Nulle terre n’est inaccessible pour QiBasket et son équipe. Il est vrai que notre équipe elle-même se trouve en Asie, en Amérique, et aux quatre coins de l’Héxagone et de l’Europe. Nous nous sommes donc permis la réflexion : nous vous parlons avant tout de NBA, souvent d’équipes de France, mais nous avons désormais décidé de vous ouvrir les portes d’une autre ligue mythique : l’Euroleague.
Depuis 1958… l’Euroleague est pourtant une compétition majeure, référence européenne, dans tout le basket du vieux continent. Vous pouvez gagner un championnat, une coupe, mais gagner l’Euroleague, ça sera toujours différent. Loin d’être une compétition mineure, l’Euroleague est, on peut le dire, un championnat référence dans le basketball européen. Mais connaissez-vous bien cette ligue ? Son histoire ? QIbasket s’est désormais résolu à couvrir ce championnat qui ne fait que grandir encore et toujours.
Une formule pas toujours claire
A l’instar de la Jeep Elite (ex Pro A), l’Euroleague a mis longtemps a trouver un format de compétition durable et compréhensible. La première question était bien évidemment de savoir comment les participants étaient sélectionnés. En 1957, c’est bien la FIBA qui est à l’initiative de cette compétition, et son intention est de créer une « European Champions Cup », la Coupe des Clubs Champions… Comprenez l’exacte copie de ce qu’est la Champion’s League en football aujourd’hui. Cette similitude n’est pas anodine, ni hasardeuse, puisque comme pour beaucoup de compétitions internationales de football, ce sont des journaux français de sports qui sont à l’initiative de la création de la compétition (l’Equipe en l’occurrence…). La compétition changera moult fois de nom : FIBA European League, FIBA EuroLeague et même FIBA SuproLeague, une seule saison.
Au travers de ces dénominations, il faut admettre que la créativité des organisateurs ne fut pas mise de côté : phase préliminaire puis groupes, puis Final Four ; double phase préliminaire ; 2 groupes de 4, puis 6 équipes ; 6 groupes de 4, puis poules finaliste de 6 ; phase préliminaire puis poule finaliste sans groupe ; à 6, puis à 8, sans Final Four, puis avec ; 2 groupes de 8 avec quarts de finales au meilleur des 3 matchs, puis Final Four ; double phase de groupes avec éliminations seulement à la 2e phase, avec huitièmes de finales puis quarts en série au meilleur des 3 matchs (vous suivez ?) ; 4 groupes de 8, puis 4 groupe de 4, puis Final Four ; 3, puis 4 groupes de 8, puis de 6, puis 4 groupes de 4, puis 2 de 8 avec ou sans tour préliminaire. Bref, vous l’aurez compris, ce fut un vaste bazar dans lequel il fallait apporter une clarification nette… qui arriva enfin en 2016.
Désormais, la compétition semble en effet avoir trouvé son format gagnant : une ligue fermée, à 16, puis étendue à 18, match aller-retour, avec classement unique, sans sous-groupe, ou conférence (une idée que la NBA risque de reprendre…). Des playoffs sont organisés pour les 8 premiers, dans une série en 5 manches, pour déterminer les 4 participants au Final Four. Simple, efficace, plus de tableaux croisés, de préliminaires, de sous-groupes, une ligue, LA ligue : l’Euroleague.
Le grand moment : le Final Four
C’est à partir de 1966 que la compétition va adopter le format d’un Final Four, format qui va devenir le moment le plus populaire. Certes, la formule sera temporairement abandonnée pendant quelques années, pour ne conserver que la finale, avec des demi-finales en aller-retour, mais en 1988, le Final Four revient, pour ne plus jamais repartir ! Le principe est simple, le format général de la compétition doit aboutir à ce que seule quatre équipes demeurent en lice pour le titre. Dès lors, en un week-end, les deux demi-finales, la finales pour le bronze et la finale soient jouées.
La tension de tout jouer sur un match est devenue le point central de la saison, et le moment de suspens ultime, dans lequel la moindre erreur peut être fatale, et ou les talents des plus grands se révèlent. Chaque année, la ligue transforme l’événement en une rencontre de plus en plus épique, mobilisant l’énergie d’une ville entière. Les villes qui d’ailleurs se bousculent pour organiser l’événement, les salles européennes étant de plus en plus modernes. On prendra l’exemple d’Istanbul et de son Sinan Erdem Dome, qui accueilli la finale de la Coupe du Monde 2014, mais aussi le Final Four de 2017, puis la finale de l’Eurobasket 2017.
Les grandes dominations
L’ère soviétique lorsque la compétition vient au monde, le basketball européen est essentiellement dominé par les soviétiques. Ainsi, les 6 premières saisons seront remportées par des clubs au drapeau rouge : Riga, CSKA Moscou et Tbilissi. La domination aurait pu être nuancée si les finalistes perdants n’étaient pas…du bloc soviétique eux-mêmes, comme l’Academic de Sofia. Une domination qui se voyait également au niveau international avec l’URSS.
