’en n’est aucunement responsable. S’il fallait absolument blâmer quelqu’un ici, ce serait les dirigeants de Portland, qui ont eux commis une impardonnable erreur de jugement.
Ainsi, bien souvent, des joueurs sont catalogués en tant que bust alors qu’en réalité, ils ont surtout été draftés bien trop haut par rapport à leur véritable talent basketballistique. Citons encore ici Kwame Brown, first pick surprise de la draft 2001. Sur le pur point de vue de son impact en NBA, il est aisé de le considérer comme le bust ultime.
Rares sont les premiers choix qui eurent moins d’impact que lui. Il est d’ailleurs certain que Brown aurait été une déception même s’il avait été sélectionné en 12ème position, bien que la pression sur ses épaules aurait été infiniment moindre. Toutefois, une fois encore, on peut s’interroger sur le choix des Wizards. Certes, la cuvée 2001 ne s’est pas avérée être la plus fournie en talent(s), néanmoins, Kwame Brown était un lycéen au mental friable et au potentiel athlétique insuffisamment développé : autant d’éléments qu’une franchise, au début de notre siècle, se doit de remarquer avant d’utiliser un sésame aussi précieux qu’un first pick.
Dès lors, la carrière de Kwame Brown fût un échec, sans aucun doute. Toutefois, s’il n’a pas su répondre aux attentes, c’est surtout parce que celles-ci étaient très largement disproportionnées et liées à sa place de premier de la draft 2001, paramètre pour lequel il n’a aucune part de responsabilité. Il conviendrait dès lors de l’écarter de la catégorie des bust, pour se concentrer sur les raisons qui poussèrent Michael Jordan & consorts à le sélectionner devant Pau Gasol ou Zach Randolph.
Sans vouloir tomber dans le cliché du catalogue, nous pouvons également évoquer le cas d’Hasheem Thabeet, second de la draft 2009, et dont personne ne sait réellement pourquoi il fût sélectionné si haut par les Grizzlies. Il semblerait que c’est Jerry West, alors membre de la franchise, qui a persuadé Chris Wallace, General Manager de l’époque, de jeter son dévolu sur l’immense pivot (2m21), alors même que le choix était bien loin de faire l’unanimité au sein de l’équipe dirigeante. Encore une fois, il serait cruel de blâmer un joueur pour son incapacité à se montrer au niveau de sa place à la draft alors que celle-ci est manifestement inappropriée.
Pêle-mêle, des joueurs comme Anthony Bennett, Shawn Bradley ou Marvin Williams peuvent également être cités et, par conséquent, ne pas être considérés comme des bust, puisque leur échec tient plus à l’erreur de la franchise qui les a draftés qu’à leur propre incapacité à se montrer au niveau de leurs attentes, finalement démesurées.
Un terrain d’expression suffisant
L’impossibilité de répondre aux attentes – énormes et légitimes – ne permet pas, à elle seule, de faire un bust. En effet, pour être considéré ainsi, le joueur en question doit avoir eu la possibilité de s’exprimer sur le terrain. C’est ici à notre sens, la 3è notion-clé de la définition du bust : l’opportunité de se montrer.
Plusieurs éléments entrent ici en compte : les blessures, évidemment, mais également les choix de l’entraîneur. Certains sont en effet réputés pour ne pas véritablement laisser de chance aux petits jeunes qui débarquent. Nous aurons l’occasion – très rapidement – de parler de Larry Brown.
Ainsi, pour que le joueur puisse être qualifié de bust, il faut que les raisons du fiasco lui soient intimement personnelles, et non externes. C’est l’exemple de Greg Oden, first pick 2007 et drafté juste devant par Kevin Durant par les Blazers, décidément. Selon les dires de Nicolas Batum, alors membre du roster, Oden avait toutes les qualités pour devenir le pivot dominant de la décennie à venir. S’il n’a jamais su exploser, c’est parce que sa santé – ses genoux plus particulièrement – l’en empêchera. Il disputa 105 rencontres dans la Grande Ligue, et passa 4 saisons entières, dont celle de sa draft (2007 – 2008) à l’infirmerie.
