Depuis 1946 et la création de la National Basketball Association, quelque cinq mille joueurs ont foulé les parquets de la Grande Ligue. Certains d’entre eux ont laissé une empreinte indélébile qui ne sera jamais oubliée. D’autres sont restés bien plus anonymes. Entre les deux ? Des centaines de joueurs, qui ont tour à tour affiché un niveau de jeu exceptionnel, mais dont on oublie bien souvent la carrière.
Dès lors, @BenjaminForant et @Schoepfer68 ont décidé de dresser – littéralement – le portrait de certains de ces acteurs méconnus ou sous-estimés. Au total, ce sont 60 articles qui vous seront proposés : un par année, entre les saisons 1950 – 1951 et 2009 – 2010. Pour chaque saison, un joueur a été sélectionné comme étendard, parfois en raison d’une saison particulièrement réussie, d’une rencontre extraordinaire ou encore d’une action historique …
Chaque portrait s’inscrira dans une volonté, celle de traverser l’Histoire de la NBA de manière cohérente. Ainsi, ces portraits (hebdomadaires) seront publiés dans un ordre précis : un meneur, un arrière, un ailier, un ailier-fort, un pivot. Au bout de cinq semaines, c’est donc un cinq majeur qui sera constitué. Les plus matheux d’entre vous l’aurons compris : au final, ce seront douze équipes, toutes composées de joueurs ayant évolué au cours de décennies distinctes, qui auront été composées.
A vous de déterminer lequel de ces cinq majeurs sera le plus fort, le plus complémentaire, le plus dynastique.
Vous trouverez en fin d’article les liens vous permettant de (re)consulter les articles précédents.
La jaquette
Pour chaque article, @Lusso98 vous proposera ses créations. Vous y retrouverez une illustration du joueur présenté (en tête d’article) ainsi une présentation de chaque cinq majeur projeté (chacun avec une identité visuelle propre).
Le synopsis
Robert Terrell Cummings, plus communément appelé Terry Cummings, est né le 15 mars 1961 à Chicago. Mesurant 2m06 pour sa centaine de kilos, il a tout naturellement évolué la majeure partie de sa carrière au poste d’ailier-fort. Ce n’est toutefois pas l’unique poste auquel il a joué, puisqu’il disputa l’entière saison 1988 – 1989, pour laquelle il est aujourd’hui l’étendard, en tant qu’ailier.
Scoreur naturel et rebondeur solide, il reste néanmoins dans les mémoires comme un bien piètre défenseur, malgré un gabarit qui lui permettait de se frotter avec les costauds qui s’introduisaient dans sa raquette. Si sa longévité en NBA est unanimement saluée, force est de constater que sa carrière se scinde en deux parties bien distinctes, que nous aurons l’occasion de rapidement présenter par la suite.
Sans plus épiloguer, commençons par présenter le début de carrière du jeune Cummings, lui qui fit sensation dès ses premiers pas dans la Grande Ligue.
Action !
Lorsqu’on regarde, à rebours, la carrière de Terry Cummings, nos sentiments sont ambivalents. De joueur exceptionnel à remplaçant de bout de banc, il y a un gouffre que le joueur a passé d’un jour à l’autre. Cependant, commençons en disant qu’il n’aurait peut être jamais dû devenir basketteur professionnel. En effet, dès son adolescence, des problèmes cardiaques lui sont détectés. Des soucis d’arythmie cardiaque qui, dans certains cas, auraient pu mettre en péril sa carrière sportive. A l’instar de Penny Hardaway, dont la jeunesse fut émaillée d’événements susceptibles de tuer dans l’œuf sa carrière sportive, Terry Cummings passera outre ses problèmes de santé pour devenir un excellent joueur de panier-ballon.
