Chaque saison, avec une fortune diverse, plusieurs dizaines de jeunes joueurs posent pour la première fois de leur carrière un pied sur un parquet NBA. L’idée ici est de recenser les joueurs qui, dès le jour 1, se sont mis en évidence par des performances remarquables, voire inoubliables. Le sujet est d’actualité, puisque certains rookies de la cuvée 2019 – 2020 ne se sont pas gênés pour exploser les compteurs pour leur première rencontre. Retraçons ensemble les premières fois les plus réussies (voilà, la vanne est faite).
Le cas spécifique de la NBA d’avant-hier
Si l’on souhaite effectuer une comparaison des meilleures premières rencontres de l’Histoire, il est nécessaire de distinguer les époques. Nous aurons l’occasion de le redire, la NBA d’il y a 60 ans, qu’a par exemple connu Wilt Chamberlain, n’est pas celle que viennent de découvrir R.J. Barrett, P.J. Washington et autre Tyler Herro. Ainsi, l’on retrouve dans cette NBA préhistorique des lignes statistiques qui sont aujourd’hui inimaginables (impossibles ? Très certainement). De là à dire que toutes les plus belles performances ont été réalisées au temps de la télévision en noir et blanc, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir, tant certains rookies du XXIè siècle ont su tirer leur épingle du jeu.
Néanmoins, force est de constater qu’historiquement, les meilleures premières rencontres se sont majoritairement déroulées entre 1946 et 1978, dans une Ligue “d’avant-hier”. Ainsi, sur les 79 rookies qui ont marqué au moins 20 points pour leur première rencontre NBA, 32 évoluaient dans cette NBA d’un autre temps. De la même manière, 20 des 23 jeunots qui ont avalé au moins 10 rebonds ont fait leur début dans la Ligue avant la décennie 1980, dans cette NBA qui appartenaient aux big men.
Et parmi eux, comment ne pas faire un focus sur l’immense Wilt Chamberlain ? Lorsqu’on parle de records, Wilt the Steelt est généralement dans le coin. Le sujet qui nous concerne ici ne fait pas figure d’exception, pour la simple et bonne raison que sa première rencontre était – déjà – une énorme orgie. Chamberlain a fait ses grands débuts en 1959, à l’âge de 23 ans sous les couleurs des Philadelphie Warriors, dans une rencontre qui les opposait aux Knicks. Résultat ? 43 points, 28 rebonds et 1 passe décisive pour le pivot des Warriors. Disons-le : ces chiffres constituent le record absolu en points et en rebonds pour une première rencontre NBA. Mieux encore, aucun autre joueur n’a atteint la barre des 40 points pour son dépucelage dans la Ligue, et ils ne sont que quatre à avoir choppé au moins 20 rebonds.
Si ces deux exemples n’ont pas fini de vous convaincre que la comparaison des époques est, au mieux, hasardeuse, (et au pire complètement contre-productive) je vous invite à avoir la curiosité d’aller jeter un œil sur les records de points sur l’entière saison rookie. On s’aperçoit rapidement que ce classement, comme celui des rebonds, est monopolisé par les joueurs ayant débuté leur carrière avant 1980. Voici un exemple chiffré : lors d’une première saison, 203 rencontres se sont soldées avec au moins 40 points scorés par un rookie. 73,4 % d’entre-elles ont été disputées avant que Larry Bird ne fasse ses grands débuts en NBA.
Trève de digression : le grand Wilt n’est pas le seul à avoir affolé les compteurs pour sa première rencontre dans ces années-là. Avant lui, le plus anonyme Frank Selvy, connu pour être le seul joueur a avoir planté 100 points en première division de NCAA (en 1954), a également su éblouir les rares observateurs de l’époque pour sa première rencontre sous le maillot des Milwaukee Hawks. Dans une large défaite concédée contre les Celtics, Selvy s’est ainsi fendu d’une rencontre à 35 points, à une époque où même Basketball-reference n’est pas capable de nous donner le nombre total de rebonds. Cette pointe à 35 points constitue d’ailleurs le second meilleur total pour le premier match d’un rookie.
