Depuis 1946 et la création de la National Basketball Association, quelque cinq mille joueurs ont foulé les parquets de la Grande Ligue. Certains d’entre eux ont laissé une empreinte indélébile qui ne sera jamais oubliée. D’autres sont restés bien plus anonymes. Entre les deux ? Des centaines de joueurs, qui ont tour à tour affiché un niveau de jeu exceptionnel, mais dont on oublie bien souvent la carrière.
Dès lors, @BenjaminForant et @Schoepfer68 ont décidé de dresser – littéralement – le portrait de certains de ces acteurs méconnus ou sous-estimés. Au total, ce sont 60 articles qui vous seront proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010. Pour chaque saison, un joueur a été sélectionné comme étendard, parfois en raison d’une saison particulièrement réussie, d’une rencontre extraordinaire ou encore d’une action historique …
Chaque portrait s’inscrira dans une volonté, celle de traverser l’Histoire de la NBA de manière cohérente. Ainsi, ces portraits (hebdomadaires) seront publiés dans un ordre précis : un meneur, un arrière, un ailier, un ailier-fort, un pivot. Au bout de cinq semaines, c’est donc un cinq majeur qui sera constitué. Les plus matheux d’entre vous l’aurons compris : au final, ce seront douze équipes, toutes composées de joueurs ayant évolué au cours de décennies distinctes, qui auront été composées.
A vous de déterminer lequel de ces cinq majeurs sera le plus fort, le plus complémentaire, le plus dynastique.
Vous trouverez en fin d’article les liens vous permettant de (re)consulter les articles précédents.
La jaquette
Pour chaque article, @t7gfx vous proposera ses créations. Vous y retrouverez une illustration du joueur présenté (en tête d’article) ainsi qu’une présentation de chaque cinq majeur projeté (chacun avec une identité visuelle propre).
Le synopsis
Être coéquipier d’un joueur qui figure régulièrement place dans les top 10-15 All-time possède des aspects aussi bien positifs que négatifs. Lorsque l’on joue avec de telles légendes, on devient immédiatement contender pour le titre NBA. Cette réalité accroit forcément votre palmarès, que ce soit d’un point de vue individuel (sélections aux All-Star game) ou collectif (titres, ou du moins long parcours de post-season). Ce sont les facettes positives de la chose.
Dans le même temps, le feux des projecteurs ne sont pas braqués sur vous. Ce rôle d’éternel bras droit ou de simple coéquipier vous fera passer au second plan dans les médias et dans la culture populaire. Ralph Sampson, qui connut donc cet aspect plus négatif de la cohabitation, ne déroge pas à la règle.
Né le 7 juillet 1960 en Virginie, Ralph Lee Sampson est un intérieur qui a évolué aux deux postes de la raquette. Tout d’abord référencé comme un pivot, il a rapidement été replacé sur le poste 4. La raison de cet exil a un nom, rejoignant les phrases de ce début de synopsis : Hakeem Olajuwon.
Cependant, en sortie d’université, Stick n’avait rien d’un second couteau. Sous les couleurs des Cavaliers de Virginie, il démontrera en 4 années toute la panoplie d’un basketteur destinée à être une superstar. Il emmènera notamment son campus pour la première fois de leur histoire au Final Four, et glanera de nombreuses récompenses individuelles dont le Naismith College Player of the Year à 3 reprises.
Le choix numéro 1 de la draft 1983 lui tendait alors les bras. Dans une cuvée peu fournie en superstar (seul Drexler en pick 14 entre dans cette catégorie), les Rockets de Houston jetèrent logiquement leur dévolu sur le long intérieur de 2m24, alors présenté comme le meilleur universitaire de la décennie.
Les bases sont posées. Plongez, en notre compagnie, dans le récit de la carrière de l’une des Twin Towers les plus méconnues de l’Histoire dans le 49è épisode du Magnéto..
Action !
Nous sommes en octobre 1983. En cette époque, les meilleurs joueurs de la Ligue ne sont plus des intérieurs. Citons, par exemple, Bird, Erving, Johnson, Gervin ou Thomas. Dans la raquette, seuls Gilmore, Abdul-Jabbar et Malone faisaient office d’épouvantails. Cependant, rapidement, une nouvelle génération de postes 4 et 5 va prendre la relève et donner naissance à l’ère des big mens.
