Depuis 1946 et la création de la National Basketball Association, quelque cinq mille joueurs ont foulé les parquets de la Grande Ligue. Certains d’entre eux ont laissé une empreinte indélébile qui ne sera jamais oubliée. D’autres sont restés bien plus anonymes. Entre les deux ? Des centaines de joueurs, qui ont tour à tour affiché un niveau de jeu exceptionnel, mais dont on oublie bien souvent la carrière.
Dès lors, @BenjaminForant et @Schoepfer68 ont décidé de dresser – littéralement – le portrait de certains de ces acteurs méconnus ou sous-estimés. Au total, ce sont 60 articles qui vous seront proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010. Pour chaque saison, un joueur a été sélectionné comme étendard, parfois en raison d’une saison particulièrement réussie, d’une rencontre extraordinaire ou encore d’une action historique …
Chaque portrait s’inscrira dans une volonté, celle de traverser l’Histoire de la NBA de manière cohérente. Ainsi, ces portraits (hebdomadaires) seront publiés dans un ordre précis : un meneur, un arrière, un ailier, un ailier-fort, un pivot. Au bout de cinq semaines, c’est donc un cinq majeur qui sera constitué. Les plus matheux d’entre vous l’aurons compris : au final, ce seront douze équipes, toutes composées de joueurs ayant évolué au cours de décennies distinctes, qui auront été composées.
A vous de déterminer lequel de ces cinq majeurs sera le plus fort, le plus complémentaire, le plus dynastique.
Vous trouverez en fin d’article les liens vous permettant de (re)consulter les articles précédents.
La jaquette
Pour chaque article, @t7gfx vous proposera ses créations. Vous y retrouverez une illustration du joueur présenté (en tête d’article) ainsi une présentation de chaque cinq majeur projeté (chacun avec une identité visuelle propre).
Le synopsis
Après plusieurs mois de rédactions, nous voici à la fin du premier tiers de cette série du Magnéto. En ajoutant celui-ci, vingt épisodes ont été rédigés, sur des joueurs tous plus intéressants et intriguants les uns que les autres. Celui d’aujourd’hui ne déroge pas à la règle.
En effet, Jack Wayne Sikma est l’un de ceux qui était trop fort pour être anonyme, mais à qui il manquait un petit quelque chose pour devenir réellement une légende du jeu.
Pivot de 105kg pour 211 centimètres, le grand blond (qui sera surnommé “Goldilocks” pour ce trait physique plus tard) était réputé dans la Ligue entière pour ses capacités techniques au-dessus de la moyenne, surtout pour un joueur de ses dimensions.
Né le 14 novembre 1955 dans l’Illinois, Sikma commença son ascension dans le milieu du basket à la Saint Anne High School, au poste de…meneur. Oui, pendant les trois premières années de son cursus lycéen, Jack remontait la balle, mettait en place les systèmes, et développa ainsi les qualités qui feront sa réputation, bien plus tard, dans la Grande Ligue. Suite à une croissance fulgurante, le joueur fût déplacé de postes en postes pour finir dans la raquette. Ce changement soudain de physique ne l’empêcha pas dominer autant que lorsqu’il était guard, et il continuera toute sa carrière a distribuer passes sur passes. En effet, Boucles d’or sera l’un des meilleurs pivots passeurs de sa génération.
Ses performances en High School lui ouvrent les portes de nombreuses universités. Il décide néanmoins de rester dans son état natal et rejoint l’Illinois Wesleyan University. Un choix notamment motivé par le gros temps de jeu qu’il pourrait avoir. Et avec du recul, on peut dire qu’il rentabilisera la moindre minutes passée sur le parquet, tant il dominera sa division. Il sera nommé 3 fois Most Outstanding Player de la College Conference of Illinois and Wisconsin, et tournera notamment lors de sa saison senior en 27 points – 15,4 rebonds.
Sa carrière sportive semble donc débuter sur les chapeaux de roues. Jack Sikma lie parfaitement les plans physique et technique. En y ajoutant un cerveau bien fourni (il obtint un diplôme de comptabilité), nous avons devant nous yeux un joueur plus que capable de peser lourd en NBA.
Action !
“Goldilocks” se présente donc à la draft 1977 avec pour objectif d’être choisi en tête de peloton. Il sera sélectionné en huitième position par les Supersonics de Seattle, juste derrière Bernard King.
