Le potentiel des Bucks était connu de tous depuis plusieurs années, mais les résultats tardaient à se concrétiser, et l’année dernière, pour la première de Mike Budenholzer au coaching, Milwaukee a enfin confirmé. Autour d’un Giannis Antetokoumpo inarrêtable, les daims ont roulé sur la saison régulière, finissant avec 60 victoires et le meilleur bilan de la ligue. Mais malheureusement, la machine s’est enrayée au moment d’affronter les futurs champions.
La meilleure attaque de la ligue en saison régulière (118.1 points par match), est tombé à 106.7 contre les Raptors. Tournant à 47,6% au shoot sur l’année, il n’ont converti que 42,4% de leurs shoots dans cette série. Un offensive rating qui a chuté de 7 points, bref, vous l’avez compris, les Bucks ont perdu leur jeu l’espace de quatre matchs, laissant le Canada filer vers son premier titre NBA.
Des questions ont été soulevées dans cette série, autour de Giannis déjà, qui n’a marqué que 22 points par match sur la série, soit cinq de moins qu’en saison régulière, alors même qu’il jouait six minutes de plus (son pourcentage passant lui de 57 à 44%). Des questions autour de coach Bud, aussi, pour qui il devient une habitude de mener des équipes au sommet en saison régulière sans réussir à transformer l’essai en Playoffs, comme son expérience à Atlanta nous le rappelle. Alors, adversaire trop fort, ou problème de fond quand le jeu se resserre ? C’est la question à laquelle les Bucks devront répondre cette année. Désormais débarrassés de Kawhi, la voie semble libre pour les Bucks, qui seront attendus au tournant.
Résumé de l’été
Pour préparer ce retour, le management a du faire face à des décisions importantes. Quatre joueurs majeurs étaient en fin de contrat cet été : Khris Middleton, Nikola Mirotic, Brook Lopez et Malcolm Brogdon. Si ils ont pu conserver le premier pour (très) cher (177 millions sur 5 ans, soit quasmient le maximum qu’il pouvait obtenir), ainsi que Lopez, ils ont dû laisser filer Mirotic en Europe, et Brogdon, aux Pacers. À noter que l’équipe s’est également séparée de Tony Snell, envoyé à Detroit avec le 30ème choix de la draft, pour faire des économies.
La perte de Brogdon est lourde pour l’équipe, qui ne pouvait pas garder tout le monde. Ils laissent donc filer le meneur, disposant déjà de Bledsoe dans l’effectif. Seulement Eric n’est pas une assurance tous risques, et il fallait une garantie derrière lui. Alors les Bucks ont discutés avec George Hill, qui n’a finalement pas exercé sa Player option, et les deux camps sont tombés d’accord sur un nouveau contrat, à hauteur de 29 millions sur 3 ans.
Coté recrues, pas de grands mouvements, mais quelques retouches. Visiblement, on aime les fratries dans le Wisconsin, puis ce que ce sont les frères de Brook, et de Giannis qui ont été ramenés. Si le premier (Robin) fait sens au regard de l’effectif qui avait besoin de doubler le poste 5 avec un profil différent, le second, Thanasis, semble plus s’inscrire dans l’opération séduction de Giannis, qui testera le marché des agents libres dans deux saisons.
Une fois les fratries rassemblées, Jon Horst, le GM, est allé chercher des joueurs de son profil préféré : des shooteurs. Wesley Matthews déjà, pour reprendre le spot de titulaire au poste d’arrière, puis Kyle Korver et Dragan Bender pour compléter le banc. En somme, un été assez calme dans le Winsconsin, qui conserve la base sur laquelle ils se sont appuyés pour remporter 60 matchs l’année dernière.
Roster
Meneurs : Eric Bledsoe, George Hill, Frank Mason III (two way contract)
Arrières : Wesley Matthews, Sterling Brown, Donte DiVincenzo, Kyle Korver, Pat Connaughton, Cameron Reynolds (two way contract)
Ailiers : Khris Middleton, Thanasis Antetokounmpo
Ailiers Forts : Giannis Antetokounmpo, DJ Wilson, Ersan Ilyasova, Dragan Bender
Pivots : Brook Lopez, Robin Lopez
Comme l’année dernière, deux types de profil dominent l’effectif de manière assez flagrante : les arrières shooteurs, et les postes 4 fuyants. L’on comprend pourquoi, tant cette formule pour entourer Giannis a fait ses preuves.
