Arrivé aux commandes de la franchise de Joël Embiid et Ben Simmons courant 2018, l’ancien joueur NBA Elton Brand fait grandement débat lorsque vient l’heure d’examiner les performances des différents general managers de la ligue. En cause ? Un enchainement de décisions pour le moins litigieuses, qui, après un rapide regard dans le rétroviseur, laisse penser que le présent des Sixers aurait pu être bien différent si quelques-unes d’entre elles avaient été pondérées d’un peu de bon sens.
Le 25 août dernier, Brand affirmait lui-même que le sacro-saint “process” mis en avant par la franchise, tant d’un point de vue pratique que marketing, et dont il avait plus ou moins la charge, était un échec. Ni plus, ni moins. Dans son élan, il ajoutait que les Sixers avaient grand besoin de changement, y compris dans le front-office, chose à laquelle il porterait grande attention, veillant à apporter plus de “basketball minds” à la structure.
Nous voici donc face à un general manager admettant que le front-office, son front-office, a besoin de changements. La solution de facilité ? Remercier Brand lui-même. Après tout, si le front-office des 76ers a besoin de changement, pourquoi ne pas débuter avec celui qui l’incarne aux yeux de tous ? Que nenni.
La vindicte populaire aura beau tenter de réclamer sa tête, les patrons des Sixers sont semblent-ils attachés à Brand, et si reconstruction il y doit y avoir en interne, elle se fera bel et bien avec l’ancien NBAer. Les fans le voulaient dehors ? Le voici mis en avant. Enfin… Pas si sûr.
Au début, de l’espoir ; à la fin, de la poussière
Comment est-on arrivé, en fin de saison 2020, à une franchise au bord de la crise de nerfs, alors que tout semblait pourtant aller pour le mieux il y a de ça quelques mois ? Commençons par le commencement, et penchons-nous sur l’historique récent des Sixers.
Arbitrairement, prenons pour date initiale le 6 février 2019.
En ce mercredi matin de février, Elton Brand est bien décidé à faire de Philadelphie un candidat des plus sérieux pour le titre. Bien que la franchise ait accueilli dans ses rangs le précieux Jimmy Butler, arrivé des Wolves quelques mois plus tôt, Brand décide de passer la seconde à l’approche de la trade deadline.
Aussitôt dit, aussitôt fait : les Sixers mettent sur pied un échange pour faire atterrir l’ailier Tobias Harris, en provenance des Clippers. Dans la balance, Elton Brand envoie autant d’assets qu’il en faut : le prometteur Landry Shamet, Wilson Chandler et Mike Muscala – deux contrats expirants – font leurs valises, ainsi qu’une flopée de tours de draft courant jusqu’en 2023. Sam Hinkie faisait collection ? Elton Brand lui, bazarde.
Sources: Clippers and Sixers have agreed to trade Tobias Harris, Boban Marjanovic, Mike Scott for Landry Shamet, Wilson Chandler, Mike Muscala, 2020 first-rounder, 2021 unprotected 1st via Miami and two second rounders.
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) February 6, 2019
L’arrivée d’Harris avait alors tout d’un mouvement qui n’a qu’une seule ambition : la victoire, maintenant, tout de suite. La fameuse mentalité du win now. A l’instar de Jimmy Butler, Harris débarquait avec un contrat expirant. Les Sixers bénéficiaient ainsi d’une location de six mois sur l’arrière et l’ailier. Une demi-année dans laquelle tout avait été investi, ou presque.
Et déjà, une question : Elton Brand et son équipe avaient-ils le choix ? Probablement.
A la mi-saison 2019, Joël Embiid et Ben Simmons sont affiliés à la franchise de manière pérenne, et personne n’imagine un départ d’un des deux joueurs à court ou moyen terme. De même, si Jimmy Butler possède un contrat expirant et est agent libre à l’été 2019, rien ne laissait présager à un quelconque départ à l’époque des faits.
Mais si la décision du win now peut être contestée, elle peut également se défendre. Avec le trio Joël Embiid, Ben Simmons et Jimmy Butler dans ses rangs, Philadelphie comptait sur l’apport du couteau-suisse Harris pour devenir la 4è roue du carrosse qui amènera la franchise soulever le trophée Larry O’Brien. D’autant plus que sur le papier, l’effectif à une vraie tête d’outsider. Les interrogations, légitimes à l’époque, portent davantage sur l’alchimie à créer avec l’ajout d’un nouveau joueur majeur que sur les capacités de l’équipe.
