Alors que la NBA vient d’ouvrir sa fameuse bulle de 22 équipes pour reprendre les joutes de fin de saison régulière, avant une nouvelle campagne de Playoffs pour 16 d’entre elles, les Wolves seront à nouveau mis à l’écart. Oui, même en élargissant le nombre de privilégiés ayant le droit de reprendre la compétition, Minnesota fait encore et toujours partie des cancres de la ligue.
A la place, les loups iront peut-être jouer un mini-tournoi avec les autres mauvais élèves, dans une bulle au fond de la classe, à Chicago. Pourtant, comme souvent depuis quelques années, la saison de Minnesota se devait d’être intéressante. Avec l’arrivée de Gersson Rosas aux commandes, la franchise avait opéré plusieurs manœuvres pour se relancer après le crash Jimmy Butler, dont l’équipe ne s’était pas relevée la saison dernière. Ryan Saunders s’est vu confiées les clés du coaching après son intérim plutôt prometteur, prenant la relève d’un Tom Thibodeau devenu persona non grata dans tout le Minnesota.
Au cours de l’intersaison, et déjà limités par leurs finances plus que délicates, les Wolves ont vu leur effectif renforcé du rookie et sixième choix de Draft, Jarrett Culver. Le management avait choisi de sacrifier un Dario Saric manifestement déprimé depuis son arrivée, pour monter dans la Draft et récupérer un ailier talentueux, mais dont le potentiel réel restait à déterminer. Au rayon des arrivées, les Wolves réussissaient à attirer Noah Vonleh, mais surtout à recruter Jake Layman dans un échange avec Portland. Tout de la bonne affaire pour ce qui est de l’ailier, les Timberwolves n’ayant lâché qu’une trade exception et les droits sur un joueur européen qui ne foulera certainement jamais les parquets NBA, le compatriote de Nikola Vucevic, Bojan Dubljevic. Pour l’anecdote, ce dernier vient de prolonger pour 3 saisons avec Valence. Minnesota complétait ensuite son roster avec les signatures de Jordan McLaughlin et Naz Reid, sur lesquels nous reviendrons, mais également avec le pari Jordan Bell pour étoffer une raquette orpheline du très apprécié Taj Gibson. On se rappelle également des signatures de Treveon Graham et Shabazz Napier, dans le cadre du sign-and-trade de Kevin Durant chez les Nets, en provenance des Warriors. Un mouvement qui envoyait un certain D’Angelo Russell à Golden State, alors qu’il était vraisemblablement très proche de signer à Minnesota.
C’est donc armé d’un effectif certes limité en talent et en expérience, mais avec une base intéressante que les Wolves attaquaient cette nouvelle saison. Bien sûr, les pronostics plaçaient Minnesota en ballotage défavorable dans une conférence Ouest toujours aussi dense. Mais les joueurs de Saunders se devaient d’être dans la lutte, bien loin du tanking. Un second souffle, comme je le titrais ici même lors de la preview dédiée aux Wolves, pour une franchise en dents de scie ces trois dernières saisons.
Limites profondes
Le souffle, les Timberwolves l’ont perdu rapidement. La saison débutait avec le sourire d’un effectif uni, d’une meute rapproché par un été passé à travailler ensemble. Une première depuis longtemps à Minny, preuve d’un changement de mentalité souhaité par le nouveau management. L’autre virage se situe au niveau de la tactique et des systèmes mis en place. Ryan Saunders souhaite moderniser le jeu des siens, appuyé par Rosas. On accélère le rythme, on court, et on prend plus de tirs à distance. D’ailleurs, les premiers matchs sont plus que satisfaisants, et Minny présente un bilan de 10-8 après deux victoires à Atlanta et San Antonio.
Le problème, c’est qu’il est difficile d’obtenir des résultats lorsque l’effectif ne comporte que des shooters médiocres, ou presque. Les Wolves comptent dans leurs rangs plusieurs joueurs parmi les pires shooters de la ligue, notamment sur les ailes. Les jeunes Culver et Okogie envoient des briques, pendant que Graham est moqué pour son désastre offensif permanent. Shabazz Napier, lui, doit jouer les pompiers de service, endossant un rôle trop important en l’absence de Teague.
