Depuis 1946 et la création de la National Basketball Association, quelque cinq mille joueurs ont foulé les parquets de la Grande Ligue. Certains d’entre eux ont laissé une empreinte indélébile qui ne sera jamais oubliée. D’autres sont restés bien plus anonymes. Entre les deux ? Des centaines de joueurs, qui ont tour à tour affiché un niveau de jeu exceptionnel, mais dont on oublie bien souvent la carrière.
Dès lors, @BenjaminForant et @Schoepfer68 ont décidé de dresser – littéralement – le portrait de certains de ces acteurs méconnus ou sous-estimés. Au total, ce sont 60 articles qui vous seront proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010. Pour chaque saison, un joueur a été sélectionné comme étendard, parfois en raison d’une saison particulièrement réussie, d’une rencontre extraordinaire ou encore d’une action historique …
Chaque portrait s’inscrira dans une volonté, celle de traverser l’Histoire de la NBA de manière cohérente. Ainsi, ces portraits (hebdomadaires) seront publiés dans un ordre précis : un meneur, un arrière, un ailier, un ailier-fort, un pivot. Au bout de cinq semaines, c’est donc un cinq majeur qui sera constitué. Les plus matheux d’entre vous l’aurons compris : au final, ce seront douze équipes, toutes composées de joueurs ayant évolué au cours de décennies distinctes, qui auront été composées.
A vous de déterminer lequel de ces cinq majeurs sera le plus fort, le plus complémentaire, le plus dynastique.
Vous trouverez en fin d’article les liens vous permettant de (re)consulter les articles précédents.
La jaquette
Pour chaque article, @Thibdesign vous proposera ses créations. Vous y retrouverez une illustration du joueur présenté (en tête d’article) ainsi une présentation de chaque cinq majeur projeté (chacun avec une identité visuelle propre).
Le synopsis
Jason Frederick Kidd est né le 23 mars 1973, à San Francisco, sur la côte ouest du pays. Ce meneur de jeu (au sens premier du terme) aura marqué la seconde partie des 90’s ainsi que la décennie 2000 par l’aspect plus que complet de son jeu, et sa capacité à tenir d’une main de maître des effectifs pas forcément formidables.
En effet, une fois sur un terrain de basket, Kidd savait (presque) tout faire. Entre son shoot, qui s’est considérablement amélioré aux fil des saisons, ce qui fait de lui le dixième scoreur le plus prolifique à 3 points (1 988 inscrit en carrière à 34%) et son physique classique pour un Point Guard (1m93 pour 95 kilos) lui permettant de prendre de nombreux rebonds et d’être correct défensivement en interceptant à foison (2ème meilleur All Time de la catégorie), Jason avait déjà une base pour réussir dans la ligue.
Mais lorsque l’on pense à J-Kidd, nos premières pensées ne se tournent pas vers cela. Pour le grand public (et à juste titre), le nom du meneur rime avec passes décisives, que ce soit qualitativement ou quantitativement. Clairement, que ce soit sur l’aspect statistique pur (12 091, 2ème All-Time derrière l’intouchable Stockton) ou sur l’aspect visuel (on parle ici de la beauté des assists même si cela reste subjectif ), l’ex superstar des Nets et des Mavs a régalé toute la Ligue. Entre passes dans le dos, no-look assists ou encore bowling ball pass, Kidd savait absolument tout faire avec une balle orange entre les mains.
Enfin, afin de finir la mise en bouche et avant de passer au plat de résistance de cet épisode, il me semble essentiel d’aborder les qualités cérébrales de cette légende. En dehors de sa vision de jeu fantastique, qui lui permette, en plus des passes, de gérer a merveille le tempo, Jason est un leader exceptionnel. Il n’est pas réputé pour être l’homme le plus agréable a côtoyer quotidiennement, mais sur un terrain, son aura impacte toutes les personnes se trouvant sur un parquet. De nombreux joueurs ayant évolué à ses côtés ont eu un réel niveau le temps de leur passage dans la franchise du meneur. Ce fût par exemple le cas de Kenyon Martin, qui réalisa la meilleure partie de sa carrière aux Nets en compagne de “Mr Triple Double”.
De Phoenix À Dallas, en passant par le New Jersey, retour sur la flamboyante carrière de J-Kidd.
Action !