La suite, on ne le connaît que trop bien. En playoffs, Philadelphie croise la route de Toronto, l’autre franchise qui a joué le jeu du win now en l’absence de LeBron James à l’Est pour la première fois depuis des lustres. On ne vous refait pas le film, on se contentera du pitch cruel pour les 76ers : game 7, Kawhi, vacances.
Après la longue gueule de bois procurée par l’élimination, il fallait pour Elton Brand et les siens se rendre à l’évidence. Le pari avait été manqué. De peu, certes, mais manqué tout de même. Et désormais, il allait être l’heure de faire des choix.
Et c’est précisément là que le bat blesse.
Dans cette période charnière de l’été 2019, le management des Sixers va certes faire des choix, mais des choix qui, à l’heure d’écrire ses lignes, apparaissent des plus polémiques. Timeline des évènements-clés ayant bousculer la franchise à l’époque :
- A la draft 2019, Philly ne cache absolument pas son amour pour Thybulle, tant et si bien que Boston fait le coup du chantage, et ça fonctionne. Elton Brand balance à nouveau ses picks de draft pour trade-up afin de s’assurer de pouvoir récupérer Matisse Thybulle – Sam Hinkie, lui, pleure en silence ;
- Départ de J.J Redick à la free-agency 2020, destination les New Orleans Pelicans et un joli chèque ;
- Départ de Jimmy Butler à destination du Miami Heat via sign and trade avec 4 équipes impliquées, où les Sixers récupèrent Josh Richardson ;
- Signature de Tobias Harris pour 5 ans et 180 millions de dollars ;
- Signature d’Al Horford pour 4 ans et 109 millions de dollars, le coup de grâce.
Ces quelques lignes apportent leur lot d’interrogations : les Sixers avaient-ils le choix concernant Harris ? Auraient-ils pu mieux gérer, financièrement et humainement parlant, le cas Jimmy Butler ? Fallait-il à tout prix conserver un role player de la trempe de J.J Redick ? Pourquoi miser autant sur Al Horford ? Par quelle vision étaient guidés les choix du management de la franchise et d’Elton Brand ?
Autant de questions dont les réponses ont été débattues en long, en large et en travers par les observateurs NBA et par les fans de la franchise, davantage encore pendant la formidable épopée du Miami Heat jusqu’en Finales NBA. Dans le même temps, les Sixers noyaient leur peine après un sweep face aux Celtics, résultat des plus risibles comparé aux objectifs affirmés.
Oui, les choses auraient pu être faites différemment, et oui, ces choix sont la cause des maux des Sixers aujourd’hui.
Vient alors le moment de s’interroger sur notre personnage principal, Elton Brand, le general manager des 76ers. Est-il entièrement fautif ? Ou au contraire, fait-il partie d’un ensemble de fautifs, plus global ?
De la collaboration à la cacophonie
Là-aussi, essayons de procéder via une logique pour le moins élémentaire, en débutant par le haut du panier. Oui, car chez les Sixers, pour comprendre le flou qui règne depuis l’été 2019 – voire même avant, mais ce n’est pas le sujet du jour – il faut commencer par chercher dans les hautes sphères de la franchise, là d’où vient l’argent : les propriétaires, Josh Harris et David Blitzer, via Harris Blitzer Sports & Entertainment.
Après le catastrophique épisode Colangelo, l’opportunité était offerte à ces derniers de faire table rase et de repartir sur des bases saines. Pour ce faire, quoi de mieux que de partir à la chasse au nouveau general manager de la franchise ? Le plan est clair : mettre la main sur un gros nom, ou du moins quelqu’un dont les compétences sont évidentes. Et Josh Harris prévient : “Ca va nous prendre un moment.“. Pourquoi donc ? “C’est un consensus, il y a beaucoup de personnes impliquées dans le dialogue, nous voulons être sûrs de trouver le bon fit pour nous“.
Si l’objectif est encore une fois louable, déjà la réalité rattrape les dirigeants. Aucun des general managers expérimentés en poste ne répond à leurs sollicitations, et parmi les autres options envisagées, aucune n’aboutira finalement. Bredouilles, les Sixers feront finalement confiance à Elton Brand, dont la seule expérience “notable” est d’être general manager d’une équipe de D-League… Depuis un an.
La version officielle ? La franchise souhaitait un general manager “populaire”, qui pourrait convenir aux fans. E somme, le choix a été fait, par défaut peut-être, d’avoir un general manager dont la tête est connue de tous, plutôt qu’un general manager compétent, ou expérimenté. Voici donc comment un dirigeant rookie se retrouve à la tête d’une franchise qui annonce haut et fort qu’elle ne vise rien de moins que les sommets.