Car si les Timberwolves affichent un effectif limité, ils jouent aussi de malchance en cette saison 2019-2020. Jake Layman, intéressant depuis ses débuts, voit sa saison stoppée après un mois seulement. Jeff Teague rate de nombreux matchs, et alors que les jeunes Andrew Wiggins et Karl-Anthony Towns n’ont presque jamais raté de matchs depuis leurs arrivées en NBA, les choses changent en ce début de saison. L’ailier doit s’absenter à plusieurs reprises, et a du mal à revenir après avoir été malade. D’ailleurs, les absences de Teague et son irrégularité dans les performances obligent Saunders à trouver de nouvelles solutions pour porter la balle. Wiggins est amené à occuper un rôle de first initiator, avec une certaine réussite. Plus agressif, le canadien est plus juste dans ses choix, et impacte l’attaque des Wolves. Ce n’est pas le jour et la nuit, mais il y a du mieux. Cependant, le collectif ne tourne pas, Robert Covington ne retrouve pas le niveau affiché avant sa longue blessure à l’épaule, pendant que Okogie peine à progresser, et même à confirmer.
Comme évoqué plus haut, la tactique mise en place ne correspond pas à l’effectif, et Minnesota affiche trop de lacunes : manque de création et de QI basket, défense aux abonnés absents, et surtout une maladresse au tir impardonnable. L’enthousiasme de l’été et du début de saison laisse de nouveau place aux inquiétudes et à la triste réalisé : les Timberwolves ne sont toujours pas taillés pour la lutte aux Playoffs. Les performances souvent titanesques de Towns ne suffisent pas, et le pivot peine à emmener son équipe derrière lui, souvent mal entouré. Pour achever les loups, leur Franchise Player finit même par traîner une blessure au poignet, qui l’éloigne des terrains indéfiniment. Il n’a jamais repris le chemin des parquets, et alors que les résultats chutaient déjà en sa présence, tout espoir disparaît pour Minnesota. Le tanking est à nouveau de mise : une vraie déception, mais pouvait-on attendre plus de cet effectif ? Certainement oui, même si une place en Playoffs semblait être une ambition trop élevée pour ces loups.
Alors que la pandémie a sonné le glas de la saison, les Wolves restent donc sur des performances insipides. Mais le management n’a pas attendu la fin de saison pour opérer de nouveaux changements.
Trust the Prosas ?
Je le titrais ici même en février, après le tremblement de terre opéré par Gersson Rosas lors de la trade deadline. Le “nouvel” homme fort des Wolves, arrivé il y a un an, a de nombreuses idées en tête. Que ce soit en termes de jeu, des profils de joueurs, du coaching staff, mais également de l’identité et des valeurs de la franchise, Rosas veut donner un nouvel élan au Wolves. En février, il décide alors de réaliser un grand ménage de l’effectif. Avec deux objectifs majeurs en tête : dénicher des profils plus adaptés aux systèmes, de la jeunesse en devenir, et se séparer de certains éléments aux contrats encombrants.
Si l’échantillon de matchs passés ces mouvements n’est pas suffisamment significatif, force est de constater que le pari de Rosas a tout d’une réussite. Le dirigeant est parvenu à se séparer des contrats de Teague (certes expirant) et Dieng, en récupérant James Johnson. L’ailier fort a bien une player option qu’il prendra certainement, mais il apporte un registre plus intéressant et son contrat est légèrement inférieur à celui du sénégalais. L’ancien de Miami est d’ailleurs rapidement devenu une mascotte chez les fans. Surtout, Rosas a mis fin au projet Wiggins-Towns, devenu complètement obsolète à Minnesota. Ce duo ne menait nulle part, et la franchise recentre donc son projet sur sa star. Le coup de maître de l’ancien vice-président des Rockets est bien sûr d’avoir obtenu D’Angelo Russell en échange de Wiggins, sans trop se dépouiller auprès des Warriors. Les Wolves ont du sacrifié leur tour de Draft 2021, mais il fallait mettre les moyens pour convaincre Golden State.
