Depuis 1946 et la création de la National Basketball Association, quelque cinq mille joueurs ont foulé les parquets de la Grande Ligue. Certains d’entre eux ont laissé une empreinte indélébile qui ne sera jamais oubliée. D’autres sont restés bien plus anonymes. Entre les deux ? Des centaines de joueurs, qui ont tour à tour affiché un niveau de jeu exceptionnel, mais dont on oublie bien souvent la carrière.
Dès lors, @BenjaminForant et @Schoepfer68 ont décidé de dresser – littéralement – le portrait de certains de ces acteurs méconnus ou sous-estimés. Au total, ce sont 60 articles qui vous seront proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010. Pour chaque saison, un joueur a été sélectionné comme étendard, parfois en raison d’une saison particulièrement réussie, d’une rencontre extraordinaire ou encore d’une action historique …
Chaque portrait s’inscrira dans une volonté, celle de traverser l’Histoire de la NBA de manière cohérente. Ainsi, ces portraits (hebdomadaires) seront publiés dans un ordre précis : un meneur, un arrière, un ailier, un ailier-fort, un pivot. Au bout de cinq semaines, c’est donc un cinq majeur qui sera constitué. Les plus matheux d’entre vous l’aurons compris : au final, ce seront douze équipes, toutes composées de joueurs ayant évolué au cours de décennies distinctes, qui auront été composées.
A vous de déterminer lequel de ces cinq majeurs sera le plus fort, le plus complémentaire, le plus dynastique.
Vous trouverez en fin d’article les liens vous permettant de (re)consulter les articles précédents.
La jaquette
Pour chaque article, @t7gfx vous proposera ses créations. Vous y retrouverez une illustration du joueur présenté (en tête d’article) ainsi qu’une présentation de chaque cinq majeur projeté (chacun avec une identité visuelle propre).
Le synopsis
Pour @Schoepfer68 et moi même, mais également pour l’ensemble de l’équipe de QiBasket, le Magnéto nous permet de témoigner notre respect, à notre manière, aux différents acteurs de cette Ligue qu’on aime tant. Nous n’aurions jamais imaginé que cet hommage prenne ce sens si particulier lorsque nous avons listé, il y a bien des semaines, les différents profils qui vous seront proposés lors de ces 60 épisodes.
Notre portrait du jour : Tom Heinsohn, légendaire membre de la Celtic’s Family. Au sein du cocon familial vert, l’intérieur aura connu de nombreux postes : joueur, entraineur, commentateur. Vous l’aurez donc compris, pour tous les fans de la franchise à trèfle, Heinsohn a toujours été là pour eux à un moment ou un autre.
Né le 26 août 1934 à Jersey City, le jeune Tom intégrera le lycée de St. Michael’s High School, puis l’université d’Holy Cross. Il sera ensuite drafté par la franchise du Massachusetts pour ne plus jamais la quitter. Sept décennies de fans celtes le connaitront, et profiteront de ses talents. Side kick des légendes Bill Russell et Bob Cousy au même titre que K.C et Sam Jones, Tommy acceptera tout au long de sa carrière ce rôle d’homme de l’ombre, qui lui permettra de garnir – comme personne, quasiment – son armoire à trophée.
Après une vie dédiée à son équipe de toujours, Tom Heinsohn nous a quitté le 10 novembre 2020, quelques heures avant le début de la rédaction de ces paragraphes.
Profitons de ces quelques lignes et de la petite visibilité de cet article pour lui rendre le meilleur hommage qu’il soit en abordant ce qui l’a guidé toute sa vie : la balle orange.
Action !
Pour toute personne ayant comme lieu de pèlerinage le Boston Garden, le 30 avril 1956 devrait être un jour sacré. Il faut dire que c’est à cette date que la franchise verte a commencé véritablement à se créer son histoire mythique.
En cette belle journée de printemps, New York est en ébullition, comme toujours. Aujourd’hui aura lieu la 10ème draft de cette jeune Ligue qu’on appelle NBA. Les quelques équipes en place vont s’arracher les meilleurs prospects du pays. Et les Celtics piocheront le gros lot. Rectification : LES gros lots.