Depuis tout petit, Jason et son intelligence hors norme impressionne les observateurs. Dès son entrée sur les circuits intéressants pour les recruteurs, le jeune meneur commence à impressionner. A titre d’exemple, il tourne à 25 points, 10 passes, 7 rebonds et autant d’interceptions lors de sa dernière année au sein de son High School de Saint Joseph Notre Dame. Cette ligne statistique provoque énormément d’engouement au sein de toutes les Universités du pays. Il se voit donc proposer un poste en or au sein des meilleurs programmes. Mais Kidd surprend le monde de la NCAA en rejoignant une petite face de sa Californie natale, Berkeley. Lors de ses deux saisons au sein de la faculté, son apport statistique sera très important. Quasiment 15 points, 8,5 passes et 7 rebonds de moyenne ainsi que plus de 3 interceptions par match, ce qui est impressionnant, même pour lui.
Après ces deux très bonnes années sur le plan individuel mais également collectif où les Golden Bears réussissent à se qualifier pour la phase finale du tournoi NCAA en 1993, Kidd s’inscrit pour la draft 1994. Cette cuvée n’est pas la plus exceptionnelle, mais trois gros talents semblent se détacher du reste du peloton : Kidd, Glenn Robinson et Grant Hill.
Big Dog Robinson est sélectionné par les Bucks avec le first pick, tandis que Kidd et Hill suivront, en intégrant respectivement les franchises de Dallas et de Détroit.
Dès sa première saison, notre ami Jason impressionnera la Grande Ligue par son QI Basket largement au dessus de la moyenne. Il ne sera jamais un scoreur incroyable, mais tout le monde entrevoit déjà le potentiel que possède le joueur en tant que gestionnaire. Le rookie réussira notamment deux matchs impressionnants déterminants dans la course au titre de Rookie of the Year, où il alliera scoring impeccable et distribution comme à son habitude :
- Le 13 mars 1995 @ Golden State : 30 points, 17 passes décisives, 4 rebonds et 4 interceptions dans une victoire (+5).
- Le 11 avril 1995 @ Houston : 38 points, 11 rebonds, 10 passes décisives et 3 interceptions dans une victoire (+9)
Ces deux performances seront les statements game de sa première saison. Grâce à une régularité déjà impressionnante (22 matchs au dessus des 10 passes décisives) et un faible niveau des autres jeunes de la Grande Ligue, Kidd sera élu co-rookie de l’année, au même titre que l’ailier des Pistons, Grant Hill. Il s’en sortira avec une ligne statistique reflétant dès son jeune âge l’aspect complet de son jeu : 11,7 points, 7,7 passes décisives, 5,9 rebonds et 1,9 interceptions en 33,8 minutes de jeu.
L’expérience engrangée lors de cette première saison va avoir une importance capitale dès l’année sophomore du joueur. Kidd a très rapidement compris comment fonctionnait la NBA et devient, dès sa seconde saison, une arme létale pour sa franchise. Même si celle-ci ne reflète pas tout ce que Jason réalise sur un parquet, sa ligne statistique augmente drastiquement : cinq points, deux passes et un rebond et demi, ce qui nous donne la bagatelle de 16,6 points, 9,7 passes et 6,8 rebonds.
Cette incroyable progression lui permettra d’être sélectionné pour son premier All Star Game en 1996. Il sera également nommé joueur de la semaine à une reprise, ce qui fût également le cas lors de sa saison rookie. Pas mal pour un sophomore.
Malheureusement, les résultats collectifs ne suivront pas la courbe ascendante de la superstar. Kidd se démène pour accrocher un spot parmi les 8 premiers de la conférence en réalisant quelques performances monstrueuses pour un tout jeune joueur, mais la concurrence était trop rude. Entre les Suns de Barkley, le Jazz de Stockton et Malone ou les Spurs de Robinson, le meneur sophomore était trop esseulé pour s’en sortir.
A titre informatif, pour que vous ayez une idée du niveau de notre ami, voici les 4 meilleures performances du Point Guard de Dallas sur sa seconde saison professionnelle :
- Le 12 janvier 1996 @ Phoenix : 33 points à 64% au shoot, 16 passes décisives et 12 rebonds dans une victoire (+10).
- Le 30 janvier 1996 vs LA Clippers : 21 points, 16 rebonds et 16 passes décisives dans une victoire (+4).