Il faisait d’ailleurs partie de ces prospects universitaires dont l’intégration en NBA était facilement imaginable. Pensionnaire de la Faculté DePaul à Chicago, il forma durant ses deux premières années un duo dévastateur avec Mark Aguirre, future légende du basket américain. Au total, il disputera trois saisons sous le maillot de son Université. Il en profita pour effectuer une énorme saison junior (la troisième et dernière), à l’issue de laquelle il fut nommé dans la First Team All-America, l’équipe des meilleurs universitaires du pays. Il faut dire que ses moyennes statistiques valaient alors le coup d’œil : 22,3 points et 11,9 rebonds. Au final, lorsqu’il se présente à la draft 1982, il quitte l’université avec un bilan collectif quasiment parfait, puisqu’il a remporté 79 des 85 rencontres disputées en NCAA.
Sélectionné en seconde position derrière James Worthy (Lakers), mais devant Dominique Wilkins (drafté par Utah avant d’être directement envoyé à Atlanta), Cummings intègre l’effectif de biens moribonds San Diego Clippers, qui sortent d’une saison clôturée avec 17 petites victoires au compteur. A titre d’indication, la draft 1982 reste, historiquement, comme particulièrement fournie en talents, puisque sept joueurs sélectionnés auront les honneurs de participer à un match des étoiles. En plus des trois joueurs susmentionnés, nommons Mark Eaton (double défenseur de l’année), Sleepy Floyd ou encore Fat Lever.
Vous en connaissez beaucoup, vous, des joueurs qui ont disputé 18 saisons NBA, mais dont la plus probante d’entre-elles … fut la première ? Citons ici l’éphémère star qu’était Michael Carter-Williams, dont la saison rookie s’est finalement révélée sans suite. Terry Cummings possède sa place bien au chaud dans ce groupe restreint. Ce n’est pourtant pas faute, pour lui, d’avoir offert plusieurs saisons très qualitatives. C’est simplement que sa première fut particulièrement remarquable. Si, collectivement, son impact sur la franchise de San Diego sera assez limité (+8 victoires), il reste comme le meilleur rookie du début des années 1980, en compagnie de Larry Bird (rien que ça). Il sera d’ailleurs, fort logiquement et très largement, nommé rookie de la saison 1982 – 1983, devant Clark Kellogg et James Worthy. Saison pour laquelle il terminera 13ème au classement du MVP, devant, par exemple, Bernard King ou Isiah Thomas. Sa moyenne statistique ? 23,7 points, 10,6 rebonds (dont, mine de rien, 4,3 offensifs), 2,5 passes décisives, 1,8 interception et 1 contre. Le tout avec 52,3 % de précision au tir et un true shooting % de 55,7 %.
Cela nous donne les meilleurs statistiques en carrière en terme de points scorés, de rebonds avalés, de ballons interceptés et de précision au tir. En somme, nous pouvons appeler cela une intégration expresse.
Et pourtant, nous l’avons dit, Cummings n’a pas chômé les années qui ont suivi. Ainsi, sur ses huit premières saisons NBA, il dépassera les 20 points de moyenne à sept reprises. Sachant que l’unique fois où il a terminé la saison sous cette barre, il scorait … 19,8 points de moyenne. Il est donc l’un des attaquants les plus réguliers de la décennie 1980, qui en a pourtant vu d’autres.
Après deux saisons aux Clippers, restées infructueuses en termes de résultats collectifs (30 – 52 de bilan pour sa saison sophomore), Cummings est tradé, accompagné de Ricky Pierce son coéquipier, aux Bucks de Milwaukee, l’une des franchises phares de l’époque. Il dépose donc ses valises dans le Wisconsin, tandis que Marques Johnson, troisième de la draft 1977, faisait le chemin inverse. Les Bucks sont effectivement l’une des places fortes de la conférence Est, et restent d’ailleurs sur deux défaites consécutives en finale de conférence.
