Les résultats de la 6è journée
- LDLC Asvel (FRA) – Zalgiris Kaunas (LIT) – Astroballe : 74-83
C’est une ASVEL réduite qui accueillait en ouverture de cette 6è journée les lituaniens du Zalgiris. Privée de leurs deux meneurs, Antoine Diot et Norris Cole, de leur tireur (un peu déréglé) Allerik Freeman et William Howard. Du coup, Matthew Strazel titularisé à la mène, Elwin Ndjock en troisième rotation pour son premier match d’Euroleague : TJ Parker avait décidé de mettre la jeunesse à l’honneur ! Une jeunesse dont les Lituaniens ont été privés, puisqu’ils ont dû voyager sans Rokas Jokubaitis, testé positif au COVID-19, lui qui est projeté chez les copains d’Envergure à la 53è place de la Draft 2020.
L’ASVEL débute bien la rencontre. Strazel ne semblait pas impressionné par l’évènement, apparaissait à son aise, étant agressif sans se précipiter et orchestrant bien le jeu de l’ASVEL. Moustapha Fall donne toute la difficulté du monde à Joffrey Lauvergne, qu’il domine outrageusement au début du match. Son remplaçant, Augustine Rubit, n’y fera rien, Fall continue d’être le point de fixation idéal pour l’attaque des français. Grâce notamment à une superbe adresse extérieure, notamment de son capitaine Charles Kahudi (3/4 à trois points en première mi-temps), l’ASVEL finit la mi-temps avec 50 points au compteur.
Kaunas a sûrement été surpris du niveau de jeu de l’ASVEL, trois semaines après leur dernier match en Euroleague. En attaque, les Lituaniens ne brillent pas, mais peuvent compter sur la création de Thomas Walkup, en manque d’adresse mais magistral sur pick-and-roll.
La réaction attendra le 4è quart-temps, notamment grâce à la belle discipline défensive de l’ASVEL, sous la houlette de très bons Amine Noua et Charles Kahudi. Mais voilà, l’Euroleague ne fait pas de cadeaux. Avec une rotation à 7 joueurs, l’ASVEL peine sur la durée et subit la foudre d’un diabolique Marius Grigonis (notre MVP de la journée).
Marius Grigonis was on fire tonight! 🔥 @EuroLeague career high 25 points in the victory over @LDLCASVEL! pic.twitter.com/CXEK1AQESp
— BC Zalgiris Kaunas (@bczalgiris) October 29, 2020
Les erreurs défensives, si peu nombreuses dans les trois premiers quart-temps, se multiplient et font plier l’ASVEL.
Pour les dernières minutes du match, à -5 avec un peu moins de 3 minutes à jouer, TJ Parker fait le pari de finir le match sans Fall, privilégiant le spacing apporté par Guerschon Yabusele (alors à 3/4 à 3pts et précieux sur pick-and-pop). Un choix discutable en attaque tant Fall était la courroie de cette belle attaque de l’ASVEL, mais qui a totalement annihilé la protection de cercle des Villeurbannais. Le facteur dissuasion dans la raquette n’est plus là et un énorme tir de Marius Grigonis met fin aux espoirs de l’ASVEL, officialisant le come back du Zalgiris.
Si l’ASVEL peut s’en vouloir d’avoir laissé filer ce match, on ne peut que saluer l’abnégation et la discipline dont ils ont fait preuve pendant trois quart-temps. On les savait en difficulté au complet, ils ont tenu tête à un Zalgiris séduisant, tout en étant diminués. Le constat est toutefois là, aucune victoire en trois matchs dans la compétition et un début de saison qui appelle à une réaction.
Le Zalgiris continue sa très belle dynamique (5 victoires pour une défaite, contre Valence). Leur prestation défensive en 2è mi-temps ainsi que l’explosion offensive de Grigonis sont des points fondateurs pour l’équipe de Martin Schiller, qui est désormais une équipe qui gagne sans faire un bon match : c’est bon signe pour la suite de la saison.
Le coin des stats :
Marius Grigonis (Zalgiris) – 25 points, 2 rebonds, 3 passes
Thomas Walkup (Zalgiris) – 11 points, 7 rebonds, 7 passes
Charles Kahudi (Asvel) – 18 points, 2 rebonds
David Lighty (Asvel) – 16 points, 4 rebonds, 4 passes
Guerschon Yabusele (Asvel) – 17 points, 6 rebonds, 3 passes
- CSKA Moscou (RUS) – Valencia Basket (ESP) – MegaSport Arena : 84-75
Le CSKA devait réagir après deux revers consécutifs face à des équipes d’un standing inférieur (Alba Berlin et Étoile Rouge). L’adversaire du soir n’était pourtant pas le plus simple à aborder tant Valence surprend en ce début de saison (3-1 avant la rencontre).
