Dire que la saison 2018-2019 des Timberwolves ne fut pas un long fleuve tranquille est un euphémisme. Après une campagne auréolée d’une première participation en Playoffs depuis 14 ans, Minnesota ne s’attendait certainement pas à vivre une saison aussi compliquée. Au mois de juin déjà, les prémices d’une affaire d’égo à gérer faisaient leur apparition. A l’automne, ils se sont transformés en tremblement de terre pour les Wolves. Inutile de s’étendre une fois de plus sur le drama Jimmy Butler, longuement abordé au cours des mois suivants le dossier. Seul contexte à remettre en place : la star a fait savoir à sa manière que les choses ne lui convenaient plus à Minny, et qu’il voulait filer au plus vite. Le Front Office a géré l’affaire, à sa manière également. Résultat, une équipe traumatisée par plusieurs semaines de drama ridicule, qui fragilisera Tom Thibodeau.
Finalement, pour la saison des Wolves, il y a un avant et un après saga Butler. Il a cependant fallu du temps pour qu’une équipe moribonde et manifestement déprimée, on retrouve des sourires sur le parquets du Target Center. Le mal était fait, le vestiaire en morceau, et la perte de Butler a amputé l’effectif de Minnesota d’un joueur très performant doublé d’un formidable compétiteur. En échange, Minnesota récupère Robert Covington, Dario Saric, et Jerryd Bayless. Pas mal au vu des conditions. Les semaines qui suivirent le départ de Butler furent meilleures en termes de résultats, mais quelque chose clochait toujours. Le jeu resté plus que moyen, et l’enthousiasme n’était toujours pas de mise. Finalement, avec un timing surprenant, les dirigeants décident de limoger Tom Thibodeau au sortir d’une victoire face aux Lakers. Le coach n’a donc pas survécu à ce fiasco, et paye l’ambiance néfaste générée autour de léquipe. Le Front Office décide de faire confiance à Ryan Saunders, fils du monument Flip Saunders et donc enfant de la maison Wolves. Il est nommé coach intérimaire, et une nouvelle direction est prise par la franchise, avec un changement de mentalité insufflé par le Front Office. Au fil des semaines, au rythme des images et des interviews, l’ambiance est apparue plus légère. Cependant, les espoirs de Playoffs sont toujours présents, et les Wolves sont encore dans la course fin-janvier.
Le niveau de jeu global reste néanmoins insuffisant, et peu d’individualités se démarquent. Andrew Wiggins continue de décevoir, avec de bien trop rares performances convaincantes. Il apparaît nonchalant sur les parquets, manque d’agressivité. Les fans continuent de chercher le Wiggins aperçu lors de ses deux premières saisons, obsédé par l’accès au cercle et mettant en avant ses qualités athlétiques dingues. Dans cet effectif limité au niveau des rotations, Karl-Anthony Towns manquait donc d’entourage pour aller gratter une place en Playoffs. Surtout, les blessures n’ont pas été tendres avec les Wolves. Robert Covington, récupéré dans le trade de Butler, est rapidement devenu un chouchou du Target Center avant de se blesser longuement et de manquer la fin de saison. Idem pour Jeff Teague qui a manqué la majeure partie de la campagne, forçant Saunders à aligner Jerryd Bayless dans le cinq de départ. Dario Saric, irrégulier, ne s’est jamais senti à son aise à Minnesota, et ne l’a pas vraiment caché. Capable de bonnes performances, il a tout de même souvent erré comme une âme en peine dans les couloirs du Target Center. Difficile d’espérer quoi que ce soit dans ces conditions. L’avènement du fils de Flip aura cependant permis de développer Josh Okogie au poste d’ailier, et de rapidement comprendre le potentiel défensif du garçon. Même Keita Bates-Diop a obtenu du temps de jeu et a pu montrer des choses intéressantes.
Cependant, les turbulences traversées par le groupe ainsi que les limites du roster n’ont pas permis à Minnesota de rester dans la course aux Playoffs jusqu’au bout. Cette saison aurait dû permettre à Minnesota de franchir un cap, il n’en fut rien. Finalement, il a fallu se concentrer sur la construction de nouvelles bases solides, en développant les jeunes et en recréant un collectif. Au milieu du marasme de début de saison, rappelons nous de cette soirée exceptionnelle qui a vu Derrick Rose inscrire 50 pts sur la tête du Jazz. Un délire incroyable qui restera dans les mémoires, conclu sur les larmes du MVP 2011 acclamé par des coéquipiers en folie. Performant avec les Wolves, même si son efficacité au sein du collectif reste discutable, DRose est revenu sur la scène NBA à Minny, avant de manquer la fin de saison une fois encore. Le meneur a tout de même fait gagner des matchs aux Wolves avec de superbes prestations au scoring.
