“Je vous préviens, c’est une véritable boucherie à l’intérieur”
Effectivement, le type qui a fait ça était un maniaque, et pour cette huitième journée d’Euroleague, il fallait avoir le cœur bien accroché pour ne pas être bousculé par les montagnes russes vécues par nos acteurs hebdomadaires favoris. Huit matchs au programme, Covid-19 oblige : du fait des Lombards cette fois-ci, le Khimki se voyait encore lésé au regard du calendrier.
Entre les chocs de mal classés (ASVEL-Zenith), les retours symboliques (CSKA-Baskonia), les oppositions de style (Olympiacos-Alba, Bayern-Valence), les affrontements de pistoleros (Panathinaïkos-Anadolu) et les affiches récurrentes (Barça-Fener) ou surprises (Zvezda-Real, Maccabi-Zalgiris), il y avait de quoi être “hyper content”, comme dirait Simon.
Alors on s’installe et on prend la fiche du film : “Huitième journée d’Euroleague, huitième journée d’Euroleague, 20 minutes d’arrêt !”
Les résultats de la journée
Le MVP : Darrun Hilliard (CSKA)
Le 5 majeur
Le 6è homme : Kyle Kuric (Barcelone)
La réac’ réac du rédac
Le classement
Le programme des 9è et 10è journée
***
Les résultats de la 8è journée
Cliquez sur le match qui vous intéresse pour accéder à son résumé complet !
- CSKA Moscou – Baskonia Vitoria-Gasteiz – MegaSport Arena : 89–86
Private joke récurrente depuis quelques saisons, que celle de surnommer le club russe le Baskonia de Moscou. Car oui, les mouvements entre les deux habitués de l’Euroleague sont nombreux. Au coup d’envoi ce jour, Hilliard, Voigtmann et Shengelia (dernier en date) étaient en provenance de Vitoria, alors que l’américain Alec Peters avait fait le chemin inverse.
Que dire, si ce n’est que le scénario du match fut plutôt surprenant ?
Pendant quasiment trois quart-temps, nous assistâmes à un bras de fer semblant perdu d’avance pour les troupes de Dusko Ivanovic. Ayant ciblé, à raison, la raquette du CSKA, orpheline depuis l’intersaison dernière du légendaire protecteur d’arceau Kyle Hines (2 fois meilleur défenseur, 4 fois vainqueur de l’Euroleague), et de fait présentant des lacunes prégnantes, les basques insistaient par l’intermédiaire d’un excellent Youssoupha Fall.
Jusqu’alors peu utilisé, depuis son arrivée la saison dernière, l’ex-strasbourgeois martyrisait à tour de rôle Bolomboy, Milutinov (décidément en difficulté pour retrouver des sensations), et obligeant Itoudis à envoyer les soldats Kurbanov et Toko Shengelia sur le géant. Cette carence dans la raquette, illustrée numériquement (37 rebonds à 20, dont 13 offensifs pour Vitoria), devra être compensée, sous peine d’être victimes de potentielles déconvenues face aux “grands” de la compétition.
Mais en 2020, le CSKA, pourtant sans leur playmaker Mike James (a priori en délicatesse avec le front office russe, affaire à suivre…), est une arme de destruction massive lorsque la machine est en route.
Et dans le rôle du “maniaque” pour ce match, c’est un ancien de la maison Baskonia qui se montrait : Darrun Hilliard allait noircir la feuille, avec 7 tirs primés sur 10 tentatives, avec des séries lors de moments charnières (pour passer de 26-22 à 42-29 un peu avant la mi-temps par exemple).
Alors que le CSKA semblait se diriger vers une victoire relativement maitrisée, mettant en relief une nouvelle fois l’incapacité d’Ivanovic et de son groupe à gérer les temps forts/temps faibles d’une rencontre, Vitoria fit ce pourquoi l’équipe est reconnue cette saison… réagir.
Ainsi, pourtant mené 79-64 avec cinq minutes à jouer, Pierria Henry (qui était totalement hors du coup avec 6 pertes de balle, 23 turnovers au final pour son équipe, inacceptable) se réveilla, avec l’énergie du désespoir, semblant n’avoir pour but que de traumatiser Daniel Hackett.
