99-87. Dans le silence unique de la bulle NBA les Pacers voient cette saison 2019-2020 se terminer sur un sweep autoritaire de la part du Heat. Indiana s’est battu avec ses armes et un effectif privé d’Oladipo et Sabonis, porté par “The President” Malcom Brogdon, impérial en défense, au shoot comme à la gestion et un TJ Warren polyvalent au scoring, accompagné d’un Myles Turner besogneux. Mais encore une fois, Indiana ne passe pas le premier tour et quitte la bulle avec autant de doutes que de certitudes. Avant cela, revenons sur la saison 2019-2020 si étrange.
Indiana attaque timidement sa saison. Le trio Brogdon/Sabonis/Turner cherche ses marques, perd ses premiers matchs jusqu’à enfin débloquer le compteur face à Brooklyn. Le son de cloche dans l’Indiana ? “La mort, les impôts, Brogdon à la gestion et Sabonis à la moisson“. Le premier, tout fraîchement débarqué de Milwaukee, confirmera match après match qu’Indiana a fait le bon choix en misant sur lui. Avec sa défense sereine, ses shoots importants (malgré un % en baisse, dû à un plus grand nombre de shoots) et une vision de jeu létale. Le President Brogdon est partout et, tout comme à Milwaukee, a un juggernaut à nourrir : Domantas Sabonis.
L’intérieur lituanien, fils de la légende Arvidas, confirmera tous les espoirs placés en lui avec une palette offensive, une mobilité et un flair rare à son poste. Il a progressé en défense (tout en restant très perfectible) et a arraché des mains le statut de seconde star de l’effectif à Myles Turner, qui lui, ne semble plus progresser et semble toujours aussi peu agressif malgré son physique et son potentiel. Oladipo quant à lui ne reviendra que pour 19 petits matchs, pour tenter de se remettre en jambes, mais n’a jamais semblé pouvoir revenir en rythme.
Au coaching Nate McMillan divise toujours autant, notamment sur sa gestion des fin de matchs, tout en entretenant une attaque qui se repose essentiellement sur de nombreux tirs mi-distance et des isolations peu inspirées. Indiana conclura pourtant sa saison sur un bilan honorable de 45 victoires pour 28 défaites, porté par la troisième défense de la ligue, malgré une attaque en berne (seulement 19è de la ligue, malgré le potentiel offensif certain de l’équipe ).
Indy est inconstant, doit gérer avec quelques blessures mais peut s’appuyer sur de gros runs fin 2019 pour envoyer son duo d’avenir au All Star Game. Le reste de la saison écourtée se fera sur la même tendance, autant de coups d’éclats que de défaites rageantes, de rebonds féroces de Sabonis que de séquences gênantes de Myles Turner. Le banc des Pacers a dû, lui, se réinventer avec la blessure cruelle d’un Jeremy Lamb précieux, mais a pu s’appuyer sur les frères Holiday, un TJ McConnell aussi énergique que rouge d’excitation, un McDermott au shoot chirurgical et la montée en puissance progressive de Aaron Holiday. Justin apporta lui sa bonne défense et un shoot retrouvé (40% à 3pts, avec quasiment 5 tentatives chaque soir).
Ajoutons à cela la draft d’un Goga Bitadze encore brut de coffre, mais à haut potentiel. Snobé par les médias lors de son interview mais déjà adoré par les fans d’Indiana, s’il a peu joué avec l’équipe fanion, il a su montrer ses skills notamment sa protection de cercle et sa polyvalence offensive en G League la saison passée. Il incarne une partie de l’avenir de la franchise… Au point de pousser Turner vers le départ ?
Le cas TJ Warren conclura notre revue d’effectif : titulaire tout au long de la saison en s’imposant comme la troisième option offensive de l’équipe (avec de réels progrès sur sa sélection de tir, notamment à 3pts, sa défense et son apport au rebond), celui-ci va profiter de la bulle NBA et de l’absence marquée de Sabonis pour devenir tout simplement une arme de destruction massive. 36 points de moyenne à Orlando et une sensation d’être “in the zone” qui a fait un bien inespéré aux soldats de l’Indiana, avant d’arriver au premier tour pour retrouver le vieux rival du Heat. Long time no see ?
