Le coach Lloyd Pierce l’a annoncé dès le mois de mars : “La saison prochaine (2020-2021 donc), la progression naturelle sera de faire les playoffs. Je n’ai pas peur de le dire.“

L’ambition de Pierce est d’ailleurs bienvenue après une saison 2019-2020 décevante, plombée dès son entame par la suspension de vingt-cinq matches pour dopage de John Collins, et qui s’est soldée par le 26e bilan de la Ligue et une triste 14e place à l’Est.

Mais ce farewell tour de Vince Carter aura aussi permis l’explosion de Trae Young : le meneur, devenu All-star, proposait l’an dernier près de 30 points et 10 assists par soir, en rentrant 36,1 % de ses neuf tirs à 3 points quotidiens, le tout en étant clutch. De quoi rassurer le board des Hawks qui l’avait échangé contre Luka Doncic le soir de la draft 2018. L’avenir de la franchise pourra s’articuler autour du lutin de 22 ans.

Il y a donc du boulot pour Lloyd Pierce qui complétait son interview par un message adressé au management d’Atlanta : “Si on veut devenir une équipe de playoffs, on doit le devenir dès maintenant, et continuer pendant l’intersaison.” Et ce message a bien été reçu par Travis Schlenk, general manager et président des opérations basket de la franchise, qui a tout fait durant cette courte intersaison pour donner les moyens à son coach de ramener les Hawks en playoffs, ce qui ne leur est plus arrivé depuis 2017 et l’époque des Millsap, Dwight Howard, Korver, Schröder etc.

In & out : le point sur le roster

Ils ont quitté l’équipe : Vince Carter (retraite), Jeff Teague (Boston Celtics), DeAndre’ Bembry (Toronto Raptors), Charles Brown Jr, Treveon Graham, Damian Jones (Phoenix Suns), Dewayne Dedmond (Detroit Pistons), Skal Labissière,

Ils ont rejoint l’équipe : Danilo Gallinari (Oklahoma City Thunder), Bogdan Bogdanovic (Sacramento Kings), Rajon Rondo (Los Angeles Lakers), Kris Dunn (Chicago Bulls), Solomon Hill (Miami Heat), Khyri Thomas, Tony Snell (Detroit Pistons), Onyeka Okongwu (6e choix draft 2020), Skylar Mays (50e choix),

Le roster à ce jour : 

Meneurs : Trae Young, Rajon Rondo, Kris Dunn, Brandon Goodwin,

Arrières : Bogdan Bogdanovic, Kevin Huerter, Tony Snell,

Ailiers : De’Andre Hunter, Cam Reddish, Solomon Hill,

Ailiers forts : John Collins, Danilo Gallinari, Bruno Fernando,

Pivots : Clint Capela, Onyeka Okongwu, Nathan Knight.

Les tendances de l’automne

Atlanta se donne les moyens de ses ambitions

La saison 2019 – 2020 a mis en évidence des manques criants (absence de shooteurs, faiblesse dans le secteur intérieur et en défense…) chez les Hawks et Travis Schlenk s’est efforcé de les combler. La franchise avait de l’argent à dépenser et elle s’est appliquée à le faire intelligemment.

Dès la trade deadline 2020, Atlanta accueille le pivot de Houston Clint Capela. Le Suisse a démontré durant son passage chez les Rockets qu’il était un excellent élément sur pick and roll avec James Harden et un bon protecteur de cercle. Arrivé blessé, il n’a pas encore pu montrer ce qu’il pouvait apporter aux Hawks mais son association avec des meneurs passeurs tels que Young et Rondo fait déjà saliver. Car l’arrivée de l’ancien meneur All-star est aussi un gros coup des Hawks durant cette intersaison.

Champion 2020 avec les Lakers, Rondo a vu sa côte monter en flèche après des playoffs et des Finales de très grande qualité. A 34 ans et pour 15 millions de dollars sur deux ans, il devra être le mentor de Trae Young et lui expliquer la défense pour les lutins (1,85 m tous les deux). Afin de compléter la rotation sur le poste 1, welcome Kris Dunn (deux ans / 10 M$), un joueur justement capable d’effectuer des missions défensives sur des meneurs et de glisser si besoin au poste d’arrière.

“Si besoin”, car à ce poste aussi Atlanta s’est renforcé. Et de quelle manière ! Profitant du micmac entre les Kings, leur arrière Bogdan Bogdanovic et les Bucks, les Hawks ont proposé un contrat de quatre ans pour 72 millions de dollars au sniper de 28 ans. Et Sacramento a renoncé à matcher l’offre, laissant le Serbe partir sans contrepartie. Une aubaine pour Atlanta qui récupère un shooteur fiable (37,4 % de loin en carrière) que beaucoup espéraient attirer dans leurs filets.

