Depuis 2014 et la fameuse « death lineup » des Warriors, on entend souvent cette expression revenir. Pour cause, lorsque Golden State alignait son 5 Curry – Thompson – Barnes – Iguodala – Green, l’adversaire tremblait. Les choses ne se sont pas améliorées lorsque Durant a remplacé Harrison Barnes, l’actuel ailier des Kings. Cette expression est devenue, depuis, plus courante en NBA. Et, dans la recherche d’efficacité collective, il est désormais important pour un coach qui veut remplir ses objectifs de victoires, de trouver un groupe de 5 joueurs, qui, par son équilibre et son alchimie collective, permet à son équipe de réaliser des runs dans les moments importants d’un match.
En 2017-2018, je m’étais amusé à réaliser un bilan des 10 death lineups de la saison. L’essai prouvait que si certaines équipes possédaient ce genre de troupes, elles n’utilisaient pas toujours ces lineups à leur juste valeur. Mais dans une ère où les statistiques avancées sont de plus en plus présentes, les coaching staffs exploitent de mieux en mieux ce genre de données. Alors que le premier quart de la saison 2019-2020 est écoulé et que les prétendants au titre n’avaient pas été aussi nombreux depuis maintes saisons, il semble intéressant de se relancer dans cet exercice, afin de déterminer quelles équipes ont pris un wagon d’avance dans la mise en place de leurs rotations. Pour cela, j’ai mis en place quelques règles : la lineup doit avoir joué au moins 100 minutes ensemble sur la saison. Elle doit les avoir jouées sur des temps un minimum long (un 5 qui a fait 100 minutes sur plus de 20 matchs a joué des temps trop courts ensemble. Pour cela on définit un minimum de 11 matchs joués. Elle ne doit pas être appelée pour s’amuser dans le garbage time et doit être au-dessus des moyennes en offensive et defensive rating. Enfin, le net rating de cette unité spéciale doit dépasser les +10, de manière à avoir les plus impressionnantes. L’idée ici, n’est pas de faire un classement, mais de vous servir de guide lorsque vous regarderez les coachs gérer leurs rotations. Certaines franchises peuvent en avoir plusieurs, mais je mettrais en avant la principale en terme de représentativité et de fréquence d’utilisation.
Pour vous donner des ordres d’idées sur les statistiques que nous allons aborder :
- La meilleure défense NBA (Milwaukee) a un defensive rating de 101,9
- La meilleure équipe au rebond défensif (Philadelphie) sécurise 78,8% des tirs adverses
- La meilleure attaque NBA (Dallas) a un offensive rating de 116,1
- L’équipe NBA qui a le meilleur net rating (Milwaukee) affiche 11,6
- La meilleure équipe au rebond offensif (LA Clippers) arrache 30,1% de ses tirs manqués
- Le meilleur true shooting percentage dans la ligue (Miami) est de 59,0%
- L’équipe qui joue le plus vite en NBA (Washington) a un PACE de 105,95
Passons désormais aux lineups, statistiques arrêtées au 05/12/2019 : si vous allez visiter les statistiques aujourd’hui, les mêmes lineups seraient présentes mais l’ordre serait différent).
#1 – Milwaukee Bucks : E.Bledsoe – W.Matthews – K.Middleton – G.Antetokoumpo – B.Lopez / Alignée 12 fois, pour 117 minutes, net rating : +21,4
Est-ce vraiment une surprise de savoir que les Bucks possèdent la lineup la plus dévastatrice en NBA ? La franchise est la meilleure défense en NBA en concurrence avec Denver et parmi les toutes meilleures attaques. Ce groupe de 5 joueurs fait évidemment la part-belle à la défense avec 4 extérieurs très mobiles et réputés pour leurs instincts défensifs. Offensivement, entre la force d’attraction que représente Giannis, le spacing qu’offre les 4 coéquipiers autour du Freak et les autres créateurs que sont Bledsoe et Middleton, il y a de quoi destabiliser les défenses adverses.