Dans un premier quart-temps sans grand enseignement – si ce n’est que Josep Puerto (21 ans) est dans le 5 majeur de Jaume Ponsarnau pour sa première apparition de l’année – c’est le CSKA qui vire en tête 17 à 16. Moscou domine aux rebonds offensifs avec l’omniprésence de Nikola Milutinov et l’activité de Toko Shengelia gêne Louis Labeyrie qui sort rapidement pour deux fautes.
Le CSKA profite d’un temps faible de Valence pour réaliser un 15-0 à cheval entre la fin du premier et le début du deuxième, l’écart monte à 10 points (26-16) et il faut un panier Martin Hermannsson pour couper cette mauvaise série. Jaime Pradilla s’offre un énorme passage dans le 11-0 de Valence avec 7 points (ses 7 seuls point du match…) alors que Prepelic égalise lui à 30 partout sur un tir de loin.
La fin de la première mi-temps devient complétement folle avec le show du très chaud Mike James (et bordel il était vraiment bouillant) : l’homme que coach Itoudis utilise comme 6è homme de luxe cette année (ouais, les problèmes de riches toussa toussa), va prendre le match à son compte dans les 4 dernières minutes avec 10 points inscrits pour un total de 15 sur l’ensemble du 2è quart-temps. Ses 3ptss sont d’une autre distance que celle marquée au sol par la ligne des 6m75, mais font mal aux espagnols. Le CSKA mène à la pause 44 à 35.
Le début de la troisième période commence comme le début du match avec deux équipes qui se répondent. L’adresse va finalement fuir le CSKA Moscou et Valence sent qu’il faut en profiter. Mike Tobey conclu ce bon passage et les espagnols soufflent désormais sur la nuque des russes (59-58) poussant Itoudis à prendre un temps-mort. Cette sortie de temps-mort correspond aussi à la fin du 3è quart-temps. Le dernier système est bien exécuté avec Mike James sur le drive qui attire les aides, ressort pour Voigtmann qui n’a plus qu’à envoyer son missile à trois points : BINGO ! (62-58).
Le suspense est rapidement tué dans cette rencontre. Le CSKA démarre le dernier quart pieds au plancher avec quatre tirs primés consécutifs. L’écart remonte à plus de 10 points et la rencontre est déjà terminée (71 à 60). Will Clyburn ou Nikola Milutinov permettent de garder les distances entre les deux équipes et le CSKA s’impose finalement sur le score de 84 à 75.
Mike James est le grand monsieur de la soirée. La semaine passée, il avait réalisé une très mauvaise prestation avec seulement 9 points marqués (et c’est rare de le voir sous la barre des 10 points). Il a rectifié le tir et a montré le bon chemin à son équipe. Nikola Milutinov a enfin joué plus de 10 minutes cette saison (25 minutes) et montre à quel point il va être utile au CSKA (3 points, 8 rebonds dont 5 offensifs, 3 passes, 1 interception, 2 contres, 14 d’éval).
Le coin des stats :
Mike James (CSKA) – 17 points, 2 rebonds, 5 passes
Will Clyburn (CSKA) – 15 points, 5 rebonds, 2 passes
Johannes Voigtmann (CSKA) – 11 points, 7 rebonds, 1 passe
Louis Labeyrie (Valence) – 10 points, 4 rebonds, 2 passes
Nikola Kalinic (Valence) – 15 points, 3 rebonds, 3 passes
Bojan Dubljevic (Valence) – 9 points, 5 rebonds, 1 passe
- Maccabi Tel Aviv (ISR) – Fenerbahçe Istanbul (TUR) – Menora Mivtachim Arena : 65-75
Deux équipes qui se suivent au classement (2 victoires, 3 défaites) pour une rencontre d’un bon niveau. C’était un peu l’idée de ce match entre Maccabi et le Fenerbahçe.
Cependant, les petites erreurs coutent chers au Fener en ce début de match alors que le Maccabi déroule mieux son jeu et, après un 6-0, mène déjà 13 à 4. Igor Kokoskov coupe la dynamique de Tel Aviv sur un temps-mort. Son équipe revient et c’est Ali Muhammed qui va tout changer. Jarell Eddie marque un premier trois points, suivi par l’ancien joueur de Dijon qui en aligne deux, avant un tir mi-distance d’Ulanovas. Revoilà le Fenerbahçe (22-18 après 10 minutes) !