Il est naturel de penser que lorsqu’une équipe possède un choix dans le top 10, il y a de grandes probabilités que sa dynamique soit mauvaise. Pourtant, si la saison précédente ne peut pas être qualifiée de réussite, elle était loin d’être catastrophique : 40 victoire, 42 défaites. Quand la saison 1977 – 1978 débute donc, les Sonics reviennent armés de certaines certitudes.
En effet, ils possèdent déjà dans leurs rangs certains joueurs de qualité : on peut notamment nommer Fred Brown, guard tournant à plus de 17 points de moyenne lors de l’exercice précédent ou encore Dennis Johnson, qui réalisa une saison rookie correcte pour un second tour de draft.
En plus de Jack Sikma, Seattle réussira à récupérer Gus Williams lors de cette intersaison. L’ajout de Martin Webster, encore simple role player de fond de banc quelques semaines auparavant chez les Nuggets conclura le bel été du front office.
Le pivot débutera sa carrière NBA le 19 octobre 1977, lors d’une large défaite face aux Warriors. Il y inscrira ses 6 premiers points et gobera ses 5 premiers rebonds. Bien d’autres suivront, dans l’une et l’autre des catégories.
Comme énormément de joueurs, son début de saison est assez compliqué. Mais contrairement à de nombreux autres, qui subissent le rookie wall après un début de saison correct, Jack trouve petit à petit son rythme et réalise une seconde partie d’exercice de qualité.
Le 9 décembre 1977, il dépassera pour la première fois de sa carrière la barre symbolique des 20 points (24 points inscrits dans une victoire face aux Bucks). Au milieu de ces performances, qui oscillent entre le match intéressant et le match compliqué, le pivot réussira certaines autres rencontres de très bonne facture :
- 22 décembre 1977 vs Boston : 21 points, 16 rebonds dans une victoire (+33),
- 17 janvier 1978 @ San Antonio : 26 points dans une défaite (-6),
- 24 mars 1978 vs Indiana : 28 points à 63% au tir, 10 rebonds et 5 passes dans une victoire (+2).
Comme précisé quelques lignes auparavant, il finira la saison de fort belle manière. En effet, sur les treize dernières rencontres de la saison, il ne descendra pas sous les 10 points et tournera à plus de 15 points de moyenne. Ce qui, sur l’ensemble des 82 rencontres de saison régulière, nous mène à des moyennes honorables : 10,7 points – 8,1 rebonds.
Cette fin d’exercice lui permit d’obtenir une place dans la All NBA Rookie Team. Mais autre chose lui a permit d’intégrer cette équipe : le bilan collectif de Seattle.
Nous l’avons dit, les Sonics restaient sur une saison mi-figue, mi-raisin. Il n’en sera rien cette année-ci, qui verra la franchise renouer avec les playoffs, en terminant 4è de la conférence Ouest, leur permettant d’avoir l’avantage du terrain lors du premier tour face aux Lakers.
Lorsque l’on évoque les Lakers de ces années-ci, on pense immédiatement à Kareem Abdul-Jabbar. Voici donc le tableau : le premier adversaire direct de Jack Sikma en playoffs fût nul autre que le meilleur pivot et et le meilleur scoreur que la NBA connu. Il y aurait de quoi en intimider plus d’un.
La peur semble toutefois étrangère au grand pivot blond. Même s’il prend l’eau défensivement (qui lui jetterait la pierre ?), il répond présent de l’autre côté du parquet en inscrivant 13,18 et 24 points sur les 3 rencontres de la série. Et à la fin, c’est Seattle qui s’en sort.
Les Sonics éliminent donc les Lakers et rejoignent les Blazers de Bill Walton en demi-finales de conférence. Après s’être frotté au meilleur joueur de la décennie, Sikma est désormais confronté au MVP en titre, dont la domination à la fin des années 1970 n’a que peu d’égale. Néanmoins, après deux rencontres (le score était alors de 1-1), Walton se blessera et ratera la fin de la série. Cette blessure constitue un véritable tournant ; même s’il n’est pas aussi important que face à Los Angeles, Sikma pèsera sur le game 4 (28 points – 10 rebonds), permettant aux Sonics de mener 3-1.
Seattle se qualifiera pour ses premières finales de conférence (4 – 2). Cette fois-ci, ce sont les Nuggets de Denver qui ne firent pas le poids. Comme toujours, le pivot alterne le bon et les rencontres plus compliquées.