Indiana arrive clairement en position d’outsider, là où Miami présente un effectif au grand complet, renforcé par les arrivées inspirées de Crowder et Iguodala. Indiana possède une meilleure dynamique, un des “MVP” de cette bulle et une défense rugueuse, assez pour renverser la balance ? Malheureusement, la marche a encore une fois été trop haute. 4-0, score cruel mais réaliste tant le Heat a peu tremblé dans la série.
Avec les cas Turner et Oladipo à gérer et un nouveau coach à engager, Indiana devait composer son automne avec des problématiques majeures. Faut-il encore croire au projet Oladipo ? Faut-il réinventer l’identité de cette équipe dite de cols bleus ? Turner va-t-il enfin confirmer les espoirs placés en lui, s’il en reste ?
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : TJ Leaf (OKC),
Ils ont rejoint l’équipe : Jalen Lecque (OKC via Phoenix) Cassius Stanley (Duke, NCAA),
Le roster à ce jour :
Meneurs : Malcom Brogdon, Aaron Holiday, TJ McConnell, Jalen Lecque,
Arrières : Victor Oladipo, Jeremy Lamb, Edmond Summer, Cassius Stanley (Two way),
Ailiers : TJ Warren, Justin Holiday, Brian Bowen (Two way),
Ailiers-forts : Domantas Sabonis, Jakarr Sampson, Doug McDermott,
Pivots : Myles Turner,Goga Bitadze.
Les tendances de l’automne
Le linge sale se lave en famille
Indiana aborde ainsi cette fin de saison avec un besoin à la fois de renouveau et de stabilité. Renier la culture de travail installée par Nate McMillan serait renier le fait qu’il a fait d’un effectif initialement limité, une équipe présente en playoffs à chaque année de son exercice.
Que retenir de tout cela ? Deux éliminations face à un Lebron James jordanesque – ou LeBronesque, c’est au choix -, deux corrections infligées par Boston et Miami. Mais également une défense forte, rugueuse, un effectif avec un esprit de corps qui colle parfaitement à l’historique de la franchise, tout en ayant une création offensive plus en adéquation avec l’évolution du jeu en NBA et les qualités de l’effectif.
Le patron de la franchise, Chad Buchanan, va, plutôt que de céder aux sirènes des récents coachs disponibles car remerciés par leurs franchises, faire le choix de parier sur un assistant-coach de Toronto, et ainsi miser sur l’avenir et la fraîcheur. Exit Nate and welcome Nate Bjorkgren, ancien assistant de Nick Nurse entre 2018 et 2020 après une première expérience NBA à Phoenix.
A la draft, le maigre choix 54 de la franchise sera utilisé pour tenter le pari Cassius Stanley, monstre athlétique de Duke, au profil de jeu trop brut pour l’instant. Le feuilleton principal de l’été sera l’imbroglio autour des rumeurs de trade Hayward-Turner et la communication schizophrénique d’un Victor Oladipo qui tente de rassurer son front-office tout en réclamant un contrat max… et en ne s’opposant pas à un départ. En dehors de ces bruits de couloir, prime à la stabilité dans l’Indiana.
L’effectif sera reconduit à l’exception d’un TJ Leaf à l’apport famélique. Cette équipe d’Indiana doit d’avantage renouveler son style de jeu que faire table rase du passé. Quoi de mieux pour cela qu’un apôtre de Nick Nurse qui devrait apporter cette philosophie de jeu ouvert, où la balle circule et où chaque pièce du cinq majeur est mise à contribution. Si Indiana voit la concurrence à l’Est se renforcer avec les arrivées de Westbrook, Durant et les nombreux mouvements à Philadelphie, la franchise n’en panique pas pour autant, et vise toujours une places dans les 8. En interne, les Pacers ont les cartes en main pour régler le cas des joueurs récalcitrants et apporter un nouveau souffle dans l’Indiana.
Focus sur la saison 2020-21 des Pacers
Lâcher les chevaux en attaque
Si Indianapolis est connue mondialement pour son légendaire circuit automobile, il en est d’autant plus étrange de voir son équipe des Pacers jouer avec le frein à main. Mais ça, ça va peut-être changer. Volonté claire du nouveau coaching staff, hors de question pour cette équipe aux athlètes nombreux de pratiquer un basket demi-terrain stéréotypé.