Le premier à intégrer la Grande Ligue est Ralph Sampson. Les Rockets, pire bilan de la NBA (14 victoires pour 68 défaites), possédant comme seule force intérieure un Elvin Hayes déjà vieux (37 ans), avaient besoin de se renouveler dans la raquette. A ce titre, la draft de Sampson, véritable épouvantail physique, ressemblait à une évidence.
A 23 ans, il devient immédiatement la figure de proue du projet des fusées. Après avoir touché le fond, l’objectif est clairement de remonter petit à petit la pente, jusqu’à passer certains tours de post-season dans quelques années. Pour cela, il faut quelques joueurs talentueux. A tout le moins, un début de roster compétitif. Spoiler : ce n’est pas véritablement le cas.
Calvin Murphy est parti, Hayes n’est plus que l’ombre de lui même … Le reste de l’effectif n’est pas plus sexy malgré la sélection au 3è choix de Rodney McCray. Vous l’avez donc compris, la première saison du fameux jersey 50 sera placée sous le signe du développement individuel et du tanking made in 80’s. Il faut dire que la cuvée de draft 1984 est alléchante et les prospects ne manquent pas. A quoi bon gagner des matchs?
Sampson, lui, semble loin de ces considérations stratégiques. Dès sa première rencontre professionnelle face aux Spurs, il annonce la couleur : 18 points, 12 rebonds et 4 contres. Lors de la seconde, il montre qu’il n’est pas qu’un intérieur classique ; il sait également passer : 21 points, 18 rebonds et 4 passes décisives. Il devient dès lors l’un des 9 rookies a réaliser cette performance dans l’une des 5 premières rencontres de leur carrière. Il s’assoit à la table de Shaquille O’Neal, Wilt Chamberlain et Kareem Abdul-Jabbar. Belle assemblée pour déjeuner. Une chose est certaine : en cette époque, les vœux de Stephan Eicher seraient restés vains.
Le pivot plaît aux observateurs et répond aux lourdes attentes posées sur ses épaules pas si larges (2m24, certes, mais 103 kilos seulement sur la balance !). Son rapport vivacité / taille est excellent, et il est loin de balancer les briques lorsqu’il dégaine. Sampson, au-delà de son physique, est un vrai joueur de basket-ball !
Pour ses neuf premières rencontres de la saison, il tourna en 22 / 14, avec un pic face aux Nets, où il éparpilla façon puzzle la raquette new-yorkaise avec 32 points et 20 rebonds. Sampson inclus, 25 rookies ont un jour réalisé une telle performance, le dernier en date étant Alonzo Mourning en 1993. Cela démontre la dimension historique que Stick est susceptible d’avoir dans cette NBA en plein changement.
Le reste de l’exercice ressemblera dans les grandes lignes aux chiffres ahurissants mentionnés ci-dessus. Voici un florilège des plus belles feuilles de stats du pivot dans son année 1 :
- 10 décembre 1983 vs Utah : 34 points, 18 rebonds, 4 passes et 3 contres dans une défaite (- 7),
- 6 janvier 1984 @ Seattle : 35 points, 15 rebonds dans une défaite (- 16),
- 20 janvier 1984 vs San Antonio : 23 points, 24 rebonds, 4 passes, 4 contres, 4 interceptions dans une victoire (+ 34),
- 8 février 1984 @ Philadelphie : 41 points, 12 rebonds, 4 contres et 3 interceptions dans une défaite (- 11).
Plusieurs éléments sont à mettre en exergue au sujet de sa première saison :
Pour commencer, la ligne statistique finale est impressionnante : 21 points, 11 rebonds, 2 passes décisives et 2,4 contres. Il fait partie des 18 rookies à présenter une telle moyenne au contre, signe de ses capacités de dissuasion dans la raquette. Ces performances lui permettront d’être élu rookie de l’année et d’obtenir une sélection au All-star game. Dans un monde avec une All-NBA 3rd Team, il n’aurait pas été farfelu de l’y voir figurer.
De surcroît, au cours des quelques rencontres détaillées ci-dessus, Sampson n’avait pas affronté que des hommes de cœurs. C’est même tout l’inverse : il s’est frotté au gratin de la Ligue sur son poste : Sikma, Gilmore, Malone. C’est lors de ces gros duels que le pivot a marqué son territoire. Être présent dans l’adversité, ne serait-ce pas la marque des plus grands ?