Il est indéniable qu’accéder aux finales NBA dès sa saison rookie permet aux jeunes joueurs d’engranger énormément d’expérience(s). Ce n’est pas Magic Johnson qui nous contredira. Pour Sikma, l’apprentissage est donc passé par trois rencontres face à Abdul-Jabbar, et deux contre Bill Walton. Ces finales, disputées face aux Bullets, lui offriront l’occasion de se coltiner Elvin Hayes et Wes Unseld. Sur cette campagne de post-season, le géant blond aura donc défié l’immense majorité des pivots dominants de l’époque. Avec, on l’a dit, un succès collectif, et des prestations individuelles parfois décisives.
Malheureusement, cette fois-ci, il ne fera pas le poids face à la raquette extraordinaire des Bullets. Il ne sera néanmoins pas ridicule. Sur les sept rencontres de ces finales très disputées, il scorera deux fois plus de 20 points sur la truffe d’Unseld.
Malgré ces belles performances, les Sonics s’inclineront et laisseront les Bullets rentrer à DC avec le trophée.
Comme vous pouvez le voir, il ne manquait finalement pas grand chose pour que la première saison de Sikma ressemble à un long rêve. Alors qu’il s’apprête à débuter sa saison sophomore, les Sonics se positionnent comme de véritables outsiders pour la conquête du titre. Et la saison régulière est un bon moyen de juger les forces en présence.
Le début de saison du numéro 43 jaune et vert est de nouveau assez compliqué : 7 points de moyenne sur les 6 premières rencontres. Très rapidement toutefois, il trouve un rythme de croisière et ne descendra que très rarement sous la barre des 15 points. Il enchaînera même les rencontres à plus de 20 points scorés, ce qui constitue un apport non négligeable pour un sophomore. Il portera même, le 1er janvier 1979, son record en carrière au scoring à 30 points dans une victoire face aux Nets du New Jersey.
Vous l’aurez compris, la saison 1978 – 1979 individuelle de Sikma est vraiment bonne. Il finira sa saison avec un énorme double-double de moyenne (15 points – 12,4 rebonds). La prestation n’est d’ailleurs pas commune, pour un sophomore. Sikma n’est ainsi que le 24è joueur de l’Histoire à terminer sa seconde saison avec au moins 15 points et 12 rebonds. Depuis, en 41 saisons, seuls 7 sophomores sont parvenus à réaliser la performance, avec, dans le lot, quelques joueurs d’exception : Charles Barkley, David Robinson, Shaquille O’Neal … Alors, certes, Sikma est le “plus mauvais” scoreur de ce groupe de 31 joueurs … Mais personne ne lui enlèvera qu’il en est membre.
Plus important encore que ses statistiques individuelles, il aidera grandement sa franchise à se hisser tout en haut de sa conférence. Les Sonics terminent ainsi premier de l’Ouest. Cette excellente prestation permettra au pivot d’accompagner Dennis Johnson au All Star Game pour la première fois de sa carrière.
Ce seed #1 obtenu permet à Seattle d’être exempt de first round. On les retrouve donc en demi-finales de conférence, de nouveau face aux Lakers. Comme la saison précédente, la franchise de l’État du Washington envoie les angelinos en vacances. Sikma réalise une bonne série, dans une position de troisième option offensive (13,2 points- 9,8 rebonds – 4,5 passes).
Les finales de conférence face aux Suns seront plus compliquées. Cette série ira jusqu’au game 7. Une rencontre décisive au cours de laquelle Boucle d’Or décida de sortir de sa boite, avec un énorme 33 points – 11 rebonds. Le petit n’a pas froid aux yeux.
Retour donc en NBA Finals pour les Supersonics, qui font à nouveau face aux joueurs de la capitale, les Bullets.
Mais cette fois-ci, la raquette (vieillissante) de Washington ne fera pas le poids. 5 rencontres, 4 victoires pour Seattle et un premier titre de champion. Sikma dominera même sa match-up en imprimant un gros double-double sur la tête de l’armoire des Bullets (15,3 points – 14,8 rebonds de moyenne).
Le grand blond est sophomore et est déjà champion NBA, en étant un élément plus qu’important de la réussite de sa franchise. L’avenir, lui, semble radieux.
