Le Zenith, petit poucet dans une ligue d’ogres
Certes, le Zenith n’est pas un club anonyme dans le monde du basket, et certainement pas du basket russe. Néanmoins, le club de la ville des Tsars n’est pas forcément une écurie dont on va attendre beaucoup en termes de grands résultats. Pourtant, les arrivées cette saison laissent entendre qu’il sera possible d’être surpris par cette équipe qui a manqué sa saison l’an passé. Et cela passe surtout par l’arrivée d’un coach charismatique, qui va devoir composer avec une jeune garde.
Après un retour en Euroleague l’an passé en toute discrétion, et sans réelle ambition, est-ce que le Zenith va se doter d’un plan pour ne plus être le petit poucet dans cette ligue d’ogre ?
Le bilan de la saison 2019-20 : dévorés bien trop vite
On le découvrira au fil de ces previews, mais l’Euroleague est affaire de hiérarchie, et c’est également le cas pour la ligue Russe. De cette hiérarchie découle une certaine régularité : depuis 7 saisons, le Zenith est toujours placé, mais jamais gagnant, oscillant entre les 5e et 3e place du classement de l’United League. L’an passé ne fut pas une exception, mais plutôt une déception, alors que ses rivaux russes présents également en Euroleague ont caracolé en tête du championnat.
A l’interruption de la saison, le Zenith pointait à 8 victoires pour 10 défaites, au bord d’une élimination pour ne pas aller en phase finale. Autant vous dire que le club traversait une période assez trouble avant que la pandémie ne vienne y mettre fin. Seule lumière dans un tableau plutôt sombre, le Zenith possédait la seconde meilleure défense de la ligue, avec des spécialistes du métier, comme un certain Andrew Albicy.
Et en Euroleague, c’est également vache maigre : un faux départ contre le maigre Alba Berlin (85-65), puis une seconde rouste contre le Barca (97-63), deux séries de 6 défaites d’affilée… et une dernière place au classement. Le meilleur marqueur, Gustavo Ayon, ne pointe qu’à 12 unités de moyenne, et mène également le groupe au rebond à 5.7 par match. Et pour couronner le tout, la médiocre saison nationale et en Euroleague a eu raison du coach Joan Plaza. Bref, dans cette saison 2019-2020, le Zenith a rapidement été dévoré, trop vite, trop tôt, il faut revoir la copie.
Le coach : Xavi Pascual, un orgre pour coacher les poucets
Comme plusieurs franchises de l’Euroleague la saison passée ou cette saison, le Zenith a misé sur un coach d’expérience, un monstre du basketball européen. Et c’est comme ça que Xavi Pascual est arrivée à Saint-Petersbourg.
Xavi Pascual, on ne peut pas passer outre : 4 titres espagnols, 3 grecs, 3 coupes d’Espagne, 2 grecques, 4 supercoupes d’Espagne, 4 fois coach de l’année en Espagne, 2 fois en Grèce, mais aussi et surtout, le trophée de coach de l’Euroleague 2010, accompagné du titre. On ne peut pas dire que le Zenith a raté sa cible. Pascual, c’est l’artisan du titre du Barca lors du Final Four de Paris en 2010. Vous voulez plus de rêve ? Pascual avec le Barca, c’est successivement 78, 90 70, 90, 80 et 79% de victoires en saison d’Euroleague. Un patron.
Le jeu de Xavi Pascual ne manque pas de passionner les amateurs de tactique. On trouve une armée remarquable de vidéos d’analyse de son playbook.
Est-ce que le génie et l’expérience de Pascual va faire une différence ? Lors des matchs de préparation, notamment contre le Khimki Moscou, on a quand même vu une défense remarquable, et une adresse qui le fut tout autant, mais surtout, et à l’image de ses passage au Barca et au Panatinaïkos, beaucoup de mouvements, de transmission rapide. Avec Pascual, les joueurs sont en motion permanente, et la balle n’est jamais immobile. A lui de donner ce jeu au Zenith.
L’effectif de la saison 2020-21 : repartir avec des nouvelles têtes
Les départs :
Balashov, Ayon, Andrew Albicy, Voronov, Abromaitis, Iverson (pas Allen, hein), Ponkrashov, Renfroe.
Les arrivées :
Pangos, Zakharov, Baron, Fridzon, K.C.Rivers, Volkhin, Poythress, Gudaitis, Karvanen.