Malgré 15 victoires de plus qu’en 1983 (de 14 à 29), les Rockets restent les cancres de la conférence Ouest. Ils obtiennent donc un nouveau first pick. La suite appartient à la légende et le 19 juin 1984, Hakeem Olajuwon revêt la casquette frappée de la fusée. Plus adapté au poste 4 que son nouveau compère des raquettes, Sampson est décalé pour faire d’Olajuwon le pivot titulaire de l’équipe. Sans que cela ne porte préjudice à son jeu, qui semble être celui d’un ailier démesurément grand : semblant de tir à distance, handle et autres coast-to-coast. La raquette des Rockets, pourtant juvénile, a tout pour terroriser les big men adverses.
Retrouver les playoffs et performer lors de ces échéances printanières n’est plus qu’un simple rêve ; c’est désormais un véritable objectif. Après un début de saison en demi-teinte (15 points et 8 rebonds sur les 9 premiers matchs), la machine Sampson se met en route : 43 points et 17 rebonds dans un duel texan face aux Spurs, suivi d’un 28 / 17 face aux Pistons quelques jours plus tard. Ces rencontres marqueront le début d’une série de 8 matchs consécutifs à plus de 20 points.
Si le début de saison alternera la braise et la glace, la Saint-Sylvestre viendra remettre l’église au milieu du village ; entre le 2 janvier et le 2 avril 1985, il tourna en 25 / 11, auxquels il rajoute 3 passes décisives. Si l’on cumule ces chiffres aux résultats plus qu’intéressants de la franchise rouge, la double sélection de la raquette Sampson – Olajuwon au All-star game 1984 ne semble pas volée. Stick rapportera même le trophée de MVP de la rencontre à la maison, avec un beau double-double placé sur la tête de Moses Malone, notamment (24 points, 10 rebonds). Il se distinguera peu de temps après, le 5 mars 1985, en devenant le premier joueur de l’Histoire de la Ligue à terminer une rencontre avec 30 points, 15 rebonds, 8 passes décisives et 5 interceptions, dans une défaite face à Denver (- 2).
Le 19 avril 1985, il dispute son premier match de playoffs en carrière. Les Rockets affrontent le Jazz d’un Adrian Dantley extraordinaire et d’un tout jeune John Stockton. Il répondra aux attentes, notamment lors du game 1 : 26 points et 24 rebonds sur la bouche de la raquette de SLC. Si l’on excepte le trio Abdul Jabbar – Chamberlain – Russell qui cumule à lui seul 55 rencontres du genre, les playoffs n’ont connu que 14 autres 26 – 24. Les noms parlent d’eux mêmes : Barkley, Duncan, Olajuwon, O’Neal, Moses Malone, Reed, Cowens et Pettit.
Autrement formulé, Ralph Sampson est l’unique joueur non MVP d’une saison régulière à avoir un jour réalisé une rencontre avec 26 points et 24 rebonds en playoffs. Malheureusement, la rencontre se conclura par une défaite, prémonitoire du reste de la série.
Ainsi, malgré une belle bataille, les fusées s’inclineront en 5 rencontres. Sampson resta dans ses standards habituels au scoring (21 points), mais goba bien plus de rebonds qu’à l’accoutumé face à une raquette Mormon en grande souffrance (16 rebonds).
Les Twin Towers viennent de naitre. Elles font peur et espèrent rapidement imposer leur domination sur la Ligue. Ce n’était qu’une question de semaines avant qu’un règne éphémère ne s’installe.
L’oscar de la saison 1985 – 1986
Pour tout fan de Houston, cette saison renvoie à l’acte de naissance du mythe Olajuwon. Mais derrière toute épopée se trouvent d’autres acteurs, moins médiatisés – certes – mais tout aussi essentiels aux succès de la franchise texane. Avant cela, petite remise en situation des quelques forces en présence pouvant faire concurrence à la fusée – alors en plein décollage – dans la course au titre. Car c’est de cela dont il s’agit : ramener une première bannière de champion au sommet du Compaq Center.
Du côté Est, l’épouvantail est le même depuis le début de la décennie : Les C’s de Bird, McHale et consorts sont favoris pour retourner en finales. Leurs principaux adversaires sont les Bucks, portés par un duo Cummings – Moncrief, les Sixers de Malone et les Hawks de Wilkins.