Résumé de l’été
La situation des Wolves était sans aucun doute une des plus compliquées à gérer cet été parmi les franchises NBA. Les dirigeants ne disposaient d’aucune marge de manœuvre financière, la faute à des contrats catastrophiques distribués sous l’ère Thibodeau (Teague, Dieng) et au salaire maximum accordé à Wiggins – et qui reste complètement injustifié sur l’aspect sportif. Alors, il a fallu se poser les bonnes questions, et reprendre les choses en main. Thibodeau débarqué en janvier, le poste de Président des Opérations Basket est donc resté vacant. Les Wolves ont alors jeté leur dévolu sur Gersson Rosas, alors vice-président des Rockets. Excellente pioche, car dès son arrivée, le colombien n’a pas chômé. Sa première décision majeure sera de maintenir Ryan Saunders dans ses fonctions. Un choix discutable pour certains, brandissant l’argument de l’âge du coach. Pourtant, de l’avis de ses pairs, Saunders est un des jeunes membres de staff les plus intéressants pour l’avenir. Très apprécié des joueurs, qu’il connait par coeur, il colle parfaitement aux souhaits du management de renforcer l’identité familiale de la franchise. Reste à voir son impact sur l’équipe et sa capacité à faire progresser cet effectif. Pas seulement dans les résultats, mais aussi dans le jeu, qui reste à moderniser après le passage de Thibs. Un travail que Saunders a déjà commencé.
Devant l’impossibilité d’améliorer significativement le roster, Rosas décide donc de se pencher sur le coaching staff. Une excellente idée, car c’est finalement le seul moyen de faire progresser l’effectif en place. Le nouveau président ira donc chercher deux hommes très demandés sur le marché, avec Pablo Prigioni et David Vanterpool. Le premier a fait ses preuves aux côtés de Kenny Atkinson chez les Nets, avec une solide réputation dans le développement des jeunes notamment. On connaît le succès récents des Nets qui sortent d’une belle saison sur le plan du jeu et des résultats avec une équipe jeune. Prigioni a d’ailleurs montré son impact sur le jeu dès la Summer League, avec une évolution du jeu qui se rapproche des tendances actuelles. Vanterpool est lui à l’origine des superbes progrès défensifs observés à Portland ces derniers mois. Une recrue de choix, et les deux hommes sont d’ailleurs regrettés par les fans de leurs anciennes franchises, preuve de leurs qualités. D’autres ajouts ont été réalisés dans le management, et Rosas a rapidement montré son activité incessante pour faire avancer une franchise dans une situation estivale difficile.
Le président a d’ailleurs été très agressif à l’approche de la Draft. Son crédo : chercher les meilleurs joueurs systématiquement, que ce soit à cette occasion ou lors de la Free Agency. Beaucoup de rumeurs ont circulé autour de Wiggins notamment, mais aussi de Teague, Dieng ou Covington. Le problème pour Minnesota reste la lourdeur de certains contrats et le manque d’assets échangeables sans plumer l’équipe. Ou comment se débarrasser des encombrants sans lâcher ses meilleurs éléments. Le contrat et l’apport de Covington ont une forte valeur, mais se séparer de l’ailier mettrait en péril la compétitivité de l’équipe, à moins d’une incroyable contrepartie. Le management a donc tout tenté pour connaitre la position des autres franchises sur chaque dossier. Evidemment, le sort ne les a pas aidés car le semi-tanking opéré ne leur laissait qu’une 10ème place potentielle à la lottery. Une fois encore, les Wolves ont joué de malchance en ne grattant aucune place, et sont même tombés au 11ème rang. Désireux de monter dans la Draft coûte que coûte, Minnesota a trouvé un deal avec les Suns, envoyant ce pick 11 et Dario Saric à Phoenix en échange du 6ème pick : Jarrett Culver. Ce dernier présente un profil intéressant pour Minnesota : un arrière au gros mental, très travailleur et présentant des qualités certaines, notamment sur le plan défensif. Les Wolves ont donc fait le choix de sacrifier un élément pour monter à la Draft, mais n’ont finalement pris aucun risque puisqu’ils n’ont lâché que Saric, qui n’était manifestement pas heureux dans cette équipe. Le second élément recruté lors de cette Draft se nomme Jaylen Nowell, en provenance de Washington, sélectionné au deuxième tour. Nowell est un arrière scoreur dont le potentiel reste clairement à dégrossir. Mais son profil est intéressant et il semble avoir une vraie marge de progression. Toujours chez les jeunes, Minnesota tente le pari Naz Reid, un pivot puissant qui a tout de la bonne trouvaille, même s’il reste très brouillon et indiscipliné. Une opportunité à saisir car Dieng demeure une alternative bien légère sur le poste 5.