Mais sauve qui peut, le mantra de la sacro-sainte “collaboration” revient sur le devant de la table pour sauver les apparences. Et l’avantage d’utiliser celle-ci comme argument principal pour justifier n’importe lequel de vos choix, c’est qu’elle favorise l’opacité plutôt que la transparence. Devant une décision douteuse, qui blâmer, lorsqu’on vous dit que celle-ci est le fruit d’une concertation réfléchie et collaborative ? Personne ? Tout le monde ? Vous voyez le procédé se dessiner.
Ce souci d’une collaboration de tous les instants va être insufflé par les propriétaires jusque dans la construction du front-office de leur franchise, y compris pour justifier le poste accordé à Elton Brand. N’ayant absolument aucune référence à ce poste, Brand acceptera beaucoup plus aisément que d’autres candidats potentiels l’idée d’un “collaborative front-office“, où la décision finale ne lui appartient pas. D’aucuns diraient sans mal que derrière cette idée de collaboration, il s’agissait surtout de masquer l’incompétence d’Elton Brand ; on se contentera ici de parler d’inexpérience.
Elton Brand débarque ainsi aux manettes, propulsé au rang de general manager, tout en agissant au sein d’une équipe bien plus vaste, dont la plupart des membres sont les vestiges de l’épopée Colangelo. En pagaille, on pouvait alors compter sur Alex Rucker, le vice-président des opérations basket de la franchise ; Ned Cohen, l’assistant GM ; Brett Brown, le coach ; Marc Eversley ; Scott O’Neil, directeur d’Harris Blitzer Sports & Entertainement et conseiller des propriétaires, ou encore, bien évidemment les propriétaires eux-mêmes.
Qu’on se le dise : il est évident que pour travailler de manière efficace et sereine, le general manager d’une franchise NBA doit être entouré, conseillé, voire contredit par moment. Le problème, chez les Sixers, c’est que tout le monde, dans cet ensemble, semblait avoir le même droit de parole. Or, à trop vouloir jouer le jeu de la collaboration, on peut vite basculer dans la cacophonie, et aboutir à des situations pour le moins burlesques, comme lorsqu’Elton Brand annonce, en février dernier, que Brett Brown officie désormais sous ses ordres, et non plus sous les ordres… d’Harris, le propriétaire. Opacité, quand tu nous tiens.
Ce flou autour de l’organisation interne de la franchise aura des effets désastreux, comme l’illustrent les choix précédemment mis en évidence. Sans hiérarchie claire, impossible d’aboutir à des décisions claires, répondant à une réelle vision ou à un réel projet. Trust the mess.
Difficile, face à ce tableau, de considérer Elton Brand comme seul et unique responsable des décisions précédemment susmentionnées. Difficile également de l’épargner totalement. En tant que general manager de la franchise, il est inévitablement la figure exposée du front-office, et c’est donc logiquement sur ses épaules que s’amassent les critiques.
Elton Brand sur le grill ? Que nenni ! Enfin, pour l’instant…
Oui, car désormais à Philadelphie, tout cet état d’esprit de collaboration et d’entraide solidaire, c’est terminé. Elton Brand l’affirmait il y a quelques semaines, alors qu’il était interrogé au sujet des avancées sur la recherche d’un nouveau coach, après le départ de Brett Brown :
“Pour être clair et franc, nous pensons que les temps “collaboratifs” dans le front-office n’ont pas bien fonctionné. Je vais diriger les recherches. Je vais faire la recommandation à Josh et David. J’ai grandi en tant que leader et j’ai grandi en tant que general manager. J’ai été jeté au feu, j’ai dû prendre des décisions difficiles, mais maintenant j’ai hâte de mettre mon empreinte, et de prendre l’entière responsabilité de ce qui va se passer ensuite”.
Dans son élan, Brand a affirmé vouloir réformer le front-office, en faisant appel à davantage de “basketball minds“, afin, selon les dires de certains, de contrebalancer une organisation jusqu’alors trop centrée sur les seuls “analytics” :
“Quand que je me suis plongé sur les raisons de notre échec, sur ce qui a mal tourné et comment nous pouvons nous améliorer, j’ai senti que nous devions renforcer notre organisation de haut en bas, à commencer par le front-office. En équilibrant nos forces, nos analyses et notre stratégie sur le terrain avec plus “d’esprits basket”. Mon objectif, quoi qu’il arrive à l’avenir, est de m’assurer que nous sommes en mesure de lutter véritablement pour le titre”.