Dans la conférence des Rockets, les champions en titre de Los Angeles paraissent comme intouchables. Magic Johnson est dans son prime, Abdul-Jabbar vient d’être nommé MVP des finales à l’âge de 37 ans et James Worthy aura bientôt un niveau digne d’un lieutenant de luxe. Derrière les Angelinos, loin derrière, nous retrouvons le wagon des outsiders, au sein duquel nous retrouvons, au-delà de Houston, les Mavericks, le Jazz et les Nuggets.
Pour Ralph Sampson, il s’agit de confirmer, au cours de cette troisième saison professionnelle, les exceptionnelles aptitudes dont il a fait montre au cours des deux exercices précédents. Pour cela, quoi de mieux que d’affronter Karl Malone en ouverture de la saison, dans ce qui est alors le premier match NBA du futur facteur ? Houston quittera Salt Lake CIty avec la victoire, dans une revanche des playoffs précédentes. En guise de cadeau de bienvenue, Sampson – plein d’altruisme – offrit à Malone 24 points, 14 rebonds et 3 passes décisives.
Il en ira ainsi au cours du premier mois de compétition, au cours duquel les Rockets s’affirment comme le principal poil à gratter dans le short des or et pourpre. Après 11 rencontres, les hommes de Bill Fitch en ont remporté 9 et se retrouvent dans le sillage des Lakers. Stick est le parfait relai d’Olajuwon, lequel ne s’est pas encore tout à fait imposé comme le véritable franchise player de l’équipe. Cela ne saurait tarder. Sur la période susmentionnée, The Dream présente 22,5 points et 12,8 rebonds de moyenne, avec toutefois un pic à 41 points dans une victoires contre les Blazers (+ 14). Si Sampson n’atteint pas de tels sommets en ce début de saison (career high à 43 points, tout de même), sa moyenne statistique est quasiment similaire, avec 21,7 points et 12,9 rebonds.
Bien juchée sur les épaules de son tandem, la franchise de Houston tutoie les sommets. Pourtant, malgré l’indéniable potentiel d’intimidation dans la peinture, les Rockets fondent leurs succès sur leur attaque (5è offensive rating), là où leur défense est balbutiante, au mieux. Sampson était, lui, un défenseur solide en début de carrière. Sa taille lui permet – bien évidemment – d’attraper les rebonds par paquet de 12 (littéralement) et de s’affirmer comme un contreur honnête, mais pas élite (2,3 de moyenne sur ses deux premières saisons, là où Mark Eaton, contreur devant l’éternel, se fendait d’une saison 1985 à 5,6 contres par soir, record all-time).
Ainsi, sur ses deux premières saisons, on le retrouve dans le top 10 du Defensive Win Shares, statistique qui permet d’estimer le nombre de victoires remportées par saison grâce à la défense d’un joueur (4,1 lors de l’exercice rookie, 4,8 en seconde saison). Les tours jumelles défendaient donc, mais on pouvait difficilement en dire de même du back-court.
A l’heure de soulever la coupe (de champagne) pour célébrer la nouvelle année, les errances défensives de l’équipe sont encore largement compensées par les aptitudes offensives de celle-ci. Pourtant, si les Lakers ont déjà pris une avance considérable et ne seront jamais rattrapés, une mauvaise passe autour de Noël empêcha Houston de creuser l’écart avec ses principaux concurrents pour s’attribuer le fauteuil de dauphin (20 victoires, 12 défaites à Nouvel An, et 5 défaites sur les 8 dernières rencontres).
La mauvaise passe collective correspond d’ailleurs avec les piètres performances d’un Ralph Sampson manifestement peu inspiré au tir. Ainsi, sur les 10 dernières rencontres de l’année civile, le géant ne dépassa les 20 points inscrits qu’à une seule reprise, et affiche un bien mauvais 54 % de réussite aux lancers-francs. Certes, Sampson ne fût jamais un esthète dans l’exercice (66 % en carrière). D’ailleurs, un certain manque d’agressivité, lié à un physique somme toute assez frêle, fait qu’il ne fût jamais maître dans l’art de provoquer les lancers-francs.
L’effectif Houstonian était toutefois construit de sorte à ce que les coups de moins bien de l’une de ses deux stars puissent être compensés par l’homogénéité des role players. Derrière les deux intérieurs, nous retrouvons 4 joueurs à 10 points de moyenne au minimum. Le rythme de jeu imposé est rapide, malgré la présence des deux golgoths dans l’effectif (103,5 de PACE, la 7è de la Ligue). Il faut dire que lorsqu’il s’agissait de galoper, Sampson et Olajuwon n’étaient pas les derniers sur la ligne d’arrivée, comme l’indique le premier d’entre eux :
“Nous pouvions tous les deux remonter le terrain rapidement et ne ressentions pas le besoin de jouer systématiquement au poste bas”.
