Les années passent et les Houston Rockets continuent de figurer parmi les favoris pour le titre. Jamais numéro 1, mais toujours en embuscade. Tous les étés, Daryl Morey, General Manager de la franchise redouble d’effort pour modifier son effectif. L’an passé, les Texans ont donc repris leur statut de prétendant numéro 1 de l’Ouest, mais la sauce n’a pas pris aussi facilement que l’année précédente. Ainsi, au sortir d’une défaite 3-4 face aux Warriors, véritable crève-cœur lorsque Chris Paul s’effondrait dans le Game 5, on attendait des Rockets le couteau entre les dents et en mission.
La trame fut différente. Gênés par les blessures en début d’exercice, peinant à trouver leur rythme offensif, s’enlisant dans une histoire avec Carmelo Anthony s’achevant sur un limogeage de l’ailier, la saison embarquait très mal. Il faut dire que l’été avait mal négocié suite à l’arrivée du nouveau dirigeant, et que pour la première fois depuis longtemps, on pouvait douter de la direction prise par la franchise. Entre gros contrats, départ de Trevor Ariza et difficultés pour compléter le roster, on commençait même à s’inquiéter pour Houston alors qu’ils étaient hors Playoffs après plusieurs semaines de compétition. Mais ça, c’était avant que l’équipe relève la tête, ou tout du moins, que James Harden passe à la vitesse supérieure enchaînant les performances stratosphériques.
Les fans de la NBA pouvaient bien grincer du style de jeu du barbu, toujours est-il que caricatural ou pas, esthétique ou pas, le plan de jeu était diablement efficace et l’arrière absolument intenable. Résultat, Houston commençait tranquillement à se mettre en ordre de marche tandis que les blessés revenaient petit à petit garnir l’effectif. Finalement, après des semaines de galère, puis d’autres à se faire porter à bout de bras par leur franchise player, les Rockets retrouvaient de l’allant. Mieux, ils se remettaient en ordre de bataille pour finir la saison en trombe. Après le All Star Game, les Rockets rattrapaient leur retard en étant la meilleure équipe de la seconde partie de saison pour revenir dans le top 4. Si terminer 4eme était sûrement une déception pour l’équipe, cela avançait aussi l’affrontement tant attendu. Résultat, l’heure de la revanche sonnait en demi-finale de conférence, face à l’ogre de l’Oracle Arena.
Pourtant, alors que cette saison, tous les Rockets étaient en forme et que Kevin Durant sortait au milieu de la série, la troupe de James Harden allait échouer à convertir ce coup du sort, cette fois en leur faveur. Après avoir échoué 2-4, ils sortaient plein d’amertume, alors que les frictions entre Harden et Paul sortaient dans la presse et envenimaient la fin d’une saison déjà très dure à encaisser…
Résumé de l’été
A Houston, quand l’été arrive, il y a plusieurs traditions. D’abord, les rumeurs pleuvent et se voient souvent confirmées par Daryl Morrey : tout le monde ou presque est disponible. On est loin de la langue de bois de certaines autres franchises. En la matière, cet été fait office d’exemple parfait, puisqu’en plus des joueurs qui étaient massivement mis sur la sellette, le coaching staff se greffait à la fête. Ainsi, on apprenait que même Chris Paul et Clint Capela avaient leurs bons de sortie, mais aussi que Mike D’Antoni était mis sous pression tandis que tous ses assistants étaient remerciés. Il n’y a pas à dire, cet exercice 2018-2019 avait laissé des traces, et on se demandait bien ce qui allait se passer pour cet effectif. La seconde tradition, c’est la nuée de contrats courtes durées qui arrivent à terme et qui poussent les dirigeants à faire poireauter tout ce beau monde en attendant d’avoir effectué son potentiel chantier.
Alors qu’en fut-il cette saison ?
Eh bien, tout d’abord, ce fut le calme plat. Alors que le marché des agents libres s’emballe, les Rockets sont surtout engagés dans un grand bal interne, dont fusent plusieurs déclarations tapageuses et contradictoires. Et puis arrive le 6 juillet : l’association Paul George – Kawhi Leonard. Alors qu’on sait désormais que l’entente Paul-Harden est tout sauf une idylle, des rumeurs continuent de jaillir : Russell Westbrook serait disponible. Pas favoris, les Rockets n’hésitent pour autant pas à se positionner sur le dossier. Et quelques jours plus tard, alors qu’on pensait que le contrat de Chris Paul était quasiment inamovible, Morey imite Jerry West et envoie une flopée de tours de draft pour les saisons à venir au Thunder, et permet un échange entre Chris Paul et Russell Westbrook. Ultime séisme de l’été : Russell Westbrook qui semblait enchaîné au Thunder est échangé par sa franchise de cœur et rejoint son ancien coéquipier, James Harden, dans le Texas.