Dès sa première saison sous le maillot floqué du daim, arborant le numéro 34, Terry Cummings disputera son premier All-Star Game, au sein duquel il réalisera une performance probante en sortie de banc (17 points, 7 rebonds). Remarquons tout de même que le casting de cette rencontre fleure bon la légende. L’Est est ainsi représentée par Isiah Thomas, Michael Jordan, Larry Bird, Julius Erving, Moses Malone et autre Bernard King. En face ? Une broutille : Magic Johnson, Adrian Dantley, George Gervin, Ralph Sampson, Kareem Abdul-Jabbar (l’Ouest se payant de luxe de mettre Hakeem Olajuwon sur le banc).
Au cours de cette saison 1984 – 1985, Cummings se fend de quelques prestations XXL. Un petit 39 / 9 à 56 % au tir pour souhaiter la bienvenue au Lakers. Un 33 / 15 dans une (très) courte défaite (-1) du côté de Denver. Au final, il réalisera 33 doubles-double, tandis que Milwaukee terminera la saison avec 59 victoires, avant de perdre en demi-finale de conférence face aux Sixers. Il sera d’ailleurs nommé dans la All-NBA Second Team à la fin de la saison, pour la première (et seule) fois de sa carrière. Lors de ces playoffs de 1985, il se permet de scorer plus de 40 points pour la première fois de sa carrière. Au total, sur les huit rencontres de cette post-season, il présente des statistiques brutes peu communes pour un joueur qui découvre ce stade de la compétition : 27,5 points, 8,8 rebonds, 2,5 passes décisives à 57,7 % au tir. Performance qu’il rééditera d’ailleurs en 1988.
Les saisons se suivent et se ressemblent de manière troublante. Entre 1985 et 1988, il continue à fournir ses statistiques habituelles, tel un métronome parfaitement réglé. Pourtant, il ne goûtera plus aux joies d’une rencontre des étoiles. A contrario, il découvrira les finales de conférence, son meilleur résultat collectif en carrière. En 1986, après avoir battu les Nets et avoir pris une revanche serrée (4 – 3) face aux Sixers, les Bucks échoueront en finale de conférence face aux Celtics de Larry Bird, lancés vers un incroyable titre NBA. Les verts de Boston seront d’ailleurs à nouveau bourreaux des daims la saison suivante (4 – 3) en demi-finale de conférence, saison au cours de laquelle Cummings réalisa à nouveau quelques performances de mammouth : 28 / 24 contre les Bullets (défaite -8), ou encore 39 / 15, dans une autre défaite, décidément, contre les Mavericks.
Vous l’aurez compris, on l’espère, les années 1980, à défaut de lui appartenir, sont très clairement marquées par les performances énormes et répétées de Cummings. Individuellement, il souffre d’une concurrence énorme. Collectivement, son arrivée aux Bucks se traduit par la découverte des playoffs, chaque saisons, sans pour autant parvenir à se hisser en finale NBA, la faute à des Sixers et des Celtics dynastiques. Ce n’est pourtant pas faute pour lui de hausser son niveau de jeu une fois le printemps venu.
L’heure est désormais venue pour nous d’évoquer la saison 1988 – 1989, pour laquelle il a été choisit comme porte-drapeau.
L’oscar de la saison 1988 – 1989
Cette saison est la seconde de Del Harris sur le banc des Bucks, lui qui pris la suite de Don Nelson. La première ne fut pas forcément à la hauteur des attentes, puisque Milwaukee fut éliminé au premier tour des playoffs après avoir terminé la saison régulière avec 42 petites victoires, son plus mauvais total depuis 1978 – 1979.
Pourtant, le roster de la franchise est loin d’être mauvais. A y regarder de plus près, seul le poste d’ailier-fort (on rappelle qu’en cette saison 1988 – 1989, Cummings abandonna son poste de prédilection pour évoluer au poste d’ailier) peut sembler faiblard pour une équipe qui vise, a minima, les finales de conférence, même si le titulaire sur le poste, le méconnu Larry Krystowiak, était tout de même plus qu’un simple faire-valoir.