Malgré 15 points et 2 interceptions dans les paluches du malheureux meneur italien, pour recoller à 82-82 avec 48 secondes à jouer, le collectif basque allait trébucher, du fait d’une mauvaise gestion du timing offensif, et laisser l’occasion d’abord à Will Clyburn (encore une fois décisif cette saison) et évidemment Darrun Hilliard sur un tir longue distance à 23.1 secondes du coup de sifflet final de sceller la 384ème victoire de l’Histoire du club en Euroleague, à l’occasion de son 500ème match. Troisième victoire de rang pour le CSKA, avant d’affronter le Zalgiris et le Bayern cette semaine.
Le coin des stats :
- Darrun Hilliard (SF – US – CSKA) : 31 points à 7/10 à 3pts, 32 d’évaluation
- Tornike Shengelia (PF – GEO – CSKA) : 12 points à 5/8 au tir, 7 rebonds, 4 passes.
- Pierria Henry (PG – US – Baskonia) : 17 points à 2/4 à 3pts, 3 rebonds, 5 passes, 19 d’évaluation
- Youssoupha Fall (C – FRA – Baskonia) : 19 points à 7/9, 8 rebonds, 27 d’évaluation.
“Vous reprendrez bien un peu de suspense ?”
- Olympiacos – Alba Berlin – Peace and Friendship Stadium : 75–71
Si vous êtes néophytes concernant l’Euroleague, alors la narration de ce match vous donnera une bonne illustration des identités de ces deux équipes.
Les visiteurs du jour, champions d’Allemagne en titre, et cornaqués par un des vieux sorciers du basket européen, Aito Garcia Reneses (73 ans, entraineur depuis… 1973, vainqueur de la Liga ACB avec le Barça en 1987… A l’époque, aucun de ses joueurs n’était né), sont sans leur faire injure, l’équipe au niveau intrinsèque le moins fort de la compétition.
En revanche, les profils sélectionnés sont propices à un jeu délié, résolument moderne, tourné vers l’attaque. Hélas, compte-tenu du différentiel de niveau avec leurs adversaires, et en dépit de débuts de matchs souvent tonitruants, ils souffrent de manière très (trop) récurrente, avant de sombrer, en cours de troisième quart-temps.
En face, l’Olympiacos en revanche, ne manque ni de talent ni d’expérience.
Et s’il est raisonnable de considérer que les grecs de Bartzokas ne font plus partie des favoris pour le Final Four, il est indéniable que leur passif européen leur confère une sérénité considérable, leur permettant de bien souvent continuer à exister dans des matchs qui paraissaient perdus et d’accrocher de solides concurrents à leur tableau de chasse (en noir et blanc selon toute vraisemblance). Demandez donc au Pana, à Milan ou au Maccabi.
Ce duel ne dérogea pas à leurs habitudes respectives. Entreprenant et offensif d’entrée de jeu, l’Alba asphyxia les joueurs du Pirée, provoquant 5 pertes de balle au cours des huit premières possessions, Papanikolaou ne scorant qu’à la moitié de la période.
Peu avant la mi-temps, le score gonfla jusqu’à 35-20 pour Berlin.
La deuxième mi-temps débutait avec un tout autre état d’esprit. Les Spanoulis, Vezenkov, ainsi que la bombe McKissic allaient doucher les ambitions allemandes, via une grosse intensité défensive tout d’abord, puis par de violents coups de collier (11-0 après deux tirs primés de V-Span, puis un 10-0 quelques minutes plus tard). N’en jetez plus, le 27-9 passé dans le troisième quart-temps serait fatal aux coéquipiers de Luke Sikma.
Le coin des stats :
- Shaquille McKissic (SF – US – Olympiacos) : 14 points à 5/10, 3 rebonds, 3 passes, 3 interceptions
- Livio Jean-Charles (PF – FRA – Olympiacos) : 13 points, 5 rebonds
- Kostas Papanikolaou (SF – GRE – Olympiacos) 8 points, 6 rebonds, 4 passes, 3 interceptions
- Nils Giffey (SF – ALL – Alba) : 13 points à 4/7, 5 rebonds, 4passes, 21 d’évaluation
- FC Barcelone – Fenerbahçe Istanbul – Palau Blaugrana : 97–55
“Aïeu !!!”
