Voilà des mois que nous les attendions, mais elles se seront faites plus tardives qu’à l’accoutumée. Plusieurs mois après leur date habituelle, dans des conditions des plus inédites, les NBA Finals peuvent désormais commencer.
D’un côté, l’un des grands favoris pour le titre : les Los Angeles Lakers. Impériaux durant la saison régulière, proposant une saison pleinement maîtrisée de bout en bout, les pourpres et or ont réitéré durant les Playoffs. Maladroits durant la fin de saison régulière dans la bulle, ils auront su utiliser le premier tour des Playoffs pour retrouver la mire. Dès lors, ils n’auront fait qu’une bouchée de chacun de leurs adversaires. Dévorant tour à tour Trail Blazers, Rockets puis Nuggets, la franchise aux seize bannières n’a laissé qu’une rencontre a chacun de ses opposants. Au final, ils débarquent en pleine confiance face à leurs prochains adversaires, déterminés à rétablir l’équilibre au nombre de titre avec leurs rivaux de l’Est : les Boston Celtics, tombés au tour précédent.
En face, c’est une équipe moins… anticipée. Alors que la sphère NBA voyait les Milwaukee Bucks en digne représentant de l’Est, ils furent stoppés par un adversaire décomplexé : le Miami Heat. Terminant 5eme de leur conférence, les Floridens faisaient certes partie des trouble-fêtes potentiels, mais auront au final réalisé bien plus que cela. Sans jamais posséder l’avantage du terrain, ils auront pourtant tracé un chemin net et sans bavure vers le titre de l’Est. Ce furent ainsi les Pacers qui tombèrent les premiers, par un sweep en bonne et dûe forme, puis, le favori de l’Est, Milwaukee est sorti par un 4-1 expéditif et autoritaire, avant de venir à bout du rival bostonien dans un joute en six rencontres.
Au final, l’ogre de Los Angeles va affronter une équipe des plus inattendus à pareille fête. Alors que les deux équipes n’auront concédées que trois défaites pour se hisser jusqu’aux finales, nous allons maintenant parler de cet affrontement pour le titre.
Retour sur les finales de conférence
Pour obtenir leur ticket vers les finales NBA, point de bataille de Los Angeles. Sur leur route, les Lakers trouvèrent des Nuggets en guise de surprise du chef. Dans une bataille qui s’annonçait dure à jauger, les Lakers ont su trouver les réponses pour se séparer d’une jeune équipe. Rompu aux fins de matchs serrés, L.A. brisa dans un premier temps la confiance des Nuggets en leur faculté à sortir vainqueurs systématiquement du money time. D’un game winner retentissant, Anthony Davis évitait aux Lakers de subir une égalisation. Malgré un bon rebond dans le match suivant de leur adversaire, les pourpres et or allaient ensuite plier la série au bout du suspense, terminant sur une performance XXL de LeBron James pour valider leur ticket vers les finales. Tenus par un excellent duo Murray-Jokic, le pivot allait subir la pression d’un Dwight Howard impressionnant sur l’homme. Malgré plusieurs rencontres inspirées du serbe, mettant à rude épreuve la raquette californienne et poussant JaVale McGee hors de la rotation, l’impact du pivot fut finalement limité pour prendre l’ascendant sur les Nuggets. En dépit de l’excellent sursaut de Jerami Grant, et d’un Jamal Murray impérial, les Lakers ont su faire céder leurs adversaires. Si leur volonté de couper Jamal Murray du ballon ne l’a pas empêché de compliquer leur série, la défense des Lakers s’est montrée capable de limiter les dégâts collectivement.
Offensivement, ils purent s’en remettre à leurs leaders pour assurer la création offensive, les Nuggets ne se montrant pas à même de contenir Anthony Davis. Quant à LeBron James, en dépit de plusieurs money time compliqués par la fatigue et un manque de lucidité évident, il a porté les siens dans les premières moitiés de rencontre. A leurs côtés, si les Danny Green, Kyle Kurma ou JaVale McGee ont connu une série délicate, d’autres ont répondu présent, à l’instar d’un Alex Caruso impérial des deux côtés du terrain ou d’un Dwight Howard brillant par envie.
