Parmi les franchises légendaires de la NBA, les Philadelphie Sixers possèdent une place de choix. Ancienne, l’équipe a vu passer dans ses rangs des légendes de ce sport, à l’instar de Wilt Chamberlain, Julius Erving, Moses Malone ou encore Allen Iverson. Ces stars ont toutes participé, ou presque, à garnir l’armoire à trophées de la franchise. Et lorsque la marche fut trop haute, comme pour Iverson en 2001 face aux terribles Lakers de Shaq et Kobe, nous gardons en mémoire quelques souvenirs d’exception, comme le game 1 desdites finales.
Aujourd’hui, il n’est toutefois plus l’heure pour les fans des Sixers de ressasser le passé. Fini la nostalgie pour le supporter. Fini également les résultats absolument immondes pour la franchise, elle qui n’a remporté que 47 rencontres en trois saisons entre 2013 et 2016. Il semble en effet temps de récompenser les observateurs les plus fidèles, ceux qui ont toujours été présents aux portes du Wells Fargo Center, même dans les heures les plus sombres.
Comment ? En retrouvant la gloire d’antan. En trouvant des successeurs à ces stars d’il y a vingt, trente, quarante ans. Parce que, une fois n’est pas coutume, les Sixers possèdent une équipe taillée pour le titre. Et si vous trouvez cela exagéré, disons que le roster est construit en prévision de la bataille finale, celle des finales de conférence, voire des finales NBA.
Alors que la saison 2018 – 2019 a connu une fin aussi brutale que triste (comme nous le rappellerons très brièvement ci-dessous), l’été de la franchise était placé sous le signe du grand chambardement.
Résumé de l’été
La saison 2018 – 2019 des Sixers était celle de la confirmation. Alors qu’ils avaient étonné la Ligue entière l’année précédente en terminant troisième de la conférence Est (pour la saison rookie de Ben Simmons), les hommes de Brett Brown pouvaient, cette fois-ci, légitimement viser les finales de conférence, voire plus si affinité. Il n’en sera rien, la faute à un Kawhi Leonard en mission et à un buzzer beater aussi chanceux qu’incroyable.
L’été de la franchise a débuté avec la draft. Cette année, plus question de sélectionner un joueur dans le top 5, comme cela fut le cas en 2014 (Embiid en troisième), 2016 (Simmons en first pick) et 2017 (Fultz, idem). Néanmoins, les Sixers n’arrivent pas à poil pour cette cuvée de draft, puisqu’ils possèdent pas moins de cinq picks (24, 33, 34, 42, 54). De quoi espérer choisir quelques joueurs à haut potentiel, qui sait.
Au final, les choix effectués par le front office n’ont clairement pas fait l’unanimité. Et c’est peu de le dire. Après avoir abandonné le pick 24 et récupéré le choix 20, Philadelphie sélectionne Matisse Thybulle (Huskies de Washington), jeune arrière d’ores et déjà réputé pour ses capacités défensives. Si, sur le papier, opter pour Thybulle en 20ème position ne semble pas être inadéquat, il est vrai que la majorité des observateurs auraient plutôt jeté leur dévolu respectif sur Brandon Clarke, qui était encore inexplicablement disponible à ce moment-là de la draft.
Les fans des Sixers n’étaient toutefois pas au bout de leur gronde. Alors que la hype autour de Carsen Edwards était à son maximal, le jeune meneur de Purdue va finalement atterrir à Boston, à qui le 33ème pick a été envoyé. Au final, Philadelphie ne conservera qu’un autre joueur (sur les 5 possibles) en la personne de l’arrière Marial Shayok (Iowa State).
Si les attentes concentrées autour de la draft n’ont manifestement pas toutes été remplies, nous savons également que rares sont les joueurs draftés qui changent, du jour au lendemain, le visage d’une franchise prétendante au titre NBA. Dès lors, les véritables missions de l’été du côté de Philly étaient de se bâtir un roster capable de rivaliser avec celui des Bucks, des Warriors ou encore des Clippers. Et pour cela, le front office s’est donné les moyens de ses exigences, avec une free agency 2019 mouvementée et, aux premiers abords, qualitative.