Sans réel scouting, le front-office de Boston avait déjà le nez creux. Voyez plutôt :
- pick 2 : Bill Russell,
- pick 14 : KC Jones,
- territorial pick : Tom Heinsohn.
Trois sélections, trois Hall-of-famers, trois légendes qui participeront activement à la legacy de la franchise.
Concentrons nous sur le dernier cité. Comme annoncé dans le synopsis, Heinsohn arrivé tout droit de l’Université, et plus particulièrement de la Holy Cross University. En trois années sur place, l’intérieur tournera en 22 points / 15 rebonds, confortant ainsi sa place dans les petits papiers des franchises hautes placées lors de la sélection annuelle.
Vous connaissez la suite. L’ailier-fort s’installa dans le Massachusetts, sans savoir qu’il ne le quittera plus jamais.
Avant de continuer, faisons un rapide topo sur les capacités athlétiques et techniques du gaillard. Tommy est un ailier fort de 2m01 pour 98kg. Même si cela semble sous-dimensionné aujourd’hui, les mensurations étaient considérées comme normales en cette époque. A titre de comparaison, Dolph Schayes, multiple All-star et souvent évoqué dans les épisodes précédents ne mesurait que 2 centimètres de plus.
Surtout, Heinsohn était, sur le poste 4, le parfait complément de Bill Russell dans la raquette. Capable de jouer assez loin du panier, il profitait des prises à deux sur le grand pivot pour sanctionner. Si quelqu’un sortait pour lui, il avait la la présence d’esprit de distiller quelques beaux caviars.
En plus de ces deux légendes, le roster bostonien comportait Cousy et Sharman sur les lignes arrières. De quoi faire l’un des plus beaux cinq majeur de tous les temps.
La saison 1956 – 1957 fût donc sa première dans l’élite du basketball mondial. Mais Red Auerbach n’était pas très emballé pour faire jouer son nouvel ailier-fort. C’est son meneur, en qui il voue une entière confiance qui le fît changer d’avis. Sans l’intervention de Cousy, Heinsohn n’aurait surement jamais posé un pied sur un parquet NBA. Comme quoi, une carrière ne tient qu’à un fil.
Le rookie avait donc à cœur d’exposer son talent auprès de son coach, et il ne ratera pas la marche. Après quelques matchs de mise en route, l’arme Tommy Gun se mit en place. Russell loupera le début de saison – Jeux Olympiques obligent – et laissera champs libre à l’intérieur, qui ne se fera pas prier :
- 22 nov. 1956 @ Philadelphie : 12 points, 13 rebonds, dans une victoire (+ 23). C’est son premier double-double,
- 28 nov. 1956 vs Minneapolis : 24 points,
- 11 déc. 1956 vs Fort-Wayne : 34 points.
Lorsque Russel rejoint l’équipe, la machine tourne déjà parfaitement. Son retour rend donc les verts injouables. Heinsohn, lui, ne baisse pas le rythme. Il inscrira même la bagatelle de 41 points, accompagnés de 14 rebonds, face à Saint Louis pour ce qui deviendra son premier match référence.
Cette première saison sera donc une franche réussite, en témoigne ces chiffres : 16 points, 9,8 rebonds et 1,2 passe décisive. Surtout, avec 44 victoires, les Celtics trônent à la première place de l’Est. Malgré une cuvée très relevée, c’est bel et bien Heinsohn qui sera nommée rookie de l’année. Il a également, entre temps, célébré sa première sélection au All-star game. Comment dit-on “chapeau de roue”, à Boston ?
Et l’aventure ne s’arrêtera pas là. Après avoir sweepé Syracuse (Heinsohn inscrira 19, 30 et 12 points), les C’s se retrouvent en finale NBA. Il faudra 7 rencontres pour les départager de Saint Louis. Dans une rencontre décisive, ce n’est pas toujours la meilleure équipe qui gagne. Souvent, c’est celle qui a les nerfs les plus solides. Et à ce petit jeu, personne n’est meilleur que Tommy.