La force de ce groupe est la polyvalence défensive des 4 extérieurs qui peuvent tenir de multiples positions, tandis que Lopez, s’il n’a pas la mobilité des pivots modernes, reste un excellent protecteur d’arceau. Avec beaucoup de spécialistes et des qualités athlétiques non négligeables, cette lineup construit sa force autour d’une défense de premier ordre : 90,5 points autorisés à l’adversaire pour 100 possessions. Évidemment, la force majeure de cette dernière, est la force tronquée que représente Giannis. En effet, alors que ce groupe profite de la force d’avoir 4 extérieurs et un pivot qui peut étirer la défense, il faut en plus ajouter que sa taille est extrêmement élevée. Le grec mesure lui-même la taille d’un pivot, et tous les avantages que cela représente en terme de rebond, intimidation, mais aussi tous les atouts de la mobilité d’un extérieur. Autant dire que cela pousse forcément les adversaires à choisir leur poison entre subir un déficit de taille ou des mismatchs en terme de mobilité.
Résultat, cette lineup des Bucks est hautement efficace offensivement et élite défensivement. D’autant que le coaching de Mike Budenholzer n’est pas ce qu’il y a de plus négligeable en NBA.
#2 – Miami Heat : K.Nunn – D.Robinson – J.Butler – M.Leonard – B.Adebayo / Alignée 15 fois, pour 169 minutes, net rating : +20,5
Belle surprise que de retrouver cette lineup côté Miami. Deux raisons à cela : premièrement elle s’est faite avec deux joueurs inconnus du circuit NBA il y a quelques semaines encore, mais aussi parce qu’on aurait pu penser avoir un groupe avec le trio Winslow – Butler – Adebayo. Pourtant, ce sont bien deux joueurs en provenance de G-League qui, associés, contribuent à l’un des 5 les plus mortels en NBA.
Comme leurs voisins du dessus, ce 5 propose une défense de très haut vol, avec un defensive rating de 91,3. Il va sans dire que les deux meilleures défenses NBA se trouvant à 102, cela place la performance de ce 5 constitué de deux joueurs inattendus et d’un Meyers Leonard pas en odeur de sainteté à Portland. Pourtant, autour des deux leaders défensifs que sont Butler et Adebayo, ce groupe arrive à orchestrer un rideau de tout premier ordre. Autour de la sublime défense de 1 contre 1 de Jimmy Butler, capable de garder les meilleurs extérieurs adverses et les aides de Bam Adebayo, les changements s’effectuent avec efficacité et rendent ce groupe très dur à déstabiliser, d’autant que la présence de deux pivots et les qualités athlétiques des extérieurs en fait un groupe très solide au rebond (54% de ces derniers leur reviennent).
Derrière cette belle activité, l’équipe se montre très efficace offensivement. En dépit de la présence de deux intérieurs, que l’on pourrait penser problématique, cette équipe affiche un excellent TS% (60,4). Déjà, car le travail d’Erik Spoelstra est, pour ne rien changer, excellent. Résultat, alors que Kendrick Nunn flambe de manière complètement inattendue, Duncan Robinson se montre lui d’une impressionnante propreté (43% à 3pts !). Butler réalise lui une saison dans ses standards et la paire d’intérieur peut cohabiter, utilisant le shoot de Leonard pour laisser tout l’espace nécessaire à Adebayo dans la raquette. De fait, bien que cette lineup ne soit pas des plus propres balle en main (en l’absence de véritable meneur), sa bonne sélection de tir compense amplement et la porte.
#3 – Houston Rockets : R.Westbrook – J.Harden – D.House – P.J.Tucker – C.Capela / Alignée 11 fois, pour 156 minutes, net rating : +20,5
Oui, on peut avoir une défense élite avec une paire d’arrières Westbrook-Harden. Comme les deux équipes précédentes, cette lineup s’appuie sur une défense de fer : 92,3 points encaissés pour 100 possessions. Les Rockets ont conservé leurs préceptes défensifs et continuent de s’appuyer sur le switch comme colonne vertébrale. Si la mobilité latérale de Capela ne fait plus les miracles qu’elle permettait en 2017-2018, le reste de l’équipe compense largement. PJ Tucker est désormais un des ailiers les plus valuable de la ligue. A ses côtés, Danuel House Jr brille par sa solidité tandis que les qualités athlétiques de Westbrook et les minimas d’Harden (notamment sa très bonne défense au poste, disons-le) permettent de mettre la pression sur l’adversaire en permanence. Résultat, si l’équipe cherche encore son équilibre dans sa globalité, le 5 de départ, lui, a déjà trouvé son rythme de croisière. Il y a pire nouvelle dans la longue course qu’est la saison régulière.
