Nommé Président des Opérations Basket le 1er mai 2019 après un passage de six ans aux Rockets, Gersson Rosas est arrivé dans le Minnesota avec pour objectif de monter une équipe compétitive. Engluée dans une construction bancale, traumatisée par l’épisode Jimmy Butler et toujours gênée par les vestiges de l’ère Tom Thibodeau, la franchise avait besoin d’un coup de neuf pour repartir de l’avant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Rosas ne fait pas dans le détail. Le colombien n’est pas venu pour chômer, et compte bien se faire un nom dans la Ligue en tant que décisionnaire. Lors de cette trade deadline, Rosas a fait des Wolves la franchise la plus active sur le marché, pour un résultat détonnant. Retour sur cette période folle pour Minnesota, et sur les opportunités futures de la franchise.
Parce qu’ils viennent de loin
Gersson Rosas ne l’a jamais caché depuis son arrivée, il compte être toujours actif et agressif sur le marché. Que ce soit lors des périodes de Free Agency mais surtout de transferts, Rosas cherche constamment à améliorer l’effectif, et à développer ses idées de jeu. Le colombien a un plan pour la franchise, de multiples options, et compte bien parvenir à ses fins. Déjà l’an dernier, à peine débarqué, l’ancien des Rockets se montrait actif à la Draft 2019, pour monter de quelques places et récupérer Jarrett Culver.
Quelques jours plus tard, un nom revenait avec insistance lors de l’ouverture de la Free Agency : D’Angelo Russell. Manifestement attirés par le meneur, les Wolves n’avaient pu mener le dossier à son terme. La faute aux Warriors, qui profitaient des velléités de départ de Kevin Durant pour récupérer Russell. Un rendez-vous manqué pour D-Lo et Minnesota, qui ne sera que partie remise.
La saison débutait après un été passé sous le signe de l’union sacrée et des sourires retrouvés. Le management fait de son mieux pour créer un groupe soudé, qui veut jouer ensemble et aller chercher des résultats dans une conférence infernale. Le début de saison est d’ailleurs positif, et les Wolves sont sur la bonne voie. Cependant, le manque de talent et les pépins physiques auront raison des hommes de Ryan Saunders.
La franchise fait face à plusieurs absences (maladies, blessures), notamment celles de Jake Layman, mais surtout Wiggins et Towns. Le pivot a manqué 17 rencontres cette saison, une période noire pour les Timberwolves dont les résultats commençaient déjà à décliner en sa présence. Le problème majeur résidait dans l’incompatibilité évidente du roster avec le système mis en place. Beaucoup de trois points sans shooteurs, c’est compliqué. Plusieurs joueurs ne collaient pas à la philosophie de jeu, mais qu’importe, le message est clair en coulisses : une idée directrice doit être suivie, et sera maintenue.
Malgré tout, cela se ressent dans les résultats, en chute libre. Les Wolves enchaînent les défaites, avec une série noire de 13 matchs perdus jusqu’au 8 février. La franchise affiche tout simplement le pire pourcentage de tirs derrière l’arc (32.5%), avec… La troisième moyenne de tentatives (43.9/match). Les calculs sont simples, et le constat implacable : Minnesota a un problème d’adresse flagrant et rédhibitoire. En même temps, lorsque vous artilleurs se nomment Treveon Graham ou Josh Okogie, les choses se compliquent. C’est bien simple, parmi les joueurs ayant tenté plus de deux 3pts/match, Minnesota comptait 4 joueurs parmi les 30 plus mauvais shooteurs du parking :
- Shabazz Napier (30.9%)
- Jarrett Culver (27.2%)
- Treveon Graham (25.5%)
- Josh Okogie (24.4%)
L’équipe a donc pâti d’un manque cruel de qualités pourtant indispensables au jeu prôné : de l’adresse, du QI basket, du mouvement de balle. Le handle a d’ailleurs fait défaut en cette première partie de saison, avec trop peu d’éléments capables de porter la gonfle tout en restant dangereux. Jeff Teague n’a jamais été en mesure d’apporter dans ce rôle, avec seulement quelques performances offensives notables. C’est assez caricatural, mais une image reste en tête, celle de Teague portant la balle à travers tout le demi-terrain, jusqu’au terme de l’horloge, avant qu’une saucisse soit balancée. Globalement, l’attaque s’est résumée à des joueurs qui portent la balle sans vraiment créer de danger, et à des mouvements finalement limités par les profils en place.
