Anadolu Efes Istanbul : on persiste et on (re)signe
Pour grand nombre d’amateurs de basket, un tant soit peu curieux, le nom de l’Anadolu Efes Istanbul résonne des exploits récents du club sur la scène nationale et européenne, cornaquée par le très expressif coach Ergin Ataman.
Et ils n’auraient pas tort, tant l’Histoire récente et le niveau de performance viennent raviver les braises éteintes depuis plusieurs décennies de périodes de gloire. Il est important de préciser, en préambule, que les résidents du volumineux Sinan Erdem Dome (16.000 places), du Président Tuncay Özilhan n’existent que depuis 1976. En comparaison avec les institutions dont nous avons pu traiter lors des nombreuses previews de ce début de saison, il s’agit donc d’un structure relativement jeune.
Le club, créé de toutes pièces par la grande marque turque de boisson Efes (je vous épargnerai les milliers de jeux de mots possibles à cet égard), n’aura pas tarder à réellement exister, et être compétitif. Entre 1979 et 2009, L’Efes Pilsen (nom original des Bleus d’Istanbul) engrangera :
- 13 championnats nationaux (avec les périodes fastes des années 90 : titres en 92, 93, 94, 96, 97 ; puis dans les années 2000 : 2002, 2003, 2004, 2005, 2009)
- 9 coupes nationales (dont le triplé 96, 97, 98 puis doublés en 2001 et 2002, 2006 et 2007)
Les années 90’s peuvent être identifiées comme une période fructifiante du club avec deux finales sur la scène européenne, sous l’égide du coach Aydin Örs :
- Finale Saporta 1993, l’année de la victoire du CSP Limoges dans la grande Coupe d’Europe, et un défaite face à l’Aris de Panagiotis Giannakis et Roy Tarpley (50-48). Côté Efes, il s’agissait de la génération de Petar Naumoski, Aydin Volkan notamment.
- Coupe Korac 1996, remportée celle-ci face au grand Stefanel Olimpia Milano (les champions : Petar Naumoski, Ufuk Sanca, Volkan Aydin, Conrad McRae, Tamer Oyguc, Mirsad Turkcan, Murat Evliyaoglu).
A cette occasion, Petar Naumoski inscrivait la bagatelle de 31 points, agrémentés de 10 passes décisives pour disposer (76-68) des troupes de Bogdan Tanjevic, comprenant dans leurs rangs les Bodiroga, Rolando Blackman, Fucka, Nando Gentile, etc.
La qualité de l’image est discutable, mais cela permet de se replonger dans les origines de l’Anadolu
Au début des années 2000, l’Efes Pilsen, dans la continuité de ses années 90 couronnées de succès, intégrait la SuproLeague. Le club participait aux Final Fours 2000 et 2001, s’inclinant d’abord contre le futur vainqueur, le Panathinaïkos de Bodiroga, Alvertis, Rebraca pour remporter le match pour la troisième place contre le FC Barcelone d’Anthony Goldwire, Derrick Alston, Roberto Duenas, Efthymis Rentzias, mais aussi Alain Digbeu, Juan Carlos Navarro et… Pau Gasol.
Côté Efes, on notait les présences d’Ibrahim Kutluay, Kareem Reid, Pedrag Drobnjak, Rickie Winslow et Hedo Turkoglu (élu dans le Cinq du Final Four).
En 2001, nouvelle défaite contre le Panathinaïkos, malgré les bonnes prestations de Mulaomerovic et l’apparition d’un jeune Memeth Okür. Entre 2002 et 2005, rien ne put arrêter l’Efes Pilsen en Ligue Turque.
Les résultats en retrait du Fenerbahçe et de l’Ülker (avant leur fusion), les problèmes internes du Galatasaray et de Besiktas leur laissaient le champ libre et mettait en lumière toute une génération (l’ex-Palois et Limougeaud Marcus Brown, Okür, Karpars Kambala, Stombergas, Antonio Granger, Trajan Langdon, ainsi que Nikola Prkacin- père du prospect Roko Prkacin).
Entre 2008 et 2010, lors du premier séjour du coach Ergin Ataman, l’Efes remportait le doublé Coupe-Championnat avant une traversée du désert en championnat.
Une période de disette conséquente, d’environ dix ans (malgré une victoire en Coupe de Turquie en 2015 et quelques secondes places). Décennie durant laquelle des fameux noms vinrent porter le maillot bleu roi de l’équipe stambouliote. Nous arrivons alors à ces dernières années, au cours desquelles le “nouvel” Anadolu renouait avec le succès, via une victoire en Ligue Turque en 2019, aux dépens du rival du Fenerbahçe.