Si cette équipe, avec son duo Westbrook-Harden est plutôt dispendieuse avec la balle (on a deux joueurs ici qui perdent de nombreux ballons), elle compense par une bonne efficacité globale au tir ainsi qu’une domination au rebond bien marquée (près de 55% des rebonds sont avalés par Houston). Le grand nombre de 3pts et lancers francs tirés compensant largement pour l’adresse brute, qui elle, est très moyenne. En dépit de la réputation du duo, la majorité des paniers marqués proviennent d’une passe, et ce alors qu’un grand nombre de paniers inscrits par le Barbu sont réalisés suite à des isolations. Basant néanmoins leur jeu sur la force de création de ce dernier, l’équipe apprend à gérer les prises à deux de plus en plus nombreuses sur leur leader. A ce titre, quand les shooteurs sont en rythme, notamment la paire Tucker-House, l’équipe prend feu. D’autant que contrairement à ce que les Rockets faisaient avec CP3 par le passé, les Rockets mènent un rythme endiablé depuis l’arrivée de l’ex-star du Thunder (110,63 de PACE). Si ce dernier n’a toujours pas trouvé une efficacité offensive satisfaisante, il offre néanmoins une variation dans le jeu qui permet d’obtenir plus de paniers faciles, sans pour autant dégrader la défense du 5 de départ. En outre, inséré dans une lineup déjà très agressive par le passé, sa hargne et sa volonté de prendre des rebonds contagieuse fait d’Houston une équipe redoutable en la matière (29,5% des rebonds offensifs arrachés), ce qui en fait un 5 très haut placé, que seul la le 5 du Heat à deux intérieurs arrivent à concurrencer.
#4 – Dallas Mavericks : L.Doncic – T.Hardaway Jr – D.Finney-Smith – D.Powell – K.Porzingis / Alignée 10 fois, pour 104 minutes, net rating : +20,3
Jusqu’ici, nous n’avions eu que des équipes qui basaient leur domination sur un solide rideau défensif. Cette équipe des Mavericks ne correspond pas à ce standard. A l’image du style de jeu résolument offensif de l’ensemble du roster, cette lineup affiche un offensif rating de 122,6. On pourrait penser qu’à l’instar des Rockets, ce roster s’appuie sur une course effrénée. Il n’en est rien avec un PACE dans les moyennes NBA de 101,2.
Si cette équipe est portée vers l’attaque, elle base ses performances magistrales sur une clé de voute : une efficacité offensive très élevée (64% de True Shooting). Quant à l’artisan majeur de cette réussite, évidemment, c’est Luka Doncic. Le slovène réalise une seconde saison absolument terrifiante du haut de ses 20 ans, et la justesse qu’il affiche dans le jeu met en valeur tous ses coéquipiers. Absolument intenable, il est à la fois très propre dans sa production personnelle, tout en faisant bénéficier de sa vision de jeu à toute l’équipe. Très juste dans ses décisions, d’une maturité déjà fascinante, le meneur profite avec cette lineup des différents shooteurs disponibles pour découper les défenses. En se montrant agressive sur le rebond offensif, notamment grâce à la paire Powell-Porzingis, l’équipe s’offre en plus diverses secondes chances pour consolider leur domination.
En défense, avec 106,5 points encaissés pour 100 possessions, le roster fait moins peur que les autres équipes de ce classement. Néanmoins, ils réussissent à se montrer correct pour compenser le manque de spécialistes, en s’appuyant sur les schémas de Rick Carlisle.
L’équilibre de cette équipe va donc dépendre sur la faculté de Doncic à continuer de briller, tout en demandant aux joueurs autour de conserver la main chaude.
#5 – Utah Jazz : M.Conley – D.Mitchell – R.O’Neal – B.Bogdanovic – R.Gobert / Alignée 18 fois, pour 254 minutes, net rating : +16,3
Alors que le Jazz est dans la tempête, il sait qu’il possède toujours une arme de premier ordre : cette lineup. Fin équilibre entre bons défenseurs et attaquants polyvalents, elle permet au moins de posséder une ossature à laquelle se raccrocher. Si cette lineup a un petit peu sombré, à l’image du reste de l’équipe ces derniers matchs, toujours est-il qu’elle est fidèle à l’image du Jazz sous l’ère Quinn Snyder. Solide en défense (97,6 de defensive rating), disciplinée des deux côtés du terrain.
