Valencia, le petit poucet veut devenir grand
Une ascension rapide vers les sommets (1986-2002)
Le Valencia Basket Club est un des plus jeunes club d’Euroleague. Formé seulement en 1986, au moment où la Valencia CF dissout sa section basketball, le club accèdera à la première division espagnole dès sa troisième année d’existence. Le premier gros coup du club se fera en 1998, lorsqu’il remporte la Copa del Rey face à Badalona.
Le club continuera à s’affirmer comme un grand d’Espagne, mais toujours derrière les géants madrilènes et barcelonais, ultra-dominants. Un sweep concédé en finale de Liga ACB par le Barca leur ouvrira toutefois pour la première fois les portes de l’Euroleague, la compétition reine. Dans un relatif exploit, ils se qualifieront pour le Top 16, mais en seront disqualifiés après ne pas avoir fait le voyage à Tel Aviv, pointant un manque de sécurité dans la région.
L’affirmation sur la scène européenne (2002-2020)
Ce triste épisode n’aura toutefois pas marqué le divorce entre Valence et le basket européen. Engagé en ULEB Cup (deuxième compétition européenne) en 2002-03, Valence remportera son premier titre continental sous l’impulsion d’un génial duo d’intérieur Dejan Tomasevic-Fabricio Oberto.
La deuxième compétition européenne, quelque soit son nom, deviendra la coqueluche du club, qui la remportera encore 3 fois : en 2010 avec Nando de Colo, Matt Nielsen et Victor Claver notamment ; en 2014 sous l’impulsion de Justin Doellman, un poste 4 bien connu en France et qui jouira d’une belle carrière en Euroleague. En 2018-19 enfin, Valence remportera l’Eurocup après une saison dominée, avec un noyau proche de celui de l’effectif actuel.
Mais la plus grande performance de l’histoire récente de Valence ne se trouve peut-être pas en compétition européenne. Lors de la saison 2016-17, Valence surprend l’Espagne et remporte le championnat espagnol, au nez et à la barbe des historiques ogres barcelonais et madrilènes. Ils infligent en finale un sévère 3-1 au Real Madrid, qui s’était pourtant cette année-là qualifié pour le Final Four de l’Euroleague. Cet exploit interrompt 10 ans d’hégémonie sur l’Espagne partagée entre Barcelone et Madrid. Un triomphe pour Valence.
Le bilan de la saison 2019-20 : l’affirmation d’une ambition européenne
Après son succès en Eurocup en 2019 donc, Valence retrouve l’Euroleague pour la deuxième fois en trois ans. La saison 2019-20 sera encourageante : une 10è place, qui les aurait placé à un seul match des playoffs. Avec un bilan au final de 12 victoires pour 16 défaites, Valence se retrouvait dans le “ventre mou” de l’Euroleague, avec huit équipes qui se tiennent en deux victoires (de la 6è à la 13è place).
Cette belle performance en Euroleague avant l’arrêt soudain de la compétition a cependant heurté les résultats de Valence en saison régulière espagnole. Un peu moins bien que les années précédentes dans ce championnat très compétitif qu’est la Liga Endesa, ils ont oscillé toute la saison entre la 4è et la 8è place.
Seulement, l’arrêt dû à la situation sanitaire du pays a eu l’air de profiter aux Valenciens, qui ont brillé par la “Endese bubble”. Très en forme dans les phases de poule, dont ils finiront premiers devant le Real Madrid et Burgos (finaliste de la BCL), ils verront toutefois leur élan stoppé, d’un tir.
🔥 Luca Vildoza con el tiro para ganar!!!🔥
Anotó 21 puntos y repartió 3 asistencias en la victoria del Baskonia por 76 a 73 frente al Valencia!pic.twitter.com/JkhWAmoe2W— Basquet ARG (@BasquetARG) September 20, 2020
Dans une demi-finale passionnante face à Vitoria, ils passeront à une énorme passe, et un énorme tir, de se qualifier en finale. Le Baskonia finira d’ailleurs par l’emporter en finale face au Barca.