Indiana, pour enfin résoudre ses problèmes en attaque, doit passer la seconde et progresser à la PACE. L’objectif n’est pas bien sûr de pratiquer un Run and Gun façon Mike D’Antoni, mais plutôt d’utiliser les nombreuses opportunités offertes par sa bonne défense sur des phases de transition. Indiana doit profiter de ses contre-attaques, sources de points faciles, pour déployer du jeu; Les Pacers doivent également mettre fin à ce recours systématique à l’isolation, qu’il s’agisse de Warren, Oladipo ou Brogdon. La NBA en 2020 est placée sous la domination des équipes aux playmakers multiples, ce qu’Indiana a, en la présence de Brogdon, Oladipo, et même Sabonis, dont les qualités de passes sont bien réelles. Au plus Indiana variera en attaque, au plus l’équipe en sera dangereuse, et saura s’offrir des victoires précieuses tout en évitant les déconvenues et défaites frustrantes en overtime.
Il faudra également régler le gros point noir de la saison passée : le tir extérieur. La saison passée, Indiana pointait bonne dernière de la ligue en nombre de tirs à 3pts. Une hérésie tant l’effectif regorge de shooters talentueux. Si l’objectif n’est pas bien sûr de proposer une attaque en Five Out, Indiana ne peut plus, et ne doit plus, compter uniquement sur des tirs mi-distance trop nombreux, peu efficaces et maigres contributeurs au scoring pour l’emporter. Oui, le mid range est un outil offensif intéressant, mais il est avant tout “situationnel” et non plus généralisé.
Encore une fois, cela passera par une meilleure circulation de balle et de la vision de jeu optimisée, deux choses dont Indiana dispose autant sur son banc que dans son cinq majeur. Le spacing d’Indiana, jusque là limité, en profitera également, notamment pour Brogdon et Oladipo, deux slashers expérimentés et bons provocateurs de fautes, tout comme elle profitera également aux joueurs au poste que sont Warren et Oladipo.
Celui qui cristallisera le mieux ce changement à 3pts ? Doug McDermott, artilleur reconnu dans la ligue qui ne prenait pourtant que 1,9 tirs à 3pts l’an dernier. Les cas récents de Davis Bertans,Duncan Robinson ou Seth Curry prouvent bel et bien que les défenseurs limités mais forts shooters ont une place en NBA, voir mieux ils ont un rôle prépondérant dans des équipes d’ambitions.
Oladipo/Turner, je t’aime moi non plus ?
Oladipo revient de loin, certes, mais veut-il vraiment revenir ? Sa blessure grave pose de nombreuses questions sur son niveau lors de son retour. Ajoutez à cela une hiérarchie qui a bien changé en son absence, avec l’émergence de Brogdon et Sabonis, et les rumeurs récentes sur une volonté de départ, et vous obtenez un malaise palpant dans l’Indiana.
Oladipo reste un fort joueur, un arrière polyvalent qui peut contribuer dans de nombreux aspects du jeu. Son duo avec Brogdon sera la clé pour la bonne saison ou non des Pacers, et on parle potentiellement ici d’un des meilleurs backcourts à l’Est avec deux forts défenseurs, playmakers, mais qui doit encore apprendre à se connaître et à jouer ensemble. Indiana a-t-il encore le temps ? Oui, mais encore faut-il que l’ensemble des acteurs concernés aillent dans le même sens. Et ça, rien n’est moins sûr…
Si Pipo ne revient pas à son niveau de 2018, ou s’il s’obstine dans cette communication floue, ne soyez pas surpris de voir un échange mis en place à l’approche de la trade deadline. Toutes les aventures ont une fin et bien que celle-ci se terminerait d’une façon bien triste, la NBA est un business rude, et Indiana ne devrait pas avoir peur de se séparer de son ancienne star si celle-ci pose plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Turner, quant à lui, n’a pas l’excuse des blessures. Drafté en 2015 avec des promesses nombreuses tant au scoring qu’en défense, il peine toujours autant à confirmer les attentes placées en lui. Nous parlons ici d’un pivot avec un vrai shoot, des moves au poste bas, des bras tentaculaires et un niveau d’athlétisme rare. Un profil on ne peut plus moderne, dont les GM raffolent : le fameux freak.
