Depuis 1946 et la création de la National Basketball Association, quelque cinq mille joueurs ont foulé les parquets de la Grande Ligue. Certains d’entre-eux ont laissé une empreinte indélébile qui ne sera jamais oubliée. D’autres sont restés bien plus anonymes. Entre les deux ? Des centaines de joueurs, qui ont tour à tour affiché un niveau de jeu exceptionnel, mais dont on oublie bien souvent la carrière.
Dès lors, @BenjaminForant et @Schoepfer68 ont décidé de dresser – littéralement – le portrait de certains de ces acteurs méconnus ou sous-estimés. Au total, ce sont 60 articles qui vous seront proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010. Pour chaque saison, un joueur a été sélectionné comme étendard, parfois en raison d’une saison particulièrement réussie, d’une rencontre extraordinaire ou encore d’une action historique …
Chaque portrait s’inscrira dans une volonté, celle de traverser l’Histoire de la NBA de manière cohérente. Ainsi, ces portraits (hebdomadaires) seront publiés dans un ordre précis : un meneur, un arrière, un ailier, un ailier-fort, un pivot. Au bout de cinq semaines, c’est donc un cinq majeur qui sera constitué. Les plus matheux d’entre-vous l’aurons compris : au final, ce seront douze équipes, toutes composées de joueurs ayant évolué au cours de décennies distinctes, qui auront été composées.
A vous de déterminer lequel de ces cinq majeurs sera le plus fort, le plus complémentaire, le plus dynastique.
Vous trouverez en fin d’article les liens vous permettant de (re)consulter les articles précédents.
La jaquette
Pour chaque article, @t7gfx vous proposera ses créations. Vous y retrouverez une illustration du joueur présenté (en tête d’article) ainsi qu’une présentation de chaque cinq majeur projeté (chacun avec une identité visuelle propre).
Le synopsis
Ah, les années 1950. Après de nombreuses semaines loin de la préhistoire de la Ligue, nous voici de retour dans les méandres méconnus de la NBA. Malgré le peu d’informations disponible, découvrir des joueurs légendaires et pourtant inconnus au bataillon est toujours un réel plaisir.
La figure de notre portrait du jour ne déroge pas à la règle. A l’instar d’un Neil Johnston, d’un Larry Foust ou d’un Richie Guérin, Tom Gola n’est que peu évoqué lorsque nous abordons le sujet des joueurs importants de ce début de vie de la NBA.
Même s’il n’a jamais eu le rendement des noms précités, il décrochera plusieurs étoiles d’All-star tout au long de son prime, sur une période qui s’est étirée entre la fin de à cheval sur les décennies 1950 – 1960.
Tom Gola est né le 13 janvier 1933, à Philadelphie. Il passe toute son enfance, et même plus encore, dans la ville de la fraternité éternelle. Mais nous y reviendrons. Il a la particularité d’être extrêmement polyvalent. Ses quasi-deux mètres de hauteur pour ses 93 kg lui permettent en effet d’évoluer sur plusieurs postes. D’abord recordman historique de rebond à l’université en jouant poste 5, il aura un jeu bien plus léché en NBA en évoluant sur les postes extérieurs. Long Tom s’adaptait à tout, et rapidement. Mais nous y reviendrons également.
Tom Gola, ce sont des points, des rebonds, des victoires, un service militaire et la Pennsylvanie. Et tout cela, c’est dans le 37è épisode du Magnéto.
Action !
Revenons en donc à Philadelphie, là où notre histoire démarre tout doucement. Comme tous les jeunes sportifs de l’époque, Tom Gola rejoindra l’université locale : Lasalle University. Ce nom vous évoque peut-être quelque chose de lointain ; en effet, Larry Foust, première légende des Pistons y a également fait son cursus. C’est également le cas de Joe Bryant, père d’un certain Kobe.
