“Il y en a un peu plus, je vous le mets quand même ?“. On change pas une méthode qui fonctionne, rien de tel qu’une bonne phrase d’accroche pour court-circuiter la frénétique envie de zapper d’un lecteur lambda. Pourquoi cette phrase ? me demanderez-vous, dans la mesure où elle est plus l’apanage de votre boucher ou acteur porno préféré que d’un hebdomadaire basket.
C’est tout simple : chanceux que nous sommes, nous avions en cette morne semaine de mi-octobre le droit à deux journées d’Euroleague… En quatre jours. Et si certaines rencontres – en lien avec le contexte sanitaire plutôt précaire ces temps-ci – ont été annulées ou reprogrammées (ASVEL-Panathinaïkos, Baskonia-Zenith, ASVEL-Etoile Rouge, Valencia-Zenith), ce sont 14 affrontements qui étaient tout de même proposés sur ces deux journées.
Je vous propose un voyage dans le temps, avec un rappel des résultats de la 2è journée, laquelle n’a pas fait l’objet d’un hebdo détaillé, avant d’entamer en profondeur l’analyse de la 3è journée !
Le rappel de la 2è journée
- CSKA Moscou (RUS) – Maccabi Tel Aviv (ISR) – Megasport Arena Moscou : 76-72
Résultat plutôt logique dans une rencontre où le CSKA, malgré l’étroitesse du score, n’aura jamais été inquiété. Il faudra retenir les performances de l’explosif Mike James (25 points à 4/6 à 3pts, pour 28 d’évaluation) et du revenant Will Clyburn (19 points à 2/4 à 3 pts, 20 d’évaluation) pour le CSKA, et côté israélien, les 20 points (mais à 4/15 à 3 points) de Scottie Wilbekin et les progressions d’Ante Zizic (13 points et 9 rebonds) et de Dragan Bender (10 points, 4 rebonds).
- Anadolu Efes Istanbul (TUR) – Fenerbahçe Beko Istanbul (TUR) – Sinan Erdem Sport Hall : 71-80
Dans le chaud derby stambouliote, l’Anadolu, et leur sniper Krunoslav Simon (24 points à 8/11, 4 rebonds, 5 passes, 34 à l’évaluation), toujours privé de Shane Larkin et avec un Vassilje Micic aux abonnés absents (7 points à 3/14, 3 turnovers), n’auront pas résisté au 26-12 passé dans le second quart-temps par le Fenerbahçe.
Pour les jaunes, belle prestation du backcourt De Colo (20 points, 7 rebonds, 4 passes, 3 interceptions) et Brown (17 points), associé au chantier de Vesely (13 points, 10 rebonds) et au pitbull DyShawn Pierre (1 point, 9 rebonds, 3 passes, box sur Micic).
- Real Madrid (ESP) – Valencia Basket (ESP) – Wizink Center : 77-93
Comme souvent, le Real est à la peine en début de saison d’Euroleague. Après la déconvenue subie contre Baskonia, voici venue la gifle infligée par Valencia.
Sans rythme, sans intensité, donnant une impression visuelle de lenteur et ne s’appuyant que sur le duo Campazzo (14 points, 4 rebonds, 3 passes, 2 interceptions) – Tavares (15 points, 7 rebonds), les merengue n’auront réussi qu’à être spectateur de la démonstration valenciana.
Face à la capacité de Bojan Dubljevic à s’écarter du cercle (23 points, 6/9 longue distance) et à l’omniprésence de Nikola Kalinic (10 points, 8 rebonds), l’ancienne équipe de Luka Doncic aura vu l’écart se creuser en milieu de rencontre et va devoir batailler pour redresser la barre.
- Zenith St Peterburg (RUS) – FC Barcelona (ESP) : Yubileyny Sports Palace : 74-70
Il était à prévoir que le coach catalan du Zenith, Xavi Pascual, allait préparer quelque chose pour accueillir le club dans lequel il avait passé 12 ans (et remporté l’Euroleague 2010 avec Rubio, Navarro et consorts). Bien que l’aspect tactique ait eu son importance, c’est davantage dans le domaine de la dimension physique que le Barça s’est fait dépasser.