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Le Heat, quant à lui, retrouvait la route d’une franchise bien connue : les Boston Celtics. Dans une série qui sentait l’indécision avant même son inauguration, c’est pourtant Miami qui a su tirer son épingle de jeu. Comme ce fut souvent le cas durant cette post-saison, les Floridiens ont fait le dos rond, courant souvent après le score face à une jeune équipe s’appuyant sur un 5 majeur des plus compétitifs. Pourtant, cette équipe possédait plusieurs armes pour faire tomber les Celtes. Tout d’abord, la profondeur d’effectif du Heat a permis d’offrir plus d’options à Spoelstra qu’à son adversaire. Malgré le retour attendu de Gordon Hayward après son entorse, ce dernier n’a pas permis d’apporter le boost nécessaire pour réaliser un come-back. Dans une bataille très attendue pour la qualité du coaching, Spoelstra s’est appuyé sur une de ses armes favorites pour perturber ses adversaires : la défense de zone. Incapables d’y répondre, Boston a souvent dilapidé de solides avances en s’heurtant au rideau défensifs de Miami. Mais cette finale de conférence aurait pris un autre tournant si le Heat n’avait pas à nouveau imposé sa marque : la maîtrise des money times. A nouveau impérieux dans les derniers quart temps, ils ont fait craquer une équipe moins expérimentée. Alors que Boston s’enfonçait dans les isolations, le Heat continuait de maîtriser son basket, s’appuyant aussi bien sur ses jeunes shooteurs, que sur la puissance d’Adebayo, ne précipitant pas leur basket. Résultat, menés par Jimmy Butler, toujours impeccable, et un Goran Dragic qui ne cesse de rappeler ses plus belles heures dans ces Playoffs,
En l’emportant 4-2, Miami entre dans un club très fermé d’équipes se hissant en finales sans avoir fini dans le top 3 de leur conférence. Mais reste-t-il à cette équipe une dernière surprise, face à un monstre à deux têtes qui fait office de favori ultime ?
Les match-ups clés
LeBron James Vs Jimmy Butler
A bientôt 36 ans, LeBron James continue de briller de mille feux. Si les adversaires s’enchaînent, le même dépit semble de mise : accepter que LeBron continue de faire son office sur les parquets et subir sa production. Si Jerami Grant et les Nuggets ont fait de leur mieux, ils n’ont eu qu’à s’incliner devant la toute puissance du King dans le Game 5. Pour autant, c’est un défenseur d’un autre calibre que ce qu’il a croisé durant cette post-saison qui va se dresser devant James. Il y a fort à parier que les hommes seront amenés à défendre l’un sur l’autre, notamment dans les fins de rencontre. Dangers majeurs dans le clutch, la défense de Butler sur James sera capitale pour tenter d’enrayer la machine californienne et mettre les responsabilités, tant que possible, sur Anthony Davis.
Offensivement, ils porteront tous les deux la charge de la création et du scoring. Si Butler représente un apport moins important, l’attaque des Lakers repose en revanche sur les larges épaules de James. Or, si les deux joueurs se sont peu croisés en Playoffs, Butler garde assurément un bon souvenir de ses résultats sur ce dernier de son temps à Chicago. De quoi l’encourager à s’atteler tant que faire ce peu à la tâche ? Peut-être.
Banc Vs Banc
Si le banc des Lakers représentait de nombreux point d’interrogation en début de saison, il s’est avéré d’autant plus riche qu’aucun joueur signé les précédents été ne s’est avéré décevant. Si l’absence d’Avery Bradley est à souligner, elle a été largement compensée jusqu’ici. Entre des extérieurs tous très solides et une raquette qui offre de nombreuses actions à un Frank Vogel très flexible quant à son utilisation, la profondeur a souri aux Lakers.
Côté Heat, c’est une logique différente qui a permis au banc de s’épanouir. Alors que les Lakers ont fait de nombreux paris sur des joueurs en recherche d’une nouvelle chance, Pat Riley a lui parié sur de nombreux jeunes joueurs, certains oubliés à la draft. Alors qu’une majorité d’entre eux ont éclos, ils ont permis au banc de Miami d’offrir de nombreuses options.
Des bancs qui ont façonné le style de jeu de chaque équipe. Un groupe résolument tall ball d’un côté, l’ajout de nombreux artilleurs de l’autre. Reste à savoir lequel jouera le mieux sa partition dans ces finales NBA.
Erik Spoelstra Vs Frank Vogel
Il y a longtemps qu’on ne peut plus hésiter : Erik Spoelstra est bel et bien un des tous meilleurs coachs de la ligue. Capable de s’ajuster dans le cours d’une rencontre, de tenter des paris d’un match à l’autre et de maintenir ses équipes en ordre de marche, il a surpassé coup sur coup Mike Buldenhozer et Brad Stevens. Pas des moindres. Frank Vogel, qui le connaît bien pour s’être opposé à ce dernier de son temps à Indiana, a lui connu une période de disgrâce après sa solide prestation chez les Pacers.