Disons le immédiatement. Collectivement, les Bucks ne seront toujours pas aussi dominants que sous la houlette de Don Nelson. Par contre, individuellement, Terry Cummings semble avoir perdu cinq ans, tant il semble proche du niveau qui était le sien lors de son année rookie. Le déplacement du côté d’Indianapolis pour le premier match de la saison, le 4 novembre 1988, donne le ton : 26 points, 8 rebonds, 4 passes décisives, pour une large victoire de Milwaukee. Une ligne statistique qui aurait pu faire du numéro 34 le MVP de la rencontre, si son coéquipier de toujours, Ricky Pierce, n’avait pas endossé son costume de pyroman : 28 points en sortie de banc, à 13 / 16 au tir et en 23 petites minutes.
Après un mois de compétition, si l’on effectue une analyse croisée des performances de Cummings et des résultats des Bucks, l’importance du joueur dans le collectif d’Harris saute littéralement aux yeux. Pas très adroit au tir sur les treize premières rencontres, ses “mauvaises” prestations riment bien souvent avec la défaite des siens. Il en est ainsi lors de la cinquième rencontre (le 17 novembre à domicile contre les Nets), où il ne scora “que” 15 points à 7 / 22 au tir, et où les Bucks ont sombré contre de biens faibles joueurs venus du New Jersey (défaite -9, l’une des rares victoires des Nets cette saison-ci). Rebelote le 25 novembre et le déplacement à Boston : 17 points à 36 % au tir et un blow out en règle (-19).
Et si l’on a rapidement mis l’accent sur ses accidents de parcours, il est désormais nécessaire de préciser que les contre-performances ne sont pas légions en ce début de saison. Elles ne le seront pas plus tout au long des quatre-vingt-deux rencontres de saison régulière. Ou presque, mais nous aurons l’occasion d’en reparler, tableau à l’appui.
Effectivement, même lorsque l’adresse au tir est moyenne, Cummings trouve souvent un moyen de peser sur le jeu, qu’il soit offensif et même parfois – Ô surprise – défensif. Ainsi, au lendemain de la défaite à Boston, les verts du Wisconsin reçoivent le Heat de Miami, dont le début de saison ressemble vaguement à un calvaire (8 matchs, 8 défaites). On se dit alors que l’occasion est parfaite pour l’ailier des Bucks de remettre la machine en route. Raté, en terme de scoring pur (15 points). Néanmoins, lorsque le Heat faisait le forcing pour passer devant en fin de rencontre, Cummings fut décisif à double titre : en étant agressif en attaque (12 lancers-franc tentés, deuxième meilleur total de la saison, pour 9 conversions) et décisif sous son propre cercle (5 contres, record en carrière). Voilà comment, même en ayant oublié son adresse au vestiaire, on peut contribuer à la victoire de son équipe.
Mais assez parlé de ces petites prestations au scoring, qui ne reflètent pas le mois de novembre du joueur. Ainsi, après treize rencontres (7 victoires et 6 défaites), Cummings est parti sur des bases extrêmement élevées, dignes de sa première saison NBA : 23,9 points, 7,7 rebonds, 2,8 passes décisives à 46,2 % au tir. On recense – déjà – quelques démonstrations de force. Les Celtics viennent en ville ? 27 points et 13 rebonds (meilleur marqueur et rebondeur du match) pour permettre aux Bucks de prendre le dessus sur Larry Bird et consorts. Le bilan collectif est négatif ? 31 points à 55 % au tir et en 29 minutes pour disposer des Bullets de Bernard King.