Commençons par nous occuper des arrivées et des prolongations de contrat, avant de lister les départs. Le premier joueur à poser ses valises en Pennsylvanie s’avère être Norvel Pelle jeune pivot trinational (Antigua et Barbuda, USA et Liban), qui évoluait jusqu’alors en en G-League du côté des Blue Coats de Delaware. Pelle pourra donc découvrir le monde de la NBA, par le biais d’un two-way contract.
Ensuite ? Rien jusqu’au 6 juillet. Alors que les franchises de tout le pays faisaient leurs emplettes à un rythme effréné, les Sixers attendaient de voir quelle issue trouverait le “dossier Jimmy Butler”. Comme pressenti, ce dernier sera transféré du côté de Miami, dans le cadre d’un trade à quatre équipes. Dans le deal, les Sixers récupèrent Josh Richardson (sign and trade), le très prometteur arrière du Heat, qui reste sur une saison remarquable et remarquée (16,6 points, 3,6 rebonds et 4,1 passes décisives). Cela commence à faire pas mal d’arrière dans le roster, mais Richardson semble clairement posséder le talent pour s’imposer de manière durable dans le cinq majeur d’une franchise ambitieuse. D’autant plus que le contrat du joueur reste somme toute modeste, avec deux années à 10,5 millions et une troisième saison en option (11 millions).
Des arrières ? Quand il y en a plus, il y en a encore. Le lendemain, les Sixers signaient Shake Milton, un combo guard qui faisaient déjà parti de l’effectif l’an dernier.
Et soudainement, la free agency Philadelphienne s’est emballée. En raison du départ de Butler, un contrat maximum était posé sur la table de Tobias Harris, qui n’en demandait probablement pas tant : 180 millions sur cinq ans pour le transfuge des Clippers, dont l’intégration au sein du roster de Philly s’est effectuée en dent de scie. Avec ce contrat, la franchise mise clairement sur le potentiel du bonhomme qui, à 27 ans, devrait rentrer dans son prime.
Concomitamment à la prolongation d’Harris, les Sixers profitent de la situation délicate dans le vestiaire des Celtics pour enrôler Al Horford. L’intérieur dominicain, qui possède la particularité de parvenir à royalement emmerder Joël Embiid dans la raquette, vient donc former un duo effroyable avec ce dernier dans la peinture des bleu et blanc. Le tout pour 109 millions sur quatre années. Un contrat risqué vu l’âge du bonhomme. Mais des risques, quand on souhaite remporter le titre NBA au plus vite, il faut bien en prendre.
Alors que le cinq majeur est définitivement dessiné, il convenait pour les Sixers de renforcer leur rotation. A cet égard, trois joueurs se sont présentés avec succès dans les bureaux du front office : Kyle O’Quinn vient renforcer une raquette déjà bien fournie (1 an et 2,6 millions de dollars). Raul Neto, de son côté, tentera de faire oublier T.J McConnell dans le cœur des fans, en signant un contrat de deux ans et 7 millions de dollars. Enfin, l’ailier James Ennis III, autoproclamé “Ennis la menace” (il faut oser), poursuivra l’aventure sous les couleurs de Philly.
Le second gros deal de l’été n’avait cependant pas encore pointé le bout du pif. Avides de garder leur jeunesse prometteuse, les Sixers prolongeaient Ben Simmons pour cinq ans et 170 millions de dollars. Le fait que Simmons soit le co-visage de la franchise pour l’avenir proche était donc désormais gravé dans la roche, comme disaient les autres. Et vu les performances du monstre, ce n’est probablement pas une mauvaise chose.
Pour terminer, notons la resignature du turc Furkan Korkmaz (encore un arrière, au cas où on ne sait jamais), du meneur américain Trey Burke (un an au salaire minimum) et d’Isaiah Miles, jeune ailier-fort passé du côté de Limoges. Pour être totalement exhaustif, signalons l’arrivée de Christ Koumadje, grand pivot de 2m24, non-drafté en 2019.