Ce nouveau tour de passe passe réussi, Daryl Morey ne pouvait pas s’arrêter et devait récupérer un maximum de joueurs pour la saison prochaine. Austin Rivers et Danuel House, les deux principales additions de la saison passée obtenaient des contrats sur plusieurs saisons. Les autres signatures arrivaient en cascade : Tyson Chandler débarquait de LA, Gerald Green revenait pour une saison, tandis que les dirigeants tentaient les paris Ben McLemore et Anthony Bennett qui obtenaient des contrats minimums (et pas forcément garantis). Enfin, le GM optait pour trois contrats distribués début septembre : Chris Clemons, meneur de petite taille sorti non-drafté, Shamarie Ponds, aux caractéristiques et parcours similaires et Néné Hilario, qui obtenait une saison supplémentaire en NBA. Au courant du mois de septembre, un ancien de la maison recevait une place pour le training camp : Ryan Anderson, au sortir d’une saison désastreuse.
Roster
Meneurs de jeu : Russell Westbrook, Austin Rivers, Chris Clemons, Shamorie Ponds
Arrières : James Harden, Eric Gordon, Ben McLemore, William McDowell-White
Ailiers : Danuel House, Gerald Green, Thabo Sefolosha
Ailiers forts : PJ Tucker, Gary Clarke, Isaiah Hartenstein, Ryan Anderson, Anthony Bennett
Pivots : Clint Capela, Tyson Chandler, Néné Hilario
Jeu & Coaching
Nous l’avons dit en introduction, les Rockets ont poussé leur style de jeu aux bordures de la caricature l’an dernier. Continuant à abuser de l’attaque en isolation, ils se sont plus que jamais retranchés derrière James Harden pour trouver leurs paniers. Le fait est que si le barbu fut diablement efficace, sa sur-utilisation répondait également à un autre constat : Chris Paul, tout excellent attaquant qu’il soit, avait largement perdu en efficacité entre sa première et sa seconde saison. Beaucoup moins efficace en isolation, ses contre-performances sonnèrent notamment le glas de leur confrontation avec les Warriors. Si le manquement du meneur fut terriblement marquant durant les Playoffs, il fut tout simplement une mise en lumière ce ce qui faisait déjà craindre le pire pour la franchise. Durant la première saison de cohabitation, James Harden mettait 1,22 points par possession faite en isolation, et Chris Paul 1,10. Des chiffres qui ont baissé, et drastiquement pour le meneur. Harden chutait à 1,11, tandis que Paul s’effondrait à 0,92.
Aussi, avec la formation d’une nouvelle paire avec Russell Westbrook, quelles conclusions pouvons-nous tirer sur le style de jeu d’Houston ?
Eh bien, justement, c’est là que le bas blesse. Si la paire Paul-Harden était un rassemblement de deux joueurs très efficaces dans l’exercice de l’isolation, le nouveau venu est lui un piètre joueur lorsqu’il s’agit de mettre ses points (ou de générer une action), sur la base d’un 1 contre 1. Ce dernier mettait 0,75 point par possession en isolation l’an dernier. 0,82 il y a deux ans. Or, si nous avons appris quelque chose de Mike D’Antoni version Rockets, c’est qu’il ne recule plus lorsqu’il s’agit de mettre ses idées à exécution, quitte à être jusqu’au-boutiste. Connu pour sublimer ses meneurs, il n’en reste pas moins assez flou d’anticiper quel type de jeu l’équipe produira avec sa nouvelle star. En effet, là où D’Antoni s’est fait connaître par un jeu basé sur de la course et du mouvement, il va sans dire que ce dernier est aux antipodes de ce qui l’a rendu célèbre avec ses Rockets. S’adaptant à la force principale de sa star, il a considérablement ralenti le jeu, et se base sur la faculté du barbu à faire le bon choix en attaque, entre agressivité pour lui-même ou passe pour ses coéquipiers.
S’il excelle dans ce registre, il va sans dire que beaucoup de fans NBA attendaient que Russell Westbrook ait enfin un coach de renom pour tenter de tirer le meilleur de sa prise de décision. Si le meneur est un véritable monstre des parquets, a déjà montré la volonté de se réinventer, nous attendons encore qu’il conserve sa lucidité dans les instants clés d’une saison. Et pour cela, il faudra mettre en place une routine qui lui convienne. Or, pour briller, Westbrook a besoin de transition, de rythme et d’un travail collectif pour lui ouvrir le jeu. Dans ce contexte, il est une machine à créer des actions pour lui-même et autrui. Toute la problématique, ici, est de savoir comment faire cohabiter ces deux montres, tous deux parmi les joueurs conservant le plus le ballon en main sur ces dernières saisons (Harden & Westbrook: 1er et 10eme l’an passé, 1er et 3eme il y a deux ans, 4eme et 1er il y a 3 ans). Bien sûr, on pourrait se dire qu’entouré de shooteurs, avec un coach ingénieux et capable de l’accompagner, Russell s’adaptera au jeu des Rockets et gagnera en efficacité sur la base de l’attaque texane. Mais le plus crédible est d’imaginer d’autres schémas pour le meneur, tant que faire se peut.