Citons encore John Drew qui, en 1974, n’a pas fait dans la dentelle pour sa première rencontre : 32 points, 12 rebonds, 3 passes décisives et 4 interceptions. Le joueur d’Atlanta, dont le nom échappe à la majorité des fans d’aujourd’hui (dont le miens, soyons franc), partage la troisième place du podium des meilleurs marqueurs pour le premier match avec Maurice Stokes, lui aussi joueur préhistorique.
Stokes est au moins aussi connu pour sa vie hors du commun (que je vous invite à découvrir, tant elle est à la fois belle et tragique) que pour ses performances de basketteur. En tant que sportif, il était l’une des premières stars de la Grande Ligue, et cela (vous l’aurez compris), dès ses débuts fracassants : 32 points, 20 rebonds, 8 passes décisives le 5 novembre 1955 dans une défaite des Rochester Royals contre les Knicks (spécialiste des branlées contre les rookies, manifestement). S’en suivra trois saisons exceptionnelles, au cours desquelles Stokes sera toujours sélectionné pour le All-Star Game. Sa carrière se terminera au cours de cette troisième saison, suite à un terrible choc à la tête.
Nous serions tentés de nous dire que la performance réalisée lors de son premier match n’a pas vocation à avoir des conséquences sur la suite de la carrière du joueur. D’ailleurs, une telle affirmation se vérifie 95 fois sur 100. Cependant, nous pouvons également constater que parmi les joueurs qui ont affolé les statistiques (brutes) pour leur premier plongeon dans la piscine NBA, nous retrouvons énormément de superstars. Nous avons évoqué Chamberlain, immense parmi les géants. Nous avons évoqué Stokes, qui était promis à une carrière exceptionnelle avant que le sort ne vienne s’en mêler. Parmi les joueurs old-school, citons Walt Bellamy et Monsieur Kareem Abdul-Jabbar qui, s’il s’appelait encore Lew Alcindor, n’a pas traîné pour confirmer tout le bien qu’on pensait de lui avant sa draft.
Sélectionné en première position de la draft 1969 suite à un pile ou face, Alcindor est appelé à dominer la Ligue pour les quinze prochaines années. Ce qu’il ne fera pas : il la dominera pendant vingt ans. Mais quid de ses premiers pas en NBA ? Une broutille : 29 points, 12 rebonds, 6 passes décisives … en 48 minutes de jeu. Un avant-goût de ce que ses adversaires allaient subir jusqu’en 1989.
29 points, c’est aussi ce qu’à scoré Walt Bellamy le 19 octobre 1961, le tout agrémenté de 17 rebonds. Une performance certes impressionnante, mais tellement banale pour le bonhomme, qui marquera au moins autant de points à 54 reprises pour sa première saison. Vous avez dit adaptation ?
Ne passons pas plus de temps sur cette NBA antédiluvienne. Prenez garde : le passage aux années 1980 n’a pas altéré le talent des rookies, et nombreux sont ceux qui ont donné un immense coup de pied dans les préjugés du niveau des débutants.
Les performances des rookies de la NBA d’hier et d’aujourd’hui
La décennie 1980 a joué un rôle déterminant pour la NBA. A son début, la Grande Ligue tirait la langue et l’on se questionnait même sur la suite de son existence. Les Finales NBA ne sont plus diffusées en direct, les fans doivent suivre les rencontres en différé. Autant le dire, ça sentait le sapin pour le basket américain. Mais ça, c’est avant que Magic Johnson et Larry Bird viennent nous offrir la plus belle rivalité de l’Histoire.
Si Bird n’a pas réellement sa place dans le débat qui nous préoccupe aujourd’hui (bien que son premier match soit absolument qualitatif : 14 points, 10 rebonds, 5 passes décisives), Magic Johnson y possède un siège chauffant en haut de l’estrade. Nous disions plus haut que certaines légendes profitaient de leur grand début pour marquer la Ligue au fer rouge ; Magic fait partie de cette caste. A croire que lorsque sa draft est déterminée sur un pile ou face, il est absolument nécessaire de noircir sa première feuille de match.