Une nouvelle fois, je vous propose une liste non exhaustive de ces joueurs célèbres :
- Bootsy Thornton (2008-11), Kerem Gonlum (2005-14), Bostjan Nachbar (2009-11), Igor Rakocevic (2009-11), Ender Arslan (2001-06, 2007-11), Ersan Ilyasova (2011-12), Sasha Vujacic (2011-13), Jordan Farmar (2012-13), Cedi Osman (2013-17), Nenad Krstic (2014-15), Dario Saric (2014-16), Stratos Perperoglu (2014-15), Thomas Heurtel (2014-17), Furkan Korkmaz (2014-17)
La saison 2018-19 fut celle du renouveau.
Avec le revenant Ergin Ataman, arrivée en cours de saison précédente, et ayant pu constituer un effectif selon ses besoins, l’Anadolu parvenait grâce à une fin de saison en boulet de canon à atteindre le Final Four de l’Euroleague, puis à battre le rival du Fenerbahçe en demi-finale, avec un Shane Larkin inarrêtable (30 points, 7 rebonds, 7 passes).
En finale, ils s’inclinaient face au grandissime favori, le CSKA Moscou de Clyburn, Higgins, Hines, Sergio Rodriguez, Nando De Colo.
Quant au championnat national, les coéquipiers du capitaine Dogus Balbay réalisaient, dans leur excellente dynamique un incroyable upset. Après avoir caracolé en tête du championnat (25-3, premier de la saison régulière), ils se débarassaient de Banvit puis Galatasaray (deux sweeps), avant de remporter la série contre le Fenerbahçe, par quatre manches à trois, et un Shane Larkin MVP de la saison et des Finales.
Carton plein !!!
Le bilan de la saison 2019-20
En Turkish Basketball League :
- 23 victoires – 2 défaites (3ème journée contre Bandirma, et 17ème journée le 26 Janvier contre Besiktas après prolongation): 89 points par match, écart moyen de +15, aucune défaite contre les six premiers du classement.
En Euroleague :
- 24 victoires – 4 défaites (1ère journée contre Barcelone, 6ème journée au Panathinaïkos, 15ème journée contre le CSKA, 27ème journée contre le Maccabi Tel Aviv, uniquement des équipes du Top 6) :
- 1ère attaque
- 3ème aux interceptions (2ème équipe qui en concède le moins),
- 1ère équipe à concéder le moins de turnovers
- 1er au pourcentage à 3 points : 42.10% (mais 7è pour le volume de tentatives : 26 par 40 minutes)
- 1er au true shooting
- 3ème à l’assist/turnover ratio
Si les rankings et statistiques suscitées soulignent une domination, en termes de résultats, dont le socle est le niveau de performance offensive, on comprend en se penchant sur les stats individuelles des joueurs que c’est là que réside la clé d’une telle hégémonie.
- Deux joueurs, Larkin (22,2 points par match : 1er) et Micic (14.46 points par match : 8ème) dans les dix meilleurs marqueurs
- Ces mêmes joueurs dans les vingt meilleurs passeurs (Micic, cinquième et Larkin, dix-huitième)
- Larkin (7ème), Micic (11ème) et Chris Singleton (12ème) dans les meilleurs intercepteurs
- Cinq joueurs au-dessus du seuil symbolique des 37% à 3 points avec plus de 2.5 tentatives par match (Larkin à 50.9% pour 7 tirs, Singleton à 45.1% pour 3 tentatives, Krunoslav Simon à 44% pour 3 tirs, Micic à 40% pour 5.4 tirs, Rodrigue Beaubois à 39.8% pour 4.2 tentatives).
En prenant un peu de hauteur, la tendance au cours des saisons 2018-19 puis 2019-20 semblait être une montée en puissance, avec un effectif stable, des leaders au niveau de jeu offensif touchant à l’excellence et des résultats en adéquation avec la production de ses figures de proue.
Hélas, au grand dam des supporters de l’Efes, cette saison n’ira jamais à son terme, et l’on peut imaginer l’intensité de la frustration éprouvée par ceux-ci, tant leur favori paraissait inaccessible à la concurrence.
Du point de vue du jeu proposé, l’impression visuelle laissée est difficilement comparable aux équipes de Zeljko Obradovic, Sarunas Jasikevicius, Pablo Laso ou encore Dimitris Itoudis.
