2019-20 aura été une année moribonde de plus pour les Knicks. Passée la déception de la free agency, Kyrie Irving et Kevin Durant filant chez le voisin bobo de Brooklyn, un effectif mal construit aura été le dernier coup de gloire du régime Steve Mills-Scott Perry.
En résumé ? Un RJ Barrett décevant, Frank Ntilikina en progression mais pas encore mûr, Kevin Knox relégué en fond de rotation, le tout pendant que des vétérans en quête de nouveaux contrats remplissaient leurs stats. Les Knicks avaient réussi à décevoir des attentes déjà bien faibles. “Je ne m’attendais à rien mais je suis quand même déçu“, comme disait si bien Dewey dans Malcolm.
Absent de la bulle après un bilan de 21 victoires et 45 défaites, les Knicks récupèrent le 8ème choix de la draft et entame, avec un nouveau front-office et un nouveau coach, un cycle de reconstruction.
In & out : le point sur le roster
Ils ont quitté l’équipe : Kadeem Allen (JL Bourg – Jeep Elite) ; Damyean Dotson (Cleveland Cavaliers) ; Wayne Ellington (free agent); Taj Gibson (free agent) ; Bobby Portis (Milwaukee Bucks) ; Allonzo Trier (free agent).
Ils ont rejoint l’équipe :
- via free agency : Alec Burks (1 an, $6M ; 15 points, 4.3 rebonds et 2.9 passes en 2019-20) ; Nerlens Noel (1 an, $15M, 7.4/4.9/1.5 contres en 2019-20) ; Austin Rivers (3 ans, $10M, 8.8/2.6/1.7 en 2019-20) ; Michael Kidd-Gilchrist (contrat “exhibit-10“, qui l’invite au training camp mais ne dit rien de sa participation à la saison régulière) ; Myles Powell (contrat “exhibit-10“) ;
- via trade : Jacob Evans, Omari Spellman ;
- via draft : Obi Toppin, Immanuel Quickley.
Le roster à ce jour (par ordre alphabétique) :
Meneurs : Frank Ntilikina, Elfrid Payton, Myles Powell, Dennis Smith Jr,
Arrières : RJ Barrett, Alec Burks, Immanuel Quickley, Austin Rivers,
Ailiers : Reggie Bullock, Jacob Evans, Kevin Knox,
Ailiers-forts : Ignas Brazdeikis, MKG, Julius Randle, Obi Toppin,
Pivots : Nerlens Noel, Mitchell Robinson, Omari Spellman.
Bien malin qui pourra prédire le 5 majeur lors du premier match de la saison des Knicks. A part RJ Barrett et Mitchell Robinson (et encore pour ce dernier), aucun joueur ne semble être assuré de commencer les matchs. Et même pour RJ Barrett, sa position (en 2 ou en 3) ne semble pas être établie de manière pérenne. Voici donc un pari sur le cinq de départ de Tom Thibodeau pour commencer la saison, qui est bien différent de celui que je souhaiterais voir :
Malgré ma relation compliquée avec Elfrid Payton, son retour dans la franchise (il était Free Agent cet été) ne peut pour moi que signifier qu’il reprendra le même rôle que l’année dernière. Si Thibodeau pourrait préférer les qualités défensives de Frank Ntilikina, celui-ci devra continuer sur la lancée de mars 2020 et s’affirmer comme un joueur d’impact offensivement.
Il aurait été possible de combiner Elfrid Payton et Frank Ntilikina et de décaler RJ Barrett en poste 3. Seulement, le Canadien a besoin de la balle dans les mains, c’est en création qu’il est le plus efficace. L’associer à deux meneurs, c’est (1) réduire son utilisation en playmaker, (2) limiter les possibilités de spot-up et lui ruiner une saison de plus le spacing dont il a besoin pour driver.
Pour les raisons ci-dessus, Reggie Bullock apparait comme le complément logique à RJ Barrett. Bon tireur en spot up (46% de réussite en catch and shoot lors de sa dernière saison pleine (2017-18 à Detroit) et défenseur correct, il devrait apporter le spacing évoqué plus haut.