Dans une opening night exactement similaire à celle de 2019, où les Lakers rencontrent les San Diego Clippers, la performance du meneur des jaune et pourpre va mener sa franchise à la victoire : 26 points, 8 rebonds, 4 passes décisives, 1 interception, 4 contres. Cette dernière statistique constitue d’ailleurs le meilleur total pour une première rencontre, ex aequo avec Rudy Gay, Ralph Sampson, Bille Walton et Paul Pierce. Mais prenons cette information avec des pincettes, les contres n’étant comptabilisés qu’à compter de 1973, ce qui exclut certains surhommes (Bill Russell, Wilt Chamberlain, Lew Alcindor …).
Qui dit Magic Johnson dit Larry Bird, mais également Isiah Thomas. Le lutin des Pistons, drafté en 1981, fut l’un des meilleurs amis du meneur des Lakers, avant de devenir son ennemi notoire (propos douteux sur la séropositivité de Johnson, non sélection à la Dream Team 1992 en raison, notamment, de l’opposition de Magic …). Néanmoins, bien qu’il soit connu pour être le leader des Bad Boys de Détroit, équipe qui déployait un jeu d’une rudesse inégalée, Isiah Thomas est également celui qui, dans la NBA dite “moderne”, a claqué ce qui peut être considérée comme l’un (le ?) meilleur premier match : 31 points, 11 passes décisives, 3 rebonds, 1 interception, 1 contre.
Niveau scoring, il n’y a pas de débat. Avec 31 points plantés sur la caboche des Bucks, Zeke fait partie de la caste fermée des joueurs qui ont scoré au moins 30 points pour leur première rencontre. Il est 5ème de ce classement (derrière, donc, Wilt Chamberlain, Frank Selvy, John Drew et Maurice Stokes). Mais si l’on peut parler de meilleur premier match, c’est parce qu’avec ces 31 points, Isiah a distribué 11 passes décisives, une performance exceptionnelle, car seuls 4 joueurs sont parvenus à offrir 10 caviars ou plus pour leur grand plongeon en NBA : Thomas donc, accompagné de Damian Lillard (23pts et 11 passes)… et de 2 autres joueurs dont les noms ne seront dévoilés que plus tard.
La performance est digne d’une superstar. Nous ne serions pas étonné si, demain, Stephen Curry ou Russell Westbrook nous offraient une telle ligne. Par contre, l’ensemble de la twittosphère s’embraserait si un de nos actuels rookies venait à nous sortir une telle performance pour sa première rencontre. Zion, si tu m’entends…
Parmi les légendes (le terme sous-entend ici que la carrière du joueur est déjà terminée) de la Grande Ligue, d’autres occupent une place de choix dans le débat qui est le notre ici. Procédons, pour une fois, par ordre chronologique. Lors de la rubrique précédente, consacrée à la NBA d’avant-hier, le nom de Bill Walton n’a pas été mentionné. Et pour cause, le grand Billou n’était pas forcément un fanatique du scoring. Par contre, sa première rencontre résonne encore dans les oreilles de la raquette de Cleveland : 18 points, 24 rebonds, 5 passes décisives, 2 interceptions, 4 contres, soit une performance pas très éloignée d’un five-by-five absolument inédit.
Alors que l’ouverture de la saison 1981 a vu Isiah Thomas démontrer toute sa classe et son talent, la saison suivante fut témoin de la masterclass de Dominique Wilkins, le parisien des Hawks, qui ne s’est pas fait prier pour sa première rencontre, terminée avec un double-double bien solide : 23 points, 12 rebonds en 35 minutes de jeu. L’ailier des Hawks ne prendra d’ailleurs autant de rebonds qu’à une autre reprise durant sa première saison (15, lors de son 75ème match contre Chicago).
Si nous aurons l’occasion de reparler des ailiers dominants (LeBron James attend patiemment son tour), n’oublions pas que les pivots étaient à la fête au vingtième siècle. L’heure est donc venue de parler coup sur coup de trois des cinq meilleurs pivots de tous les temps. Rien que ça. Il faut dire qu’Hakeem Olajuwon, David Robinson et Shaquille O’Neal ont, tous les trois, réussis leur début en NBA. Et c’est peu de le dire.