Dès lors, puisqu’il n’a pas pu exprimer le talent qu’il avait démontré en NCAA, et sur lequel furent fondées les attentes, il ne pourrait pas être considéré comme un vrai bust. Il en va de même pour Jay Williams, éphémère meneur du début du siècle et second de la draft 2002, derrière l’immense Yao Ming. Fraichement nommé rookie de l’année de sa conférence universitaire (Atlantic Coast Conference, Duke), il remporte le titre NCAA en terminant meilleur scoreur du tournoi. Il est dès lors considéré comme le meilleur universitaire du pays, ni plus ni moins, et ces attentes semblent – pour reprendre notre critère – absolument légitimes.
Sa saison rookie n’est pas catastrophique. Le bonhomme figure dans la All-rookie 2nd Team (9,5 points, 2,6 rebonds, 4,7 passes décisives) et réalise quelques performances dignes de sa hype : 26 points, 14 rebonds, 13 passes décisives dès sa 7è rencontre. S’il peine à s’imposer, et aurait effectivement parfaitement pu devenir un véritable bust, il s’avère qu’un accident de la route mit fin à sa carrière le 19 juin 2003, à l’issue de son exercice rookie. Son échantillon est trop restreint, et son temps de présence dans la Ligue trop court, pour qu’il puisse être considéré comme un bust.
L’exemple délicat de Darko Milicic
Comme bien souvent, lorsqu’on fixe des critères rigides pour définir une notion, des exemples semblent y déborder – les fameuses exceptions qui confirment les règles.
Milicic n’a pas réalisé son cursus scolaire aux USA, et est passé directement des championnats européens à la NBA, et nous ne devrions donc pas en parler. Son cas est cependant trop connu pour être passé sous silence. À l’instar de Bowie, il est un second choix de draft, et eut le malheur d’être sélectionné avec des futurs hall-of-famer, comme Carmelo Anthony, Dwyane Wade ou Chris Bosh. Et s’il possède le titre NBA 2004 sur la cheminée, difficile de dire qu’il avait le niveau pour évoluer dans la Grande Ligue.
S’il est aussi délicat à classer – bust or not ? – c’est parce que les raisons qui poussèrent les Pistons à le choisir laissent songeur. En effet, il semblerait que Joe Dumars ait littéralement flashé sur le profil du jeune européen après… un unique workout, au cours duquel Milicic a brillé : tir à trois-points, protection du cercle, capacité de rebondeur, … Tout ce qu’il n’a jamais démontré ensuite. Il faut également rappeler le contexte de l’époque, où chaque franchise était à la recherche du nouveau Dirk Nowtizki, que l’on attend d’ailleurs toujours.
La réponse à notre interrogation réside peut-être dans la question suivante : Milicic a-t-il réalisé le workout de sa vie ? S’il a effectivement surjoué ce jour-là, sa position à la draft est alors trop haute et il est alors compréhensible que le joueur n’ait pas pu répondre aux attentes. Dans ce cadre, les Pistons auraient tout simplement réalisé une très mauvaise affaire à la draft 2003. S’il a affiché son véritable niveau – excellent, du coup – alors il serait question d’effectivement le qualifier de bust. Une réserve supplémentaire cependant ; Larry Brown, coach des Pistons, n’a jamais voulu de lui et ne lui a pas vraiment donné sa chance sur les parquets.
Mais alors, qui peut être qualifié de bust ?
Vous vous en rendez compte : sur la base de nos critères, rares sont les joueurs qui peuvent véritablement être considérés comme des bust. En effet, le combo “attentes énormes et légitimes déçues + suffisamment de rencontres” est très restrictif, mais permet d’exclure de la catégorie tous ceux qui doivent leur réputation à une erreur de leur franchise, à une blessure, où aux joueurs sélectionnés après eux à la draft.