Soyons francs, jamais aucun débriefing de match ne pourra retranscrire aussi bien le vécu que la déroute des turcs du Fenerbahçe évoque.
Douloureux, brutal, violent, en tout point :
- 125 d’évaluation collective pour l’équipe de Jasikevicius, contre 46 pour les joueurs de Kokoskov,
- 16/30 à 3pts (53.3%) pour les catalans, 4/18 (22.2%) pour les stambouliotes,
- Barcelona, c’était 34 rebonds, 27 passes décisives, 14 turnovers ; au Fenerbahçe, 24 rebonds, 17 passes, 25 pertes de balle,
- Le Fener’, jusqu’alors défense la plus efficiente d’Euroleague subissait sa deuxième plus large défaite de son Histoire européenne.
Détail gênant, ce niveau de performance était atteint en autorisant tous les joueurs à participer au massacre au moins dix minutes, tout en leur permettant de se reposer en ne dépassant quasiment pas (Higgins étant l’exception) vingt minutes de jeu.
Quant au match en lui-même, je ne peux que vous conseillez de le visionner.
En l’absence de Nando De Colo, blessé (qui devrait être remplacé par le meneur mexicain de Bahcesehir, Alex Perez), l’essentiel de la création était confié au trio Lorenzo Brown, Leo Westermann, Ali Muhammed.
La première partie du plan fomenté par le nouveau coach barcelonais aura consisté en un harcèlement autour du porteur de balle, préalablement à l’initiation du pick and roll central. Conséquence immédiate, le déplacement de l’intérieur du Fener’ libérait les défenseurs intérieurs du Barça qui pouvaient dès lors aller couper les lignes de passe vers les ailiers turcs.
La capacité à switcher de TOUS les membres de l’effectif blaugrana garantissait également l’établissement d’un rempart efficace contre les attaques au panier. Après ce travail de sape réalisé (avec brio), il ne restait plus à Saras d’installer ses schémas offensifs, aussi variés qu’efficaces, impliquant tout le monde, trouvant les shooteurs ouverts (Abrines à 3/6 à 3pts, Kuric à 7/8, Smits à 2/2, Mirotic à 2/4), et sublimant un Nick Calathes plus distributeur que jamais.
Pas moins de quatre joueurs atteignaient ainsi les 20 d’évaluation – je le rappelle, en 20 minutes ou moins.
Si l’on met en perspective ce constat avec le relatif manque d’expérience et de fluidité (si, si!) du collectif barcelonais, alors on vous répond tout de suite : non, personne ne pourra les arrêter.
Le coin des stats :
- Rolands Smits (Barça) : 20 points à 9/10, 5 rebonds, 23 à l’évaluation
- Cory Higgins (Barça) : 11 points, 3 rebonds, 3 interceptions, 20 d’évaluation
- Kyle Kuric (Barça) : 25 points à 7/8 à 3pts, 22 d’évaluation
- Nikola Mirotic (Barça) : 16 points à 6/10, 8 rebonds, 23 d’évaluation.
- Crvena Zvezda – Real Madrid – Aleksandar Nikolic Hall : 67–73
Deux équipes au bilan surprenant (3 victoires et 4 défaites) s’affrontaient à Belgrade. Surprenant, parce qu’on attendait pas le Real Madrid si bas dans le classement, et parce qu’on n’attendait pas Belgrade si fort, avec un bilan qui ne flatte pas la qualité du jeu qu’ils ont proposé.
Dans un match de série, ce sont finalement les Madrilènes qui s’imposent, grâce à une défense absolument étouffante dans les quatre dernières minutes de la rencontre (seulement deux points encaissés).
Belgrade et la dépendance Loyd-Walden
Le duo d’arrières américains est très fort en ce début de saison, et l’a encore été contre Madrid : 22 points pour Jordan Loyd, qui sera très certainement un candidat au meilleur cinq de la saison, 16 points pour Corey Walden. Ils cumulent à eux-deux plus de 55% des points marqués par leur équipe. Seulement, Belgrade est totalement dépendant de leurs exploits individuels pour générer de l’attaque, surtout lorsque leurs coéquipiers sont aussi maladroits. Dans les dernières minutes, le Real Madrid a pu lancer Campazzo et Fernandez en mission défensive, avec Walter Tavares en second rideau, pour musuler les deux Américains.