Istanbul continue sur sa lancée et Muhammed (pour la 3è fois en autant de tentatives) puis Mahmutoglu font le forcing pour ramener les deux équipes à égalité (24-24). Eddie fait même passer le Fener devant grâce à un joli post move et l’on a l’impression que le match bascule du côté des visiteurs. Malheureusement, la second unit turque n’arrive pas à tenir l’avantage et le Maccabi passe un 7-0 pour mener 31 à 26.
A 4 min de la mi-temps, on a un peu peur pour Nando De Colo qui se fait percuter par Bryant et se tient la cuisse. Les deux équipes se regardent les yeux dans les yeux en cette fin de mi-temps, Muhammed inscrit son 4è panier de loin, et Ante Zizic continue son petit chantier avec des rebonds offensifs qu’il transforme en points (il terminera d’ailleurs avec 11 points, 10 rebonds dont 5 off). Le Maccabi repose souvent son attaque sur Scottie Wilbekin tandis que le Fenerbahçe accélère sa circulation de balle et provoque les bons décalages dans la défense israélienne. Malheureusement, ils ne parviennent pas à sanctionner la défense des locaux en ratant des paniers faciles.
Scottie Wilbekin conclu la première mi-temps avec un fadeway au buzzer et donne 3 points d’avance à son équipe (38-35)
En début de seconde mi-temps, Zizic est toujours aussi dominant au rebond offensif alors que personne ne peut stopper Wilbekin, déjà à 18 points en 25 minutes. Comme souligné précédemment, le Maccabi profite de la main chaude de son meneur américano-turc alors que les stambouliotes profitent d’un effort collectif. Jarell Eddie est redoutable d’efficacité dans cette soirée avec un 100% de loin (3/3) et une impression visuelle que tirer de loin c’est aussi facile pour lui que l’humain pour mettre un pied devant l’autre.
La bascule du match se fait lorsque le Fenerbahçe enclenche sa défense et étouffe le Maccabi. Lorenzo Brown en profite pour marquer un 3 points dans l’axe et égalise à 47 partout. C’est ensuite à Jan Vesely de briller de l’autre côté du parquet avec deux contres en deux actions, symbole d’une raquette impossible à approcher pour le Maccabi. Le Fenerbahçe est sur un 9-2 en cours et coach Sfairopoulos est obligé de rappeler ses hommes pour un temps-mort alors que le Fenerbahçe est maintenant devant 49 à 47.
Sur la dernière action du troisième quart, Nando De Colo y va de sa malice en provoquant une faute à 3 points alors qu’il est au milieu du terrain. Le français ne tremble pas sur la ligne de réparation (comme à son habitude) et après trente minutes, les turcs sont devant 56 à 54.
Ali Muhammed n’est pas refroidi et sa 5è tentative à 3 points fait encore mouche (54-59). Et comme lors du 2è quart, il est accompagné dans son concours de loin par Mahmutoglu (54-62). Le Fenerbahçe est déchainé et la bonne pioche Dyshawn Pierre enrhume son adversaire au poste bas pour une avance de 11 points en faveur des turcs (58-69).
En homme fort du Maccabi, Wilbekin ne veut pas abdiquer et 5 points consécutifs, forçant un temps-mort immédiat de Kokoskov (63-69). Le Fenerbahçe installe une défense spéciale sur Wilbekin l’obligeant le plus souvent à lâcher la balle ou à forcer. Nando De Colo marque un deux point très important avec moins d’une minute à jouer. Le Maccabi ne reviendra pas et le Fener s’impose 75 à 65.
Le banc du Fenerbahçe aura eu son importance, notamment grâce à la belle prestation d’Ali Muhammed et la très bonne défense aperçue durant le troisième quart aura définitivement fait basculer la rencontre en faveur des turcs.
Le coin des stats :
Ali Muhammed (Fenerbahçe) – 17 points, 1 rebond, 1 passe
Nando De Colo (Fenerbahçe) – 13 points, 2 rebonds, 3 passes
Jarell Eddie (Fenerbahçe) – 11 points, 3 rebonds, 1 passe
Scottie Wilbekin (Maccabi) – 23 points, 2 rebonds, 1 passe
Ante Zizic (Maccabi) – 11 points, 10 rebonds
- Real Madrid (ESP) – FC Bayern Munich (ALL) – Wizink Center : 100-82
Avant l’entre-deux de cet affrontement, jeudi soir, le constat était surprenant : le grand Real Madrid et sa pléiade de stars affichaient un bilan de 1-4, tandis que le Bayern Munich, dernier de nombreux power rankings, avait un bilan en miroir, 4-1. Le donne était simple : alors que les espagnols devaient redresser la barre, les bavarois ne souffraient d’aucune pression.