37 points, 23 rebonds. En étant rookie. Lors d’un game 7. De finales NBA. Twitter aurait explosé. Il n’en fallait d’ailleurs pas moins pour venir à bout d’un Bob Pettit immense, avec ses 39 points. Ils sont 5 à avoir scoré au moins 37 points lors d’une ultime rencontre des finales. Avec Chamberlain et Russell, Heinsohn est l’unique joueur a avoir attrapé au moins 23 rebonds dans une telle rencontre décisive. Il est surtout l’unique joueur à avoir compilé, en une seule rencontre, les deux statistiques.
C’est donc dans cette catégorie de joueur qu’il faut considérer Tom Heinsohn ; celle d’un intérieur capable de se surpasser lorsque le contexte le demande. En remportant ce que certains nomment “le plus grand match de tous les temps” (125 – 123), Boston vient ici de remporter le premier titre d’une longue série. Il faut dire qu’avec une telle génération, rien ne semblait pouvoir ne serait-ce que les freiner.
Cependant, vous, les habitués de la série, connaissez la rengaine sur le bout des ongles : rien ne se passe comme prévu. Et l’exercice 1957-58 le confirmera.
Comme beaucoup de saisons sophomores, celle d’Heinsohn marquera une légère progression : il inscrira 1,6 point de plus par match et gobera 0,4 rebond de plus, lui permettant d’atteindre la barre symbolique du double-double. La saison sera somme toute classique pour des Celtics en quête d’un back-to-back. 49 victoires, 23 défaites, une première place de division, 3 All-stars (Cousy, Sharman, Russell), un titre de MVP ; bref, une saison somme toute classique.
Tommy Gun deviendra de plus en plus consistant, inscrivant plus de 20 points à 27 reprises. Mais la marque est de plus en plus répartie entre les différentes têtes de proue du projet C’s, et l’ailier-fort ne fera pas d’envolée au scoring comme lors de sa saison rookie.
La finale de conférence face aux Warriors (de Philadelphie) est une formalité, et Boston retrouve Saint-Louis sur son chemin pour le titre. Cependant, cette fois-ci, et à l’inverse des dix années qui allèrent suivre, il n’y aura pas de rebelote. En 6 rencontres, les hommes de Pettit remporteront l’unique titre de leur Histoire. Ce dernier marchera sur Heinsohn en scorant plus de 29 points de moyenne sur la série, alors que le Celte tournera en 16 points, 10 rebonds.. Une vraie contre-performance qui touchera l’égo des stars de la franchise.
La saison suivante sonnera comme le retour aux affaires pour la future génération dorée. L’ailier-fort progressera encore et encore au cours de sa troisième saison professionnelle. Dès la seconde rencontre de l’exercice, il score 31 points et attrape 8 rebonds contre les Pistons, tout ça à 59% au tir.
Mais s’il n’est pas franchise player, Heinsohn est avant tout un excellent coéquipier, qui ne tente pas de s’accaparer la couverture du scoring. Non, l’homme de 24 printemps attend son tour, patiemment et n’hésite pas à s’effacer au profit de certains de ses collègues si le besoin s’en fait ressentir. Il peut ainsi tutoyer certaines sommets (pic à 36, 38 et 43 points cette saison), mais également se contenter du strict minimum pour laisser parler le talent du reste de l’effectif.
Fort logiquement, ses moyennes opèrent une synthèse de cette double facette : 18,8 points, 9,7 rebonds et 2,5 passes décisives.
Avec Cousy et Russell dans la All-NBA Team, les C’s seront de nouveaux sacrés champions de l’Est à la fin de la régulière, avec un bilan plus que satisfaisant : 52-20. Pour une première entamer la campagne printanière de 1959, Boston affronte un gros morceau ; les Syracuse Nationals de Dolph Schayes. Ceux-ci apparaissent comme les principaux outsiders au titre final et sont prêts à vendre chèrement leurs peaux. La série ira au bout des 7 rencontres. Heinsohn réalisera une grosse première rencontre en inscrivant 28 points et récupérant 18 rebonds, avant d’être moins présent sur les 5 matchs suivants.