Son passage sur le campus de sa ville laissera de fortes marques. En effet, en quatre saisons et 118 rencontres, il affiche 20,9 points et 18 rebonds de moyenne. Celui qui jouera sur les lignes extérieures en NBA jouait en effet dans la raquette étant jeune Mais plus que des statistiques, il apportera surtout le premier (et seul) titre NCAA de la faculté. Sur l’exercice concerné (1953 – 1954), il inscrira plus de 23 points et gobera plus de 21 rebonds de moyenne par rencontre. De quoi se faire une petite place dans le monde du basket universitaire. Il quittera le campus, direction la NBA en 1955, avec, dans la besace, un titre NCAA, une nomination dans la All-American et un titre de MVP.
Suite à son exceptionnelle carrière universitaire, Mr All Around est choisi, par le biais d’un territorial pick par les Warriors de Philly lors de la draft 1955. Les choix suivants ne resteront pas dans les mémoires collectives aux USA. Seuls Maurice Stokes et Jack Twyman méritent d’être mentionnés.
Tom Gola, rookie lors de cet exercice 1955 – 1956, arrive dans un effectif extraordinaire pour l’époque, et au sein duquel on retrouve notamment Paul Arizin et Neil Johnston, mais également Jack George, excellent meneur-distributeur au poste 1 et Joe Graboski, solide poste 4.
Comme à l’université, Tom Gola n’eut pas vraiment besoin de temps d’adaptation. Il se fait rapidement une place de choix dans cet effectif, en tant que soldat à positionner entre George et Arizin sur le poste d’arrière. Dès sa première rencontre professionnelle, le 17 novembre 1955 face aux C’s, sa capacité à être all around surgit : 10 points, 7 rebonds et 3 passes dans une victoire (+14).
La suite sera du même acabit : des victoires, encore des victoires et des performances aussi intéressantes que variées. Sur les 10 premiers matchs de l’année, il inscrira plus de 15 points à trois reprises, distribuera cinq fois au moins 5 passes et attrapera au maximum 13 rebonds. Et sept d’entre eux seront remportés.
Et ce qui devait arriver arriva. Le 06 décembre 1955, lors du 11è match de la saison et dans une victoire face aux Lakers de Minneapolis, il réalisera son premier triple double en carrière : 13 points, 15 passes et 12 rebonds. Pas mal pour un rookie qui est sur les terrains depuis 3 semaines.
Bien sur, il ne s’arrêtera pas en si bonne course. Le 26 décembre, lors d’une défaite face aux Knicks, il inscrira pour la première fois de sa carrière plus de 20 points (21 exactement).
La suite de cette saison 1955 – 1956 se déroulera tout aussi bien, tant individuellement que collectivement. Tout d’abord, le rookie conclura son exercice avec un quasi double double de moyenne : 10,8 points – 9,1 rebonds – 5,9 passes. Des statistiques peu fréquentes pour un arrière. A titre de comparaison, lors de la saison 2019 – 2020, seuls quatre joueurs classés comme membre du backcourt figurent dans le top 50 des meilleurs rebondeurs de la saison : Russell Westbrook (7,9 rebonds par match), Ben Simmons (7,8), LeBron James (7,8) et James Jarden (6,6). Et encore, on le voit, deux d’entre eux sont plus naturellement des intérieurs dans la NBA actuelle.
Au-delà, parmi les joueurs qui ont attrapé au moins 9,1 rebonds (il sont 19), seuls 3 affichent également au moins 5 passes décisives : Luka Doncic, Bam Adebayo et Giannis Antetokounmpo. C’est dire si, aujourd’hui comme il y a 65 ans, la première année de Tom Gola en NBA est marquante.
Au final, les Warriors finiront la saison avec un bilan de 44 victoires pour 27 défaites, soit le meilleur de la Ligue. Nous avons d’ores et déjà eu l’occasion d’évoquer les playoffs 1956 dans un épisode précédent. La raison est simple : les Warriors rafleront le titre ! Après un premier tour accroché face à Syracuse, les hommes de Pennsylvanie orchestrons un gentleman sweep face aux Pistons de Fort Wayne. Gola améliorera ses performances par rapport à la saison régulière, à l’instar d’un Magic Johnson en son temps (ou un Tyler Herro), et tournera en 12 – 10 – 5,8 sur la campagne, avec notamment un triple double lors du game 3 face aux Nationals (16 points, 13 rebonds et 10 passes) ainsi qu’un gros double-double (16 points, 15 rebonds) lors de la victoire offrant le titre à sa franchise.