C’est donc avec un roster totalement bouleversé que les Sixers entameront la saison 2019 – 2020. Et pour cause, si les arrivées furent si nombreuses, c’est parce que les départs ne l’étaient pas moins. T.J McConnell, enfant chéri du public, tentera une nouvelle aventure chez les Pacers, tandis que J.J Reddick ira planter quelques bombes du côté de la Nouvelle-Orléans. Au-delà, nous l’avons mentionné, Jimmy Butler, véritable leader de la franchise la saison dernière, en a déjà terminé avec son aventure Pennsylvanienne. C’est bien évidemment la plus grosse perte de l’intersaison, bien qu’elle sera compensée numériquement par la prolongation de Tobias Harris, ce qui n’est pas si mal.
Enfin, Amir Johnson fut coupé, Boban Marjanovic quant à lui partait faire rêver les fans de Dallas, tandis que Greg Monroe traversait l’Atlantique pour boire des litres de Paulaner lors de la prochaine Oktoberfest, en signant chez les Bavarois de Munich. Tous ces mouvements nous donnent un roster complètement chamboulé, qu’il convient de présenter.
Roster
Meneurs : Trey Burke, Raul Neto, Ben Simmons
Arrières : Furkan Korkmaz, Shake Milton, Josh Richardson, Marial Shayok, Zhaire Smith, Matisse Thybulle
Ailiers : James Ennis III, Tobias Harris
Ailier-forts : Jonah Bolden, Al Horford, Isaiah Miles, Mike Scott
Pivots : Joël Embiid, Christ Koumadje, Kyle O’Quinn, Norvel Pelle
Jeu et coaching
C’est la grande inconnue. Avec un effectif aussi bouleversé, comment Brett Brown va-t-il faire évoluer son équipe ? Espérons que lui, au moins, ait une petite idée. La perte de Butler, si elle est forcément problématique tant le joueur est fort, pose surtout problème sur un point majeur : la création dans le périmètre, dont la charge devrait revenir à Ben Simmons. Sur cet aspect, celui-ci se pose comme un joueur solide, mais étant donné que l’homme est absolument inoffensif derrière l’arc, il devra se sublimer pour déstabiliser les meilleures défenses adverses.
Puisque J.J Reddick n’est plus là pour écarter les défenses et que Tobias Harris ne sera probablement plus uniquement cantonné à son rôle de shooteur comme la saison dernière, c’est la quasi-intégralité de la tactique qui est à renouveler. A cet égard, Brett Brown ne travaillera d’ailleurs pas seul, puisque les Sixers lui ont trouvé un nouvel assistant, après le départ de Monty Williams du côté des Suns, dont il est désormais le head coach. Ainsi, Philly a réussi à débaucher Ime Udoka, assistant de longue date de Greg Popovich chez les Spurs, et dont la réputation est plus que flatteuse.
Mais s’il semble évident que le jeu des Sixers changera fondamentalement comparé à celui déployé l’an dernier, pas besoin de réinventer le fil à couper le beurre au sujet de l’axe 1 – 5. Nous savons que Ben Simmons est – déjà – l’un des meilleurs joueurs de la Ligue en pénétration, et qu’il marque un nombre incalculable de points dans la raquette adverse (puisque, par définition, il ne peut pas marquer des points ailleurs que dans celle-ci …). De la même manière – et nous en reparlerons plus en détail ci-dessous – le rôle de Joël Embiid dans l’équipe ne devrait pas spécialement évoluer.
C’est sur cette base que le duo Brown – Udoka devra travailler pour composer une tactique efficace. L’avantage que possède les deux techniciens, est que les Sixers bénéficient d’un calendrier favorable en début de saison, ce qui leur laisse une marge de manœuvre pour adapter leur tactique sans pour autant que les résultats en pâtissent. Ainsi, sur les 10 premières rencontres de la saison, Philly rencontrera : Charlotte, Orlando, Détroit x2, Washington, Boston, Atlanta, Minnesota, Portland et Phoenix. Un démarrage en douceur, somme toute.