De tous ces transferts, en ajoutant celui impliquant Denver, ce sont de nombreux éléments intéressants qu’ont récupérés les Wolves. Outre D’Angelo Russell, Minnesota voit débarquer Omari Spellman, Jarred Vanderbilt, Juancho Hernangomez, mais surtout Malik Beasley. L’arrière est rapidement devenu le chouchou du Target Center par ses performances au scoring et sa combativité sur le parquet. Avec ce grand ménage d’hiver, Rosas a posé les nouvelles bases de son projet. Sa marge de manoeuvre était minime l’été dernier, et il faut reconnaître qu’il s’en est très bien sorti pour faire du neuf, avec pas grand chose entre les mains. Et maintenant, que va-t-il faire ?
Quelles questions ?
C’est quoi le projet ?
Depuis le départ de Jimmy Butler, la franchise a clairement mis les clés du camion dans les mains de Karl-Anthony Towns. En poussant Wiggins vers le départ, pour récupérer D’Angelo Russell, Minnesota décide donc de miser sur un axe meneur-pivot de talent qui faisait cruellement défaut à l’effectif. Les deux joueurs sont encore très jeunes, avec une marge de progression réelle, et ont déjà obtenu leur premières sélections au All-Star Game. Le profil de Jeff Teague n’a jamais collé avec le dominicain, alors que celui de l’ancien Laker semble bien plus adapté. Gros joueur de pick and roll (plus de 40% de ses possessions en carrière), il sera peut-être le partenaire tant attendu pour un Towns souvent mal utilisé.
Les possibilités de combinaisons entre les deux hommes semblent infinies, tant leur talent offensif est étendu. De son côté, Russell est un scoreur d’élite, dévastateur lorsqu’il s’agir de créer son propre tir depuis l’extérieur. Il privilégie nettement le shoot à trois points et le mi-distance, affichant une certaine difficulté à finir près du cercle. Il ne s’aventure d’ailleurs que peu dans la raquette, certainement conscient de ses limites, notamment physiques, pour finir au près. Avec Towns, il bénéficiera d’un partenaire idéal pour créer du danger dans n’importe quelle position. Les pick and roll entre les deux hommes devraient offrir d’innombrables possibilités, que ce soit avec Russell en tireur en profitant de l’écran, ou avec Towns qui s’écarte du cercle, ou qui roule vers le cercle. Si le pivot a déjà montré l’étendue de sa palette offensive, que l’on ne présente plus, il persiste une frustration à son égard. En effet, KAT a tendance à trop miser sur son adresse démentielle à 3pts, et donc s’écarter systématiquement de la raquette.
Il reste un pivot aux superbes qualités techniques, doublé d’un potentiel athlétique intéressant. Il doit se frotter plus souvent aux raquettes adverses, dans l’intérêt de ses coéquipiers notamment. En restant loin du cercle, il épargne aux défenses adverses une menace supplémentaire, et se rend plus facile à contenir. Par ailleurs, si l’adresse n’est pas au rendez-vous, les choses se compliquent logiquement pour Towns. Avec l’arrivée de son grand pote Russell, dont le style de jeu offensif semble parfaitement lui correspondre, c’est l’occasion pour le pivot de faire exploser sa palette offensive. On l’a également aperçu à plusieurs reprises, et l’on aurait surtout aimé le voir plus souvent avec Wiggins, mais KAT semble être un passeur intéressant pour son poste. Doté d’une bonne vision du jeu, il pourrait offrir à Russell les paniers faciles dont il a besoin près du cercle, en le faisant bénéficier du spacing qu’il génère.
Offensivement, cet axe DLo-KAT a donc tout pour tirer les Wolves vers le haut et faire de Minnesota un casse-tête à défendre la saison prochaine. D’autant que l’entente entre les deux hommes n’est plus à prouver, en dehors des parquets en tout cas. A eux de prouver que ce projet peut être le leur. Nous avons parlé d’attaque, mais qu’en est-il de l’aspect défensif ? Patience, nous y viendrons.