Plus encore, le general manager semblait avoir fait une réelle introspection, aussi bien sur ses agissements, que sur l’environnement dans lequel il a été projeté :
“J’étais un débutant poussé à diriger une équipe avec des aspirations de championnat, et dont les fans ont sacrifié et ont lutté pendant des années pour ce faire. Ma compréhension du jeu s’est développée, ainsi que ma façon de gérer et de diriger. J’avoue que je ne savais pas grand-chose, mais maintenant, j’en sais beaucoup plus. J’ai traversé presque toutes les situations possibles, alors j’ai hâte de diriger cette intersaison, et de trouver comment nous remettre sur le droit chemin”.
Pour être honnête, je serais incapable de vous dire quel sentiment prédomine chez moi à la lecture de cette dernière phrase d’Elton Brand. D’un côté, il faut reconnaître à Brand le mérite qui est le sien, de savoir reconnaître ses erreurs et d’être conscient de ses limites passées. De l’autre côté… On est tout de même face à un general manager qui confesse sans peine avoir gérer comme un débutant une franchise prétendante au titre, sans connaître grand chose de la réalité du fonctionnement de la ligue. Le temps est une donnée des plus précieuses en NBA, et si les 76ers ont loupé leur fenêtre de tir, il y a fort à parier que les regrets s’accumuleront en masse à mesure que le temps défile. Si les fans des 76ers voulaient décolérer, pas sûrs qu’ils ressortent satisfaits d’une telle réflexion.
Force est de constater pourtant que Brand a pris du pouvoir au sein de la franchise ces dernières semaines, notamment concernant la recherche du nouveau coach. C’est bel et bien lui qui a multiplié les interviews avec les candidats, et qui a eu le mot final concernant la décision d’embaucher Doc Rivers. Quant à dire que cette prise de pouvoir va s’inscrire sur le long terme, on ne se mouillera pas à un tel pronostic, notamment pour les raisons qui suivent…
Car dans le sillage des annonces faites par Brand, un autre constat s’impose ces dernières semaines : le front-office des Sixers évolue. Mais les “basketball minds” annoncés, qui arrivent peu à peu, soulèvent à leur tour une nouvelle interrogation : Elton Brand s’entoure-t-il de “basketball minds” car, conscient de ses insuffisances, il souhaite les combler, ou cet entourage est-il un nouveau desirata des propriétaires, soucieux de restructurer leur navire et de préparer un éventuel départ de leur general manger…? En d’autres termes, Elton Brand s’entoure-t-il vraiment, ou l’entoure-t-on ?
A Sixers front office update. The team has begun interviewing candidates to serve in an executive role under GM Elton Brand, according to league sources.
— Yaron Weitzman (@YaronWeitzman) October 7, 2020
Voici, un peu sommairement, les dernières arrivées notables du côté de Philadelphie, par ordre croissant d’intérêt :
- Prosper Karangwa arrive en provenance du Magic d’Orlando, pour occuper le poste de “Vice-President of Player Personnal“, après avoir gravi les échelons du département scouting au sein de la franchise floridienne, jusqu’à terminer Directeur du scouting universitaire. Grossièrement, disons que Karangwa devrait hériter de toute la partie concernant le suivi et l’évaluation des joueurs, de même que la supervision des services de scouting de la franchise.
- Peter Dinwiddie arrive quant à lui des Pacers d’Indiana, pour occuper le rôle de Vice-Président exécutif des opérations basket de la franchise, occupé jusqu’alors par Alex Rucker, très critiqué pour son implication et ses prises de position dans le “collaborative front-office” en place depuis deux ans. Considéré comme un spécialiste du CBA à Indiana, Dinwiddie devrait être le numéro 2 du front-office, juste derrière Elton Brand, et en l’absence d’un Président des opérations basket… Mais ça, on y reviendra.
- Doc Rivers a également fait son arrivée dans la cité de l’amour fraternel.
Débarqué des Clippers après l’échec retentissant des derniers playoffs et la défaite face à Denver, le Doc n’a pas mis longtemps à trouver un nouveau port d’attache. Réputé pour ses qualités de meneur d’hommes et de construction de groupe, Rivers arrive dans une franchise en plein doute, autant sur le terrain qu’en dehors.
Le challenge est des plus intéressants pour Doc Rivers, qui, après une difficile aventure Clippers, va devoir composer avec un statut d’outsider qu’il chérit tant.