Premier signal d’une prise en compte, chez Pablo Laso, de la nécessité de faire des ajustements, exit Alocen, Garuba, Taylor (invités récurrents du cinq de départ) et réintégration des tauliers Campazzo, Carroll et Randolph. Chez les allemands, Bray – pour sa défense et sa capacité à gérer le tempo – Johnson et Thomas étaient alignés, certainement avec l’objectif de créer de l’espace en forçant la sortie de Tavares de son royaume (la raquette).
Le 1er quart-temps donna le ton de ce qui allait être une partie maitrisée par les castillans. Carroll, utilisant à merveille les classiques staggers proposés par ses coéquipiers, allumait d’entrée de jeu la mèche. A ses côtés, le forward slovéno-américain Anthony Randolph mettait son vis à vis dans la sauce avec un trois points après pick and pop, un tir mi-distance à zéro degrés, puis Campazzo utilisait à merveille le double curl d’Abalde et Carroll pour trouver une nouvelle fois Randolph, libre, au poste bas (7 des 11 premiers points était ainsi inscrits par l’ex-Nugget).
Le tacticien italien du Bayern, Andrea Trinchieri, ayant probablement pour intention de motiver ses troupes, haranguait l’arbitre. Oubliant manifestement qu’il s’agissait du sanguin Luigi Lamonica, son compatriote fut trop véhément au goût du chef d’orchestre de la rencontre, qui renvoyait ce bon Andrea aux vestiaires, donnant l’occasion à son assistant, Adriano Vertemati de se faire la main face à un Real Madrid déterminé… Grazie Andrea.
Courageux en défense, intense en attaque, les Munichois réussirent à rivaliser jusqu’en fin de second quart-temps (qu’ils remportèrent 28-22, pour limiter la casse après la déroute 27-17 du premier acte), boostés par son duo US, Wade Baldwin-Jalen Reynolds.
L’arrière – dont le passage à l’Olympiacos la saison dernière avait été sincèrement timoré – prend ses marques et utilise sa taille et l’excellente gestion de ses appuis pour être une menace constante à mi-distance. Reynolds quant à lui, auparavant utilisé comme rim runner lors de ses expériences au Zenit, Barça ou Maccabi, est en cours d’éclosion sous les ordres du milanais Trinchieri et fait montre d’aptitudes en pick & pop jusqu’alors cachées, mais également de qualités d’intelligence défensive indéniables.
Il faudra un coup de chaud de Jaycee Carroll avec deux tirs primés, puis plusieurs situations d’iso de la pépite Alberto Abalde, trouvant tout d’abord la mire avant de servir Tavares en lob, et enfin un buzzer beater de l’inoxydable Sergio Llull pour étouffer la révolte allemande initiée par l’ex-Bull Paul Zipser.
Dès lors, le Bayern ne prendra plus l’avantage lors de cette rencontre, et Madrid pu dérouler ses systèmes et ouvrir sa rotation.
Malgré le courage des joueurs du Bayern, Baldwin en tête, la diversité des schémas offensifs et défensifs de Laso y donna toujours une réponse. Si l’on ajoute à cette adaptabilité tactique le talent des Rudy Fernandez (et ses deux avé Maria à 3pts faisant mouche), l’adresse ce jour de Sergio Llull (3/4 à 3pts), l’altruisme du duo de playmakers argentins Campazzo-Laprovittola avec 6 assists chacun, il n’en fallait pas plus pour accomplir la mission du jour : s’imposer avec la manière.
Le Bayern Munich n’aura pas démérité, mais comme attendu, l’effet de surprise en lien avec leur niveau de jeu cette saison sera appelé à s’étioler, à l’image de leur production collective lors de la 2è mi-temps, et contrairement à leur abnégation.
For the record, malgré l’écart (+18), tout n’est pas à jeter pour les rouges, avec une nouvelle fois une domination au rebond offensif (16 dont 5 pour le seul Jalen Reynolds), mais seulement 21/46 à 2 points. Côté merengue, si le rendu fut parfois brouillon, à l’image d’un Usman Garuba encore en délicatesse avec le rythme et la roublardise caractéristique des joutes européennes, la performance collective est pour la première fois intéressante : 19 d’évaluation collective, 24/31 à 2 points (!), 30 tirs primés tentés, 23 passes décisives et seulement 4 pertes de balle en dépit de la profusion de transmissions du ballon. Bon partage du temps de jeu à souligner avec un seul joueur (Trey Thompkins) à plus de 25 minutes et les “anciens” Randolph, Campazzo, Fernandez, Tavares, Llull et Taylor à moins de 20 minutes.
A confirmer cependant !