L’effectif de la saison :
Meneurs : Pangos, Khvostov, Zakharov
Arrières : Hollins, Baron, Fridzon
Ailiers : Ponitka, Rivers, Trushkin, Volkhin
Ailiers-forts : Poythress, Thomas, Zubkov, Karvanen
Pivots : Gudaitis, Pushkoy
Voilà vraiment la partie qui peut nous intéresser. Plus que son entraîneur, le Zenith a globalement rénover le plus gros de son effectif. Exit Ayon, le meilleur scoreur, exit aussi Albicy et compagnie.
Le club a misé sur une série de recrutement de profils plus qu’intéressants.
Alex Poythress déjà, et ses 2m06, mais surtout 13.6pts et 7reb par match en EuroCup avec Galatasaray, ancien pensionnaire de la NBA, passé chez les Hawks, les Pacers et les Sixers. Poythress ne s’est plus contenté de cirer les banc de la NBA ou de faire du carton en G-League.
Ensuite, K.C.Rivers, venu de Kaunas, mais avec une expérience de champion dans les bagages, avec le titre de 2015 obtenu avec le Real Madrid. Notons que Rivers n’est pas inconnu dans l’hexagone, lui qui est passé par la Chorale de Roanne ! Rivers est un journeyman lui aussi, passé par les quatre coins de l’Europe. A 33 ans, son expérience, notamment en Espagne, peut être un avantage pour coach Pascual.
Autres arrivées intéressantes, et plus tardives, Maxim Karvanen, qui suscite beaucoup d’espoir pour la sélection russe, lui qui a été formé sur place à Saint-Petersbourg, et Vitaly Fridzon, ancien du CSKA, et multiple champion de Russie.
Le club peut aussi compter sur le vétéran Dimitri Khvostov, international russe, ou encore Maeusz Ponitka, qui a montré des choses intéressantes en matières de scoring depuis trois ans. Enfin, on peut rappeler le rôle de Will Thomas, vainqueur et MVP de l’EuroCup 2019 avec Valencia.
Les joueurs à suivre : Arturas Gudaitis et Kevin Pangos
Sans nul doute deux recrues qui peuvent apporter une différence plus que les autres, et des atouts non-négligeables pour Pascual que sont Kevin Pangos et Arturas Gudaitis.
Les deux hommes partagent quelques éléments en commun, le premier étant un passage au Zalgiris Kaunas, le deuxième étant que les deux ont un bon parcours européen, mais jamais récompensé au niveau collectif. Pangos a déjà atteint les All-Euroleague second team en 2018, mais rien de plus. Le troisième point commun : les deux talents sont prometteurs pour leurs équipes nationales, Pangos étant médaillé chez les jeunes canadiens, et Gudaitis a déjà intégré la sélection lituanienne depuis 2015, et la médaille d’argent à l’EuroBasket.
Gudaitis a tenté sa chance en NBA (Sixers) là ou Pangos a en revanche tenté de percer chez les grandes écuries européennes, notamment le Barca, d’où il vient, et ce qui en fera probablement un favoris de Pascual.
Enfin, les deux risquent de développer d’autres points communs, puisqu’entre le rapide meneur canadien, et le grand pivot lituanien, on risque de voir quelques connexions intéressantes ! Statistiquement parlant pour conclure, Pangos apporte 9.7pts et 4.1ast par match en Europe depuis 6 ans, Gudaitis, lui apporte pas moins de 18pts et 11reb par match. Deux ajouts de poids donc.
A quoi s’attendre ? Apprendre avec le maître
N’attendons pas grand chose du Zenith cette saison, mais n’attendons pas rien non plus. En réalité, coach Pascual va devoir profiter de cet effectif recomposer pour essayer de faire fonctionner tout le monde dans le même sens. Une affaire complexe, mais qui peut créer un joli cocktail et mettre en valeur la marge de progression du club.
Il ne s’agit là que de la 2e saison d’affilée du Zenith en Euroleague, il ne faut donc pas être dans l’idée que l’équipe bouleversera cette rigoureuse hiérarchie. Pascual fera d’ailleurs probablement les premiers ajustements avant tout pour jouer une meilleure place en ligue russe qu’en Euroleague qui servira probablement avant tout de compétition permettant de gagner en expérience et en force collective. On sait que le Zenith n’a rien à perdre, et tout à apprendre, en ayant fait les bons choix dans le staff.
Néanmoins, l’aventure ne fait que commencer, et Saint-Petersbourg doit d’abord se trouver, une bonne saison de départ va surtout permettre à beaucoup de joueurs arrivés cette année à rester, car la plupart n’ont signé que pour une saison !