Parler des Warriors en septembre 2019, c’est un exercice à haut risque. Si, dans un dictionnaire d’Histoires NBA, vous vous rendez tout droit au D de Dynastie, le blason de la franchise se retrouvera forcément au côté de celui des Celtics, des Bulls ou encore des Lakers (liste non exhaustive). C’est dire si les performances des hommes de Steve Kerr ces dernières années ont une portée historique, à jamais inscrite dans les mémoires collectives.
L’heure est cependant venue de paraphraser Coluche, qui disait “le plus dur, c’est pas d’arriver au sommet, c’est d’y être”. Humoriste ou basketteur, même combat. Dans une Ligue de plus en plus compétitive, et dont les cartes ont été largement rebattues durant l’été 2019, il est extrêmement compliqué de garder les pieds posés sur le toit de la NBA. Les Warriors l’ont appris à leurs dépends en juin dernier, eux, les favoris, qui ont malheureusement flanché dans la dernière ligne droite, face à de coriaces et talentueux Raptors. Ce qui, globalement, était impensable au début de la saison, tant Golden State semblait au-dessus de la concurrence, tel Zeus au-dessus de l’Olympe. Tel Jordan dans les années 90. Tel Zidane contre le Brésil en 2006. Tel Thibaut Pinot lors du dernier Tour de France.
Au final, au lieu de tout raser sur son passage, le bulldozer des guerriers a fait pouet. Et si l’on ne peut plus dire que le basket est un sport qui se joue à cinq et qu’à la fin, ce sont les Warriors qui gagnent, le talent de l’équipe n’a pas soudainement disparu au soir du 14 juin 2019.
Cependant, pour que la franchise puisse se maintenir dans les hautes sphères qu’elle fréquente, il lui était nécessaire de réaliser une free agency 2019 de qualité. Quand tous les adversaires se renforcent, que ce soit à l’Est ou à l’Ouest, il est primordial d’en faire de même. A tout le moins, il est impératif de ne pas s’affaiblir au point de se coller l’étiquette de la bête blessée, puisque l’odeur du sang ne manquera pas d’attirer une petite dizaine de franchises en octobre prochain. Alors que l’été 2019 se retrouve petit à petit dans notre rétroviseur, il est venu de temps de se pencher sur les mouvements estivaux qui ont rythmé la franchise de Golden State.
Résumé de l’été
L’été des Warriors a débuté par la douloureuse défaite en finale NBA face aux Raptors. Douloureuse à double titre, puisqu’au-delà de laisser sa couronne à la franchise canadienne, Golden State a eu à faire face à un florilège de blessures, les unes plus tristes et graves que les autres. Alors que Kevin Durant, revenu contre vents et marées dans le cinq majeur, s’est flingué le tendon d’achille lors du game 5, ce sont ensuite les ligaments croisés du genou qui ont lâché Klay Thompson au cours de la rencontre suivante.
C’est donc avec deux de ses immenses stars sur le flanc que les Warriors ont attaqué la free agency 2019. Les rumeurs allaient bon train depuis longtemps. Durant partira-t-il ? Si oui, où, et comment le remplacer ? Quid du cas de Klay Thompson ? DeMarcus Cousins sera-t-il prolongé ?
Si la free agency est un film, on peut dire que la bande-annonce en a spoilé un sacré morceau. Alors que les portes du marché des transferts devaient ouvrir – comme tous les ans – au 1 juillet, les réseaux sociaux se sont littéralement embrasés le soir du 30 juin. La raison ? Une broutille. Kevin Durant annonce sa décision d’exporter son talent de l’autre côté du pays, aux Brooklyn Nets. Alors qu’il semblerait que les Knicks, refroidis par la blessure de l’ailier, n’aient pas proposé à Durant un contrat maximum, les Nets ont sauté à pieds joints sur l’occasion, en offrant un contrat de 4 ans et 164 millions de dollars à la désormais ex-star des Warriors.