L’utilisation plutôt récurrente du jeu en isolation ou la systématisation du pick and roll lorsque Tibor Pleiss était sur le parquet, avec du pull up et du drive and kick vers les Moerman, Singleton, Simon n’offrait pas une diversité offensive époustoufflante.
Néanmoins, amateur ou non de ce jeu assez similaire à ce que l’on peut voir en saison régulière en NBA, force est de constater que le talent intrinsèque de l’effectif de l’Anadolu permettait de garantir un rendement “élite” en responsabilisant les premiers initiateurs et en rendant l’utilisation (moins fréquente) de systèmes de fait moins lisible.
Un parti-pris dont l’instigateur était l’expérimenté chef de meute turc, Ergin Ataman.
Le coach : Ergin Ataman
Ergin Ataman est peut-être le coach le plus mésestimé du contingent européen ces dernières années.
Clarifions ce point de vue. Pas “sous-estimé”, ce concept éventé utilisé à toutes les sauces. Je tenais à présenter le Grand Gourou de l’Anadolu par le biais cette idée de mauvaise évaluation de son niveau de compétences. Mais tout d’abord, un peu d’Histoire.
A 54 ans, le stambouliote hante les bancs depuis le milieu des années 90. En 25 saisons, le technicien aura connu neuf équipes (dont trois séjours à l’Efes).
Après trois premières saisons entre Türk Telekom et Pinar Karsiyaka, où il remportera son premier trophée en 1997 (Coupe du Président, avec Türk Telekom), il rejoint l’Efes Pilsen, durant deux saisons, le temps de remporter une nouvelle fois cette Supercoupe, puis d’être remarqué pour ses aptitudes à gérer les égos d’un groupe afin de les transcender.
Cette expérience est un tremplin pour lui et Ataman rejoint l’Italie et le Montepaschi Siena, en 2001, pour jouer la Coupe Saporta.
Avec sous ses ordres l’ancien scoreur de l’Efes, multiple vainqueur de Coupes d’Europe, le macédonien Petar Naumoski, mais aussi le slovène Boris Gorenc, l’italien Roberto Chiacig, le serbe Milenko Topic, le lituanien Mindaugas Zukauskas ou l’américain Brian Tolbert, Ergin Ataman emmenera la cosmopolite équipe de Siena d’abord à la demi-finale de Lega contre Cantù, puis en finale de la Coupe d’Italie contre le grand Kinder Bologne. Mais le plus important restera sa victoire en Coupe Saporta contre Valence, dont Naumoski sera élu MVP.
Après une seconde saison en Italie, vierge de titre mais conduisant le Montepaschi en demi-finale de l’Euroleague contre les rivaux du Benetton Trevise et Ettore Messina, le natif d’Istanbul répondra positivement à la proposition de l’Ülker, alors un des clubs phares de la ligue turque.
Bien que remportant la Coupe de Turquie et la Coupe du Président en 2004 et 2005, il décide de se retirer en cours de saison, alors que l’équipe est en haut du classement.
Après un nouveau séjour d’une saison en Italie à la Fortitudo (alors Climamio) Bologne, cotoyant à cette occasion les Marco Belinelli, Tyus Edney, David Blu ou encore les français Alain Digbeu et Vasco Evtimov, Ataman passera une saison au Besiktas (2007-08), terminant à la première place de la saison régulière, emmenant dans ses bagages Preston Shumpert (qui l’aura suivi de Bologne, à Besiktas jusqu’à son retour à l’Efes Pilsen la saison suivante).
Hélas pour Ataman, un élimination contre l’identitaire rival de Galatasaray en quarts eut raison du magnifique parcours des noirs et blancs, ainsi que de la tête de l’entraineur. Celui-ci rebondissait rapidement en étant nommé à l’Efes Pilsen, pour un (premier retour) au club. Ce séjour au sein du club devait marquer une bascule dans sa carrière.
En effet, de meneur d’homme capable de structurer un groupe mais s’effondrant au dernier moment, comme pourrait le laisser présager le début de décennie 2000 :
- Départ de l’Efes en 2001, champions en 2003, 2003, 2004, 2005
- Départ de Siena en 2003, champions en 2004
- Départ de l’Ülker en cours de saison 2006, champions,
Ataman prend une autre dimension en remportant championnat, coupe, puis supercoupe en 2009. Fidèle à sa tendance, n’yant jamais passé plus de deux saisons et demie (qu’importe les résultats) au même endroit, le ténébreux coach décida de quitter son équipe à l’intersaison, souhaitant prendre un peu de recul.