Quel 5 majeur ?
Si, dans certaines franchises (notamment en bas de tableau), il peut y avoir des doutes sur la composition du cinq de départ, il n’en sera probablement rien du côté de l’armada des Sixers. C’est limpide : sur le papier, Philadelphie a l’un des (pour être large) plus beaux cinq majeurs de la Ligue.
Ben Simmons – Josh Richardson – Tobias Harris – Al Horford – Joël Embiid
Brett Brown possède donc la faculté de placer trois all-star parmi ses titulaires. Nous pourrions presque dire “trois et demi”, tant Tobias Harris était proche de gratter sa première étoile la saison dernière chez les Clippers. Au final, la line-up des Sixers fera peur et sera susceptible de prendre l’avantage sur tous les cinq majeurs de la conférence Est. Bien entendu, tout ceci n’est que purement théorique, et Giannis Antetokounmpo ne se fera pas prier pour plier en douze les titulaires des Sixers s’ils le laissent évoluer à son aise.
Mais attention, les ambitions de Philadelphie sont désormais clairement affichées : après avoir tanké pendant des années pour se construire (par la draft) un roster alléchant, l’heure est venue de jouer les premiers rôles. Et force est de constater que les titulaires de la franchise ont tous le potentiel pour permettre de hisser les Sixers sur le toit de la conférence.
Forces du roster
Il semblerait qu’il y ait des forces à tous les azimuts. Essayons néanmoins d’être précis et concis. Pour cela, mettons tout d’abord en avant le potentiel défensif de l’équipe toute entière, titulaires comme remplaçants. Pour marquer des points contre cette équipe de Philly, il faudra se lever tôt. Ben Simmons est tellement longiligne qu’il peut, lorsqu’il en a envie, défendre trois à quatre postes. Dans la raquette, c’est tout simplement l’enfer : Al Horford est capable de chasser les intérieurs qui s’écartent du panier, tandis qu’Embiid est une incroyable force de dissuasion sous le cercle.
C’est simple, Bolden, Embiid, Horford et Simmons se retrouvent tous les quatre dans le top 50 des joueurs présentant le meilleur defensive rating la saison passée. Le grand Jojo se retrouve ainsi dans la même dimension que Marc Gasol (ancien défenseur de l’année), tandis qu’Horford présente des chiffres similaires à ceux de Draymond Green (ancien défenseur de l’année). Simmons de son côté peut être comparé à Marcus Smart (en terme de chiffre, pas de profil), pitbull parmi les pitbulls.
Et quand tout ce beau monde ira souffler sur le banc des remplaçants, ce sont Bolden, Thybulle, Smith et autre Ennis III qui viendront faire suer les attaquants adverses. Bien que très jeunes, Zhaire Smith et Matisse Thybulle possèdent la réputation d’être avant-tout des stoppeurs défensifs de talent. Reste à voir comment Thybulle s’adaptera à la NBA, lui qui évoluait – et brillait – jusqu’alors dans la défense en zone concoctée par Mike Hopkins chez les Huskies en NCAA.
Résultat des courses, alors que le potentiel offensif de la franchise est plus qu’intéressant (les cinq titulaires peuvent légitimement inscrire 15 points de moyenne), l’impact défensif devrait permettre à Philly de réaliser une saison pleine de succès. Néanmoins, si l’attaque peut parfois se reposer sur le talent, la défense nécessite, elle, de se retrousser les manches. Il sera donc primordial que chacun veuille défendre aussi bien qu’il le peut.