Lors de la Free Agency, les Wolves devaient gérer plusieurs départs potentiels. Finalement, personne n’a été retenu, sauf Jeff Teague qui a bien sûr levé sa player option à 19M de dollars. Pour le reste, l’argent n’a pas été lâché par les dirigeants sur les arrières, que ce soit DRose ou Tyus Jones. Le premier emporte avec lui sa capacité à débloquer des situations offensives et à scorer seul contre tous, mais son départ n’a rien de catastrophique. En revanche, la signature de Jones à Memphis pourrait être préjudiciable pour Minnesota, qui perd un playmaker propre et jeune, dont le profil peut encore être développé. D’autant que Tyus était vraiment affilié à la franchise. Minny n’a pas souhaité sur le contrat proposé au meneur, jugé trop élevé. Autre casse lors de la FA, le départ de Taj Gibson. Toujours irréprochable chez les Wolves, son professionnalisme à tout épreuve et sa régularité feront défaut au Target Center. Une vraie perte dans le vestiaire et sur le terrain.
Du côté des arrivées, Rosas et Scott Layden ont du flairer les bonnes affaires, et sont parvenus à obtenir les signatures de Jordan Bell et Noah Vonleh. Deux profils d’intérieurs intéressants pour Minnesota au vu des finances limitées. Le premier n’a pas été retenu par les Warriors malgré la protection, et Vonleh arrive en provenance de Portland. De quoi renforcer le le poste 4 avec une polyvalence sur le poste 5 possible. Jake Layman a également rejoint Minnesota dans le cadre d’un sign-and-trade permis par Portland, en échange des droits sur Bojan Dubljevic (pivot évoluant en Espagne) et une trade exception. L’arrière spectaculaire de Portland apportera ses qualités athlétiques et sa capacité à prendre feu au tir en sortie de banc. Dernières arrivées, celles de Treveon Graham et Shabazz Napier sur les lignes arrières. Leur recrutement est plus que rocambolesque dans la mesure où Minnesota a ainsi permis de faciliter le sign-and-trade de Kevin Durant vers Brooklyn en échange de… D’Angelo Russell. Alors même que le meneur était la cible ultime de la Free Agency, et selon les insiders à deux doigts de rejoindre les loups. Il aurait fallu que Rosas se débarrasse des encombrants par magie mais selon les rumeurs, Russell serait aujourd’hui aux côtés de son pote KAT sans ce sign-and-trade.
Un coup dur pour les Wolves qui espéraient vivement l’arrivée du meneur pour ajouter une forte dose de talent au roster, et surtout remplacer Teague à la mène. Il n’en fut rien, et Minnesota a finalement conclu son été sans miracle, mais avec des mouvements plus que corrects dans leur situation. Des choix intelligents pour Rosas et son management, qui permettent aux Wolves de présenter un effectif correct.
Roster
Meneurs : Jeff Teague – Shabazz Napier – Tyrone Wallace
Arrières : Jarrett Culver – Jake Layman – Jaylen Nowell
Ailiers : Andrew Wiggins – Robert Covington – Josh Okogie
Ailiers Forts : Jordan Bell – Noah Vonleh – Keita Bates-Diop
Pivots : Karl-Anthony Towns – Gorgui Dieng – Naz Reid
Jeu & Coaching
Ryan Saunders va continuer le travail débuté la saison dernière lors de sa prise de commande. Il veut moderniser le jeu de ses loups, des deux côtés du terrain. Plus de mouvement de balle en attaque, plus de tirs extérieurs, Saunders va devoir construire son identité de jeu et l’adapter au mieux à son effectif. Même si le marché estival ressemblait plus à du bricolage avec les moyens du bord, il a désormais l’équipe en mains depuis plusieurs mois. Assisté de Prigioni et Vanterpool notamment, l’accent sera à nouveau mis sur le développement du noyau de jeunes joueurs. La progression des Wolves a subi un coup d’arrêt la saison dernière, et la franchise reconstitue une base de jeunes éléments à potentiel. On pense notamment à Culver, Okogie, Bates-Diop, mais aussi Jordan Bell et les joueurs en two-way contract. Même Noah Vonleh, qui vient d’avoir 24 ans.