Le coin des stats :
Anthony Randolph (PF – US/SLO – Real Madrid) : 19 minutes, 13 points à 6/8, 3 rebonds, 2 passes
Jaycee Carroll (SG – US/AZE – Real Madrid) : 19 points à 4/4 à 2 points et 2/5 à 3 points, 20 d’évaluation pour celui qui n’avait alors joué en tout et pour tout que 29 minutes depuis le début de l’Euroleague.
Trey Thompkins (PF – US – Real Madrid) : 16 points, 7 rebonds
Wade Baldwin (G – US – Bayern) : 18 points à 7/15, 4 passes
Jalen Reynolds (C – US – Bayern) : 15 points, 7 rebonds (5 offensifs), 17 d’évaluation.
- Khimki Moscou (RUS) – Etoile Rouge Belgrade (SRB) – Arena Mytishchi : 83-77
Mon pessimisme n’ayant d’équivalent que l’a priori défavorable qui m’anime à l’égard du Khimki Moscou, je décidai de chassez le naturel en espérant ne pas entendre son galop derrière mon canapé.
Au menu du soir, une des deux équipes sans victoire (avec l’Asvel), fortement handicapée par l’absence de nombre de ses talents lors des premières journées mais sans imagination (à défaut de ne pas manquer de stars), le Khimki. Dans l’autre coin, l’Étoile Rouge de Belgrade, irrégulière dans sa performance, auteur de belles prises (contre Victoria et le CSKA) dans le sillage de son go-to-guy Jordan Loyd et sa garde de morts de faim. Belgrade qui, après avoir accueilli Taylor Rochestie et Emanuel Terry la semaine dernière, faisait une petite place à l’offensif poste 4, Johnny O’Bryant (ex-Maccabi, Bucks, Nuggets, Hornets).
Soyons honnêtes : si vous souhaitez revoir un match de cette journée d’Euroleague et que vous êtes un tant soit peu amateur de beau basket, passez votre chemin, vous ne survivriez pas à la 1ère minute avec une faute et 3 pertes de balle !
Si le scénario du match ne manqua pas de suspense, de rebondissements, de gestes spectaculaires ou de stars, le rendu global fut franchement une purge, digne de certaines rencontres de saison régulière de NBA. Peuvent en témoigner les 54 tirs à 3pts pris au cours de la rencontre (sur 117) et les 27 pertes de balles cumulées, pour 34 passes décisives.
Pourquoi tant de haine, êtes-vous en train de penser ?
En dépit du talent indéniable de joueur de Rimas Kurtinaitis dans les années 80 et 90, et son parcours victorieux d’entraineur (triple vainqueur de l’Eurocup, champion de VTB et de Lituanie), il est extrêmement frustrant de voir une équipe comprenant dans ses rangs des Alexey Shved, Jonas Jerebko, Janis Timma, Greg Monroe, Errick McCollum, Dairis Bertans, Jordan Mickey et j’en passe, jouer de manière aussi fade.
La systématisation des situations d’isolations pour Alexey Shved et le recours récurrent au poste bas ou à la recherche d’un shooteur immobile dans un corner rendent l’attaque moscovite trop lisible. En résulte des difficultés flagrantes à disposer d’équipes largement à leur portée, et ce match ne vint pas contrecarrer cette tendance. Dans un affrontement où les protagonistes se rendirent coup pour coup, le Khimki ne put se sortir du piège tendu par les serbes que grâce au talent individuel des Shved, Jerebko, Mickey et le zébulon du jour, “frère de”, Errick McCollum.
Chaque équipe réussit à prendre 2 quart-temps et l’écart ne fut pas supérieur à 10 points jusqu’au rush de la dernière période. Entre temps, des périodes de creux, pesantes (7min30 sans panier inscrit par le Khimki dans le 3è quart, presque 4 minutes pour l’Etoile Rouge en début de quatrième). Alors qu’ils étaient perturbés par les assauts permanents de Loyd, la pugnacité de Walden, l’excellente relation entre Rochestie et ses intérieurs (Kuzmic, Terry, Jagodic-Kuridza), le Khimki finit par confier les clés du camion à un Errick McCollum de gala, scorant 22 de ses 23 points en deuxième mi-temps.
En misant sur la vitesse du tout récent transfuge de l’Unics Kazan et en remplaçant le monolithique (et parfois stéréotypé) Monroe par le bondissant Jordan Mickey (revanchard après son échec au Real Madrid), Alexey Shved eut la possibilité d’épurer son jeu du superflu. Et un Shved dégagé de la responsabilité de tout créer est un formidable joueur.