Néanmoins, Kevin Durant n’est pas parti en traître. Son transfert s’est effectué dans le cadre d’un sign and trade, ce qui a permis aux Warriors de récupérer une contrepartie plus qu’intéressante dans le deal. Mis à la porte par l’arrivée de Kyrie Irving chez les Nets, le jeune meneur all-star D’Angelo Russell est ainsi envoyé chez les Warriors, pour former un backcourt plus qu’explosif avec Stephen Curry. Russell en profite pour signer le premier gros contrat de sa carrière, 117 millions de dollars sur 4 saisons. En bagage à main de son vol New-York – San Francisco (où la franchise déménage), le jeune meneur a emmené avec lui Shabazz Napier et Treveon Graham, qui, à peine atterris sur la côté Ouest, ont été transférés chez les Timberwolves contre les droits de Lior Eliyahu.
Voilà pour le premier mouvement d’ampleur que les Warriors ont eu à gérer en cet été 2019. C’est néanmoins loin d’être le seul.
Le 7 juillet, Golden State a perdu son second MVP des finales, en la personne d’Andre Iguodala, envoyé du côté des Grizzlies contre l’ailier Julian Mashburn. C’est ici tout un pan de l’Histoire récente de la franchise qui s’en va, puisqu’Iguodala était devenu, au gré de ses performances, un membre éminent de la franchise la plus dominante de la décennie. Rien que ça.
Dernier trade à signaler, celui du pivot Damian Jones, titulaire en début de saison dernière, et transféré à Atlanta avec un second tour de draft 2026 contre Omari Spellman.
A ce stade, l’effectif des finalistes sortants était déjà bien bousculé. Et pourtant, ce sont encore pas moins de quatre nouveaux joueurs qui vont intégrer le roster. Alors que DeMarcus Cousins s’est carapaté chez les Lakers, les Warriors ont décidé de le remplacer poste pour poste par Willie Cauley-Stein. Si l’arrivée de Boogie l’an dernier ressemblait déjà à un pari (pour rappel, DMC était déjà blessé à l’époque), celle de Cauley-Stein ressemble autant à un coup de poker de la franchise qu’à une opportunité en or massif pour le joueur, lui qui n’a pas montré grand chose l’an dernier chez les Kings. Toutefois, la franchise ne prend pas un grand risque en signant le grand tatoué, puisque le prix reste modique : 4,4 millions sur 2 saisons.
Une fois les inquiétudes liées au poste de pivot laissées au fond du placard à pivot, les Warriors se sont préoccupés d’attirer des guards. Mission doublement réussie, avec les arrivées successives de Glenn Robinson III et d’Alec Burks, respectivement pour 2 ans et 3,9 millions et 1 an pour 1,6 million de dollars. Des recrutements à prix cassés qui ressemblent, sur le papier, à des bons coups. Signalons enfin la signature (two way contract) du jeune meneur Ky Bowman, non drafté en 2019 mais qui se paiera le luxe de s’entraîner aux côtés de deux meneurs de talent. La draft, parlons-en d’ailleurs ! Bowman n’est pas le seul jeunot à intégrer le roster des Warriors, puisque ces derniers ont sélectionné trois joueurs à la draft 2019 : les arrières Jordan Poole (28ème, en provenance de Michigan) et Miye Oni (58ème, Yale), et l’ailier-fort Eric Paschall (41ème, Villanova). Même si cela ne veut généralement rien dire, Jordan Poole semble être une bonne pioche, et reste sur des performances convaincantes en summer league.
Cependant, depuis le départ de Durant, le plus important n’était pas de réaliser ces ajouts dans l’effectif (absolument nécessaires, qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit !). L’objectif était alors de fidéliser le plus longtemps possible l’autre star pour laquelle les rumeurs de transferts se faisaient de plus en plus appuyées : Klay Thompson. A l’instar des Nets avec KD, les Warriors n’ont pas fait leur mijaurée avec son arrière vedette : 190 patates et un contrat de 5 ans dans la poche, histoire de garder les Splash Brothers réunis jusqu’à leur retraite.
Et puisqu’il n’y a pas que les blessures qui peuvent se succéder, les Warriors ont profité de la période estivale pour prolonger Kevon Lonney (3 ans et 15 millions de dollars), Damion Lee (two way contract) et surtout Draymond Green (4 ans et 100 millions de dollars). Le trio Curry – Thompson – Green a encore de belles années devant lui. Prions simplement pour que les dieux des ligaments soient cléments avec Thompson, en lui prodiguant une rééducation rapide et qualitative.
