Chez QiBasket, on a toujours aimé aller à la rencontre de ceux qui créent des projets originaux autour de notre balle orange favorite. Dans un microcosme qui voit fleurir de nouveaux médias amateurs et professionnels de jour en jour, l’un d’entre eux est apparu il y a de ça un an et demi, courant 2018.
Une première édition sortait en mai 2018 pour être précis, suivie d’une deuxième en décembre de la même année. Hier, le troisième numéro du webzine The Playground était mis en ligne, et on a voulu vous amener dans les coulisses de ce projet qui vaut le détour. 100 exemplaires papiers sont même disponibles à la commande via ce formulaire !
Hello les copains et copines, je vais faire un petit thread pour vous exposer un projet NBA que j’ai depuis un moment et laisser quelques petites indices pour savoir si il pourrait vous intéresser puisqu’il sera collaboratif !
— Dunkakis (@Dunkakis) February 22, 2018
De l’idée à la concrétisation du projet
C’est souvent comme ça que tout commence : par une idée. Celle-ci a germée dans l’esprit de Stellios Theodoris, alias @Dunkakis, créateur et cerveau du projet The Playground. Inspiré par Posterizes, un webzine américain créé par le graphiste référence Tyson Beck, qui a malheureusement cessé d’être produit. Stellios avait envie de palier à un manque qu’il constatait alors dans le paysage basket qu’il côtoyait : “En France on a toujours eu des contenus rédactionnels de qualité qui abordaient le sujet du basket et ça pour moi c’est indiscutable, mais j’ai jamais réussi à percevoir un magazine ou un média français comme quelque chose de marquant d’un point de vue visuel. On a toujours eu ce côté très carré, où le plus important était d’écrire“.
C’est précisément là que son idée de monter The Playground intervient : “Je pense que The Playground c’était l’occasion de ramener la créativité au même niveau de qualité que le rédactionnel, parce que pour moi, ça transforme le média en un objet, ce n’est plus qu’une “feuille”, ça a plusieurs dimensions“.
Courant 2018, il décide de faire confiance à son idée et de lancer le projet. Le principe est simple : réunir des rédacteurs et des graphistes pour proposer un webzine unique en son genre, avec pour ambition et objectif ultime quelque chose de beaucoup plus compliqué : le beau. The Playground doit être aussi beau à lire qu’à regarder. Ni plus, ni moins.
Pour cela, il faut s’entourer, et pas qu’un peu. Mais très vite, l’idée du crossover entre plume et stylet va séduire, et certains vont rapidement rejoindre l’aventure, qu’ils soient graphistes ou rédacteurs. Si les motivations sont diverses, tous ont l’envie et la curiosité de prendre part au projet.
Le fonctionnement du webzine fait en sorte que chaque article doit être traité en binôme, un rédacteur et un graphiste y étant associé. Ainsi, pour chaque numéro, l’équipe se compose d’environ 16 participants. Côté équipe visuelle, le processus est relativement simple : “On est un noyau dur depuis le début, qui est rejoint par un créatif à chaque numéro” confie Stellios, “J’aurais aimé qu’on rajoute un peu plus de “créatifs guests” sur chaque cru, mais ce n’est pas du tout évident“.
Pour ce qui est de l’équipe rédactionnelle, le choix est un peu plus cornélien : “C’est un peu plus délicat parce qu’on a reçu une montagne de demandes, mais on est parti piocher sur des profils très divers et variés, du journaliste pur aux community managers de la communauté française, et tout simplement des passionnés aussi. C’est délicat parce qu’encore une fois, j’aurais aimé pouvoir intégrer plus de gens coté rédaction dans ce projet, mais le webzine fonctionnant sur un système de binômes on manque malheureusement de créatifs opérationnels qui seraient partants“. Amis créatifs, n’hésitez donc pas à vous lancer !
Et ces participants alors, qu’est-ce qui les a poussé à s’engager ?