Obi Toppin ou Julius Randle ? Bonne question qui n’aura pas de bonne réponse avant l’opening night. Le spot de titulaire pourrait revenir à celui qui vient d’être drafté. C’est possible. Seulement, quel est le message envoyé à la ligue de bencher le seul free agent d’envergure qui a bien voulu signer à New York et qui sort d’une saison, statistique, correcte ? Bénéfice à l’ancienneté donc, Julius Randle commencera les matchs avant d’être tradé pour un second tour de draft et une imprimante.
Au poste 5, Mitchell Robinson s’installe enfin confortablement dans le cinq de départ et pourra compter sur Nerlens Noel pour ramasser les miettes.
Les tendances de l’automne
Quand ne pas faire est la meilleure chose à faire
Pour la deuxième année consécutive, les Knicks ont fait ce qu’ils avaient à faire, c’est-à-dire ne rien faire. On a souvent reproché aux fans des Knicks leur ambition démesurée (les Photoshop de chaque star NBA en bleu et orange en témoignent). On a encore davantage reproché au front office de surpayer des « stars » pour redonner un semblant d’attractivité à la franchise (les contrats de Joakim Noah, d’Eddy Curry, d’Allan Houston ou de Stephon Marbury…). Cette fois-ci, on ne pourra pas leur reprocher d’en avoir trop fait.
Pour la première off-season du régime Leon Rose, les Knicks ont été raisonnables. On peut même dire qu’ils ont appris de leurs erreurs de la saison passée. Au lieu de saturer leur salary cap avec une multitude de joueurs moyens surpayés (Bobby Portis, Wayne Ellington, Taj Gibson, voire Julius Randle), le front-office a privilégié qualité à quantité. Bon, la qualité est toute relative pour Burks, Rivers et Noel, mais ils représentent tous trois des joueurs solides de rotation en NBA. S’ils ne sont pas des joueurs qui vont révolutionner ni une franchise ni un plan de jeu, ils donneront de bonnes minutes à Tom Thibodeau en complément de la jeune garde.
Pas de folie donc. Les Knicks auraient pu retomber dans leurs travers, et, dans une impatience habituelle, jouer le gros lot. Les free agents à surpayer étaient moins nombreux cette année, mais nombreux étaient les fans qui voulaient appuyer sur le bouton rouge et signer un gros Free Agent. Les Knicks auraient pu (sur)payer Fred Van Vleet, mais celui-ci a été surpayé par Toronto ($85M sur 4 ans). Ils auraient aussi pu se positionner sur Bogdan Bogdanovic, mais était-ce vraiment nécessaire (il a signé un lucratif contrat de $72M sur 4 ans avec les Hawks). Trader pour Russell Westbrook ou John Wall serait revenu à sacrifier de nombreux assets (choix de draft ou jeunes joueurs) et à sacrifiant un salary cap que les Knicks s’étaient tué à assainir. Quel intérêt auraient les Knicks à sacrifier leur futur pour accrocher une timide place en playoffs et faire briller Russell Westbrook ? Le spectacle ?