Olajuwon, premier de la draft 1984, disputa sa première rencontre contre une toute jeune franchise : les Mavericks de Rolando Blackman et Mark Aguirre. Les Rockets remportèrent cette rencontre (121 – 111) et Hakeem fit de la compote de la raquette des Mavs : 24 points, 9 rebonds, 1 passe décisive, 1 contre. Une rencontre exceptionnelle pour un bizutage, mais finalement assez commune pour The Dream. S’il ne finira pas rookie de l’année, la faute à un certain Michael Jordan, Hakeem Olajuwon éclaboussera de son talent l’ensemble de la ligue lors de cette saisons 1984 – 1985. Il scorera au moins 24 points à trente reprises, réalisera parfois 8 contres, attrapera 25 rebonds … Au bout de quinze rencontres, inutile de dire que les adversaires ne pouvaient plus être surpris du niveau affiché par le nigérian de naissance.
Autre pivot, autre premier de draft en la personne de David Robinson. Sélectionné en 1987, l’Amiral étrennera les couleurs des Spurs pour la première fois en 1989, en raison de son parcours dans l’U.S Navy. Celui qui fut, quelques années plus tard, le jouet d’Olajuwon pendant une série de playoffs (en 1995) réalisa un énorme chantier pour sa première. Pourtant, en face, les pivots n’étaient pas vraiment les perdreaux de l’année. En effet, pour le premier match de la saison 1989-90, les Spurs rencontrent les Lakers, certes orphelins de Kareem Abdul-Jabbar, mais qui présente un poste de pivot pas franchement mauvais, puisque composé de Mychal Thompson et de Vlade Divac. Mais, vous savez-quoi ? Robinson n’en avait apparemment rien à faire. Les Spurs remportent cette rencontre acharnée, et son nouveau pivot collera 23 points, 17 rebonds et 3 contres sur la tronche des Angelinos. Ce n’était d’ailleurs qu’un avant-goût : sur ses quatre premières rencontres, l’Amiral affiche les moyennes suivantes : 24,3 points, 14,8 rebonds, 1,8 passes, 2 interceptions et 4 contres. Vous avez dit rookie de l’année ?
Quid du gros Shaq dans cette histoire ? Il est celui des trois qui réalisa la première prestation la plus timide. Mais si vous connaissez un peu l’animal, vous savez que “Shaq” et “timide”, cela donne toujours des statistiques supérieures à l’immense majorité des joueurs. Dans un derby floridien chaud comme la braise (O’Neal a commencé sa carrière à Orlando, et son premier match fut disputé contre Miami), remporté par le Magic, Shaq ne fit pas forcément une immense impression au scoring. Il scorera ainsi 12 points, prestation éclipsée par les 42 points d’un Nick Anderson qui n’était pas encore affublé de son horrible surnom. Là où le Big Diesel s’est fait remarqué, c’est sous les cercles, en cueillant pas moins de 18 rebonds, record du match.
Surtout, le total de 18 rebonds le classe en septième position de la meilleure performance en la matière pour un début dans la Ligue. Pour l’anecdote (permettons nous un léger détour), puisque nous en sommes à parler des légendes, le top 11 des meilleurs rebondeurs pour leur première sortie est uniquement – à une exception près – composé d’immenses superstars : Wilt Chamberlain (28 rebonds, 4x MVP), Bill Walton (24 rebonds, MVP et MVP des finales) Wes Unseld (22 rebonds, MVP et MVP des finales), Maurice Stokes (20 rebonds), Adrian Dantley (19 rebonds), Calvin Natt (19 rebonds, l’inconnu de la troupe), Shaquille O’Neal (18 rebonds, MVP et triple MVP des finales), Walt Bellamy, Jerry Lucas, Dave Cowen (MVP) et David Robinson (MVP) tous ex aequo avec 17 rebonds.