La réalité est pourtant loin de tout ça, tant Turner frustre via son manque d’agressivité au rebond, en attaque et en défense. Ses stats sont bonnes mais sont l’arbre qui cachent la forêt. Sabonis, bien que moins grand, moins mobile et moins bon défenseur, compense tout cela par une agressivité constante, une envie de tirer son effectif vers le haut et de gagner. Tout ce qui semble manquer à Turner. La draft récente de Bitadze remue d’autant plus les doutes sur Myles Turner, qui depuis sa prolongation de contrat, est fréquemment dans les rumeurs de trade.
Comme pour le cas Oladipo, si les Pacers pistent une opportunité de se séparer de Turner sans progrès de sa part, ils sauront la saisir. Encore une fois rendez vous est donné à la deadline...
La Guerre des étoiles
Trois All Stars dans son cinq majeur, une hiérarchie à remodeler mais des promesses nombreuses. Oui, Indiana peut s’inquiéter de voir la concurrence s’armer toujours plus. Mais l’équipe possède de nombreuses certitudes contrairement à des équipes comme Atlanta, Brooklyn, Charlotte ou encore Washington qui n’ont pour l’instant rien prouvé.
Il faudra éviter absolument les défaites dues à des fins de matchs catastrophiques, car Indiana n’a plus le luxe de compter sur une conférence faible pour s’assurer d’aller en playoffs. Autant de menaces que d’opportunités qui verront l’équipe de l’Indiana confirmer son statut, ou s’effondrer. Améliorer son attaque, conserver sa défense et travailler en silence comme la franchise sait le faire… Pour se donner 2021 comme horizon ?
Au final, quel(s) objectif(s) ?
Viser la 7ème/8ème place de sa conférence, s’assurer un succès au play in et valider ses ambitions lors des playoffs. Indiana peut atteindre ses objectifs sans Turner et Oladipo, mais cela passera par une remise en doute à tous les niveaux, de sa façon de jouer sur le terrain à la volonté de ses leaders de faire les efforts et de gagner ensemble. L’équipe saura s’appuyer sur sur son axe Brogdon-Warren-Sabonis, responsabiliser ses role players et pratiquer un basket moderne, espérons-le. Il appartiendra à Oladipo et Turner de faire taire les doutes sur eux, sous peine de devoir quitter l’aventure plus tôt que prévu.
Rater les playoffs serait un véritable échec pour la franchise, qui aura à cœur de prouver à la NBA qu’encore une fois, il faudra compter sur les Pacers pour faire déjouer la hype.
L’avis éclairé, avec @PacersFRA
Quelle est la situation actuelle avec Oladipo ? Que penses-tu des dernières rumeurs et des doutes qui planent sur lui ? Et pour Myles Turner ?
Pour Oladipo c’est simple, s’il veut son contrat max? il va falloir le mériter car actuellement ce n’est pas le cas. Il n’y a pas de fumée sans feu, s’il enchaîne les bonnes perfs, je ne suis pas contre un trade à la deadline au lieu de risquer un départ sans contrepartie.
Pour Turner, le joueur sait très bien qu’il est sur une siège éjectable. Il n’a plus l’excuse d’une mauvaise utilisation avec le départ récent de McMillan. Le joueur doit beaucoup prouver à commencer par être régulier chaque soir et faire enfin passer un cap à la franchise sans freiner et gêner Sabonis.
L’axe Brogdon-Warren-Sabonis va il rester fiable l’an prochain ?
Cet axe est fiable et le restera. Warren est un pur scoreur, Brogdon et Sabonis deux All-Stars, et les trois profils se complètent très bien. Ils seront le moteur de l’équipe.
Que pouvons nous attendre de la part de tes Pacers ?
Un jeu nouveau, qui se rapproche de celui prôné par Nick Nurse, avec de la circulation de balle, plus de 3 points et des systèmes offensifs. Terminé les longues séquences d’isolations et les longs mid range contestés. Je nous vois accrocher une septième place, gagner lors du play in, mais l’important reste d’être performant en playoffs, que cela soit avec ou sans Oladipo.