Autre free agent convoité à atterrir en Géorgie : l’ailier italien Danilo Gallinari qui pose ses valises en échange d’un contrat de trois ans et 61 M$. Peut-être un peu cher pour un joueur de 32 ans, défenseur moyen qui a connu pas mal de blessures, mais qui apportera lui aussi du spacing au poste 4.

Focus sur la saison 2020-21

A Lloyd Pierce de prouver

Avec sa déclaration du mois de mars, le coach des Hawks s’est ajouté une pression supplémentaire sur les épaules. En cas de mauvais départ des Hawks cette saison, il pourrait être le premier fusible à sauter.

Et en premier lieu, il devra impliquer ses joueurs en défense : Atlanta était tout simplement la pire des défenses de la Ligue l’an dernier avec près de 120 points encaissés chaque soir… La franchise ne va pas devenir le meilleur verrou de la Ligue demain, mais avec les Dunn, Hunter, Reddish, Capela etc. il y a quand même moyen de construire une base défensive.

Mais il y a également du boulot en attaque pour le jeune coach. Les Hawks ne possédaient que la 25e attaque de NBA au rating (107 points inscrits sur cent possessions) et étaient très dépendants du duo Young/Collins qui inscrivait 45 % des points des Faucons. A Pierce de mieux répartir les tickets shoot (et le recrutement va dans ce sens) et de bien utiliser ses jeunes comme Hunter, Huerter et Reddish qui ne demandent que des minutes afin de progresser. A suivre aussi l’arrivée du rookie Onyeka Okongwu, tout juste 20 ans, un pivot athlétique en provenance d’USC qui a fourni de belles statistique cette saison (16,2 pts, 8,6 rebonds et 2,7 blocks par match) qui devra tenter de grapiller des minutes au poste 5 entre Capela et Collins.

Enfin, Gallinari a confirmé qu’il serait le 6e homme de luxe des Hawks cette année, mais il sera sans doute présent lors des fins de matchs. Ce sera alors à Pierce de trancher entre Collins et Capela sur le poste 5.

Pression sur John Collins

Et ce recrutement de Gallinari au poste 4 est clairement un moyen de pression sur John Collins pour le board d’Atlanta. Le jeune intérieur, éligible à une extension jusqu’au mois de décembre, a vu ses copains de promo Jayson Tatum, De’Aaron Fox, Donovan Mitchell et Bam Adebayo prendre leurs contrats max, ou presque, et aimerait bien en faire autant. C’est en tout cas ce qu’il déclarait en mars dernier dans The Athletic : “Je pense clairement mériter un contrat maximum, comme les autres joueurs qui font les mêmes statistiques que moi. Je suis dans cette conversation, donc j’ai gagné le droit d’avoir un tel contrat.”

Certes, Collins tournait l’an dernier à 21,6 pts et plus de 10 rebonds par match à 40 % à 3 points, des statistiques très honorables mais dans une équipe de fond de classement. Il peut encore largement progresser sur différents aspects, notamment défensifs. Et cette histoire de suspension pour dopage a probablement donné des billes à Travis Schlenk dans les négociations sur le futur salaire de l’intérieur de 23 ans. Les deux parties ont fait part de leur envie mutuelle de rester lier sur le long terme, à voir maintenant si cela se transformera en une signature avant la fin de l’année. Dans le cas contraire, John Collins sera agent libre restreint à l’été 2021 et les Hawks auront la possibilité de matcher les offres que leur intérieur recevra.

Au final, quel(s) objectif(s) ?

Les playoffs, les playoffs et encore les playoffs ! Si ça ne passe pas par la porte, y accéder par la fenêtre du play’in tournament mais les Hawks doivent absolument faire partie des joutes printanières à l’Est cette année. Quitte à ce que ce soit pour se faire sweeper par les Bucks au premier tour, la franchise doit prouver qu’elle a progressé et doit valider les investissements réalisés durant l’intersaison.

S’incruster dans les dix premières places de l’Est est largement envisageable pour la troupe de Trae Young, mais viser plus haut que la septième place paraît en revanche plus compliqué avec le retour prévu des Nets au top de la conférence. Atlanta devra batailler avec Orlando et, pourquoi pas, espérer une défaillance d’équipes comme Indiana, Toronto, ou une nouvelle saison galère des Sixers pour voir plus haut.

En parallèle, Lloyd Pierce doit permettre aux jeunes de progresser car Rondo et Gallinari ne seront pas le visage des Hawks dans cinq ans. Il y a le matériel, au coach de bien s’en servir.