Adrien Pom, graphiste depuis la 2ème édition du webzine, y a avant tout vu un défi personnel : “Je suis un amateur et j’ai vu ça comme un défi. Je voulais essayer de me mettre au niveau de mes amis créatifs pros. Et puis, j’ai toujours voulu me mettre dans la démarche d’imaginer les images qui illustreraient un article”. Pour Ronan, The Playground était une occasion à ne pas laisser passer : “Quelques mois après avoir rejoint l’équipe d’une certaine page basket qui commence par un Q, j’ai été approché par Stellios pour bosser sur le projet et j’ai tout de suite accroché. Une des raisons qui m’a inspiré à commencer les créations dans le basket, c’était Posterizes, créé par Tyson Beck, qui rassemblait des créatifs et rédacteurs de talent, comme notre Caro Blanchet nationale”.
“Que ce soit rédacteur ou créateur, chacun veut rendre quelque chose de propre et d’agréable à voir et à lire.”
Et du côté des rédacteurs, le concept séduit également ! “J’aime écrire sur le basket en général, mais si depuis quelques temps je ne le faisais plus sur aucun site, c’était à cause d’une certaine lassitude” confesse Marin, gérant du compte @PacersFRA. “Avec The Playground, chaque papier est illustré, ça veut dire qu’un créateur passe également beaucoup de temps sur un boulot en coopération avec nous les rédacteurs. C’est simple, mais c’est efficace. Que ce soit rédacteur ou créateur, chacun veut rendre quelque chose de propre et d’agréable à voir et à lire.“.
Pour Winston, son homologue pour les Detroit Pistons sur le compte @PistonsFR, c’était l’occasion de pouvoir s’émanciper un peu de cette franchise qu’il suit toute l’année : “Je prend toujours un énorme plaisir à écrire sur les Pistons, mais il existe tellement d’autres histoires en NBA et j’avais besoin d’une “excuse” pour écrire sur ces joueurs qui n’ont jamais porté un jersey de Detroit. Quand Stellios m’a proposé The Playground, j’ai sauté sur l’occasion.“
Si certains sont présents depuis le premier numéro lancé en mai 2018, cela n’empêche pas l’équipe de s’agrandir et d’accueillir de nouveaux venus, à l’image de Benjamin, l’un des nouveau arrivant côté rédacteur : “J‘ai rejoint l’équipe pour cette troisième édition en tant que rédacteur. J’ai eu la chance de m’entretenir avec Stellios et Ronan, qui travaillaient respectivement en tant que créatif et rédacteur sur le projet, et je suis devenu fan de The Playground. Quand on m’a proposé d’écrire dans la prochaine édition, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion.“.
Depuis le premier numéro paru en mai 2018, Stellios a également su s’entourer au mieux pour faire grandir le projet sereinement, notamment grâce à l’appui d’Amandine et Thibault, deux atouts devenus primordiaux, en charge de la partie rédactionnelle (relectures, conseils extérieurs, aide sur le traitement des articles, …) : “Ça me libère énormément de temps et je suis capable du coup de me dégager beaucoup plus de temps pour les binômes sur la partie graphique. J’ai aussi plus de temps pour échanger avec les créas’ et pouvoir de mon coté réfléchir à la conception du webzine, allant du global à la PAO de chaque article quand les créatifs décident de me laisser la main sur ça. C’est un gain de temps précieux et moi ça me permet vraiment d’aborder chaque numéro de manière beaucoup plus sereine.“
Vous avez dit “stimulation” ?
La collaboration entre le gang des plumes et le gang des stylets est d’emblée affichée comme le concept fort de The Playground, et d’entrée les choses sont posées pour le faire comprendre. Dès que la marche est mise en route pour la parution d’un numéro, chaque rédacteur indique le sujet qu’il souhaiterait évoquer. Chaque graphiste vient ensuite se greffer à l’un de ces sujets, parce que ce dernier l’intrigue ou le passionne également. Les binômes sont ainsi formés, et la deadline passée, l’aventure peut enfin commencer.