Jeu et Coaching
Le plan de jeu des Bucks était assez simple l’an dernier : Giannis à la création, et une armée de shooteurs pour recevoir ses passes. Et cela ne devrait pas beaucoup changer. Les Bucks étaient la troisième équipe utilisant le plus l’isolation l’année dernière (et la deuxième plus efficace), autour de leur MVP. D’ailleurs, l’équipe utilisait en revanche assez peu le Pick’n’Roll, comptant sur le Grec pour faire la différence seul. Nous l’avons dit, le recrutement va dans le sens de ce type de jeu, avec beaucoup de joueurs efficaces de loin, montrant à priori que Bud n’a pas l’intention de changer son plan de jeu.
L’autre force des Bucks, c’est le jeu en transition. C’est l’équipe qui utilisait le plus l’attaque en transition l’année dernière, avec 21,5% des possessions jouées dans ce contexte. Ceci les a mené à être les plus rapides de la ligue en terme de possessions par match, avec 103,57. Le système des Bucks est simple, s’appuyer sur Giannis et les autres grands pour prendre énormément de rebonds défensifs, et ainsi lancer des attaques rapides, qui sont les plus efficaces (d’autant plus quand on compte un joueur comme Antetokounmpo dans l’effectif). Notons cependant que ces deux forces que représentent la transition et l’isolation ont été annihilées par les Raptors l’année dernière, l’enjeu consiste donc cette année à être capable de garder la même efficacité offensive une fois le Printemps arrivé.
Du coté défensif du terrain, les joueurs de Budenholzer ne sont pas en reste, en ayant le meilleur defensive rating de la ligue, et ils pourront sans doute de nouveau s’appuyer sur cette force cette année.
Le cinq majeur
L’équipe devrait continuer de s’appuyer sur ce qui a fonctionné l’année dernière, et il n’y a pas de raison de changer le cinq majeur. Le seul changement concerne le poste 2 puis ce que Malcolm Brogdon n’est plus dans l’effectif, et c’est Wesley Matthews qui devrait prendre sa place, même si George Hill pourrait être une option également. Pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne.
Eric Bledsoe – Wesley Matthews – Khris Middleton – Giannis Antetokounmpo – Brook Lopez
Sur la banc, c’est l’armée des White Shooters qui viendra soutenir le roi Giannis. Ersan Ilyasova et Kyle Korver en première ligne, mais aussi Pat Connaughton, DiVincenzo, ou encore Dragan Bender. Cette armée de tireurs sera soutenu par George Hill et Robin Lopez, aux postes 1 et 5, chargés d’apporter un peu de dureté à cette second unit.
Forces de l’effectif
Nous venons d’en parler, la principale force des Bucks viendra du nombre incalculables de tireurs à 3 points dont ils disposent. L’année dernière, ils tentaient 38,2 tirs derrière l’arc par match, seuls les Rockets ont tentés plus. Vu les recrues, le schéma ne devrait pas évoluer, et Milwaukee devrait continuer d’artiller à tout va.
Un nombre de shooteurs importants donc, qui montre un effectif très profond, avec beaucoup de joueurs au profil interchangeable, qui devrait leur permettre de s’appuyer toujours sur l’homme en forme, en sortie de banc. Si ce n’est pas Brook Lopez ou Khris Middleton qui prennent feu, Bud pourra s’adapter en envoyant Kyle Korver ou Ersan Ilyasova au feu.
De nouveau, les Bucks seront les « maîtres du temps ». C’est la principale force de cet effectif qui est capable de courir énormément. L’année dernière, c’était l’équipe qui joué le plus d’attaques en transition, mais pourtant la sixième équipe qui en concédait le moins. S’appuyer sur ce qui est le plus efficace tout en empêchant l’adversaire de le faire, voilà la clé de la réussite pour les Bucks.