La défense, en tant que telle, présente un aspect collectif qui lui est inhérent. La seconde force que nous pouvons mettre en avant chez ses Sixers 2019 – 2020 est son accumulation d’individualités dominantes. Embiid peut tout à fait prétendre au titre honorifique de meilleur pivot de la Ligue, voire même à une place de choix dans la lutte au trophée de MVP en fin de saison. Il ne serait pas étonnant de voir le camerounais améliorer ses statistiques (27,5 points et 13,5 rebonds l’an passé) cette année.
Ben Simmons, quant à lui, est dominant physiquement grâce à mère nature, avec ses 2m08 pour 104 kilos. Mais il est impossible de réduire le joueur à ses seules qualités athlétiques, tant il semble proche, lui-aussi, de réaliser une saison en triple-double de moyenne. Scoring, sens de la passe, qualités physiques, Simmons a tout du meneur parfait. A l’exception près qu’il est une menace inexistante à 5 mètres du cercle tant son tir est catastrophique. Heureusement que subsiste cette faille dans son jeu, d’ailleurs. Imaginez un Simmons capable de décrocher des banderilles à 10 mètres du panier tel Stephen Curry. Le bonhomme deviendrait immédiatement totalement injouable.
Nous n’allons pas toutes les présenter, mais rappelons que s’il est vieillissant, Al Horford est une menace offensive et défensive de premier plan, tandis qu’Harris et Richardson sont tout à fait capables de planter 30 points lorsqu’ils ont la main chaude. Les menaces viendront de partout l’an prochain à Philly.
Adversaires, tremblez !
Faiblesses du roster
Plutôt que de parler de faiblesses – le mot semble fort ici – évoquons les points d’interrogation qui peuvent peser sur le roster des Sixers cette saison.
En premier lieu, évoquons rapidement la rotation sur les postes intérieurs. Sur les postes 1, 2 et 3, il ne semble pas y avoir de problème pour pallier à l’éventuelle absence de l’un des titulaires. Certes, offensivement, une blessure sur le back court se ressentirait, mais il n’y aurait pas forcément péril dans la demeure. Il n’en va pas de même dans la raquette. La perte d’Embiid ou d’Horford serait préjudiciable pour les Sixers, notamment au poste de pivot, puisqu’aucun des back-up ne semble pouvoir faire oublier la domination d’Embiid sous les cercles. Or, évoquer la blessure de l’un des deux intérieurs titulaires n’est pas que pure théorie : rappelons que le pivot camerounais a raté les deux premières saisons post-draft à cause de ses blessures récurrentes, et que depuis 2016, il n’a jamais joué plus de 64 rencontres de saison régulière.
Il en va de même pour Horford, qui a déjà connu des saisons quasi-banches (11 matchs en 2012, 29 en 2014) et qui a toujours loupé une grosse dizaine de rencontres sous le maillot des Celtics.
Le manque d’expérience constitue le second point d’interrogation susceptible d’être considéré comme une faiblesse. Non seulement le roster est relativement jeune (25,4 ans de moyenne d’âge sur les 19 joueurs), mais rares sont les joueurs qui ont eu l’opportunité de disputer des finales de conférence / finales NBA. On ne peut ici guère lister qu’Al Horford, finaliste de conférence avec les Hawks et les Celtics.
Ce manque d’expérience dans les prestigieuses joutes de la Grande Ligue n’est d’ailleurs pas compensé par des parcours intéressants en FIBA avec les équipes nationales. Ainsi, la majorité du roster n’a jamais vécu autre chose qu’une demi-finale de conférence, ce qui risque de peser dans la balance lorsqu’il s’agira de disputer une rencontre importante en mai / juin prochain. L’Histoire récente nous le rappelle, avec la défaite au game 7 des dernières demi-finales de la conférence Est, face à des Raptors bourrés d’expérience.