En alignant cette lineup Shved-McCollum-Timma-Jerebko-Mickey (dont même certains participants réguliers au Final Four pourraient être envieux), les sursauts d’orgueil des hommes de Sasa Obradovic furent sans effet. Si le Khimki parvient à s’ajuster, et offrir un éventail stratégique aussi large que son effectif lui autorise, alors nul doute que l’équipe russe jouera les troubles fêtes, mais l’adversité sera souvent autre, et l’Etoile Rouge est également une équipe en rodage.
Il fallait remporter ce match, mission accomplie pour le Khimki !
Le coin des stats :
Alexey Shved (G, RUS, Khimki) : 15 points, 4 rebonds, 12 passes (mais 1/7 à trois points et 4 turnovers)
Errick McCollum (G, US, Khimki) : 24 minutes, 23 points à 4/5 à 3 points, 25 d’évaluation
Jordan Mickey (C, US, Khimki) : 11 points, 11 rebonds, 5 contres, 21 à l’évaluation
Jordan Loyd (G, US, Zvezda) : 18 points, 7 rebonds, 3 passes, 1 interception, 21 à l’évaluation
Johnny O’Bryant (PF, US, Zvezda) : 20 minutes, 14 points, 4 rebonds
- Olympiacos (GRE) – Anadolu Efes Istanbul (TUR) – Peace and Friendship Stadium : 79-84
Premier quart champagne dans cette rencontre offensive.
Après un 29-26 initial, l’Anadolu Efes a mis le doute d’entrée de jeu pour les grecs, qui pouvaient compter sur un Jenkins encore au top (8/10 en 1ère mi-temps). Mais la taille des stambouliotes, à l’image de Tibor Pleiss, impeccable à 100% au tir mais aussi présent au rebond (pour d’ailleurs attraper son 1000è en carrière !) et l’adresse des blancs et bleus, notamment par Krunoslav Simon, faisaient beaucoup trop de dégâts. A cela s’ajoutait le contre de Brian Dunston sur Papanikolaou, qui le mettait en tête du classement des contreurs All-Time de la ligue, un grand exploit dans une arène vide – on se souvient qu’Hakeem Olajuwon en NBA, lorsqu’il avait battu le même record, avait vu le match arrêté en pleine action pour qu’il puisse être honoré par le public et les officiels.
Menés jusqu’à -13, l’Olympiacos a dû combler l’hémorragie, mais côté grec, malgré un Aaron Harrisson hyper-présent, il ne pouvait pas tout faire seul, pendant que l’Anadolu abusait un peu des balles pour Pleiss. Aussi, après un premier quart champagne, on a eu un second quart sobre, mais avec les turcs bien en tête (44-38).
Au retour des vestiaires, l’Olympiacos tente de mettre une meilleure pression défensive, au point de réussir à limiter les turcs et à reprendre l’avantage, notamment avec Shaquielle McKissic qui enchaîne 7pts d’affilés ! Une percée cependant temporaire, car l’Anadolu va finalement gérer son match, et mettre autant de pression en défense, forçant les pertes de balles et permettant des fast-break. Peu de suspense, Istanbul gère son match et son avantage jusqu’à la fin.
Le coin des stats :
Vasilije Micic (Anadolu) – 20 points, 2 rebonds, 7 passes
Rodrigue Beaubois (Anadolu) – 15 points, 1 rebond, 2 passes
Shane Larkin (Anadolu) – 15 points, 3 rebonds, 1 passe
Krunoslav Simon (Anadolu) – 11 points, 5 rebonds, 2 passes
Hassan Martin (Olympiacos) – 11 points, 6 rebonds, 3 contres
Kostas Sloukas (Olympiacos) – 10 points, 1 rebond, 7 passes
- Baskonia Vitoria (ESP) – FC Barcelone (ESP) – Buesa Arena : 71-72
Il aura manqué très peu au Baskonia pour réussir un des exploits de la journée en Euroleague. Dans un remake de la dernière finale du championnat espagnol que les basques avaient gagné au buzzer, les barcelonais se sont imposés de la plus petite des marges, après un lay-up pour la gagne raté par Pierria Henry.
Les exploits individuels d’Henry avaient pourtant caché la misère offensive du Baskonia en première mi-temps, une misère qu’ils n’avaient pas payé cher : le Barça s’était endormi dans les starting blocks et leur attaque était au ralenti. L’apport de Mirotic en sortie du banc dynamisait toutefois l’attaque des hommes de Jasikevicius .
L’attaque barcelonaise manquait en effet encore de rythme, avec un Thomas Heurtel encore demi-teinte, manquant de mordant et de compétition. Nick Calathes a ainsi pu assurer le service minimum à la création, tandis qu’Alex Abrines et Cory Higgins ont une fois de plus prouvé qu’ils avaient besoin d’un créateur primaire à leurs côtés pour briller.