Pablo Laso aime les trois points
Le Real Madrid de Pablo Laso a une de fois de plus montré leur propension à artiller à trois-points : 39 tirs à trois points tentés par Madrid, pour seulement 18 (!!) tirs à deux-points.Un choix tactique en cohérence avec son effectif et qui a profité notamment à Anthony Randolph (3/4) et Trey Thompkins (4/9 dont deux gros tirs dans le money time).
En somme, une belle victoire qui relance le Real Madrid et qui met un terme à la belle dynamique de Belgrade. L’équipe de Sasa Obradovic devra trouver de la production de ses role players s’ils veulent continuer à lutter pour les playoffs.
Le coin des stats:
- Jordan Loyd (SG – Belgrade) : 22 points (9/15 au tir), 2 rebonds, 3 passes, 2 interceptions
- Trey Thompkins (F – Real Madrid) : 14 points (5/12 au tir), 6 rebonds.
- Facundo Campazzo (PG – Real Madrid) : 8 points (2/10 au tir), 5 passes décisives, 5 balles perdues
- FC Bayern Munich – Valencia Basket – Audi Dome : 90–79
Mais c’est qu’ils continuent ces bavarois ! Et voilà que pour une semaine de plus, la bannière Weiss und Blau met une claque à notre EuroCrewQI qui avaient annoncé que l’année serait difficile pour Munich. Que neni camarades, voilà la bande à coach Trinchieri toujours en 2e position du classement ! Et même face à un gros morceau comme le Valencia Basket, le Bayern a gardé la tête haute.
Pourtant mené d’entrée de jeu, les munichois ont fait confiance à leur collectif et à l’investissement de Lucic qui enchaînait les percées vers l’arceau. Bien emmené par Kalinic et le slovène Prepelic, copain de Doncic en sélection, Valencia parvenait à contenir les bavarois. La suite ? La qualité de passe du Bayern, et l’adresse à trois points, notamment de Zipser (20pts), mais aussi de Lucic, qui se permet en plus de mettre la pression défensive pour prendre l’interception qui achève les espoirs de Valencia. Résultat, le Bayern termine le travail, et reste la seule équipe de la ligue sous le Barça…incroyables bavarois.
Le coin des stats :
- Vladimir Lucic (PF – Bayern) : 22 points, 7 rebonds, 2 passes.
- Paul Zipser (SG – Bayern) : 20 points, 4 rebonds.
- Klemen Prepelic (SG – Valencia) : 18 points, 5 passes.
- Nikola Kalinic (PF – Valencia) : 10 points, 5 rebonds.
- LDLC ASVEL Villeurbanne – Zénith Saint-Pétersbourg – Astroballe : 53–66
En présence de Théo Maledon, futur joueur NBA après la nuit de mercredi à jeudi (foncez voir le boulot des copains d’Envergure), l’Asvel voulait se reprendre. En début de semaine, déjà à la maison, l’équipe de TJ Parker s’était inclinée contre l’Étoile Rouge en match en retard de la quatrième journée (68-89). Malheureusement pour nos français, c’est un deuxième rendez-vous manqué face au Zénith Saint-Pétersbourg de Xavi Pascual. On ne va pas se mentir et l’on doit vous avouer que ce match a été long à regarder… Les deux équipes font ce qu’elles peuvent dans un début de campagne perturbée par les cas de Covid.
L’Asvel commence la rencontre en recherchant son homme fort, Moustapha Fall. Le Zénith va… lui aussi utiliser Fall lors de ses attaques, Kevin Pangos abusant des picks pour forcer les switchs défensifs et utiliser sa vitesse sur Fall ou jouer le mismatch dans la peinture. Le manque d’adresse est flagrant des deux côtés et le premier acte se termine sur un (tout) petit score (11-12). Le Zénith est dans une meilleure dynamique et en profite pour prendre un premier vrai avantage (13-19) derrière un 10-2 a cheval entre les dernières secondes du premier quart et le début du second. David Lighty, mais aussi Rihards Lomazs et Guerschon Yabusele font revenir les villeurbannais à deux points (19-21). Cependant l’accumulation de petites erreurs fait du mal aux locaux et après un 7-0, le Zénith rentre aux vestiaires avec l’avantage au score, 21-28.