Un effectif qui court donc, mais aussi un effectif extrêmement long, physique, qui lui permet de mettre une pression constante sur l’adversaire. C’était donc la meilleur défense de la ligue, mais aussi la meilleure équipe au rebonds, et la deuxième au contre. Ce sont ces statistiques défensives qui leur permettent de mettre en place le jeu qu’ils souhaitent en attaque.
Faiblesses de l’effectif
Sur le papier, reconnaissons que l’effectif n’a pas beaucoup de défauts, et semble prêt à dominer de nouveau la NBA. On peut cependant regretter des profils assez similaires. Comme nous l’avons souligné, l’effectif compte énormément d’arrières et d’ailiers forts, avec des joueurs qui se ressemblent beaucoup dans ce qu’ils peuvent apporter. La problématique est toujours la même : en saison régulière, cela devrait rouler. En revanche, ce n’est jamais de trop de pouvoir apporter un peu de variation en Playoffs. De la même manière, l’équipe s’appuie à outrance sur Giannis Antetokounmpo pour créer le jeu. Comment leur en vouloir tant le Grec est dominant. Seulement, quand il fut défendu et bien limité par Kawhi Leonard en Finale de Conférence, les daims se sont retrouvés un peu sans plan B, incapables de s’adapter. Également, nous pouvons peut être regretter l’absence d’un troisième pivot dans l’effectif, Brook Lopez n’étant pas le joueur le plus solide de la ligue, on peut s’attendre à ce qu’il loupe quelques matchs, dans lesquelles les Bucks n’auront plus que son frère Robin comme véritable poste 5.
Le joueur clé : Eric Bledsoe
La pression est forte sur les épaules de « Mini LeBron », qui entre cette année dans son nouveau contrat, signé en cours de saison dernière, à hauteur de 70 millions sur 4 ans, et qui surtout, n’aura plus Malcolm Brogdon à ses cotés. Pas réputé pour sa régularité, ses erreurs ne seront plus compensées par la présence d’un autre meneur sur le terrain. Derrière Giannis, il devrait être le second créateur parmi les titulaires. Eric Bledsoe est capable du meilleur, raison pour laquelle il a obtenu ce contrat, mais aussi du pire, avec des passages à vide qui peuvent être assez terribles. Attendu à la création, donc, mais aussi au shoot. Si il est capable d’enfin augmenter son pourcentage derrière l’arc (32,9% l’année dernière), tout en gagnant en régularité, les Bucks n’en seront que plus redoutables encore.
Surtout, c’est en Playoffs qu’il sera attendu, lui qui sort de deux campagnes décevantes. Dominé par Scary Terry Rozier il y a deux ans, son niveau de jeu a de nouveau chuté cette année une fois le printemps arrivé. Ses pourcentages sont parlants : De 48,4% au shoot en saison régulière, il est passé à 41,1% sur les Playoffs, et même tombé à 29,4% sur les Finales de Conférence… Pour cette saison où les Bucks n’ont plus le droit à l’erreur, Bledsoe, plus que les autres, est attendu au tournant.
La problématique de l’équipe : Comment éviter une nouvelle désillusion en Playoffs ?
La question est simple, la réponse peut être un peu plus compliquée. Concernant la saison régulière, l’on ne se fait pas trop de soucis pour eux. En s’appuyant sur les joueurs et le système qui ont marché l’année dernière, il n’y a pas de raisons que cela ne fonctionne pas. En revanche, les failles montrées lors de cette fameuse série contre les Raptors ont de quoi poser des question sur la post season. D’autant que leurs futurs adversaires sauront utiliser ces défauts.
Comme nous l’avons dit, le jeu des Bucks, basé sur l’isolation et le jeu en transition, s’est trouvé inefficace face à la défense des Canadiens, où ils ne scoraient qu’à un famélique taux de 0,53 points par possessions en isolation. Comment alors éviter de reproduire les mêmes erreurs ?