On peut imaginer que le changement de staff et la pression mise sur l’ex-coach à la moustache vont pousser les Rockets à évoluer leur jeu l’an prochain. Bien que l’ensemble paraisse opaque, voici quelques évolutions que l’on peut imaginer voir l’an prochain.
Tout d’abord, offensivement, le jeu pourrait s’accélérer. S’il faudra toujours jouer au rythme de James Harden lorsque ce dernier se fera pièce centrale du jeu, il pourrait y avoir plusieurs différences. Tout d’abord, tout porte à croire qu’il acceptera plus facilement de lâcher la gonfle à Russell, ce qui signifie qu’il évoluera beaucoup plus souvent en catch-and-shoot qu’avec Chris Paul – avec qui il semblait parfois se contenter d’attendre son tour. Cela signifie deux choses : Westbrook devrait beaucoup plus pousser la transition, et donc accroître le rythme de l’ensemble de l’effectif. Imaginer Harden remonter le terrain en décalé (à la manière d’un Brook Lopez avec les Bucks) pour profiter de la force d’attraction du meneur pour s’ouvrir des tirs faciles est très séduisant. En outre, les deux joueurs devraient avoir des minutes dissociées, de manière à ce qu’il y est toujours l’une des deux stars sur le terrain. Aussi, l’effectif devra sûrement s’adapter aux styles différents des deux joueurs.
Première évolution donc, ils ne devraient pas avoir un PACE (nombre de possessions jouées par rencontre) aussi bas que la saison passée où ils étaient 27eme. S’il y a fort à parier que le chiffre restera dans la moyenne basse, il faut néanmoins comprendre que le Thunder, qui évoluait autour de Westbrook émargeait à la 6eme place. C’est notamment dire le monde qu’il existe entre les membres de la nouvelle paire des Rockets.
En revanche, un point sur lequel la franchise ne changera pas : l’utilisation du 3pts. Houston s’est fait une réputation ces dernières saisons : baser son jeu autour de l’analytics, en éliminant tant que possible le tir à mi-distance au profit des deux tirs les plus rentables de la NBA : la raquette et le 3 point. En ce faisant, ils sont devenus l’équipe abusant le plus de ce tir en NBA. Une nouvelle très intéressante avec l’arrivée de Westbrook. Ce dernier, excellent dans l’attaque du cercle, va pousser les défenses adverses à faire des choix. Aider pour le contenir ou laisser son vis-à-vis le contenir seul. Aussi, si les Rockets restent chauds à 3pts, voilà un changement qui devrait faire plaisir à Westbrook, lui qui manquait terriblement de tireurs longue distance autour de lui à OKC.
Dans une optique de variation de leurs options, James Harden devrait donc voir évoluer la nature de ses ballons. Moins de ballons entre les mains, plus de jeu sans ballon. Il va devoir retrouver sa faculté à exister sans être l’initiateur des actions, ce qui signifie forcément des évolutions structurelles du jeu, notamment pour l’ensemble des role players, qui devaient en permanence graviter autour des extérieurs. L’an passé, les 3 joueurs produisant la plus grande part de leurs actions sur du 1 contre 1 (à l’échelle de toute la NBA) étaient James Harden, Chris Paul et Austn Rivers. Or si les 3 faisaient partie du gratin en la matière et que James Harden devrait toujours mener la catégorie, tout porte à croire qu’il n’y aura plus une action sur deux qui proviendra d’isolation. Ainsi, peut être verrons-nous le pick & roll revenir plus fréquemment dans le jeu des texans. Il est même possible de voir les role players posséder plus de responsabilités offensives : après tout, on peut rêver.