Mais lorsqu’il s’agissait de ne pas trembler du poignet, lorsque cela compte vraiment, le numéro 15 ne se cache jamais. La preuve, avec ses 20 points, 13 rebonds et 5 passes au cours du game 7. En finale, les Celtics affrontent leur futur meilleur ennemi (et punching ball favori), en la personne des Lakers de Minneapolis. Au cours d’un des rares sweep orchestré lors des finales NBA, Tommy Gun passera en mode “arme automatique” : 24,3 points et 8,8 rebonds de moyenne. A l’occasion, l’ailier-fort aurait pu faire un beau MVP des finales.
La machine verte est en marche, avec 2 titres en 3 saisons. Heinsohn en est l’une des pièces maîtresses. Désormais, plus rien ne pourra les arrêter.
Pour la première fois de sa carrière, il marquera plus de 20 points par rencontre sur une saison entière (21,7 exactement) en 1960. Toujours en double double (10,6 rebonds), il s’installe alors comme première option offensive de la franchise la plus dominante de tous les temps. Sa nouvelle régularité dans l’art de mettre la balle dans le cercle ne l’empêche pas d’avoir quelques coups de chaud ponctuels. Citons, à cet égard, un solide 26 / 20 réalisé contre Cincinnati.
Des grosses prestations comme celle-ci, Heinie en réalise quasiment une un soir sur trois. Des 29-13 en veux-tu, des 28-18 en voilà, des défenses bousillées par-ci, des rebonds par paquets de 20 par-mi. Voici un petit florilège de ses meilleures performances :
- 20 janvier 1960 vs New York : 43 points, 13 rebonds, 2 passes dans une victoire (+18),
- 13 février 1960 vs Philadelphie : 39 points, 15 rebonds et 4 passes dans une victoire (+2),
- 14 février 1960 @ Philadelphie : 30 points, 12 rebonds et 3 passes dans une victoire (+10),
- 06 mars 1960 vs Syracuse : 37 points, 16 rebonds et 3 passes dans une victoire (+9).
Voilà, un Heinsohn motivé et ayant envie de faire mal, c’était ça. Victoire, points et rebonds ; le tiercé gagnant.
Les C’s seront encore 1er à l’Est et apparaissent une nouvelle fois comme un épouvantail. La finale de conférence verra s’affronter les deux monstres des années 60, Wilt Chamberlain et Bill Russell. Quand deux telles légendes s’affrontent, leur impact s’auto-annule. Il faut donc que des joueurs autour sortent de leurs boites. Dès lors, c’est l’autre intérieur celte qui, au cours des six rencontres de la série, s’improvisera à nouveau comme élément déterminant de la victoire des siens, avec 21 points et 9 rebonds par soir. Lors du game 4 décisif, qui permit à Boston de mener faire le break (3-1), c’est avec 28 points et 16 rebonds qu’il mit la franchise sur ses épaules.
Les C’s enchainent donc une quatrième finale NBA consécutive avec la base Russell – Cousy – Heinsohn. Et pour leur seconde tentative de back-to-back, ils ne se rateront pas. Il faudra cependant 7 matchs pour se défaire des collants Hawks, toujours emmenés par l’excellent Bob Pettit.
Avec ce 3ème titre en quatre ans, Tommy s’impose – déjà – comme l’un des joueurs les plus titrés de l’histoire. Soixante années plus tard, il l’est effectivement.
Aussi bien individuellement que collectivement, les saisons vont globalement se ressembler. Cependant, en étant toujours la première option de l’équipe, ses 21 points, 10 rebonds et 2 passes lui permettent, tout comme le bilan collectif, d’honorer sa seconde sélection au All-star game. On le retrouve également dans le All-NBA second Team, aux côtés de Russel et Schayes, dans une équipe dont on se demande qui évolue au poste d’ailier. Ces deux sélections récompensent le travail de celui qui a toujours travaillé dans l’ombre.
Bis repetita collective en playoffs, où après avoir pulvérisé les Nationals, les Celtics feront du petit bois des Hawks pour garnir une armoire à trophées qui commence doucement à déborder.