L’équipe reposera évidemment sur Karl-Anthony Towns, et Saunders a du boulot sur cet aspect. Trop peu mis en valeur sous Thibodeau, le coach doit aider son Franchise Player en lui offrant plus de possibilités. Rarement nourri au poste, parfois même cantonné à un rôle d’éboueur dans les systèmes offensifs, KAT a montré qu’il était un monstre de polyvalence offensive. Capable de marquer dans toutes les positions, à l’aise techniquement et shooter d’excellence, il devra développer sa vision du jeu pour profiter d’espaces créés pour ses coéquipiers. Comment est-ce possible de ne jamais voir d’appui sur Towns au poste qui lâche un ballon à Wiggins lancé vers le cercle ? Saunders l’a dit, il va faire en sorte de centrer le jeu sur son pivot. A lui d’en assumer les responsabilités, et d’emmener ses coéquipiers sur ses épaules.
A ses côtés, les Wolves espèrent un retour en forme de Robert Covington. L’ailier est un élément indispensable de la rotation, leader de la défense et toujours très utile en attaque par sa capacité à rentrer des tirs longue distance. Si les Wolves veulent jouer plus vite, il faudra compter sur l’habileté au shoot des ailiers, notamment RoCo et Wiggins, qui doit progresser sur son tir extérieur. Cela passera également par une meilleure gestion de Jeff Teague, qui ne doit plus tenir la balle pendant 23 secondes avant de la lâcher à un coéquipier en difficulté. Saunders dipose de plusieurs types de profils lui permettant d’adapter le jeu à l’adversaire, notamment en attaque. Si l’effectif manque parfois de QI basket, il faudra veiller à mettre en place les bonnes rotations. Offensivement, le talent est présent à Minnesota. En défense, les forces actuelles permettent d’espérer une mise en place solide, d’autant que Saunders est adepte du switch, contrairement à son prédécesseur. Andrew Wiggins a montré qu’avec de l’envie, il pouvait fournir de belles prestations dans le domaine. Avec Culver, Okogie et Covington, il y a de quoi voir venir sur les ailes, même si Culver est peut-être trop petit pour défendre sur certains poste 3. Towns devra continuer d’afficher des progrès en défense, notamment sur son placement. Les arrivées de Bell et Vonleh sont une bonne nouvelle de ce côté du terrain, avec des energizers capables de bien défendre et de gratter du rebond.
Si l’effectif est donc globalement limité sur le talent pur, une vraie mise en place collective et des joueurs motivés à tout donner pourraient permettre aux loups de faire bonne figure. Bien sûr, la jeunesse de nombreux éléments va nécessiter des paliers de progression avant de voir un effectif à maturité prêt à se frotter aux meilleurs. Mais les ingrédients d’une base solide sont là. Il ne manque plus qu’à développer et organiser le tout, pas une mince affaire.
Quel 5 majeur ?
Jeff Teague – Jarrett Culver – Andrew Wiggins – Robert Covington – Karl-Anthony Towns
C’est le cinq de départ qui a le plus été évoqué au cours de l’été. Des dires de Saunders lui-même, la possibilité de voir Robert Covington démarrer au poste 4 est bien réelle, pour favoriser le small ball et permettre à Culver d’intégrer directement les titulaires. Rien de choquant dans la NBA actuelle, mais si Covington reste plus grand qu’un Draymond Green, son profil n’est pas vraiment le même. Lorsque des mastodontes se présenteront au poste d’ailier-fort, il faudra peut-être changer de plan et envoyer Noah Vonleh ou Jordan Bell, plus verticaux.
L’intégration directe de Culver dans le cinq de départ décalerait donc Wiggins sur le poste 3, place qu’il occupait lors de ses premières saisons dans la Ligue. Il y a été plus productif, mais dans un contexte différent, et son niveau actuel biaise tout jugement sur ce qu’il pourrait apporter, et à quel poste il le ferait. Dans les deux cas, il doit apporter ses qualités d’agresseur de cercle et de finisseur hors pair.
Il a également montré que lorsqu’il est impliqué et en confiance, il est capable de shooter de n’importe quelle position, notamment derrière l’arc. Aux côtés de Culver et Covington, il y a donc la possibilité de travailler le spacing, car chacun a la possibilité de devenir une vraie menace extérieure. Pour le rookie, le défi sera de s’intégrer rapidement dans la NBA, mais le garçon semble être un des jeunes les plus prêts à affronter l’élite. Il lui faudra apporter sa pierre en défense, et trouver petit à petit son rôle offensivement. A la mène, il faudra compter sur une saison pleine de Teague, au risque de voir la rotation sur le poste 1 à nouveau préjudiciable, avec le seul Napier comme option. L’ancien Pacer a des choses à prouver, lui qui sera en contract year et qui devra aller chercher ce qui sera certainement le dernier beau contrat de sa carrière.