Le premier point, c’est une progression au tir de Giannis. Sans même parler de tir à trois points, s’il trouvait un tir fiable à mi distance, cela obligerait les défenses à s’adapter, libérant ainsi plus d’espace ailleurs sur le terrain, et donc de nouvelles opportunités de tirs. L’autre solution vient plutôt du coach, qui pourrait demander à ses joueurs d’utiliser plus de Pick’n’Roll. Paradoxalement, les Bucks utilisent très peu ce type d’actions, alors qu’ils sont très efficaces sur ces situations. Une utilisation plus importante pourrait permettre plus de variations et ainsi surprendre les défenses. Enfin, des systèmes un peu plus évolués autour de joueurs sans ballons (notamment Kyle Korver) pourraient permettre d’obtenir de meilleurs shoots que ce qu’ils ont eu cette année. Voilà les pistes à travailler pour les Bucks, qui joueront gros lors des prochains Playoffs.
Pronostic
1er place à l’Est (entre 57 et 62 victoires)
On prend les mêmes, et on recommence ? C’est ce que nous imaginons pour ces Bucks version 2019/2020. Pas de surprises pour cette première place, de la conférence et de la NBA, Milwaukee a trop de certitudes pour que nous les placions autre part. L’enjeu est ailleurs pour les joueurs du Wisconsin, comme nous l’avons vu. Pour cette saison régulière, une équipe une nouvelle fois autour des 60 victoires semble le scénario le plus probable. D’autant que l’un de leur principaux rivaux n’est plus. Enfin, pourquoi ne pas imaginer un doublé de Giannis pour le titre de MVP ? Si les Bucks terminent premiers, il sera à coup sûr dans la course.
L’avis du compte FR : @BucksFR
Quel bilan tires-tu de la saison passée ?
Le bilan est globalement très bon. Personne ne nous voyait 1er à l’issue de la saison régulière, peu nous voyaient en Finales de Conférence. Giannis a fini MVP, Middleton a été all-star et Brook Lopez auteur d’une saison historique. A vrai dire on aurait signé des deux mains pour une saison à 50 victoires et un tour de playoffs passé, ce qui n’était pas arrivé depuis 2001. Mais… après une saison aussi bien maîtrisé et deux tours de playoffs passés sans encombres, et même mener 2-0 en Finales de Conférences, la fin laisse un goût amer. On est passé tout près des Finales, à un tir de Middleton qui roule dans le cercle, à une série de shoot de Fred VanVleet. Après cette déception ne doit pas faire oublier qu’on a quand même dépassé toutes les attentes !
Que penses-tu de l’été de la franchise ?
Il a été globalement bon. Khris Middleton a été prolongé en-dessous du max, Brook Lopez et George Hill sont revenus, un ancien local Wes Matthews est de retour au minimum vétéran et les additions de Thanasis Antetokounmpo, Robin Lopez, Dragan Bender et Kyle Korver ne peuvent pas faire de mal. On regrettera le départ de Brogdon mais le joueur ne voulait plus évoluer à Milwaukee pour des raisons qui dépassent de loin le cadre du basket-ball, on lui souhaite le meilleur dans l’Indiana.
Quelles sont tes attentes pour la saison prochaine ?
Faire au moins aussi bien que cette année ! Les adversaires se sont affaiblis, faire moins qu’une finale de conférence sera vécu comme un échec à Milwaukee, surtout avec la fin de contrat de Giannis qui arrive. La question reste de savoir comment remplacer Brogdon, un joueur très intelligent et efficace. Je pense que Donte DiVincenzo peut avoir ce profil, de 5e homme du cinq majeur, capable de créer si nécessaire mais surtout de shooter avec efficacité quand Giannis le sert. En parlant de notre MVP, je pense que celui-ci n’a pas encore ses limites (il a toujours 24 ans !) et peut se servir de son été pour encore progresser. Son objectif ne doit pas forcément être le titre de MVP mais au moins celui de DPOY. Pour le plaisir, on se dit qu’une saison au plus haut niveau de DJ Wilson pourrait faire franchir un vrai pallier à la franchise.