Toujours proche, harcelant les playmakers blaugranas lors de chaque possession de balle, l’équipe russe, portée par Alex Poythress (16 points, 11 rebonds), Will Thomas (10 points, 6 rebonds, 3 passes) et Billy Baron (16 points, 5 rebonds) ont su faire déjouer les coéquipiers d’un Nikola Mirotic scoreur, mais maladroit (14 points, 7 rebonds, 4 passes, mais 0/6 à 3 points).
- Crvena Zvezda Belgrade (SER) – Baskonia Vitoria (ESP) – Aleksandar Nikolic Hall – 90-73
D’un côté, l’Etoile Rouge sortait d’un match médiocre contre l’agressif Fener. De l’autre, Baskonia avait réussi, grâce à son vice et sa pugnacité à faire tomber le Real Madrid. En terme de dynamique, tout opposait les deux équipes. Il est de fait assez surprenant de constater la déroute basque lors de ce match.
A l’exception de la recrue lituanienne Rokas Giedraitis, encore une fois propre et efficace (26 points à 6/11 à 3 points), personne n’aura réussi à se sortir de la tenaille serbe. Jordan Loyd et ses 30 points et 6 rebonds (pour 34 d’évaluation) peut remercier les “spartiates” Hall, Walden, Lazic et l’éternel Simonovic (16 points à 4/5 à 3 points) pour leur entreprise d’usure.
- Alba Berlin (ALL) – Bayern Munich (ALL) – Mercedes-Benz Arena : 72-90
L’Alba de Reneses, champion d’Allemagne, plutôt séduisant au premier match, affrontait le Bayern Munich du nouveau coach Andrea Trinchieri, pour une opposition de style marquée.
Si le premier quart-temps a été caractéristique de Berlin, extrêmement offensif, l’impact physique et l’agressivité du Bayern dans le deuxième acte fut fatale (31-9). Un Sikma encore très juste physiquement, l’ancien de la maison rouge Maodo Lo et Peyton Siva éteints par leur vis à vis, et en face, un quatuor auquel il va falloir s’habituer :
- Nick Weiler-Babb : 15 points, 3 rebonds, 4 passes,
- Wade Baldwin : 14 points, 4 rebonds, 4 passes,
- Jalen Reynolds : 12 points, 5 rebonds en 15min,
- et surtout Vladimir Lucic : 14 points à 3/4 à 3 points, 6 rebonds, 23 d’évaluation.
- Panathinaïkos Athens (GRE) – Olympiacos Piraeus (GRE) – OAKA : 71-78
Autre match, autre opposition nationale. La comparaison s’arrête là. Il n’existe pas en Euroleague de duel aussi historique et tendu que le derby d’Athènes.
Las, dans un OAKA vide, avec une équipe totalement remaniée, un nouveau coach et en ayant perdu le joueur qui devait être une des options offensives principales (Pierre Jackson), le Pana n’a pas fait le poids face aux tauliers du Pirée (à l’exception de Papapetrou et ses 14 points et la recrue Marcus Foster avec 15 points).
En face, malgré les piètres performances de Spanoulis, Sloukas, Harrison ou Jenkins, encore en rodage (mais cela viendra vite), l’énergie de Martin (8 points et 5 rebonds en 15 minutes), Vezenkov (9 points et 8 rebonds), le capitaine Printezis (17 points), Ellis (5 points, 13 rebonds) et l’über athlète McKissic (10 points, 2 interceptions et une maison dans la tête de Nedovic) feront la différence. Après sa déconvenue à domicile contre le Zalgiris, et encore en pré-chauffe, cette rencontre sera l’objet de quelques motifs de satisfaction pour l’Olympiacos.
- Olimpia Milano (ITA) – LDLC ASVEL (FRA) – Mediolanum Forum : 87-73
Pour l’ASVEL ? Aucun quart-temps remporté, aucun joueur au-dessus des 16 d’évaluation (Amine Noua avec 12 points 3 rebonds, et Moustapha Fall avec 10 points, 8 rebonds, 2 contres), trois joueurs en évaluation négative, 18 pertes de balle.