Forces du roster
Malgré sa situation difficile, Minnesota a su combler les manques du roster pendant l’été, et dispose aujourd’hui de profils plutôt complémentaires. Si l’excellence manque souvent à l’appel, l’effectif présente des qualités solides pour exister dans une Conférence Ouest infernale. La franchise devrait bénéficier des effets positifs de l’assainissement – forcé – entrepris la saison dernière. Si les ailiers trouvent de la régularité au tir, Minnesota disposerait d’armes plus que correctes à l’extérieur, aussi bien que dans la raquette. Karl-Anthony Towns reste bien évidemment la superstar de cette équipe, et le pivot a montré qu’il pouvait être dominant en attaque sans que le jeu ne vienne forcément à lui. Si Saunders aménage bien les systèmes pour le mettre en évidence et que le dominicain se montre capable de faire briller ses coéquipiers, l’attaque des Wolves pourrait bien tourner cette saison. Avec Teague et l’arrivée de Culver – qui nécessite d’être développé bien sûr -, KAT bénéficie de partenaires potentiels pour jouer le pick and roll, un rôle dans lequel semble exceller Jarrett Culver.
Minnesota doit miser sur le renouveau insufflé ces derniers mois. Cet été, et globalement depuis les prises de poste de Saunders puis Rosas, le collectif a retrouvé une joie de vivre et de jouer ensemble. Les dernières semaines ont montré une meute de loups au travail, et souvent rassemblée dans les salles d’entrainement ou même en voyage, sous l’impulsion du président qui semble apprécié du groupe. Rares étaient les images de Wolves à l’entrainement ensemble dès le début de l’été, ce fut le cas lors de cette période estivale. Une union retrouvée qui pourrait faire la force des loups cette saison, et venir compenser certaines faiblesses. Le groupe est d’ailleurs composé de plusieurs éléments à l’éthique de travail exemplaire, à l’image de Covington ou Culver. De quoi influencer d’autres joueurs plus flemmards ? Sans citer de noms bien sûr.
Saunders pourra également compter sur des joueurs aux situations propices à la performance. Certains éléments ont des choses à prouver, avec plusieurs éléments en dernière année de contrat. On pense notamment à Jeff Teague, qui devra aller chercher un dernier gros chèque, mais aussi à Vonleh ou Bell qui n’ont signé que pour un an. Covington aura à coeur de revenir en force après sa blessure, pendant que les jeunes pousses devront poursuivre leur évolution. Le duo Okogie/Culver a tout du potentiel tandem d’enragés de service, notamment sur le plan défensif. Les deux joueurs sont des relais intéressant pourrait se créer sur les postes 2/3. Petite remarque également pour Keita-Bates Diop et Tyrone Wallace, qui ont tout deux gratter une carte à jouer dans la rotation. Le second a tout du revanchard après une saison sans un vrai temps de jeu chez les Clippers.
Minnesota misera donc sur la cohésion de groupe et les synergies créées cet été, en comptant sur des profils de joueurs revanchard et le développement des jeunes pousses. Il faudra maximiser le potentiel de chacun et le travail d’équipe, car le roster affiche tout de même des faiblesses préjudiciables.
Faiblesses du roster
Forcément, au vu des éléments énoncés précédemment, la jeunesse de nombreux éléments pose le problème du manque d’expérience qui persiste dans l’équipe. Orphelin de Taj Gibson et même Derrick Rose, l’effectif manque de leaders charismatiques et surtout expérimentés. Towns se pose en patron du roster, en prenant son rôle de Franchise Player très à coeur. On l’a notamment constaté après le trade de Butler. Le pivot dominicain devra cependant transposer ce leadership sur le terrain, notamment si le jeu se concentre d’avantage sur lui. A ses côtés, seul Covington fait office de leader vocal, particulièrement en défense, alors que Teague reste un joueur discret.