Sans plus nous appesantir, précisons tout de même qu’Allen Iverson fait, lui aussi, parti du club des “30 points pour les grands débuts”. Si collectivement, sa prestation ne peut clairement pas être considérée comme étant bonne (défaite des Sixers contre les Bucks, -15 de box +/-), le lutin de Philadelphie a démontré à Ray Allen que, sur le poste d’arrière, il fallait immédiatement compter sur lui : 30 points, 6 passes décisives pour celui qui n’était pas encore présenté comme the Answer.
Il est suffisamment clair désormais – j’espère – que les départs canons ont existé de tous temps. Pourquoi notre siècle devrait-il faire exception ? C’est une question pour laquelle il n’existe pas réellement de réponse. Une chose est certaine, une des performances les plus marquantes de l’Histoire a été réalisée au tournant de l’an 2000. Avant d’être le sixième homme attitré des Lakers de Kobe Bryant et de Pau Gasol, Lamar Odom était un Clipper. Disons-le immédiatement, de toutes les prestations XXL présentées jusqu’ici, aucune ne semble aussi impressionnante (hormis celle de Wilt Chamberlain, hors concours) et complète que celle réalisée par Odom le 2 novembre 1999.
Alors que les Clippers restaient sur une saison 1998 – 1999 absolument calamiteuse (9 victoires, 41 défaites dans cette saison raccourcie par un lock-out), les espoirs placés dans le Candy Man (4ème de la draft) étaient nombreux. Inutile de dire que ce dernier a explosé la porte de la NBA pour son début : 30 points, 12 rebonds, 3 passes décisives, 2 interceptions, 2 contres. Lamar Odom était au four, au moulin, mais surtout partout sur le parquet. Bien trop esseulé dans une équipe où Michael Olowokandi était encore titulaire indiscutable (Kamoulox), Odom n’a clairement pas pu empêcher la défaite des siens face aux Sonics de Gary Payton. Et s’il ne terminera pas rookie de l’année, le trophée revenant conjointement à Elton Brand et Steve Francis, ce match du 2 novembre 1999 lança parfaitement la carrière d’un joueur trop souvent oublié, double bagué et nommé sixième homme de l’année en 2011.
Entrons dans le vif du sujet. Si je vous dis les mots : NBA et 21è siècle, l’immense majorité d’entre-vous aura le réflexe de penser à LeBron James. Si vous avez pensé à Kwame Brown, il s’agirait de grandir, il s’agirait de grandir … Venons-en au meilleur joueur de ce siècle. Rares sont les joueurs qui sont immédiatement passés du lycée à la NBA sans passer par la case Université. Quelques noms notables ont tout de même suivi ce cursus. Néanmoins, un seul joueur est parvenu à immédiatement marqueé les esprits : BronBron. Attendu comme le messie chez des Cavs bien moribonds, son arrivée en NBA est précédée par une hype qui n’avait jamais été vue (et qui n’a jamais été observée depuis).
Certes, Cleveland s’est incliné face aux Kings pour le baptême de son nouveau prodige. Mais qui se souvient du score ? Qui s’en soucis ? Absolument personne. Parce que le futur King a directement démontré que son talent allait être générationnel : 25 points, 6 rebonds, 9 passes décisives et 4 interceptions. On a connu pire comme première. Pour comprendre à quel point cette performance est incroyable, a fortiori pour un adolescent, voici la ligne statistiques proposée par quelques lycéens à l’occasion de leur première rencontre en NBA :
- Kevin Garnett : 8 points, 1 rebond et 1 passe décisive,
- Kobe Bryant : 1 rebond et 1 contre,
- Tracy McGrady : 1 rebond,
- Amar’e Stoudemire : 10 points, 6 rebonds, 1 passe décisive,
- Kwame Brown : 2 points, 3 rebonds, 3 contres.
C’est dire si – déjà – LeBron James était hors du commun.