Une draft surprenante, mais prometteuse
Pas besoin de Russell Westbrook pour voir des gros dunks au Madison Square Garden (vide) ! Obi Toppin, choisi avec le huitième choix de la draft, s’occupera du facteur spectacle pour les prochaines années. Meilleur joueur de NCAA l’année dernière, l’ailier-fort bondissant devrait apporter dès son premier match NBA. Pour mettre les choses en perspective, il est plus âgé que Frank Ntilikina, Kevin Knox, Mitchell Robinson et RJ Barrett. Il est né un jour après Jayson Tatum, qui va entamer sa quatrième saison en NBA. Pour référence, voici l’historique des joueurs de 22 ans ou plus drafté dans la lotterie depuis 2008 :
Obi Toppin is 22 years old. He’s talented but also older than most lottery picks. He’s older than Knicks Frank Ntilikina, Kevin Knox, and Mitchell Robinson. History of players picked in the lottery who are 22 and older isn’t swelling with success. Here’s how it looks since 2008: pic.twitter.com/TB1IHojMNp
— Mike Vorkunov (@MikeVorkunov) November 19, 2020
Les inconnues autour de Toppin sont nombreuses, son niveau défensif, son adresse extérieure réelle en NBA, son adaptation face à des joueurs plus athlétiques… Les Knicks ont en quelque sorte joué la sécurité après avoir parié sur des joueurs « projets », des joueurs qui nécessitent trois ans au moins de développement, avec les choix de Frank Ntilikina et Kevin Knox. Il semble, en tout cas, avoir conquis Austin Rivers.
Austin Rivers on Obi Toppin:
“He’s beyond a freak athlete” pic.twitter.com/Gq29qz2Su7
— Knicks Videos (@sny_knicks) December 2, 2020
Toppin, c’est l’assurance d’une production offensive, voire une très bonne si son adresse en NCAA se reproduit en NBA. Le reste est encore difficile à projeter.
Avec le 25ème choix, les Knicks sélectionnent Immanuel Quickley. Un shooter en provenance de Kentucky (plus de 40% à trois points lors de ses deux saisons NCAA). Très bon en spot-up, encore meilleur en sortie d’écran, ce qui colle avec l’organisation offensive des Knicks qui adoraient, l’année dernière encore, utiliser Wayne Ellington ou Marcus Morris en sortie de stagger screens.
Love how much they’re using Ellington off screens and, once again, Mitch’s athleticism and reaction pops off the screen pic.twitter.com/UG2taafEDE
— Spencer (@SKPearlman) October 8, 2019
Quickley semble avoir les outils (il est long et agile) pour être un bon défenseur sur l’homme en NBA, faisant de lui un potentiel profil 3&D d’ici une ou deux années de développement. Prometteur donc, en dans un registre qui n’est pas de refus dans un tel effectif.
Focus sur la saison 2020-21 des Knicks
Place aux jeunes, ou place aux victoires ?
Avant de discuter de comment les Knicks joueront l’année, il faudrait savoir ce pourquoi ils joueront. Questionnement philosophique qui concerne au moins une dizaine de franchises par an, les Knicks n’y feront pas exception cette année : veut-on gagner des matchs ? veut-on développer nos jeunes ? faut-il instaurer une « culture de la gagne » ? préfère-t-on tout simplement perdre et tanker pour Cade Cunningham ?
Une année de plus à se poser la question, et les Knicks semblent encore avoir tenté un compromis. Ce qui est n’est que rarement profitable, comme nous l’avions noté au printemps dernier.
Le recrutement de Tom Thibodeau, la signature d’Austin Rivers et la reconduction d’Elfrid Payton sont autant de signes que les Knicks ne vont pas totalement sur la route du tanking exacerbé (celui emprunté, par exemple, par le Thunder de Sam Presti cet été). Il ne faudrait toutefois pas être trop sévère : les Knicks ont entamé leur processus de reconstruction. Le noyau dur des jeunes (RJ Barrett-Mitchell Robinson dans sa définition restrictive, on pourrait y ajouter Frank Ntilikina, Kevin Knox et Dennis Smith Jr) semble être le cœur du projet. Mais comment assurer qu’ils ont un espace sain pour se développer ?
Encore une fois, c’est une question de définition de ce qu’est un espace sain. Est-ce un effectif où les jeunes jouent beaucoup, quitte à perdre des matchs et instaurer une dynamique négative ? Ou est-ce les limiter à un rôle plus restreint, les protégeant davantage dans un effectif qui gagne quelques matchs ?
Encore une fois, les Knicks 2020-21 ne semblent répondre à aucun idéal-type. Kevin Knox, Frank Ntilikina devront donc s’attendre à une saison de plus de temps de jeu irrégulier et d’implications aléatoires dans les plans de jeu du coach. Tom Thibodeau a en effet, de manière non surprenante, déclaré que ses choix de rotation seront basés sur le mérite seulement. Le contraire nous aurait étonné.