Une phrase qui peut prêter au sourire, lorsqu’on sait le joueur qu’Hakeem Olajuwon est devenu au poste bas au cours de sa carrière. Quoi qu’il en soit, le rêve et le bâton remirent les bouchées double en janvier 1986, pour être – à nouveau – tous les deux conviés au All-star game. Lorsque le championnat s’arrête pour sa grande messe annuelle, Sampson tourne en 18 / 11,5 de moyenne. La saison avançant, il prend – et tient parfaitement – le rôle de lieutenant XXL. La recette fonctionne, et cette fois-ci les Rockets prennent quelques longueurs d’avance sur les Nuggets dans la course à la seconde place.
Sa fin de saison sera de meilleure facture, malgré une blessure lors d’une rencontre disputée le 1e avril 1986 contre les Warriors. La blessure ne l’écarta pas des parquets, mais limita l’impact d’un Sampson alors repassé en mode superstar, avec 24 points, 12,5 rebonds, 4 passes décisives et 2,5 contres sur les 21 rencontres qui suivirent le All-star break. Dans le lot, quelques cartons sont à mettre en exergue :
- 21 févr. 1986 @ Dallas : 38 points, 15 rebonds, 4 passes décisives, 2 interceptions et 4 contres, dans une victoire (+ 7) ;
- 24 févr. 1986 vs Dallas : 28 points, 19 rebonds, 6 passes décisives et 4 contres, dans une victoire (+ 5) ;
- 27 févr. 1986 vs Denver : 31 points, 22 rebonds, 5 passes décisives et 2 contres (9 pertes de balle, quand même), dans une victoire (+ 6) ;
- 6 mars 1986 vs Sacramento : 35 points, 16 rebonds, 2 passes décisives et 3 contres, dans une victoire (+ 11).
De manière assez inexplicable, Sampson ne fût pas nommé joueur de la semaine du 23 février 1986, terminant derrière Sidney Moncrief malgré un meilleur bilan statistique et collectif.
A l’issue de la saison régulière, Houston et ses 51 victoires présente le second bilan de la conférence Ouest. Sacramento sera sweepé dans un premier tour (3 – 0) où le numéro 50 monta petit à petit en régime. Une progression bienvenue pour venir à bout de bien pénibles Nuggets au second tour. Malgré une raquette en totale perdition (Olajuwon en 29 / 12,5, Sampson en 24,5 / 13,5), Denver parviendra effectivement à revenir à 2 – 2 dans la série, avant de rendre les armes en 6 matchs.
Les Rockets se qualifient ici pour leur troisième finale de conférence de leur Histoire. Se dressent face à eux les immenses Lakers, qui remportent aisément (+ 12) le game 1 d’une série à sens unique … en faveur de Houston ! En effet, les hommes de Fitch vont passer à la moulinette les superstars de Los Angeles, notamment grâce à un Hakeem Olajuwon extraordinaire (31 / 11, mais 40, 35 et 30 points pour clôturer la série). Stick, lui, scora 29 points lors du cinquième et dernier match, remporté sur le fil (+ 2).
L’ogre jaune et violet écarté, voilà que le vert et blanc se présente. En effet, à l’Est, Boston et Larry Bird, triple MVP en titre, ont fait respecter la hiérarchie. Il en ira de même lors des deux premières rencontres, disputées et remportées par les Celtics au Boston Garden (+ 12 au game 1, + 22 au game 2). Au cours de la première rencontre, Sampson devint le plus grand fantôme de l’Histoire, avec 2 points à 1 / 13 au tir.
L’ailier-fort retrouva ses couleurs en même temps qu’il retrouva le Texas. Avec 24 points et 22 rebonds, il arrache le match 3 déjà décisif (+ 2) et devient l’un des 11 joueurs à afficher une telle ligne de statistique en finales NBA (c’est d’ailleurs l’avant-dernier à ce jour, seul Shaquille O’Neal lui a succédé en la matière en 2000). Malheureusement, Houston s’inclinera sur le fil lors du game 4 (- 3), après avoir mené au score toute la rencontre. Et si, dans le sillage d’un Olajuwon superstar, les Rockets reviendront à 3 – 2, ils s’inclineront finalement en 6 matchs après un dernier blowout.