Le fait que le King ait réalisé une première rencontre magistrale ne doit pas vous étonner outre mesure. Et si je vous disais que la “famille” Okafor a, elle aussi, crevé l’écran pour ses débuts ? Certes, il semblerait qu’aucun lien familial n’unisse Emeka Okafor à Jahlil. Les deux intérieurs partagent toutefois le point commun d’avoir réalisé une très bonne saison rookie, mais aussi le fait d’avoir impressionné l’audience dès leur premier soir. Le bémol, c’est qu’à l’instar de LeBron ou d’Odom, ces jolies statistiques ont été réalisées au cours d’une défaite.Ce qui leur fait perdre un semblant de panache. Il n’en reste pas moins que le 19 points / 10 rebonds et le 26 points / 7 rebonds / 2 contres des deux jeunes hommes sont plus de dignes d’être mentionnés ici.
Avant de s’intéresser aux performances des rookies de 2019, il semble incontournable d’évoquer le tout premier carton de Blake Griffin. Drafté en 2009 en première position, avant d’être contraint au repos sa première saison, il dispute sa première rencontre officielle à l’aube de la saison 2010 – 2011. Dans une équipe des Clippers aussi faible que dix ans auparavant pour les débuts de Lamar Odom, Griffin porte l’intégralité du jeu des voiliers sur ses larges épaules. Avec un certain succès individuel, mais une inefficacité dramatique collectivement (bilan de 1 – 13 à la fin novembre).
Pourtant, à l’occasion de son baptême dans la Grande Ligue, Griffin est directement entré dans le Guiness Book qui nous concerne : 20 points, 14 rebonds, mais surtout 9 rebonds offensifs ! Aucun primo-débutant n’a réalisé une telle performance. D’ailleurs, pour l’anecdote, le désormais franchise player des Pistons n’est jamais parvenu à prendre plus de 9 rebonds offensifs dans toutes sa carrière, en plus de 600 rencontres.
Points, rebonds, contres … L’Histoire de la NBA retiendra que nombreux sont les illustres joueurs a avoir performé dans ces différentes statistiques pour leur première rencontre. Certains de nos actuels rookies ont certainement le potentiel pour devenir – d’ici une quinzaine d’années – des icônes de la Ligue. Mais ont-il réussi leurs débuts ?
En attendant que Zion Williamson vienne confirmer tout le bien qu’on pense de lui (et qui sait, venir torpiller les statistiques présentées jusqu’ici, soyons fous !), force est de constater que certains jeunes joueurs se sont particulièrement démarqués depuis la reprise. Mention spéciale pour P.J. Washington, qui, avec ses 27 points, m’a donné l’envie de rédiger cet article. Il faut dire que le rookie des Hornets, présenté comme étant extrêmement polyvalent offensivement, a mené les Frelons à ce qui devrait être l’une de leurs rares victoires cette saison. Notons d’ailleurs qu’au-delà de ces 27 points (13ème meilleure performance au scoring) et des 4 rebonds qui vont avec, Washington s’est permis de planter 7 paniers à trois-points (en 11 tentatives, 63,6% de précision !), ce qui constitue un record pour un first game.
Alors qu’il va être l’heure d’évoquer les deux performances les plus inoubliables, n’oublions pas que Kendrick Nunn et qu’R.J. Barrett, respectivement nouveaux joueurs du Heat et des Knicks, n’ont pas omis d’être décisifs dès leur premier soir : 24 points, 2 rebonds, 3 passes décisives et 2 interceptions pour le néo Heat-man, 21 points, 5 rebonds, 2 passes décisives et 2 interceptions à 70 % au tir pour le futur franchise player des Knicks.
Les performances inoubliables
Les prestations présentées jusqu’ici font toutes, sans exception, parties du haut du panier. Toutefois, si l’on excepte l’impensable 43 / 28 de Chamberlain, il semblerait que deux rencontres possèdent le C.V pour être considérées comme la meilleure “première” performance de l’Histoire. Rien que ça. Parlons ici de deux joueurs qui nous permettent d’effectuer une synthèse de l’ensemble des parties que nous avons traité : joueur ancien, joueur récent, superstar et anonyme.