Concernant ces deux éléments, les inquiétudes tournent également autour de leur condition physique. Longuement blessé la saison passée, Covington n’a pas retrouvé les parquets, avec une date de retour sans cesse repoussé. Certes, la fin des espoirs pour les Wolves ont incité à laisser l’ailier en convalescence, et Saunders espère le récupérer en pleine forme la saison prochaine. La crainte est d’autant plus grande concernant Teague, car la franchise manque cruellement de profondeur au poste de meneur. De manière générale, l’équipe embarque léger sur le backcourt, avec des arrières jeunes – Wiggins étant à priori positionné sur l’aile – et un manque de talent sur le poste 1. L’ancien Hawk a montré des limites en termes de gestion de la balle et du tempo, mais reste la valeur sure de l’effectif. Derrière lui, Shabazz Napier et Tyrone Wallace devront faire le boulot dans la second unit. Le premier a montré de belles choses dans ce rôle chez les Nets, et Wallace avait réalisé une première saison convaincante chez les Clippers. Ce dernier n’a en revanche pas de grandes qualités de distributeur, un secteur qui pêche lourdement à Minnesota. Car en dehors de Teague, dont on connait les défauts, l’équipe manque cruellement de créateurs ou d’éléments capables de gérer le rythme et de distribuer le jeu. Un problème de taille, que Saunders devra compenser en imaginant un mouvement de balle collectif huilé. Jarrett Culver a d’ailleurs été sélectionné pour son profil intéressant dans ce registre, avec une vraie aptitude à tenir la balle. Il affichait d’ailleurs un superbe ratio passes/ballons perdus la saison passée, alors même que son nombre de possessions n’a cessé d’augmenter. Néanmoins, il reste un rookie qui aura besoin de temps pour faire ses preuves, et Minnesota comptera donc sur le seul Teague pour distribuer le jeu.
L’effectif des Wolves souffre d’un manque de talent pur et de profondeur d’effectif, surtout dans une conférence aussi dense que l’Ouest. La second unit, bien qu’intéressante, ne présente pas de solides garanties face à certaines armada de la Ligue, et plusieurs éléments sont fraîchement arrivés dans l’équipe. Il faudra redoubler d’inventivité dans les rotations pour Saunders, afin de maintenir un équilibre dans les possibilités offensives, la création et la solidité en défense. S’il y parvient, Minnesota aura tout de même des arguments à faire valoir, avec un banc composé de Napier, Wallace, Okogie, Vonleh, Bell, Bates-Diop et Dieng. Des joueurs de devoir, qui peuvent compenser leurs faiblesses par leur énergie. Ce sera suffisant face à certains adversaires, mais la tâche se compliquera face aux franchises les plus fournies.
Le joueur clé : Andrew Wiggins
On prend le même, et on recommence. Toujours, cette impression – qui n’en est plus une finalement – de répéter les mêmes phrases autour de l’ailier. Encore très décevant cette saison, visiblement traumatisé par le passage de Butler, le canadien est bien loin des ambitions qu’on lui prêtait à son entrée en NBA. Son étiquette de 1er choix de Draft et son contrat max accordé l’été dernier lui collent à la peau, à juste titre, et Wiggins ne fait pas le nécessaire pour changer la donne. Souvent peu impliqué, vite décroché, il est aujourd’hui la cible des moqueries et le centre des critiques à Minnesota.
Pourtant, dans la situation financière et sportive des Wolves, un décollage vers les sommets de la franchise passe impérativement par l’explosion de Wiggins. Coupable de mauvais choix en attaque – sélection de tirs, manque d’agressivité – et encore trop peu souvent impliqué en défense, le joueur a pourtant toutes les qualités pour atteindre un très haut niveau. Offensivement, son seul vrai défaut se trouve dans l’intelligence de jeu, avec une sélection de tir toujours laborieuse. Un aspect que doit lui faire travailler Pablo Prigioni notamment. Hormis cela, il est capable de scorer dans toutes les positions, et dans toutes les situations. Il doit absolument le faire plus régulièrement et surtout efficacement, pour apporter un vrai plus à son équipe.
Ses qualités athlétiques lui permettent de jouer un vrai rôle en défense, pour peu que l’envie soit là. En réalité, il manque seulement deux choses à Wiggins pour passer un très gros cap et devenir un vrai joueur d’impact : le QI basket, et la détermination. Le coaching staff a un rôle majeur à jouer dans ce développement, en travaillant avec lui sur son intelligence tactique des deux côtés du terrain, mais la plus grande partie du job reste à sa charge : avoir envie de gagner, et de tout casser. Il serait temps, car peu y croient encore…
La problématique de l’équipe : une jeunesse à développer
Cette saison est l’occasion de développer la base de jeunes construite au fil des mois, et renforcée cette été. Outre Towns et Wiggins, qui restent de jeunes joueurs, voilà le pool dont disposent Ryan Saunders et son staff aujourd’hui : Culver, Okogie, Bell, Bates-Diop, et dans une mesure différente Layman, Nowell et Reid. Avec ces joueurs, les Wolves ont de quoi bâtir de belles fondations collectives, en formant des role players solides qui pourront accompagner Towns (et peut-être Wiggins) dans le futur.