L’exercice suivant (1979-1980) ressemble grandement au précédent pour Jack : une bonne régulière que ce soit individuellement (14,3 points -11,1 rebonds – 3,4 passes) ou collectivement (troisième bilan de sa conférence) et une sélection au All Star Game. Les Sonics éliminent coup sur coup les Blazers et les Bucks pour se retrouver en finales de conférence face aux pourpres et or de Los Angeles.
Si vous suivez ardemment la NBA, vous devez déjà savoir qu’en cette année 1980, Abdul-Jabbar n’est plus l’unique franchise player des Lakers. Il fut ainsi rejoint par Magic Johnson, que nous avons déjà cité. C’est d’ailleurs celui-ci qui sera nommé MVP des finales de cette édition. On comprend donc ici que Seattle n’accédera pas aux finales pour une troisième saison consécutive, le one-to-punch Abdul-Jabbar / Johnson étant bien trop fort.
Cette défaite est le début de la fin pour le roster des Sonics. Dennis Johnson rejoindra Phoenix et Gus Williams prendra une saison blanche. Pour la première fois de la carrière de Sikma, les Sonics n’atteindront pas la post-season.
Néanmoins, le pivot répondit aux attentes. Alors que toutes les grosses têtes d’affiches quittent le navire, il augmente considérablement sa ligne statistique pour combler les manques. Entre la saison 1979-1980 et 1980-1981, il passe de 14,3 points inscrits à 18,7. Il prend cependant un tout petit moins de rebonds (11,1 contre 10,4). Ces rencontres fournies statistiquement lui permettront de décrocher une 3è étoile consécutive.
Mais comme annoncé quelques lignes plus haut, la saison n’est pas bonne collectivement et Seattle ne remportera que 34 matchs. Il souhaite donc mieux faire l’exercice suivant. Et il le fera.
Malgré le retour de Gus Williams dans l’effectif, Sikma va exploser ses standards pour proposer sa meilleure saison individuelle en carrière : 19,6 points, 12,7 rebonds et 3,4 passes décisives par match. Il proposera même certaines rencontres sensationnelles :
- 13 novembre 1981 vs San Antonio : 39 points, 14 rebonds et 4 passes dans une défaite (-7),
- 22 janvier 1982 @ Boston : 11 points, 14 rebonds, 10 passes décisives dans une victoire (+12),
- 23 janvier 1982 @ Philadelphie (Back-to-Back) : 23 points, 18 rebonds, 9 passes, 4 contres dans une défaite (-13),
- 28 février 1982 vs Phoenix : 33 points, 13 rebonds et 3 contres dans une défaite (-5),
- 06 avril 1982 vs Phoenix : 24 points, 21 rebonds et 4 passes dans une victoire (+11).
Cette grande saison individuelle sera cette fois-ci accompagnée de bons résultats collectifs. Les locataires du King County Domed Stadium remporteront 52 victoires, et décrocheront la seconde place de la division Pacifique. Ces performances permettront à Goldilocks d’être nommé dans la Second All NBA Défensive Team.
Malheureusement, l’effectif n’est pas taillé pour les joutes printanières. Après s’être débarrassés des Rockets de Moses Malone grâce à un énorme game 3 de Sikma (30 points – 17 rebonds), les Sonics tomberont face aux Spurs de George Gervin, qui n’en feront qu’une bouchée. Jack tournera à plus de 20 points de moyenne, en vain.
A la vue de roster, nous pouvons nous demander quel est le véritable plafond collectif de cette franchise de Seattle. En effet, à l’instar de nombreuses équipes, la peur d’être régulièrement dans le ventre mou de la Ligue se fait sentir. Une équipe peut-elle être bâtie autour de Jack Sikma ?
L’exercice 1982 – 1983 est donc intéressant à bien des égards, tant collectivement qu’individuellement. il est donc grand tant de se pencher dessus en détail.
L’oscar de la saison 1982 – 1983
A l’aube de la saison 1982 – 1983, l’effectif de Seattle n’a pas beaucoup changé par rapport à l’exercice précédent, à une exception près. En effet, la franchise a réussit a attirer dans ses filets David Thompson, le légendaire extérieur des Nuggets. Sur le papier, le trio Sikma-Thompson-Williams peut faire des dégâts. Mais qu’en est-t-il dans les faits ?
Avant de découvrir la réponse, faisons un rapide retour sur les forces en présence à l’Ouest en ce début des 80’s. Dans la même division que les Sonics (pacifique), les Lakers semblent toujours hors de portée. Derrière eux, les Sonics, les Suns de Larry Nance et les Blazers de Calvin Natt semblent les mieux armés pour accrocher une place en post-season.