Covington et Wiggins n’ont pas une capacité suffisante de création, même si le canadien a montré de réels progrès en termes de playmaking cette saison. Plus à l’aise en primary ball handler, il s’est montré capable de proposer une alternative potable à Teague. Le rôle a parfois été confié à Jarrett Culver, mais le rookie est encore bien trop tendre, et surtout très inconstant. Capable d’actions magnifique, notamment dans la finition, il n’en réalise pas moins une saison difficile. En délicatesse avec son adresse, même lorsqu’il va au cercle, Culver reste un talent à travailler, avec de vraies lacunes à combler. Il ne peut pas assumer avec consistance la mène de l’équipe, et on ne peut lui confier ce rôle que sur de courtes séquences afin de le faire progresser.
Les responsabilités sont également à mettre sur le Franchise Player, Karl-Anthony Towns, et sur le jeune coach Ryan Saunders. Nous avons déjà évoqué les deux hommes dans un premier article (LIEN), et leurs mises en cause dans les échecs récents de la franchise. Dans le marasme des Wolves, les sourires estivaux ont vite disparu, et Towns a récemment montré une frustration négative pour l’ensemble de l’équipe.
Déclarations dans les médias, attitude nonchalante sur le parquet, le pivot a clairement affiché son mécontentement et envoyé un message à la franchise. Pourtant, difficile de ne pas lui jeter la pierre. Même s’il bénéficie d’excuses autour des armes qui lui sont données et de son absence, il ne parvient pas suffisamment à porter son équipe. Avant d’exprimer de tels sentiments, il faut d’abord être irréprochable sur le parquet. Ce que n’a pas été Towns, margé son immense talent.
Dans ces conditions, la saison des Wolves est devenue un cauchemar. Avec ce manque de talent et de leadership, ainsi qu’un banc limité (absence de Layman, difficultés d’Okogie à passer un cap, rotation plus que limitée à la mène), Ryan Saunders n’a pas su faire de miracles. Surtout, la concurrence est démentielle à l’Ouest, et Minnesota s’est vite montré incapable de lutter avec ses camarades. La construction entreprise il y a des années n’en finit jamais, après de multiples rebondissements : changements de coach, de management, de roster, rien n’y fait. Les choix ont souvent été mauvais, et cela fait vite mal dans un petit marché. Le duo KAT-Wiggins ne prend malheureusement pas, affichant des lacunes difficiles à combler et une certaine incompatibilité. Gersson Rosas a donc été recruté l’an dernier pour donner un nouveau souffle à la franchise, et a décidé, logiquement, de reprendre les bases autour de Karl-Anthony Towns.
Un grand ménage
Les premières grandes manœuvres
Les Timberwolves étaient attendus sur le marché des transferts, car Rosas n’a jamais caché ses méthodes : chercher les meilleurs joueurs disponibles pour son idée de jeu, en étant agressif sur toutes les phases de recrutement. Avec un roster aussi peu adapté au jeu souhaité, il semblait impossible de voir le président passer à côté de cette période. Les grandes manœuvres ont donc commencé il y a quelques semaines, avec le départ de Jeff Teague pour Atlanta, accompagné de Treveon Graham. En échange, Minnesota récupérait Allen Crabbe. Un échange peu significatif sur le plan stratégique, car il n’engage que des joueurs aux contrats expirants.
Sur le plan du jeu, les Wolves misent sur une meilleure adresse avec Crabbe, mais se séparent de leur meneur titulaire. Dès lors, la question du poste 1 se pose : les Timberwolves vont-ils terminer la saison avec le seul Jordan McLaughlin ? Difficile à croire, et une cible évidente refait surface, D’Angelo Russell.