Le Real et les italiens : le Real Madrid tentera de se mesurer aux équipes soviétiques, avant de pouvoir enfin briser le plafond de verre et remporter, en 1963, son premier titre européen, avant de faire le doublé, puis un second doublé. Deux jolis back-to-back que seul le basketball italien parvient à empêcher. Car si le Real remporte 4 des 5 saisons de 1963 à 1968, le Simmenthal Milano et l’Ignis Varese viendront chiper 6 trophées ! Donc 5 pour Varese. Lorsque l’Ignis perdra la main après 3 finales perdues (77-78-79) contre Tel Aviv, le Real et le Bosna Royal (Yougoslavie), ce sera au tour de Cantu, puis de Rome de rafler les trophées.
L’arrivée progressive du basketball yougoslave : le basketball italien tombe petit à petit sur un os, et cet os vient des Balkans avec des joueurs disciplinés, dopés aux fondamentaux du basket, à la qualité, à la précision. L’école yougoslave est redoutablement crainte, et à juste titre. Le titre du Bosna Royal n’était qu’un prélude, et en 1985 et 1986, c’est au tour du Cibona Zagreb de s’imposer, avec un doublé, puis à Split (89, 90 et 91), avant que le Partizan Belgrade vienne lui aussi prendre sa part. L’exploit de Limoges en 1993 s’inscrit dans une courte période durant laquelle l’Euroleague devient un peu plus ouverte.
Le club fermé : A compter de 2002, le précieux titre de champion d’Europe est devenu la propriété d’une certaine élite-référence du basket européen moderne : Panathinaïkos, Barca, Real Madrid, CSKA Moscou, Maccabi Tel Aviv, Olympiacos et Fenerbahçe Istanbul…et c’est tout. Depuis quatre ans, le Real Madrid et le CSKA Moscou ont particulièrement dominé les débats, avec des joutes mémorables, comme en 2016 et Nando De Colo, ou en 2018 avec un certain Luka Doncic au Real Madrid.
Aux grands hommes, l’Euroleague reconnaissante
Alors oui, quelques noms américains sont passés par l’Euroleague, on pensera à Dominique Wilkins par exemple, mais ce sera outrage que de privilégier le prestige de leurs carrières (sauf pour Anthony Bennett…) avant tout américaines, aux talents que nous eûmes ici même. Tout comme la NBA, l’Euroleague eu ses légendes, trop souvent injustement oubliées. Vous connaissez George Mikan, alors parlons de Jānis Krūmiņš, le pivot de Riga qui écrabouilla la concurrence pendant les premières années de la ligue.
Parlons de Dino Meneghin, le pivot de Varese, qui remportera l’Euroleague SEPT fois. L’italien intégrera le Hall of Fame de Springfield avant même d’intégrer celui de la FIBA. Meneghin sera même nommé comme le meilleur joueur européen de tous les temps en 1991 (par un magazine italien bien entendu). Dino sera drafté en NBA…en 1970, en 162e par les Hawks, qui ne viendront jamais le chercher, et le laisseront jouer en pro pendant 28 ans.
Parlons de la domination yougoslave dans les années 80 n’était pas un fruit du hasard, car quand le Cibona Zagreb comprenait dans ses rangs un certain Drazen Petrovic, au sommet de son art, il était difficile d’envisager autre chose que la victoire.
Parlons du début des années 90 qui restera l’ère du grand Toni Kukoc, qui s’enfila les trophées et les performances avant de rejoindre le GOAT Jordan pour s’enfiler les titres NBA. Mais les années suivantes seront aussi celles du Roi, Antoine Rigaudeau, De manière générale, c’est aussi l’immense colosse Avrydas Sabonis qui dominera la raquette européenne et madrilène.
Parlons des légendes grecques, Diamantidis, Galis, Spanoulis, et même aujourd’hui, les Bourousis, Printezis, du lituanien Šarūnas Jasikevičius, des espagnols Sergio Llull, de l’énorme Juan-Carlos Navarro, la bomba de l’argentin Manuel Ginobili…des joueurs qui témoignent bien évidemment d’un rapprochement entre l’Euroleague et la NBA, nous en parlerons.
Parlons enfin bien entendu de Nando De Colo, MVP en 2016, et de Luka Doncic, immense durant toute la saison 2017-18. Bref, l’Euroleague leur doit beaucoup. Oui, QIBasket vous parlera de tout cela désormais.