- Le 01 février 1996 vs Seattle : 36 points, 9 rebonds, 8 passes décisives dans une victoire (+3).
- Le 19 avril 1996 @ Phoenix : 37 points, 10 passes décisives et 8 rebonds dans une lourde défaite (-20).
A la suite de cette nouvelle saison sans playoffs, la sixième consécutive, le management texan souhaite faire le ménage dans la franchise, et le meneur en fera les frais. Après 22 matchs sous les couleurs bleues et blanches des Mavs dans cette nouvelle saison, Kidd rejoint l’Arizona et Phoenix fin décembre 1996, qui veulent également tourner la page suite au départ durant l’été de Charles Barkley. Sam Cassell, AC Green et Michael Finley, eux, font le chemin inverse.
Jason Kidd jouera pour la première fois de sa carrière une post-season. Même si celle-ci fût très courte (élimination au premier tour par les Supersonics) , le néo-meneur des Cactus engrange encore et toujours de l’expérience, car, rappelons le, il n’est que dans sa troisième saison NBA.
Cette saison de transition n’a pas été exceptionnelle pour le joueur sur le plan statistique, malgré quelques matchs où son talent de passeur hors pair ressort naturellement. Il a notamment réussi 14 matchs à plus de 12 passes décisives, dont des pics à 17 ou 18 assists.
Durant les playoffs, il atteint à 3 reprises (en 5 matchs) la barre symbolique 10 passes décisives et réalise notamment son premier match référence dans la phase finale de la Grande Ligue : 23 points, 14 passes décisives et 6 rebonds. La défaite gâche cependant la fête.
A l’aube de la saison 1997 – 1998, pour ce qui sera la première complète sous le maillot de Phoenix, la franchise est pleine d’espoir. Sur le papier et avec vingts années de recul, la triplette à la mène Kidd – Nash – Johnson semble être programmée pour marcher sur la NBA.
Dès le match d’ouverture, toute la Ligue va pouvoir comprendre ce à quoi ressemblera la saison de Kidd. Une ligne de statistique plus que complète, mais un réel problème au scoring, ce qui lui fera défaut dès lors que son équipe sera en difficulté. En effet, face aux Clippers, en ce 31 octobre 1997, J-Kidd cumulera 16 assists, 14 rebonds et 6 interceptions pour seulement 6 petits points à 25% au shoot.
En dehors de ces problèmes d’adresse récurrents, la franchise de l’Arizona tourne parfaitement bien et son meneur titulaire régale. Que ce soit d’un point de vue individuel (11,6 points, 9,1 passes décisives et 6,2 rebonds, 4 triples – doubles, 30 doubles – doubles ) ou collectif (56 victoires, 4ème à l’Ouest) , J-Kidd et les Suns ont fait le travail.
Pour la seconde saison consécutive, Jason joue donc la post season. Ils tombent nez à nez avec les Spurs du rookie Duncan et de l’expérimenté Robinson. Cette raquette d’Hall-of-Famer marchera sur la concurrence, et balayera une nouvelle fois les Suns au premier tour. Dans la continuité de sa saison, Kidd sera propre sans être pour autant flamboyant.
Nouvelle déception pour la franchise, qui attendait surement plus de cet effectif. Mr Triple Double sent qu’il doit individuellement être plus efficace afin de faire franchir un cap à son équipe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la saison suivante est la preuve de ce nouvel état d’esprit.
L’oscar de la saison 1998 – 1999
La saison 1998 – 1999 n’est pas une saison classique dans l’Histoire de la Grande Ligue. En effet, il faut dans un premier temps préciser que celle-ci fût écourtée pour cause de lock-out, dû à un désaccord entre l’association des joueurs et la NBA sur ce que l’on appelle le CBA (Collectif Bargaining Agreement). Les franchises disputeront donc simplement 50 rencontres, toutes à partir de février 1999.
De plus, ce lock-out aura comme autre conséquence l’annulation du All Star Game.
Johnson et Nash ayant quitté le navire, Kidd voit de nouveaux collègues venir fournir l’effectif. Dans le 5 majeur, Rex Chapman et Clifford Robinson sont toujours présents pour épauler le meneur All-Star, tandis que Tom Gugliotta débarque en provenance de Minnesota et Luc Longley arrive directement de Chicago.