Un de ses anciens amour, le Besiktas, fit appel à lui à l’hiver 2011.
Avec son statut de manager, ayant donc tout loisir de structurer l’effectif à son image, et avec des joueurs comme le britannique ex-NBAer Pops Mensah-Bonsu, Carlos Arroyo, David Hawkins ou le pivot serbe Zoran Erceg, il réussira l’exploit de réaliser un historique triplé, championnat, coupe et Eurochallenge (91-86 contre l’Elan Chalon de Alade Aminu, Malcolm Delaney, Yakuba Ouattara, Blake Schilb, Steed Tchicamboud ou encore Joeffrey Lauvergne).
Une fois de plus, après cette incroyable campagne, Ergin Ataman décidait de quitter le club, et 10 jours plus tard, en Juin 2012, rejoignait le Galatasaray afin de boucler (ou presque) son tour des plus grandes équipes d’Istanbul (Efes, Ülker, Besiktas, Galatasaray).
Il restera cinq ans au club, plus longue période avec une même équipe à ce jour. Je vous épargne les frasques et incidents malheureux qui émailleront son parcours avec les orange et jaune, et qui contribueront à la mauvaise réputation d’Ataman, toujours est-il que le technicien ajoutera deux lignes à sont conséquent palmarès.
Il remportera une nouvelle fois le championnat (avec une troisième équipe donc) en 2013, puis écrira un peu plus l’Histoire du coaching turc en gagnant une troisième compétition européenne en 2016 (l’Eurocup, après la Saporta et l’Eurochallenge), faisant une nouvelle victime française, la SIG Strasbourg d’un jeune Frank Ntilikina (66-62 pour la SIG au match 1, 78-67 pour Galatasaray au match 2, disponible sur YouTube.
Preuve s’il en est de l’impact positif qu’a Ataman sur ses joueurs, nombre d’entre eux avaient rejoint le coach turc, après l’avoir côtoyé : Jamont Gordon (Fortitudo puis Galatasaray), Cenk Akyol et Ender Arslan (Efes puis Galatasaray), Pops Mensah-Bonsu, Zoran Erceg, David Hawkins, Carlos Arroyo (Besiktas puis Galatasaray).
Dernier arrêt de ce long parcours (affaire à suivre me direz-vous, et vous auriez raison), un second retour, à l’hiver 2017 à l’Anadolu Efes Istanbul.
Si les 18 matchs de cette demi-saison ne furent pas un franc succès, malgré l’apport, dans les valises d’Ataman du guard scoreur (frère de…) Erick McCollum, la saison 2 de l’ère Ergin, en 2018-19 pose les bases de l’Anadolu que l’on connait aujourd’hui, avec le backcourt Shane Larkin (arrivant de Boston), Vassilje Micic (transfuge du Zalgiris) et Rodrigue Beaubois (Baskonia), mais également les big men Adrien Moerman (indésirable au Barça), Tibor Pleiss et Sertaç Sanli (tiens, tiens, de Galatasaray).
Ergin Ataman, colérique, impétueux, communiquant médiocre, impulsif ? C’est très probable.
En revanche, faire l’amalgame entre des lacunes dans la communication et l’intersubjectivité semble être un raccourci plutôt injuste. La dimension tactique passe peut-être au second plan, en retrait de ses capacités à gérer un groupe, favoriser l’éclosion de talents et leur expression à plein potentiel, pour les mener au succès.
Sur les cinq titres européens glanés par le basketball turc, trois le sont par Ataman (plus une finale d’Euroleague en 2019). Que cela plaise ou non, alors qu’il nous reste une bonne quinzaine d’années pour apprécier la mine réjouie du coach moustachu, il est déjà tout en haut du Panthéon des entraineurs du Bosphore (avec Oktay Mahmuti, Aydin Örs et Aydan Siyavus).
Et après tout, ce sont peut-être ses joueurs qui en parlent le mieux. Vassilje Micic pour Sport Klub :
“Tout le monde doute de lui, et honnêtement, moi aussi quand j’ai signé. Mais rapidement, ces doutes se sont estompés, il m’avait libéré. Ataman est une des raisons principales pour lesquelles je reste à l’Efes.
Il communique au minimum hors terrain, et juste ce qu’il faut lorsque nous sommes sur le parquet. Il trouve pour chacun un langage commun et à titre personnel, il me fournit tout ce dont j’ai besoin en tant que joueur.”