Minnesota est confronté à ce qui est peut-être la division la plus relevée en NBA à l’heure actuelle. L’équipe sera chaque soir opposée à un adversaire de qualité, dans des joutes difficiles. Compliqué de donner beaucoup de temps et de responsabilités aux jeunes éléments dans ce contexte hostile. Mais si l’objectif affiché sera bien entendu de décrocher une place en Playoffs, les Wolves ont tout intérêt à ne pas laisser de côté le développement des joueurs. Le choix du coaching staff n’est d’ailleurs pas anodin, et Prigioni a montré aux Nets qu’il était possible de construire une identité de jeu tout en étant compétitif. Certes, l’adversité était différente, mais le résultat fut plus que probant.
Cette saison sera donc essentielle pour construire les bases des succès futurs. D’autant que l’été prochain donnera un peu de flexibilité aux dirigeants pour continuer de travailler. Avec des joueurs verrouillés comme Okogie, Culver, Layman et Covington, et selon l’avenir de Vonleh et Bell, le Front Office aura peut-être de belles cartes à jouer si l’équipe montre un beau visage cette saison.
Pronostic
10e à l’Ouest (entre 36 et 40 victoires)
La jungle de l’Ouest est trop hostile pour ces loups, dont la plupart sont encore trop jeunes et expérimentés. La franchise se relève encore d’un épisode douloureux, et la remise à plat des bases a retardé l’évolution de Minnesota. Cette saison devrait être celle de la construction d’un socle pour l’avenir, avec la progression des jeunes éléments et la confirmation des tauliers que sont Towns et Covington. L’avenir n’est pas si sombre pour les Wolves, qui commenceront à voir le bout des contrats lourds, et cette année sera capitale dans le développement du projet.
Minnesota a mis les ingrédients dans le coaching staff, et doit maintenant laisser le temps et surtout le travail faire. Pour ce qui est des résultats, on n’est jamais à l’abri d’une surprise, mais ces loups semblent encore trop tendres, et l’effectif trop limités pour espérer lutter avec les géants de l’Ouest. Les Wolves se battront surement avec les Mavericks, Pelicans ou autres Kings pour les places aux portes des Playoffs, mais difficile de les voir franchir le mois d’avril.
L’Avis des Comptes FR – @TwolvesFRA – @TWolvesFr – @TwolvesLynxBE
Quel bilan tires-tu de la saison passée ?
Loups des Bois FR : Le bilan de la saison passée est intimement liée à l’affaire Butler / Thibodeau. Ça a clairement gangréné notre première partie de saison. Une saison un peu étrange, un peu bizarre même si on a pu souffler, il y avait un vent de fraîcheur vers la fin concrètement dès l’éviction du pingouin le soir d’une victoire éclatante face aux Lakers.
L’expression consacrée mi-figue, mi-raisin décrit parfaitement notre saison. Première partie chaotique, deuxième partie plus agréable pas sur le plan sportif mais plutôt en terme de moral, d’ambiance et d’atmosphère.
A titre individuel, on a vu une régression de Wiggins liée à ce début de saison cauchemardesque et également à sa fainéantise chronique. Je pense qu’il va réagir cette année quand même. KAT est égal à lui-même en dépit de son accident de voiture qui a du bien le chambouler et à juste titre. Okogie est une révélation, on a senti qu’il était trop talentueux et trop bon pour la Summer league d’ailleurs. Fâcheuse tendance à foncer tout droit trop souvent au lieu de temporiser quand la situation le demande.
Je peux parler de tout le roster mais j’ai surtout envie d’évoquer Ryan Saunders qui a une demi-saison d’expérience maintenant en tant que Head Coach. On sent qu’il est apprécié des joueurs, plus jeune, plus frais, plus flexible. Idéal pour notre roster bac-à-sable.
Timberwolves France : Elle a le mérite d’être finie et d’avoir abouti à un grand ménage. Ca a été une saison épuisante, pour les raisons connues de tous et parce que l’équipe a passé l’année à se battre contre des vents contraires. Sportivement, pas grand-chose à en retenir, à cause de l’extrasportif sur la première partie de saison, des blessures sur la deuxième.
Twolves/Lynx Belgium [FR] : Plutôt négatif. On a cette impression d’avoir perdu beaucoup de temps avec Thibs et avec Butler. Toute l’ambiance autour de la franchise a fait qu’il était très difficile d’être emballé par cette saison. Si on doit garder un point positif, c’est le rôle de KAT dans la 2ème partie de saison. Il a clairement pris le rôle de patron de l’équipe.
Que penses-tu de l’été de la franchise ?
Loups des Bois FR : L’été de la franchise était assez incroyable. Ça faisait longtemps qu’on avait une inter-saison aussi paisible et agréable. Entre les vacances en équipe au Bahamas, les workouts ensemble très tôt dans la saison, l’ambiance pendant la Summer League. On sent que les Loups ont pris les devants et on dénote un changement de mentalité à 360° par rapport aux étés précédents (pas très difficile vous me direz, surtout pour l’été dernier).