Le 05 février 1999, la saison des Phoenix Suns débute enfin. Les cactus se déplacent dans l’antre des Clippers pour la rencontre d’ouverture. Kidd, tel un vrai chef d’orchestre, en profite pour réciter sa partition, travaillée avec le reste de l’effectif durant plusieurs mois. 18 points, 10 passes, 3 rebonds et 2 interceptions plus tard, les Suns quittent le Los Angeles Memorial Sport Arena avec leur première victoire de la saison.
L’ex-meneur des Mavs débute cette saison sur les chapeaux de roues. Voici certaines lignes statistiques récoltées sur le premier mois de compétition :
- 13 février 1999 vs LA Clippers : 14 points, 16 passes décisives, 3 rebonds et 3 interceptions dans une victoire (+3).
- 15 février 1999 @ Denver : 28 points, 13 passes décisives, 11 rebonds dans une victoire (+9).
- 17 février 1999 @ San Antonio : 14 points, 10 passes décisives, 15 rebonds dans une victoire (+ 3).
- 22 février 1999 vs Dallas : 17 points, 12 passes décisives, 10 rebonds dans une victoire (+18).
- 25 février 1999 @ Vancouver : 14 points, 16 passes décisives, 12 rebonds, 6 interceptions dans une victoire (+8).
- 26 février 1999 @ Golden State : 10 points, 18 passes décisives, 9 rebonds, 6 interceptions dans une défaite (-4).
Sur les 13 premières rencontres de la saison, Kidd tournera à 16,5 points de moyenne, accompagné de 11,7 passes décisives, 7,3 rebonds et 2 interceptions par match. Il aura également réalisé 4 triple-doubles sur cette période.
Cependant, il n’obtiendra aucune récompense, que ce soit celle de joueur du mois ou de la semaine pour ce mois de février qui reste assez impressionnant statistiquement parlant.
Sur l’aspect collectif, les Suns terminent ce premier mois avec un bilan plus que raisonnable de 8 victoires pour 5 défaites.
Entre le 22 février et le 06 mars, Kidd enchainera 8 matchs consécutifs à minimum 10 passes décisives par match, dont un pic à 19 assists. On peut donc rapidement observer que la routine de l’enchaînement des matchs ne le fait pas baisser de rythme, contrairement à un certain nombre de joueurs qui ne tiennent malheureusement pas la cadence de plusieurs matchs à très haut niveau par semaine.
Dès le 14 mars contre Houston, Jason remet ça : 26 points, 14 passes décisives, 11 rebonds et la victoire face aux Rockets de Barkley, Olajuwon et Pippen.
Comme les chiffres en témoignent, J-Kidd est un véritable maestro. En dehors de ses 16,9 points de moyenne sur les 50 rencontres de la saison, quatre autres de ses coéquipiers scorent au minimum 12 points par match, mais personne ne dépasse les 17 de moyenne. Mr Triple Double contrôle parfaitement le jeu, essaye de mettre dans de bonnes conditions tous ses coéquipiers afin que chacun trouve un rôle qui lui convienne.
Néanmoins, après 30 rencontres disputées, les Suns ont un bilan négatif. Il reste donc un peu plus d’un mois de compétition et une vingtaine de match pour renverser la vapeur, et ainsi se qualifier pour la post-season.
Kidd entame le mois d’avril de façon très convaincante sur le plan individuel, mais toujours aussi mitigé collectivement : trois matchs consécutifs à plus de 20 points (23, 25 et 22) mais deux d’entres elles se solderont par des défaites.
La situation ne s’améliore guère en cette première partie de mois d’avril, et le front office de Phoenix commence à s’inquiéter. Jason, qui, tout au long de la saison, a proposé un niveau de jeu de haute volée, augmente encore sa production pour, cette fois-ci, lancer une série de victoires essentielles dans la course aux playoffs.
Entre le 14 avril et le 28 avril, les Suns ont disputé 8 rencontres. Le bilan de cette série est de 6 victoires pour 2 défaites, ce qui relance complètement la franchise dans la course à la 8ème place de la conférence. Sur ces 8 matchs, Kidd réalisera 7 doubles-doubles, un triple-double et tournera à 22,1 points, 11,2 passes décisives et 6,1 rebonds de moyenne.