Bien que l’ajout de Mike Conley peine encore à marquer la franchise de son empreinte, toujours est-il qu’Utah s’est offert un axe 1-5 de premier ordre. Entouré de deux talents offensifs que sont Bogdanovic, et bien sûr, Donovan Mitchell, cette lineup est la plus efficace offensivement au sein de l’équipe. Néanmoins, dans les chiffres qui saisissent lorsqu’on l’étudie, c’est la manière dont elle peut être intraitable. Ainsi, si elle n’est pas encore aussi forte en défense que certaines équipes décrites plus tôt, aucune ne maîtrise aussi bien son rebond défensif que cette dernière (80,8% des rebonds captés en défense). On dit souvent qu’une bonne défense est effective si le rebond défensif est assuré : en la matière, ce groupe de 5 joueurs est intraitable, quand bien même elle ne s’appuie que sur un intérieur.
Offensivement, elle s’appuie sur la présence de deux excellents créateurs (Conley et Mitchell), un spécialiste au tir (Bogdanovic), un facilitateur (O’Neal) et un pivot très classique jouant proche du cercle (Gobert). Avec des missions très claires et une solide efficacité offensive (59,7 de TS%), on sent qu’une fois l’ordre retrouvé dans l’équipe, cette lineup pourrait s’insérer durablement parmi les toutes meilleures de la ligue.
#6 – Toronto Raptors : F.Van Vleet – N.Powell – O.Anunoby – P.Siakam – M.Gasol / Alignée 18 fois, pour 192 minutes, net rating : +16,1
Kawhi Leonard et Danny Green partis, Kyle Lowry et Serge Ibaka sur le flanc un moment, pas de problème. On s’attendait à voir Toronto rester solide, mais à ce niveau ? Belle surprise. Malgré les diverses pertes, les canadiens ont su trouver d’autres solutions, dont cette lineup est l’emblème. Une défense très solide, une attaque très efficace, la troupe de Nick Nurse nous rappelle qu’avec plus d’espace, certains talents peuvent se révéler… Surtout après un titre.
Fred Van Vleet, a donc confirmé ses excellentes prestations dans les phases finales des Playoffs en dirigeant à merveille le jeu de cette équipe. En outre, avec Normal Powell, capable de créer, mais également une paire d’intérieurs à même de trouver leurs coéquipiers ou de scorer, les Raptors ont dans ce 5 de nombreuses armes pour créer des opportunités en attaque. A ce titre, leur ratio passes décisives / pertes de balle est parmi les plus élevés de cette liste, et parmi les meilleurs en NBA. Résultat, c’est un excellent 114,3 points inscrits pour 100 possessions dont peut se targuer cette lineup.
Défensivement, c’est surtout l’application dans la mise en place des systèmes défensifs qui en fait une véritable plaie pour l’adversaire. En effet, aucune équipe n’a réalisé autant de schémas défensifs différents que les Raptors cette saison. Désireux de s’adapter à l’adversaire, la troupe de Nick Nurse suit religieusement les plans de jeu de son coaching staff permettant très souvent de mettre les stars adverses à mal (on ne compte plus le nombre de franchise player tombés sous l’étau de l’équipe et de ce 5 particulièrement). D’autant que dans le même temps, Pascal Siakam a su prendre une nouvelle dimension pour combler les départs, devenant une menace offensive de premier ordre… à l’échelle de la ligue.
#7 – Denver Nuggets : J.Murray – G.Harris – W.Barton – P.Millsap – N.Jokic / Alignée 16 fois, pour 347 minutes, net rating : +14,0
On repart à l’Ouest avec la lineup la plus utilisée, de loin, de ce classement. Le 5 de départ des Nuggets a globalement dominé ses adversaires sur l’ensemble de ce début de saison. Correcte en attaque, très solide défensivement, cette lineup permet en général à Denver de l’emporter dans les secondes mi-temps, lorsqu’elle monte en régime.
Offensivement, ces Nuggets sont supposés posséder 5 joueurs capables de scorer ou de créer pour autrui au besoin. Derrière Nikola Jokic, les 4 joueurs sont de bons shooteurs et multiplient les coupes pour profiter des offrandes de leur pivot. Bien que leur efficacité au global soit élevée, avec un offensive rating de 111,6, les Nuggets sont pourtant la lineup de 5 joueurs la moins adroite au tir de ce classement (55,4 de TS%). Et pour cause, si Will Barton et Paul Millsap affichent des pourcentages stratosphériques depuis l’ouverture de la saison, Gary Harris et Nikola Jokic sont eux désastreux au tir. Avec un leader offensif qui semble moins volontaire et impliqué, Denver ne s’en sort pourtant pas si mal, notamment grâce à sa faculté à prendre soin du cuir (2,20 de ratio assit/tunover) et à se procurer des secondes chances (28,6% des rebonds offensifs récupérés).