Fonctionnons par chronologie. Le 19 octobre 1960, la NBA est composée de huit franchises et est survolée par les Celtics. C’est dans ce paysage que le jeune Oscar Robertson évolue pour la première fois sous les couleurs des Cincinnati Royals, ancêtre des Kings. Lorsqu’on évoque, en 2019, la carrière de Big O, c’est bien souvent pour mentionner sa faculté hors du commun de multiplier les triples-doubles. Rappelons qu’avant que Westbrook ne décide d’enclencher le mode super-saiyan, c’est Robertson qui dominait l’ensemble des classements en la matière : 41 triples-doubles sur une seule saison, un triple-double de moyenne sur une saison (1961 – 1962) …
Les plus perspicaces d’entre-vous ont compris où je veux en venir. Pour la première et unique fois de l’Histoire, un joueur disputant sa première rencontre NBA va la conclure avec plus de dix unités dans trois catégories statistiques différentes. Alors que les Royals ont largement dominé les Lakers d’Elgin Baylor et de Jerry West (140 – 123), Oscar Robertson va réaliser son premier triple-double : 21 points, 12 rebonds, 10 passes décisives. Le premier d’une très longue série (181 au total dans sa carrière, ce qui constitue un record).
Pour comprendre la portée de la performance, il faut avoir à l’esprit qu’à cette époque, les triples-doubles n’étaient, de loin pas, aussi fréquents qu’aujourd’hui. A l’heure de la rédaction de ces lignes, le 27 octobre 2019, quatre joueurs différents se sont déjà distingués dans cet exercice pour cette nouvelle saison : Giannis Antetokounmpo, Luka Doncic, Nikola Jokic et Russell Westbrook. Cela s’explique notamment par le fait que les interceptions et les contres n’étaient pas décomptés, mais aussi par le fait que le jeu était ultra-dominé par les pivots, certes dominants, mais parfois peu à l’aise avec le jeu de passe.
Quoiqu’il en soit, à moins que Zion Williamson ne réalise une telle performance, ce qui frôlerait l’inimaginable, ce ne sera (de nouveau) pas pour cette année que le club formé il y a soixante ans par Robertson soit enrichit par un nouveau membre. C’est dire si Mr. Triple-double doit se sentir bien seul.
Et pourtant, il y a six ans, il y en a un qui n’était pas très loin de venir faire la discute avec Oscar Robertson. Drafté en onzième position en 2013, Michael Carter-Williams est un joueur qui traine désormais sa peine du côté d’Orlando. Pourtant, quand il fut nommé rookie de l’année, le meneur était promis à un avenir des plus brillants. Inutile de dire que pour l’heure, c’est raté.
En termes de première impression, MCW se positionne là. C’est le genre de bonhomme qui arrive seul au bar et qui repart avec ton date. Pourquoi ? me demanderiez-vous. Tout simplement parce qu’il n’était pas loin d’inscrire son nom dans une caste très fermée : celle des quadruples-doubles. Jusqu’ici, seul quatre joueurs sont parvenus à réaliser une telle ligne statistique : Nate Thurmond, Alvin Robertson, Hakeem Olajuwon et David Robinson. Soit un mélange d’Hall of famer et d’un quadruple All-star. Voir Michael Carter-Williams à leurs côtés aurait quelque chose de cocasse. Le voir dès sa première rencontre aurait eu quelque chose de légendaire.
Mais venons-en à la ligne statistique : Philadelphie affrontait le Heat des tres amigos, champion en titre et lancé vers un back-to-back. Et si les bookmakers ne devaient pas donner cher de la peau des Sixers, ce sont bien eux qui remportèrent le premier match de cette saison 2013 – 2014. Une rencontre qui, malgré un incroyable casting floridien, porte la marque d’un rookie : 22 points, 7 rebonds, 12 passes décisives (record pour une première rencontre) et 9 interceptions (record également). A un poil du triple-double. A pas grand chose du quadruple-double. Mais dans toutes les mémoires.
Avec tout ceci, quel joueur a réussi le meilleur premier match ? En raison de son caractère unique et historique, la rédaction a penché en faveur du triple-double d’Oscar Robertson en 1960. Précisons toutefois que la prestation unique de Michael Carter-Williams a également obtenu de nombreuses voix.