Même si la performance de Milan est plutôt bonne, à l’image de Leday (10 points, 9 rebonds), Delaney (9 points, 8 passes) ou Shields (17 points, 7 rebonds), l’écart au tableau d’affichage reflète simplement la différence de niveau entre un outsider extrêmement renforcé et entrainé par Ettore Messina, et une équipe villeurbannaise empruntée, sans imagination, et au jeu lisible.
Le ciel parait très sombre pour les hommes du président Tony Parker.
- Khimki Moscou (RUS) – Zalgiris Kaunas (LIT) – Arena Mytishchi : 70-84
Avec seulement 8 joueurs sur la feuille de match, amputé de certains de ses meilleurs talents (Shved, Timma, Monroe, Jovic, Mickey), Rimas Kurtinatis recevait le club de ses jeunes exploits.
Le Khimki, contraint de se reposer sur le talent individuel de l’ancien Warrior, Jonas Jerebko (23 points, 12 rebonds, 30 d’évaluation), n’a fait illusion que le temps d’un quart-temps face au surprenant jeu du nouveau coach Martin Schiller.
Au Zalgiris, tout le monde joue, tout le monde court, tout le monde défend. Cette responsabilisation globale de l’ensemble du roster (qui va de 19 ans – Jokubatis – à 36 ans – Jankunas) a pour effet de permettre à chacun de devenir un danger. Lekavicius et Walkup pas encore en rythme, Lauvergne absent ? Pas de problème, ce sont Hayes (15 points), Milaknis (14 points à 4/6 à 3 points), Rubit (12 points, 5 rebonds, 4 passes) et Grigonis (21 points) qui sortent du bois. Perspectives réjouissantes à Kaunas.
A retardement, voici les propositions de la rédaction pour les trophées de la 2è journée, à titre indicatif :
- MVP : Jordan Loyd (Crvena Zvezda)
- 5 majeur : De Colo (Fenerbahçe), Loyd (Crvena Zvezda), Lucic (Bayern), Poythress (Zenit), Dubljevic (Valencia BC)
- 6è homme : KC Rivers (Zenit), avec ses 3 tirs primés dans le 4ème quart-temps pour achever le Grand Barça.
- La réac’ réac’ du rédac’ : “L’Anadolu sans Larkin, jamais ça fait les Playoffs !”. Je lance le débat…
Les résultats de la 3ème journée
- Crvena Zvezda (SER) – Zalgiris Kaunas (LIT) – Aleksandar Nikolic Hall : 69-75
Il était difficile, au coup d’envoi de cette rencontre, de décrypter les tendances des deux formations. D’un côté, l’Etoile Rouge, largement défait lors de la première journée, puis aisément victorieux pour le second match, tatonnant, essayant de trouver ses repères. De l’autre le Zalgiris, invaincu, au jeu ambitieux et disposant du Khimki puis de l’Olympiacos, deux prétendants aux phases finales.
Dans une rencontre qui s’est toujours tenue sous l’écart des 10 points, les lituaniens ont réussi à tirer leur épingle du jeu.
L’agressivité défensive du backcourt serbe, à laquelle il semble qu’il faille s’habituer, a mis en grande difficulté la création du Zalgiris, provoquant un déchêt conséquent (16 turnovers, contre 7). Il aura fallu toute la force collective dont nous parlions lors du debrief précédent pour ne pas tomber dans le panneau. Points de bascule ? La réussite côté Zalgiris (60.6% à 2 points, 37.5% à 3 points) et surtout la surdomination au rebond (36 contre 25, dont 4 offensifs pour le seul Joffrey Lauvergne, qui effectuait son retour).
Le Zalgiris restait donc invaincu dans la compétition.