Cependant, certains joueurs répondent à ces différents critères, et deviennent à nos yeux, la quintessence même du bust.
Commençons par évoquer l’exemple de LaRue Martin.
Premier choix de la cuvée 1972, sélectionné par les Blazers (cela ne s’invente pas), sa situation est – aux premiers abords – assez similaire à celle de Milicic. En effet, Portland s’est épris du bonhomme et de son niveau suite à une rencontre universitaire disputée face à UCLA et Bill Walton, véritable mastodonte de la Ligue universitaire en cette époque. Or, si UCLA s’est largement imposée face à la petite faculté de Loyola, Martin a brillé : 19 points et 18 rebonds, soit un peu mieux que son vis-à-vis du soir : 18 points et 16 rebonds pour le grand Billou.
Néanmoins, à l’inverse de Milicic, LaRue Martin fût semble-t-il (le doute est de mise) scouté à plusieurs reprises par les Blazers. Le choix de lui consacrer le pick #1 ne serait donc pas fondé sur un one shot, et sa saison senior à l’université serait là pour le confirmer : 19,6 points et 15,7 rebonds en 21 rencontres.
Ces promesses ne seront jamais suivies par les actes en NBA. Pourtant, LaRue Martin disputa 4 saisons (271 rencontres) dans la Grande Ligue, pour 7 points et 5 rebonds par match lors de sa meilleure saison. D’ailleurs, il ne trouva aucune équipe à l’issue de son contrat rookie. Ironie du sort, c’est l’arrivée de Bill Walton à Portland qui mit fin à ses espoirs de carrière professionnelle. La difficulté avec lui, c’est de déterminer avec précision si Portland l’a sélectionné sur la seule base de sa performance contre UCLA, ou si le pivot a effectivement été scouté à plusieurs reprises. Dans la seconde situation, LaRue Martin serait le premier bust de notre développement.
Au-delà, Adam Morrison pourrait être l’exemple parfait pour illustrer nos développements.
L’ailier moustachu sortait effectivement d’une carrière universitaire incroyable, et notamment d’une saison junior retentissante, où il fût nommé co-meilleur joueur NCAA avec J.J Reddick : 28,1 points (meilleur scoreur du pays), 5,5 rebonds, 1,7 passe décisive. Sur le campus de Gonzaga, c’est un demi-Dieu. Il est considéré quasi-unanimement comme étant un scoreur élite, capable de transposer cette qualité en NBA.
Et pourtant, en NBA, sa saison rookie ne sera pas digne d’un scoreur devant l’Éternel. Elle n’est pas non plus immonde, puisqu’avec 12 points par match, Morrison fait mieux que ceux dont nous avons parlés ci-dessus. Cependant, et c’est le plus choquant, Morrison ne tiendra que trois saisons en NBA, avant de la quitter pour rejoindre l’Europe. Passer de superstar universitaire à joueur incapable de s’imposer au bout d’un banc dans la Grande Ligue, n’est-ce pas là la définition même d’un bust ? Il semblerait bien que si.
Pourquoi, dès lors, avoir employé le conditionnel ? Parce que Morrison rata l’intégralité de sa saison sophomore en raison d’une blessure au genou. Qui sait quelle aurait été sa carrière sans cette blessure ? Certes, son exercice rookie ne laissait pas énormément de place à l’optimisme. Mais il n’aurait pas été le premier à réaliser une saison rookie timide avant de devenir, par la suite, un excellent joueur. Kawhi Leonard et Jaylen Brown, pour ne citer qu’eux, permettent d’illustrer le propos.
Et si Jimmer Fredette s’avérait être un bust plus gros encore ?