Cependant, et comme c’est souvent le cas lorsqu’on s’attache à analyser les records en NBA, Wilt Chamberlain semble (encore) être hors concours. Et, comme pour ses 100 points scorés en une seule rencontre, quelque chose me dit qu’il ne risque de ne jamais être surpassé…
Récapitulatif
Vous trouverez ci-dessous un récapitulatif des statistiques présentées dans cet article. Histoire de briller le dimanche après-midi entre le fromage et le dessert. Avec, en bonus, les statistiques de certaines légendes non citées jusqu’ici.
- Wilt Chamberlain : 43 points, 28 rebonds, 1 passe décisive en 1959,
- Frank Selvy : 35 points en 1954,
- John Drew : 32 points, 12 rebonds, 3 passes décisives, 4 interceptions en 1974,
- Maurice Stokes : 32 points, 20 rebonds, 8 passes décisives en 1955,
- Lew Alcindor : 29 points, 12 rebonds, 6 passes décisives en 1969,
- Walt Bellamy : 29 points, 17 rebonds en 1961,
- Magic Johnson : 26 points, 8 rebonds, 4 passes décisives, 1 interception, 4 contres en 1979,
- Isiah Thomas : 31 points, 3 rebonds, 11 passes décisives, 1 interception, 1 contre en 1981,
- Damian Lillard : 23 points, 3 rebonds, 11 passes décisives, 1 interception en 2012,
- Bill Walton : 18 points, 24 rebonds, 5 passes, 2 interceptions, 4 contres en 1974,
- Dominique Wilkins : 23 points, 12 rebonds, 2 passes décisives, 3 interceptions en 1982,
- Hakeem Olajuwon : 24 points, 9 rebonds, 1 passe décisive, 1 contre en 1984,
- David Robinson : 23 points, 17 rebonds, 1 passes décisive, 1 interception, 3 contres en 1989,
- Shaquille O’Neal : 12 points, 18 rebonds, 2 passes décisives, 1 interception, 3 contres en 1992,
- Allen Iverson : 30 points, 2 rebonds, 6 passes décisives, 1 interception en 1996,
- Lamar Odom : 30 points, 12 rebonds, 3 passes décisives, 2 interceptions, 2 contres en 1999,
- LeBron James : 25 points, 6 rebonds, 9 passes décisives, 4 interceptions en 2003,
- Blake Griffin : 20 points, 14 rebonds, 4 passes décisives, 1 contre en 2010,
- P.J. Washington : 27 points, 4 rebonds, 1 passe décisive, 1 interception, 1 contre en 2019,
- Kendrick Nunn : 24 points, 2 rebonds, 3 passes décisives, 2 interceptions en 2019,
- R.J. Barrett : 21 points, 5 rebonds, 2 passes décisives, 2 interceptions en 2019,
- Oscar Robertson : 21 points, 12 rebonds, 10 passes décisives en 1960,
- Michael Carter-Williams : 22 points, 7 rebonds, 12 passes décisives, 9 interceptions en 2013.
Quid des stars non-citées ?
- Michael Jordan : 16 points, 6 rebonds, 7 passes décisives, 2 interceptions, 4 contres en 1984,
- Tim Duncan : 15 points, 10 rebonds, 2 passes décisives, 2 contres en 1997,
- Julius Erving : 17 points, 6 rebonds, 2 contres en 1976,
- Charles Barkley : 11 points, 6 rebonds, 3 passes décisives, 1 interception, 1 contre en 1984,
- Karl Malone : 8 points, 6 rebonds, 2 passes décisives, 4 interceptions en 1985
- Elgin Baylor : 25 points, 13 rebonds, 6 passes décisives en 1958,
- Patrick Ewing : 18 points, 6 rebonds, 1 passe décisive, 2 interceptions, 3 contres en 1985,
- Bill Russell : 6 points, 16 rebonds en 1956.
Amies lectrices, amis lecteurs, nous vous invitons bien entendu à nous faire part de votre prestation favorite, ainsi que de vos anecdotes croustillantes !