Le coin des stats :
- Jordan Loyd (SG, US, Zvezda) : 19 points, 5 rebonds, 3 passes
- Torrian Walden (PG, US, Zvezda) : 11 points, 3 passes, 2 interceptions
- Lukas Lekavicius (PG, LIT, Zalgiris) : 16 points à 6/7, 4 passes, 20 à l’évaluation, en sortie de banc s’il vous plait
- Rokas Jokubaitis (G, LIT, Zalgiris) : 9 points, 6 rebonds, 5 passes pour le jeune guard, qui récidive après sa performance contre l’Olympiacos
- Joffrey Lauvergne (C, FRA, Zalgiris) : 12 points 8 rebonds.
- Alba Berlin (ALL) – Anadolu Efes (TUR) – Mercedes-Benz Arena : 72-93
Vous y êtes sensibilisés dorénavant, l’Alba Berlin court, vite, beaucoup. Leur entraineur, le vétéran espagnol Aito Garcia Reneses est un adepte du tout offense et les bleus et jaunes adoptent une mentalité proche de ce que l’on peut voir en 2020 en NBA. Ce soir-là : encore 29 tirs à 3 points (pour 10 réussites) et 33 tirs à 2 points.
Tentant d’imprimer son rythme, l’Alba commencera donc par convertir 8 de ses 11 premières tentatives. Hélas pour eux, les stambouliotes n’étaient pas dans les meilleures dispositions pour laisser Berlin dérouler sa stratégie. Il répondirent donc à la vitesse par la vitesse, en y ajoutant une agressivité (des deux côtés du terrain) de tous les instants, en attestent les 19 pertes de balle pour les allemands.
Par ailleurs, il paraissait évident que les coéquipiers d’un Shane Larkin toujours absent souhaitaient se racheter de leurs piètres débuts européens. Si vous cumulez une plus grande intensité, des qualités intrinsèques supérieures et des performances individuelles sans réponse, vous obtiendrez ce résultat. Victoire de l’Anadolu, par 21 points d’écart.
Le coin des stats :
- Niels Giffey (SF, ALL, Alba) : 12 points à 2/2 à 3 points, 4 rebonds, 3 interceptions
- Jayson Granger (PG, URU, Alba) : 5 points, 8 passes, 3 interceptions
- Tibor Pleiss (C, ALL, Anadolu) : 23 points à 8/10 au tir, 13 rebonds, 28 d’évaluation
- Vassilje Micic (PG, SER, Anadolu) : 13 points, 2 rebonds, 13 passes, 22 d’évaluation.
- Valencia BC (ESP) – FC Barcelona (ESP) – La Fonteta – 66-71
Après Madrid, Barcelone !
A La Fonteta, qui avait accueilli les phases finales de Liga pendant l’été, on recevait l’ogre catalan de Jasikevicius, candidat certain au titre final. Equipe destinée à être la bonne surprise de la saison, les partenaires de Louis Labeyrie entamaient leur match de la meilleure des manières, en réussissant à imposer leur rythme, sur demi-terrain et en usant et abusant du pick & pop pour le monténégrin Dubljevic, méthode redoutablement efficace contre les madrilènes.
Mais cette année, chez les blaugrana, la profondeur de l’effectif permet au staff de changer de personnel, sans changer de style. De fait, sur la durée, cette équipe risque d’apparaitre comme difficilement manœuvrable.
En l’absence de leur star, Nikola Mirotic, c’est le letton Rolands Smits (backup de Porzingis en équipe nationale, joueur à l’extraordinaire polarité offensive) qui s’occupait de tout (15 points à 100% au tir, 7 rebonds, 2 passes). A ses côtés, bien qu’aucun coéquipier n’excède les 25 minutes de temps de jeu, l’effort fourni entre la fin de second quart-temps et le milieu du troisième (run de 16-0) venait doucher les chances des joueurs en orange de (re) faire un coup. Malgré un léger retour sur les dernières minutes, Valence concédait sa première défaite.