Pour les fans des Knicks, attendez-vous à subir 38 minutes de Reggie Bullock pendant que Kevin Knox ronge son frein sur le banc. Pour les non-fans des Knicks qui aimeraient y jeter un coup d’œil sur le League Pass ou en début de soirée un dimanche, ne soyez pas surpris si vous ne voyez que pas autant d’Obi Toppin que sa hype pré-draft prédisait.
Qui comme meneur de jeu ?
Autre débat des plus redondants, j’en conviens, pour les fans de la franchise : qui est le meneur de jeu de cette équipe ? Je ne parle pas tellement de meneur titulaire, il importe peu de commencer un match si c’est pour ne plus y jouer (demandez à Keith Bogans, qui a été un starter tout relatif sous Tim Thibodeau à Chicago). Qui sera donc le meneur de premier choix de cette équipe ?
Dans une franchise dont le meilleur meneur de la décennie est sûrement, à une saison oubliée de Derrick Rose près, Raymond Felton, le poste de meneur est un beau casse-tête. Frank Ntilikina, drafté pour être ce meneur tant recherché, nécessite encore du développement. Aussi excellent qu’il soit en défense (il y est vraiment excellent), il demeure toujours une tare offensive bien trop importante. Il semble développer les outils pour progresser offensivement : son jeu de pick and roll est prometteur, et il peut compter sur une belle complémentarité avec Mitchell Robinson. Son tir, lui aussi, est en progression constante, la progression est d’ailleurs flagrante en sortie de dribble, en témoigne sa très bonne coupe du monde à l’été 2019.
Strong World Cup showing for Frank Ntilikina: 8.9 PTS, 2.4 REB and 2.6 AST in 19.6 MIN while shooting 57.7% from 2 and 36.4% from 3. Made a lot of shots off the bounce, looked more creative around the rim, defended as always. Has positive momentum heading into his 3rd NBA season. pic.twitter.com/Zh3md9eWPO
— Mike Schmitz (@Mike_Schmitz) September 16, 2019
Pour l’instant, le rôle de starter devrait revenir à Elfrid Payton, qui avait déjà ce rôle l’année dernière. Il n’a en réalité ni donné de raisons nécessaires pour le conforter totalement au poste de titulaire, mais n’a pas été assez mauvais pour que renverser la hiérarchie soit absolument nécessaire. Très bon passeur, bon joueur de pick and roll et gestionnaire correct, il ajoute à son profil offensif positif une défense tout à fait respectable. L’ancien lottery pick ne révolutionnera pas le jeu d’une équipe, c’est sûr, mais il limite la casse. Son manque total de tir est toutefois un gros problème, surtout lorsqu’il est aligné avec d’autres non-menaces extérieures (Julius Randle, Mitchell Robinson et dans une moindre mesure RJ Barrett).
- L’énigme Dennis Smith Jr
Autre inconnue dans cette équation : Dennis Smith Jr. Celui qui était arrivé en provenance de Dallas dans le trade de Kristaps Porzingis sortait alors d’une saison rookie prometteuse (15.2 points, 5 passes décisives) mais ne rentrait plus dans les plans de la franchise qui avait récupéré Luka Doncic. 21 matchs corrects pour finir sa saison Sophomore avec les Knicks, et depuis, plus rien. D’un niveau abyssal l’année dernière, écarté du groupe dans la deuxième partie de la saison, des blessures au dos et des problèmes personnels… En tout cas, 2020-21 pourrait être l’année du rebond pour l’ancien de NC State. Sûrement derrière Payton et Ntilikina dans la rotation de début de saison, il pourrait toutefois renverser la hiérarchie s’il retrouve le niveau affiché à son arrivée dans la ligue : un scoreur, pas très efficace mais de volume, allié à un playmaker correct.