Les deux équipes étaient au coude à coude sur l’ensemble de la rencontre, Baskonia restant à flot à grâce à l’apport conjoint de Zoran Dragic et de Pierria Henry au scoring et à la création, tandis que Youssoupha Fall offrait à Dusko Ivanovic une production inespérée en rotation (11 points et 3 rebonds et 13 minutes).
Ce sont au quatrième quart-temps que ce sont fait les premiers gros écarts du match. Le Baskonia se lance dans une énorme série (19-3) pour se créer un coussin de sécurité de 10 points à 3 minutes de la fin du match. Face à un Barcelone mortifié, tout réussissait aux basques, qui se permettent même de faire le show.
— BasketHead (@the_BasketHead) October 30, 2020
En deux minutes, ces 10 points d’avance deviendront un point de retard : les barcelonais commencent la dernière minute avec l’avantage grâce à une interception et un dunk d’Alex Abrines.
Les deux équipes ne marqueront plus : Pierria Henry ratera un lay-up tout fait pour la gagne. Le Baskonia aura une dernière chance avec la balle ligne de fond. Le système de Dusko Ivanovic donne la balle à mi-distance à Alec Peters (alors à 0/2 au tir), mais son catch and shoot sera contré par Nikola Mirotic, qui parachève un match accompli.
Le Baskonia peut clairement s’en vouloir après cette défaite. Ils avaient pourtant le match en main face à un Barcelone diminué, comme bien résumé par Dusko Ivanovic :
« Aujourd’hui, on a montré que rien n’était impossible. A un moment, il semblait qu’il était impossible de perdre ce match mais on a prouvé que l’impossible est possible. »
Leur manque de production offensive au poste 5 est toujours un vrai soucis (Jekiri finit à 10 points mais aussi avec 6 balles perdues et très peu de création), et Rokas Giedraitis devra limiter au maximum ce genre de passage à vide (4 points à 1/4 aux tirs) s’il veut assumer son statut et amener son équipe en Playoffs.
Pour Barcelone, il faudra prendre le résultat, mais réfléchir à la manière. Si l’apport de Mirotic est celui espéré pour le plus gros salaire de l’Euroleague (18 points, 7 rebonds, 2 passes décisives), le reste de l’effectif parait encore en rodage. L’équipe de Sarunas Jasikevicius confirme toutefois son réalisme, et porte son bilan à 5 victoires et 1 défaite.
Le coin des stats :
Nikola Mirotic (Barcelone) – 18 points, 7 rebonds, 2 passes
Brandon Davies (Barcelone) – 12 points, 4 rebonds, 1 passe
Alex Abrines (Barcelone) – 10 points, 3 rebonds, 1 passe
Achille Polonara (Vitoria) – 14 points, 6 rebonds, 3 passes
Zoran Dragic (Vitoria) – 15 points, 2 rebonds
Pierria Henry (Vitoria) – 8 points, 8 rebonds, 7 passes
Le MVP : Marius Grigonis (Zalgiris Kaunas)
Artisan majeur de la victoire du Zalgiris face à l’Asvel dans un incroyable come-back, Grigonis s’est offert une soirée record avec 25 points et 27 d’évaluation, ses meilleures performances en carrière. En constante progression depuis trois ans, il est passé de 9.3 d’éval en 2018-2019 à 16.2 cette saison.
Profitant du coaching de Martin Schiller, l’ailier lituanien de 26 ans tourne à 15.5 points, 2.7 rebonds, 2.6 passes avec de beaux pourcentages au tir : 58.1% à 2 points et 44.4% de loin. Et s’il a brillé offensivement, son coach n’a pas oublié de souligner ses efforts en défense :
«Marius a relevé son niveau de jeu en défense en seconde période, c’était important. Beaucoup de choses commencent avec lui, c’est un joueur très important, et s’il élève son niveau en défense, d’autres joueurs le suivront. »
Super Marius s’invite donc dans la course des révélations de ce début de saison au sein d’une équipe en très grande forme (1ère, 5 victoires, 1 défaite) avec une confiance qui ne cesse d’augmenter avant d’affronter le Real, le Maccabi, le CSKA et Milan lors des prochaines journées.
Le cinq majeur de la 6è journée
Le 6è homme : Jaycee Carroll (Real Madrid)
On en a parlé avec les différents rédacteurs, et la sentence est irrévocable : il faut en profiter. Jaycee Carroll est un personnage marquant du basket européen et file malheureusement vers sa fin de carrière. Alors il faut profiter de ce profil très spécial, sniper incroyable, a la gestuelle académique et qui profite des écrans pour se démarquer plutôt que de trop dribbler.
