Tout autant que le sont les logos, les parquets ou les maillots, les salles dans lesquelles évoluent des équipes de basket sont une part de leur identité. Le fan de NBA connaissant sa géographie, connait également la morphologie de ces immenses arènes qui ne cessent d’innover en matière de confort, et peut identifier d’un regard à quel endroit, dans quel stade, il regarde le match. Il s’y crée même des repères, et le fan d’une équipe NBA considérera l’arène de son équipe préférée comme sa maison. Nous nous attachons donc tous aux salles de l’équipe que nous supportons, elle est un symbole d’histoire, d’identité et de longévité. Les changements de salles sont souvent un crève-cœur pour les fans. Aussi, je vous propose de partir à la recherche de ces stades qui sont désormais disparus, détruits, abandonnés par le basket, mais qui ont été le cœur des grands moments de votre enfance, ou des fans NBA d’hier, avant que ceux-ci ne laissent la place. Car parmi les 30 arènes majestueuses de la NBA aujourd’hui, ont parfois précédé des lieux qui sont encore vénérés.
Le Chicago Stadium – Détruit
Lorsqu’en 1995, Air Jordan rechausse ses baskets pour revenir dominer la NBA, il est évident que le Bull nécessite une certaine période d’acclimatation. Car lorsqu’il revient jouer en NBA, les Bulls ont désormais déménagé au United Center que nous connaissons encore. Or, Jordan n’avait jamais manqué de rappeler à quel point ses repères étaient bien au Chicago Stadium. Construit en 1928, il était évident que l’arène ne présentait aucune compatibilité avec les besoins technologiques et logistiques de l’époque. Le jumbotron central ne permettait pas l’installation d’écran, la visibilité était moyenne et la capacité devait s’améliorer après un three-peat mémorable. Le United Center sera construit en face, et le Chicago Stadium sera malheureusement détruit, en faisant disparaître avec lui les lieux saint des exploits de MJ de 1984 à 1993.
Le Summit de Houston – Remplacé
Moins charismatique, mais surtout moins regretté, car toujours existant, le Summit a pourtant été le lieu des deux titres des Rockets en 1994 et 95. Contrairement au Chicago Stadium, le Summit s’est adapté à son temps et porte désormais le nom de Compaq Center. Arrivés au Summit en 1975, les Rockets attendirent 2003 pour changer de salle et rejoindre celle que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Toyota Center. Le Summit, durant ses dernières années, connaissait une forte baisse de fréquentation et son âge ne le rendait plus assez adapté à la pratique du basket américain des années 2000. Par ailleurs, Houston est à l’époque en quête d’un nouveau souffle, et d’une rénovation de son image. Le Compaq Center s’est vu donc retirer les belle bannières de champions NBA, et est aujourd’hui le théâtre des processions évangélistes de Lakewook Church. Est-ce que les fidèles y vénèrent des Reliques de Saint-Hakeem ? On croise les doigts.
Le Madison Square Garden – Détruit
Comment ça détruit ? Mais pourtant, le Madison Square Garden est aujourd’hui non seulement la salle la plus célèbre du monde, mais elle est aussi et surtout la plus ancienne salle NBA en activité à ce jour ! L’arène mythique, dans laquelle QiBasket vous a déjà emmené en février dernier, est depuis le début, la maison des Knicks. Et cette affirmation est totalement vraie, à un détail prêt. Le Madison Square Garden que vous connaissez est en réalité le 4e du nom. Or, la salle actuelle a été construite en 1968. Dès lors, où jouaient les Knicks entre 1946 et 1968 ? Au Madison Square Garden III. Il a été difficile de trouver des images de l’ancien MSG construit en 1925 et détruit en 1968 (ou du moins réaménagé). Aujourd’hui, après avoir été… un parking, l’âme du Madison Square Garden III demeure dans le Worldwide Plaza, dans le downtown de Manhattan. Le MSG-III connaîtra les premières gloires des Knicks, avec Richie Guerin par exemple, mais hélas aussi les 3 finales perdues consécutivement en 1951-52-53. Au final, on se souvient plus de l’arène comme du lieu où chanta Marilyn Monroe son fameux “Happy Birthday M.President” à John F.Kennedy, ou aux nombreux matchs de boxe et autres parties de Hockey.