this is just sad. pic.twitter.com/7TTIl9Aj7R
— Mike Cortez 🇵🇷 (@CortezEra) November 24, 2019
La tendance de ce début de saison est en côté positive, Dennis Smith Jr semble avoir profité de la longue pause pour se recentrer et reprendre confiance. Le scénario le plus optimiste serait de voir Tom Thibodeau capable de ressusciter la carrière de Dennis Smith Jr comme il avait redonné confiance à Derrick Rose après ses blessures. On ne peut que l’espérer. Dans l’attente de jours nouveaux, Smith Jr ne devrait que sporadiquement voir le terrain. S’il performe, les Knicks se retrouveront, pour la quatrième année consécutive, avec trois meneurs d’un niveau équivalent et sans hiérarchie claire. Comme quoi, il y a des choses qui ne changent pas.
Que faire de Julius Randle ?
Joueur le mieux payé de l’effectif cette année (19M$). Il pourrait entrer dans la dernière année de son contrat (seulement 4M$ lui sont garantis l’année prochaine) et sort d’une saison à 20 points-10 rebonds. Celui qui avait affiché un niveau presque All Star aux côtés d’Anthony Davis et Jrue Holiday à New Orleans n’a pas confirmé dans un rôle de numéro 1 : son efficacité s’est effondrée (de 52% à 2-points à 46%, de 34% à 3-points à 28%), il perd presque plus de ballons qu’il ne fait de passes décisives et sa défense reste problématique.
De son constat, on comprendrait les hordes de fans des Knicks qui se sont coalisés pour l’échanger. Seulement, il est, à l’heure où j’écris ces lignes, encore là, et là pour rester. Pour ne pas arranger son cas, il semble marcher sur les platebandes d’Obi Toppin et Mitchell Robinson par sa position de jeu. Par son style de jeu, il n’est que difficilement associable à RJ Barrett. Bref, il apparait comme une épine dans le pied de Tom Thibodeau. Mais en éternel optimiste que je suis, je pense qu’il existe un monde où Julius Randle est un joueur important à New York. Comment ?
-
L’utiliser davantage au poste 5
La saison dernière a été, selon basketball-reference.com, la saison où Julius Randle a été le moins utilisé au poste 5 (seulement 5% des positions). Il me semble pourtant qu’un rôle de pivot small ball est celui qui lui sied le mieux en 2020. En effet, il n’est pas une menace extérieure fiable, il n’est pas encore assez adroit pour être totalement respecté par les défenses. L’associer à un pivot qui ne tire pas non plus, Mitchell Robinson ou Nerlens Noel, reviendrait à sacrifier tout projet de spacing. C’est d’autant plus productif que les armes offensives des Knicks ne vivent pour l’instant que par des pénétrations (Elfrid Payton, RJ Barrett et Obi Toppin).
Evidemment, tout avantage offensif amené par Julius Randle au poste de pivot est compensé par son absence de dissuasion défensive : il n’est pas un bon protecteur de cercle, et est un défenseur de pick and roll très moyen. Il est un défenseur correct sur switch défensif, en témoigne ses trois clips :
Ses limitations défensives sont l’argument le plus avancé pour justifier son association avec une ancre défensive comme Mitchell Robinson, et c’est un argument tout à fait recevable. Seulement, dans une équipe des Knicks qui était l’année dernière 27ède la ligue en Offensive Rating (nombre de points marqués sur 100 possessions), un boost offensif serait le bienvenu.
Il ne me serait donc pas inconcevable de voir Julius Randle au poste 5, associé à Obi Toppin : oui, de ce qu’on a vu de Toppin en NCAA, ce serait un candidat au pire duo défensif de la ligue (dans une ligue où DeAngelo Russell et KAT ne jouent pas ensemble). Le potentiel offensif est toutefois là. Associé à de bons défenseurs d’équipe (Payton, Ntilikina, Barrett), ce duo a réellement un potentiel très intéressant.