Enfin, questionnons-nous sur le spacing de cette équipe, maintenant que son sniper maison, J.J Reddick, a quitté le navire. Nous n’allons pas dire ici qu’aucun joueur des Sixers n’est capable de planter un trois-point, puisque ce serait faux. Par contre, il est plutôt exact de dire que le tir longue-distance n’est la spécialité d’aucun des hommes du roster. Dans le cinq majeur, celui qui présente le meilleur pourcentage derrière l’arc l’an passé est Al Horford, avec 36% de tirs primés convertis. Un bilan plutôt honnête pour le Dominicain. Toujours à l’intérieur, si Embiid a passé pas mal de temps derrière la ligne également (263 tentatives, 30% de réussite), il est bien plus efficient lorsqu’il évolue au poste bas.
Chez les guards, Ben Simmons n’a jamais mis un trois-point de sa carrière, tandis que Josh Richardson voit sa fiabilité dans l’exercice régresser d’année en année (35,7 % la saison dernière). Au final, il se peut que les Sixers connaissent des trous d’air à trois-points. Or, le manque de spacing aura pour conséquence de rassembler les défenses autour de la raquette, et donc de laisser moins d’espace pour la pénétration (de Simmons, entre-autre) ou pour servir Embiid sous le cercle.
La caution longue-distance reposera ainsi sur Tobias Harris, lui qui a prouvé aux Clippers qu’il était capable de régler la mire (43 % sur sa demi-saison l’an passé !). Néanmoins, il a aussi démontré qu’il était capable d’avoir littéralement le compas dans l’œil, comme en attestent ses pourcentages dans l’exercice sous le maillot de Philadelphie (32,5 % en 27 rencontres et 135 tentatives).
Le joueur clé : Joël Embiid
Lorsque l’on souhaite passer un cap (comme nous allons en parler dans la rubrique suivante), il est nécessaire de s’appuyer soit sur un effectif parfaitement huilé, soit sur un joueur dominateur. Vu les changements intervenus dans le roster cet été, pas sûr que les Sixers pourront se baser sur l’alchimie collective pour gravir les sommets. Par contre, ils ont la chance de posséder dans leur rang une arme de destruction, et ce n’est pas André Drummond qui dira le contraire.
12ème au vote du MVP 2018, 7ème en 2019, Embiid semble être une sorte de prototype difficilement arrêtable. Ultra-dominateur dans la raquette, dans laquelle il marque plus de 13 points en moyenne par rencontre (8ème au classement, juste derrière … Ben Simmons), Embiid passe néanmoins pas mal de temps au large, dans un exercice qu’il apprend, petit à petit, à maîtriser. Sans pour autant devenir, pour l’heure, un esthète du tir à longue distance (15ème sur 37 pivots au niveau du pourcentage à trois-points la saison passée).
Mais s’il gagnerait peut-être à moins déserter la raquette adverse, Embiid reste le joueur sur lequel les Sixers devront s’appuyer (pas trop fort, le Monsieur est fragile) pour enfin redécouvrir les finales de conférence. Les Bucks ont Antetokounmpo, les Sixers ont Embiid, et la confrontation des deux promets d’être passionnante, d’autant plus que le pivot des Sixers semble montrer une appétence particulière pour les rencontres au sommet : 34,6 points, 15,6 rebonds et 8,3 passes décisives en moyenne face à Milwaukee la saison passée, mais aussi 29,3 points, 15,5 rebonds et 3 passes décisives contre Boston (dont un énormissime 37/22/4 en fin de saison régulière).
Voilà ce dont Joël Embiid est capable. Il est le véritable franchise player de cette équipe. De plus, l’arrivée d’un stretch 4 en la personne d’Al Horford, meilleur derrière l’arc, permettra au camerounais de se concentrer sur le jeu au poste bas. Plus de pick ‘n roll, moins de pick ‘n pop, voilà comment Embiid pourrait aider Philly à réaliser son objectif de la saison. D’autant plus que le garçon aura probablement plus de ticket shoot que la saison passée, maintenant que Butler a fait ses valises. Avec Simmons à la mène et Embiid en véritable leader offensif de l’équipe, les Sixers peuvent – et vont, mouillons nous – faire mal à la concurrence.