L’avis éclairé de @ATLHawksFR

Quel bilan tirez-vous de la saison 2019-2020 ?

Qu’on n’a pas été à la hauteur collectivement. 20 victoires sur 67 matchs c’est clairement insuffisant. Alors certes le roster était globalement faible, avec un 5 majeur où celui avec le plus d’expérience était dans sa troisième année. Les rookies ont pas apporté autant qu’espéré, surtout Cam Reddish qui a mis beaucoup de temps avant de trouver son rythme. John Collins s’est fait suspendre 25 matchs pour utilisation d’hormones de croissance, ce qui a fortement pénalisé l’équipe puisque c’était notre deuxième meilleur joueur et que c’est le joueur qui a la meilleure alchimie avec Young, créant un duo sur pick & roll et pick & pop redoutable. Enlever cette menace et l’ensemble du plan de jeu est déséquilibré.

Le seul point positif de la saison c’est Trae Young et sa sélection au all-star game. Il a été impressionnant toute l’année en enchaînant les performances aux points (career high de 50 pts face au Heat) et aux passes (career high de 18 ast face aux Sixers). Autre point notable c’est l’apport de Vince Carter qui a été exemplaire dans sa 22e saison. Parfait role model pour les jeunes, et très bon encadrage de toute cette jeunesse. Collectivement cette année a été très compliquée avec des rotations souvent douteuses et un coaching qui a laissé à désirer. Pierce n’a pas impressionné, c’est le moins que l’on puisse dire. C’était souvent « On donne la balle à Trae, et il se débrouille » plutôt que de réellement diriger ses hommes sur le terrain.

En bref, une saison de transition, où la jeunesse a pu se développer, mais où collectivement ça été très compliqué, en atteste les 20 victoires à la fin de la saison, même s’il y a eu des circonstances atténuantes à ce bilan.

Quels sont les objectifs des Hawks cette année en termes de résultats, de développement de joueurs, de jeu ?

L’objectif est clair : jouer les playoffs. Ne pas être dans la bagarre pour les places 6 à 8 serait un échec. Notre GM, Travis Schlenk, a fait tout le taf pour nous y ramener. L’année dernière il a tradé pour récupérer Clint Capela et Dedmon alors qu’on avait un secteur intérieur à l’agonie avec Len et Damian Jones. Clint n’a pas joué à la suite d’une blessure au pied, mais il sera là pour cette nouvelle saison. A la draft il a récupéré Onyeka Okongwu qui est un pivot défenseur intelligent. Lors de la free agency on a récupéré Bogdan Bogdanovic, Danilo Gallinari, Rajon Rondo, Kris Dunn et Tony Snell. On a clairement ajouté de la profondeur et du talent à cette rotation.

L’effectif est assez talentueux et profond pour aller faire les playoffs. Maintenant, on a ajouté beaucoup de nouveaux joueurs, à des postes clés qui plus est, donc il va falloir du temps pour que tout le monde apprenne à jouer ensemble. Et du temps… On en manque dans une saison raccourcie. Donc toute la saison risque de dépendre de si l’équipe arrive à jouer ensemble rapidement.

Autre aspect, toujours le coaching. Pierce est toujours en place, et il va aussi falloir qu’il step-up pour diriger ses joueurs. Il va pouvoir s’appuyer sur l’arrivée de Nate McMillan, et dans une moindre mesure sur Rondo qui a une expérience de quinze ans et de deux titres, en plus d’être un joueur très intelligent. Tout ça mis bout à bout fait dire que les playoffs sont largement atteignable, mais qu’il ne faut pas s’enflammer, il y a beaucoup de choses qui peuvent enrailler la machine.

Quelle est votre impression sur cette intersaison ?

Cette intersaison a été exemplaire. On manquait de défense ? On ramène Okongwu, Dunn, Rondo et Capela (même si c’était la saison passée, il n’a pas encore joué). On manquait de playmaking ? On ramène Bogdanovic et Rondo. On voulait de la profondeur ? Gallinari accepte de jouer en sortant du banc, Rondo aussi, Reddish sera décalé en backup avec l’arrivée de Bogdanovic. Le coaching est moyen ? Ramenons un coach reconnu en assistant. Certes on a un peu surpayé Gallinari, mais on n’avait pas trop le choix si on voulait l’attirer. Et sa troisième et dernière saison n’est garantie qu’à hauteur de 5 millions, rendant le deal beaucoup plus simple à trader / couper si ça ne fonctionne pas. Maintenant faut voir comment tout prend, mais on a maintenant toutes les pièces pour être compétitif.

Un petit prono ?

Je pense qu’on ira viser les places en 6 et 8. Donc j’espère un nombre de victoire autour des 38 / 40 victoires.