Le mois de décembre ressemblera furieusement à son prédécesseur, les résultats collectifs en plus. Tout ne fut bien évidemment pas parfait (deux énormes claques prises contre les Bulls de Jordan, par exemple), mais Cummings fait absolument tout mieux qu’en novembre. C’est dire si le niveau de jeu déployé fait de lui, pour cette nouvelle saison, un sérieux concurrent au All-star game, aux All-NBA Teams et au classement du MVP. Ainsi, à l’approche de Noël, celui que l’on surnomme “Preacher” (le Prédicateur) depuis que un article qui lui a été consacré par le New York Times (29 juin 1982), s’est mis à distribuer des cadeaux à ses camarades, et des gifles à ses adversaires. Entre les 16 et 27 décembre, les Bucks disputèrent six rencontres, pour quatre victoires. Père Noël Cummings, lui, profita des festivités pour démontrer l’étendue de son immense talent :
- 16 décembre 1988 : Milwaukee Bucks @ Atlanta Hawks (défaite -3) : 32 points, 13 rebonds, 3 passes décisives,
- 17 décembre 1988 : Milwaukee Bucks vs Chicago Bulls (défaite -19) : 21 points, 7 rebonds, 1 passes décisive, 1 contre,
- 20 décembre 1988 : Milwaukee Bucks @ Charlotte Hornets (victoire +10) : 37 points, 8 rebonds, 5 passes décisives, 4 interceptions, 1 contre à 63,6 % au tir,
- 21 décembre 1988 : Milwaukee Bucks vs Charlotte Hornets (victoire +12) : 32 points, 6 rebonds, 2 passes décisives, 2 interceptions, 1 contre à 61,9 % au tir,
- 23 décembre 1988 : Milwaukee Bucks vs Dallas Mavericks (victoire +12) : 30 points, 12 rebonds, 3 passes décisives, 2 interceptions à 56,5 % au tir,
- 27 décembre 1988 : Milwaukee Bucks vs Indiana Pacers (victoire +13) : 29 points, 6 rebonds, 6 passes décisives à 50 % au tir.
Le tout en 38 minutes de jeu de moyenne, avec un true shooting % de 56,4 % (le plus élevé sur la saison) et un usage rate % important, il est vrai (31,2 %).
Il n’en reste pas moins qu’à compter de la première victoire contre les Hornets et jusqu’au All-star break, les Bucks ne vont plus souvent connaitre la défaite. Cinq fois exactement, en vingt-quatre matchs. Des défaites qui n’ont d’ailleurs rien d’infamant, puisqu’elles ont toutes été concédées contre des équipes qui jouent le haut du tableau de leur conférence respective (deux fois contre les Hawks de Wilkins et Malone, une fois que le Jazz de Stockton et Malone, une fois contre les Pistons, futurs champions NBA). Une série de victoires qui permet aux Bucks de se positionner au sommet de la conférence Est, en compagnie des Pistons.
Si vous avez tout suivi, vous comprendrez aisément que Cummings fut déterminant dans cette bonne passe collective. Certes, le vieillissant Jack Sikma reste terriblement précieux dans les deux raquettes (13,5 points, 8,4 rebonds et 3,5 passes décisives à 36 % à trois points et 91,4 % aux lancers-franc sur la période), tout comme l’est Sidney Moncrief à la mène (tout aussi vieillissant, mais toujours diablement précieux en défense). Mais le franchise player de l’une des meilleures franchise de l’Est, c’est Terry Cummings. Ni plus, ni moins. S’il est légèrement redescendu de son nuage de Noël, le Prédicateur continue de faire ce qu’il fait de mieux, à savoir marquer des paniers et prendre des rebonds. Sans s’user la couenne en défense, il est vrai. Mais force est de constater que la méthode fonctionne plutôt bien, et qu’après 45 rencontres dans cette saison 1988 – 1989, celui qui dispute sa septième saison NBA (sa dernière pour les Bucks, ce qu’il ne savait pas alors) affiche des moyennes supérieures à tout ce qu’il a pu montrer jusqu’à présent, avec plus de 24 points de moyenne, 9 rebonds et un bilan collectif remarquable.
De quoi lui réouvrir les portes du All-star game ? Affirmatif ! Si l’Est se fera à nouveau dominer par la conférence voisine, Cummings dispute effectivement son second match de gala. Le dernier de sa vaste carrière.