L’effectif de la saison 2020-21 :
Les départs :
Alec Peters (Baskonia), Ömercan Ilyasoglu (Bursaspor), Mustafa Kurtuldum (Denizli),
Les arrivées :
Erten Gazi (Fordham University, NCAA),
L’effectif de la saison :
Meneurs : Vassilije Micic, Dogus Balbay (cap), Bugrahan Tuncer
Arrières : Shane Larkin, Rodrigue Beaubois, Erten Gazi
Ailiers : Krunoslav Simon, James Anderson, Tolga Feçim
Ailiers-forts : Chris Singleton, Adrien Moerman, Yigitcan Saybir
Pivots : Bryant Dunston, Tibor Pleiss, Sertaç Sanli
Statu quo.
J’ai été tenté d’arrêter cette section à cette expression. Non seulement l’utilisation du latin dans des articles produit toujours son effet, mais dans un basket européen où les mouvements au sein des effectifs sont légion, parvenir à garder l’ensemble de son effectif lorsque l’on est pas le CSKA, le Real ou le Barça, relève de l’exploit.
Deux jeunes partis sous forme de prêt. Alec Peters, décevant depuis le début de sa carrière overseas (CSKA, puis Anadolu), où il ne parvient pas à être plus productif que lors de ses 20 matchs pour Phoenix en 2017-18, s’est envolé pour Baskonia. Et c’est tout.
Du travail a néanmoins été réalisé, pour prolonger tout ce beau monde, ainsi, James Anderson (1 an), Sertaç Sanli (1+1), Tuncer (1+1) Krunoslav Simon (1+1), Rodrigue Beaubois (2 ans), Chris Singleton (2+1), Tibor Pleiss (2+1), Bryant Dunston (2+1) ont souhaité s’incrire dans la durée.
Nous retrouvons donc pour cet exercice 2020-21 les ingrédients du succès des années précédentes.
Deux des dix meilleurs arrières de l’Euroleague, Shane Larkin (22.2 points à 55.6% au tir, 55.6% à 3 points, pour 173 tentatives, 90.3% aux lancers, 3.1 rebonds, 4.1 passes, 1.3 interceptions), auteur de cartons historiques (49 points à 10/12 derrière l’arc contre le Bayern, 40 points à 10/15 à 3 points contre l’Olympiacos) et Vassilje Micic (14.5 points, à 47% au tir, 40% à 3 points, 5.8 passes, défenseur de très haut niveau), bien secondés par le capitaine Dogus Balbay et le scoreur frenchy Rodrigue Beaubois, toujours disposé à apporter ses points.
Pour mettre ces playmakers en bonne situation pour attaquer le cercle ou déclencher leur nombreux pull ups, Ataman partagera le temps de jeu entre ses deux pivots. L’allemand Tibor Pleiss, éphèmere remplaçant de Rudy Gobert au Jazz, grand (2.21m), avec un excellent toucher, offre une fixation au poste bas. Son acolyte, l’expérimenté Bryant Dunston, intérieur protecteur de cercle et coureur d’arceau, entame sa huitième saison en Euroleague (sixième à l’Efes). Nominé dans la All-Decade Team, il sera plutôt préservé avant les Playoffs, où il apportera sa dureté et sa densité physique en défense.
Autour de ces axe 1-5, l’Anadolu a su s’approvisionner en spot-up shooters d’élite.
Ainsi, se partageront les tickets shoots restants les Adrien Moerman (poste 4 fuyant garantissant 40% à 3 points lorsqu’il n’est pas blessé, hélas injury prone), l’ex-Spur James Anderson (43% de loin), le forward issu de Florida State Chris Singleton (45.7% longue distance en 2019-20) et Krunoslav Simon (44%).
Des arrières manieurs de ballon au gros volume de tirs, des pivots rim runners et dissuasifs, et une pléïade de profils 3&D pour écarter le jeu et créer des espaces… Une équipe de l’Anadolu dans l’air du temps, au sein de laquelle l’équilibre entre stars et joueurs de devoir est un pré-requis absolu.
Le joueur à suivre : Krunoslav Simon
Bien souvent, les portraits que nous vous aurons proposés lors de ce marathon des previews firent la part belle aux stars de la scène européenne. L’Anadolu Efes Istanbul est parfois décrié pour sa tendance à adopter un jeu similaire à ce qui se fait en NBA, très star oriented. Or, nous en parlions lors de la présentation de l’effectif, le ciment autorisant la cohérence et la stabilité de ces effectifs victorieux réside bien souvent dans la qualité de ces role players.