The Forum of Inglewood – Remplacé
Le “Forum” est une place forte de l’histoire de la NBA. A tel point que même les derniers 2K l’intègrent dans sa liste de salles lorsque vous jouer avec les équipes rétro ! Le Forum d’Inglewood est un immense symbole pour tout historien de la grande ligue. Il fut l’église du Showtime, de Magic, mais aussi le théâtre du fameux Game 7 du titre de 1988 face aux Pistons et ce match joué en boitant par Isiah Thomas. On retrouve même les colonnades extérieures du Forum dans une scène de Space Jam, ainsi que dans le jeu GTA V. Construit en 1965, les Lakers vont s’y installer dès 1967 et y demeurer jusqu’en 1999. La salle va donc être la maison des exploits d’Elgin Baylor, de Jerry West, Wilt Chamberlain, puis de Kareem Abdul-Jabbar, Magic Johnson, James Worthy, Byron Scott, Vlade Divac, Nick Van Exel, Eddie Jones et bien évidemment, de Kobe Bryant et Shaquille O’Neal. Les Lakers passeront au Staples Center qu’ils partageront avec les Clippers dès l’année du premier titre du duo Kobe-Shaq. Mais l’on se souviendra toujours de cette salle éclairée de ce parquet lumineux rempli de jaune et sur lequel on a pu voir les premiers croustillants duels Jordan-Bryant. Son aventure avec la NBA terminée, le Forum s’est aussi converti au christianisme, puisqu’il est également le lieu pour les grandes messes californiennes. Il sert encore aussi pour des concerts, et abritait d’ailleurs les ultimes répétitions en 2009 d’un certain Michael Jackson… les dernières image du King of Pop, visibles dans le documentaire “This is it !” sont bien dans le Forum.
Orlando Arena – Détruit
Une arène que beaucoup de fans gardent dans leur cœur, la Orlando Arena n’a vécu pourtant que vingt-deux petites années et pas plus. Curieux pour une salle qui fut nommé “Arena of the Year” en 1991, soit deux ans à peine après sa construction. Mais dès 2011, des travaux de destructions furent engagés. La Orlando Arena, reste iconique pour un détail assez bête : ses séries de lumières sous le premier étage de la tribune, très souvent transformées en fond de décors pour les plans iconiques des premiers dunk du Shaq, puis de Dwight Howard. La salle gagne très vite en popularité quand le Magic devient une écurie taillée pour le titre avec le duo Penny Hardaway-Shaquille O’Neal. Elle connaîtra la finale de 1995 donc, mais aussi celle de 2009. Hélas, le Magic n’aura pas l’occasion de fêter un titre dans cette salle qui, sous les ambitions de la ville et de la franchise de disposer rapidement d’une nouvelle salle payée au prix fort, se fera renommée Amway Center, avant d’être mis à la retraite dès 2011, pour permettre à sa successeur d’accueillir le All Star Game 2012. L’arène n’est plus aujourd’hui, remplacé par des complexes urbains de diverses natures. Mais il faut admettre que 20 ans, c’est peu pour une vie de stade.
L’Alamodome – Remplacé
Est-ce que Tony Parker y a pensé ? Lorsqu’en 2015, durant l’Eurobasket, l’équipe de France passe la phase de poule et se rend à Lille pour les 1/8e de finales de la compétition, il découvrent le stade habituellement réservé au LOSC, club de foot de Ligue 1, mais qui s’est totalement transformé en véritable salle de basket-ball immense, par une prouesse logistique et technologique introuvable ailleurs en France. Est-ce que Tony s’est alors souvenu que la salle dans laquelle il a joué son premier match de NBA était exactement de la même nature ? L’Alamodome était une immense arène de football américain. Un stade construit en 1990 pour 64 000 places, dédié au football US, mais pas que, car dès sa création, il était envisagé de le rendre polyvalent pour accueillir concerts, rodéos, hockey, et bien sur, la NBA. Les Spurs quittèrent donc leur très petite HemisFair Arena pour emménager en 1993 avec l’Amiral David Robinson, Dennis Rodman et Vinny Del Negro and co, dans l’immense enceinte qui se coupait en deux par un immense rideau bleuté, afin de ressembler à une salle de basket-ball classique. On se souvient de certaines difficultés lors du All Star Game de Dallas en 2011 dans le Dallas Cowboys Stadium de 100 000 places, exprimée par les joueurs par rapport à la profondeur de champs du terrain du à la grandeur du stade. Mais à l’Alamodome, cela ne sembla jamais gêner les Spurs… Tim Duncan y fera ses premiers exploit et San Antonio y jouera les Finals de 1999 face aux Knicks. Et puis plus tard, ce sera bien Tony Parker qui y jouera ses premiers matchs, avant que l’AT&T Center ne voit le jour.