La deuxième mi-temps est un peu plus animée (un peu on a dit). David Lighty est utilisé en post up face à Pontika. Depuis le début de la rencontre, Arturas Gudaitis est clairement en mission afin d’empêcher au maximum Fall d’avoir le ballon et/ou de lui obliger à recevoir la balle proche du cercle. Les deux équipes se quittent dos à dos dans ce troisième quart-temps (16-16) et à l’entrée des dix dernières minutes, l’écart est toujours de sept points en faveur des russes (37-44).
Le match s’emballe presque dans cette dernière période, Kevin Pangos et Alex Poythress s’offrant même le luxe de réaliser un alley-oop forçant le temps-mort de l’Asvel (39-47). Les français se sentent d’ailleurs mieux après cette micro coupure. Ainsi Lomazs à trois points enchainé par une bonne défense et Moustapha Fall au poste bas permettent à l’Asvel d’être sur les talons du Zénith (44-47). Billy Baron envoie de loin, répondu par Kahudi qui contrairement à son équipe, est en réussite (4/7 depuis la ligne à trois points). Durant cette deuxième mi-temps, Will Thomas est l’homme de la situation pour Saint-Pétersbourg. A moins de cinq minutes de la fin, il monte au dunk et vient arracher la faute (49-55). Ce petit pécule d’avance fait du bien mais Kahudi envoie une nouvelle bombe à trois points puis s’empare d’un rebond défensif en laissant ses 34 ans de côté pour le récupérer avec hauteur et autorité. C’est pourtant trop peu car l’Asvel n’arrive pas à revenir. Ponitka impose sa défense avec plusieurs steals et à 27 secondes de la fin du match, la barre des dix points d’écart est enfin franchie. Billy Baron joue la dernière possession et rentre un dernier tir de loin. La messe est dite, victoire du Zénith 53-66.
Le coin des stats :
- Charles Kahudi (Asvel) : 14 points, 5 rebonds
- Moustapha Fall (Asvel) : 10 points, 7 rebonds, 2 passes
- Will Thomas (Zénith) : 14 points, 7 rebonds, 2 passes, 1 interception
- Alex Poythress (Zénith) : 12 points, 7 rebonds, 2 interceptions, 2 contres
- Matheusz Ponitka (Zénith) : 9 points, 5 rebonds, 3 passes, 2 interceptions
- Panathinaïkos – Anadolu Efes Istanbul – OAKA : 77–80
Deux équipes peinant à trouver leur rythme, deux équipes misant une part importante de leur jeu sur la réussite longue distance, deux trajectoires différentes pourtant.
Le Panathinaïkos est un géant européen, sur le toit de l’Europe pendant presque vingt ans. Le contexte économique grec, puis la crise sanitaire étant venus accélerer un processus qui semblait inextricable, d’outsider régulier au dernier carré, les verts d’Athènes se sont mués en écurie du ventre mou, et ne semblent jusqu’alors pas en mesure d’espérer autre chose que d’occasionnels succès de prestige. Bilan de deux victoires et trois défaites avant cette rencontre.
A Istanbul, les vingt dernières années ont vu le paradigme turc être ostensiblement modifié. L’Anadolu Efes Istanbul, héritier du fameux Efes Pilsen des glorieuses années 2000, reprend depuis trois saisons, sous la direction d’Ergin Ataman et avec Shane Larkin en chef de meute, un standing de favori au sacre final.
Las, le meilleur joueur de ces deux dernières années européennes ne nous honore de sa présence sur les parquets que de manière épisodique, laissant le soin à ses coéquipiers de trouver un nouvel équilibre. Si les trois défaites au cours des quatre premiers matchs pouvaient inquiéter, nous pûmes assister à un léger regain d’entrain ces deux derniers matchs.
Afin d’alléger un tant soit peu le format de nos résumés, tout en évitant de divulgâcher des parties que vous souhaiteriez visionner, nous vous proposerons dorénavant des debriefings de matchs moins holitisques et nous vous proposerons un axe de refléxion par équipe.
Que retenir ?