Problématique de l’équipe : passer un cap, enfin
Réaliser des saisons régulières à 50 victoires, c’est bien joli. Cela permet généralement de s’assurer l’avantage du terrain au premier et au second tour des playoffs. Sauf que désormais, il convient pour les Sixers de viser le stade supérieur et de dominer cette conférence Est orpheline de LeBron James et de Kawhi Leonard. Sur la ligne de départ, peu d’équipes peuvent prétendre à stopper les Sixers dans leur marche vers les finales NBA. Les Bucks semblent d’ailleurs être les seuls à être suffisamment armés pour le faire. Bien sûr, tout cela n’est que pure théorie.
A moins que Philly ne se sabote tout seul, à grand coup de blessures / maladies (comme Embiid l’an dernier) ou de matchs sans (game 1 contre les Nets au premier tour, games 1 et 5 contre les Raptors en demi-finale de conférence). Il faudra un alignement des astres pour permettre à la franchise de retourner en finale de conférence pour la première fois depuis 2001 et l’incroyable campagne d’Iverson. Mais il sera surtout nécessaire que chacun des bonhommes présents sur le parquet prenne conscience que Philadelphie n’est plus l’outsider de la conférence. Non, avec les Bucks, c’est Philly qui fait peur et qui doit assurer son rang.
Être dans la peau du favori et supporter la pression, ce n’est jamais évident. Cela l’est d’autant moins pour des jeunes joueurs sans réelle expérience. Reste à voir si le talent prendra le pas sur l’inexpérience. Si tel est le cas, les Sixers sont promis à une grande saison. Sinon, une désillusion serait malheureusement à prévoir, ce qui ne serait pas du goût de tout le monde.
Pronostic
2ème à l’Est : entre 54 et 58 victoires.
Les Sixers devront passer sans encombre le stade de la saison régulière, en terminant second de la très hétérogène conférence Est. De quoi correctement se placer pour les playoffs, en évitant de jouer (en toute logique et sauf cataclysme) les Bucks avant les finales de conférence.
L’avis de deux comptes français : @Sixers_Fans & @FR_Sixers
Quel bilan tirez-vous de la saison passée ?
@Sixers_Fans : 51 victoires, 3ème à l’Est, défaits par un incroyable coup du destin alors que nous pouvions prétendre à la victoire finale.. Malgré l’infinie cruauté de cette élimination, on ne peut pas dire que le bilan n’est pas positif. Rétrospectivement, je juge que le transfert de Butler faisait beaucoup plus sens que celui d’Harris. Là où le premier ne nous aura demandé que deux joueurs dont les limites nous ont coûté beaucoup trop cher en playoffs, le second exigeait que nous nous délestions d’assets de grande valeur.. qui nous feront cruellement défaut si nous devons réarmer.
@FR_Sixers : Un bilan plutôt positif puisque l’on enchaîne une seconde saison de suite avec au moins 50 victoires. On a eu des hauts et des bas en saison régulière mais dans l’ensemble on s’est montré plutôt costaud. Le bémol que j’aimerai noter, et qui m’a assez déçu, c’est nos défaites dans les matchs importants de la saison régulière. Je pense notamment aux rencontres face aux Raptors et aux Celtics. Ensuite, on a eu le droit aux Playoffs avec les Nets au premier tour. Une série qui aura mal débutée mais la réaction aura été très bonne de notre part. On a su se montrer présents dans les moments chauds et même gagner des matchs sans Joël. Après est venue la série face aux Raptors qui m’a beaucoup plu. Pour être honnête je ne pensais pas qu’on arriverait à aller jusqu’au Game 7. Malheureusement on peut quand même nourrir des regrets (la santé d’Embiid, le match 5 qu’on a pas su gagner alors qu’on était bien dans le match). Je retiens tout de même beaucoup de positif dans cette série et je pense qu’elle nous aidera dans le futur.
Que penses-tu de l’été de la franchise ?