Autre espoir d’amélioration : le rebond. L’an dernier, une des faiblesses des Rockets était le rebond. Forcément, lorsque l’on aligne un maximum d’extérieur autour d’un seul pivot, on peut rapidement manquer de taille, ou de joueurs aux instincts affûtés en terme de cueillette sous les cercles. Résultat, la franchise ne récupérait que 71,4% de ses rebonds (27eme), et se trouvait sous la moyenne en terme de rebonds offensifs arrachés. S’il y a un aspect du jeu où l’arrivée de Westbrook devrait faire une différence, c’est celui-ci. Jamais un extérieur dans l’ère du basketball moderne n’avait autant impressionné que l’ex-Thunder dans la prise du rebond. Machine à triple-double, l’extérieur déploie une saisissante énergie pour se saisir du rebond. Doté de qualité athlétiques hors normes (bien qu’elles aient commencé à décliner), les dirigeants espèrent ouvertement que sa présence permettra d’améliorer l’effectif en la matière. Or, on ne défend jamais aussi bien que lorsque l’on n’offre pas de seconde chance.
Maintenant, vient le chantier ultime : la défense. 17eme défense l’an dernier, il ne faut toutefois pas se leurrer : Houston a terminé la saison en redevenant une des meilleures équipes de la ligue dans sa moitié (1er defensive rating sur les deux derniers mois de compétition). La saison fut laborieuse, mais en fin de compte, les Rockets restaient intraitables lorsqu’ils étaient au complet et en ordre de match. Toutefois, peu d’assistants coachs n’ont pu se vanter d’avoir un tel impact que Jeff Bzdelik ces dernières saions. Chef d’orchestre du mur mis en place par Houston, ce dernier était revenu en cours de saison pour sauver la maison texane en train de prendre feu. Sauf que le repos qu’il s’était brièvement octroyé à l’été 2018 est désormais de l’histoire ancienne : ce dernier a filé chez les Pelicans.
L’inquiétude, c’est qu’en son absence, les Rockets étaient passés d’excellents en 2017-2018, à médiocre. Or la défense en switch qui fait le succès de cette équipe semblait dépendre du cerveau de l’ex-adjoint de Mike D’Antoni. Dans ces conditions, si on imagine que la franchise voudra conserver ses préceptes défensifs, rien n’est moins sûr que le succès de sa mise en place l’an prochain.
Bref, en dépit de ces nombreuses lignes, beaucoup de questions subsistent quant à la forme que prendra cette équipe l’an prochain.
Quel 5 majeur ?
Lorsque l’on regarde le roster affiché plus haut, il ne fait que très peu de doute quant à la forme que devrait prendre le 5 de départ.
Russell Westbrook – James Harden – Danuel House – PJ Tucker – Clint Capela
Les matchs commenceront évidemment avec le nouveau duo, ainsi que Clint Capela qui devrait désormais profiter des passes lobées de Russell Westbrook en plus de celle de James Harden. Ce dernier pourra d’ailleurs bénéficier de combinaisons différentes de part et d’autre. Sur les ailes, l’idée sera d’amener du shoot et des qualités athlétiques pour donner le ton en défense. Danuel House pourrait bien avoir gagné son ticket pour démarrer en NBA, tandis que PJ Tucker semble tout simplement indéboulonnable, tant sa présence sur le terrain transforme le jeu des Rockets. Véritable boule d’énergie, le désormais ailier fort est le capitaine de la défense texane et devrait se maintenir comme titulaire malgré les printemps qui passent.
Forces de l’effectif
Les Rockets ont fait parti des équipes élite en attaque et en défense ces deux dernières saisons. Si l’entame de l’exercice 2018-2019 a plombé les chiffres, il ne faut pas se leurrer, il ne faisait pas bon jouer cette équipe à l’approche des Playoffs.
Mais qu’en sera-t-il l’an prochain ?
Parmi les forces évidentes de l’effectif, il y a le talent offensif. Particulièrement en ce qui concerne les lignes extérieures. Entre Russell Westbrook, James Harden, Eric Gordon, Austin Rivers, il y a de quoi prendre de nombreuses minutes et déborder sur les ailes. A l’exception de Westbrook, tous sont de bons shooteurs et excellents dans l’exercice de l’isolation. Étant donné que l’essentiel de la création provient de ces joueurs, cela veut dire que Houston aura à tout moment deux joueurs (au moins) capables de créer offensivement, contrairement à certaines équipes qui doivent survivre lorsque leur(s) leader(s) retourne(nt) sur le banc pour se reposer. Ce ne sera, sauf blessure(s), jamais le cas de cette équipe qui aura toujours la possibilité de mettre la pression sur les défenses adverses.
Évidemment, dans les atouts de l’effectif, il y a le nombre de shooteurs. La force de cet effectif est d’avoir réussi à récupérer des tireurs naturels, mais aussi des joueurs qui avec les années se sont imposés comme des menaces solides. Or, grâce aux nombreux attaquants sur les lignes arrières, des joueurs comme Gerald Green, PJ Tucker (37,7% à 3 pts l’an passé), Danuel House (41,6% à 3pts l’an passé !) peuvent facilement artiller. Et comme Mike D’Antoni a décidé de jouer la carte des statistiques avancées jusqu’au bout, les joueurs ont le feu vert pour ouvrir les vannes et abuser de ce tir. Pour le meilleur : en témoignent les nombreux records dans l’exercice, et le pire, comme ce fameux Game 7 de 2018… et ces 27 tirs ratés consécutivement.