Cette défaite en finale NBA semble être un rendez-vous pour l’avenir proche. Cependant, à l’instar de la défaite du très jeune et prometteur duo Shaquille O’Neal / Penny Hardaway lors des finales 1995 face … aux Rockets d’Olajuwon, les tours jumelles venaient de vivre leurs meilleurs moments sportifs. Rien ne le laissait pourtant présager.
Le générique de fin
En effet, lors de ses trois premières saisons, Ralph Sampson s’est non seulement imposé comme un franchise player potentiel, mais également comme un joueur doté d’un corps solide (82, 82 et 79 rencontres disputées). Pourtant, comme trop souvent dans le paysage de la Grande Ligue, le corps du géant va le mener à sa perte. Ses genoux, trop fragiles, vont être opérés à trois reprises, et Sampson ne sera plus jamais le joueur qu’il fût. La rupture est brutale, et le passage du statut de joueur de tout premier plan à celui de tourneur de serviette au bout d’un banc le sera au moins tout autant.
Sa saison 1986 – 1987 est abrégée, et il n’y disputera que 43 rencontres. Et puisqu’en même temps, trois autres joueurs du roster furent suspendus pour usage de drogue, Houston redevint une équipe simplement correcte (42 victoires, mais qualification en demi-finale de conférence). Ses 17 points et 10 rebonds lui permettent tout de même de devenir all-star pour la quatrième et dernière fois de sa carrière. Après avoir raté la fin de la saison régulière, son retour en playoffs, qu’il disputa intégralement, sont prometteurs.
Néanmoins, le front-office Houstonian n’a plus confiance en la première de ses deux tours. A la mi-décembre 1987, il est prié de voir s’il fait plus beau en Californie, du côté des Warriors de Golden State, en échange de Sleepy Floyd et Joe Barry Carroll. Il est désormais surnommé Ralph No Knees Sampson, mais son talent compense encore – plus pour longtemps – ses déboires physiques : 16 points et 9 rebonds au cours des exercices achevés en 1987 et 1988.
Sampson a alors 28 ans. Le début de la saison 1988 – 1989 viendra apporter au monde la triste vérité : la girafe des raquettes, ultra-dominante à l’université, quadruple All-star lors de ses 4 premières saisons, n’est plus faite pour le basket professionnel. Il restera en NBA encore quatre saisons, qui ressemblèrent toutes à une longue et lente mort professionnelle. En guise d’illustration, notons que sa seconde et dernière année dans la baie de San Francisco, avec 6,5 points et 5 rebonds de moyenne, constituera son top. Envoyé à Sacramento puis à Washington, il prit sa retraite en 1992, à l’âge de 31 ans.
Trop souvent, dans nos colonnes, nous avons parlé d’un joueur extraordinaire dont la carrière a brusquement pris fin en raison de pépins physiques. Ce fût le cas d’Hardaway, de McGrady, de Ming ou, dans une moindre mesure, celui de Grant Hill. Bien évidemment, la blessure de Maurice Stokes, de part sa gravité sans précédent, est ici à exclure. Ralph Sampson avait démontré qu’il possédait le talent et l’état d’esprit pour se hisser – et, par là, hisser les Rockets – au sommet de la Grande Ligue. Et pourtant, à l’inverse des joueurs précités, son nom n’apparaît que très rarement lorsqu’il s’agit d’évoquer les carrières brisées. Il y a malheureusement toute sa place.
En trois saisons et demi sur ses deux genoux, il s’est bâti un palmarès aussi conséquent que frustrant, tant on imagine à quel point il aurait pu être fourni :
- Hall-of-famer : intronisé en 2002 ;
- All-NBA 2nd team, en 1985 ;
- All-star, à 4 reprises ;
- MVP du All-star game, en 1985 ;
- Rookie de l’année, en 1984 ;
- College player of the Year, à 3 reprises ;
- Numéro 50 retiré par les Virginia Cavaliers.
Crédits et hommages
Las, le palmarès du 10è du trophée de MVP 1985 n’a plus jamais bougé d’un poil une fois l’année 1987 passée, si on excepte son intronisation au hall-of-fame. Il est, à l’heure actuelle, l’un des rares joueurs, notamment accompagné de George Mikan, à avoir eu les honneurs de la plus prestigieuse des récompenses sans avoir disputé 500 rencontres NBA. Et pourtant, pour de nombreux observateurs, à l’heure où le mémorial de Springfield ressemble à certains égards à un moulin, l’intronisation de Sampson n’est critiquable en aucun point :
“C’est une exceptionnelle récompense pour un joueur qui ne l’était pas moins. Sampson est l’un des joueurs favoris de la fanbase des Rockets”. Leslie Alexander, ancien propriétaire de la franchise.
