Les Wolves de Minnesota effectuent une saison, encore une fois, en dessous des attentes. Malgré la présence d’un franchise player en puissance en la personne de Karl Anthony Towns, l’équipe enchaîne les défaites et prend beaucoup de retard dans une conférence Ouest de plus en plus forte.
Nous allons essayer à travers cet article d’analyser les raisons des échecs sportifs renouvelés d’une équipe, pourtant prometteuse sur le papier. Un deuxième article suivra où nous nous projetterons sur l’association, toute neuve suite à la trade deadline du 7 février, entre D’Lo et KAT ( D’angelo Russel – Karl Anthony Towns) et les nouveaux joueurs d’un roster profondément remanié, en essayant de disséquer ce que ça promet pour l’avenir d’une franchise en besoin urgent de retrouver le bon chemin.
Towns : Tout un paradoxe
Si le cas des Minnesota Timberwolves suscite l’intérêt de nombreux observateurs de la NBA, c’est en grande partie grâce à son franchise player et star Karl Anthony Towns, doté d’un talent et d’un potentiel dignes des meilleurs pivots de l’histoire du jeu.
Le numéro 1 de la draft 2015 effectue, encore une fois et sur la lignée de ses saisons précédentes, une saison très sérieuse sur le plan statistique compilant 26.7 points/ 10.8 rebonds/ 4.2 passes décisives avec une réussite au shoot au-dessus de la moyenne. Cependant, le bilan de l’équipe n’est pas aussi fleurissant que la feuille de stats du pivot. Avec un bilan de 15 victoires et 35 défaites, son équipe joue réellement la loterie alors qu’elle était destinée à se battre pour une place en play-offs dans les prévisions en début de saison. En effet, il est là tout le paradoxe entourant la franchise de Minnesota, à savoir, un FP (Franchise Player) très performant individuellement et des résultats collectifs pas vraiment terribles.
Certes, le KAT n’a pas un casting de très haute voltige autour de lui, ni un coach expérimenté (nous reviendrons sur ces 2 points plus tard), mais il n’est pas indemne des critiques malgré une feuille de statistiques plus qu’honorable.
En effet, malgré sa progression notable en défense, Towns est encore loin d’être ce pilier défensif qui va ancrer une défense autour de lui. Sa défense en « drop coverage » sur les PnR (Pick and Roll) est très insuffisante tant au niveau du placement/déplacement qu’au au niveau de l’engagement et de l’effort. Sa présence sous le cercle et son travail de dissuasion sont quasi-inexistants et exposent au grand jour des lacunes de plus en plus nombreuses dans la défense intérieure de son équipe ( 20ème de la NBA avec 49.1 pts encaissés par match).
Il s’agit là, non d’un problème de personnel autour de KAT mais de KAT lui-même. En effet, l’efficacité défensive de son équipe descend de quasiment 12 points lorsqu’il est sur le terrain (son équipe encaisse une moyenne de 117.9 pts lorsqu’il est sur le terrain, 106 pts lorsqu’il est remplacé par Gorgui Dieng, qui pour l’occasion n’est pas réputé pour sa défense).
En attaque, le joueur a clairement un talent indéniable pour mettre le ballon dans le panier de plusieurs manières : post-up, Roll, Pop, drive balle en main, verticalité, rapidité et athlétisme en transition, shoot à mi-distance, shoot à 3 pts etc… Bref, la panoplie complète pour un pivot des temps modernes. Toutefois, ses prises de décisions et les choix qu’il opère sur le terrain (peut-être ceux du coach, on y reviendra plus tard) posent nombre de questions. Le premier reproche concerne son manque d’agressivité et de dureté sous le cercle surtout cette saison. Alors qu’il tentait en moyenne 4 tirs à 3 points par match sur les saisons précédents, son volume de shoot derrière l’arc a carrément doublé cette saison : 8.3 tirs par match (premier chez les pivots et dans les 10 premiers de la NBA tout poste confondu !). Un positionnement loin du cercle dans la plupart des possessions offensives efface de manière considérable son avantage physique (taille/envergure/poids) et la mismatch qu’il représente sous le cercle adverse et prive son équipe d’options offensives intérieures, entre autres au niveau des rebonds offensifs mais aussi et surtout dans la provocation de lancers francs auxquels il a un bon pourcentage de réussite et qui sont synonymes de fautes personnelles pour les adversaires. Un point positif à noter pour cette saison de KAT c’est sa nette amélioration en termes de lecture des « double-team » récurrents qui sont envoyés sur lui. Ceci s’est traduit par sa meilleure saison en carrière en termes de passes décisives (autour de 4 passes par match).