En parallèle, Robert Covington attise les convoitises. Son contrat est très intéressant pour toute franchise désireuse de renforcer ses ailes d’un excellent 3&D. Moins clinquant depuis son retour de longue blessure, RoCo reste un asset de valeur pour Rosas, qui joue la montre. Le colombien fait tout pour monter un échange impliquant plusieurs équipes, et permettant de récupérer Russell. Finalement, quelques jours avant la trade deadline, c’est un transfert à quatre équipes qui est annoncé. Minnesota se sépare d’une quantité de joueurs, mais ne lâche aucun tour de Draft dans l’affaire :
- Robert Convington et Jordan Bell – Houston Rockets
- Noah Vonleh, Keita Bates-Diop et Shabazz Napier – Denver Nuggets
En échange, les Wolves récupèrent :
- Malik Beasley, Juancho Hernangomez et Jared Vanderbilt – Denver Nuggets
- Evan Turner – Atlanta Hawks
- 1er tour de Draft 2020 des Brooklyn Nets – Atlanta Hawks
Si l’on regarde ce transfert de plus près, les Wolves ont donc abandonné un joueur de valeur, Covington, et un jeune joueur qui a montré quelques belles choses mais dont le potentiel semble limité, Keita Bates-Diop. Les autres joueurs étaient tous des expirants, et la plus grosse perte semble donc être Shabazz Napier, qui faisait bonne figure en tant que back-up au poste de meneur. Peut-être les Wolves tenteront-ils de signer Napier à la prochaine Free Agency.
En contrepartie, Minnesota récupère un tour de Draft qui tombera probablement peu après la loterie, et des jeunes en devenir qui ont montré de belles promesses à Denver. En manque de temps de jeu dans une rotation très complète, ils ont donc été ciblés par Rosas comme des éléments disponibles à prix très raisonnable. Au vu de l’encombrement du marché et des offres relativement faibles, on peut donc estimer que la manœuvre de Rosas est réussie. Même si l’avenir devra confirmer cela.
Une trade deadline folle
D-Loading
Alors que les heures défilent avant la trade deadline, la rumeur D’Angelo Russell prend du plomb dans l’aile. Les Warriors demanderaient plus que ce que les Wolves souhaitent offrir, et les Knicks entrent dans la danse. Il faudra attendre 2h avant l’heure fatidique pour que l’annonce finisse par tomber : Minnesota et Golden State ont trouvé un terrain d’entente pour un trade impliquant D-Lo et… Andrew Wiggins.
Cela semblait inévitable pour qu’un tel transfert soit possible, étant donné le salaire de Russell, mais l’effet reste celui d’une bombe pour les Wolves. Wiggins fut la première pierre de l’ère post Kevin Love, étant directement impliqué dans le trade de ce dernier aux Cavs en 2014. Au passage, Minnesota récupère Omari Spellman et Jacob Evans.
Rosas a donc décidé de mettre fin aux derniers espoirs de construction sur l’ailier (et Towns), et réalisé le mouvement que de nombreux fans espéraient. Malgré ses progrès et son talent, Wiggins n’a jamais montré l’attitude et la capacité à porter le projet Wolves aux côtés de KAT. Souvent frustrant et peu efficace, il a été confronté à un rôle qui ne lui convenait pas. A Golden State, il évoluera sous les ordres de Steve Kerr, et avec des superstars telles que Curry, Thompson, ou Green.
Difficile d’imaginer un cadre plus idéal pour le voir exploser dans un rôle de 3ème option offensive, avec moins de pression sur les épaules. Kerr confirme : “Minnesota avait besoin qu’Andrew Wiggins soit une star, nous n’allons pas lui demander d’être une star“. Chez les Warriors, il bénéficiera également d’un spacing plus adapté à son jeu, avec une nouvelle opportunité de montrer son talent.