Pour autant, sans être révolutionnaire, il a produit une saison solide à la tête du banc de L.A. et a confirmé toute sa flexibilité depuis le début des Playoffs. Capable d’ajuster ses lineups selon l’équipe adverse et les performances de ses joueurs, nombreux de ses paris se sont avérés intéressants. En possession des deux meilleurs joueurs de la série et d’un effectif supérieur sur le papier, il va devoir éviter les pièges tendus par Spoelstra… qui ne manqueront pas d’arriver.
Qu’attendre de ces finales ?
Miami a réussi un sacré tour face aux Celtics grâce à sa zone. Confrontés à cette défense, ils ont explosé dans le Game 2 et franchement galéré dans les rencontres suivantes. Mais cette arme est-elle réaliste contre les Lakers ? Sur le papier, tout porte à croire que Spoelstra sera tenté de l’utiliser. Le meilleur moyen d’attaquer une zone est de la faire plier à longue distance. Bien qu’équipés pour l’attaquer sereinement, les Lakers ne sont pour autant pas une meilleure équipe que Boston dans l’exercice. Certes, L.A. possède des spécialistes à longue distance et peu de joueurs sont incapables en la matière. Pourtant, ils seront obligés d’aligner un pivot sans range, et des joueurs qui ont soufflé le chaud et le froid dans cette post-saison. Certes KCP, Alex Caruso semblent être en confiance. A l’inverse, Danny Green sort d’une série calamiteuse, Kyle Kuzma apporte plus de solutions dans son jeu vers le cercle (sans ballon) qu’ à longue distance, tandis que Markieff Morris alterne le bon et le mauvais en la matière. Rajon Rondo, lui aussi parmi les bonnes surprises de cette post-saison, a eu tendance à trouver du succès sur certaines séquences. Néanmoins, on l’attendra plus pour tenter de disséquer la défense adverse que pour l’artiller. Quant à Anthony Davis, bien que régulier, le pousser à dégainer de loin est en soit une victoire pour l’équipe adverse tant son travail prêt du cercle est terrifiant.
Par ailleurs, ces séquences qui pourraient avoir pour but de pousser les Lakers à jouer l’isolation sur leurs stars peut aussi avoir des effets négatifs … sous l’arceau. Face à un adversaire comme Boston, sans véritable intérieurs dominants, la bataille pour le Heat était avantageuse, il n’en sera pas de même face à L.A. En effet, ces derniers ont fait de leur main mise sur la peinture une de leurs forces majeures. Un front court constitué de LeBron James, Anthony Davis et Dwight Howard est un problème. Du genre très difficile à boxout. A cela, il faut ajouter que JaVale McGee, inutile contre le small ball des Rockets et rendu inutilisable par Nikola Jokic, pourrait retrouver des minutes utiles. A condition que Frank Vogel réussisse à le remettre en selle après des passages… miséreux face aux Nuggets.
Toutefois, ne pas sous-estimer Miami dans cet aspect : si les Nuggets ont eu toutes les peines du monde à tenir leur rebond défensif, le Heat était la troisième meilleure équipe de la ligue dans ce compartiment. De quoi tenir tête aux pourpres et or.
Autre problématique que soulève cette série : la défense sur Anthony Davis. Comme Nikola Jokic, Adebayo s’apprête à jouer la raquette la plus dure à manœuvrer de la ligue cette saison. Mais contrairement au Serbe, Adebayo écopera aussi du gros lot en défense. C’est bien lui qui sera en charge de défendre sur AD. D’où la question, lorsqu’on voit ce que l’intérieur a fait comme chantier cette post-saison : peut-il être laissé en défense sur ce dernier et limiter les besoins en rotation défensive ou prise à deux ?
Lorsqu’il est placé en tête de raquette, la star des Lakers peut tout faire. Aussi bien prendre un shoot, qu’attaquer la peinture, que poster ou même placer un floater au besoin. Il représente un danger permanent à qui le Heat ne pourra laisser d’espace (même en cas de zone).
Paul Millsap, qui a peut-être été le meilleur défenseur sur AD cette post-saison n’a pas réellement rencontré un succès. Face aux Nuggets, l’ailier fort a enregistré +29 pts à +58% au tir. Néanmoins, Adebayo sera une autre paire de manche. Il est plus grand, plus aérien, plus mobile que le joueur du Colorado. Et tout comme Millsap, c’est un excellent défenseur, mais avec les armes supplémentaires pour le gêner. A cela, il faut ajouter que l’entorse que s’est faite le Laker durant le match 4 de la série précédente pourrait quelque peu le refroidir quand à l’idée d’attaquer de face la raquette adverse. Autrement dit ? Il offre de belles promesses pour défendre en individuelle. S’il réussissait à faire ce qu’aucun n’a réussi à faire dans ces Playoffs, c’est-à-dire limiter les dégats infligés par l’ex-Pelican, sans aide, alors cela permettrait de resserrer l’étau sur les créateurs des Lakers (LeBron, Rondo, Caruso… et c’est tout). Or, on a vu que, quand leur attaque fonctionne moins bien, ils s’en remettent à des possessions plus arrêtées, ou ont tendance à laisser des ballons à des joueurs peu doués balle en main (Danny Green, Kyle Kuzma ont coûté beaucoup de possessions au tour précédent).