@Sixers_Fans : L’été de la franchise a beaucoup divisé au sein de la fanbase. Le seul point sur lequel nous sommes tous d’accord, c’est que la draft fut un véritable désastre. Alors qu’il était vital de nous offrir une sécurité afin de bénéficier d’une certaine profondeur d’effectif, Elton Brand a merdé dans les grandes largeurs en déconsidérant totalement l’opportunité. Passons. Dans l’ensemble, je pense que les circonstances ont certainement plus gouverné les actions du front office que l’inverse, au moins y a-t-il une direction et une cohérence d’ensemble, fut-elle imposée par le hasard. Or ça, au bout du compte, c’est bien l’essentiel. Cependant, malgré un été que l’on peut donc qualifier de globalement satisfaisant, les 76ers ont grillé leurs dernières cartouches: il n’y a plus d’argent disponible, aucun contrat tradable en vue d’obtenir un renfort à la deadline, aucun choix de premier tour échangeable avant longtemps, bref, nous sommes indéniablement au stade final du Process.
@FR_Sixers : Tout d’abord il y a eu la Draft avec la séléction de Matisse Thybulle, qui, je pense, a tout pour devenir un défenseur élite en NBA. Après je reste quand même assez mitigé par rapport aux choix d’Elton Brand, de trader nos second tours.. Des joueurs comme Brandon Clarke, Carsen Edwards, et même Grant Williams auraient été très intéressants, mais il y aurait eu une promesse de Draft faite à Thybulle et il semblerait que les Sixers étaient déterminés à le choisir. Le départ de JJ (Reddick) est dommage puisqu’il était une pièce vraiment importante pour nos systèmes et notamment les DHO avec Embiid. Je n’ai pas été surpris par le départ de Jimmy Butler. Il a toujours exprimé son envie de rejoindre le Heat et je suis très content de récupérer Josh Richardson en retour. Je pense que c’est un joueur qui a un énorme potentiel et qui peut exploser du côté de Philly. Ensuite il y a eu la signature d’Al Horford qui m’a énormément surpris. Son contrat est certes assez élevé, mais je pense que son apport sur et en dehors du terrain est loin d’être négligeable. J’ai vraiment hâte de voir son association avec Joël, et pour une fois, on aura un back-up 5 de qualité. La re-signature de Tobias me fait vraiment plaisir. Je pense qu’avec l’équipe que l’on a cette saison il pourra retrouver le niveau qu’il avait aux Clippers et être All-Star la saison prochaine. Enfin, on a les signatures et re-signatures des joueurs de banc. Plutôt content de retrouver Mike Scott, James Ennis, de signer Kyle O’Quinn. Plutôt mitigé quant à la signature de Raul Neto, qui est réputé pour ne pas pouvoir jouer beaucoup de matchs sur une saison. Le fait de re-signer Korkmaz me déçoit un peu également même si ça reste un joueur qui n’aura pas beaucoup de temps de jeu. J’espère également que Trey Burke va se montrer lors du Training Camp car je pense qu’il peut beaucoup apporter au scoring en sortie de banc. C’est clairement le type de joueur qu’on a besoin lorsqu’il est en forme. Pour conclure, je dirai que cet été aura été très mouvementé et intriguant. Si la mayonnaise prend, ça peut être vraiment impressionant. A Brett Brown et son staff maintenant de trouver les solutions pour faire marcher tout ça.
Quelles sont tes attentes pour la saison prochaine ? Quel scénario te convient pour l’équipe actuelle ?
@Sixers_Fans : La saison régulière présentera des enjeux différents cette année. Le trône de l’Est a un attrait certain mais ce n’est rien à côté de l’impératif d’arriver en playoffs en bonne santé. Bien évidemment, le scénario idéal est celui où Joel Embiid soulève le trophée Larry O’Brien à domicile après un Game 7 d’anthologie !
@FR_Sixers : Au vu de notre effectif, j’attends de cette équipe qu’elle finisse dans les deux premiers à l’Est et qu’elle aille en finales de conférence au minimum. On a les armes pour aller au bout à l’Est et ce serait une réelle déception de s’arrêter avant.