Après le break, la NBA reprend ses droits et les Bucks continuent leur bonhomme de chemin dans les hauteurs de leur conférence. Jusqu’à la fin du mois de mars 1989, aucun problème n’est à déclarer, Milwaukee remporte l’immense majorité de ses rencontres et son ailier phare empile les performances de marque (encore et toujours en 23,8 / 8,6 sur les 24 rencontres qui suivent le All-star game, malgré un temps de jeu légèrement moindre, 34 minutes par match). L’on se dit alors que la fin de la saison ne sera qu’un long fleuve tranquille. Il n’en sera absolument rien :
Voici les performances affichées par Terry Cummings, mois par mois, en cette saison 1988 – 1989. On se rend compte que le mois d’avril est bien moins qualitatif que les cinq précédents (-7 points, -2 rebonds, seulement 42% au tir et plus mauvais true shooting % de la saison). Et puisque les prestations du numéro 34 pèsent énormément sur les résultats de sa franchise, le mois d’avril correspond également à une terrible série de défaite pour les Bucks (10 défaites sur les 15 dernières rencontres de la saison). Il en résulte une cinquième place d’une conférence Est dominée de la tête et des épaules par les Pistons. La seconde place, revenue aux Knicks n’était pourtant qu’à 3 victoires.
Et si aussi bien individuellement que collectivement, la saison s’est terminée en eau de boudin, Cummings sera tout de même élu dans la All-NBA third team, une juste récompense pour une énième saison de haut vol, malheureusement légèrement minée par un mois d’avril compliqué. Notons tout de même que Aguirre, Dantley et autres King ne se retrouvent pas, cette année-ci, au sein d’une des trois meilleures équipes NBA. De quoi souligner, une énième et dernière fois, la saison majuscule délivrée par Terry Cummings.
Le générique de fin
La saison 1988 – 1989 fut sa dernière sous le maillot des Bucks de Milwaukee. Dès la fin de la saison (terminée en demi-finale de conférence et un sweep des Pistons, futurs champions), Cummings est tradé aux Spurs contre Greg Anderson et Alvin Robertson. Au Texas, il côtoiera le rookie ultra-dominant que fut David Robinson, celui-ci ayant terminé son cursus au sein de la Marine américaine. Toujours titulaire, il termine sa septième et dernière saison avec plus de 20 points scorés en moyenne. Il participe ainsi activement à établir le meilleur résultat de l’Histoire en saison régulière (à l’époque) des Spurs, avec 56 victoires (+ 35 par rapport à la saison précédente, du jamais vu). Si Robinson y est forcément pour quelque chose, la présence de Cummings ne doit pas être réduite à une portion congrue.
Le virage vers les nineties s’est tout d’abord effectué en douceur. Jusqu’en 1992, les Spurs se qualifient pour les playoffs, sans pour autant forcément y briller. Cummings arrive à la trentaine et cela commence (légèrement) à se ressentir dans ses statistiques. Celles-ci restent pourtant plus qu’honnêtes : 17,4 points, 8,4 rebonds, 2 passes décisives et 1 interception de moyenne sur les deux premières saisons de cette nouvelle décennie. Il commence à se murmurer que l’ailier-fort des Spurs trustera le haut du classement des meilleurs scoreurs de tous les temps. Nous y reviendrons.
Nous évoquions plus haut le fait que la carrière de Cummings se sépare en deux périodes très distinctes. Et comme souvent, ce sont les blessures qui viendront mettre du plomb dans la carrière au plus haut niveau de l’enfant de Chicago. Une rupture du ligament croisé antérieur du genou au bout de huit petites rencontres de la saison 1992 – 1993 vient ainsi le stopper dans sa course. C’est d’ailleurs la première saison où il débutait les rencontres sur le banc des remplaçants, le poste 4 titulaire revenant au plus jeune Dennis Rodman.
Cette rupture des ligaments croisés ne mit pas fin à sa carrière, loin de là. Le bonhomme était d’ailleurs sur patte dès le début de la saison 1993 – 1994. Néanmoins, jamais plus il ne parviendra à peser sur le jeu de son équipe comme il le faisait auparavant.
