Hier soir, se jouait le premier chapitre de la bataille de Los Angeles. Pour faire honneur à son opening night, la NBA avait prévu deux rencontres avec pour apothéose, l’affrontement le plus médiatique de l’année, les Los Angeles Lakers de LeBron James face aux Los Angeles Clippers de Kawhi Leonard. Avec le retour en masse de stars NBA à Hollywood, les lumières étaient à nouveau braquées sur le Staple Center. Un match qui allait évidemment être scruté, pour voir Anthony Davis et Kawhi Leonard sous leur nouvelle tenue – en attendant que Paul George soit rétabli de son opération.
Au terme d’une partie disputé, ce sont les Clippers qui ont pris le dessus sur leurs illustres voisins. Un tournant qui ne fait pas office de surprise pour cette première rencontre tant les Clippers semblaient présenter plus de garanties à l’aube de cette nouvelle saison. Ainsi, si nous avons vu ce que nous pensions voir du côté de la troupe de Doc Rivers, c’est pour les hommes de Frank Vogel que le plus de réponses étaient attendues. Aussi, c’est sur les pourpres et or que nous nous concentrerons sur ce papier, afin de déterminer ce que nous avons déjà pu tirer, apercevoir de ce premier acte.
Précision nécessaire, il est évidemment très aléatoire de faire des conclusions après quelques matchs, alors à fortiori, c’est marché sur des œufs de le faire sur une première rencontre. Néanmoins, début de saison oblige, nous allons essayer de réaliser une première revue.
Ce que nous pouvions attendre…
L’enjeu autour de la rencontre et l’envie de réussir son premier match a donné lieu à une partie disputée et d’une bonne intensité. Néanmoins, plusieurs point que l’on pouvait attendre ou craindre de cette équipe se sont vus vérifiés.
Côté positif, nous avons vu un certain nombre de choses :
- Tout d’abord, la défense de la raquette. Si certaines rotations peuvent se faire plus vite, si la communication n’est pas encore optimale, toujours est-il que les Lakers sont capables de bloquer l’accès au cercle grâce à leur second rideau. Le frontcourt titulaire : James – Davis – McGee est grand, longue, athlétique et peut poser de véritables problèmes à l’adversaire. Nous avons notamment vu les Clippers, désireux en début de rencontre de courir et de s’offrir du spacing avec un 5 assez petit, être dominé en 1er quart temps et obligé de s’adapter en faisant rentrer Harrell. La présence de Dwight Howard sur le banc est une autre arme capable de dissuader et d’apporter de la dureté. Tout au long de la rencontre, nous avons vu des intérieurs capables de se sacrifier pour obtenir des fautes offensives adverses, faire le travail, chasser des joueurs pour venir contrer ou gêner le tir.
- Plus généralement, le 5 de départ offre aussi de belles promesses. Même s’il faudra plus de rencontres pour jauger du véritable niveau d’Avery Bradley, la défense des titulaires est de belle facture. Physiquement, la taille de cette équipe et son activité sous le panneau lui permet de trouver des options en attaque. Notamment grâce à la faculté de James et Davis à attirer les prises à deux. On a vu par exemple en début de rencontre les Clippers tenter l’option Beverley sur LeBron pour gêner sa création. Ce dernier décidant (évidemment) de le poster, les prises à deux ont ouvert de multiples positions, notamment pour Danny Green. Ce dernier, très en verve, a énormément profité des stars à ses côtés pour prendre feu.
- Les Lakers ont perdu certes, mais ont également été en position de prendre l’ascendant dans ce match. Leur premier QT était très solide, leur fin de troisième a permis de voir qu’il y avait un roster capable de recoller au score rapidement (et de manière un peu inespérée) – jusque-là, rien de bien fou, en revanche, ceci a été fait avec un LeBron, certes très impliqué (bon hustle et bonne performance défensive), mais anormalement maladroit compte tenu de ses standards habituels (scoring, pertes de balles). En cela, on peut espérer voir ces Lakers être très dur à jouer les soir où la star sera à même de scorer avec plus d’efficacité.
Côté négatif, néanmoins, pas mal de choses également :
- Comme on pouvait s’y attendre, l’équipe manque de profondeur, et alors qu’elle comptait quelques absents, nous avons les limites du banc des Lakers. D’une part, elle manque de tireurs extérieurs réguliers derrière Danny Green. Or les autres joueurs susceptibles d’apporter cette menace extérieure ne sont pas des joueurs qui peuvent être alignés de longues minutes car trop unidimensionnel : Quinn Cook, Jared Dudley en tête de liste.
- Dans la lignée de ce manque de profondeur, il y a cette absence de seconds créateurs derrière LeBron James. L’ailier, a, comme on pouvait le craindre beaucoup conservé le ballon, et l’effectif a peiné à trouver des solutions lorsque ce dernier était sur le banc ou lorsqu’il a commencé à manquer de jus en fin de rencontre. Les Lakers n’ont certes pas pu faire appel à Rajon Rondo et Alex Caruso, mais toujours est-il que comme prévu, de ce banc un très en deçà de celui des Clippers sont venues plusieurs failles sur la durée de la rencontre.
- Offensivement, également, nous avons vu une crainte que l’on pouvait avoir : une certaine pauvreté. Malgré quelques systèmes intéressants pour libérer des shooteurs, l’équipe a semblé trop statique et a beaucoup trop compté sur la connexion James-Davis pour obtenir des tirs. Résultat, quand les deux stars ont baissé en régime, tout a reposé sur des tirs longue distance et des actions peu inspirées qui ont conduit à la défaite.