Pour les Wolves, c’est presque un nouveau départ qui s’amorce. Orphelins de Wiggins, ils récupèrent le meneur tant convoité. Quand on lui demande pourquoi il n’a pas recruté un meneur l’été dernier, Rosas répond d’ailleurs : “Parce que nous voulions CE meneur“. L’objectif est clair : apporter un joueur plus adapté au système souhaité, et poser les bases autour d’un axe 1-5 composé de deux All-Stars encore jeunes (24 ans pour Towns, 23 ans pour Russell). On sait également que les deux joueurs sont de très bons amis, et qu’ils parlent d’une réunion sous le même maillot depuis des mois. De leurs propres mots, leur rêve est enfin devenu réalité. C’est aussi un mouvement destiné à rassurer et à satisfaire le Franchise Player Towns : “Avoir D-Lo ici, c’est évidemment une sacrée motivation pour rester“.
Pour acquérir le meneur, Minnesota a du se séparer de ses deux tours de Draft 2021 en plus de Wiggins. Le 1st Round sera protégé 1-3, et Rosas a souhaité conserver le pick 2020, étant donné la place des Timberwolves au classement à ce niveau de la saison. Minnesota devrait se trouver en position d’obtenir un choix entre les places 1 et 5 à la loterie.
Les Warriors espéreront donc que la mayonnaise prendra avec Wiggins entouré de Curry, Thompson et Green, et misent sur un nouvel échec des Timberwolves la saison prochaine pour récupérer un choix de Draft intéressant.
Dernier ajustement
Dernier mouvement notable pour Minnesota, avec le départ de Gorgui Dieng pour Memphis en échange de James Johnson, alors que ce dernier était en route depuis Miami (transfert d’Iguodala). Un trade qui permet aux Wolves de se séparer d’un pivot pour faire de la place à Naz Reid, et surtout d’économiser 2M de dollars sur le salaire bien connu de Dieng. Bien sûr, le contrat de Johnson reste conséquent, mais l’année prochaine est en Player Option et il existe donc une possibilité de renégociation. Et le profil de l’ailier-fort semble plus correspondre au jeu des Wolves, notamment aux côtés de Towns. Véritable soldat et capable de rentrer ses tirs de loin, Johnson aura un rôle intéressant en cette fin de saison, et peut-être un avenir dans le Minnesota.
En une soirée, Rosas a donc réussi à dégager les contrats les plus encombrants de l’effectif, à savoir Wiggins et Dieng. Une belle réussite pour le président.
Un nouveau départ
Cette campagne a tout d’une première marche vers un nouveau modèle de construction pour Minnesota. La première moitié de saison a servi à poser les bases d’une identité de jeu malgré un effectif inadapté, et donc à identifier les éléments qui ne répondaient pas aux attentes. Elle a aussi confirmé, s’il l’était encore nécessaire, que la paire Wiggins-KAT ne pouvait pas amener les Wolves vers les hauteurs de l’Ouest. Lorsque l’on demande à Gersson Rosas à quel moment il a réalisait qu’il devait revoir l’effectif complètement, sa réponse est sans équivoque : “le 1er mai” (jour de sa prise de fonction).
Après la trade deadline, les Wolves comptent donc 8 nouveaux joueurs, dont Evan Turner qui ne devrait pas être conservé. L’agent du joueur négocie actuellement un buyout avec le management des Wolves, souhaitant rejoindre un contender. En l’état, la franchise affiche donc une base intéressante de contrats verrouillés pour l’avenir, constituée de jeunes éléments :
- Le duo Karl-Anthony Towns/D’Angelo Russell en tête d’affiche
- Josh Okogie, Jarrett Culver, Jake Layman, Jaylen Nowell et Jacob Evans sur les lignes extérieures
- Naz Reid et Omari Spellman à l’intérieur
Ces contrats représentent 95M de dollars déjà engagés pour la saison prochaine, auxquels s’ajoutent la Player Option de Johnson, les cap holds de Malik Beasley et Juancho Hernangomez, plus les deux éventuels contrats rookies (avec les deux premiers tours de Draft 2020). Cela ne laisse aucune flexibilité aux Wolves, pour le moment tout du moins.