Dans l’autre division, les Spurs de Gervin, les Nuggets d’English et les Kings de Drew semblent eux aussi en position de force. En un mot comme en mille : l’Ouest ressemblait à une jungle sans foi ni loi.
Sikma a 27 ans. Il est depuis deux saison en plein prime, et Seattle le sait. En effet, lors de cette saison, il sera le second joueur le plus utilisé de son équipe avec 35,2 minutes passées sur le parquet juste derrière Williams. Et comme à son habitude, il répondra présent.
Dès le début de la saison, Goldilocks fait sentir qu’il souhaite regoûter aux combats féroces de fin mai et de juin. Au sein d’un rouleau compresseur qui remporte ses 12 premiers matchs de la saison, il impose inlassablement ses double-double virils (17,8 points – 10,8 rebonds sur cette période). Le trio semble parfaitement fonctionner (21,1 points pour Thompson sur la série et 19,1 points pour Gus), et les roles player qu’étaient Lonny Shelton et Danny Vranes remplissaient parfaitement leurs missions respectives.
A la suite de ce début de saison rocambolesque, les Sonics perdent peu à peu de la vitesse. Sur les 10 rencontres suivantes, ils en remporteront que 4. Cela coïncide, et ce n’est pas un hasard, avec la baisse de forme de son pivot phare.
Mais les hommes de Lenny Wilkens retrouvent rapidement le droit chemin : 5 victoires consécutives, dont une face aux Blazers, concurrents directs pour les playoffs. Sikma retrouve du poil de la bête et réalise de nombreuses bonnes performances, dont un énorme 26 points – 25 rebonds face aux Kings de Kansas City, le 17 décembre 1982.
La saison des Sonics sera faite de séries : 4 défaites en 5 rencontres par ci, 5 victoires consécutives par là.
Nous voici alors fin janvier 1983. Sur une période d’une dizaine de rencontres, Sikma va (encore) élever son niveau afin de composter un nouveau ticket pour le All Star Weekend, mais également de maintenir Seattle à flot. En effet, le bilan s’est largement équilibré depuis le début d’exercice canon (24 victoires – 18 défaites au 22 janvier 1983).
Entre le 23 janvier et le All Star Break 1983, le pivot tournera en 23,2 points, 14,8 rebonds et 3,8 passes décisives dont un match de mastodonte face au Jazz le 10 février : 31 points et 25 rebonds. Malheureusement, les Sonics sont toujours dans le dur et ne remporteront que quatre victoires sur les 10 rencontres disputées durant ce laps de temps. Bien que dominant des deux côtés du terrain, Boucle d’Or ne parvient plus à combler les lacunes de son équipe.
A la suite du match des étoiles, et ce jusqu’à la fin de la saison régulière, Sikma accusera le coup. Il réalise encore quelques grosses performances comme ces deux rencontres consécutives à 29 et 30 points les 11 et 13 mars, mais beaucoup de ses matchs se terminent entre les 14 et 19 points. Les Sonics, quant à eux, réussissent de nouveau à enchaîner les victoires pour se repositionner derrière les Lakers et les Suns dans la course aux playoffs dans la division pacifique.
Le dernier coup d’accélérateur sera envoyé entre fin mars et mi avril. Sous le leadership (encore et toujours) du pivot blond, Seattle enchaînera huit victoires consécutives pour conserver sa place de troisième de conférence. Le numéro 43 tournera en 23 ponts – 10,5 rebonds sur cette série.
Lorsque la régulière prit fin, Thompson et les siens peuvent être satisfaits ; ils décrochent effectivement, et finalement, une belle troisième place, juste derrière les franchises or et pourpre de Californie et violette et orange de l’Arizona. En plus de Sikma qui terminera la saison avec de belles statistiques (18,2 – 11,4 – 3,1), Williams et Thompson sont également étoilés. Avec une telle armada, les Sonics peuvent aborder sereinement la post-season.
Mais, comme souvent en NBA, tout ne se passe pas comme prévu.
Le premier tour est disputé face aux Blazers. Le premier qui glanera deux victoires passera en demi-finales de conférence pour y affronter les ogres de Los Angeles. Et il ne faudra effectivement que deux rencontres pour que l’une des deux équipes valident son billet pour la suite de la compétition.
