Les Denver Nuggets (3es à l’Ouest) viennent de s’imposer lors de ce match 5 et se retrouvent menés 3 – 2 face au Utah Jazz (6e) d’un Donovan Mitchell en mode patron depuis le début de la série. S’ils parviennent à renverser la tendance et passer en demi-finale de conférence, les Nuggets seraient la douzième équipes à remontre un déficit de 3 – 1 pour s’imposer dans une série de playoffs NBA.
Denver, pire défense des playoffs
Le sort de cette série aurait d’ailleurs déjà pu être scellé après quatre matches sans l’erreur de Donovan Mitchell, qui n’a pas passé la mi-terrain dans les huit secondes imparties en fin de Game 1. Et avant ce sursaut dans le Game 5, les Nuggets avaient perdu trois rencontres consécutives en encaissant des valises de points. Aussi improbable que cela puisse paraître, Denver possède la pire défense de ces playoffs 2020 avec 127,7 points encaissés sur cent possessions (même Dallas qui vient d’en prendre 154 fait mieux). Incompréhensible pour une équipe qui n’en accordait que 109 en saison régulière (11e de la ligue). Une différence qui ne peut s’expliquer uniquement par les absences de Gary Harris (qui pourrait revenir si la série se prolonge) et Will Barton (qui a quitté la bulle et ne reviendra pas de la confrontation).
Dans cette série, le Jazz tire à 51,3 % de réussite au global et à 44 % de loin. Le tout en l’absence de son meilleur sniper Bojan Bogdanovic, out pour le reste de la campagne de playoffs 2020. Une absence d’agressivité défensive sur les extérieurs associée au manque dissuasion à l’intérieur qu’exploitent parfaitement Utah et Donovan Mitchell.
Quin Snyder a choisi de cibler Michael Porter Jr en défense grâce à un système de double écran sur pick and roll qui perturbe le jeune ailier, comme on peut le voir sur cette vidéo de la chaîne Half Court Hoops.
Mike Malone, qui paraît à court d’idées, a sorti Michael Porter et Torrey Craig de son 5 à partir du quatrième match afin d’y intégrer Jerami Grant et Monte Morris, sans réel succès. Nikola Jokic n’est pas irréprochable non plus dans sa défense sur pick and roll et tarde bien souvent à monter sur le porteur de balle (quand il le fait), laissant les shooteurs d’Utah dans un fauteuil à distance (ce qui peut expliquer en partie les 44 % à trois points). Et lorsqu’il attend dans la raquette, le pivot serbe n’est pas l’intimidateur que peut être son opposant direct Rudy Gobert.
Et ce sursaut défensif en deuxième mi-temps du Game 5 (seulement 44 points accordés au Jazz) ne doit pas cacher les failles de Denver. Mike Malone devra vite y remédier, s’il le peut, car une élimination précoce mettrait à mal sa crédibilité. Les absences de deux titulaires n’excusent pas tout. Le coach de Denver, prolongé jusqu’en 2023 en décembre, semble bien à la peine dans son duel avec Quin Snyder.
Utah vers l’upset ?
Car du côté de Salt Lake City, on peut garder le sourire malgré cette dernière rencontre perdue en fin de match. La défaite frustrante lors du premier match aurait pu atteindre le moral des troupes mais Quin Snyder a su remobiliser ses joueurs qui ont enchaîné avec deux blow out (+ 19 et + 37 !). Après son Game 1 historique dans la défaite à 57 points, Donovan Mitchell a su impliquer davantage ses coéquipiers à l’image d’un Gobert à presque 18 points par match, d’un Mike Conley enfin bon et adroit avec le Jazz, des précieux Joe Ingles et Georges Niang ou de Jordan Clarkson, qui dispose de beaucoup de liberté offensive dans cette série. Surtout, l’arrière all-star (qui joue surtout à la mène dans cette série) a pris ses responsabilités lorsqu’il fallait creuser l’écart définitivement dans les matches 2 et 3 ou lors du money time du Game 4. Et c’est ce que l’on attend d’un franchise player.
Défensivement, le Jazz parvient à combler “l’absence” au rebond défensif de Gobert, souvent entraîné au large par Jokic, grâce à la bonne agressivité des O’Neale, Bradley ou même Juwan Morgan. Le Français, justement, qui, s’il se retrouve bien souvent à défendre loin de sa raquette, parvient à diminuer le rayonnement de Nikola Jokic sur son équipe. Le Serbe a de bonnes stats mais paraît moins influent et enregistre d’ailleurs moins de passes décisives qu’en saison régulière. Il faut, à chaque fois, un Jamal Murray incandescent pour que les Nuggets soient dans le match. En témoignent ses Game 1 (36 points à 6/9 à trois points), Game 4 (50 points à 9/15 de loin !) et Game 5 (42 points, 8 rebonds et 8 passes à 65 % de réussite). Mais lorsque ce dernier est bien tenu par la défense d’Utah et/ou maladroit, il n’y a pas de match.
Le Jazz réussit à limiter les autres joueurs du roster des Nuggets : Millsap est inexistant (8 points à 40 % au tir), Porter Jr peut faire la différence s’il parvient à régler ses carences défensives et… c’est à peu près tout. Mike Malone et son duo de leaders n’arrivent pas à impliquer offensivement les role players tels que Torrey Craig, Monte Morris ou PJ Dozier. Tout le contraire du Jazz.
Denver peut-il le faire ?
Oui ! On sait bien que la NBA, c’est “Where amazing happens”. Mais il faudra pour cela mettre les ingrédients des deux côtés du terrain. Retrouver l’agressivité défensive qui leur a permis d’empocher ce match 5 vital. Le retour de Gary Harris, référence défensive sur les lignes arrières, ferait du bien et permettrait (peut-être) de limiter Donovan Mitchell qui roule sur Denver depuis le début de la série : 37,6 points, 5,6 passes décisives et 4 rebonds, le tout à 56,3 % au tir, 51,4 % à trois points. Il faudra également plus qu’un nouveau gros match de Jamal Murray, bien épaulé par Jokic dans la Game 5, si les Nuggets veulent se débarrasser du Jazz et faire bonne figure dans ces playoffs 2020. Dans le cas contraire, Utah pourrait plier l’affaire, réaliser un upset inattendu en début de playoffs et atteindre les demies de conf.