A 35 ans, l’ailier croate Krunoslav Simon (1.98m 100kg) est l’incarnation même d’un joueur ayant su évoluer pour le bien collectif.
Simon effectue ses débuts en Eurocup avec le KK Zagreb (qu’il avait rejoint en 1998), lors de la saison 2003-04. Il restera 9 des 17 saisons de sa carrière dans ce club, malgré les sirènes de nombreuses grosses écuries engagées en Euroleague (pour des moyennes de 14 points par match, à 38% à 3 points) et fera ses débuts en équipe nationale pour l’Eurobasket 2011.
Fait peu commun, Kruno’ ne quittera son pays natal qu’à 28 ans, en signant en Espagne, à l’Unicaja Malaga, après avoir réussi à emmener le KK Zagreb au titre national puis à la qualification en Euroleague la saison précédente.
A compter de cette saison 2011-12, Simon jouera chaque saison l’Eurocup ou l’Euroleague, ayant systématiquement un rôle majeur (plus de 20 minutes par match)
- Unicaja Malaga (2012-13) : 22 matchs, 25 minutes, 10 points en Euroleague
- Lokomotiv Kuban (2013-2015) : 39 matchs (Euroleague+Eurocup), 25 minutes, 11.8 points
- Olimpia Milan (2015-2017) : 40 matchs, 27.5 minutes, 13.1 points
- Anadolu Efes Istanbul (2017- ) : 94 matchs, 25.6 minutes, 9.8 points.
Par ailleurs, il est également titulaire en équipe nationale, depuis 2011 (ayant débuté tous les matchs lors des Eurobasket 2011, 2013, 2015, la Coupe du Monde 2014 et les Jeux Olympiques 2016.
Il aura sans doute l’occasion de démontrer, pour sa 18ème saison en carrière, à quel point son QIbasket, son sens du sacrifice et son adaptabilité peuvent être précieux à un niveau d’excellence, dans le basket moderne.
Indispensable on vous dit !!!
A quoi s’attendre cette saison ?
Il est forcément plus facile de tirer quelques enseignements après cinq matchs que de tout miser sur notre boule de cristal d’apprentis rédacteur.
Cependant, la dynamique de l’Anadolu en ce début de saison, passé l’effet de surprise, est somme toute plutôt logique. On ne peut pas dire que les schèmes du club turc, d’un côté ou de l’autre du terrain soient réellement difficiles à décrypter.
Ataman laisse la part belle à l’esprit d’initiative de ses joueurs, distillant ici et là quelques pistes stratégiques pour les situations où le talent individuel et/ou la réussite ne seraient pas au rendez-vous. Au complet, les coéquipiers de l’éternel capitaine, le combattif Dogus Balbay, ne peuvent quasiment pas être battus lorsque leur meilleur joueur, Shane Larkin est ne serait-ce que dans un bon soir. Son tandem avec Vassilje Micic est complémentaire et quasi-irresistible. Les automatismes acquis en trois saisons avec l’ensemble du roster permettent d’en faire la meilleure attaque, incontestablement.
Alors lorsque Larkin justement, meilleur joueur d’Europe des deux dernières saisons, est absent, tout s’effondre. C’est la définition même de la projection du concept d’héliocentrisme au basketball.
A quoi s’attendre donc ? Et bien simplement à la même chose que la saison précédente si l’ensemble des éléments nécessaires à l’équilibre recherché par Ataman est présent. Si l’absence de Larkin se prolonge, ou si Micic n’évolue pas à son niveau, ou si les ailiers 3&D sont en échec, alors l’imposant édifice reposant sur la gestion des individualités d’Ergin Ataman pourrait se fissurer.
Heureusement, le bondissant arrière naturalisé turc est annoncé de retour aux alentours de ce 30 octobre… Préparez vous au déluge.
Le pronostic de l’EuroCrew QiBasket : 3ème
Derrière les effectifs pléthoriques du CSKA Moscou et du FC Barcelone, l’Anadolu parait être l’équipe au talent global le plus élevé (même si la profondeur du roster est très légèrement moins importante). Dès lors, en considérant le retard à l’allumage, il est à parier que le coach turc saura trouver les ficelles à tirer pour tirer la quintescence de son effectif et décrocher l’avantage du terrain pour les Playoffs.
Et même si les schémas offensifs de l’Anadolu sont moins grisants que ceux d’un CSKA, du Fenerbahçe ou du Zalgiris, on ne peut bouder notre plaisir lorsque l’on a l’occasion d’observer d’exceptionnels talents tels que Micic et Larkin.