En cette occasion, les Celtics viennent de réaliser le premier three peat de l’histoire. Mais en plus des résultats, c’est la façon de faire qui marque les esprits. Dans un basket certes préhistorique, les bostoniens ont réussit à produire un jeu léché, distribuant les rôles à la perfection et permettant à chacun de s’exprimer. Si nous voulions céder à la caricature, nous pourrions dire qu’Heinsohn est le scoreur de l’équope là où Cousy en est le passeur et Russell le défenseur.
Et puisqu’il serait stupide et suicidaire de changer le synopsis de la saison, ce sont bien les hommes d’Auerbach qui réaliseront le seul et unique four ever de l’Histoire. Notons qu’à l’occasion d’une saison qui ressemblait à nouveau beaucoup aux précédentes, Heinsohn établit son nouveau record au scoring, avec 45 unités face à Syracuse.
Comme la saison précédente, il sera nommé dans la All NBA Second Team (avec Russell, Twyman, Costello et Shue) et arbore une troisième étoile.
C’est sur cette lancée historiques de victoires collectives que la saison 1962-63 arrive. L’occasion pour celui qui possède autant de bagues que de doigts à la main droite (et gauche, d’ailleurs, il fallait faire un choix) de réaliser une nouvelle saison référence. L’occasion pour nous de lui dédier cette exercice.
L’oscar de la saison 1962 – 1963
A l’aube de cette saison, tout le monde connait le nom des favoris. Depuis désormais 7 ans, la NBA est une véritable dictature, à ceci près que les gens n’étaient pas communistes, n’avaient pas forcément froid et que les chaussures à fermeture éclaire pour jouer au basket, ce n’est pas vraiment pratique. Alors que les joueurs stars ne sont plus des jeunes fougueux et que les autres équipes peuvent peut-être espérer sortir leur épingle du jeu, les Celtics utilisent de nouveau leur botte secrète : la draft. Et voici donc un John Havlicek intégré dans un effectif toujours pléthorique.
C’est avec Cousy et Sam Jones sur les lignes arrières (ce dernier a remplacé Sharman à sa retraite), Hondo et Tommy sur les ailes et le grand Bill sous le panier que Boston part à la conquête d’un cinquième titre consécutif. La Ligue commence à se dire qu’elle a déjà vu cet épisode. Son espoir ? Tabler sur une motivation en berne après autant de victoires consécutives. Après tout, même les Bulls de Jordan ressentaient de la lassitude mentale après leur three-peat. Certes, la NBA n’était plus celle qui était dominée par les verts.
Les concurrents, même s’ils restent de simples outsiders, sont nombreux. En vrac, nous trouvons :
- les Royals de Robertson ;
- les Nationals de Schayes, Castello, Greer et Walker ;
- les Hawks de Wilkens et Pettit ;
- les Lakers de West et Baylor ;
- les Warriors de Gola et Chamberlain.
Pour débuter la saison, Heinsohn et ses troupes affrontent à deux reprises les Knicks de New York et une fois Syracuse. Les doutes sur une éventuelle perte de motivation furent vite dissipés. +33, +25, +20. Trois gifles, histoire de bien marquer son territoire. Tommy, lui, démarre tranquillement sa saison. 20 points, puis 9 et enfin 17 pour bien se chauffer.
Maintenant que les bras et les jambes sont à température ambiante, il peut enclencher la cinquième ; entre les 11 et 23 novembre 1962, soit neuf rencontres, l’ailier fort scorera 24 points de moyenne, sans descendre sous les 20 points.
Les matchs à 20 points ou plus pleuvent d’ailleurs en ce début de saison. Cependant, cette année-ci, Heinsohn laisse filer quelques rencontres, inscrivant de temps à autres 0, 4 ou 8 points. Comme par hasard, ces trois exemples arrivent lors de trois défaites de sa franchise, appuyant encore l’importance de ce dernier.
En comparaison avec les derniers exercices de l’intérieur, 1962-63 est le moins régulier. S’il semble se désintéresser de certaines rencontres, comme Monfils se désintéressent parfois de certains set, il est encore montre d’un talent certain pour réaliser des performances de haut vol :
- 02 janvier 1963 @ San Francisco : 41 points, 12 rebonds et une passe dans une victoire (+15),
- 15 février 1963 vs Syracuse : 33 points, 20 rebonds dans une victoire (+9),
- 13 mars 1963 vs Chicago : 37 points, 14 rebonds et 2 passes (+13).