L’objectif des Wolves pour cette fin de saison est donc très clair : poser les bases du système autour de l’axe Russell/Towns, poursuivre le développement des jeunes joueurs, et continuer de développer une identité de jeu. L’enjeu majeur de l’intersaison concerne Malik Beasley et, dans une moindre mesure pour le moment, Juancho Hernangomez. L’arrière a montré de belles promesses à Denver, capables de scorer notamment de loin, et de défendre avec intensité, malgré un manque de discipline. Il a explosé l’an dernier, avec un vrai rôle dans le collectif, avant de voir son utilisation nettement réduite cette saison.
Il n’a d’ailleurs pas tardé à afficher sa détermination à son arrivée. Il a tout tenté pour jouer son premier match contre les Hawks, auquel aucune recrue n’a pris part car les visites médicales se sont achevées juste avant la rencontre. Beasley a même insisté à la mi-temps pour entrer sur le terrain. Ryan Saunders, très surpris de l’investissement du joueur, a carrément appelé le staff des Nuggets pour s’assurer que ce n’était pas que du bluff. Apparemment, c’est inhabituel de voir quelqu’un s’entraîner dur dans le Minnesota… !
Avec lui aux côtés de D’Angelo Russell, les Wolves espèrent composer leur backcourt d’avenir, capable d’artiller à 3pts et de créer un danger permanent. Beasley sera très certainement le dossier prioritaire de la franchise cet été, et les Wolves détiennent les Bird Rights du joueur. Cela leur permettra de passer au-dessus du cap pour le signer (malgré une Qualifying Offer inutile dans son cas) et sa côte risque d’être assez élevée, d’autant plus s’il poursuit dans la lignée de ces premières apparitions.
Il semble probable de voir le futur contrat de l’arrière osciller entre 12M et 15M par saison (au minimum), Beasley ayant déjà refusé 30M/3ans de la part des Nuggets en début de saison. Minnesota devra se montrer convaincant, et sortir le chéquier. Peu d’équipes auront du cap space cet été, peut-être une chance pour Rosas.
En ce qui concerne Hernangomez, il faudra également voir son apport au collectif et son intégration dans le jeu. Capable d’être efficace sur les postes 3 et 4, le conserver aura un prix, et il est difficile de savoir si les Wolves en auront les moyens. Ici encore, nous parlons d’un joueur capable de mettre ses tirs dans plusieurs positions, et de réaliser quelques séquences défensives.
En clair, Minnesota vient de récupérer deux joueurs dans des situations similaires : talentueux, mais dont le rôle s’est vu limité récemment à Denver, la faute à un roster très fourni. Chez les Wolves, l’opportunité leur est donné de passer un cap et d’obtenir une place solide dans l’effectif. Reste à voir leurs performances d’ici la fin de saison, et le marché des agents libres cet été.
Quelle construction ?
Rosas a donc frappé un grand coup en choisissant de se séparer de Wiggins pour récupérer Russell. L’idée est de construire autour du duo KAT/D-Lo, qui peut s’avérer dévastateur sur le plan offensif. Les possibilités semblent infinies pour les deux joueurs, tant ils ont de cordes à leurs arcs pour scorer. Il serait très surprenant de ne pas voir beaucoup plus de pick-and-roll/pop, une arme qui n’a finalement jamais été utilisée avec les précédents meneurs.
Russell dispose d’un superbe handle et d’une capacité à marquer depuis toutes les distances, comme sous le cercle. Towns est un pivot mobile, incroyable au tir extérieur, et doté de bonnes mains. Les menaces offensives seraient donc nombreuses dès lors que les deux hommes initieront des mouvements. L’ancien Laker n’a d’ailleurs jamais évolué avec un pivot du calibre de KAT, et inversement. Si leur entente hors du terrain se ressent sur le parquet, le duo pourrait vite faire des étincelles.
Autour de ce duo, et même si les deux premiers matchs de ce nouveau roster ne donnent pas de garanties de succès, l’effet positif de ce recrutement se fait ressentir. Les nouveaux joueurs collent nettement plus avec le système, et la première rencontre face aux Clippers, au Target Center, fut exceptionnelle et soldée par une victoire. Deux records de franchise tombés (81pts en une mi-temps, 26 tirs rentrés depuis le parking – la deuxième meilleure marque dans l’histoire NBA) dans ce match, et une orgie offensive retrouvée face aux Raptors par la suite malgré une défaite. Avec des indicateurs clairs sur les possibilités de cet effectif malgré l’absence de Russell, notamment sur le plan offensif. Le mouvement de balle fut souvent excellent, et le spacing parfois impressionnant.