Loin des aspects techniques du jeu, le grand reproche qu’on peut faire à Towns est en rapport avec son faible leadership pour le moins que l’on puisse dire. En plus de la production statistique, il est demandé au « Franchise Player » d’incarner l’esprit et l’image de son équipe, d’avoir un certain caractère sur et en dehors du terrain afin d’emmener ses troupes avec lui. Ce n’est pas toujours le cas et Il est vrai que le meilleur joueur, peut ne pas être le leader vocal de l’équipe (exemple Kawhi Leonard ou Tim Duncan) mais il doit dans ce cas avoir une attitude irréprochable sur le terrain, notamment en terme d’efforts et de gestion de ses émotions, chose qui n’a pas encore mûrie chez KAT. Le pivot laisse encore trop souvent la frustration l’envahir, notamment lorsque les décisions arbitrales ne tournent pas en sa faveur, et à sortir de ses matchs.
Ça serait exagérer de dire que Karl Anthony Towns est le problème de l’équipe de Minnesota, loin de là, mais il est une part importante de la solution. Une solution qui passe par la remise en question de son attitude défensive et de ses choix en attaque.
Allô, y’a-t-il un coach à bord ?
Si ne pas avoir du leadership sur le terrain est problématique, ne pas en avoir aussi sur le banc peut s’avérer fatal.
Ryan Saunders est un coach aimé par ses joueurs, et c’est déjà un prérequis important pour tout coach dans sa communication, sa gestion d’effectif etc… Mais pour le jeune coach des Wolves cette complicité coach-joueurs n’est pas traduite forcément par une entente sur le terrain. Peut-être parce qu’il est si aimé (KAT, Wiggins et les jeunes joueurs ont déclaré à plusieurs reprises leur amour pour l’ancien assistant de Tim Thibodeau), que les joueurs le voient plus comme un ami et non pas comme un coach. Pour une équipe de jeunes, c’est difficile d’avoir un coach sans autorité sur les joueurs.
De plus, les choix tactiques adoptés par Saunders laissent vraiment un goût amer au vu du talent existant dans l’effectif. On a parlé précédemment de l’utilisation tactique de KAT qui fait défaut, mais il n’est pas le seul. Wiggins, Okogie ou Culver par exemple sont utilisés en dehors de leur zones de confort ce qui ne maximise pas le potentiel offensif de l’équipe.
En effet, Saunders promeut un basketball qui alterne entre le fameux « 5 OUT » qui libère la raquette et favorise la pénétration, les cut et les tirs à 3 pts d’un côté, et les entrées poste-bas pour KAT. Sauf que l’exécution mise en place sur le terrain et les choix des systèmes appelés ne va pas dans le même sens avec le schéma. Le choix de donner le ballon à Wiggins, Okogie ou Culver en création balle en main avec des écrans de KAT n’est pas du tout efficace compte tenu de l’inexpérience de ces joueurs dans la création et la lecture du jeu, et leur manque d’explosivité, de vitesse et de handle comparés à des meneurs plus rapides et véloces (Attention, je ne dis pas qu’ils sont lents ! Mais que leur utilisation à la DeRozan ou Bradley Beal n’est point adéquate avec leurs qualités).
Une utilisation plus adaptée de ces joueurs serait à notre humble avis la mise en place de systèmes de « main à main » qui devraient poser énormément de difficultés à défendre compte tenu des décalages qu’ils peuvent créer notamment avec la présence de Towns comme point d’appui. Ce dernier peut tout à fait faire la bonne passe main à main, ou après que les slasheurs coupent vers le cercle (Ok ce n’est pas Jokic, mais il a montré pas mal de fois sa maîtrise de ce genres de jeu notamment avec Thibodeau), comme il peut tout à fait ignorer la passe, se retourner et shooter ou aller vers le cercle. Bref, un casse-tête à défendre.
Plus de jeu poste-haut pour KAT ne ferait pas de mal aussi.
Il ne s’agit pas ici de bombarder les choix technico-tactiques de Saunders qui peuvent être fructueux dans une stratégie de construction d’une identité de jeu qui peut et doit prendre du temps. Cependant, le style de jeu adopté n’est clairement pas apte à faire gagner des matchs tout de suite à l’équipe.
Maintenant qu’on a parlé du jeu posé, l’autre facette qui pose problème pour les Timberwolves est sa stratégie en transition.
Pour résumer, ce que Saunders prêche pour son équipe c’est une espèce de courir en transition pour shooter à 3 points. Cerise sur le gâteau, c’est souvent KAT qui prend le rebond, court (pas plus vite que les autres) pour aller chercher des passes dans les corners. Ce qui n’est pas du tout fructueux, en témoigne leur dernière place de toute la ligue en termes d’efficacité en transition (46,5% de concrétisation pour 1.03 pts marqué en moyenne) couplé à une place dans le top 10 en termes de perte de balle en transition (12,6% de perte de balle.
Quels changements ?
Etant donné les changements majeurs opérés sur l’effectif pendant la trade deadline, on laissera cette partie pour un deuxième article qui viendra compléter celui-ci, et qui évoquera la nouvelle direction prise par la franchise et ce que cela nous dit sur son avenir.
Stay Tuned …