Voilà pour les arrivées au sein du roster de ces Warriors new-look. Terminons de relater l’été 2019 de la franchise en évoquant le départ de Quinn Cook aux Lakers, de Jordan Bell aux Timberwolves et de Jonas Jerebko au Khimki Moscou. Shaun Livingston, quant à lui, a été coupé de l’effectif.
Roster
Meneurs : Ky Bowman, Stephen Curry, D’Angelo Russell
Arrières : Alec Burks, Jacob Evans, Damion Lee, Jordan Poole, Klay Thompson
Ailiers : Alfonzo McKinnie, Glenn Robinson III
Ailiers forts : Marquese Chriss, Draymond Green, Eric Paschall, Alen Smailagic, Omari Spellman
Pivots : Willie Cauley-Stein, Kevon Looney
Jeu et coaching
Les Warriors ont bâti leur domination sans faille sur un jeu fluide, principalement axé autour d’un mouvement de balle incessant. Sans surprise, Golden State est d’ailleurs la franchise qui a réalisé le plus de passes décisives la saison dernière : 29,4 en moyenne par rencontre. De quoi venir titiller un Scott Skiles des grands soirs. Il faut dire que trois joueurs émargeaient alors à plus de 5 passes décisives par soir (Green, Durant et Curry), et que chacune des stars savait se mettre au service de celle d’entre-elles qui avait la main chaude.
Néanmoins, on remarque également que parmi les dix meilleurs passeurs de l’équipe l’an passé, sept ont quitté l’équipe ou sont blessés. De quoi faire évoluer l’identité de jeu de la franchise ? L’avenir nous le dira, mais un argument de poids me fait dire que ce ne sera pas le cas : D’Angelo Russell. Habile de ses mains et plus qu’altruiste (7 passes décisives de moyenne sur la saison 2018 – 2019, soit la 10ème moyenne de la Ligue), Russell parviendra probablement à s’intégrer rapidement dans le schéma de jeu concocté par Steve Kerr. Et puisqu’il constitue une menace non négligeable balle en main, il laissera de la place à un Steph Curry qui n’en demande pas tant.
Au final, les Warriors ont terminé la saison passée avec le meilleur rating offensif (115,9) et le treizième défensif (109,5). Des ratings qui seront amenés à évoluer, et peut-être à s’homogénéiser cette saison. Mais si l’effectif fait forcément moins peur que celui des saisons précédentes, faisons confiance à Kerr, Curry, Green et consorts pour continuer d’appliquer le plan de jeu qui fonctionne désormais depuis cinq ans.
Par ailleurs, Kerr pourra ressortir de son tiroir les plans qu’il appliquait en 2015 – 2016, année où ses poulains étaient presque invincibles (finale NBA mise à part, nous sommes d’accord). Les leaders de la franchise sont toujours présents, dans leur prime, et plus expérimentés. Il conviendra toutefois de s’adapter à l’absence de Klay Thompson, puisque demander à Russell de simplement dégainer à trois-points en catch & shoot (le terme “simplement” n’est absolument pas péjoratif ici) limiterait grandement l’apport offensif du jeune joueur.
Quel 5 majeur ?
En début de saison, le cinq de départ concocté par Steve Kerr devrait, peu ou prou, ressembler à quelque chose comme ceci :
Stephen Curry – D’Angelo Russell – Alfonzo McKinnie – Draymond Green – Kevon Looney
Alors que la stabilité était de mise depuis que la franchise s’est mise sur les rails du succès, il lui sera désormais nécessaire de faire preuve d’une grande capacité d’adaptation, puisque le cinq majeur devrait être bousculé au moins à 60 %. Sur le papier, il est d’ailleurs clairement moins effrayant que celui de l’an dernier (Curry, Thompson, Durant, Green et Cousins, pour rappel). Pourtant, de là à dire que les Warriors ne participeront pas aux playoffs … Rappelons que malgré les effectifs pléthoriques de certaines franchises (notamment à l’Ouest), rares sont les coachs qui peuvent se payer le luxe d’avoir trois all-star parmi les cinq titulaires. Steve Kerr, lui, le peut, et ce n’est pas rien.