Autre force évidente, le potentiel défensif. Si nous avons abordé toute la problématique autour de la défection de Jeff Bzdelik, toujours est-il que ce groupe a prouvé qu”il peut être une des toutes meilleures murailles de la Ligue. Au fil des années, l’équipe récupère des joueurs avec un profil défensif, même s’ils ne sont plus au sommet de leurs capacités, comme l’atteste les additions cette saison de Thabo Sefolosha ou Tyson Chandler, s’ajoutant à des spécialistes comme Danuel House, PJ Tucker et Clint Capela. Dans le même temps, la présence de gros athlètes comme Westbrook, Rivers ou Green peut être utilisée pour des missions particulières. Reste désormais à déterminer ce qui sera fait avec tout ce potentiel défensif et de tester les talents du nouvel architecte.
Faiblesses de l’effectif
Tous les ans, la situation financière des Rockets est de plus en plus encombrée. En résulte tous les ans la nécessité d’être à l’affût, de récupérer des joueurs coupés ou de relancer des talents qui peinent à être exploités. Si de bonnes surprises arrivent, il est aussi évident que cette obligation structurelle pousse la franchise à rater plusieurs paris. Ce qui signifie que tous les ans, des spots pris par des joueurs qui n’ont pas leur place dans l’effectif. Aussi, à l’orée de la saison, l’effectif comporte plusieurs joueurs dont l’âge avancé – ou la place en NBA – sont une franche énigme : Thabo Sefolosha, Néné Hilario, Tyson Chandler sont par exemple tous trois à des âges avancés de leur carrière. Sefolosha n’a pas eu de véritable rôle depuis un moment, Néné est toujours excellent en attaque mais coûte très cher de l’autre côté du terrain, tandis que Chandler n’est plus l’intimidateur qu’il a été, même s’il ait encore un relais correct (et à bas prix). Dans le même temps, les Clemons, Ponds, Macdowell-White ou autre McLemore vont devoir prouver qu’ils ont leur place en NBA. Or, il y a fort à parier que l’essentiel d’entre eux devrait être coupé en cours de saison.
Tout cela pour dire quoi ? Que si Houston se placera sûrement sur certains dossiers (buy-out, vétérans coupés), la profondeur de l’effectif est très relative et hypothétique à l’heure actuelle. De quoi resserrer l’étau autour des joueurs majeurs, alors que nous le savons, la saison régulière est une course de fond. Les blessures arrivent et trouver quelques bons coups sera encore une nécessité pour arriver en post-saison frais et préserver les cadres qui auront pour mission de transformer l’essai cette saison, où la course vers le titre semble plus ouverte. Bonne nouvelle tout de même, les Rockets ont encore leur MLE à distribuer si l’occasion se présente.
Enfin, autre faiblesse majeure : l’instabilité à la tête de l’équipe. Si Mike D’Antoni a été maintenu, l’ensemble de son staff est parti. On a déjà parlé de la défense, mais cela veut aussi dire qu’il faut recréer tout un environnement : accompagnement des joueurs et hiérarchie dans l’équipe. La part jouée par le coaching staff est toujours une grande discussion du sport professionnel, mais compte tenu de la réussite de l’équipe avec l’ex-staff, la question de déterminer la qualité des décisions prises à la hâte cet été jouera un rôle déterminant pour la saison à venir.
Joueur clé : Russell Westbrook
On le sait désormais, James Harden est capable de mener cette équipe. Seul, s’il le faut. Il peut emmener ce groupe dans les hauteurs de l’Ouest, quitte à prendre le jeu à son compte de manière tyrannique. En revanche, si les Rockets veulent rester un prétendant au titre, c’est vers Westbrook qu’il va falloir se tourner. Gagner avec une seule star est une mission quasi-impossible en NBA. Il va sans dire que les précédentes campagnes nous l’ont prouvées. Or depuis qu’il n’a plus été associé à Kevin Durant, le meneur n’a plus connu de victoires en Playoffs, à tel point que l’avenir d’Houston va dépendre de son évolution. Il en va de même pour l’image qu’il laissera de sa carrière.