Son statut de star, les résultats collectifs et son talent lui permettront d’être de nouveau All-star, sa quatrième sélection. Il accompagnera Russell et Cousy à Los Angeles pour représenter l’Est. Ils remporteront ce match et le pivot au numéro 6 légendaire en sera même élu MVP.
La saison régulière se conclura le 17 mars 1963, sur une victoire face à Syracuse. Tommy Gun y inscrira 28 points. Cet exercice, il le terminera avec 8,9 points et 7,5 rebonds, signe peut-être que la forme commence à décroître, où, qu’à tout le moins, il est nécessaire de disputer certaines rencontres avec le pied sur le frein pour ne pas se cramer.
Cela ne l’empêche pas d’intégrer la All NBA Second Team, aux côtés de Cousy, Greer, Chamberlain et Howell. L’essentiel, vous le savez, est néanmoins ailleurs.
Voici les Celtics en playoffs, pour ce qui semble être leur 154ème apparition successive. Cette campagne est surement la plus complète que Heinsohn aura disputée, à tout le moins du pur point de vue de l’impact sur les rencontres.
Cela commence par une finale de conférence face aux Royals. Cette série, qui se joue au meilleurs des sept, verra Tommy exploser ses compteurs : quasiment 26 points de moyenne et plus de 8 rebonds sur l’ensemble des matchs, deux fois plus de 30 points (34 lors du G5 et 31 pendant le G7). Sa moins bonne prestation de la série sera un 19/13. C’est vous dire le niveau.
Les finales NBA se joueront face aux rivaux de la cité des anges. Nouvelle série marathon, qui donnera son verdict après six matchs. L’ailier-fort pèsera encore énormément sur la série. Comme d’habitude, nous diriez-vous. 23 points et 9 rebonds de moyenne, soit quasiment 4 points de plus qu’en régulière. Une nouvelle fois, lorsqu’il fallu être décisif, Heinsohn répondra présent. Lors d’un game 4 décisif (les Celtics menaient 2 – 1) et ultra serré (+ 3), l’ailier-fort inscrivit 35 points (et 14 rebonds) pour doucher les espoirs Angelinos.
Après un dernier match très serré, marqué par un Tommy encore très présent, voilà les C’s champions pour la cinquième fois consécutive.
La dictature commence à être très très longue. Et si les Celtics n’avaient pas forcément une tête à chapeau gris, ils n’en avaient pas fini avec les bagues. L’objectif est de remplir la fameuse main gauche !
Le générique de fin
Malgré son plutôt jeune âge (29 ans), on sent que Tom Heinsohn commence à être, petit à petit, sur la pente descendante. Même si le joueur est loin d’être ridicule (il sera toujours All-star en 1964 et 1965, ainsi que All NBA Second Team ces deux mêmes saisons), il n’a plus le jus d’antan.
Son rôle, amoindri, ne l’empêchera pas de remporter encore deux titres. Et comme toujours, il était présent dans les moments tendus. Ce sera le cas pour les NBA Finals 1964, lorsqu’il marquera 25 points, attrapera 11 rebonds et distribuera 4 passes pour permettre à son équipe de mener 3 – 1 face aux Warriors de Chamberlain.
Enfin, lors de sa dernière saison sur les parquets, alors qu’il tournera à 13 points sur toute la saison régulière, il plantera 24 points dans un game 5 décisif en finales de conférence. Il réitérera l’exploit quelques jours plus tard, en scorant 22 points sur les Lakers lors d’un game 2 serré.
Son dernier match en carrière se déroulera le 25 avril 1965, lors du sacre de sa franchise après une correction infligée aux pourpre et or (+ 33) pour sa neuvième finale NBA. Il quittera donc l’univers NBA sur un 7ème titre consécutif qui le place immédiatement dans les plus grands champions de tous les temps.