Dernière composante du projet Wolves qui semble être bien figée, le coach Ryan Saunders. Intronisé au poste de Head Coach après son intérim forcé suite au départ de Tom Thibodeau, l’enfant de la franchise s’est vu confié les rennes de l’effectif. Si son impact psychologique et sa gestion affective du vestiaire ne sont plus à démontrer, il a encore tout à prouver sur le plan tactique. Depuis un an et demi, il bénéficie d’excuses tout à fait naturelles : franchise en lambeaux après la saga Butler, marché estival limité, puis remaniement complet de l’effectif en février dernier. Nous verrons de quelles armes disposeront Saunders et son coaching staff pour la saison prochaine, mais cette échéance aura tout d’un test critique pour le fils du regretté Flip. Dernièrement, sa gestion de certaines rotations, mais surtout des fins de matchs ou des temps morts a été pointée du doigt. Si Minnesota veut franchir un palier, il faudra gagner les matchs disputés sur le fil, et le coach aura un rôle essentiel à jouer.
Quelles lacunes à combler ?
Selon les choix faits par le management cet été, notamment concernant les joueurs à re-signer, les Timberwolves semblent clairement renforcés sur le tir extérieur. Les présences de Russell et Malik Beasley apportent de solides garanties en la matière.
Le plus gros chantier des Wolves se situe bien évidemment en défense. Depuis longtemps déjà, cet aspect leur fait cruellement défaut, et l’effectif actuel n’est pas taillé pour y remédier. Deux postes doivent retenir l’attention du management et du coaching staff : l’arrière et l’ailier-fort. Russell est un défenseur médiocre, limité par ses capacités physiques et son investissement. Il faut donc un arrière solide pour compenser. Beasley peut s’affirmer comme un défenseur honnête, mais n’est pas promis à un avenir radieux sur ce plan. Très volontaire et hyperactif, il n’en reste pas moins indiscipliné et brouillon en défense. Le coaching staff parviendra peut-être à lui faire passer un cap, mais difficile de miser dessus. D’autant que nous ne savons encore si l’avenir de l’arrière s’inscrit dans le Minnesota.
Sur les ailes, la franchise semble fournie en défense, avec Okogie et Culver. Le premier s’est vite révélé comme un potentiel défenseur élite, déjà très solide pour son âge, quand le second a montré ses aptitudes de ce côté du terrain. La vraie problème réside donc dans la raquette, aux côtés de Towns. Souvent critiqué pour ses lacunes défensives – à juste titre – le pivot doit impérativement montrer de vrais progrès la saison prochaine. Oui, vous avez déjà lu cette phrase à maintes reprises, mais c’est un fait. La marge de manœuvre des Wolves étant limitée pour construire l’effectif autour de Russell et Towns, le dominicain est dans l’obligation de passer un cap en défense. S’il veut faire gagner l’équipe, il ne peut plus se contenter de performances offensives gargantuesques. Sur son poste, être un défenseur médiocre ne pardonne plus dans la NBA moderne.
Le choix de son partenaire dans la raquette sera donc essentiel. Pour faciliter la tâche de Towns, un profil d’ailier-fort traditionnel doit être privilégié. Impossible d’aligner un autre big à ses côtés, car cela forcerait des switchs entre les deux hommes pour défendre les intérieurs fuyants par exemple. Un rythme impossible à tenir pour KAT. Le profil idéal semble être un intérieur de taille moyenne, bon rebondeur mais surtout très mobile pour défendre en transition et switcher sur les ailes. Les Wolves ont montré d’énormes lacunes pour défendre en contre-attaques, par manque de mobilité et d’envie. Les errances défensives de Towns, qui souffrent souvent sur les coupes ligne de fond ou les changements côté faible du cercle, exigent ce type de profil mobile et donc athlétique.