“La création d’un article se construit en parallèle entre rédacteur et créatif. On commence avec un titre, une idée, une envie… et chacun commence à construire de son côté. Et puis il y a des échanges réguliers. Avec Benjamin, sur l’article des coachs, avant même qu’il écrive une ligne je lui avais avais envoyé mes mood-boards, et les premiers WIP. On s’est influencé l’un, l’autre dans notre travail.” confie Adrien Pom.
Votre serviteur, qui a travaillé sur ce dernier numéro en association avec TerrySo pour l’article concernant Drazen Petrovic, vous le confirme !
La machine se met en route tranquillement. “Sur quel axe tu penses faire l’article ?”, “T’as déjà des idées ?”, “Tu galères pas pour les photos ?”, “Je sais pas si j’ai pas fait trop long…”, “Il me manque un élément ou deux après c’est bon!”, … Les échanges et idées prolifèrent durant le temps laissé aux binômes pour faire naître leur article, créé à 4 mains, parfois plus.
Ce travail en étroite collaboration a un effet bonus : celui de la pression. Chaque binôme se stimule par son travail, et les “V1” et “V2” échangées, les aperçus de créations, les progrès réalisés de semaine en semaine, permettent de voir une pression se mettre en place. Stimulante ou paralysante ? Pour Terry, le verdict est sans appel : “Personnellement, ce côté pression fait du bien aussi bien aux créatifs qu’aux rédacteurs pour pousser leurs ressources au maximum, au top. Il est nécessaire d’avoir une certaine rigueur mutuelle pour avoir aussi bien des articles que des créas visuelles de bonnes qualités soutenant un bon story telling !”. Son homologue Ronan confirme : “C’est ce qui me plaît ici, on a quand même une certaine responsabilité d’être à la hauteur, que ce soit auprès du rédacteur avec qui l’on bosse, et aussi il y a d’autres créatifs de talents donc j’ai envie d’être à la hauteur ! Je suis quelqu’un de compétitif, et ça me pousse à me donner à fond sur les projets.“.
“Quand j’ai fini mon article et que je vois les premiers jets du graphiste je retourne immédiatement sur mon papier pour monter d’un cran le niveau !”
Pour certains, cette pression est même nécessaire : “Je suis un retardataire, alors bien souvent les visuels sont prêts avant mes articles, et à chaque fois c’est une baffe, faut bien se l’avouer. Alors clairement quand je vois la création je deviens encore plus exigeant avec moi-même. Je pense que c’est un peu le cas de tous ici, et c’est ce qui donne ce résultat si propre.” avoue Marin. Pour Winston, même son de cloche : “Quand j’ai fini mon article et que je vois les premiers jets du graphiste je retourne immédiatement sur mon papier pour monter d’un cran le niveau ! “.
Et l’esprit collaboratif du projet ne s’arrête pas au binôme initial graphiste-rédacteur. Par le processus mis en place, chaque participant voit le contenu produit par ses soins soumis aux avis de ses pairs, afin de corriger les détails, de changer une typographie, une ombre, une virgule, un mot.
“C’est peut-être la part la plus difficile du projet à titre personnel. D’un côté, tu as besoin d’être rassuré sur l’effet de ta production, mais de l’autre tu t’exposes à des critiques. Ajuster ton projet en fonction des remarques des copains, c’est peut-être la tâche la plus difficile.” avoue Thibault, l’un des rédacteurs de ce 3è numéro. “Mais c’est très appréciable et indispensable puisque ça te donne une idée de l’effet de ton travail”.
Benjamin, le nouveau venu côté plumes, confirme l’intérêt de la démarche : “Je suis encore très jeune et, surtout, nouveau dans le domaine de l’écriture. En tant que rédacteur en chef de L’Analyste, je n’ai pas l’habitude d’être confronté à une autre pression que celle que je choisis de me mettre. Pour moi, cette expérience a été extrêmement formatrice et le fait de travailler avec des rédacteurs et créatifs expérimentés, m’a poussé à élever mon niveau d’exigence. Je ne voulais pas être en reste”.