- Pour le Pana‘ : encore un match avec un nouveau meneur dans le cinq de départ ! Cette fois-ci, c’est l’habituel arrière-shooteur Marcus Foster qui s’y collait, avec une réussite discutable. En effet, s’il est un tireur d’élite, ses compétences à la création, notamment autour des excellents rollmen Papagiannis (encore 16 points) et Aaron White (11 points), sont à peine au-dessus de la moyenne. Il sera relayé par le nouvel arrivant, l’ex-NBAer (456 matchs) Shelvin Mack, auteur de débuts intéressants (18 points à 3/4 à trois points).
- Pour l’Anadolu : Micic ne s’est pas totalement perdu. Nous l’avons dit et répété, le salut des coéquipiers du capitaine Dogus Balbay passera par les performances de leurs guards. Rodrigue Beaubois ayant fait sa part du travail pour relancer la machine contre le Maccabi, et en attendant le retour de Larkin la semaine prochaine, c’est le meneur serbe qui devait assumer son statut de playmaker. Et le temps d’une soirée, on a retrouvé Vassilje. Agressif, intense, adroit, naviguant à merveille autour des écrans il a fait tourner la tête de l’arrière garde athénienne. Un peu seul cependant, attention à ne pas se faire surprendre par leurs adversaires la semaine prochaine !
Le coin des stats :
- Shelvin Mack (Panathinaïkos) : 18 points à 3/4 à 3pts, 2 interceptions, 15 d’évaluation
- Georgios Papagiannis (Panathinaïkos) : 16 points à 7/8, 6 rebonds, 2 passes, 2 contres, 22 d’évaluation
- Aaron White (Panathinaïkos) : 11 points à 4/5, 8 rebonds, 20 d’évaluation
- Vassilje Micic (Anadolu) : 33 points à 5/7 à 3pts, 29 d’évaluation.
- Maccabi Tel-Aviv – Zalgiris Kaunas – Menora Mivtachim Arena : 85–57
Si pendant l’intersaison, après le départ psychodramatique de l’enfant prodigue du Zalgiris, Sarunas Jasikevicius vers le Barça, on nous avait dit que trois mois plus tard, les verts de Martin Schiller accueilleraient les hommes de Ioannis Sfairopoulos, gonflé par les arrivées du pivot Ante Zizic, en ayant un bilan de 5 victoires et 2 défaites, contre un bilan en miroir, nous ne l’aurions jamais cru.
Et pourtant…
Mais en Euroleague, les échelles de valeur ont souvent tendance à se remettre en évidence, et le Zalgiris, surprenant par son intensité et ses schémas offensifs, a fait montre depuis trois rencontres de quelques lacunes, en lien avec le manque (logique) de profondeur.
Le Maccabi, dont on ne peut nier le potentiel, que des fulgurances viennent régulièrement illustrer, laissait une impression de produit brut, manquant de repères et de fluidité collective (victoire uniquement contre les deux derniers, Alba Berlin et Khimki Moscou).
Ce match sembla avoir pour fonction de faire une sorte de piqûre de rappel vis à vis des statuts habituels de ces équipes, dans une compétition où les échelles de valeur finissent tout de même régulièrement par être bien marquées.
Que retenir ?
- Pour le Maccabi : “Abondance de biens ne nuit pas“. On ne peut que souligner l’importance de la profondeur (en talent et en nombre) de l’effectif de l’équipe de Tel Aviv. Lorsque les Israëliens font preuve d’alternance, ils sont une redoutable machine offensive. Les Bryant, Dorsey, Jones et Bender (!!!) succédant au duo Wilbekin-Zizic. Casse-tête en vue pour les défenses adverses.
- Pour le Zalgiris : “Rien ne sert de courir, il faut aussi défendre“. Les rencontres face à Valence (défaite 94-82) et au Real Madrid (défaite 93-90) avaient laissé entrevoir quelques carences dans la protection de la raquette. Le Zalgiris cette saison aime avoir la main sur le ballon, et lorsqu’ils ne sont pas en réussite (1/14 longue distance lors de ce match), les partenaires du jeune Jokubaitis sont succeptibles d’être grandement secoués. Attention à ce que l’aspect esthétique de leur production offensive et le vent de fraicheur qui souffle en Lithuanie ne soit pas un voile posé sur une rentrée prochaine dans le rang.