Dernière lacune évidente chez les Wolves, le manque de leadership. Si Karl-Anthony Towns a pris ce rôle à bras le corps depuis quelques mois, notamment en dehors des parquets, il doit encore progresser pour tirer les siens vers le haut sur le terrain. Cela passera par ses progrès en défense, mais aussi par une meilleure gestion de son attitude en match. Il affiche toujours des difficultés à gérer sa frustration, lorsqu’il est dans un mauvais soir ou gêné par les fautes. S’il veut être considéré comme une superstar et un Franchise Player indiscutable, il devra prouver qu’il en mérite l’étiquette. L’absence de tauliers comme l’était par exemple un Taj Gibson est préjudiciable, et certains jeunes joueurs devront prendre les choses en mains. Josh Okogie, par ses actions extra-sportives, semble prendre ce chemin. La solution se trouve peut-être sur le marché des agents libres, avec des vétérans essentiels pour un vestiaire.
Comment entourer le duo Russell-KAT ?
Sur le plan offensif, nous l’avons vu, l’axe meneur-pivot aura la responsabilité de porter les Wolves. Les deux hommes génèrent un spacing conséquent, et la présence hypothétique de Malik Beasley renforce cet aspect. Pas d’inquiétude pour ce qui est du shot donc, en espérant que Josh Okogie affiche des progrès dans le domaine. Il faisait encore partie des mauvais élèves de la ligue la saison dernière depuis le parking, et doit s’affirmer comme un solide tireur en catch-and-shoot. Concernant le poste 4, le spacing permet d’envisager un profil de joueur capable d’aller finir au cercle, et de maintenir une menace dans la raquette. Les mouvements de KAT, avec une forte tendance à s’écarter, nécessitent la présence d’un intérieur maintenant une pression vers le cercle.
Comme évoqué, les limites du cinq de départ rendent primordiale la présence de forts défenseurs. Josh Okogie a tout du candidat idéal sur les ailes, étant déjà un membre important de la rotation. Nous l’avons déjà dit, le poste d’ailier-fort sera donc déterminant pour combler les lacunes de Towns et s’adapter à son profil. Dans ce cas, difficile d’imaginer Hernangomez à une place de titulaire, si tenté qu’il soit conservé cet été. En revanche, James Johnson prendra certainement sa player option à 15.8M$. Son profil reste intéressant par rapport au besoin des Wolves, mais il n’est pas la perle rare recherché sur le poste. Combatif, polyvalent, il est un bon role player mais ne permettra de passer un cap. Reste à connaître la position de la franchise sur ce poste.
Quels profils pour renforcer l’équipe, et comment ?
A la lumière des éléments cités précédemment, et au vu de la situation financière des Wolves, conserver Malik Beasley semble être une priorité, et inévitable pour Minnesota. Bien sûr, cela dépendra du prix demandé par l’arrière, qui fera sans doute monter les enchères grâce à ses performances récentes. Déjà performant du côté de Denver, il avait refusé une offre de 30M de dollars sur 3 ans. Si les Wolves parviennent à le signer pour un maximum de 17M de dollars par saison, ce serait une bonne opération.
Si les manques dans l’effectif sont encore conséquents, les Wolves disposent d’une marge de manœuvre relativement serrée. La plus grande force de la franchise est de posséder deux tours de Draft élevés pour la prochaine édition. Minnesota est en position d’obtenir le 3ème choix après sa saison médiocre, même si la franchise a toujours défié les probabilités – seule équipe n’étant jamais “montée” à la lottery. Les Wolves devraient également bénéficier du choix des Nets, à la 16ème place. Seule possibilité de voir ce pick échapper à Minny : que les Nets aient 4 victoires ou moins d’avance sur les Wizards au terme de la saison régulière qui va s’achever. Un scénario très peu probable, Washington ayant 6 victoires de retard sur Brooklyn, avec 8 matchs à jouer.