Comme vous pouvez l’observer par vous même, le meneur a considérablement augmenté ses statistiques sur la période, et a en grande partie contribué à la qualification des Suns à la post-season.
Parce que oui, les Suns finiront 7ème de leur conférence, avec un bilan final de 27 victoires pour 23 défaites. J-Kidd sera élu dans la NBA First team. Il sera également nommé joueur du mois d’avril tant son niveau a impressionné les observateurs.
Statistiquement parlant, il tournera à 16,9 points, 10,8 passes et 6,8 rebonds de moyenne pour ce qui sera sa première saison en double-double. C’est lors de cet exercice 1998 – 1999 qu’il établira sa meilleure moyenne de passe décisive en carrière. C’est d’ailleurs la première fois de sa carrière qu’il obtiendra le titre honorifique de meilleur passeur d’une saison régulière, titre qu’il recevra cinq fois dans son immense carrière.
Les Suns abordent donc les playoffs en outsider. Ils défieront les Blazers du Rasheed Wallace, Damon Stoudemire et Arvydas Sabonis au premier tour. Malheureusement, la série sera à sens unique. 3-0, sweep en bonne et due forme avec aucune rencontre sous les 10 points d’écarts. Kidd et ses coéquipiers n’auront tout simplement pas le niveau.
Nouvelle élimination au premier tour (troisième consécutive) pour Phoenix, qui commence à être agacer de ne pas franchir de marches. Kidd, quant à lui, vient de réaliser, sur le plan statistique, l’une de ses meilleures saisons en carrière.
Il espère cependant aller bien plus loin du point de vue collectif, mais nous verrons tout cela au chapitre suivant.
Le générique de fin
A ce stade de sa carrière, J-Kidd est encore bien loin du trophée Larry O’Brien. L’arrivée de Shawn Marion sur les ailes pour les saisons 1999 – 2000 et 2000 – 2001 apportera une nouvelle arme au meneur de jeu, mais les cactus échoueront de nouveau au premier ou second tour des playoffs sans avoir aucunement le statut de réel contenders pour le titre. A l’époque, il faut bien reconnaitre qu’entre les Lakers de Shaq et Kobe, les Spurs de Duncan et Robinson ou les Kings de Chris Webber, la concurrence est très rude de ce coté du pays.
Malgré la frustration que dégage les éliminations successives de son équipe, Kidd continue d’accumuler les grosses saisons. Un nouvel exercice en double double, une autre à 9,8 passes décisives de moyenne, il accumule également les sélections au All Star Game (2000 et 2001), celles dans la NBA First Team (idem) et dans les Defensive Team (First Team en 2001 et second team en 2000).
L’été 2001 fait figure de tournant dans la carrière du meneur. La franchise de l’Arizona et le meneur lui même sentent qu’ils ont besoin de changement, et Kidd rejoint les New Jersey Nets en échange de Stephon Marbury.
Le show Kidd dans le New Jersey durera 6 ans et demi. 6 saisons de pur plaisir pour tout fan de la franchise, qui verra le meneur régaler aux côtés de Kenyon Martin, Vince Carter ou Richard Jefferson.
Dès sa première saison à l’Est, Jason, qui est alors dans son prime, emmène les Nets en Finales NBA. Durant toute la saison régulière, Kidd est en contrôle total. A titre d’exemple, il réalise 8 triple-doubles dont un à plus de 30 points et distribue parfois plus de 17 passes décisives.
52 victoires plus tard et la première place de la conférence acquise, les Nets abordent la post-season confiant sur leurs chances d’obtenir le graal suprême. Nouvelle grosse saison individuelle pour notre ami avec notamment une nouvelle élection dans la NBA First Team et dans la Défensive team.
Pour réussir une grosse épopée, il faut des leaders au top. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le meneur a bien compris le message, et les Pacers, Hornets et Celtics en feront les frais. Sur les trois premières séries remportées par la franchise du New Jersey, Kidd tournera à 19,2 points, 8,9 passes décisives et 8,4 rebonds. Sur ces seize rencontres face aux concurrents de l’Est, il y aura également trois triple-doubles.
Malheureusement, l’effectif n’est pas assez profond pour concurrencer le monstre à deux têtes venu de la cité des anges. Kenyon Martin, Van Horn et Jefferson n’éviteront pas le sweep savamment orchestré par un Shaquille O’Neal hors norme (aucun match sous les 34 points) malgré des rencontres dans l’ensemble plutôt serrées.