Une très solide saison pour un club qui a souvent joué la carte de la stabilité durant l’intersaison, et qui pourra donc s’appuyer sur un solide noyau dur cette année.
Jaume Ponsarnau : un des meilleurs coachs d’Europe ?
Pour mener ce noyau dur, Valence pourra compter pour la troisième année consécutive sur Jaume Ponsarnau sur le banc. Pas le plus connu des techniciens d’Euroleague, celui qui est entré par la petite porte en 2018 s’est imposé comme un des tous meilleurs entraineurs d’Espagne.
Entraineur en chef en Liga ACB depuis 2007 avec Manresa puis San Sebastian, il devient à Valence en 2016 l’assistant de Pedro Martinez puis Txus Vidorreta. La même année, il intègre le staff de l’équipe nationale espagnole avec qu’il remporte une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Rio. Promu à la tête d’équipe en 2018, il remporte l’Eurocup dès sa première saison.
L’année dernière, Ponsarnau a profité de la profusion de joueurs intelligents dans l’effectif pour proposer une attaque forte en mouvement et basé, comme la plupart des équipes, sur le Pick and Roll.
Jaume Ponsarnau – Valencia: Screen the Screener action pic.twitter.com/59xMnxSP9E
— BasketHead (@the_BasketHead) September 18, 2020
🔎🏀[HILO]
Sin duda, uno de los momentos de la temporada fue ver al @valenciabasket de Jaume Ponsarnau eliminando al Barça en cuartos de final de la Copa.
He echado un vistazo al partido, y me quedo con unos detalles defensivos del BD que os dejo a continuación.
⬇️⬇️⬇️ pic.twitter.com/K1U4nilctS
— Marc Castillo (@Marc__Castillo) April 17, 2020
L’effectif : des recrues séduisantes, mais après ?
Pour la saison 2020-21, Valence n’a pas fait de folies. Se basant sur une ossature solide de joueurs expérimentés au meilleur niveau européen, le club a tout de même subi quelques pertes considérables. L’arrière américain Jordan Loyd, deuxième meilleur marqueur l’année dernière et un joli 43% à 3-points, s’en va pour l’Etoile Rouge de Belgrade. Alberto Abalde, international espoir espagnol de 24 ans, s’en va signer un contrat de 5 ans avec le Real Madrid après une belle saison.
Mais les recrues s’annoncent au moins aussi impactantes. Dans une année d’incertitude financière, le club de Valence a pu compter sur les fonds de son mécène milliardaire Juan Roig. Le club en a profité pour arracher aux mains de l’Europe quelques joueurs très convoités.
Parmi eux, un homme que l’on connait bien en France, Klemen Prepelic. L’ancien arrière du Paris-Levallois et de Limoges, champion d’Europe 2017 avec la Slovénie, n’avait jamais réussi à s’imposer durablement dans la rotation du Real Madrid.
Meilleur scoreur du championnat espagnol l’année dernière en prêt à Badalona avec 21.7 points (à 54% à 2 points, 37% à 3 points), c’est un renfort de taille aux postes d’arrière pour Jaume Ponsarnau.
Il rejoint d’ailleurs à Valence une ligne d’arrière bien fournie, avec pas moins de quatre joueurs qui peuvent assumer le rôle de créateur primaire. A la mène, une nouvelle recrue pourrait prétendre à, une place de titulaire. Joueur bien connu en France, le Finlandais Martin Hermannsson sort d’une solide saison avec l’ALBA Berlin et voudra confirmer son statut d’arrière dans une bonne équipe d’Euroleague.
Il sera en concurrence pour le poste de titulaire avec Sam van Rossom, un très bon tireur, bon défenseur et excellent gestionnaire. Quino Colom, ancien international espagnol et feu-follet offensif, récupérera les miettes mais pourrait représenter un bon facteur-X en cas de disette offensive.