Si la mayonnaise prend, ce quintet de titulaires peut donc semer le trouble au sein de la conférence Ouest, comme la franchise en a pris l’habitude désormais. Toutefois, en va-t-il de même pour les joueurs de rotation ?
En premier lieu, on s’aperçoit que D’Angelo Russell mis à part, les Warriors n’ont aucune réelle doublure au poste de meneur. Le partage des minutes entre les deux meneurs all-star sera donc l’un des enjeux de la saison du côté du coach. Sur les postes d’arrière et d’ailier-fort, la rotation ne posera, en revanche, aucun problème. Alec Burks et Omari Spellman (ou le tout récent transfuge, Marquese Chriss ?) semblent être les deux doublures attitrées de Russell et Green. Peu de suspens également au poste de pivot, où Willie Cauley-Stein devrait partager équitablement les minutes sur le parquet avec Kevon Looney.
La face de l’équipe pourrait (devrait ?) être toute autre en fin de saison, avec le retour espéré de Klay Thompson à la compétition. Nous pourrions donc passer à un quatuor de all-star dans le cinq de départ, de quoi filer la frousse à l’immense majorité des équipes :
Stephen Curry – D’Angelo Russell – Klay Thompson – Draymond Green – Kevon Looney
En plus de constituer une force évidente des deux côtés du terrain, le retour de Thompson permettra à la franchise de retrouver les automatismes accumulés depuis une dizaine d’années. Et l’expérience, nous allons en parler immédiatement, est terriblement importante à l’heure de disputer les rencontres les plus serrées.
Forces du roster
Avant même de mettre en avant les incroyables individualités qui demeurent dans l’effectif des guerriers, comment ne pas parler du vécu que possède le collectif ? Si, sur le parquet, il est possible de voir les Warriors tomber du piédestal sur lequel ils trônent fièrement depuis 2015, aucune franchise ne peut espérer approcher l’expérience commune accumulée par la bande de Curry au cours de cette période.
C’est que cinq finales consécutives (bien qu’il y ait deux défaites dans le lot), cela forge une équipe. D’autant plus quand, durant (haha) ces cinq années, le roster n’a finalement que peu évolué. Il a toujours été axé autour d’un big three (Curry, Thompson, Green), avant d’ajouter un énième monstre en la personne d’un certain numéro 35. Et devons-nous rappeler qu’avant l’arrivée de ce bon vieux Kevin dans la baie, les Warriors ont réalisé la meilleure saison régulière de l’Histoire, avec 73 victoires pour 9 défaites ? Une performance quasiment inégalable, fondée sur le talent du trio susmentionné. C’est dire si les Warriors ont de la réserve.
Néanmoins, lorsque le mois d’octobre sonnera la reprise de la saison régulière, le big three devra faire peau neuve. Exit Klay Thompson, malheureusement out pour au moins six mois. Il sera remplacé numériquement dans le cinq de départ par D’Angelo Russell, qui sera naturellement décalé au poste 2. Et pendant que le jeune transfuge prendra ses marques au sein de sa nouvelle équipe, il en est un qui risque fort de (re)montrer au monde entier l’étendue de son talent : Stephen Curry.
Nous en reparlerons plus bas, mais la blessure de Thompson augmente la probabilité de voir Chef Curry repasser en mode “2015 – 2016”, l’année où il fut nommé MVP à l’unanimité. En effet, Durant est parti, Green n’est pas réellement un scoreur, Thompson drague les infirmières et Russell ne pourra évidemment pas prendre les tickets de tirs de l’ensemble des partants / blessés. La balle est définitivement dans les mains de Curry, et s’il réalise à nouveau une saison d’anthologie, cela constituera sans nul doute une force incroyable pour toute la franchise des Warriors.
Faiblesses du roster
“L’attaque fait lever les foules, la défense fait gagner des titres”. Si Michael Jordan nous prouve qu’il a le sens de la formule, les Warriors feraient bien de s’inspirer de cette saillie. Chose qui, malheureusement, risque d’être compliqué à réaliser, tant l’absence de Thompson risque d’être préjudiciable pour son équipe de ce côté-ci du terrain.
En effet, si l’on se penche plus en avant sur les aptitudes défensives du roster, on se rend rapidement compte que les Warriors sont bien partis pour adopter la philosophie dite du “je peux en encaisser 145 si j’en marque 146”.