La seconde saison de Kidd sur la côte est du pays sera du même acabit que la première. Grosse régulière individuellement (18,7 points, 8,9 passes et 6,3 rebonds, All NBA Second Team et même sélection dans la Défensive Team), mais également collectivement (48 wins, Seconde place de l’Est), puis exécution en règle de l’Est (4-2 face aux Bucks, puis 2 sweeps administrés aux Celtics et Pistons). Sur cette campagne de post-season, Kidd a 28 ans et est au sommet de son art depuis maintenant plusieurs saisons. Afin de marquer la Ligue de son empreinte, il aimerai enfin remporter cette bague tant espérée depuis des années. Mais ce ne sera toujours pas pour cette fois.
Les Spurs d’un Duncan exceptionnel (et qui frôle le quadruple double lors de la dernière rencontre de la série) réduiront une nouvelle fois les espoirs des Nets au néant malgré un J-Kidd largement au niveau (19,6 points, 7,8 passes, 6,1 rebonds).
Ces deux défaites consécutives en finales feront très mal au moral du meneur multiples All-Star. Plus jamais la franchise ne sera proche du titre, et malgré l’arrivée de Vince Carter au cours de la saison 2004 – 2005, les Nets n’atteindront plus jamais les finales de conférence. Kidd fournira toujours autant dans toutes les catégories statistiques, la franchise sera toujours placée à la fin de la régulière, mais ce ne sera plus jamais pareil.
Arrive donc la saison 2007 – 2008, exercice qui sera un nouveau tournant dans la carrière de Jason. A l’approche de la deadline, les Nets et les Mavs conclurent un blockbuster trade. Jason Kidd, figure légendaire de la franchise, retourne dans la franchise qui l’a drafté, les Dallas Mavericks. Le meneur a alors 34 ans. L’objectif de Mark Cuban est clair : entouré Dirk Nowitzki de joueurs expérimentés pour aller le plus loin possible, et pourquoi pas glaner une bague.
Au cours de son second passage dans la franchise et à cause de son âge avancé, l’apport statistiquement parlant du meneur diminuera considérablement, surtout en ce qui concerne le scoring. En effet, entouré de Nowitzki, Shawn Marion ou Jet Terry, le rôle de gestionnaire que Jason maitrise à la perfection est largement suffisant.
Les saisons 2008, 2009 et 2010 sont plutôt semblables sur le plan collectif : qualification en post season puis élimination au premier ou second tour.
Puis arrive la saison 2010 – 2011, pour ce qui sera surement l’une des plus belles épopées de l’Histoire. Les texans forment alors une équipe de vieux briscards, avec énormément de joueurs dépassant allègrement la trentaine (J-Kidd en a alors 37). Mais organisés par Rick Carlisle et relayés sur le terrain par le meneur, les Mavs finiront sur la dernière marche du podium de l’Ouest avant de dérouler en PO. Hornets, Lakers, Thunder puis Heatles, toutes ces franchises passeront à la trappe devant cette équipe plus qu’étonnante. Tout était aligné pour que Dallas remporte le titre : Dirk en état de grâce, chaque joueur parfaitement dans son rôle et un J-Kidd tout en gestion à la mène.
Ce titre, qui restera dans les annales de la Grande Ligue pour de nombreuses années sera le seul et unique acquis par Jason Kidd. Après deux dernières saisons d’adieu (une aux Mavs et une aux Knicks), le meneur légendaire se retirera.
Voici, en vrac, tous les accomplissement du joueur ( attention, les prochaines lignes sont très violentes ) :
- Hall-of-famer,
- Champion NBA en 2011.
- 10 sélections au NBA All Star Game en 1996, 1998, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2007, 2008 et 2010.
- All NBA First Team en 1999, 2000, 2001, 2002, 2004.
- All-NBA Second Team en 2003.
- NBA-All Defensive First Team en 1999, 2001, 2002 et 2006.
- NBA-All Defensive Second Team en 2000, 2003, 2004 et 2005.
- Co-NBA Rookie of the Year de l’année en 1995.
- Joueur du mois de la NBA en avril 1999 et joueur du mois de la Conférence Est lors des mois de novembre 2001 et décembre 2002.