Le joueur n’a jamais laissé indifférent, mais il va connaître un défi nouveau, s’intégrer dans un moule qui n’est pas construit pour lui. Il est clair que le style de jeu des Rockets (tel qu’il était les saisons précédentes) est loin de la fiche de route idéale pour mettre en avant les qualités de Westbrook. Au coaching staff de trouver un équilibre, mais également à lui de trouver sa place. S’il est difficile d’imaginer Westbrook devenir un bon joueur sans ballon, cela veut dire que l’équipe devra s’adapter, mais qu’il devra gommer les principaux défauts inhérents à son jeu : sélection de tirs, tendance à conserver la balle (travail qu’il a déjà commencé à effectuer ces dernières saisons), défaillances dans le money time.
Dans une équipe qui semblait agacée par le comportement de Chris Paul, Westbrook doit saisir l’occasion de prendre une place plus apaisante pour le groupe. Souvent dépeint comme un coéquipier modèle hors des parquets, loin de l’image que ses envolées en pleine rencontre ou en interview laissent présager, il peut s’imposer comme la bonne personne, humainement, pour cette équipe. A lui de faire mieux que ça et de l’être également sur le terrain. Après tout, qui mieux que Mike D’Antoni peut changer la trajectoire d’un meneur de jeu ?
Problématique de l’équipe : “Comment faire cohabiter des leaders aux styles de jeu antagonistes ?”
On a souvent lu dans les médias une vérité : James Harden et Russell Westbrook ont déjà joué – et gagné – ensemble. Comment contester cette réalité ? Il est vrai, qu’il y a 7 ans maintenant, la jeune troupe d’élite du Thunder faisait partie des équipes à ne pas croiser en NBA. Mais les joueurs n’étaient pas encore ce qu’ils sont devenus, n’avaient pas le même statut, et de fait, pas la même hiérarchie. A l’époque, James Harden était 6eme homme. Aujourd’hui, il est un joueur qui pourrait très bien avoir plusieurs statuettes de MVP au compteur.
Or, dans ce long laps de temps, à l’échelle d’une carrière NBA, James Harden a montré le meilleur de lui-même dans un style de jeu qui paraît presque schizophrénique à côté de celui de Russell Westbrook. A ce stade-là, on est en droit de se demander comment Mike D’Antoni peut faire cohabiter des styles de jeu aussi différents. Va-t-il chercher un juste milieu ou forcer Westbrook à rentrer dans le moule déjà en place ?
Si la seconde solution (la plus pratique, soyons honnête) est choisie, ce sera assurément un grand test pour tout le monde. En effet, l’équipe a connu le succès avec un rythme et des préceptes que tous les joueurs ont incorporés. Si James Harden paraît capable de s’exprimer dans divers registres, faire plier Westbrook signifie qu’il faudra que le joueur le moins “adaptable” des deux … s’adapte. Quoi qu’il en soit, de la réponse à cette question devrait dépendre la saison de la nouvelle paire des Rockets.
Pronostic
2eme à l’Ouest (Entre 55 et 60 victoires)
Il y a beaucoup d’incertitudes autour de cette équipe bien que l’essentiel du roster soit de retour pour une année supplémentaire. Si tout ne devrait pas être rose, on pense pourtant que cette équipe peut trouver son rythme et connaître de long run une fois que les pièces seront mises en place. Avec un tel groupe, on a un peu l’impression que ce sera du tout et rien, mais admettons deux choses. L’équipe a des bases et s’appuie sur deux stars dans la force de l’âge. James Harden peut mener cette équipe, rate en général peu de matchs tandis que Russell Westbrook joue chaque rencontre à fond.
S’ils ne sont peut être pas les favoris ultimes des Playoffs, les Rockets seront encore solides. Y compris durant la saison régulière, quitte à parfois brûler ses cadres, Mike D’antoni oblige.
L’avis des comptes FR : @RocketsnationFr, @RocketsFR
Quel bilan tirez-vous de la saison passée ?
@RocketsnationFr : La saison passée fut compliquée à tout point de vue. Début catastrophique, que ce soit au niveau du jeu et des résultats. On se demandait même si Houston allait faire les playoffs en fin de saison. Les blessures nous ont fait très mal, trop mal pour suivre le wagon du top 3 de l’Ouest. Heureusement que notre barbu national a décidé de se lancer dans des séries de matchs absolument cheatées, improbables, historiques. On s’en souviendra longtemps de sa saison, c’était juste insensé. Le pire c’est qu’il a réussi à nous faire passer de la 14ème à la 3ème place en quelques semaines. Bien épaulé, faut le dire, par de bonnes surprises comme Danuel House et Austin Rivers. Toutes ces blessures ont permis, selon moi, à P.J. Tucker de prendre un nouveau statut au sein de l’équipe, un statut de vrai leader à côté de Harden. Cette équipe a pu réellement décoller en Mars avant d’être un peu court sur la fin et finir 4ème. Les playoffs sont mitigés. Le premier tour est géré, tout n’est pas parfait mais cette équipe semble prête à affronter les Warriors. Après la blessure de Kd, qui était juste indéfendable jusque-là, je ne voyais pas les Rockets sortir. Finalement, ils nous ont offert un beau choke dans le match 5 et 6. Toujours en fin de match, on commence à être habitué. Peut être la fois de trop qui permettra à Mike D’Antoni de changer ses plans de jeu pour la saison prochaine. Peu probable mais on ne sait jamais.
