Le Magic d’Orlando est peut-être à la croisée des chemins. Après de longues saisons dans les bas fonds de la conférence Est et, finalement, une belle saison 2018-2019, les Floridiens ont souffert cette année et se retrouvent à l’heure des choix. Des choix au niveau de l’effectif, car il n’y a pas beaucoup de flexibilité et le potentiel maximum du groupe ne permet pas de rêver au titre. Du coup, il faudra également trouver un cap à cette franchise, qui reste un petit marché malgré le soleil Floridien. Le management devra se demander jusqu’où peut aller cette équipe avec le roster actuel. Décidera-t-il de miser dessus, en le poussant au maximum de son potentiel et en espérant y ajouter une ou plusieurs stars, ou choisira-t-il plutôt de rebâtir, en misant sur certains jeunes déjà présents dans l’effectif et en ayant le nez creux à la draft ?
C’est une équipe dont on entend finalement assez peu parler. Une équipe jeune, sans véritable superstar (une seule sélection au All-Star Game en carrière dans tout l’effectif, pour Nikola Vucevic). Une équipe défensive, philosophie insufflée par Steve Clifford, le coach, avec le dixième defensive rating et la quatrième défense de la ligue en points encaissés par match. Le Magic est aussi une équipe lente et assez peu spectaculaire (26e Pace et 24e rating offensif). Mais l’attente était bien réelle autour du Orlando Magic à l’orée de cette saison 2019-2020. Seulement, à l’approche de cette fin de saison régulière, on peut se demander si on en attendait pas trop de cette équipe qui stagne au niveau du classement et dans le jeu. Certes, la blessure de Jonathan Isaac est un coup de frein pour le projet Magic. Mais si les blessures touchent un joueur important ainsi que son remplaçant, Aminu, aussi out indéfiniment, elles ne sont pas la seule raison de la saison moyenne des Floridiens.
Quatrième masse salariale de la ligue
Car la saison 2018-2019 était, elle, une réussite. Orlando terminait avec bilan positif (une première depuis le départ de Dwight Howard, en 2012) de 42 victoires pour 40 défaites, soit 17 victoires de plus que la saison précédente, et un premier tour lors duquel le Magic est allé prendre un match chez le futur champion, Toronto. Avec un effectif jeune et presque inchangé, des cadres resignés, on pouvait légitimement espérer voir cette équipe progresser et se mêler à la lutte pour les places 4 à 6 de sa conférence. Mais à moins de finir en trombe la saison (comme l’an dernier, où le Magic avait remporté 21 de ses 30 derniers matchs), le bilan sera moins bon qu’en 2019. Le Magic sera bien en playoffs, sauf catastrophe, mais pour quoi faire ? Un premier tour face à un cador de l’Est et puis s’en va ? Sans doute. Et après ? Quelle est la direction que prendra le Magic ?
La situation contractuelle de la franchise peut laisser craindre un enlisement dans ce ventre mou de la conférence, à moins de mouvements significatifs dans les prochains mois. Orlando possède en effet la quatrième masse salariale de la NBA et a déjà plus de 100 M de dollars garantis pour la saison 2020-2021, sans compter les potentiels 17 M en plus si Evan Fournier décide d’opt in cet été. Orlando se retrouve donc dans une situation délicate avec une équipe moyenne, à potentiel, sans flexibilité immédiate.
Orlando, condamné au ventre mou de la ligue ?
L’été 2019 était, lui, placé sous le signe de la stabilité. Nikola Vucevic, qui sortait d’une saison de All-Star, a été resigné pour 100 M de dollars sur quatre ans. Idem pour Terrence Ross, auteur de sa meilleure saison en carrière, en tant que 6e homme, qui en a profité pour signer un contrat de 54 M sur quatre ans.
Qu’en sera-t-il de l’été 2020 ? Evan Fournier peut être agent libre et il a indiqué qu’il comptait opt out l’été prochain s’il continuait à jouer ainsi. Ce qui semble parti pour, après la belle saison du Français qui n’a jamais marqué autant en carrière en étant aussi adroit (près de 19 points par match à 47 % au tir). Il pourrait être un des agents libres les plus prisés de cette intersaison 2020, qui ne sera pas aussi bien fournie que l’année précédente. L’arrière du Magic n’a jamais caché son envie de gagner à tout prix et ne veut pas repartir dans une reconstruction, lui qui entre aujourd’hui dans son prime, à 27 ans. Reste à savoir quelles équipes auront la possibilité de lui offrir le salaire qu’il réclame, du temps de jeu et la possibilité de jouer le titre.