- Utiliser Randle davantage hors-ballon
Le repositionnement au poste 5, si je le pense nécessaire, est assez peu probable en l’espèce : Tim Thibodeau semble préférer un poste 5 au profil défensif, et les Knicks en comptent deux dans leur effectif (Robinson, Noel). Même au poste 4, il y a des moyens d’optimiser Julius Randle. Ne plus lui demander de tenir le ballon serait déjà un bon début.
Julius Randle n’est pas un “point-forward”, comme David Fizdale avait voulu principalement l’utiliser. Si sa capacité à tenir le ballon et jouer des pick and roll balle en main est un bel atout à avoir, ce n’est pas ce qui fait sa force. Les Knicks devraient, pour optimiser son utilisation, retourner à un usage plus classique : faire poser des écrans à un joueur qui était en 2018-19 dans le top 8% des joueurs NBA lorsqu’il posait un écran porteur. Sa capacité à rouler au panier après un écran est sa force, et les Knicks ne l’ont pas assez utilisé l’année dernière. On revient ici au problème de la position : il est plus difficile de faire un Pick and Roll si Randle est associé à un pivot qui ne peut pas espacer le jeu.
Randle est également dans le top 15% des joueurs NBA lorsqu’il s’agit de couper au panier. Avec des bons passeurs autour de lui (Payton, Ntilikina, Barrett est un passeur instinctif mais prometteur), Randle pourrait se voir mis en valeur dans des scénarios où la défense se relâche.
L’utiliser hors ballon ne pourra que résoudre beaucoup des problèmes offensifs des Knicks, et pourra responsabiliser RJ Barrett, qui devrait récupérer la plupart de la création laissée vacante par Randle.
Au final, quel(s) objectif(s) ?
Les objectifs de cette année seront dictés par la présence de l’homme providentiel : Tom Thibodeau. Son recrutement avait fait parler à l’époque, tant (1) sa dernière expérience à Minnesota avait laissé un goût amer et (2) son profil semble éloigné des besoins d’une franchise en reconstruction. Son pedigree parle pourtant pour lui, champion NBA en tant qu’assistant avec les Celtics, sûrement à un genou près de Derrick Rose de jouer le titre pendant cinq ans à Chicago et le seul coach à avoir emmené une équipe des Wolves en playoff (merci Jimmy). Sans emploi depuis son éviction en janvier 2019, Leon Rose l’a donc ramené dans un but précis : établir une culture de la gagne à New York et aidé au développement des jeunes.
- Quel développement pour les jeunes ?
Thibodeau ramasse souvent les mérites du développement de certains joueurs : Joakim Noah, Luol Deng, Jimmy Butler, Derrick Rose (dans une moindre mesure), Zach Lavine… Ce biais du survivant nous pousse aussi à oublier les autres laissés pour compte (Tony Snell, Andrew Wiggins…), mais nier les succès de Tom Thibodeau serait malhonnête.
Thibodeau et son staff semblent pouvoir débloquer le potentiel de la jeune garde new-yorkaise : RJ Barrett, Frank Ntilikina et Mitchell Robinson coche les critères appréciés par Thibs : potentiel athlétique, outils défensifs et haut moteur. La dernière pièce de ces jeunes joueurs, souvent oublié à raison, Kevin Knox, devrait profiter de sa relation avec Kenny Payne, assistant de Thibodeau qu’il a connu à Kentucky.
Si nous n’avons pas mentionné Kevin Knox pour l’instant, c’est parce qu’il demeure une énigme. Je l’écrivais déjà au printemps dernier : il a les outils pour être un bon ailier moderne en NBA : il est long, adroit, et a les outils défensifs pour être un bon défenseur d’équipe. Ses flashs de brillance (voir ci-dessous) sont trop prometteurs pour ne pas être exploités.