En revanche, si Adebayo subit le même sort que tous les autres et a besoin d’aides, alors Davis peut ressortir proprement sur ses coéquipiers… Et leur permettre d’obtenir des tirs ouverts et gagner en confiance si l’adresse est au rendez-vous.
Quoi qu’il en soit, il est primordial que dans cette lutte, Adebayo n’écope pas des fautes trop rapidement. Nikola Jokic a démontré la difficulté que représentait ces Lakers, agressifs en transition et très physiques près du cercle, lorsqu’il s’agit d’éviter le foul trouble. D’autant que le pivot du Heat a aussi une partition à jouer offensivement et qu’il manquerait cruellement au sien des deux côtes du terrain.
D’autant que ce dernier pourrait aussi avoir des séquences à jouer contre LeBron. Lorsque les deux joueurs ne seront pas ensemble sur le terrain, les aides de ce dernier pour freiner le King ne seront pas de trop. On sait d’ores-et-déjà que le challenge pour Miami sera d’empêcher James de partir à la chasse aux défenseurs plus faibles. Duncan Robinson, Tyler Herro, Goran Dragic, autant de joueurs que les Lakers vont tenter de pousser à switcher sur James afin d’offrir des isolations à haut pourcentage. Dans ces cas-là, Bam aura du travail pour limiter les dégâts. Pour autant, Spoelstra a des défenseurs plus que solide à mettre sur le 23. Jimmy Butler, que nous évoquions plus haut, est probablement le plus à même de faire son œuvre, mais aussi Jae Crowder et évidemment : Andre Iguodala, qui aura affronté LeBron à quatre reprises en finales NBA. Comme on se retrouve. Tous sont grands, costauds et dotés d’instincts défensifs au dessus de la moyenne NBA. Si Miami aura encore plus de difficulté que face à Giannis, James ne pouvant pas être laissé libre à longue distance, il est aussi important de noter que ce sera le groupe le mieux taillé pour défendre sur lui que LeBron aura croisé dans cette post-saison.
Enfin, il est intéressant de noter que les extérieurs des Lakers auront moins de grain à moudre dans cette série. Après avoir affronté le duo Lillard-McCollum, James Harden puis Jamal Murray, le Heat ne possède pas d’extérieur aussi dur à contenir. Leur job sera de maintenir une main devant les yeux des nombreux shooteurs du Heat. Et s’il n’y aura pas de talent aussi abrupt à gérer malgré la grande forme de Goran Dragic, il y aura une quantité de joueurs à suivre. Le banc du Heat a été le meilleur de cette post-saison, notamment grâce à Tyler Herro qui a étourdi les fans de ses shoots assassins et de sa polyvalence.
Pronostic
Los Angeles Lakers 4-3 Miami Heat
Pas convaincu que Miami soit une bien meilleure équipe que Houston ou Denver. Pour autant, elle possède deux arguments que n’avaient pas les précédents adversaires. D’une part, elle est plus régulière que ces dernières sur les Playoffs, d’autre part, c’est la première équipe a pouvoir défendre sur LeBron James et Anthony Davis. Si elle arrive à se relayer avec efficacité sur ces derniers tout au long des rencontres, alors elle possédera une chance de faire ce qu’elle fait si bien dans ces Playoffs : gagner dans les ultimes minutes.
Toutefois, il faut aussi relativiser cette force. Tout comme Denver aimait le clutch, le Heat compte énormément sur cette faculté. Pourtant, les Nuggets ont vu qu’il était bien plus difficile de malmener ces Lakers que d’autres équipes dans les derniers quart temps. Si le Heat veut l’emporter, il ne faudra pas s’épuiser à courir trop souvent après le score. Et espérer que LeBron remontre des signes de fatigue pour clôturer les matchs. Car possédant une arme pour défendre sur Davis, alors l’espoir serait de mise pour un nouvel upset des Floridiens.
Mais cela fait beaucoup de conditions. En attendant, Lakers champions.
Ces deux grands alignements vont être un problème pour Miami. Bam doit garder AD à tout moment, sinon il va les manger vivants, mais alors la chaleur doit mettre une aile ou en avant sur dwight et javale et à ce moment-là, Miami se fera tuer sur les planches offensives. Les lakers ont les mains pleines sur la défense, mais je pense que la chaleur a le plus grand défi.