C’est ainsi que Portland brisera les rêves de retour au plus haut niveau des Sonics. Malgré un premier match de superbe facture (23 points – 15 rebonds – 7 passes), Sikma passera totalement à coté de son game 2, ce qui anéantira les espoirs de la cité émeraude.
Les Sonics se retrouvent donc dès le 22 avril en vacances, ce qui est beaucoup trop tôt à leurs gouts. Ils sentent bien qu’une grosse occasion de s’approcher du titre vient de leur filer entre les doigts. Mais Jack Sikma doit rester concentrer. Il approche de la trentaine, sent qu’il a encore quelques années pour accomplir quelque chose de grand, de fort. Oui, il a encore quelques années pour décrocher une seconde bague.
Le générique de fin
Sikma jouera encore trois saisons sous les couleurs de Seattle, et les trois exercices seront très sérieux sur le plan individuel. Néanmoins, d’un point de vue collectif, la fin de parcours commun entre le pivot et la franchise laisse à désirer.
En effet, la saison 1983 – 1984 verra Boucles d’or apparaitre pour la dernière fois en post-season avec le maillot de sa ville. Avant ces dernières joutes printanières, la régulière avait déjà été excellente. En tournant à 19,1 points de moyenne, en attrapant 11,1 rebonds et en distribuant 4 passes décisives par match, Sikma réalise alors l’une de ses meilleures saisons en carrière. Voici quelque une de ses meilleures prestations :
- 28 octobre 1983 vs Golden State (match d’ouverture de la saison) : 32 points, 13 rebonds, 6 passes et 2 blocks dans une défaite (-1)
- 11 décembre 1983 vs Detroit : 35 points, 14 rebonds et une passe dans une victoire (+4).
- 05 février 1984 vs Dallas : 32 points, 19 rebonds, 4 passes décisives, 2 contres et 2 interceptions dans une victoire (+8)
- 14 février 1984 @ Golden State : 21 points, 16 rebonds et 10 passes dans une défaite (-3)
- 08 avril 1984 vs Houston : 29 points, 20 rebonds, 4 passes et 3 contres dans une victoire (+13)
Toutes ces grosses performances n’amèneront malheureusement pas très loin les Sonics. Ils termineront troisième de leur division, derrière Portland et les Lakers. Comme précisé précédemment, ils arriveront en playoffs avec un bilan légèrement positif (42 victoires – 40 défaites). Cependant, les Mavericks de Blackman et Aguirre ne les laisseront même pas accéder au second tour. Malgré une excellente série de Sikma (22 points – 10,2 rebonds), Seattle s’incline 3-2.
Cette saison 1983 – 1984 sera le début de la fin pour le pivot. Après celle-ci, chaque exercice verra sa moyenne de points se réduire (à une exception près).
Les deux régulières suivantes donneront sensiblement le même résultat : des moyennes en légère baisse (18,5 – 10,6 – 4,2 en 84-85, puis 17,2 – 9,4 – 3,8 en 85-86), un bilan collectif vraiment décevant (31 victoires pour 51 défaites les deux saisons), et une frustration qui commence à monter du côté de Jack. Le numéro 43 voit que son parcours professionnel s’approche de la fin, et le finir dans une équipe au sein d’une franchise en reconstruction l’enchante guère.
Le premier juillet 1986, Sikma est tradé. Il rejoint les Bucks de Milwaukee en échange de deux premiers tour de draft et de Alton Lister.
La première saison au sein de sa nouvelle franchise n’est pas une franche réussite d’un point de vue individuel. Le pivot a du mal a trouvé sa place entre Sidney Moncrief, Terry Cummings et Ricky Pierce. Il terminera la saison en 12,7 – 10, ses pires moyennes depuis sa saison rookie. Mais il retournera en postseason comme il le souhaitait.
Sur cette campagne, en bon vétéran, Sikma augmenta son niveau de jeu. Il inscrit plus de 16 points et récoltera plus de 10 rebonds de moyenne sur les deux tours disputés. Après avoir considérablement contribué à l’élimination des Sixers de Barkley en proposant un game 5 de haute volée (18 points – 21 rebonds), il ne pourra rien faire face aux Celtics. Milwaukee poussera néanmoins les hommes de Bird dans leurs derniers retranchements, et s’inclineront lors d’un game 7 décisif.