La Key Arena – Dépossédée
Oui dépossédée… La Key Arena était LA salle d’une franchise, d’une ville. Située fièrement au centre de la ville de Seattle, sous sa forme piramidale au pied de la Spin Tower, la salle abritait les très célèbres et populaires Supersonics ! En 2008, c’est dans cette arène que, sous le maillot vert, jaune et blanc, un certain Kevin Durant débute sa carrière. Mais voilà, le propriétaire de la franchise Howard Schultz, PDG de Starbucks, décide de vendre l’équipe à Clay Bennet et un groupe d’actionnaires placés dans l’Oklahoma. La crainte envahit les fans. Non, l’équipe du futur MVP Durant, la franchise de Kemp et Payton, de Ray Allen, de Vin Baker, de Lenny Wilkens et Jack Sikma, ne peut quitter Seattle ! Et pourtant, après avoir soufflé le chaud et le froid, la Key Arena servit de motif aux propriétaires pour expliquer un déménagement soi-disant nécessaire. La Key Arena, jugée vétuste, construite en 1962, soit AVANT le Madison Square Garden IV, devient la condition sine qua none de la présence d’une franchise NBA à Seattle. On annoncera plusieurs fois le retour des Sonics, mais à chaque fois sans suite, même quand en 2012, Gary Payton lui-même estimait avoir fait suffisemment de lobbying pour convaincre David Stern de ramener une franchise. Il n’en fut rien. Le spectre de la vieille Key Arena servira d’épouvantail et forcera Seattle à proposer un plan pour une nouvelle salle pour espérer qu’un jour, elle puisse avoir ses SONICS BACK ! (instant militant). L’arène est cependant toujours active et même en phase de rénovation actuellement. Elle accueille divers événements sportifs de toute nature, y compris l’E-sport, mais aussi des concerts et conférence. Même si elle fut donc dépossédée de sa franchise chérie, l’arène continue de vivre au coeur de Seattle.
Le Boston Garden – Détruit
Evidemment un incontournable, parce qu’omniprésent dans l’historique de la NBA, au point d’en être même le théâtre principal. Le Boston Garden était l’antre de la NBA des premiers âges : “Havlicek stole the ball”, Bill Russel, Jo Jo White, “That’s a steal by Bird”, mais aussi le sky hook de Magic Johnson en 87, tout ça s’est passé dans le Boston Garden. Autant vous dire qu’en terme d’héritage historique, l’arène n’a quasiment pas de rival. Son architecture, reconnaissable par sa structure jaune et ses gradins à niveaux différents, avait marqué les fans tout autant que les nombreux exploits qui y avaient eu lieu. Autant vous dire que l’arrivée du TD Garden, juste en face du Boston Garden, avait été un moment très très difficile pour les fans des Celtics, d’autant que cela arrivait en 1995, alors que Boston était devenu une équipe sans trop de force dans la NBA. L’arène, construite en 1928, était bien entendu trop petite, vieillissante et obsolète. Le nom de “Garden” restera fortement présent dans le coeur des fans et bien entendu, le TD Garden conserve cette dénomination, par héritage, et attachement. Le titre de 2008 adoubera l’héritier du Garden. L’ancien Boston Garden lui, sera démoli. Le palmarès du Garden donne le tournis : 17 finales de Stanley Cup de NHL, 19 finales NBA, dont 9 remportée dans l’enceinte, et 4 all star games…
The Pontiac Silverdome et The Palace of Auburn Hill – Abandonné, puis détruit, et détruit (bientôt)
Nous sommes encore dans le deuil de la perte récente du Palace. Les Pistons ayant changé de salle en 2017 pour aller au “Little Cesar Palace”, il faut avouer que tous les fans NBA ont eu un peu mal au coeur lorsque la franchise de Detroit a tourné le dos à son fabuleux palais. Et c’est d’autant plus difficile que la démolition du stade est prévue ce mois-ci. Les Pistons y avaient marqué les esprits… L’élégance du logo de l’arène, son ambiance sans égale, ces équipes et ces joueurs qui y sont venus pour répandre le basket des Bad Boys de Thomas, Dumars, Laimbeer et Rodman, puis de Pistons défenseurs affamés avec les Wallace, Sheed et Ben, Billups, Hamilton et Prince. Trois titres seront remportés sous le règne du Palace, qui reste également dans l’histoire comme le théatre du pire jour de la NBA, lors de la fameuse bagarre entre joueurs d’Indiana et de Detroit et avec le public, l’épisode bien entendu connu sous le nom de “Malice at the Palace”. Episode si marquant pour le sport mondial, que même la Matinale de France 2 avec William Leymergie en feront un reportage.
Nous ajoutons le Pontiac Silverdome. Car oui, avant le Palace, juste avant que les Pistons ne commencent à reigner sur la NBA, il y eu le Pontiac Silverdome. Tout comme l’Alamodome, le Pontiac Silverdome était avant tout une arène de football américain. Mais le stade, remarquable par son originalité architecturale et ce toit blanc donnant l’impression d’un ballon gonflé, fut aussi et surtout le grand moment de gloire pour le “Soccer” puisque ce fut dans le stade que s’ouvrit la Coupe du monde de foot 1994 avec un match Suisse-USA. Une fois les Pistons au Palace, le Silverdome continua donc de vivre. Sauf qu’aujourd’hui, après les abandons des franchises locataires, les unes après les autres, puis après l’arrêt des concerts, le stade fut purement et simplement abandonné et laissé en désuétude. Après les fans de Football US, de Soccer, de NBA, cs furent donc les fans d’Urbex qui investirent l’arène dont le toit avait finalement réussi à s’effondrer ! Après quelques tentatives infructueuse de renaissance, la ville de Detroit, sortant de son anesthésie économique, fini par achever les souffrance de l’arène en la démolissant en 2018.