Unifier le texte et l’image, un pari réussi
En mettant en route son projet, l’objectif de Stellios Theodoris était de créer un projet commun entre deux mondes qui ont l’habitude de travailler ensemble, mais que l’on peut parfois opposer ou mettre en rivalité. On peut parfois retrouver l’idée latente que l’image, ou plus largement la création graphique doit être au service du texte, comme si elle n’était pas à mettre à la même hauteur que ce dernier.
En redonnant une grande place à la création visuelle, The Playground réussit-il son pari de réunir image et texte sur le devant de la scène, à armes égales, réussit-il le pari de devenir “un objet” plus qu’une “feuille” comme le souhaitait Stellios au départ du projet ? Oui et deux fois oui. Au regard des retours reçus par les premiers numéros mis en ligne, le défi est relevé haut la main.
“Pour raconter une histoire, un des meilleurs vecteurs actuel c’est une association d’image et de textes qui vont aider le lecteur à se plonger dans l’histoire que l’on veut raconter. Un article ça doit être une expérience (…)”
Dans l’équipe The Playground, on plaide pour cette colocation à armes égales entre texte et image. Pour Thomas Von Reox, “la création visuelle est aussi importante que le texte, et chaque article illustré est un univers à part”. Son compère Ronan trouve lui les mots justes pour parler de la nécessité de cette association : “L’essence même des créatifs ou des rédacteurs c’est de raconter une histoire, et pour raconter une histoire, un des meilleurs vecteurs actuels c’est une association d’image et de textes qui vont aider le lecteur à se plonger dans l’histoire que l’on veut raconter. Un article ça doit être une expérience, et l’association des deux ne peut qu’aider à renforcer cette expérience.“
De ce point de vue-là, nul doute que The Playground va dans la bonne direction. Et si la prochaine étape était d’inverser les rôles ? Les graphistes poseraient leur sujet favori, et aux rédacteurs de composer en fonction ?
Pour Winston, c’est un grand oui : “J’adorerais faire ça ! Nos créateurs doivent nous proposer des sujets et prendre l’initiative. Ça nous obligerait à trouver d’autres voies, à penser différemment et à de suite se mettre au niveau.“. Même son de cloche pour Marin : “Ce serait un saut dans l’inconnu, et c’est typiquement le genre de challenge qui pourrait me plaire donc capable ou non, je n’en sais rien, mais l’idée est vraiment sympa ! J’imagine qu’on devrait encore plus se creuser la tête en tant que créateur, donc une bonne chose ! Honnêtement ce serait à tester.“
Pour l’heure, ce formidable travail d’équipe mis en avant par The Playground a pour conséquence d’offrir aux lecteurs un rendu magnifique. Plus aucun doute sur le fait que la feuille s’est muée en véritable objet visuel. Si le contenu graphique est tout simplement un régal, les plus littéraires trouveront aussi de quoi se régaler avec les articles proposés.
Qu’il s’agisse des interviews de Migna Touré ou d’Angelo Tsagarakis, deux mastodontes du circuit 3×3 international, de l’article exclusif sur le premier match NBA disputé en URSS avec les Hawks, du dossier croisé Sabonis père/fils, de l’article sur l’historique et bouillante confrontation entre l’Olympiakos et le Panathinaïkos, et j’en passe, cette édition spéciale Europe de The Playground propose des articles impérissables, à lire sans modération.
On espère en tout cas que cet article vous aura donner envie de vous y plonger si ce n’est pas déjà le cas. Aussi beau à lire qu’à regarder, The Playground réussit une fois de plus son pari dans cette édition spéciale Europe. Foncez-y sans hésitation. Tous les anciens numéros sont disponibles sur la plateforme Issuu, juste ici, on vous laisse l’édition spéciale Europe juste en-dessous. Longue vie à The Playground de la part de toute l’équipe QiBasket !
PS : pour en prendre plein la vue et en profiter réellement, rangez vos téléphones, sortez vos ordinateurs. On n’écoute pas du Mozart avec un écouteur qui grésille.