Contre le Bayern, il termine ex-æquo avec son coéquipier Anthony Randolph pour la meilleure évaluation du match (20). Comme à son habitude, c’est très propre avec 19 points (4/4 à 2 points, 2/5 de loin, 5/5 à 3 points) en 18 minutes, exemple même de l’efficacité. Pablo Laso sait parfaitement l’utiliser grâce à des systèmes en staggers que l’américain (au passeport venu d’Azerbaïdjan) magnifie grâce à des fondamentaux maîtrisés.
A 37 ans, le quadruple vainqueur du championnat d’Espagne et double champion d’Europe avec la maison blanche devrait encore continuer quelques temps une carrière déjà magnifique, débutée en 2008-2009 du côté de l’Italie (Teramo) avant de rejoindre Gran Canaria pendant deux saisons (2009-2011). Il attaque cette saison sa dixième année sous les couleurs de la maison blanche et fait partie des joueurs les plus expérimentés en Euroleague avec 246 matchs au compteur.
Un grand monsieur qu’il fallait mettre en avant lors de cette journée.
La réac’ réac’ du rédac’
“Encore raté !“
L’avenir de l’Asvel est à l’image de la saison dans un contexte sanitaire perturbé et perturbant : flou. Bonne surprise la saison dernière (10 victoires, 18 défaites), capable d’épingler quelques gros dans sa salle (CSKA, Olympiacos, Pana) malgré des difficultés à l’extérieur (une seule victoire : Étoile Rouge), il semble que cette année sera bien différente. On ne tombera pas tout de suite sur TJ Parker, nouveau coach après le départ de Zvezdan Mitrovic (qui a signé son retour à Monaco), mais il va falloir installer une dynamique positive s’il on ne veut pas frôler la crise…Pas convaincant en Jeep Élite (2 victoires, 2 défaites), l’Asvel n’a toujours pas goûté à la victoire en Euroleague après trois rencontres.
Oui, car si sur le terrain c’est compliqué, le Covid n’épargne pas le club rhodanien qui n’avait plus joué depuis trois semaines, loupant ses rendez-vous à la maison face au Panathinaïkos ou l’Étoile et l’Anadolu en déplacement. Pas facile de défier le gratin du basket européen quand 11 joueurs de ton effectif sont positifs au virus (malheureusement) à la mode. Cette semaine encore, il s’en est fallu de peu pour que l’Asvel rate encore une journée d’Euroleague : Antoine Diot, Norris Cole, Rihards Lomazs et William Howard manquaient encore à l’appel et le staff a donc pris la décision de convoquer deux espoirs (Elwin Ndjock et Kymany Houinsou) pour assurer le nombre minimum de joueurs.
Malgré une première mi-temps très offensive (50 points) et 30 minutes avec l’avantage au score, les villeurbannais se sont écroulés en laissant leur avance de 13 points fondre à vitesse grand V face à un Zalgiris déchainé en deuxième période (remportée 42 à 24). Les organismes ont accumulés de la fatigue avec 7 joueurs à plus de 20 minutes dont le vétéran David Lighty (32 ans), obligé de se donner deux fois plus que d’habitude comme en témoignent ses 33 minutes (contre 15 et 14 lors des deux premières rencontres).
Statistiquement, l’Asvel est dernière à l’évaluation (72.33), dernière attaque (70 points), en milieu de classement pour sa défense (78.33), ne prend pas assez soin de sa balle (2ème aux pertes de balles avec 16 par match) et a la pire moyenne à longue distance de la compétition (30.99%) alors que l’effectif compte quelques spécimens capables de rentrer des banderilles (Lomazs, Howard, Freeman, Cole, Kahudi ou Diot).
Inquiétant ?
Le menu de la 7e journée (5 et 6 novembre 2020)
- Zénith Saint-Pétersbourg – Olympiacos : jeudi 18h
- Anadolu Efes Istanbul – Maccabi Tel Aviv : jeudi 18h30
- Alba Berlin – FC Barcelone : jeudi 19h
- Baskonia Vitoria – LDLC Asvel : jeudi 20h30
- Fenerbahçe Istanbul – Khimki Moscou : vendredi 18h45
- Zalgiris Kaunas – Real Madrid : vendredi 19h
- FC Bayern Munich – Étoile Rouge Belgrade : vendredi 20h30
- Panathinaïkos – CSKA Moscou : vendredi 20h30
- Valencia Basket – Olimpia Milan : vendredi 21h