@RocketsFr : Après une saison 2017-2018 ponctuée de 65 victoires et d’une défaite 4-3 en finale de conférence contre les Warriors, avec CP3 absent pour les deux derniers matchs décisif, il était difficile de ne pas avoir des ambitions élevées pour la saison 2018-2019. Au final, le bilan de 53 victoires et une élimination contre les Warriors (la quatrième en 5 saisons) au second tour des Playoffs peut difficilement être conçue comme autre chose qu’un échec. Les partisans du verre à moitié plein souligneront que le bilan en saison régulière est principalement du à un début de saison catastrophique et que l’équipe s’est bien reprise pour finir avec le meilleur bilan de la ligue sur la seconde moitié de la saison, que le premier tour des Playoffs contre une solide équipe du Jazz a été parfaitement maitrisé et que la série contre les Warriors est resté disputée, ce qui indique que l’équipe était tout de même très compétitive. Mais le fait est que James Harden a maintenant 30 ans et que cela fait 7 ans que le cycle Harden a débuté à Houston. 4 saisons sont déjà passées depuis les premières finales de conférence de ce cycle. Le temps des promesses est résolu, chaque saison à ne pas passer ces dernières marches qui séparent l’équipe du titre ne peux être vu autrement que comme un échec. Les Rockets doivent maintenant être capable de finir le travail. Cette année les Warriors étaient probablement plus prenables que ceux de la saison précédente et pourtant les Rockets ne leur ont pas posés autant de problèmes. C’est un échec.
Que pensez-vous de l’été de la franchise ?
@RocketsnationFr : On connaît trop bien Daryl Morey. Il aime tester le marché, faire des mouvements, tenter des trucs. Ça n’a pas loupé. L’arrivée de Russell Westbrook était cependant quant à elle totalement inattendue. Il y avait certes des rumeurs quelques jours avant la transaction, mais tout ceci semblait impossible. Entre le contrat toxique de CP3, les rivalités entre Houston/OKC et Harden/Westbrook (ou du moins ses fan bases) et la faible flexibilité des Rockets. C’était impossible que ça arrive. Et bingo, c’est arrivé de mémoire le 12 juillet. Je me rappelle qu’au réveil j’étais déboussolé, je ne voulais même pas aller travailler haha. J’étais tellement dégouté. Et finalement après quelques jours, une prise de recul et une analyse de la situation, c’est un très bon deal. Les prolongations de G-Green, Rivers, Gordon et House étaient les bienvenues. Surtout que tous, sont de très bon contrats. Puis, les ajouts de Sefolosha et des jeunes Ponds et Clemons sont plutôt intéressantes. L’effectif est bien rodée désormais, même si on pourrait renforcer un peu plus nos ailes. Contrairement à la saison dernière, l’équipe sera quasi la même, au complet et solide dès le début de saison. J’aime beaucoup notre été, surtout qu’on a pas touché à notre MLE. On pourra certainement faire les pères Noël cet hiver.