Alors certes, l’ancien gourou des Clippers siègera avant tout sur le banc des Sixers, mais il est difficile de penser qu’un coach de sa trempe et de sa réputation n’ait pas son mot à dire lorsque l’heure des décisions sur l’effectif viendra. S’il a pu cumuler les fonctions d’entraineur principal et de Président des opérations basket lors de son passage à Los Angeles, il y a fort à parier que Rivers n’entendra pas se voir dicter les choses par son front-office sans avoir son mot à dire et sans être associé, a minima à la prise de décision finale.
- Enfin, vient le dernier gros poisson : Daryl Morey.
A deal is expected to be finalized in the next few days, and Sixers GM Elton Brand is expected to remain in his current position, sources said. https://t.co/fHb5Mds9yG
— Adrian Wojnarowski (@wojespn) October 28, 2020
Bien que rien ne soit encore officiel, l’annonce a fait l’effet d’une bombe, chère à Adrian Wojnarowski : Daryl Morey, dont le départ des Houston Rockets a fait grand bruit, serait, à l’heure où ses lignes sont écrites, en discussion très avancée avec les Sixers, afin de “superviser les opérations basket de la franchise” – autrement dit, occuper le poste de Président des opérations basket.
Si Daryl Morey est un personnage et un general manager des plus clivants dans le paysage NBA des dernières années, il faut savoir rendre à César ce qui est à César. Morey a, à première vue, tout ce que Philadelphie n’a plus depuis maintenant quelques années : une vision et des idées. Plaisant ou non, son passage à Houston en est le témoin parfait – et je me place moi-même dans le camp des plus réfractaires sur ce sujet, mais un peu d’honnêteté ne fait jamais de mal.
Plus encore qu’une tête remplie d’idées et de convictions, il paraît évident que si Philadelphie met la main sur l’ancien patron des Houston Rockets, Elton Brand n’apparaîtra plus comme le seul chef à bord, qu’importe ses déclarations du mois d’août dernier.
Entouré entre deux mastodontes de la ligue, Doc Rivers et Daryl Morey, Brand passera automatiquement et logiquement au second plan, malgré son statut de general manager. Pour quels impacts en pratique ? Sera-t-il toujours le décisionnaire final ? Verra-t-on un retour à un “collaborative front-office“, agrémenté d’un peu de compétence ? Ou au contraire, Daryl Morrey sera-t-il, seul, la tête pensante de tout ce beau monde, exerçant une sorte de tutelle sur Brand ?
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Elton Brand annonçait des changements dans le front-office, et tout le monde s’aperçoit qu’en effet, les choses bougent à Philly. Pour autant, impossible d’affirmer avec certitude que Brand est à l’initiative même de ces changements, comme il le laissait pressentir en fin d’été. A vrai dire, ces arrivées laissent plus à penser à une réorganisation interne destinée à prévoir toute éventualité, favorable comme défavorable. Une nouvelle manœuvre des propriétaires ? L’hypothèse est loin d’être inenvisageable.
Dans le meilleur des cas, pour Brand, la mayonnaise des 76ers prend à nouveau.
L’intersaison se déroule sans accrocs, voire même avec quelques bons coups réaliser. Dans cette hypothèse, si tout ça se confirme évidemment une fois de retour sur le terrain, il y a de fortes chances de voir Elton Brand maintenu en poste. On l’a vu écrit ces derniers temps, notamment par l’intermédiaire de la plume – ou du smartphone – de Shams Charania : malgré son inexpérience au poste de general manager, Brand dispose d’un argument de poids, à savoir la notoriété et la confiance des joueurs. Si ces paramètres peuvent sembler secondaires pour certains, ils sont pourtant une réalité dans la Grande Ligue, où bénéficier du soutien des joueurs peut parfois s’avérer tout aussi important qu’une certaine capacité de réflexion.
En revanche, dans le scénario inverse, si les choses tournent à nouveau au vinaigre, il y a fort à parier que les propriétaires de la franchise ont d’ores et déjà leur plan de bataille. Dans ce cas, le soutien des joueurs ne devrait pas peser très lourd dans la balance, et difficile alors de ne pas considérer l’arrivée imminente de Daryl Morey comme solution de secours à une éventuelle éviction d’Elton Brand.
Alors, certes, Elton Brand n’est sûrement pas du même acabit que les pontes du front-office qui jonchent la ligue, mais à y regarder de plus près, il n’est peut-être pas le “nul” qu’on veut nous vendre. Du moins, il mérite au moins que l’on remette son expérience dans le contexte très particulier des 76ers. Alors qu’il se positionnait en numéro 1 du front-office, Brand a de fortes chances, dans les prochaines semaines, de passer au second plan. Pour apprendre, ou par sursis ? L’avenir nous le dira. Pour les fans des Sixers… Trust the process, again ?