Défensivement, cette lineup se veut étouffante. Comme l’an passé, Denver continue de ralentir le jeu (98,5 de PACE), obligeant l’adversaire à jouer en permanence sur demi-terrain. Résultat derrière la défense d’élite du duo Harris-Millsap, et les montées en régime de ce côté du terrain de Murray et Barton, cette lineup devient très dure à manœuvrer, en particulier lorsqu’elle sanctionne de l’autre côté du terrain. Si la production offensive manque encore de propreté pour pleinement profiter ce rideau défensif de très haut vol, il faudra surveiller les Denver Nuggets si Nikola Jokic accélère à partir de janvier.
#8 – Phoenix Suns : R.Rubio – D.Booker – K.Oubre Jr – D.Saric – F.Kaminsky / Alignée 10 fois, pour 150 minutes, net rating : +11,9
Et oui… Les Phoenix Suns. Probablement parmi les grosses surprises de cette saison 2019-2020, l’Arizona possède en prime une lineup de niveau élite. Malgré l’absence de Deandre Ayton, Monty Williams a su trouver d’autres ressources pour faire la différence. Mais quelles sont les caractéristiques de cette lineup ?
Tout d’abord, ce 8ème et dernier groupe de joueurs est le seul de la liste à posséder une défense… médiocre. Avec 112,5 points encaissés pour 100 possessions, on ne peut pas dire qu’étudier les mécaniques défensives de cette équipe possède un intérêt quelconque. Pourtant, en dépit de cette gabegie défensive, elle fait parti des 8 lineups les plus efficaces de la ligue (selon les critères que nous avons établi). Alors forcément, vous vous en doutez, si elle entre dans ce classement, c’est qu’elle propose des performances exceptionnelles offensivement.
Avec 123,4 d’offensive rating, cette troupe des Suns dépasse même celle des Mavericks. Longtemps en galère sur le poste de meneur, Phoenix a enfin trouvé un général de renom pour diriger l’équipe. En alignant aux côtés de Devin Booker, un meneur racé comme Ricky Rubio, les Suns ont enfin trouvé un chaînon manquant. Booker-Rubio, c’est un peu le feu et la glace. Si le premier est un scoreur absolument létal, l’autre est un shooteur au mieux correct. Mais sa capacité à organiser le jeu, couplée à l’arrivée d’un coach capable de remettre de l’ordre dans la maison, donne une base solide à cette lineup. A leurs côtés, on retrouve Kelly Oubre Jr, joueur capable de tout faire sur un parquet, mais surtout deux intérieurs résolument tournés vers l’attaque. Tous deux sont capables de shooter, d’obtenir leurs points dans le trafic, voire de ressortir correctement le ballon.
Comme Dallas, l’équipe s’appuie sur la justesse des principaux attaquants Devin Booker (et ses progrès en tant que passeur) et Ricky Rubio, le cas présent. Derrière leurs bonnes performances (et leur propreté balle en main, meilleur ratio assit/tunover de la liste avec 2,40), les Suns deviennent redoutables. D’autant que les shooteurs sont plutôt en rythme, ou sont au moins menaçants, à l’instar de Kaminsky, maladroit mais qui arrive à paraître dangereux, à défaut de l’être réellement (43% au tir, 31% à 3pts). Un joueur restant agressif malgré ses difficulté pouvant facilement peser sur les défenseurs, comme l’expliquait cet article.
Bref, ce 5 fait des ravages en attaque et après des années de galère, cela rappelle les bonnes heures de Phoenix.
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Avec de nombreux 5 aux profils différents, on remarque que l’évolution de la NBA lancée par les Golden State Warriors arrive à un tournant. Entre franchises s’appuyant sur les préceptes définissant la “NBA moderne” : nombreux shooteurs, jeu avec un seul intérieur, multiplication des créateurs offensifs – et équipes décidant de faire évoluer la recette : retour de lineups avec deux intérieurs, voire deux pivots – on se rend compte que les coachs commencent à prendre des directions différentes. Alors que des coachs (Rick Carlisle, Nick Nurse) osent des schémas défensifs bannis par la NBA de longues dates, la ligue arrive à une croisée des chemins que devraient symboliser le début de la nouvelle décennie.