Tom Gola n’était pas la star de sa franchise lors de cette première saison, mais son impact était essentiel.
On peut donc se dire que sa saison sophomore sera couronnée de succès, lui qui aura pris de l’expérience et qui arrivera sur le terrain avec un statut de champion à défendre. On le sait désormais, rien ne se passe comme prévu.
En effet, Gola ne posera pas le pied sur le parquet lors de cet exercice 1956 – 57. Non pas pour une raison de blessure ou pour une raison personnelle, mais pour une raison étatique. A l’instar d’Arizin quelques années auparavant, il doit réaliser son service militaire pour une durée d’un an, ce qui l’empêchera de pratiquer le basket.
Le voici donc de retour sur les parquets à l’automne 1957. L’effectif est sensiblement le même que deux ans auparavant. A tout le moins, les meilleurs joueurs sont toujours présents dans le roster dirigé par Georges Senesky. Les Warriors ont donc comme ambition de remporter un second trophée au cours de la décennie.
Malheureusement, depuis leur dernier titre, un événement est venu bouleverser l’histoire de la NBA. En effet, l’année précédente, un certain Bill Russell a été drafté.
Gola débute sa saison sur les chapeaux de roues. Il inscrira notamment deux fois 20 points sur les trois premières rencontres, et il accompagnera cela, comme à son habitude d’un grand nombre de rebonds et de passes. Ce type de performance sera réitéré de nombreuses fois sur l’ensemble des rencontres de la saison. Voici un petit florilège des plus belles lignes statistiques de l’arrière sur sa seconde saison professionnelle :
- 12 janvier 1958 @ New York : 19 points, 15 rebonds et 9 passes dans une victoire (+5),
- 18 janvier 1958 vs Boston : 21 points, 15 rebonds et 7 passes dans une victoire (+12),
- 26 janvier 1958 @ Saint Louis : 24 points, 12 rebonds et 9 passes dans une victoire (+13),
- 13 février 1958 @ Syracuse : 15 ponts, 10 rebonds et 10 passes décisives dans une défaite (-10).
Comme vous pouvez le voir, le début d’année 1958 fera pousser des ailes à Mr All Around. Sur les 13 rencontres auquel il a participé entre le 2 et le 26 janvier, il tournera en 16 – 11 – 5,7 , statistiques d’un All-star confirmé dans ces années 50. Mais pour lui, ça ne sera pas pour cette fois-ci.
Malgré l’augmentation de la ligne statistique du guard et de son premier double double en carrière confirmé sur une saison (13,8 points, 10,8 rebonds et 5,5 passes), le bilan collectif est tout juste positif (37-35) et Philly se retrouve sur la dernière marche du podium de la division Est. Cela n’empêchera pas Gola de figurer dans la All NBA Second Team, notamment aux côtés de Bill Russell.
En raison de cette petite contre-performance collective, les Warriors affrontent les Nationals de Syracuse au premier tour des playoffs. Ils s’en sortiront de justesse, en remportant les games 2 et 3 après avoir perdu la première rencontre de la série. Se dresse alors devant eux le monstre du Massachusetts, contre lequel Gola, Arizin et compagniene feront malheureusement pas le poids. Boston envoie Arizin et compagnie en vacances en 5 petits matchs. Sur le début de la confrontation, Tom n’est clairement pas à son avantage, malmené par la défense étouffante des C’s.
Cependant, llors du game 4, qui est le seul remporté par Phily, Gola inscrit son record de points en carrière (31 points), en y ajoutant 11 rebonds et 4 passes. C’est ce qu’on appelle un sursaut d’orgueil de champion.