Le coin des stats :
- Bojan Dubljevic (C, MON, Valencia) : 13 points, 8 rebonds, 2 passes, 2 interceptions
- Rolands Smits (PF, LET, Barcelona) : 15 points à 3/3 à 3 points, 7 rebonbs, 23 d’évaluation
- Adam Hanga (SF, HON, Barcelona) : 2 point, 5 rebonds, 6 passes, 2 interceptions, pour 15 d’évaluation et une excellente défense sur Klemen Prepelic
- Nick Calathes (PG, GRE, Barcelona) : 14 points, 3 rebonds, 5 passes.
- Olympiacos Piraeus (GRE) – Olimpia Milan (ITA) – Peace and Friendship Stadium : 86-75
On l’avait compris grâce à leur recrutement 4étoiles (oui, 5 étoiles pour un club italien, ç’aurait été déplacé), Milan cette saison, c’est du sérieux. Après l’échec de la saison passée (d’aucuns diront qu’il ne s’agit pas d’un échec, simplement que ça n’a pas marché), la famille Armani a laissé carte blanche au légendaire Messina pour constituer une équipe qui lui ressemble.
La première mi-temps de ce classique de la scène européenne semblait montrer ceci. Mené par un Sergio Rodriguez marchant sur l’eau depuis la rentrée (dans ses standards avec 18 points à 4/8 à 3 points, 5 rebonds, 4 passes), les lombards menaient 42-36 à la pause.
En limitant Spanoulis, Papanikolaou et Vezenkov, l’Olimpia était bien engagé. Mais le problème avec l’Olympiacos, c’est que lorsque ses vétérans (nombreux) décident que l’on a fini de plaisanter, ils sont excessivement pénibles.
Et lors de ce match, c’est le duo vintage Kostas Sloukas – Georgios Printezis qui était de sortie. Bien secondés par les energizers Aaron Harrison (16 points), McKissic (10 points, 4 rebonds, 4 passes) et Hassan Martin (6 points, 8 rebonds mais une épine dans le pied du rollman attitré Kyle Hines) ils parvinrent à retourner la situation jusqu’à s’adjuger une victoire au score flatteur (+11).
Le coin des stats :
- Sergio Rodiguez (PG, ESP, Milan) : 18 points à 4/8 à 3 points, 5 rebonds, 4 passes, 20 à l’évaluation
- Michael Roll (SG, TUN, Milan) : 16 points à 4/5 à 3 points
- Kostas Sloukas (PG, GRE, Olympiacos) : 17 points à 5/10, 11 passes, 28 d’évaluation
- Georgios Printezis (PF, GRE, Olympiacos) : 16 points à 7/9, 4 rebonds, 3 passes.
- Maccabi Tel Aviv (ISR) – Bayern Munich (ALL) – Menora Mivtachim Arena : 82-85
Lorsque votre axe meneur-pivot fournit une performance de cet accabit, on est en droit de penser qu’une équipe du calibre du Maccabi devrait selon toute logique s’imposer. Et pourtant…
Premier fait notable, à l’exception de Wilbekin et de l’ex-Cavalier Zizic, personne n’a évolué à son niveau : 18 pertes de balles et aucun joueur à plus de 8 d’évaluation, une incapacité à executer les systèmes de Sfairopoulos et de fait un recours systématique au pick and roll ou à l’iso.
Et l’autre explication est là : le Bayern de Trinchieri s’annonce comme l’empêcheur de tourner en rond. Depuis le début de la saison, le stratège italien parvient à faire déjouer ses adversaires. Sa méthode ? Court-circuiter les lignes de passe très haut afin d’éviter les premières rotations défensives, jouer la transition à outrance et faire preuve d’une densité physique entrainant l’adversaire à éviter le plus possible les drives.
Le parti-pris de l’équipe allemande n’a pas forcément une durabilité conséquente, mais l’assurance et les victoires engrangées en début de saison pourraient suffire à créer une surprise.