Le coin des stats :
- Chris Jones (Maccabi) : 15 points à 7/10, 3 passes, 2 interceptions
- Tyler Dorsey (Maccabi) : 16 points à 6/10, 4 rebonds, 4 passes, 21 d’évaluation.
- Joffrey Lauvergne (Zalgiris) : 11 points à 5/9, 4 rebonds, 3 passes
Le MVP : Darrun Hilliard (CSKA Moscou)
Match référence cette saison, mais aussi soirée record pour l’ancien de Vitoria. A 27 ans, Darrun Hilliard est pour l’instant dans sa meilleure année statistique depuis son arrivée en Euroleague (8.1 d’éval). Itoudis, le coach du CSKA Moscou, semble lui accorder beaucoup de confiance avec sept matchs débutés en huit journées pour 21 minutes en moyenne (cinquième plus gros temps de jeu de la team).
Sans Mike James, il fallait trouver des points. “Je s’occupe de tout” a dit Hilliard qui s’est souvenu qu’il avait deux-trois qualités en attaque. Face à son ancienne équipe (devenue le fournisseur officiel du CSKA Moscou), Hilliard termine avec 31 points (record) à 5/6 de près, un très bon 7/10 de loin, 1 rebond, 2 passes, 1 interception pour 32 d’éval (record) en 34 minutes (record aussi). Il s’invite même dans un cercle fermé au sein du club moscovite en devenant le quatrième joueur a terminer un match avec 7 trois points inscrits rejoignant Milos Teodosic, Nando De Colo et Trajan Langdon.
Le 6è homme : Kyle Kuric (FC Barcelone)
Si vous aimez l’Euroleague (et vous l’êtes sinon vous ne seriez pas sur cet article), impossible de ne pas adorer Kyle Kuric. Originaire de l’Indiana et détenteur d’un passeport slovaque, Kuric est en Europe depuis la saison 2012-2013 (Estudiantes) après un cursus complet du côté de Louisville (2008-2012). Poste 2 par excellence du haut de son mètre quatre-vingt-treize, il a cette capacité à enchainer les tirs de précisions avec une facilité déconcertante. En carrière, c’est 46.8% de moyenne lors de 62 rencontres d’Eurocup disputées avec Gran Canaria et Saint-Pétersbourg. C’est aussi 44.2% en Euroleague sous les couleurs du Barça. Préparez-vous bien pour le chiffre qui va suivre, il peut provoquer quelques complexes chez les amateurs de tirs longue distance : En six matchs depuis le début de saison, il tourne à un [entrez le terme que vous voulez, tant que c’est un superlatif de type “incroyable”] 68% de réussite à 3 points (17/25) !!! On vous avez prévenu.
Dernière démonstration en date pour le Legolas catalan ? 7/8 contre le Fenerbahçe lors de l’énorme victoire de Barcelone (+42). Kuric s’offre son record de points dans la compétition avec 25 et il nous était donc impossible de ne pas le citer dans nos récompenses de la semaine. Car si le talent de Kyle Kuric parle pour lui, nous avons aussi beaucoup d’admiration pour lui. L’homme est revenu de l’enfer après avoir surmonté une tumeur au cerveau en novembre 2015. Après deux chirurgies (une de contrôle, l’autre pour placer un implant crânien), il était de retour à la compétition, 5 mois après l’avoir quitté. Et devinez comment ça s’est terminé ? Par un 3/4 de loin. “Shooters gonna shoot” !
Le cinq majeur de la 8è journée
La réac’ réac’ du rédac’
“Franchement, on peut arrêter la saison là et donner le titre au Barça, ils sont trop faibles les concurrents !”
Point stat, pour se rendre compte de l’impact du Barça en ce début de saison (on préfère vous prévenir, ça pique) :
- 1ère évaluation (97.13) et 1ère en évaluation défensive (69.38)
- 1ère attaque (83.13 pts/m) et 1ère défense (70 pts/m)
- 2ème au rebond défensif
- 1er aux passes décisives (20.88)
- 3ème au pourcentage à 3pts (39.34% pour 22.88 tentatives)
- 1er au true shooting % (52.90%)
Côté joueurs ? Ok, si vous insistez :
- Nikola Mirotic ? 1er à l’évaluation (23.6), 1er aux interceptions (1.8), 3ème rebondeur (6.8) et 5ème marqueur (16.6ppm)
- Nick Calathes ? 1er aux passes décisives (7)
- Kyle Kuric ? 1er au 3pts % (68% à 4.17 tentatives par match). Ah, et Alex Abrines est 7è (50% pour 5 tentatives/ match).