La saison suivante sera, contrairement aux précédentes, décevante. Malgré une ligne statistique qui augmente encore et encore (14,1 points – 11 rebonds et 4,2 passes), le bilan collectif est négatif et les Warriors ne verront pas la post-season. Les raisons de cet échec sont simples : Neil Johnston n’est plus que l’ombre de lui même, et personne n’est parvenu à pallier la baisse de forme inéluctable du pivot pour épauler Arizin.
Ce ne sera pas un problème très longtemps pour le front office des Warriors. En effet, un certain Wilt Chamberlain vient d’être drafté, et relègue automatiquement Arizin au rôle de bras droit.
Comment va réagir Tom Gola face à l’arrivée d’un nouveau pivot dominant, lui qui comptait sur le départ de Johnston pour prendre le rôle de seconde option de son équipe ?
L’oscar de la saison 1959 – 1960
Lorsque un joueur du calibre de Chamberlain intègre un effectif, c’est toute l’équipe qui doit procéder à des adaptations. De nouveaux repères sont à prendre, les tickets shoots sont à redistribuer et certains joueurs peuvent se sentir frustrés de voir un si jeune joueur vampiriser le ballon, mais également l’attention, que ce soit sur et en-dehors du terrain.
Tom Gola n’est pas de ceux-là. Il était sur la pente ascendante avant l’arrivée du titan et continuera sa progression lorsque celui-ci sera son coéquipier.
Malgré le fait qu’il soit simplement 3ème option offensive de l’effectif pour ce début de décennie, il progressera dans tous les compartiments du jeu. Le fait que Chamberlain soit un point d’ancrage dans la raquette aide forcément. Le fait qu’il soit capable de monopoliser l’attention des cinq joueurs adverses, du coach, du banc des remplaçants et des pom-pom girls aussi.
Dès le second match de la saison, Mr All Around score 23 points (avec ses 8 rebonds et 5 passes habituelles). Dès la 5è rencontre, il frôle un triple double exceptionnel : 20 points, 22 rebonds et 9 passes.
Gola enchaine les doubles doubles points-rebonds, et y ajoute régulièrement de nombreuses passes décisives. La victoire face à Cincinnati le 12 novembre 1959 en est un nouvel exemple : 16 points, 10 rebonds et 9 passes.
Il faut dire que les passes s’enchainent rapidement lorsqu’il faut nourrir un animal du calibre de Chamberlain, dont la saison rookie se conclura sur des lignes statistiques gargantuesques : 37 points et 27 rebonds de moyenne. A part Michael Jordan, en 1986 – 1987, personne n’a jamais scoré 37 points de moyenne sur une saison (Chamberlain l’a fait quatre fois). De même, personne n’a jamais pris plus de 25 rebonds par soir sur un exercice. Sauf Wilt the Steelt : 4è moyenne de l’Histoire aux points et 2è moyenne de tous les temps au rebond pour cette première année en NBA.
Le premier triple double de la saison de Gola est signé le 3 décembre 1959, lors d’une large victoire face aux Lakers (+14) : 17 points, 11 rebonds et 11 passes.
En plus de voir ses performances être de plus en plus intéressantes individuellement, Long Tom voit les Warriors afficher un excellent bilan à la fin de l’année civile 1959. En effet, après son second triple double de la saison (le 30/12/1959, toujours face aux Lakers, 14 points, 11 rebonds, 13 passes décisives), Philly affiche 21 victoires pour 11 défaites.
Le passage dans une nouvelle décennie ne le dérangera aucunement. Entre le 06 et le 12 janvier 1960, Gola enchainera 5 matchs de très gros calibre :
- 6 janvier 1960 vs Saint Louis : 17 points, 13 rebonds et 11 passes dans une victoire (+20),
- 7 janvier 1960 vs Detroit : 14 points, 11 rebonds et 9 passes dans une victoire (+15),
- 9 janvier 1960 vs Syracuse : 21 points, 15 rebonds et 10 passes dans une victoire (+7),
- 10 janvier 1960 @ New York : 18 points, 19 rebonds et 11 passes dans une victoire (+13),
- 12 janvier 1960 vs Saint Louis : 14 points, 12 rebonds et 11 passes dans une victoire (+18).