Chez les guards, ni Curry ni Russell ne sont reconnus pour être d’incroyables défenseurs. Enfin, nuançons un poil. La réputation défensive de Stephen Curry est, à tort, absolument affreuse. Certes, si l’on reprend le “cinq de la mort” des Warriors des années passées, il est le moins bon défenseur du lot. Thompson se coltine en permanence le meilleur guard adverse, Durant est suffisamment longiligne pour contester absolument tous les tirs, tandis que Green et Iguodala sont des all-NBA defensive team. Forcément, c’est Steph qui était visé sur pick-and-roll par les joueurs adverses, souvent bien plus grands que lui. Néanmoins, lorsqu’on se penche sur la question, la friabilité défensive de Curry n’est plus aussi flagrante. Toujours est-il que son physique l’empêche de défendre autre chose que des meneurs, ce qui pose problème aujourd’hui, à l’heure où le switch défensif prend une place primordiale dans la grande Ligue.
Le switch, c’est bien toute la problématique de ces Warriors nouvelle génération. En l’absence de Klay, les arrières adverses risquent de bien rigoler. Ni Curry, ni Russell ne semblent suffisamment armés pour pouvoir défendre les meneurs athlétiques (Exemple de Westbrook), et encore moins les arrières (Exemple d’Harden). Il en ira de même, manifestement, pour les ailiers, puisqu’Alfonzo McKinnie constitue, sur le papier, le point faible du roster des Warriors. Cela n’aurait pas constitué un si grand problème que cela il y a vingt cinq ans, à l’époque où la NBA appartenait aux pivots. Aujourd’hui, avec une Ligue archi-dominée par les ailiers (Kawhi, LeBron, Durant, Paul George …), la problématique est toute autre.
Bien entendu, Draymond Green sera présent pour tenir son rôle de meneur d’homme et de défenseur d’exception. Toutefois, son manque d’ubiquité l’empêchera de venir combler toutes les failles de la défense des Warriors, qui risque donc de prendre la flotte contre les franchises suffisamment armées.
Les problématiques défensives ne concernent d’ailleurs pas uniquement le cinq majeur. Lorsqu’il évoluait du côté de Sacramento, Cauley-Stein n’était pas forcément réputé pour être un défenseur remarquable. Il n’était d’ailleurs pas réputé tout court, mais laissons au gaillard la chance de montrer qu’il a toute sa place dans l’effectif d’un prétendant au titre.
En parlant de Cauley-Stein, la seconde faiblesse du roster de Golden-State semble être son manque de profondeur de banc. L’an passé, le banc des remplaçants était plus que fourni en talent. Les vétérans (Iguodala, Livingston, Jerebko) côtoyaient et encadraient les jeunes pousses prometteuses (Looney, Cook, Lee). Ce ne sera plus le cas la saison prochaine. Adieu l’expérience sur le banc, et place à la jeunesse. Exit Iguodala, Livingston, Jerebko et Cook, qui ont tous fait leur bagage. Exit également Looney, qui devrait gagner cette saison ses galons de titulaire au poste 5. Welcome to Alec Burcks, Glenn Robinson III ou encore Omari Spelmann. Des joueurs pas inintéressants, mais dont le potentiel semble moins important que celui de leurs prédécesseurs. A eux de démontrer que la second unit des Warriors ne constitue une faiblesse que sur le papier. Après tout, l’encre de ces mots s’effacera immanquablement devant les performances sur le parquet.
Le joueur clé : Stephen Curry
Lorsque vous prétendez à intégrer le top 3 all-time des joueurs à votre poste tout en trustant la première place du classement du meilleur shooter de l’Histoire, il est possible que les attentes du public soient indélicatement placées sur vos épaules.
Dès lors, misons sur un énorme retour du Chef Curry. Non pas qu’il soit réellement parti un jour, bien entendu. La saison 2018-2019 de l’aîné de la fratrie Curry fut de haute-volée, comme d’habitude : 27,3 points, 4,7 rebonds, 5,3 passes décisives à 47,2 % au tir donc 43,7 % à trois-points ! Toutefois, depuis le 4 juillet 2016, Curry se devait de partager son leadership offensif avec Kevin Durant, scoreur parmi les scoreurs. Et cela s’est ressenti, forcément, sur l’impact global du meneur des Warriors.