En sortie d’université, il est considéré comme un shooteur incroyable, apte à dégainer avec précision à plus de 10 mètres du panier, en catch & shoot ou en sortie de dribble. Il est également présenté comme un passeur sous-estimé. Et si la défense et sa finition au cercle étaient identifiées comme des faiblesses, le combo guard polarisait énormément d’attentes. Certains médias américains le présentent comme le “nouveau Curry” ou comme le “nouveau Nash”. Il sortait d’ailleurs d’une carrière universitaire complète et de deux saisons qui permettent de légitimer tout le bien qu’on pouvait dire de lui.
Et patatra. Si Jimo a récemment fait l’actualité en claquant 70 points, la performance permet de mettre en avant le fait que jamais il n’eut le niveau pour évoluer en NBA. Son incapacité à défendre, mais également sa difficulté à régler la mire, font qu’il n’a jamais su s’imposer dans un roster, alors même que de nombreuses équipes lui ont donné sa chance. Il fait, depuis lors, le bonheur des fans du championnat chinois.
Fredette n’a ainsi jamais su répondre aux attentes, qui ne semblaient pourtant pas être disproportionnées eu égard à ses excellentes performances universitaires. Si sa carrière américaine peut être qualifiée de fiasco, c’est bel et bien parce qu’il n’a jamais su s’adapter aux exigences de la Grande Ligue. En effet, il possède au compteur quatre saisons NBA sans blessure grave et a donc eu l’occasion de pouvoir exprimer son talent sur les terrains. Avec des pincettes, nous pouvons donc le qualifier de bust NBA.
Lorsqu’on parle d’immenses déceptions, des noms reviennent inlassablement. Kwame Brown, Anthony Bennett et Darko Milicic sont immanquablement accompagnés par Michael Olowokandi.
Et si nous avons expliqué – avec un bémol pour le dernier – les raisons pour lesquels les trois premiers ne sont certainement pas les fiascos dont on parle tant, difficile de sortir Olowokandi de la catégorie des bust. Après trois saisons passées sous le maillot des Tigres du Pacific, équipe de la Division I du pays, le pivot fût le premier appelé par David Stern lors de la draft 1998. Il passa 9 saisons dans la Ligue, où il s’affirma – certes – comme un très solide rebondeur.
Chaperonné par Kareem Abdul-Jabbar himself chez les Clippers, Olowokandi considérait les conseils du meilleur pivot de l’Histoire comme des insultes à son propre talent. En conséquence, hormis les exercices 2001-02 et 2002-03, qui peuvent être considérés comme corrects, bien qu’étant loin des standards attendus d’un first pick (11,5 points, 9 rebonds, 2 contres, en gros), le passage de Kandi Man en NBA est celui d’un véritable fantôme. Pourtant, à l’inverse des autres joueurs catégorisés comme étant des bust, le pivot a eu un temps de jeu par soir assez conséquent (26,3 en moyenne sur ses 500 matchs, 38 en 2002 / 2003).
À la vue de nos critères – que nous espérons pertinents – Michael Olowokandi est le joueur le plus fréquemment cité comme étant un bust qui correspond le mieux à la définition de la notion. Bravo, champion.
****
La liste ci-dessus n’a aucune prétention à l’exhaustivité. Derrick Williams semble, d’ailleurs, remplir l’ensemble de nos critères. De plus, il ne manque qu’un peu de temps pour que certains de nos contemporains entrent dans cette catégorie. Ce sont les exemples de Josh Jackson et Jahlil Okafor qui, pour des raisons diverses et variées (comportement pour le premier, inadaptation totale au jeu actuel pour le second), semblent également réaliser des performances bien en-deçà de ce que l’on pouvait légitimement attendre lors de leur draft. Pour ne pas paraître hâtif, laissons encore aux deux gaillards quelque temps avant de les cataloguer comme des bust.
Profitons de cette conclusion pour rappeler qu’il convient donc d’attendre plus d’une quinzaine de rencontres pour qualifier les rookies de la cuvée actuelle comme tels. Le jugement à la hâte semble être l’ennemi du jugement sain : autrement dit, patience est mère de bust.