Le coin des stats :
- Scottie Wilbekin (PG, TUR-US, Maccabi) : 27 points à 4/8 à 3 points, 7 passes, 30 à l’évaluation
- Ante Zizic (C, CRO, Maccabi) : 19 points à 8/9, 6 rebonds, 27 d’évaluation
- Paul Zipser (SF, ALL, Bayern) : 16 points
- Wade Baldwin (PG, US, Bayern) : 13 points 5 rebonds, 3 interceptions
- Jalen Reynolds (C, US, Bayern) : 14 points, 4 rebonds
- Vladimir Lucic (SF, SER, Bayern) : 26 points à 7/8 au tir, 3 rebonds, 2 interceptions, 29 d’évaluation.
- Real Madrid (ESP) – Khimki Moscou (RUS) – Wizink Center : 94-85
Que retenir d’un match dont une des équipes se déplace à 8, avec 3 joueurs de moins de 21 ans, et sans ses stars majeures ? Pas grand chose.
Madrid recevait les banlieusards moscovites avec l’obligation de se ressaisir et remporter cette rencontre. Mais compte-tenu de l’adversité, dans un match qui n’aura jamais vraiment commencé et s’est finalement plus rapproché d’une pré-saison NBA que d’un affrontement d’Euroleague, de défense il n’y eut pas.
En résultent des pourcentages excellents pour les deux formations (50% à 3 points, plus de 55 % au tir), 12 pertes de balle pour chaque équipe. Le Khimki attend comme le messie et ses apotres le retour de ses tauliers, pendant que Madrid essaie peu à peu de lancer la machine.
Le coin des stats :
- Nicolas Laprovittola (PG, ARG, Madrid) : 19 points à 5/7 à 3 points, 7 passes
- Sergio Llull (PG, ESP, Madrid) : 21 points à 7/9 au tir, 26 d’évaluation
- Trey Thompkins (PF, US, Madrid) : 18 points
- Vyacheslav Zaytsev (PG, RUS, Khimki) : 21 points, 9 passes pour le remplaçant habituel de Shved
- Devin Booker (C, US, Khimki) : 22 points, 6 rebonds
- Jonas Jerebko (PF, SWE, Khimki) : 18 points, 9 rebonds.
- Fenerbahçe Beko Istanbul (TUR) – CSKA Moscou (RUS) – Ülker Sports and Event Hall : 77-78 (OT)
Si la rencontre entre madrilènes et moscovites n’avait pas offert de quoi s’enthousiasmer, je conseille à tous les amoureux de basket de revoir le duel au parfum de phase finale entre le Fener’ new look de Kokoskov et la Dream Team du CSKA d’Itoudis.
Les turcs d’un Nando De Colo retrouvé, et sa réjouissante complicité avec son pivot Jan Vesely recevaient les derniers vainqueurs de l’Euroleague.
Dès le premier quart-temps, le ton était donné, une intensité défensive remarquable était à relever, de la part des deux équipes (en témoigne le petit score 10-12 pour les russes). Jamais les scores des différentes périodes n’excédèrent les 3 points, prolongation comprise.
Si le backcourt de Fenerbahçe domina une nouvelle fois son vis à vis (Lorenzo Brown en demi-teinte, 16 points et 8 passes, mais 5/19 au tir, Mike James à 14 points, mais 4/13 au tir et 4 pertes de balle, Hackett à 5 points), et malgré une domination au rebond, ils ne réussirent jamais à stopper un Will Clybrun revenu en deux matchs à son niveau de 2018-19.
En dépit du match moyen de Shengelia, Voigtmann et consorts, l’expérience et la capacité à être clutch d’un CSKA renforcé les autorisa à glaner une victoire précieuse, face à ce qui s’avère finalement être un concurrent direct. Il est difficile de savoir, la faute à la concurrence parmi les 18 équipes engagées, si nous retrouverons ces équipes au Final Four, mais en ce qui me concerne, je signe immédiatement.
Le coin des stats :
- Nando De Colo (G, FRA, Fenerbahçe) : 21 points, 6 rebonds
- Jan Vesely (C, RTC, Fenerbahçe) : 11 points, 7 rebonds, 2 interceptions
- Jarell Eddie (PF, US, Fenerbahçe) : 18 points à 6/6 à 3 points (!!!), 4 rebonds
- Will Clyburn (SF, US, CSKA) : 26 points à 9/17, 4/7 à 3 points, 6 rebonds, 2 interceptions, 27 d’évaluation.