Le Français a, en tout cas, une belle carte à jouer durant les playoffs à venir, après une campagne 2019 décevante d’un point de vue personnel. Peut-être aussi que son amitié avec le francophone Nikola Vucevic jouera dans sa prise de décision cet été.
Le cas Gordon
Aaron Gordon, lui, est toujours sous contrat, ce qui ne semble pas réjouir John Hammond et la direction du Magic, qui aurait cherché à l’échanger à la dernière trade deadline. Mais un joueur en régression statistique à qui il reste 34 M de dollars à percevoir, ce n’est pas facile à vendre. Aaron Gordon score moins que l’an dernier (14,4 pts par match contre 16) et est moins adroits, notamment à trois points. Il n’est clairement pas un poste 3 et empiète sur les plates-bandes de Jonathan Isaac, sur qui le Magic veut miser, au poste 4. Mais avec sa blessure et celle d’Al-Farouq Aminu, qui pénalisent grandement le Magic, notamment en défense, Aaron Gordon est le seul ailier fort qui tienne la route pour Orlando dans le sprint pour les playoffs.
Seul moyen de séduire un candidat au trade dans les prochains mois, le contrat dégressif du triple participant malheureux au concours de dunks, quand le salary cap, lui, augmentera ces deux prochaines années. Phoenix aurait tenté de récupérer l’ancien de la fac d’Arizona à la trade deadline, sans pour autant tomber d’accord avec Orlando. Les Suns, ainsi que d’autres franchises, garderait toujours un œil sur lui. La contrepartie qu’obtiendra le Magic en échange du joueur drafté en 4e position en 2014 pourrait en dire long sur les projets à court terme de la franchise : des tours de draft et des contrats expirants ou des joueurs prêts à contribuer directement, à un autre poste que celui d’ailier fort ?
Quelle place pour les jeunes ?
Toujours au niveau contractuel, Markelle Fultz et Jonathan Isaac, tous deux en troisième année, sont éligibles à une extension de contrat dès cet été ou seront agents libres restreints en 2021. Reste à savoir quelles seront leurs exigences, et jusqu’où le Magic compte aller pour les conserver. Les deux ont montré qu’ils avaient un vrai potentiel, mais ont également fait preuve de fragilité au cours de leurs premières saisons. Cent trente-quatre matchs en trois ans pour Isaac, probablement out jusqu’à la fin de cette saison, soit un peu plus de 50 % de matchs joués, s’il ne refoule pas les parquets cette année. En progrès constant depuis le début de sa carrière, l’ailier proposait un début de saison à la hauteur des espoirs placés en lui (12 points, 6 rebonds, 1,6 interceptions et 2,5 blocks en 32 matchs joués) et se positionnait déjà clairement comme un défenseur d’élite. Pour Fultz, c’est à peine 100 matchs joués, même si une grande partie des matchs passés en costume datent de l’époque Sixers. De plus, le meneur prouve cette année qu’il peut enchaîner les matchs et a pris la place de DJ Augustin dans le 5 de départ. Le meneur propose d’ailleurs une feuille de stats solide, avec 12 points, 3 rebonds et 5 passes par soir. Mais son adresse à 3 points à 25 % reste un handicap de poids pour un meneur titulaire en NBA. Encore plus dans une équipe qui possède un des pires pourcentages de la ligue (26e avec 34 %) et qui souffre de l’absence de véritable shooteur, Fournier étant le plus adroit du roster. Ces deux resignatures, et le montant des contrats, qui débuteront en 2021 seront à observer à la loupe car ils impacteront directement la free agency 2021 d’Orlando.
Autre interrogation au Magic : où en est le projet Mo Bamba ? Drafté en 2018, il a subi de plein fouet l’explosion de Nikola Vucevic. Pivot freak de 2,13 m aux bras démesurés, avec un potentiel défensif intéressant, il a vu, un an après avoir été drafté en sixième position, sa franchise resigner le pivot monténégrin sur le long terme. Quel est le message envoyé au jeune pivot issu de Texas ? Est-ce que le Magic compte réellement sur lui ? La question se pose depuis plus d’un an mais le front office ne fait que de l’éluder, alors que Steve Clifford ne lui accorde qu’une quinzaine de minutes par match depuis son arrivée dans la ligue, pour 6 points (à 35 % derrière la ligne), 5 rebonds et 1,4 contre de moyenne. Le pivot garde une belle cote sur le marché et pourrait intéresser une équipe en recherche de protection d’arceau. Au final, Orlando ne veut pas laisser filer un potentiel qu’il ne compte pas faire jouer, une situation ambiguë pour Bamba.