- 5 fois meilleur passeur NBA en 1999, 2000, 2001, 2003 et 2004.
- 4ème plus grand nombre de triple – double All Time (107)
- 2ème meilleur passeur All Time (12 091)
- 2ème intercepteur All Time (2 684)
Jason Kidd verra son numéro 5 retiré au Barclays Center de Brooklyn (anciennement New Jersey), et intégrera logiquement le Hall Of Fame en 2018.
Nous nous sommes ici simplement attardés sur la carrière NBA du meneur, mais il ne faut également pas mettre de côté ses accomplissement avec Team USA. Il remportera notamment un titre de champion olympique ainsi que deux titres de champion du monde.
Avant de passer à la dernière section de cet article, prenez le temps de regarder cette vidéo, résumant en quelques minutes toute la magie que pouvait créer Mr Triple Double avec une balle orange.
Crédits et hommages
Comme vous l’avez lu quelques lignes plus haut, J-Kidd est un hall-of-famer. Cette distinction est synonyme de carrière légendaire, et donc, les éloges faites au sujet des heureux élus ne manque pas.
Le grand frère spirituel de Kidd est Gary Payton. Il a lui même fait le discours introductif de Jason lors de son intronisation au panthéon du basket mondial. Tout le monde sait à quel point il est difficile de faire sortir de la bouche de “The Glove” quelconque compliment, mais voici ce qu’il disait sur l’ex meneur des Nets et Mavs.
“Les gens ne le savent pas mais J (Jason Kidd) était le premier LeBron à la sortie du lycée”.
Ce genre de déclaration classe tout de suite un joueur.
Comme vous l’aurez compris, Kidd était ce qu’on appelle un joueur cérébral. Il a donc décidé, pour la suite de sa carrière, de coacher. Rick Carlisle, coach des Mavs lors du titre de 2011, explique pourquoi le voir sur un banc est tout à fait logique.
“C’est un joueur fantastique qui pouvait occuper n’importe quelle position sur le terrain. Je suis très content pour lui, mais ce n’est pas un choc, c’était même très attendu (…) Je suis très fier du coach qu’il est devenu”.
A l’heure où ces lignes sont écrites, Kidd est l’assistant de Frank Vogel aux Lakers. Maintenant qu’une carrière bien remplie de joueur est terminée, profitons de cette légende en costume sur les bancs de la Grande Ligue !
Les précédents épisodes et portraits du Magnéto :
Portait riche et sympa s’un point guard exceptionnel
Par contre ; ne pas citer les 3J pour son passage à Dallas … sacrilège. !
Les autres portaits sont tout autant intéressants… mais j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi Kidd ou Manu font parti de cette liste de joueurs « dont on oublie’ parfois la carrière ». Les 2 sont hall of famers (Gino c’est une question de temps) donc pour moi; ils sont au panthéon de l’an NBA et font parti de la legacy… pas comme un Cummings par exemple
Comme ça je mettrais des Rod Strickland (meilleur non all star player all Time) Alvin Robertson (quadruple double), Kevin Willis , Michael Cooper (Ministre de La Défense) , Dan Majerle (Hype incroyable a l’époque je trouve)
Après j’attends la réponse ; « balance les bios »… si j’avais un peu plus de talent et de temps … promis j’en envoie
Mais voilà ; encore une fois , bravo pour le boulot !
Salut ! Merci pour tes remarques !
La problématique qu’on a eue pour choisir les joueurs, c’est qu’il fallait les rattacher chacun à une saison spécifique. A partir de là, si tel ou tel joueur n’a pas réalisé quelque chose de “remarquable” lors d’une saison particulière, il devenait complexe de faire un portrait sur lui … puisque le concept initial n’aurait pas été respecté.
On a donc fait le choix de parler parfois de certains joueurs absolument méconnus (comme Neil Johnston par exemple) ou de joueurs sous-estimés (Ginobili, à notre sens, est énormément sous-estimé en raison de son rôle de 6e homme). Parfois, à l’inverse, c’est la performance d’un joueur (T-MAC et ses 13 points en 35s) qui ont dicté notre choix.
magnifique.
kidd est mon joueur préféré et Dallas ma team mais personnellement ce qui m a le plus impressionné c est sa saison avec les nets en 2002. sans ses problèmes “judicio-personnels” il aurais été MVP.
merci encore et continue.