Reste donc à savoir ce que feront les Wolves avec ces deux picks. On connait l’agressivité de Gersson Rosas, toujours à l’affût de la moindre opportunité sur le marché. Il est donc que la franchise envisage toutes les possibilités, selon les situations. Dans la théorie, la règle Stepien interdit à une équipe de céder deux tours de Draft deux années consécutives, et de se priver de tout first round. Le pick des Nets peut être échangé en amont, mais pas celui des Wolves. En revanche, Minnesota peut tout à fait contourner le problème en se mettant d’accord avec une équipe pour décider du joueur à drafter pour elle, avant de valider un échange (dans lequel le salaire du rookie doit être pris en compte).
Dès lors, le champ des possibles est ouvert pour Gersson Rosas, qui testera sans doute les diverses opportunités. Nous l’avons vu avec Houston, il est issu d’une école qui a tendance à utiliser les trades (Westbrook, Paul, Harden) pour renforcer l’effectif, plutôt que la Free Agency. Reste à savoir quels seront les profils disponibles sur le marché, avec des finances limitées pour Minnesota. D’autant qu’avec la saison bouleversée et la crise sanitaire, le marché NBA se retrouve perturbé, et le salary cap devrait s’en ressentir.
Plusieurs options s’offriront alors aux Wolves :
- utiliser les choix de Draft pour récupérer des jeunes à potentiel ou déjà prêts pour la NBA. Le profil de Onyeka Okongwu peut attirer l’attention, car il semble correspondre aux critères requis pour le poste 4 aux côtés de Towns. En revanche, le joueur est attendu plus bas dans le Top 10, et si Minnesota obtient un choix élevé comme espéré, un échange devrait être envisagé pour descendre dans la Draft et récupérer un petit bonus. Cette option, ou la récupération d’un autre ailier-fort par un échange ou par la Free Agency conditionnerait peut-être un départ de Juancho Hernangomez. Si son profil est intéressant, il reste un joueur limité. Il sait à peu près tout faire, mais n’excelle nulle part. Un bon joueur de banc, certes, mais quid de James Johnson dans ce cas ? Les Wolves peuvent-ils se permettre de le maintenir dans le cinq, ou doivent-ils chercher une option plus solide.
- utiliser ces choix pour monter un trade : là encore, difficile d’imaginer ce que Minnesota pourrait récupérer sur le marché actuel. Du vétéran ou un joueur dans son prime, mais à quel prix ? Personne dans les critères requis ne semble disponible. Le fantasme Devin Booker a repris du poil de la bête avec l’arrivée de Russell, pour compléter un big three de potes avec Towns. Cependant, on ne voit pas comment ni pourquoi Phoenix accepterait un deal autour de sa star, et les Wolves ne semblent pas avoir suffisamment d’assets pour proposer quelque chose d’impossible à refuser.
Les options sont multiples, mais la réalité du marché risque d’être compliquée, entre finances amoindries, contexte particulier et manque de joueurs disponibles. Rosas devra redoubler de malice pour bâtir un effectif aux bases prometteuses. De nombreux cas sont à régler, à commencer par les resignatures de Malik Beasley et éventuellement Juancho Hernangomez. A quel prix, et pour quels rôles ? Si le premier prétendra à une place de titulaire, le second ne semble pas le pouvoir. Sachant que l’effectif comporte un certain Jarred Vanderbilt, qui n’a pas encore eu une vraie chance de se montrer. A titre personnel, je serais très curieux de tester ce joueur, dont le profil semble bien correspondre au besoin sur le poste 4. Athlétique, mobile, bon finisseur dans la raquette, l’ancien de Denver aura peut-être une carte à jouer. Très jeune et au contrat garanti, il peut représenter une pépite dont les Wolves disposent déjà.
Pour la franchise, l’essentiel est de poursuivre le projet en adéquation avec les profils de KAT et Russell, tout en respectant la timeline des deux joueurs. Ils ont 24 ans, et des contrats longs (3 et 4 ans) permettant de développer le projet sereinement. Rosas et le management ont du pain dans la planche, et nous surveillerons de près les premiers mouvements de la franchise. Avec pour ambition de retrouver les Playoffs dès la saison prochaine, une tâche qui s’annonce difficile.