Persévérance ou reconstruction ?
Et ce niveau global intermédiaire du Magic, pas assez bon pour aller loin en playoffs mais trop fort pour viser la draft et repartir de zéro, d’autres l’ont connu. Parmi les équipes récentes dans des situations similaires autour des places 7 à 10 de leur conférence, on peut penser à Memphis. Après des années de grit and grind et une finale de conférence en 2013, suivie de premiers, voire deuxièmes tours de playoffs les saisons suivantes, le management des Grizz a décidé de tout reconstruire. Exit les Gasol, Conley et même Z-Bo ou Tony Allen. Place au mode reconstruction, une option qui a l’air de se révéler payante jusqu’à présent, notamment grâce au flair à la draft des dirigeants de la franchise du Tennessee. Detroit semble parti pour réaliser la même opération, après avoir compris les limites de son effectif et de sa raquette Griffin-Drummond. Le premier est blessé (avant un transfert ?) et le second a été bazardé lors de la dernière trade deadline.
Est-ce que le Magic doit suivre la même voie et se concentrer sur la progression de ses jeunes et la draft, quitte à passer quelques saisons dans les bas fonds de la ligue, afin de remonter dans quelques années ? C’est une possibilité à envisager tant le premier tour des playoffs semble être le plafond de cet effectif, surtout lorsque l’on voit la concurrence en haut de la conférence Est. Un plafond assez bas pour une équipe avec une telle masse salariale.
Autre option pour les Floridiens, faire de la place afin d’attirer des plus gros poisson lors de la free agency 2021. Mais il en faudra plus, pour ce petit marché, pour que les Giannis, Oladipo, DeRozan ou autre Paul George daignent décrocher leur téléphone. Il faudra un effectif compétitif qui n’attend plus qu’une ou plusieurs superstar(s) pour être un contender (type Nets 2019) et un projet sportif ambitieux qui passe par des performances sportives abouties. Ce que ne propose pas le Magic à l’heure actuelle. En attendant, Orlando peut s’appuyer sur un effectif jeune, avec DJ Augustin pour seul trentenaire. Et la franchise compte bien le faire, comme l’expliquait Jeff Weltman, le président des opérations basket, dans The Athletic :
“C’est difficile d’être bon en NBA, mais c’est ce que nous essayons d’accomplir en faisant un groupe de jeune d’une vingtaine d’années et en leur permettant de goûter à la victoire, de comprendre ce que ça représente et comment y arriver. […] Nous avons un bon groupe de joueurs qui “fit” bien ensemble et des jeunes en qui nous croyons pour l’avenir.”
Mais si les progrès tarde à apparaître, John Hammond et Jeff Weltman commenceront à se poser des questions sur la nécessité de maintenir l’effectif sous cette forme. Toujours est-il que, à l’instar d’Aaron Gordon, les contrats signés cet été par Nikola Vucevic et Terrence Ross sont des contrats à salaire dégressif. Si le Magic opte, d’ici quelques mois/années, pour une reconstruction, ces contrats auront de la valeur auprès des autres franchises si ces joueurs maintiennent leurs niveaux.
Que va faire le Magic à l’intersaison et pour les années à venir ? Les playoffs 2020 vont peut-être apporter un début de réponse à cette question. De bonnes performances en post-saison, alors qu’Orlando termine bien la saison régulière, et, pourquoi pas, un upset face à des Raptors ou des Celtics à l’envers, et la franchise floridienne pourrait décider de conserver ce noyau de joueurs jeunes et talentueux afin qu’il progresse et garder à l’esprit la free agency 2021. Mais un sweep sans saveur et un début de saison 2020-2021 laborieux, et le management pourrait se décider à prendre une tout autre direction.
Le banc d’Orlando est d’une faiblesse…Ross est trop irrégulier,iwundu…pfff je sais même pas quoi dire…
Ça plus les blessures, c’est pas cette année qu’on verra le potentiel de l’équipe.