Ryan Saunders a vu ses systèmes favoris être couronnés de succès, et les joueurs se sont éclatés sur le terrain, à l’image de Malik Beasley. Le spacing amélioré permet non seulement une attaque qui tourne mieux, mais permet à certains joueurs d’afficher d’autres qualités : Towns a pu distribué 9 passes décisives face aux Clippers, et Josh Okogie ou Jarrett Culver bénéficie de lignes ouvertes vers le cercle pour slasher. Hernangomez et Beasley ont parfaitement trouvé leur place, tout comme James Johnson, très intéressant aux côtés de KAT. Les autres recrues n’ont pas encore été alignées, notamment Vanderbilt et Spellman. Ce dernier était pourtant apprécié des fans de Golden State, mais il est difficile de connaître son avenir sous le maillot des Wolves, et son futur proche se trouve en G-League.
Sur le plan défensif en revanche, le chantier est immense. Difficile de donner de la crédibilité au binôme Towns/Russell. Le pivot démontre encore cette saison ses difficultés de ce côté du terrain, avec un manque d’agressivité criant, et des lacunes persistantes sur les lectures défensives. S’il affiche des statistiques plutôt correctes en protection de cercle pure, il devient catastrophique lorsqu’il faut s’écarter. Par exemple, voici les pourcentages au tirs de ses adversaires selon certaines zones :
- 64% dans la restricted area (sous le cercle), un moyenne légèrement moins bonne que les Gobert, Embiid ou Davis
- 45.4% sur les mid-range (plus mauvaise moyenne)
- 41.4% sur les 3pts hors des corners (plus mauvaise moyenne)
Ces chiffres démontrent bien l’incapacité de Towns à défendre sur les tirs hors de la peinture, provoqués lors des pick-and-roll notamment – défendre le lanceur qui tire ou le receveur sur pick-and-pop. Son manque de compréhension des situations défensives en fait une cible facile pour les bons attaquants adverses, notamment les extérieurs. De plus, il reste en difficulté sur les aides notamment, laissant parfois un accès facile au cercle.
De son côté, D’Angelo Russell n’a jamais montré de vraies aptitudes défensives. Par manque d’envie peut-être, mais également limité en terme de puissance, il ne sera jamais un grand défenseur à son poste. Face aux difficultés annoncées de cet axe, les Wolves vont devoir combler sur les ailes notamment. Jarrett Culver et Josh Okogie ont montré leurs capacités de ce côté du terrain, et laissent présager de belles choses. Beasley, bien qu’indiscipliné, mettra toujours de l’intensité. Minnesota essaiera peut-être de récupérer un dernier arrière/ailier très solide à la Free Agency.
Reste la question de la raquette, et plusieurs hypothèses émergent. La première, voir Towns se remuer un peu plus et élever son niveau défensif. Avec plus d’envie et de dureté, il pourrait voir son rendement s’améliorer. David Vanterpool, assistant défensif chez les Wolves, aura du travail mais on se souvient qu’il avait transformé la défense de Porland. L’autre partie de la solution réside dans le joueur associé avec Towns. Est-ce que les Wolves sauront dénicher un profil défensif suffisamment fort pour combler les lacunes de KAT ? Rien n’est moins sûr.
Un joueur comme Montrezl Harrell pourrait faire l’affaire, avec une énergie débordante, que ce soit en défense ou au rebond. Un secteur qui fait parfois défaut aux Wolves. Une idée a fait son chemin parmi les observateurs, celle de récupérer un pivot défensif, et d’aligner Towns au poste 4. Son profil offensif reste utilisable sur ce spot, mais ce serait gâcher en partie ses immenses qualités techniques. En attaque, KAT doit plus jouer à l’intérieur, et accepter le combat, ce qu’il a tendance à éviter aujourd’hui. Il est en partie excusable par son efficacité à 3pts, mais il reste un pivot. D’autant que sur le plan défensif, ses défauts n’en seraient pas plus masqués, et il serait confronté à des switchs encore plus dangereux, face à des postes 3 par exemple.