Le football a eu Marseille, le basket a eu Limoges
Dans cette armée de talents, d’équipes de légendes, où se trouve la France, où sont les français ? Si quelques grands moments de l’Euroleague ont eu lieu sur notre territoire (Final Four de 1991, 96, 2001 et 2010 à Paris, et même de 1967 à Lyon, de 1974 à Nantes) les clubs français se font très très discrets dans cette compétition, et il est clair que Lyon-Villeurbanne, en dépit de ses exploits de débuts de saison, ne va pas changer tout de suite ce constat. On retiendra les apparitions anecdotiques de Berck Basket au bronze en 1974 et 1975, de l’ASVEL en 1978, d’Orthez en 1987. L’ASVEL reste néanmoins le dernier club a avoir participé à un Final Four… en 1997.
Evidemment, le point doré dans cet océan de « presque » reste la campagne 1993 du CSP Limoges qui offrira la seule finale d’Euroleague à un club français…et le seul titre, la même année que l’Olympique de Marseille en Champions League de football. Drôle de hasard, mais seulement sur la date, car le CSP était une équipe puissante, déjà présente au Final Four de 1990. La campagne fabuleuse, conclue par cette victoire contre le Benetton Trévise de Toni Kukoc, reste mémorable dans le sport français, et les Forté, Vérove, Dacoury, Young, Zdovc, Dupraz, Botton, M’Bahia, Butter, Bilba et le coach Maljković sont toujours honorés à ce jour. Limoges remontera jusqu’au Final Four en 1995, avant que sa génération dorée ne passe la main.
Une ligue de plus en plus relevée, et concurrencée
Cette volonté de devenir beaucoup plus forte, de prendre un modèle désormais similaire à la NBA, en tant que ligue fermée, des playoffs, et une simplification des codes visuels (logos des équipes, parquets, uniformisation des organisations des final four), s’inscrit aussi dans une stratégie de mise en valeur de l’Euroleague comme la meilleure ligue européenne, car si l’Eurocup, ancienne Coupe Korac, joue le rôle de compétition européenne annexe, d’autres clubs se sont détournés de l’Euroleague pour tenter leur chance dans la Basketball Champions League ou la FIBA Europe Cup, qui elles, dépendent de la FIBA. Nous ne sommes donc pas en reste, avec quatre compétitions européennes de basketball aujourd’hui, mais seule l’Euroleague mobilise un public conséquent et d’une popularité, à l’exception des clubs historiques (Partizan Belgrade, Virtus Bologne, AEK Athènes, Hapoel Tel Aviv oules ambiances espagnoles et grecques). Ultime symbole de l’émancipation de l’Euroleague envers la FIBA et de son souhait de venir rivaliser avec la NBA, la décision prise l’an passé de ne plus tenir compte des championnats nationaux pour intégrer les équipes dans la compétition. Désormais, si vous voulez jouer en Euroleague, il faudra sortir le chéquier !
Aussi forte que la NBA ?
La NBA reste le meilleur championnat du monde, cependant, l’Euroleague ne manque clairement pas d’arguments pour prouver qu’elle n’est pas si loin en termes de qualité. La NBA, rappelons-le, est, et reste, un show, qui met en avant le spectacle, les qualités athlétiques, et l’attaque. Oui, beaucoup de joueurs ont aussi les fondamentaux essentiels du basket en NBA. Mais justement, l’Euroleague elle, relève des règles FIBA et privilégie justement le basket des fondamentaux. Dès lors, dans un basketball sans les trois secondes défensives, avec 8 minutes de jeu en moins, vous n’aurez pas de James Harden à 50pts, de dunk à la Lebron, ou de Westbrook en triple-double. Mais vous aurez des défenses rugueuses, des systèmes rondement appliqués, du footwork, de la qualité de passe, et de l’intensité permanente, et même des pivots qui savent shooter. A cela, ajoutez des coachs respectés, expérimentés, et un public en feu, comme celui du Pana, ou du Fenerbaçe. Plus d’une fois, les oppositions entre équipes NBA et Euroleague a montré ces différences. Souvent, le physique et les qualités athlétiques des équipes NBA ont pris le dessus, mais parfois, l’intelligence du jeu européen aura eu raison de l’orgueil américain ! Il en fut ainsi en 2009 lorsque les Lakers de Kobe, champions en titre, furent défait par le Barça, un match d’exhibition, certes, mais une petite taloche européenne malgré tout. Enfin, il est à noter que si autrefois des joueurs américains venaient en Europe après avoir failli à percer en NBA, ces mêmes joueurs sont désormais volontaires à venir en Euroleague, à la fois pour le niveau, la qualité du jeu, mais aussi progresser, devenir plus fort…parfois pour retourner en NBA, ou parfois finalement, pour y rester.
Vous êtes donc avertis chers amis lecteurs, vous qui nous suivez depuis le début pour nos articles sur la NBA, sur l’équipe de France, et désormais, QIbasket entend bien vous montrer et vous parler du meilleur du basketball européen !