Très satisfait du move le soir de la draft, Culver est un tout bon (in my opinion) un peu dans le même délire qu’un jeune Jimmy Butler d’ailleurs…
Jaylen Nowell va en surprendre plus d’un ! Un style de jeu qui se rapproche de celui de Zach LaVine, peut-être moins athlétique, mais un peu plus agressif dans l’attaque du cercle. Il ne rechigne clairement pas les contacts.
Timberwolves France : L’intersaison a eu le mérite de remettre les choses à plat, à savoir construire une organisation compétente ayant des priorités claires, et non pas une association de responsables avec des agendas et des idées divergentes. Le recrutement de Gersson Rosas semble être une des meilleures nouvelles depuis très longtemps, parce qu’il s’est fait au terme d’un processus maîtrisé et professionnel, et parce que Rosas a une stratégie claire, des compétences évidentes et s’est déjà entouré de dirigeants et de coachs respectés dans toute la ligue. De ce point de vue, le boulot réalisé est déjà impressionnant et permet de penser que les Wolves vont enfin devenir une franchise moderne et bien managée.
Du point de vue sportif, l’échec du recrutement de Russell est une déception, même si le dossier était très compliqué. L’équipe me semble un peu affaiblie en raison du départ de nombreux vétérans, mais j’aime le fait que Rosas se soit offert de la souplesse salariale en signant des contrats courts, et n’ait pas sacrifié d’assets pour se débarrasser de contrats toxiques. La draft de Culver est prometteuse, et les free agents recrutés sont des paris intéressants. Ce n’est pas très spectaculaire, mais c’est cohérent.
Twolves/Lynx Belgium [FR] : Un été qui amène un vrai vent de fraicheur dans la franchise. On sait qu’on part sur un nouveau projet avec Rosas. Le recrutement du staff et du front office semble particulièrement professionnel, et ça fait du bien. Pour les joueurs, on n’a fait un recrutement solide, même si on sent qu’il manque un peu de talent dans cet effectif pour avoir de grosses ambitions. Le travail de Rosas me plait beaucoup.
Quelles sont les attentes pour la saison prochaine ? Quel scénario te convient pour l’équipe actuelle ?
Loups des Bois FR : L’avantage pour les attentes, c’est qu’on n’en a pas beaucoup. On ne va pas se le cacher : ça va être très dur, dans cette conférence Ouest démente et dantesque, d’aller chercher les PlayOffs. Mais pourquoi pas au final ? L’imprévisibilité des Wolves est telle…
Ma vraie attente : c’est d’avoir des matches références. De pouvoir revoir ces matches en ce disant qu’une équipe s’est créée. Celui-là on peut vraiment travailler dessus etc…
Il faut une équipe qui défende le Target Center comme une authentique tanière. C’est le socle pour créer des champions. Il s’agira de voir une ambiance, une osmose, une symbiose de développer au sein du roster. Je souhaite voir des rotations intelligentes et complémentaires. Il nous faut de la fléxibilité et pas faire jouer KAT 45mn/match pour le voir terminer sur les rotules. Rosas et cie n’ont cessé de le répéter, c’est une ligue où un joueur lambda pour désormais jouer à plusieurs poste.
Je souhaite que Wiggins et Towns prennent le leadership. J’insiste sur Wiggins, qui a pu avoir un été réparateur. On veut le voir plus agressif, plus impliqué. Sinon il sera condamné à faire sa carrière à jouer dans des équipes pétées pour faire des stats…
Timberwolves France : Vu le niveau de l’Ouest, les playoffs semblent assez compliqués à atteindre. Ce que j’attends principalement, c’est de voir se mettre en oeuvre sur le terrain la stratégie de Rosas: du progrès chez les jeunes joueurs, de la souplesse tactique chez Ryan Saunders, une identité de jeu moderne et attrayante. L’idée étant de se servir de cette année pour définir le jeu et les cadres amenés à entourer Towns dans les années à venir. Je me satisferais d’une saison autour des 35-40 victoires, si elle s’accompagne d’une vraie cohérence dans le jeu et d’une impression que quelque chose se construit sur le long terme.
Twolves/Lynx Belgium [FR] : Je ne pense pas qu’on sera un candidat aux playoffs la saison prochaine. A court-terme, dans la conférence Ouest, ça va être difficile d’enchainer les victoires. Le plus important est de mettre en place une nouvelle culture de la gagne à Minneapolis et ça prendra un peu de temps. Si on pouvait voir une équipe solide collectivement, avec un KAT en patron et un Wiggins en lieutenant solide, je serais déjà satisfait.