A posteriori, à la vue de la carrière qu’eut Hakeem Olajuwon lorsque son premier compère fût tradé, l’on peut estimer sans tomber dans l’exagération que les blessures de Sampson constituent l’un des plus gros What If que la NBA ait connu. Quel serait le palmarès des Rockets si les genoux du géant étaient faits de béton armé plutôt que de polystyrène ? Stick avait-il les capacités pour devenir MVP de la Ligue ? Il aurait été, à cet égard, le 4è à avoir été nommé conjointement MVP de la Ligue universitaire et de la NBA, après Abdul-Jabbar, Walton et Bird (Jordan, Robinson, Duncan et Durant ont depuis complété la liste). Enfin, souvent sélectionné en bordure de tous les top 10 all-time qui pullulent sur la toile, Olajuwon serait-il devenu le monstre qu’il fût s’il avait dû composer avec l’ombre gigantesque de Sampson dans la raquette ?
Les Tours Jumelles. Si le duo Duncan – Robinson eut également droit à ce surnom, l’association des deux freaks qu’étaient alors Sampson et Olajuwon dans la raquette des Rockets était source de tous les fantasmes, comme le confirme l’ancien numéro 50 :
“Nous pouvions tous les deux dribbler, nous savions tous les deux tirer. Comme les gens le disent, nous étions probablement un peu en avance sur notre temps”.
“Un peu”. Au moins une quinzaine d’année, serions-nous tentés de dire. Soit une éternité, à l’échelle de la Grande Ligue. Et quelque chose nous dit que les premières des Twin Towers n’auraient pas eu à souffrir pour mettre à mal le small ball contemporain. Et lorsqu’on voit les désormais licornes s’éclater aujourd’hui, l’on se dit que Ralph Sampson avait peut-être, finalement, 35 ans d’avance sur son temps.
Les précédents épisodes et portraits du Magnéto :
- Cinq majeur #1 : Penny Hardaway (1994/95), Manu Ginobili (2007/08), Terry Cummings (1988/89), Jerry Lucas (1964/65), Nate Thurmond (1974/75),
- Cinq majeur #2 : Jason Kidd (1998/99), Tracy McGrady (2004/05), Rick Barry (1966/67), Elvin Hayes (1979/80), Neil Johnston(1952/53),
- Cinq majeur #3 : Isiah Thomas (1989/90), David Thompson (1977/78), Paul Arizin (1951/52), Tom Gugliotta (1996/97), Yao Ming (2008/09),
- Cinq majeur #4 : Baron Davis (2006/07), Bill Sharman (1958/59), Chet Walker (1963/64), Gus Johnson (1970/71), Jack Sikma (1982/83),
- Cinq majeur #5 : Tiny Archibald (1972/73), Dick Van Arsdale (1968/69), Bernard King (1983/84), Jermaine O’Neal (2003/04), Larry Foust (1954/55),
- Cinq majeur #6 : Fat Lever (1986/87), Richie Guerin (1961/62), Grant Hill (1999/00), Dan Issel (1971/72), Ben Wallace (2002/03),
- Cinq majeur #7 : Lenny Wilkens (1965/66) (Lenny Wilkens, bonus : le coach), Calvin Murphy (1975/76), Peja Stojakovic (2001/02), Shawn Kemp (1991/92), Arvydas Sabonis (1995/96), (Arvydas Sabonis, bonus n°1 : la carrière européenne), (Arvydas Sabonis, bonus n°2 : la carrière internationale).
- Cinq majeur #8 : Kevin Porter (1978/79), Tom Gola (1959/60), Xavier McDaniel (1987/88), Bob Pettit (1955/56), Vin Baker (1997/98),
- Cinq majeur #9 : Stephon Marbury (2000/01), Michael Cooper (1984/1985), Lou Hudson (1973/1974), Tom Heinsohn (1962/63), Maurice Stokes (1957/58),
- Cinq majeur #10 : Slater Martin (1953/54), George Gervin (1980/81), Chuck Person (1990/91),