1987 – 1988 sera être le baroud d’honneur de Goldilocks. Même s’il continuera à jouer jusqu’en 1991 en ne descendant jamais sous les 10 points de moyenne par match, cet exercice 87-88 sera son dernier au dessus de la barre de la quinzaine. Il réalisera notamment son dernier gros carton : 35 points, 7 rebonds et 3 passes dans une victoire face aux Blazers le 11 décembre 1987.
Mais comme la saison précédente, les Bucks n’arrivent pas à jouer les premiers rôles au sein de cette conférence East assez relevée. Ils disparaitront dès le premier tour face aux Hawks de Wilkins.
Les trois derniers exercices professionnels de Sikma auront tous la même forme : des moyennes de minutes, de points et de rebonds qui diminuent, un bilan collectif correct sans être exceptionnel et une élimination prématurée en post-season ( deux éliminations au premier tour et une au second).
Jack prendra sa retraite sportive durant l’été 1991, après une nouvelle défaite au first round face à Philadelphie. Ayant tout de même passé 14 saisons au sein de l’élite du basket mondial, sa longévité mérite d’être soulignée. Et son palmarès, néanmoins assez maigre, aussi :
- 2 fois élu joueur de la semaine en 1982 et 1984
- 7 All Star Game en 1979,1980,1981,1982,1983,1984,1985
- Nominé au sein de la All NBA Rookie Team en 1978
- Nominé au sein de la Second All NBA Défensive Team en 1982
- 31ème meilleur rebondeur de l’histoire
- Champion NBA en 1979
- Maillot retiré aux Sonics
- Intégré au Hall of Fame en 2019
Sikma était un excellent tacticien. Son Qi Basket étant très développé, il décida de mettre à contribution son cerveau même après la fin de sa carrière. Entre 2003 et 2014, il deviendra assistant coach des Sonics, Rockets puis des Wolves afin d’apporter tout son savoir aux différents intérieurs en place dans les effectifs.
Comme vous avez pu le comprendre tout au long de cet article, Jack Sikma était un excellent joueur. Néanmoins, comme nombre de joueurs évoqués depuis le début de cette série, il n’a pas eu le rayonnement de grands pivots, pour des raisons plus ou moins valable. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le pivot aux doigts de velours aura régalé le temps de son passage dans la grande ligue. Entre passes décisives, shoot mi-distance ou utilisation parfaite de son footwork, Sikma restera comme l’un de ses joueurs, multiples étoilés, trop fort pour être oublié, mais pas assez pour être idolâtré.
Crédits et hommages
Lorsque l’on pense à Jack Sikma, la moindre des choses est d’évoquer ce qui reste le plus dans la culture basketballistique à son propos : son move signature. Parce que oui, à l’instar de Dirk Nowitzki, Carmelo Anthony ou Hakeem Olajuwon, Goldilocks avait aussi son move fétiche, sobrement renommé le “Sikma move”.
Celui-ci est le reflet parfait de son créateur : un shoot à mi distance, soyeux, nécessitant maîtrise technique parfaite et grande taille.
Sikma était un homme de collectif, l’homme d’une ville : Seattle. Plus que des tribunes personnels, le pivot a reçu beaucoup d’hommages de la part des citoyens de sa ville à travers le journal du coin, le Seattle Times.
De nombreux articles sont disponibles sur leur site, que nous vous invitons à consulter si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur le joueur. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est encore vu et considéré comme une légende dans l’état du Washington.
Dans la ville des Sonics, même si Gary Payton est le Zeus local, Sikma possède, lui aussi, sa place dans l’Olympe. Et vous ne trouverez personne qui aura quelque chose à y redire.
Les précédents épisodes et portraits du Magnéto :
- Cinq majeur #1 : Penny Hardaway (1994/95), Manu Ginobili (2007/08), Terry Cummings (1988/89), Jerry Lucas (1964/65), Nate Thurmond (1974/75),
- Cinq majeur #2 : Jason Kidd (1998/99), Tracy McGrady (2004/05), Rick Barry (1966/67), Elvin Hayes (1979/80), Neil Johnston (1952/53),
- Cinq majeur #3 : Isiah Thomas (1989/90), David Thompson (1977/78), Paul Arizin (1951/52), Tom Gugliotta (1996/97), Yao Ming (2008/09),
- Cinq majeur #4 : Baron Davis (2006/07), Bill Sharman (1958/59), Chet Walker (1963/64), Gus Johnson (1970/71),