- Enfin, une autre problématique aura été le manque d’un spécialiste défensif sur les ailes. Bien que les Clippers étaient privés de Paul George, il est apparu évident que l’absence d’un joueur capable de se charger des tâches défensives face aux extérieurs et notamment des grands ailiers serait un problème. Quelque chose qui a semblé évident face à un Kawhi Leonard qui n’a pas eu à forcer son talent pour obtenir ses points et un Lou Williams qui faisait terriblement mal à la défense des Lakers. Kentavious Cadwell-Pope, autrefois vu comme une véritable menace pour les attaquants adverses a clairement été inefficace dans sa tâche, tandis qu’Avery Bradley va devoir monter en régime au vu des attentes le concernant.
Ce que l’on a vu…
Cette rencontre a pu révéler d’autres choses cette nuit. Des éléments qui pourront être confirmés ou infirmés au cours des semaines et mois à venir. En voici quelques uns.
Tout d’abord, la bataille des rebonds a été perdue par les Lakers. S’il existait des domaines où l’on pouvait s’attendre à ce qu’ils soient dominés par leurs voisins, cet aspect du jeu était exclu. Avec des joueurs plus grands, plus lourds, les Lakers ont pourtant manqué de discipline, notamment dans la protection de ce dernier. Au contraire, les Lakers auront besoin d’être dominateurs sous l’arceau, défensif comme offensif, pour espérer récupérer ce que leur manque de talent sur les lignes extérieures pourrait coûter en terme d’efficacité au scoring… Ou simplement limiter le nombre de secondes chances.
Autre aspect que nous avons pu, ici, apprécier : la défense de James. Chahuté, notamment en raison de plusieurs flagrants délits de manque d’implication l’an passé, le quadruple MVP a semblé des plus déterminés dans ce pan du jeu hier soir. Se sacrifiant plusieurs fois pour obtenir des passages en force, intimidateur au besoin en cherchant (et trouvant parfois) le contre et solide dans sa défense sur l’homme. Son implication à ce niveau-là est un très bonne nouvelle, déjà par sa polyvalence, et sa vision de jeu, mais aussi compte tenu de son statut de leader.
Parmi les points que l’on risque de devoir soulever : la potentielle dépendance à Danny Green en terme de shooting. Un peu à la manière des Sixers des années précédentes dont le spacing dépendait essentiellement de JJ Redick, les Lakers pourraient se trouver dans une situation similaire. Or malgré son opening game stratosphérique (28 pts, 10/14 au tir dont 7/9 à 3pts !), l’arrière n’a pas été aussi régulier et létal en carrière que Redick. En outre, étant parmi les meilleurs défenseurs de périmètre de l’équipe, la charge risque d’être lourde à porter pour l’ex-Spur. On pourrait éventuellement arguer que le retour de Kyle Kuzma pourrait soulager l’équipe et apporter une solution offensive supplémentaire – néanmoins, il faut rappeler que jusqu’ici, l’ailier fort n’a jamais été un “bon shooteur”.
Enfin, nous avons aussi vu une excellente défense des Clippers qui a réussi à trouver des solutions pour gêner le pick and roll entre LeBron et Davis. Une véritable problématique pour une équipe qui risque d’être très dépendante de la connexion entre ses deux joueurs. Résultat, alors qu’ils faisaient très mal en première mi-temps, ces derniers ont chuté en seconde période, jusqu’à disparaître complètement dans le dernier quart temps (2pts à eux deux dans la période). En manque de solutions, ils se sont trouvés contraints de jouer en isolation, pour un résultat famélique. Davis ne finit qu’avec 25pts (pour 21 tentatives !), s’entêtant trop souvent sur des tirs mi-distance qui tombaient courts. Quant à LeBron, comme susmentionné, il finissait court physiquement, perdant 5 ballons et avec 18 pts (37% au tir) et coupable d’avoir parfois trop longtemps garder la balle en main.
Résultat ?
Résultat, les Lakers apparaissent comme une équipe va devoir beaucoup travailler pour devenir une bonne attaque. Le fond de jeu proposé par Frank Vogel et son staff apparaît comme assez léger en l’état, il faudra voir si le playbook s’étoffe au fil des semaines et si les mouvements “off-ball’ se font plus fluides et imaginatifs au cours des semaines à venir (l’expérience collective aidant également dans cette optique). Tout laisse donc supposer que c’est la défense qui devra être le socle de ces Lakers. Sur les lignes extérieures, il y a tout de même de quoi faire de ce côté du terrain, et le front-court est des plus intimidants à la matière, surtout si LeBron continue à produire des rencontres avec cet engagement et cette concentration. En outre, il faudra voir ce que les retours de blessures peuvent apporter au fil des semaines (Rondo, Caruso, Kuzma), dans l’optique de faciliter la vie de l’équipe en attaque (et en espérant que Vogel puisse faire progresser certaines individualités en défense (Kyle, on pense à toi). En outre, il sera intéressant de voir si Talen Horton-Tucker obtient quelques chance de se montrer également, tout comme de voir si l’équipe n’obtient pas une recrue plus tard dans la saison pour renforcer un poste (mène, aile ?).
Enfin précisons que ce n’est qu’une rencontre, et à fortiori contre un adversaire qui s’annonce parmi les meilleures franchises cette saison. Toute conclusion serait hâtive, bien que la reprise de la régulière pourrait rapidement offrir une grille de lecture.