Son palmarès de joueur est tout bonnement exceptionnel :
- Hall-of-famer, intronisé en 1986,
- Champion NBA, à 8 reprises,
- All-star, à 4 reprises,
- All-NBA second Team, à 4 reprises,
- Rookie de l’année,
- Numéro 15 retiré chez les Boston Celtics.
Mais Tom Heinsohn est un accroc de la balle orange. Après quelques saisons de repos bien mérité, il prend les rennes de sa franchise de toujours, remplaçant son ex-coéquipier Russel sur le banc des C’s. Il restera à ce poste entre 1969 et 1977, remportant par là deux nouveaux titres. Ca y est, la deuxième main est également entièrement baguée.
Après son limogeage en 1977, il reprend place près du terrain, en tant que commentateur des Celtics. Il reste célèbre pour son absence presque complète d’objectivité et ses phrases assassines sur le collège arbitral.
Il était, jusqu’au 10 novembre dernier, l’un des commentateurs en poste les plus anciens.
Tom Heinsohn nous a quitté en ce début de moins de novembre 2020. La légende, alors âgé de 86 ans, laissera une trace indélébile dans les mémoires des fans de basket, particulièrement lorsque l’on a le trèfle tatoué sur le cœur.
Crédits et hommages
Les hommages foisonnent dès lors, fort logiquement, sur la toile. La NBA, les Celtics, ses coéquipiers, ses adversaires, tout le monde salue – dans les deux sens du terme – la carrière extraordinaire, mais également l’homme. Par cet article, nous apportons notre maigre contribution. Le tweet de sa franchise de toujours nous offre, de manière un peu opportune, une conclusion de choix. En espérant qu’il continuera d’incendier Monsieur l’Arbitre de tout-là-haut à compter du 22 décembre prochain.
We take this time to celebrate Tommy Heinsohn’s life and legacy, and to share in the sorrow of his passing with his family, friends, and fans. As long as there are the Boston Celtics, Tommy’s spirit will remain alive.
Full Statement from the Celtics: https://t.co/T5tQbCpfs2 pic.twitter.com/WCcRe3C7aU
— Boston Celtics (@celtics) November 10, 2020
Les précédents épisodes et portraits du Magnéto :
- Cinq majeur #1 : Penny Hardaway (1994/95), Manu Ginobili (2007/08), Terry Cummings (1988/89), Jerry Lucas (1964/65), Nate Thurmond (1974/75),
- Cinq majeur #2 : Jason Kidd (1998/99), Tracy McGrady (2004/05), Rick Barry (1966/67), Elvin Hayes (1979/80), Neil Johnston(1952/53),
- Cinq majeur #3 : Isiah Thomas (1989/90), David Thompson (1977/78), Paul Arizin (1951/52), Tom Gugliotta (1996/97), Yao Ming (2008/09),
- Cinq majeur #4 : Baron Davis (2006/07), Bill Sharman (1958/59), Chet Walker (1963/64), Gus Johnson (1970/71), Jack Sikma (1982/83),
- Cinq majeur #5 : Tiny Archibald (1972/73), Dick Van Arsdale (1968/69), Bernard King (1983/84), Jermaine O’Neal (2003/04), Larry Foust (1954/55),
- Cinq majeur #6 : Fat Lever (1986/87), Richie Guerin (1961/62), Grant Hill (1999/00), Dan Issel (1971/72), Ben Wallace (2002/03),
- Cinq majeur #7 : Lenny Wilkens (1965/66) (Lenny Wilkens, bonus : le coach), Calvin Murphy (1975/76), Peja Stojakovic (2001/02), Shawn Kemp (1991/92), Arvydas Sabonis (1995/96), (Arvydas Sabonis, bonus n°1 : la carrière européenne), (Arvydas Sabonis, bonus n°2 : la carrière internationale).
- Cinq majeur #8 : Kevin Porter (1978/79), Tom Gola (1959/60), Xavier McDaniel (1987/88), Bob Pettit (1955/56), Vin Baker (1997/98),
- Cinq majeur #9 : Stephon Marbury (2000/01), Michael Cooper (1984/1985), Lou Hudson (1973/1974),