Un autre point d’interrogation majeur chez les Wolves concerne le leadership. Karl-Anthony Towns alterne le chaud et le froid dans le domaine. Véritable soutien de ses coéquipiers, leader technique, il n’en reste pas moins un Franchise Player encore trop immature. Il devra s’affirmer d’autant plus sur le parquet, notamment en jouant plus dur, et en arrêtant d’afficher sa frustration lorsque les coups de sifflet ne vont pas dans sons sens.
A ses côtés, D’Angelo Russell semble vouloir prendre une place de leader vocal. Mais la présence de vétérans expérimentés au caractère fort est indispensable à cette équipe. James Johnson peut occuper ce rôle, et la Free Agency pourrait permettre de ramener un tel profil.
Enfin, le cas Ryan Saunders commence doucement à interroger. S’il bénéficie d’une indulgence naturelle en raison de son attachement à la franchise – fils du regretté Flip Saunders, enfant du Minnesota – et de son jeune âge, il devra progresser sur plusieurs aspects. Le niveau défensif doit être amélioré, tout comme la gestion de certains moments de match. On voit trop souvent peu de changements réels après un temps mort, et même des systèmes ratés dans les moments chauds.
La gestion des fins de match est également en cause, avec plusieurs avances gâchées par les Wolves ces dernières semaines, ou une incapacité à rester au contact de l’adversaire lors d’un run en deuxième mi-temps. Saunders devra donc montrer des progrès, et afficher de bonnes idées dans l’utilisation offensive de son nouveau roster, notamment autour du duo KAT/D-Lo.
Attention tout de même. Saunders reste un coach jeune qui n’a encore jamais bénéficié d’une vraie stabilité pour travailler. L’effectif n’a cessé de bouger depuis sa prise de fonction, et pas du tout adapté aux idées de jeu qui lui sont demandées depuis quelques mois. Difficile donc de porter un jugement fiable sur le coach.
En conclusion, les Timberwolves ont encore beaucoup de travail avant de retrouver les Playoffs pour ambition. Cela doit être un objectif dès la saison prochaine, et passera par des étapes critiques :
- Développer les jeunes joueurs
- Améliorer significativement le niveau défensif
- Gérer les dossiers importants de l’été : Malik Beasley en tête, Juancho Hernagomez, et James Johnson
Reste à savoir les décisions futures de Gersson Rosas et son équipe. Connaissant l’attitude agressive du président, nul doute qu’il tentera des coups. Va-t-il conserver les deux choix de Draft qu’il a tenu à préserver lors du trade pour Russell ? La Draft est annoncée comme une des plus faibles de ces dernières années, aussi le management cherchera peut-être à récupérer un joueur confirmé en échange d’un pick. Evidemment, dès la réunion de Russell et Towns actée, le fantasme de voir Booker rejoindre ses deux copains est apparu. Une possibilité bien lointaine, mais peut-être Rosas tentera-t-il de récupérer un gros nom dans les prochains mois si l’occasion lui est donnée.
Il assure avoir un plan bien défini, mais ne veut pas se précipiter. Hors de question de prendre des décisions pour le court-terme.
“Il y a toujours des bons et des mauvais jours devant nous, mais nous construisons les fondations d’un système durable que ce marché et cette organisation n’ont jamais connu auparavant. C’est notre objectif.”
Le président a d’ailleurs gagné la confiance de son Franchise Player, Karl-Anthony Towns :
“Guerss a un plan. Il faut le croire. Il faut avoir confiance en lui, c’est mon cas. Il fait les moves qu’il faut pou qu’on passe au niveau supérieur, retourner en Playoffs, et peut-être même viser un titre un jour.”
Rosas semble sur la bonne voie, et ses décisions intelligentes pour l’avenir des Wolves. A lui de poursuivre son travail, mais le nouveau duo KAT/D-Lo aura de lourdes responsabilités à assumer dans les prochains mois. Comme ils disent, “it’s time“.