Avant la venue de KD dans la baie d’Oakland, les statistiques de Curry étaient tout bonnement magistrales. La saison 2015-2016 en est le témoin parfait, puisque toute la NBA est passée à la “moulinette Curry”. Le Chef avait alors dressé sa plus belle table et servi ses plus beaux mets. Coulis de scoring (30,1 points, meilleur scoreur) sur son canapé de précision (50,4 % au tir, dont 45,4 % à trois-points et 90,8 % au lancer-franc) avec sa julienne d’interception (2,1 en moyenne, meilleur total de la Ligue) et son habituel caviar (6,7 passes décisives par soir, tout de même). La performance était telle que certains observateurs se demandaient si Curry n’était pas simplement devenu le MVP le plus dominant de l’Histoire.
Si je suis, à titre personnel, plus mesuré que cela, j’attends avec impatience de voir si Curry sera capable, alors qu’il est désormais l’unique leader offensif de la franchise (ou presque), de redevenir le monstre intouchable qu’il était avant la venue de Durant. L’équation semble simple : avec un Stephen Curry des grands soirs, Golden State pourra probablement se maintenir dans le trio de tête d’une conférence Ouest absolument abominable en terme de concurrence. Le salut des Warriors passera par son meneur.
Bien entendu, l’intégration de D’Angelo Russell, capable de prendre feu (malgré la glace dans ses veines), sera également déterminante pour Golden State. Tout comme le retour de Thompson, et bien d’autres facteurs. Mais Curry est un joueur d’expérience qui a d’ores et déjà mené son équipe aux plus hauts des sommets.
Que le mois d’octobre se dépêche d’arriver, les notifications “Stephen Curry is on fire” vont faire vibrer la Ligue entière. En tout cas, moi qui ne suis qu’un observateur lointain des Warriors, je vais immanquablement vibrer. Et je vous en souhaite au moins autant.
Problématique de l’équipe : continuité ou nouveau départ ?
Le déménagement constitue souvent l’opportunité idéale pour repartir sur des bases nouvelles. Le départ de son ex également. Lorsqu’on cumule les deux, il y a généralement fort à parier que notre situation soit irrémédiablement bouleversée, et que, comme disait l’autre de manière opportune, “le passé est le passé“.
Telle est la question qu’il convient de poser lorsque l’on se penche sur le cas de ces Warriors 2019 – 2020. Le cycle de domination, entamé au milieu des années 2010, est-il resté dans la baie d’Oakland ? A l’inverse, est-il possible que les Warriors soient toujours aussi écrasants à l’avenir ? En gros, faut-il miser son PEL sur un titre NBA ou sur une sortie de route en demi-finale de conférence face aux terribles Grizzlies ? Il est extrêmement compliqué de se positionner à cet égard tant que la saison n’a pas débuté, donc je ne m’y risquerai pas. Ni ici, ni sur mon site préféré de paris sportifs. Pas folle, la guêpe.
Pronostic
4ème à l’Ouest (entre 52 et 57 victoires)
Il n’est clairement pas imaginable de voir les Warriors devenir une équipe lambda suite à la perte de Durant. Dès lors, nous misons sur une énième saison solide, bien que certainement en-deçà des standards habituels de Curry & compagnie. La faute à un effectif chamboulé et à trois semaines de folie (entre le 17 janvier et le 9 février), au cours desquelles la franchise de San Francisco rencontrera : Denver, Orlando, Portland, Utah, Indiana, Philadelphie, Boston, Brooklyn et les Lakers.
Quand bien même il n’y a aucun back-to-back dans le tas, les Warriors risquent de laisser des plumes face à des adversaires directs pour le titre (Philadelphie et les Lakers. Loin de moi l’idée / l’envie de faire ces deux franchises des favoris, mais force est de constater que leurs effectifs respectifs présentent des avantages non négligeables dans l’optique d’une finale NBA) ou des concurrents pour le podium de la conférence Ouest (Denver, Portland, Utah).
Néanmoins, nous ne sommes pas à l’abri de voir ressortir les Warriors plus forts que jamais de ces trois semaines infernales. Qui sait alors, s’ils ne seront pas lancés tout droit sur la route 66 du titre NBA.