Voici le match en intégralité, fourni par We Are Fenerbahçe.
A titre indicatif, les rencontres initialement prévues entre l’ASVEL et le Panathinaïkos d’un côté, et entre Baskonia et le Zenit de l’autre, ont été annulées du nombreux cas de COVID-19 dans les effectifs.
Le MVP : Will Clyburn (CSKA Moscou)
Long format oblige pour cet Euro Hebdo, je ne m’étendrai pas outre mesure sur le profil de notre MVP. De retour après une opération consécutive à une rupture du ligament croisé antérieur en octobre 2019, le MVP du Final Four 2019 effectue des débuts tonitruants.
Après un premier match timide, il a étonnement réussi à se responsabiliser jusqu’à s’affirmer comme la deuxième option offensive d’une équipe comptant dans ses rangs Mike James, Tornike Shengelia et bientôt Nikola Milutinov, excusez du peu.
Son profil, forward polyvalent, excellent en défense et dans la lecture de jeu, résolument moderne, s’est étoffé pendant son absence, et nous avons pu entrevoir des qualités de création remarquables, accompagnées d’un tir longue distance dont le volume et la qualité suscitent l’intérêt.
Nous aurons certainement l’occasion de détailler le profil du natif de Detroit pendant la longue saison qui nous attend.
Le cinq majeur de la 3è journée
Le 6ème homme : Rolands Smits (FC Barcelona)
Cette semaine, notre coup de chapeau va à l’intérieur letton du Barça. Si la performance est belle (pour rappel, 15 points à 100% au tir, 7 rebonds, 23 d’évaluation), c’est aussi et surtout pour sa capacité à avoir remplacé Nikola Mirotic que nous tenions à souligner la bonne prestation du joueur de 25 ans.
L’étiquette d’éternel espoir (Rising Star de l’Eurocup en 2017 lorsqu’il évoluait à Fuenlabrada), un brin individuel lui collant à la peau, Smits effectue sa 3è saison en Catalogne.
La saison dernière, malgré les départs de joueurs à son poste, et le désir de Pesic de permettre à Mirotic de souffler en incluant Smits dans la rotation, l’international letton avait vu ses minutes, et ses performances diminuer, à tel point qu’un départ été évoqué.
L’arrivée de Sarunas Jasikevicius sur le banc de Barcelone a changé la donne. Avec Saras, tout le monde est responsabilisé et contribue à l’effort collectif. Transcendé par ce changement de paradigme, nous souhaitons à notre 6è homme du jour de concrétiser les espoirs placés en lui.
La réac’ réac’ du rédac’
“Mais en fait, Sfairopoulos (Maccabi), c’est devenu un mauvais coach !“
Wilbekin, Jones, Bryant, Dorsey, Caloiaro, Hunter, Zoosman, Zizic, Bender, et bientôt Stoudemire. Tant de noms ronflants, emmenés par un coach ayant fait ses preuves sur la scène européenne. Mais depuis quelques rencontres, la mayonnaise ne prend pas.
Le jeu du Maccabi, si plaisant la saison dernière, est ennuyeux à mourir, brouillon. Pis, le club de Tel Aviv ne semble en capacité de scorer que s’ils développent une approche plus caricaturale, dont nous parlions dans le debrief. Comment expliquer cette tendance, si ce n’est pas l’obsolescence programmée du coach grec ?
La raison tendrait à nous faire toucher du doigt l’hypothèse que l’arrivée de joueurs à forte polarité offensive, mais à la défense douteuse (Zizic), relégant Hunter sur le banc, ainsi que le départ des démenageurs Quincy Acy et Tarik Black n’aient pas été compensés en terme de profil. Toujours est-il que le temps presse en Israël et que les prétentions de l’historique équipe ne saurait souffrir un retard à l’allumage, qui pourrait se montrer à terme rédhibitoire.
Mefie-toi Ioannis.
Et surtout, on oublie pas :