Il était toujours capable de coups d’éclat. Mais la blessure et l’âge rattrapent le bonhomme, qui enchainera les trades. Il fera son retour à Milwaukee en 1995, pour une seule saison, avant d’être, tour à tour, envoyé à Seattle (une saison et demi), à Philadelphie (une demi-saison), aux Knicks (idem), pour finir sa carrière en 2000 après deux saisons passées aux Golden State Warriors.
Crédits et hommages
Au final, Terry Cummings fut donc double All-Star et deux fois nommés dans les All-NBA team, en plus d’avoir été élu rookie de l’année. Ce n’est toutefois pas pour ces faits d’armes qu’il reste dans les mémoires des observateurs les plus avisés de la Grande Ligue américaine. En effet, il est particulièrement connu pour figurer, encore aujourd’hui, dans le top 50 des scoreurs les plus prolifiques de tous les temps (en cinquantième position). Avec un total final de 19 460 points, il perdra néanmoins sa place dans ledit top dès cette saison, puisque Russell Westbrook et James Harden ne se retrouvent qu’à 300 petits points (à l’heure de l’écriture de ces lignes). Notons toutefois qu’il est parvenu à atteindre ce total en usant quasi-exclusivement que du tir à deux-points, puisqu’il n’a marqué qu’à quarante-quatre reprises de derrière l’arc dans sa carrière.
D’ailleurs, lorsqu’il a pris sa retraite, en l’an 2000, il figurait en trente-et-unième position de ce classement.
Cummings se retrouve dans un second top 50 ; celui des joueurs qui ont disputé le plus de rencontres de saison-régulière en carrière. Avec 1 183 rencontres au compteur (soit, pour l’anecdote, exactement le même total que Patrick Ewing), nous retrouvons ce brave Terry en quarante-cinquième position.
Il est, encore aujourd’hui, considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’Histoire des Bucks, franchise qu’il a portée durant son prime. Il s’y trouve aux côtés de joueurs tels que Kareem Abdul-Jabbar, Sidney Moncrief et autres Giannis Antetokounmpo, rien que cela.
Depuis son retrait des parquets, Terry Cummings s’est découvert une autre voie. Il est ainsi devenu chanteur, même s’il faut bien avouer que le succès n’est pas franchement au rendez-vous.
Voici donc le parcours atypique d’un joueur exceptionnel, qui n’a jamais connu la joie d’un titre NBA, la faute aux supers armadas des années 1980. Un joueur fauché en pleine course par une blessure au genou alors qu’il semblait encore en mesure d’apporter beaucoup aux Spurs d’un Robinson trop esseulé (en attendant l’arrivée, en fin de siècle, d’un tout jeune Tim Duncan).
Et s’il reste malheureusement sous médiatisé, souvenons-nous que vingt ans après la fin de sa carrière, qui n’aura finalement réellement durée que dix saisons, il reste l’un des tous meilleurs scoreurs que la NBA ait connu. Sans sa blessure, il aurait d’ailleurs tout à fait été envisageable qu’il entre dans le club des 25 000 points (à raison d’une douzaine de points de moyenne sur ses huit dernières saisons de 60 rencontres), club au sein duquel on ne retrouve que vingt-deux joueurs, absolument tous membres du Hall-of-fame. Honneur qu’il ne connaîtra malheureusement jamais.
Au final, la carrière de Terry Cummings présente certaines similitudes avec l’image qu’on lui connait aujourd’hui : un joueur fort, voire dominant, mais totalement éclipsé par des superstars plus fortes et surtout plus charismatiques dans cette NBA des années 1980 et 1990. Il n’en reste pas moins un joueur dont on aurait tort d’oublier les performances, et dont la carrière mérite absolument le coup d’œil.
Les précédents épisodes et portraits du Magnéto :
- Cinq majeur #1 : Penny Hardaway (1994/95), Manu Ginobili (2007/08),