Au poste 2, l’espagnol Guillem Vives devrait être le back-up attitré de Klemen Prepelic ; ils pourraient aussi être suppléés par Hermannsson, aussi confortablement offensivement au poste 1 qu’au poste 2.
Les postes 3-4 étaient la priorité de l’été pour Valence, et ça s’est vu. Derrick Williams (voir ci-dessous) et Nikola Kalinic apporteront toute leur expérience en provenance du Fenerbahce.
Ces deux recrues de très haut rang, en plein milieu de leur prime, viennent complémenter de nombreux joueurs à spécialité défensive, mais aux profils offensifs limités : Joan Sastre, l’éternel mais vieillissant Fernando San Emeterio et le français Louis Labeyrie.
Labeyrie partagera son temps entre le poste 4 et le poste 5, mais apportera dans tous les cas son intensité contagieuse et sa qualité de tir extérieur. Le poste 5 est sûrement le plus relevé de l’effectif : franchise player absolu, Bojan Dubljevic entamera sa 9ème saison au club. Le pivot international monténégrin de 28 ans continuera à briller au poste bas, sur pick and pop comme il le fait depuis si longtemps. Il pourra compter sur son back up Mike Tobey, qui sort d’un très bon premier exercice en Euroleague (8 points et 4 rebonds en 15 minutes).
Le joueur à suivre : Derrick Williams
Derrick Williams est un nom bien connu des amateurs de NBA, sûrement à ses dépens. Drafté en deuxième position par les Timberwolves en 2011 après deux très belles années à Arizona, il n’aura jamais joué au niveau de son potentiel athlétique. Son profil de slasher ultra-athlétique, tireur moyen à longue-distance et scoreur inefficace n’a pas survécu à la direction que prenait la NBA au milieu de la décennie. Il fera le deuil de sa carrière NBA en 2018, quand il rejoint, après un passage en Chine, le Bayern Munich. Sa première expérience fructueuse en Euroleague lui vaudra une place dans une meilleure écurie, à Fenerbahce. Valence sera donc son troisième club en trois ans en Europe, mais ce n’est sûrement pas en raison de son niveau.
Toujours aussi athlétique, Williams a profité du système bien établi au Fener pour améliorer ses pourcentages (60% à 2 points, 37% à 3 points). Dans un rôle peut-être un peu plus conséquent, il devra garder cette efficacité pour s’imposer comme un des leaders de cette équipe.
Williams apporte donc son explosivité verticale folle, que Coach Ponsarnau a l’air d’avoir bien apprivoisé à la vue des nombreux alley-oop sur jeu placé dans ce début de saison. Aligné aux côtés de Dubljevic, il pourrait profiter de la gravité de ce dernier pour profiter d’un spacing optimal.
À quoi s’attendre ?
L’objectif de Valence est simple : accéder aux playoffs. Avec un effectif très profond, des stars en plein dans leur prime et un coach prometteur, cette saison apparait comme l’occasion rêvée de frapper un grand coup sur la scène européenne. Si les recrues sont bien intégrées au noyau dur déjà présent, Valence pourrait s’ériger comme véritable menace pour n’importe quelle équipe le temps d’un match.
C’est sur la longueur que cette équipe pourrait s’essouffler. L’addition de joueurs irréguliers (Prepelic, Williams) dans une équipe elle-même très irrégulière l’année dernière tant en championnat espagnol qu’en Euroleague pourrait mener à des déceptions si les résultats venaient à tarder, comme l’année dernière (0-5 en Euroleague).
Le pronostic de l’EuroCrew QiBasket : 9è
9è sur notre power ranking, Valence échouerait aux portes des playoffs. Une déception qui pourrait très bien refroidir certaines recrues signées pour un an (Williams par exemple), mais qui pourrait aussi déclencher un électro-choc à un effectif vieillissant.