- Etablir une “culture”
Ce sera notre dernier point, puisqu’il ouvrira sur la saison prochaine. Tom Thibodeau est doté d’une bonne réputation dans la ligue. Il est respecté par ses anciens joueurs et par les stars de cette ligue. S’il peut insuffler une nouvelle dynamique à New York, cette « culture » que les équipes en reconstruction cherchent à établir (Atkinson à Brooklyn, Jenkins à Memphis), cela n’en augmentera que l’attractivité de la franchise. Signé pour un contrat de 5 ans, il pourrait apporter la stabilité tant recherchée. Cette première année, sans aucune attente de résultat, ne peut qu’être un succès si Thibodeau fédère son groupe et le stabilise. Si c’est le cas, les Knicks pourraient capitaliser sur la tant attendue draft 2021 et s’établir comme un marché attractif l’été prochain.
L’avis éclairé, avec @KnicksFR
Comme tous les ans, parole à ceux qui subissent au quotidien la franchise. Ici, @KnicksFR pour vérifier si je ne dis pas n’importe quoi.
Quel est ton avis sur cette intersaison ? Satisfait de la direction prise par le nouveau Front Office ?
Satisfait c’est un grand mot mais on peut au moins se réjouir de ne pas avoir fait d’erreurs en donnant de mauvais contrats. Ça peut paraître bête mais c’est déjà un bon début pour un dirigeant des Knicks. Après j’attends encore de voir avant de juger Leon Rose. Beaucoup de gens vont louer sa patience mais je pense qu’il voulait frapper fort et qu’il n’en a pas eu l’occasion. La preuve, ils voulaient Chris Paul mais il a juste préféré aller à Phoenix pour la proximité avec LA, et on était très intéressé par Hayward avant que Charlotte fasse une offre folle. Et je pense qu’il veut toujours se positionner sur les gros poissons de 2021, donc je suis pas sûr qu’il soit si patient que ça. Mais on verra.
Quel meneur pour cette équipe ?
Connaissant Thibodeau, je pense que Dennis Smith Jr. sera préféré en début de saison. Il aime bien les meneurs très agressifs vers le cercle et athlétique. Après Payton aura ses minutes parce que c’est un joueur NBA honnête et Ntilikina sera utilisé dans un rôle un peu plus polyvalent je pense, donc il aura ses minutes même si pas forcément en tant que porteur de balle principal. On va repartir dans un duel à 3 comme l’an dernier, qui n’a mené à rien. Pour ça que je suis sceptique de la signature de Payton. Mais bon on verra encore une fois.
Que faire de Julius Randle ?
C’est la grosse question du moment. Il lui reste 2 ans de contrat à 19M$ mais sa dernière année n’est que garantie à 5M$, donc c’est 14M$ de cap space pour 2021 si une équipe veut créer de l’espace pour la FA. Moi j’aimerais beaucoup l’échanger, il ne fit pas du tout avec le roster et notamment avec les jeunes (Barrett et Toppin surtout). Mais je ne vois pas un club trader pour lui malgré le contrat expirant. C’est un joueur dur à incorporer dans un collectif avec son profil. Ce serait un trop gros risque pour un contender.
Faut-il prioriser le développement des jeunes et les faire jouer, même s’ils sont en difficulté, ou bien privilégier les résultats ?
Franchement on s’en fiche des résultats aujourd’hui. Si on gagne 35 matchs avec Payton Randle Rivers Noel je serais pas trop satisfait. Je veux voir Barrett, Toppin, Robinson, Frank, DSJ, Quickley, Knox jouer afin de savoir quel joueur est compétent et pourrait continuer nous aider dans le futur si l’équipe devient solide. Cette saison doit servir à ça, évaluer les jeunes joueurs. Après pas sûr que Thibodeau soit dans cette optique. S’il a le soutien du FO ce serait possible… et encore. Mais je ne veux pas revivre la saison dernière où on perd avec Knox, Frank, Dotson qui ne finissaient pas les matchs. Ça ressemblerait à une nouvelle saison gâchée. Et on avancerait pas dans la reconstruction.
Merci à @KnicksFR pour son retour, et bonne saison à tous !