16,8 points, 14 rebonds et 10,4 passes de moyenne sur cette série de 5 victoires. C’est officiel : Tom Gola est entré dans son prime. De plus, ces excellentes performances s’intègrent dans une série de 10 victoires consécutives, à cheval entre fin décembre et début janvier.
La fin de saison régulière ne sera pas placée sous le pavillon du triple-double. Cela ne signifie cependant pas que l’arrière baisse en régime, bien au contraire. Il inscrira à deux reprises 27 points et une fois 26 au cours de la seconde partie du mois de janvier. Il gobera plusieurs fois plus de 15 rebonds et distillera à quelques reprises plus de 10 passes décisives. Mais le joueur n’est plus dans son état de grâce comme au début de l’année civile.
Tom Gola finira sa saison avec une belle ligne statistique, bien complète, à son image : 15 points, 10,5 rebonds et 5,5 passes, mais aussi avec 9 triples-doubles. Il décrochera une sélection au All-star game pour la première fois de sa carrière. Collectivement, les Warriors finissent la saison avec un bilan de 49 victoires pour 26 défaites, et terminent second de leur division derrière les Celtics. Wilt Chamberlain et quant à lui élu MVP et rookie de l’année, ce qui constitue alors un fait unique dans l’Histoire de la Ligue (Wes Unseld réalisera le même doublé en 1969, dans des circonstances plus contestables).
Philly se présente alors sûr de ses forces en playoffs. Lors de leur première joute, les hommes de Johnston (oui, ce dernier est devenu coach immédiatement après sa retraite), affrontent les Nationals de Syracuse, portés par Greer est Schayes. Les Warriors y viendront à bout difficilement, en 3 rencontres (2-1). Gola régale lors du dernier match, réalisant un énorme triple double (15 points, 23 rebonds, 11 passes) sur la tête d’Hal Greer.
Le second tour, en cette époque, était synonyme de finale de conférence. Sans surprise, Philadelphie y retrouve les Celtics. La série fût extrêmement disputée, mais comme souvent jusqu’en 1967, ce sont les verts qui gagnent. Six rencontres et autant de duels de pivots All-Time entre Wilt et Russell. Tom Gola, lui, essaiera de jouer les éléments perturbateurs. Sans grand succès. En dehors de son triple double lors du game 5, il ne parviendra pas à peser lourd sur la décision finale.
Comme lors de leur dernière apparition en post-season, les Warriors se font botter les fesses par les hommes du Massachusetts. Cependant, ils semblent sur la bonne voie, possédant dans leurs rangs un pivot extraordinaire. Le front office se dit donc que ce n’est que partie remise. Mais la NBA réserve bien des surprises.
Le générique de fin
A l’aube de l’exercice 1960 – 1961, Tom Gola a 28 ans. Depuis un an, il évolue à son meilleur niveau, et peut légitimement espérer décrocher un second titre avant que ses capacités déclinent. Toujours en soutien de Arizin et Chamberlain, il réalisera une bonne saison 1960 – 1961. Un triple double, 11 rencontres a plus de 20 points inscrits, 10 a plus de 15 rebonds, il continue d’user de ses compétences acquises dans les raquettes universitaires. Il gobera même deux fois plus de 20 rebonds, performance qu’il avait déjà réalisé dans le passé, mais qui reste un fait très rare pour un extérieur.
Une nouvelle fois All-star, il terminera sa saison en 14,2 – 9,4 – 3,9, statistiques légèrement en baisse par rapport à la saison passée, qui s’explique notamment par un temps de jeu diminué de 2 minutes. Le bilan collectif est sensiblement le même lors de l’exercice précédent, et les Warriors finissent encore second juste derrière les hommes de Russell.
Mais cette fois-ci, Syracuse ne compte pas être éliminé une seconde fois consécutive au mois de mars. Cette réaction d’orgueil provoquera le supplément d’âme nécessaire pour écraser, humilier Philly. Un sweep 3-0 qui envoya Chamberlain et consorts en vacances. Gola aura été méconnaissable : une seule petite rencontre au dessus des 10 points inscrits et aucun réel impact dans les autres compartiments du jeu. Hal Greer a littéralement cadenassé l’arrière pennsylvanien.