@RocketsFr : L’intersaison des Rockets a bien évidemment été marquée par le trade qui a vu l’arrivée de Russell Westbrook et le départ de Chris Paul dont je pense que les explications se trouvent tout autant dans les obligations contractuelles de ces joueurs que dans leurs qualités sportives. Si il ne faut pas oublier que, quelques semaines avant de signer un contrat de 160M$/4ans, CP3 était probabblement le meilleur joueur de la série décisive pour le titre NBA et qu’il était compréhensible que les Rockets décident de prendre le risque après être passé si près du titre, le fait est que, du à son âge avancé, ainsi qu’à son historique de blessures récents, ce contrat était de plus en plus dangereux pour le futur des Rockets. Une grosse blessure de Chris Paul et il devenait intransferable, limitant sérieusement les possibilités de recrutement des Rockets pour les années à venir, sensées être celles du prime de James Harden. Si le contrat de Russell Westbrook est loin d’être lui-même parfait, le joueur est plus jeune et moins sujet aux blessures que Chris Paul. Si l’expérience à Houston échoue, il y aura toujours des équipes prêtes à lui donner une chance derrière. Sur le terrain, si Chris Paul peut sembler un meilleur fit que Westbrook aux côtés d’Harden, il n’offre plus les mêmes garanties physiques qu’il y a 2 ans. De plus, si l’association de James Harden et Russell Westbrook peut laisser des craintes au sujet de leur style de jeu, les deux ayant besoin de toucher énormément le ballon, elle n’est pas totalement irationnelle au niveau des qualités respectives des deux joueurs. Offensivement, si Russell Westbrook sera très important dans le plan de jeu de l’équipe, James Harden devrait continuer de mener l’attaque extremement rangé et prévisible des Rockets qui domine année après année la saison régulière et est capable d’écraser des excellentes défenses comme Utah en playoffs, mais cette attaque a montrée ses limites contre les défenses extrêmement versatiles, qui se développent de plus en plus en NBA. Le style moins calculateur et donc moins prévisible de Russell Westbrook offre à Houston une option supplémentaire qui pourrait faire la différence contre ce style d’équipe. Défensivement, les qualités athlétiques de Westbrook font de lui un très bon fit théorique dans la défense de switch des Rockets et l’on peut également penser qu’une charge de travail amoindrie en attaque devrait lui permettre de donner plus d’énergie en défense. Ssi ces théories se confirment, Russell Westbrook pourrait une bonne addition à la défense des Rockets. Après il est également possible qu’il ne s’intègre jamais dans la défense et que celle-ci ne soit pas bonne. Pour le reste, la rotation de l’équipe n’a que très peu bougée, Gerald Green, Austin Rivers, Danuel House et Nene resignant tandis que Capela, Tucker, Harden, Gordon, Clark et Hartenstein n’ont pas bougés. Seul Faried et Shumpert partent tandis que plusieurs vétérans comme Tyson Chandler ou Thabo Sefolosha ont été signés.
Quelles sont vos attentes pour la saison prochaine ? Quel scénario te convient pour l’équipe actuelle ?
@RocketsnationFr : Comme chaque année, l’objectif est le titre. Notre nouveau backcourt, qui sur le papier semble tout de même plus solide, nous donne pas mal d’espoirs pour aller loin. Va falloir que ce duo soit compatible et passe un cap en playoffs. Les deux ont la trentaine, c’est maintenant qu’il faut évoluer et grandir. La concurrence sera rude mais on a nos chances je pense. Ce que je souhaite vraiment, c’est que D’Antoni nous établisse un jeu avec plus de mouvements et moins d’iso. Les joueurs l’auraient réclamé donc on verra si le staff les écoutera. J’attends également de voir un Harden plus dans un rôle de scoreur avec davantage de jeu off-ball, et un Russ ball-handler numéro 1 qui sert les snipers et qui nourrit Capela dans la peinture. Toute une organisation à mettre en place, une alchimie à trouver. Ce sera pas évident mais on en est capable. Le scénario idéal serait les Finals bien entendu. Mais pour y arriver faudra sortir les Clippers, Nuggets, Warriors, Lakers, Jazz ect. Beaucoup de concurrences cette année. J’espère qu’on fera notre régulière dans le silence le plus total et qu’on attaquera très fort en avril. Il faudrait monter en puissance tout au long de l’année. Ce sera le plus dur, à MDA de trouver les solutions et de gérer correctement la rotation. Prono ? 2ème à l’Ouest et Finale de conférence.
@RocketsFr : Les attentes pour la saison à venir sont très difficiles à définir tant le résultat de l’équation Harden + Westbrook est une inconnue. Dans un scénario idéal, Westbrook, moins fragile que Chris Paul, se place en parfait suppléant d’Harden offensivement, permettant à ce dernier de porter une charge de travail offensive amoindrie en saison régulière sans affecter l’efficacité offensive de l’équipe. Cette charge offensive amoindrie permet à James Harden d’être plus présent en défense, où les qualités athlétiques de Russell Westbrook lui permettent de se fondre parfaitement dans la défense de switch des Rockets. Houston gagne beaucoup et arrive en playoffs avec ses stars plus fraiches que les années précédentes, l’expérience collective des Rockets en playoffs comparés aux autres superteams qui ne sont pas encore totalement au point permet aux Rockets de grater un titre. Dans un scénario catastrophe, Harden et Westbrook se marchent sur les pieds offensivement et Westbrook ne s’intégre pas dans la défense des Rockets, les résultats ne sont pas présents, ce qui créé de la frustration et donc des guerres d’égo. Grâce au talent présent les Rockets accrochent tout de même les playoffs mais tombent face à une équipe bien mieux organisée et se font sortir sans gloire au premier tour, Westbrook est tradé pendant l’été, retour à la case départ.