Le tout avec un seul joueur, le défenseur d’élite Cory Higgins, au delà des 25 minutes de jeu (25.02 minutes par match), 14 joueurs utilisés, 12 impliqués plus de 10 minutes, 6 joueurs au-delà des 10 d’évaluation.
Si vous ajoutez à cela le fait que l’équipe du génial Sarunas Jasikevicius n’ait perdu qu’un match, lors de la deuxième journée, contre le Zenit, qu’ils laissent encore l’impression d’être en rodage, que ces blaugrana semblent en capacité de répondre à tous les systèmes adverses, de court-circuiter les meilleures attaques et de contrecarer les meilleures défenses, alors effectivement le différentiel avec la concurrence n’a jamais paru aussi important (il faut remonter au CSKA du début de la décennie 2010).
Le classement à l’issue de la 8è journée
Group Regular Season | W | L | PTS+ | PTS- | +/- |
---|---|---|---|---|---|
1. FC Barcelona | 7 | 1 | 643 | 546 | 97 |
2. FC Bayern Munich | 6 | 2 | 640 | 601 | 39 |
3. Olympiacos Piraeus | 5 | 3 | 613 | 591 | 22 |
4. CSKA Moscow | 5 | 3 | 634 | 627 | 7 |
5. Zalgiris Kaunas | 5 | 3 | 628 | 625 | 3 |
6. Valencia Basket | 4 | 3 | 558 | 548 | 10 |
7. Anadolu Efes Istanbul | 4 | 3 | 561 | 559 | 2 |
8. Real Madrid | 4 | 4 | 642 | 650 | -8 |
9. Fenerbahce Beko Istanbul | 4 | 4 | 578 | 593 | -15 |
10. Zenit St Petersburg | 3 | 1 | 279 | 267 | 12 |
11. AX Armani Exchange Milan | 3 | 2 | 391 | 385 | 6 |
12. Maccabi Playtika Tel Aviv | 3 | 5 | 636 | 623 | 13 |
13. Crvena Zvezda mts Belgrade | 3 | 5 | 587 | 596 | -9 |
14. TD Systems Baskonia Vitoria-Gasteiz | 2 | 4 | 469 | 462 | 7 |
15. Panathinaikos OPAP Athens | 2 | 4 | 480 | 488 | -8 |
16. LDLC ASVEL Villeurbanne | 1 | 5 | 419 | 476 | -57 |
17. ALBA Berlin | 1 | 5 | 448 | 529 | -81 |
18. Khimki Moscow Region | 1 | 6 | 526 | 574 | -48 |
Le menu des 9e et 10e journées !
Mardi 17 Novembre – Journée 9 :
- Zenit St Petersburg – Khimki Moscou à 18h
- Anadolu Efes Istanbul – Bayern Munich à 18h30
- Zalgiris Kaunas – CSKA Moscou à 19h
- Vitoria Baskonia – Fenerbahçe Istanbul à 20h30
- Valencia Basket – Panathinaïkos Athens à 21h
Mercredi 18 Novembre – Journée 9 :
- Real Madrid – Maccabi Tel Aviv à 18h30
- Alba Berlin – LDLC ASVEL à 20h
- Olimpia Milan – Crvena Zvezda à 20h45
Jeudi 19 Novembre – Journée 10 :
- Khimki Moscou – Anadolu Efes Istanbul à 18h
- Vitoria Baskonia – Panathinaïkos Athens à 20h30
- Bayern Munich – CSKA Moscou à 20h30
Vendredi 20 Novembre – Journée 10 :
- Alba Berlin -Zenit St Petersburg à 20h
- Olimpia Milan – Zalgiris Kaunas à 20h45
- FC Barcelona – Crvena Zvezda à 21h
- Real Madrid -Fenerbahçe Istanbul à 21h
- Valencia Basket – Maccabi Tel Aviv à 21h