Toujours en quête d’un second titre, Mr All Around rentre bredouille de ce second exercice en commun avec Wilt. Mais les deux joueurs ont encore du temps en commun, et peuvent rêver d’un titre. A contrario, Paul Arizin, désormais âgé de 33 ans, semble être dans le dernier segment de sa carrière.
L’année 1961 – 1962 est donc essentielle. Gola jouera 41 minutes par soir, soit son plus haut total en carrière. Ses statistiques resteront sensiblement les mêmes que les années passées, dans son rôle bien particulier de second ou troisième playmaker de l’équipe. Soulignons également ses excellentes capacités défensives de Mr All Around, qui ne lui permirent cependant pas de figurer dans les All-defensive Team, ces équipes honorifiques n’étant créées qu’en 1969. Le principal intéressé déclarait d’ailleurs :
“Mon travail était de défendre les meilleurs extérieurs de la ligue – Jerry West, Bill Sharman et Oscar Robertson – et d’être un playmaker”.
Il sera une nouvelle fois étoilé, et les Warriors finiront second de la division, toujours derrière les indéboulonnables Celtics. Les séries printanières se suivent et se ressemblent et les Warriors affronteront une nouvelle fois les Nationals au premier tour, et Boston au second. L’impact offensif de Tommy est de moins en moins visible (seulement deux rencontres au dessus des 10 points inscrits sur les playoffs), mais cela n’empêche pas sa franchise de pousser les C’s dans leurs derniers retranchements. Il jouera que 4 rencontres des 7 du round, pour un bilan de 2 – 2. Malheureusement, au terme d’un match 7 ultra serré, malgré les efforts d’un Wilt titanesque sur la série la saison (exercice en 50 points – 25 rebonds de moyenne), les guerriers s’inclineront une énième fois.
Cette nouvelle déception marque la fin d’une ère à Philadelphie. Tout d’abord, la franchise déménage à sur la cote ouest du pays et endosse le nom de San Francisco Warriors. Deuxièmement, Paul Arizin, légende de la franchise, quitte le navire et raccroche les baskets. Dernièrement, après de nombreuses saison à stagner au même niveau, le front office cherche du sang neuf.
Cela passe par des changements d’effectifs. Et vous vous en serez douté(e)s, Gola en fera les frais. Il ne jouera que 21 rencontres sous le soleil de Californie, et fût tradé aux Knicks le 5 décembre 1962 contre Willie Nauls et Kenny Sears, deux bons joueurs en fin de carrière.
Le changement de côte n’influe en rien le jeu du All-star. Même s’il ne produit plus autant qu’avant, son impact, notamment défensif, est toujours intact. En dehors de la température en hiver, le seul changement notable sera le nombre de victoires en fin de saison. En effet, il passe d’un statut de contender tous les ans pour le titre aux bas-fonds de la Ligue. Comme quoi, même à travers les décennies, certaines choses ne change pas. Il conclura cette saison de transition en 12 – 7 – 3.
Les trois suivantes (entre 1963 – 64 et 1965 – 66) verront son rôle être réduit considérablement chaque année. Il réussira néanmoins à être une dernière fois All-star en 1964 malgré des statistiques faméliques (9 points, 6 rebonds, 3 passes décisives), preuve que son impact ne se compte pas qu’en unité. Il ne connaitra néanmoins pas le gout d’un match de playoffs au Madison Square Garden, la franchise échouant toujours assez loin de la dernière place qualificative pour les joutes de fin d’année.
Il raccrochera les sneakers lors de l’intersaison 1966, à l’âge de 33 ans.
Après deux petites années de repos bien mérité, la légende universitaire revient sur le campus en tant que coach des Explorers. Il obtient même le titre de coach de l’année lors de la saison 1968 – 1969, mais fût interdit de March Madness pour cause administrative.