L’avis du compte français : @DubNationFr
Quel bilan tires-tu de la saison passée ?
Pour un fan des Warriors, ce fut bien évidemment tragique. Deux grosses blessures sur deux joueurs « cadres » dans des adieux à l’Oracle remplis d’émotions concluent une saison bien terne. Le beef Draymond-KD a pollué la team dès les premiers matchs. Toutes les rumeurs (fondées) autour de Kyrie, New York, la continuelle errance de KD dans les médias et sur les réseaux sociaux ont été des parasites très toxiques pour le groupe. On était tellement habitué à voir une équipe des Warriors soudée, liée… Pas de three peat. La tristesse est grande. Mais on a aussi montré de grandes qualités mentales, du courage et de l’abnégation après la blessure de KD. Les joueurs ont sacrifié leur corps. Un altruisme et un sens du devoir très proches de la periode « strength in numbers ». J’ai reçu à titre personnel beaucoup de messages de non-fans des Dubs admiratifs de ce qu’ils ont montré pendant les playoffs. Un certain respect malgré la défaite en finale est apparu. Éliminer les Rockets de cette façon, la série contre les Blazers, le lancer de Klay après les croisés… sans oublier mon gars Kevon Looney, un vrai guerrier celui-là !
Que penses-tu de l’été de la franchise ?
L’été de la franchise, en admettant évidemment que KD était de toute façon sur le départ, a été excellent. Sans aucun cap, Myers a réussi à proposer le Max à D’Angelo Russell, un all-star de 23 ans. Au passage, merci KD pour ce double sign & trade. Ça nous coute Iguodala, ça c’est un peu dur à avaler. Mais la reconstruction est en marche. Klay et Draymond ont été prolongés. WCS peut devenir le nouveau JaVale. Les rookies ont du potentiel. Omari Spellman a une vrai carte à jouer en sortie de banc. Sans un David West ou un Mareese Speights qui peut planter 8-10 pts à mi-distance, les défenses peuvent se focus sur Curry et Klay. Spellman semble être le big man qui répond le mieux à cette équation physique/shoot dans notre roster (en attendant l’émergence possible d’Alen Smailagic). On verra ce que valent Alec Burks et Glenn Robinson mais en l’absence de Klay, ils auront une vraie carte à jouer.
Quelles sont tes attentes pour la saison prochaine ? Quel scénario te convient pour l’équipe actuelle ?
Il y a toujours beaucoup d’attentes et d’ambitions pour la saison prochaine. Le principal est que Klay revienne à 100%. À partir de là, on reste une équipe avec 4 all-stars. Certains pensent qu’on sera à peine playoffable. Ça va être très compliqué de rester dans le top 3 à l’ouest en saison régulière sans Klay, mais en playoffs, au complet, on reste pour moi un contender. Go chercher la bague.
Qui sera, à ton sens, le titulaire sur le poste 3 ? McKinnie semble tenir la corde.
J’aime beaucoup McKinnie Peut-être car j’ai bossé dix ans au Luxembourg. Ou peut-être je me dis simplement que ce gars a beaucoup de potentiel. On l’a vu deadly à 3pts en début de saison, culotté. Il prenait ses responsabilités. C’était très rafraîchissant après tant de joueurs qui refusent des shoots (coucou Pat McCaw, coucou Omri Casspi). Et cette présence au rebond offensif ! On peut bien sûr souligner toutes les fois où il s’est fait manger par Kawhi ou Harden pendant les Playoffs. Est-il réellement le seul dans ce cas ?
Alfonzo est en tete il me semble dans la course au poste 3. Mais Kerr n’hésitera pas non plus à tester d’autres options si ça ne se passe pas bien. GRIII, Alec Burks sont les autres possibilités. Mais rappelons nous aussi que Damion Lee a re-signé un contrat 2way et ses qualités de shoot, son range, peuvent en faire un sérieux candidat. Thompson occupera ce poste à son retour et le trio Curry-DLo-Klay risque de faire des ravages. Kerr pourrait avoir envie en attendant Klay de tester cette formule 1-2-3 punch avec un trio Curry-DLo-Lee.