Tom Gola quitte la sphère dy basket après cette expérience. Il restera comme un homme essentielle des décennies 1950 et 1960 dans le monde NBA, et son palmarès parle pour lui :
- Champion NBA (1956),
- All-star, à 5 reprises,
- All NBA Second Team (1958),
- Hall-of-famer,
- Champion Universitaire (1954),
- MOP Universitaire (1954),
- Numéro 15 retiré dans son université.
Vous l’avez donc compris tout au long de cette lecture, Gola avait un QI basket plus élevé que la moyenne. D’ailleurs, pour appuyer une dernière fois son côté all around, notons qu’il figure en 26è place des joueurs ayant réalisé le plus de triple-double en carrière. En effet, on a tendance à l’oublier avec les joueurs actuels, mais l’accomplissement était rare au 20è siècle. Ainsi, avec 20 triples-doubles, Gola se retrouve ex-aequo avec Charles Barkley, et à une unité d’un trio de prestige : Chris Webber, Kobe Bryant et Kareem Abdul-Jabbar.
Mais Tom Gola, ce n’était pas qu’un QI basket. Son intelligence, il l’utilisa également hors des parquets, dans une reconversion politique entamée dès la fin de sa carrière,. Il fut nommé dans la maison des représentants de Pennsylvanie dès 1966 et se présenta même aux élections pour la mairie de Philadelphie en 1983, où il terminera 3è des suffrages.
Crédits et hommages
Malgré sa très bonne carrière NBA, les hommages rendus à Tom Gola concernent principalement son passage en NCAA. En effet, ses performances ont tellement marqués l’Université de Lassalle que Tom Gola est un héros dans l’Etat.
“Tom était une icône de Philly et son nom est synonyme de basketball. Son héritage continuera à vivre à Lasalle et dans l’université à travers la Tom Gola Arena”.
Ces mots forts ont été prononcés par Michael J. McGinniss, président de l’université, lorsque nous avons appris le décès de l’athlète. Tom Gola est en effet décédé le 26 janvier 2014, à l’âge 81 ans, dans sa ville de toujours, Philadelphie. Un hommage officiel, que le nôtre, bien plus modeste, ne fait qu’effleurer. Quoi qu’il en soit, si les “Go, Gola, Go” ne résonnent plus sur le campus, le nom de la salle, elle, symbolise à merveille la figure qu’était en son temps Long Tommy.
Les précédents épisodes et portraits du Magnéto :
- Cinq majeur #1 : Penny Hardaway (1994/95), Manu Ginobili (2007/08), Terry Cummings (1988/89), Jerry Lucas (1964/65), Nate Thurmond (1974/75)
- Cinq majeur #2 : Jason Kidd (1998/99), Tracy McGrady (2004/05), Rick Barry (1966/67), Elvin Hayes (1979/80), Neil Johnston(1952/53)
- Cinq majeur #3 : Isiah Thomas (1989/90), David Thompson (1977/78), Paul Arizin (1951/52), Tom Gugliotta (1996/97), Yao Ming (2008/09).
- Cinq majeur #4 : Baron Davis (2006/07), Bill Sharman (1958/59), Chet Walker (1963/64), Gus Johnson (1970/71), Jack Sikma (1982/83).
- Cinq majeur #5 : Tiny Archibald (1972/73), Dick Van Arsdale (1968/69), Bernard King (1983/84), Jermaine O’Neal (2003/04), Larry Foust (1954/55).
- Cinq majeur #6 : Fat Lever (1986/87), Richie Guerin (1961/62), Grant Hill (1999/00), Dan Issel (1971/72), Ben Wallace (2002/03).
- Cinq majeur #7 : Lenny Wilkens (1965/66) (Lenny Wilkens, bonus : le coach), Calvin Murphy (1975/76), Peja Stojakovic (2001/02), Shawn Kemp (1991/92), Arvydas Sabonis (1995/96), (Arvydas Sabonis, bonus n°1 : la carrière européenne), (Arvydas Sabonis, bonus n°2 : la carrière internationale).
- Cinq majeur #8 : Kevin Porter (1978/79),